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PHystorique- Les Portes du Temps
26 septembre 2023

Marans Janvier 1373 Confirmation du don fait par le connétable Du Guesclin à son écuyer Perrot Maingny

Marans Janvier 1373 Confirmation du don fait par le connétable Du Guesclin à Perrot Maingny, son écuyer, de tous les biens qu'avaient possédés dans la ville et la châtellenie de Fontenay-le-Comte les Anglais Jean Wilale et Henry Abbo

Après Benon, les Français assiègent ensuite le château de Marans (1), situé à quatre lieues de la Rochelle et où des Allemands tiennent garnison sous les ordres d'un certain Wisebare.

 Ces Allemands, craignant qu'on ne les traite comme les soudoyers de Benon, s'empressent de rendre leur forteresse et s'enrôlent au service du roi de France à la seule condition qu'ils seront payés de leurs gages.

Arrivé devant Surgères (2), le connétable trouve ce château complètement vide; la garnison s'est enfuie à son approche.

 Il l'occupe et chevauche vers Fontenay-le-Comte (3), où la femme (4) de Jean Harpedanne dirige la résistance.

 ==> Guerre de Cent-ans dans le Bas-Poitou, prise de Fontenay le Comte par Bertrand du Guesclin (Time Travel 12 Oct 1372)

Si cette hypothèse est fondée, la démonstration contre Marans a dû suivre l'affaire de Soubise et avoir lieu dans les trois ou quatre premiers jours de septembre.

Les assiégés ont des vivres et des munitions en abondance, mais ils savent qu'aucun secours ne peut leur être porté avant trois ou quatre mois (5) ; et comme en outre on les menace de ne leur faire aucun quartier s'ils prolongent la défense, ils prennent le parti de se rendre (6).

Le connétable leur permet d'emporter tout ce qu'ils possèdent et de se retirer avec leur dame à Thouars, où tous les chevaliers du Poitou, partisans des Anglais, ont cherché un refuge.

Les Français confient la garde de la forteresse de Fontenay-le-Comte à Renaud « de Lazi (7) » et retournent à Poitiers.

 

 

 

Marans Janvier 1373 Confirmation du don fait par le connétable Du Guesclin à Perrot Maingny, son écuyer, de tous les biens qu'avaient possédés dans la ville et la châtellenie de Fontenay-le-Comte les Anglais Jean Wilale et Henry Abbot.

  • B AN JJ. 103, n° 371, fol. 178 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 277-282

D'après a.

 

Charles, par la grace de Dieu roy de France.

Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir veu les lettres de nostre amé et feal connestable, Bertran de Guesclin, duc de Mouline, contenans la fourme qui s'ensuit :

 

Bertran de Guesclin, duc de Mouline, connestable de France, à tous presens et avenir, salut. Savoir faisons que, pour et en remuneracion des bons et agreables services que nostre bien amé escuier Perrot Maingny (8) a fais au roy monseigneur en ces presentes guerres et autrement, soubz nostre gouvernement, fait encores de jour en jour, et esperons qu'il face ou temps avenir, nous, de nostre certaine science et grace especial, et de l'auctorité et puissance royal à nous attribuée et dont nous usons, à ycellui escuier avons donné et octroié, et par la teneur de ces presentes donnons et octroions par heritage perpetuel tous les biens meubles (9) et heritages que Jehan Wilale et Henry Abot diviseement (10) avoient et avoir povoient en la ville et chastellenie de Fontenay le Conte, comme forfais, confisquez et acquis au roy monseigneur, par ce que les diz Jehan et Henry sont anglois et se sont portez comme ennemis du roy monseigneur et de son royaume, à avoir et tenir, poursoirs (sic) et exploitier du dit Perrot et de ses hoirs, et de ceulx qui auront sa cause, pour en faire d'ores en avant toute sa pleine volenté, comme de sa propre chouse, à lui acquise par droit heritage. Si donnons en mandement à tous les justiciers souverains et autres officiers en la dicte ville et chastellenie de Fontenay, qui à present sont et pour le temps avenir seront de par le roy monseigneur, et à messires Gieffroy Kerrimel (11) et Gieffroy Budes (12), chevaliers, en l'absence des disjusticiers et officiers, et à chascun d'eulx qui sur ce sera requis, que d'iceulx biens meubles et heritages et de chascun d'iceulx ilz mettent le dit Perrot, ou son procureur pour lui, en saisine et possession reaulment et de fait, et des revenues, prouffis et emolumens qui y appartiennent le facent, seuffrent et laissent joir et user paisiblement et sans aucun contredit ; car ainsi le voulons nous estre fait, et au dit Perrot l'avons octroié et octroions, non obstant quelconques autres dons, mandemens, ordenences, defenses et lettres de nous, données ou à donner, au contraire.

