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PHystorique- Les Portes du Temps
15 janvier 2024

1218 Don de Porteclie, seigneur de Mauzé partant pour la croisade à Hôpital et Aumônerie Saint Thomas de Marans

Le  nom  d'Aumônerie  que  porte  encore  une  maison  de  Marans nous  a  donné  l'idée  de  rechercher  si  on  ne  devait  pas  voir  en  lui le  souvenir  de  l'existence,  à  une  époque  plus  ou  moins  lointaine, d'un  de  ces  nombreux  établissements  charitables  que,  mus  par un  sentiment  de  piété  ou  de  générosité  bien  louable,  les  seigneurs des  différents  pays,  dans  les  villes  et  bourgs  d'une  certaine  importance, instituaient  pour  soulager  les  pauvres  et  les  malheureux.

En  remontant  autant  que  nous  l'avons  pu  dans  l'histoire  de  la contrée,  nous  sommes  arrivé  jusqu’au  commencement  du  XIIe siècle,  au  moment  où  Porteclie,  fils  de  Guillaume  de  Mauléon  et seigneur  de  Marans  et  de  Mauzé,  parti  pour  une  croisade  en Terre-Sainte,  date  de  Damietto «  in  obsidione  Damiette  »,  en 1218,  des  donations  très  importantes  que,  pour  le  salut  de  son âme  et  des  âmes  de  ses  parents,  «  pro  anima  sua  et  parentum suorum  »,  il  fait  à  l'aumônerie  Sainte-Croix  de  Mauzé  et  à l'hôpital  du  même  lieu. 

 

Il  n'est  pas  douteux  que  si  le  bourg  de Marans  eût  alors  possédé  une  aumônerie,  ou  si  Porteclie  eût voulu  en  fonder  une,  il  n'aurait  pas  manqué,  dans  un  cas  comme dans  l'autre,  de  la  comprendre  dans  ses  libéralités  ;  mais  il  n'en fait  rien,  et  cependant  on  ne  peut  pas  dire  qu'il  ne  songeait  pas  à Marans,  puisque,  pour  assurer  l’existence  de  sa  fondation,  c'est de  son  marais,  «  de  area  sua  de  Mareant  (l)  »,  qu'il  tire  une bonne  partie  des  biens  et  avantages  accordés  à  l'aumônerie  de Mauzé,  «  ...  novem  seslaria  bladi,  quinque  scilicet  frumenti  et  quatuor  mixiure  et  de  priori  blado  quod  in  dicta  area  levatum   fuerit », auxquels  il  ajoute  «  deciniam  asinorum,ovium, porcorum,  taurorum  et  onuiium  animalium  suorum »

 En  plus de  cette  dernière  dîme,  le  prêtre  recevait  de  lui  « etiam  sacerdoti  trigenla  sexla  somas  vendemie  reddituras  annuatira  de complanto  Mareante »

Dans  une  autre  charte,  il  redouble  de  générosité  :  «  ...  Donavi  et  concessi  domui  helemosinarie  Sancte  Crucis  de  Mausiaco habenda  annis  singulis  in  perpetuum  et  percipienda,  in  area mea  de  Marant  per  manum  servientis  mei  et  heredum  meorum tempore  messium.  VIl  ceslaria  frumenti  et  VIl  cestaria  fabarum  et  VIl  ceslaria  misture  (2) »

Comment  expliquer  une  préférence  si  marquée  pour  Mauzé au  détriment  de  la  terre  de  Marans  (3)  ?

 

En  1352,  Regnauld  do  Précigné,  seigneur  de  Marans,  se  contente de  confirmer  purement  et  simplement  les  donations  de  son prédécesseur  sans  y  rien  ajouter  pour  sa  part.  Marans  jouait  de malheur  (4).

 

Les  premières  traces  de  l'existence  d'une  aumônerie  à  Marans se  rencontrent  dans   le   «  Précompte  de  la  terre  de  Marant  »» dressé  en  1484,  après  la  mort  de  Louis Ier  de  La  Trémoïlle,  pour le  partage  de  sa  succession. 

On  lit,  en  effet,  au  chapitre  de  certains droits  :  «  s'ensuict  le  droict  de  patronaige  que  apartient  au  seigneur  de  Marant  quant  le  cas  y  advient L'aumosnerie  dudit  lieu  de  Marant  toultefois  et  quantes  quelle  est « vaccante est en leslection et présantacion des habitans et insti« tucion dudit seigneur de Marans (5). »

Il est permis, en l'absence de toute preuve contraire, de supposer que ce fut la première aumônerie ayant existé à Marans.

Mais quel en fut le fondateur ? A quelle époque remontait-elle ? Quelles étaient ses ressources ?

Ce sont autant de questions qu'il nous a été impossible de résoudre.

Nous savons seulement qu'au mois de mai 1525, l'élection d'un sieur Croteau, comme administrateur, ayant soulevé quelques difficultés, les habitants de Marans durent produire les titres de fondation et de dotation de leur aumônerie, les baux à ferme du revenu et un acte d'assemblée concernant cette affaire. (V. pièce justificative n° 5.)

