Prise de Bordeaux par Talbot en 1452, Coëtivy, Jean du Puy du Fou envoyés en Angleterre
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La "prise de Bordeaux par Talbot" est un épisode clé de la fin de la Guerre de Cent Ans (1337-1453), lorsque John Talbot, 1er comte de Shrewsbury (connu en français comme Jean Talbot), reconquit la ville pour le compte des Anglais le 23 octobre 1452.
Ce succès temporaire marqua un sursis pour la présence anglaise en Guyenne (Aquitaine), avant la défaite définitive à Castillon en 1453. Voici un résumé des faits historiques, contextualisé et sourcé.
Contexte historique
Situation en Guyenne : Bordeaux et l'Aquitaine étaient sous domination anglaise depuis le XIIe siècle (via le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et Henri II Plantagenêt).
Cependant, au fil de la Guerre de Cent Ans, les forces françaises de Charles VII reprirent du terrain.
Le 29 juin 1451, Bordeaux se rendit aux Français après un siège, marquant une perte majeure pour l'Angleterre.
Les Bordelais, attachés à leurs privilèges commerciaux avec l'Angleterre (notamment l'exportation de vins), se révoltèrent contre les taxes et l'administration française imposées par le comte de Clermont, gouverneur.
Appel à l'aide : Les notables bordelais supplièrent Henri VI d'Angleterre d'intervenir. Ce dernier envoya un corps expéditionnaire modeste de 4 000 hommes, commandé par le vétéran Talbot, âgé d'environ 65 ans.
Talbot, figure légendaire des Anglais (surnommé "le terror of the French"), avait déjà brillé à Azincourt (1415) et Patay (1429), mais avait été fait prisonnier par les Français en 1429.
Le déroulement de la prise
Le succès de leurs démarches fut complet auprès du Conseil royal d’Angleterre, et le vieux John Talbot était mis, dès les 1 er et 2 septembre 1452, à la tête de l’expédition qui, le 17 octobre, cinglait vers les côtes de Gascogne.
Arrivée de Talbot : Elle prenait terre, le 21, près de Soulac, dans la sirie de Lesparre, sur une terre contestée, et le 22 octobre, Talbot venait camper sous les murs de Bordeaux.
Olivier de Coëtivy était resté jusque-là dans la plus étrange sécurité, et ce ne fut qu’aux rumeurs de la ville qu’il connut le danger qui le menaçait.
Pendant qu’il essayait à la hâte d’organiser la résistance, les Trois- Cents, réunis à l’hôtel de ville, délibéraient, non pas seulement d’ouvrir les portes aux Anglais, — ce qui ne faisait pas question, — mais si on livrerait à Talbot la garnison française et, sans doute aussi, tout le personnel français que le peuple détestait.
Capitulation sans combat : Le 23 octobre, Talbot arriva aux portes de Bordeaux. Les Français fuirent en désordre, abandonnant la ville sans bataille. Les Bordelais, en liesse, ouvrirent les portes et acclamèrent Talbot comme un libérateur. Il fut surnommé "Lo bon rey Talabot" ("Le bon roi Talbot") dans la région, et entra dans la légende locale comme un héros protecteur des Gascons.
A peine Talbot était-il entré par la porte de Cor (plus tard la porte du Chapeau-Rouge), que se produisait dans Bordeaux et dans ses faubourgs une véritable chasse aux Français.
Poussés autant par la cupidité que par un sentiment de vengeance, les Gascons se mettaient aussitôt à courir sus aux personnages venus de France, et même aux plus humbles soldats.
Nombre de bourgeois cherchèrent alors à exploiter les prisonniers faits de leurs mains, et pour tirer d’eux la plus forte rançon, ils allèrent jusqu'à les renfermer dans leurs propres maisons.
Tous ces actes de violences avaient été cependant condamnés d’avance par Talbot lui-même qui, dès le jour même de son entrée, avait fait crier et notifier que ceux qui avaient prêté serment au roi de France eussent à s’abstenir de la prise des Français et d’une atteinte quelconque à leurs biens.
Il devait être tenu bien peu compte de ces défenses contre lesquelles s’élevaient d’anciennes pratiques aussi barbares qu’invétérées.
Que devinrent, au milieu de ce bouleversement, les juges des diverses juridictions de la ville?
On ne connaît que ce qui arriva aux membres de la sénéchaussée, au sénéchal de Goëtivy, au sire de Messignac, au sire Naudo.
Pour Coëtivy et de Messignac, faits prisonniers par Arnaud Bec, bourgeois influent, frère de Guillaume Bec, l’ancien juge des appels en la Cour de Gascogne ils avaient été amenés dans la maison même d’Arnaud Bec; mais Talbot, informé de cette prise, déjoua les calculs de cc dernier, en confisquant à son profit la rançon qu’il avait extorquée.
Bien qu’irrégulièrement arrêtés, Olivier de Coëtivy et le sire de Messignac n’en furent pas moins trouvés de bonne prise et envoyés en Angleterre, ainsi que le sire Naudo et le sous-maire, Jean du Puy du Fou.
Conséquences immédiates : Talbot reconquit ensuite les environs (Fronsac, Saint-Émilion, Libourne), restaurant le contrôle anglais sur le Bordelais. Bordeaux jouit d'un répit économique, avec la reprise des échanges vinicoles vers l'Angleterre.
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Jean du Puy du Fou
Capturé le 23 octobre 1452 en tant que responsable municipal pro-français ; envoyé en Angleterre comme otage administratif de valeur (liens familiaux poitevins en font une "bonne prise").
Probablement libéré en 1453 après Castillon ; mentionné comme veuf (épouse Jaquete de La Ramée, dame de Bourneau) dans des actes de Louis XI vers 1460. Lien ancestral avec Pierre du Puy du Fou (seigneur prévôt de Vouvant, 1399).
Fin tragique : La bataille de Castillon (1453)
Ce triomphe fut éphémère.
En 1453, Charles VII lança une contre-offensive massive sous Jean Bureau.
Talbot, pressé par les Bordelais inquiets pour les vendanges, quitta Bordeaux le 16 juillet pour secourir Castillon (assiégée par les Français).
Le 17 juillet, à la bataille de Castillon : Talbot chargea imprudemment l'artillerie française (300 canons) retranchée.
Blessé par un boulet de couleuvrine (qui tua son cheval et lui brisa la jambe), il fut achevé par des archers bretons sans armure (honorant un serment antérieur à Charles VII).
Défaite anglaise : 4 000 morts, dont Talbot et deux de ses fils. Cette victoire française ouvrit la voie au siège de Bordeaux, qui capitula le 9 octobre 1453, scellant la fin de la domination anglaise en Guyenne.
Héritage
À Bordeaux : Talbot reste une figure ambivalente – héros pour les Gascons pro-anglais, traître pour les Français. Un monument commémoratif fut érigé en 1870 près de l'ancienne chapelle des Carmes.
Lien avec le vin : Le célèbre Château Talbot (4e Grand Cru Classé de Saint-Julien, Médoc) tire son nom de ce comte. Son domaine évoque cette saga, avec des vins robustes symbolisant la résilience de la région.
Cette reconquête illustre les loyautés complexes de la Guyenne, tiraillée entre France et Angleterre pour des raisons économiques autant que politiques.
Pour plus de détails, consultez des sources comme la Chronique du temps de Charles VII.
1451 après la conquête de Castillon, Dunois entra en vainqueur au Palais de l’Ombrière de Bordeaux<==.... ....==> LA RANÇON D'OLIVIER DE COËTIVY SEIGNEUR DE TAILLEBOURG ET SÉNÉCHAL DE GUYENNE 1451-1477