 Et que ce soit [ferme] chose et estable ou temps avenir, nous avons fait appouser nostre seel à ces presentes.

Sauve le droit du roy monseigneur en autres chouses et l'autrui en toutes.

Donné à Marenz, ou mois de septembre l'an de grace mil ccc. Lxxii (13).

 

 Les quelles choses dessus transcriples et le contenu en ycelles nous greons, louons, ratiffions et de nostre pleine puissance, auctorité royal, certaine science et grace espeeial, les confermons, par la teneur de ces presentes.

 Et en ampliant nostre grace, pour ce que nous sommes enfourmez deuement par nostre amé et feal connestable que le dit Perrot nous a faiz pluseurs grans et notables services en la conqueste du duchié de Guienne, en sa compaignie et ailleurs, en pluseurs et diverses manieres, toutes les choses dessus dictes, si comme elles sont contenues et declarées ès dictes lettres, qui souloient bien valoir pour le temps passé de rente annuelle cent livres ou environ, nous les donnons de nouvel au dit Perrot, se mestier est, perpetuelment, pour lui, pour ses hoirs et ceulx qui auront cause de lui.

Et declarons par ces presentes nostre present don et de nostre dit connestable valoir, tenir et avoir son plein effect par devant tous autres dons, les quelz, se aucuns en avons fais, nous les rappellons, anullons et mettons du tout au neant.

Si donnons en mandement à tous les justiciers et officiers en la dicte ville et chastellenie de Fontenay, qui à present sont et pour le temps avenir seront, à Gieffroy Kerrimel et Gieffroy Budes, chevaliers, et à chascun d'eulz qui sur ce sera requis, que le dit Perrot, ou ceulx qui auront cause de lui, mettent en possession et saisine des choses dessus dictes et de chascunes d'icelles realment et de fait, et d'icelles le laissent et facent joir et user paisiblement, comme de son propre heritage, en deboutant et mettant hors tout autre detenteur, aiant noz lettres ou autres de noz lieutenans ou capitaines sur ce, devant ou après la date de ces presentes.

Car ainsi le voulons nous et l'avons octroié et octroions au dit Perrot, en faveur de nostre dit connestable, qui sur ce nous a supplié et requis, et pour consideracion des bons services et autres choses dessus dictes.

 Et que ce soit ferme chose et estable à tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l'autrui en toutes.

Donné au Louvre lez Paris, l'an de grace mil ccc. lxxii et de nostre regne le ixe ou mois de janvier.

Par le roy. N. de Veires.

 

 

 

 

 

Chroniques de J. Froissart. T. 8, 1 (1370-1377) / publiées pour la Société de l'histoire de France par Siméon Luce

 

 

 

 ==> 14 juin 1375 Charles V établit des impôts pour la réparation de la garde des barbacanes et de l'île de Marans.

 ==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

 


 

(1). Charente-Inférieure, arr. la Rochelle. Marans est situé à 20 kilomètres environ au nord de cette dernière ville et de Benon, sur la rive gauche et à peu de distance de l'embouchure de la Sèvre.

Par lettres datées de Marans au mois de septembre 1372 et par mandement spécial adressé à Geffroi Kerimel et à Geffroi Budes, chevaliers, Bertrand du Guesclin donna à son bien amé écuyer Perrot Maingny les biens meubles et héritages confisqués sur Jean Wilale et Henri Abot, Anglais et ennemis du roi, biens situés en la ville et châtellenie de Fontenay-le-Comte (Arch. Nat., JJ 103, n° 371, f° 178 v°).