Ces différents documents sont aujourd'hui introuvables.

En parcourant les minutes de Ruttaud, notaire à Marans, nous avons relevé les trois pièces suivantes, qui ont trait à l'aumônerie dont nous avons fait le sujet de notre étude.

1° Dans un partage inscrit le 20 avril 1594, nous notons le passage suivant: « d'aultre bout au fief de Saint-Jean dehors, le sixte des fruictz à Saint-Thomas de l'osmosncrie de ce lieu (6). »

2° D'un testament déposé la même année « et oultre qu'il sera tenu payer la some de dix escutz pour ayder à bastir le tample de l'églize réformée, audit Marans, plus aux pauvres de ladite églize pareille some de dix escutz, et aux pauvres de l'osmosnerie de Sainct-Thomas dudit Marans la some de cincq escutz…… le tout payable trois mois après mon décez, et le tout une fois paié et mis en mainz de ceux qui auront la charge et administration des pauvres. »

26° jour d'aoust mil cincq cents quatre-vingts-quatorxe (7).

3° Et encore « et oultre qu'il sera tenu payer la some de six escutz pour ayder a bastir le tample de l'église réformée audit Marans, plus aux pauvres de ladite églize pareille some de six escutz, plus aux pauvres de l'osmosnerie Sainct-Thomas audit Marans la some de trois escutz…… le tout payable trois mois après mon décez et le tout une fois paié et mis en mainz de ceux qui auront la charge et administration des pauvres. …», septième jour de septambre mil cincq centz quatre vingts-quatorze (8). »

D'une lettre écrite le 24 février 1791, par la municipalité de Marans aux administrateurs du directoire du département, à Saintes, nous extrayons le passage qui suit :

 « Il y avait un  hôpital en notre ville fondé et doté par les anciens seigneurs de Marans dès l'année 1596, qu'il y a subsisté jusqu'en 1726, ou il a été joint à celui de La Rochelle (9). »

De même que l'aumônerie, l'hôpital portait le nom de Saint-Thomas. Au reste, leur existence semblait se confondre avec un budget unique et des administrateurs chargés d'assurer à la fois le bon fonctionnement de ces deux établissements.

A défaut de l'acte de fondation qu'il ne nous a pas été possible de retrouver, nous attribuerons bien volontiers le mérite de ces deux bonnes oeuvres à la famille de La Trémoïlle, qui posséda la terre de Marans pendant plus d'un siècle (de la seconde moitié du XV à la fin du XVIe).

Comme presque tous les hôpitaux ou aumôneries des environs (Saint-Gilles à Surgères, ou Sainte-Croix à Mauzé, par exemple), Saint-Thomas, de Marans, reçut, pour assurer son entretien, la plus grande partie des terrains que nous verrons portés plus loin sur le détail des baux.

La bienfaisance des habitants se chargea ses ressources, et nous montrerons qu'elle ne fit pas défaut.

Tout nous porte à croire également que la fondation fut faite en franche aumône, « in puram et porpetuam helemosinariam », suivant les traditions généralement usitées on pareille circonstance.

 Désireux, en effet, de marquer d'une manière toute spéciale la vénération dont ils entouraient le saint sous l'invocation duquel leurs établissements pieux ou charitables étaient placés, les fondateurs ou donateurs les déchargeaient de toute imposition et de toutes charges, qu'il s'agit de maladreries, de léproseries, d'hospices, d'aumôneries ou de chapelles.

Bien que nous ne puissions, en l'espèce, nous appuyer sur aucun document écrit, l'allégation portée à ce sujet par un des personnages dont nous aurons l'occasion de parler au cours de ce travail nous permet presque d'affirmer qu'il on fut ainsi pour l'hôpital et aumônerie Saint-Thomas.

Dans cette notice, que nous avons tâché de rendre aussi complète que nous l'auront permis nos recherches et nos moyens d'investigation, nous établirons tout d'abord la situation immobilière de l'hôpital Saint-Thomas nous donnerons ensuite le détail des ressources de toute nature dont il disposait, et nous ferons en sorte de retracer son existence en relevant les divers incidents qui se sont produits.

 Nous donnerons également les noms do tous ceux qui ont joué un rôle dans son histoire.

 Nous emploierons indifféremment les dénominations d'hôpital ou d'aumônerie, parce que ces deux établissements nous ont semblé être liés d'une manière très étroite, tendant au même but, se complétant mutuellement et vivant d'une vie commune avec des intérêts communs.

L'hôpital-aumônerie Saint-Thomas était situé à l'angle de la rue de l'Eglise et de la rue des Moulins.

 Il occupait le terrain sur lequel sont aujourd'hui construites la salle d'asile, la maison dont les sœurs de la Charité ont la jouissance et la métairie qui porte encore le nom de « l'Aumônerie ».

Peut-être quelques-une des maisons avoisinantes en faisaient-elles partie également ?

Il possédait une habitation destinée à l'exploitation des terres qui en dépendaient, des bâtiments pour les différents services, une ouche (10) et une fuie.