 Il n'est malheureusement pas fait mention dans cette charte du quantième du mois mais comme l'itinéraire suivi par Du Guesclin dans la partie méridionale de la Saintonge pendant la seconde quinzaine de septembre est parfaitement établi et repose sur des actes authentiques, l'occupation de Marans par le connétable, si elle n'a pas coïncidé avec le siège de Benon, doit remonter aux premiers jours de septembre.

Après s'être couvert au sud, en occupant, dès le 23 août, la forteresse de Soubise qui commandait le cours inférieur de la Charente, il est probable qu'un stratégiste aussi habile que Du Guesclin, voulant mettre les assiégeants à l'abri de toute surprise, aussi bien du côté du nord que du côté du midi, reconnut qu'il fallait pour cela réduire préalablement en son pouvoir le château de Marans par lequel on était maître du cours inférieur de la Sèvre.

Si cette hypothèse est fondée, la démonstration contre Marans a dû suivre l'affaire de Soubise et avoir lieu dans les trois ou quatre premiers jours de septembre.

Après s'être couvert au sud, en occupant, dès le 23 août, la forteresse de Soubise qui commandait le cours inférieur de la Charente, il est probable qu'un stratégiste aussi habile que Du Guesclin, voulant mettre les assiégeants à l'abri de toute surprise, aussi bien du côté du nord que du côté du midi, reconnut qu'il fallait pour cela réduire préalablement en son pouvoir le château de Marans par lequel on était maître du cours inférieur de la Sèvre.

(2). Charente-Inférieure, arr. Rochefort-sur-Mer.

Un acte émané de Du Guesclin (donation à Simon La Grappe, écuyer, huissier d'armes du roi, des biens confisqués de Robert de Grantonne, prêtre anglais, sis en la châtellenie de Fontenay-le-Comte), dont une copie se trouve dans un registre du Trésor des Chartes (JJ 103, n° 341, f 167) est daté a devant Surgieres le treziesme jour du mois de septembre l'an mil ccclxxii mais comme le connétable semble avoir pris part au siège de Benon, qui dura du 12 au 15, la date de cette donation faite à La Grappe est sans doute fautive et peut provenir de l'omission dans l'acte original du v de xvm écrit en chiffres romains.

«Le siège de la forteresse de Surgères, écrit M. E. Petit d'après les registres des recettes et dépenses de Philippe le Hardi (Campagne de Philippe le Hardi, p. 10) fut fait sans désemparer et dura quatre jours les assiégés firent leur reddition le dimanche 19.

 (3). Aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement du département de la Vendée, au nord de la Rochelle et de Niort, à peu près à moitié chemin de cette dernière ville et de Luçon.

(4). Ce ne fut pas Jeanne de Clisson, sœur d'Olivier, première femme de Jean Hardepenne, qui présida à la défense de Fontenay-le-Comte, ainsi que l'a supposé benjamin Fillon (Jsan Chandos, Fontenay, 1856, p. 31).

En 1372, Jean Harpedenne, veuf de Jeanne de Clisson, était déjà remarié à Catherine le Senecal, fille de Gui le Senecal, chevalier.

Catherine suivit en Angleterre son mari expulsé du Poitou après le recouvrement de cette province par Charles V; aussi, plus tard, devenue veuve, rentrée en France et remariée à un chevalier nommé Étienne d'Aventoys, elle se vit dans la nécessité de se faire octroyer par Charles VI des lettres de rémission, datées du mois de septembre 1390, pour avoir tenu activement le parti d'Edouard III et des ennemis du royaume (Arch. Nat., JJ 139, n° 95, f« 113). M. Kervyn de Lettenhove (Chroniques de Froissart, XXI, 526, 527) a dédoublé Jean Harpedenne et l'a confondu avec un fils portant le nom de Jean comme son père et issu du premier mariage de celui-ci avec Jeanne de Clisson.

(5). C'est ici qu'aurait dû trouver place le récit des opérations qui aboutirent à la reddition de Saint-Jean-d'Angely (20 septembre), de Saintes (2k septembre), à une halte devant Cognac (26 septembre), à l'occupation d'Aulnay-de-Saintonge (2 octobre), enfin à une halte devant Niort, du 6 au 8 octobre (Campagne de Philippe le Hardi en 1372, p. 10 et 11).

Comme nous l'avons déjà fait remarquer, Froissart ou bien n'a pas connu quelques-unes des opérations que nous venons d'indiquer, ou bien assigne une date inexacte à celles qu'il mentionne, telles que la reddition de Saint-Jean-d'Angely et celle de Saintes, qu'il a racontées avant la soumission de la Rochelle, tandis qu'en réalité elles sont postérieures d'un certain nombre de jours à ce dernier événement.

(6). Le samedi 9 octobre, Philippe, duc de Bourgogne, venant de son campement en vue de Niort, mit le siège devant Fontenay-le-Comte.

Le jour même de son arrivée, les habitants de la ville proprement dite capitulèrent, mais le château résista et ne fut enlevé de vive force que le lendemain dimanche (Ibid., p. 11).

En l'absence de Jean Harpedenne, sénéchal de Saintonge, châtelain et capitaine de Fontenay-le-Comte, l'homme d'armes anglais qui dirigea surtout la résistance du château s'appelait Henri Abbot.

 Abbot était marié depuis environ neuf ans à une Française nommée Agnès Forgète, originaire de la Ferté-Milon et veuve d'un habitant de Fontenay nommé Mercereau, dont il avait eu un fils alors âgé de huit ans.

 Dès la fin de novembre 1372, un mois à peine après la reddition de Fontenay-le-Comte, Agnès se fit délivrer à la chancellerie royale des lettres de rémission et obtint que ses biens dotaux seraient exceptés de la confiscation des meubles et immeubles ayant appartenu à Henri Abbot son second mari.

Dans ces lettres de rémission, il est fait mention d'un acte par lequel Jean, duc de Berry, comte de Poitou, «  a donné à nostre amé et feal connestable de France la dicte ville et chastellerie de Fontenay, et aussi a donné à ses gens et autres tous les biens, meubles et héritages que tenoient les Anglois et leurs femmes qui demouroient en ycelle ville de Fontenay » (Arch. Nat., JJ 103, n° 254, 3.

(7). Cet homme d'armes nous est inconnu. Peut-être faut-il lire, au lieu de Renaud «  de Lazi », Renaud de Larçay (Indre-et-Loire, arr. et c. Tours) ou Regnault de Lassay.

 Le 15 octobre 1372, le duc de Berry, qui se trouvait alors aux Herbiers (Vendée, arr. la Rochesur-Yon), fit donner 20 sous tournois à Symonnet, l'un de ses chevaucheurs, qu'il envoyait à Fontenay-le-Comte porter un message à Jean, comte de Sancerre, l'un de ses conseillers (Arch. Nat., KK 251, f 91).

(8). Aliàs Mainguy et, dans l'acte qui suit, Maigni.

 Quand Charles V fit don au connétable, en reconnaissance des services qu'il lui avait rendus en Poitou, des villes, châteaux et seigneuries de Fontenay-le-Comte et de Montreuil-Bonnin, Pierre ou Perrot Maigny fut nommé capitaine et châtelain de Fontenay, et il conserva ce poste jusqu'au 1er décembre 1377, date de la cession de ces deux châtellenies au duc de Berry ; il est même chargé dans cet acte de remettre Fontenay aux mains des officiers du prince (J. 185B ; n° 39 ).

 Cet écuyer fidèle servit Du Guesclin jusqu'au dernier jour ; il figure comme témoin dans le testament du connétable fait au siège devant Château neuf-de-Randan, le 7 juillet 1380. (Dom Morice, Hist. de Bretagne, Preuves, t. II, col. 288)

Après la mort de son maître, il se mit au service du duc de Bretagne.

Le 4 novembre de cette même année, on le trouve à Pontorson, où il fournit une montre pour neuf écuyers de sa compagnie, engagés sous Pierre de la Roche-Rousse, de cette date jusqu'au 1er février suivant. ( Id. ibid., col. 262 et 411.)

 M. Demay cite deux quittances de ses gages pour services de guerre en Bretagne, la première du 8 novembre 1380 et la seconde du 25 février 1381. Elles sont scellées du sceau de ses armes : écu portant un chef au lion brochant, le tout chargé de trèfles. (Invent, des sceaux de la collect. Clairambault, t. I, p. 578.)

(9). Voy. ci-dessus les lettres du 12 août 1372 (p. 129)., où ce personnage est nommé « Jean Hulale, escuier anglois. »

(10). En marge du registre, à cet endroit, on lit : Sic est.

(11) Ces deux compagnons d'armes de Du Guesclin, amis inséparables, étaient sans doute lieutenants du connétable en Poitou, ce qui explique la mission dont ils sont chargés ici.

  Le nom de Geoffroy Kerimel se trouve écrit de bien des façons différentes : Kaerrimel, Karesmiel, Quaremiel, Queremel et Carimel. Il était de la paroisse de Louannec, au diocèse de Tréguier, comme il nous l'apprend lui-même par la déposition qu'il fit dans l'enquête pour la canonisation de Charles de Blois, à Angers, aux mois de septembre et d'octobre 1371 ; il avait alors vingt-huit ans. (Lobineau, Hist. de Bretagne, t. II, p. 542 et s., 563.) Il avait assisté tout jeune à la bataille de Cocherel.

 En septembre 1371, il avait sous ses ordres quarante écuyers dans l'ost du sire de Clisson, réunie pour le siège de Montcontour. (Delaville-Le Roulx, Comptes municipaux de la ville de Tours, t. II, p. 340.)

Il prit aussi une part glorieuse au combat de Chizé, le 21 mars 1373. (Froissart, édit. Siméon Luce. tome VIII, p. lxi, 111-114, 312.)

  En 1381 et en février 1383 n. s., on retrouve Geoffroy Kerimel avec le titre de maréchal de Bretagne. (Lobineau, op. cit., t. II, p. 619, 638.)

 Comme il avait soutenu le parti de Jean, duc de Bretagne, et servi son maître contre Charles VI, ses biens et héritages de Poitou, Saintonge et Anjou avaient été saisis.

 Ils lui furent restitués par lettres données à Compiègne, le 29 septembre 1381, conformément au traité conclu à Guérande, le 15 janvier précédent, entre le duc et le roi de France. (JJ. 119, n° 356, fol. 212 v°.)

 (12). Geoffroy Budes, chevalier, seigneur du Plessis-Budes, était le second fils de Guillaume Budes et de Jeanne Du Guesclin, la plus jeune sœur de Robert Du Guesclin, père du connétable.

Geoffroy était donc le cousin germain de Du Guesclin ; il avait quatre frères et deux sœurs. La généalogie de cette ancienne famille bretonne, tige des comtes de Guébriant, dont l'un fut maréchal de France au xviie siècle, se trouve dans le P. Anselme (Hist. généal. de la maison de France, t. VII, p. 523 et s.).

Sylvestre Budes, le frère aîné de Geoffroy, est plus connu, et son nom revient souvent sous la plume de Froissart.

 Ce fut aussi un fidèle compagnon de Du Guesclin, qu'il suivit en Espagne avec deux de ses frères, parmi lesquels était Geoffroy.

 Ce dernier témoigna aussi dans le procès de canonisation de Charles de Blois, et sa déposition, qu'elle nous fournit les renseignements les plus circonstanciés sur un épisode intéressant de la vie de notre héros et sur le siège d'Ussel, où il servit sous le connétable, pendant le carême de 1371.

  Il y fut grièvement blessé, ayant la hanche gauche et le bras droit brisés, et resta étendu dans les fossés du château, quand la nuit venue força les assaillants à se retirer.

Ses compagnons d'armes, après bien des recherches, le trouvèrent à moitié enseveli dans la neige qui tombait par rafales au milieu de l'obscurité, et le pressèrent de venir avec eux.

 Mais il ne pouvait bouger, encore moins se mettre en selle. Il invitait ses compagnons à prévenir la garnison du château pour qu'ont vint le prendre prisonnier, quand ils eurent l'idée d'invoquer le nom de Charles de Blois et de lui faire un vœu.

Le blessé se trouva mieux presque aussitôt et fut en état de monter à cheval, guérison qui fut attribuée à un miracle du Bienheureux. (Lobineau, Hist. de Bretagne, t. II, p. 563.)

 Complètement remis de ses blessures, au mois d'août de la même année.

  Il fut aussi, dix-huit mois plus tard, avec son frère Sylvestre, l'un des héros du combat de Chizé.

Dans l'une des nombreuses actions auxquelles il prit part, Geoffroy avait fait prisonnier un Anglais de marque que le duc de Berry lui acheta 460 francs, comme nous l'apprend le curieux extrait suivant des comptes de ce prince :

 « quoy mondit seigneur luy estoit tenuz pour cause de la raençon de Lionet de Pannevaire, anglois, prisonnier du dit chevalier ; le quel prisonnier mondit seigneur a retenu par devers luy en ses prisons, yci par mandement dud. seigneur et quictance du dit chevalier, donné le xvii decembre [1372], et lettres de l'obligation en quoymondit seigneur estoit obligez audit chevalier, données le xxxe jour d'aoust l'an dessus dit, tout rendu à court... iiie livres. ». (Arch. nat., KK. 251, fol. 87 v°.)

Charles V avait fait don à Geoffroy Kerimel et à Geoffroy Budes de la maison ou hôtel de Bellefoye en Poitou (voy. ci-dessus, p. 60, note 1).

En 1378-1379, ceux-ci durent soutenir un procès contre Jean Gouffier, écuyer, qui se prétendait possesseur et légitime propriétaire de ce domaine. Il s'y et mettait tout en œuvre pour en percevoir les revenus.

Les deux Geoffroy le poursuivirent au Parlement pour enfreinte de la sauvegarde royale, sous laquelle ils donation. Gouffier invoquant un titre plus ancien, ils répondaient qu'ils étaient en juste possession et légitime saisine de l'hôtel depuis un temps suffisant pour prévenir invita les demandeurs à introduire leur instance, le 13 juillet 1378(X1a 27, fol. 63), puis, le 15 janvier 1379, elle décida qu'il serait donné suite à leur plainte et que les possessions litigieuses seraient mises et administrées sous la main du roi, pendant la durée du procès.

Il fut arrêté aussi qu'on procéderait à l'information et que chacune des parties pourrait produire vingt témoins au maximum. Assignation leur fut donnée aux jours de Poitou du prochain Parlement (X1a 28, fol. 137), où on ne et Geoffroy Kerimel avaient eu encore en don les biens de Gautier Spridlington, à cause desquels ils eurent un procès à soutenir au Parlement contre Gilles Malet et Jean de Vaudétar (ci-dessus, p. 141, note).


On a vu précédemment que Budes et Kerimel eurent une autre affaire devant la même cour, en 1377, contre Aimery Sudre, bourgeois de la Rochelle, et Hippolyte de Bauçay, sa femme (ci-dessus, p. 61, note 2).

 Ils figurent aussi tous les deux sur un grand nombre demontres de chevaliers, écuyers et gens d'armes de la compagnie de Du Guesclin. (Dom Morice, Hist. de Bretagne, Preuves, tomes I et II, passim.)

(13). Froissart rapporte qu'après la prise d'assaut du château de Benon et le massacre de la garnison, Du Guesclin assiégea Marans dont les défenseurs, soudoyers allemands, sous le commandement d'un nommé Wisebare, redoutant un traitement semblable, s'empressèrent de rendre leur forteresse et s'enrôlèrent au service du roi de France.

La date de la prise de Benon doit être fixée au 15 septembre, suivant l'itinéraire de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne.

Ce serait par suite le 16 ou le 17 que Marans aurait ouvert ses portes.

 Mais le document précité n'indique aucun séjour en cette localité pour le mois de septembre 1372, et l'affirmation du chroniqueur ne peut être contrôlée.

La date des présentes lettres ne la contredit point, mais elle ne lève pas non plus le doute au sujet du jour. m. Luce pense que la démonstration sur Marans dut plutôt suivre l'affaire de Soubise (voy. ci-dessus, p. 244, note) et aurait eu lieu dans les trois ou quatre premiers jours de septembre. (Edit. de Froissart, t. VIII, p. xlix, note.)

 

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