Le premier bail que nous connaissions, est, celui qui fut dressé en 1675, et nous croyons pouvoir dire que sa composition n'avait pas dû varier sensiblement depuis l'origine, car si, à cette époque, on en voit le prix d'adjudication s'élever à 410 livres, nous savons, par une pièce extraite du greffe, que le montant du bail passé en 1613 était de 422 livres.

L'adjudication avait lieu au parquet de la cour, à la requête des administrateurs en charge et en présence du procureur fiscal. Elle était prononcée au profit du plus offrant et dernier enchérisseur.

Plusieurs opérations étaient quelquefois nécessaires, lorsque le prix atteint dans la première ou la seconde ne semblait, pas suffisamment élevé pour assurer l'entretien de l'établissement et des pauvres.

D'après les clauses et conditions, le fermier restait chargé de la perception des rentes dues à l'aumônerie, et la tâche était quelquefois très ardue, car les registres du greffe renferment de très nombreuses poursuites exercées contre les débiteurs qui restaient souvent plusieurs années sans s'acquitter.

 Lorsque leur résistance était trop grande, le fermier était contraint de recourir au sénéchal pour obtenir de lui l'autorisation de saisir et d'établir des commissaires sur les lieux saisis en vertu de son ordonnance. (Voir pièce justificative n° 2.)

En 1650, au registre ordinaire de la cour et à l'audience du 20 janvier, nous avons vu Anthoine Guitton, fermier de l'aumônerie Saint-Thomas, poursuivre vingt et une personnes, « pour payement de ranthes et arrérages d'icclles ».

 Le même fait s'est reproduit à diverses reprises, mais, toutefois, pour un nombre considérable de débiteurs.

Nous donnons ci-dessous, et dans son entier, le bail le plus ancien que nous ayons pu découvrir. Il est suffisamment clair et détaillé pour qu'il soit facile de retrouver encore aujourd'hui chacune des pièces de terre qui y sont énoncées.

Aujourd'huy 5° jour de mars mit six cents soixante et quinze, sur les dix heures du matin, par-devant nous, Pierre Macauld, sieur de la Sablière, estant au parquet dudit lieu, l'audiance tenant, ont compareu en leurs personnes Jacques Philipeau et Estienne Texier, marchandz, demeurant en ce lieu de Marans, administrateurs de l'osmosnerie de cedit lieu, assistés de M° Jacques Cheureux, leur procureur, lesquels, en présence du procureur de cette cour, nous ont dit que le bail à ferme du bien despandant de ladite aumosnerie cy devant adjugé à Jacques Gaultronneau, mestayer, demeurant à Faussillon, en cette parroisse, devait finir à la Nostre-Dame de mars prochain, à l'esgard des maisons, prés, marais, terres et garets, et à l'esgard des autres terres la feste de Saint-Michel prochaine. Pour cet effect, pour le deub de leur charge et pour le bien des pauvres, aurait fait savoir par affiches fait par Dupont, sergent au présant comté, le vingt-quatre febvrier dernier, et en ce lieu le vingt-six dudit mois, aux lieux ordinaires accoustumés, ainsy qu'il apert par le raport dudit Dupont, que nouveau bail des biens, dhommaines et héritages et autres choses despandant de ladite aumosnerie, selon que le tout sera cy après articullé, sont à bailler à ferme, au plus offrant, et dernier enchérisseur, pour trois, cinq ou sept années, à la meilleure condition pour les pauvres, à commancer, savoir, pour lesdites maisons, prés, marois, terres et garets, à la Nostre-Dame de mars prochaine, et pour les autres terres labourables, à la Saint-Michel prochaine, et que la première proclamation s'en devoit faire aujourd'huy pour finir lesdites années à pareils jours et festes que dessus, à la charge par l'adjudicataire d'entretenir les maisons et bastimants de couvertures de la main de l'ouvrier seullement, estant fourny par lesdits administrateurs de mastériautx nécessaires, les charrois lesquels seront faits aux frais de l'adjudicataire, et de labourer et cultiver les terres de façons labourables et nécessaires suivant la coutume du pais, le tout en saison convenable, et de jouir desdits lieux en bon père de famille, sans y commestre aulcune desgradation, à peine de les remettre à ses frais, et de donner par l'adjudicataire quatre chartées de pailles par chascun an, randeues à l'hospital, pour ta commodité des pauvres, payer en oultre les cens, rantes et debvoirs deubz et accoustumés estre payés sur lesdits lieux pandant le temps de son bail, ensemble les frais quy seront faits pour parvenir à icelluy et en donner une grosse à ses frais entre les mains des administrateurs quinzaine après l'adjudication dudit bail, le tout sans diminution du prix de ladite adjudication, ausquelles charges et conditions cy-dessus ils requièrent qu'il soit présantemant proceddé.

Suit la teneur des choses conteneues au présant bail :

 Premièrement, les cens, rantes et debvoirs deubs à ladite aumosnerie sellon qu'elles seront conteneues au papier d'icelle.

 Item, la maison et mestairie despandant de ladite aumosnerie, apartenances et despandances de logis, ousche, jardin et autres choses, sittuées en ce lieu de Marans, tenant d'un costé vers le midy au chemin ou rue qui conduit de l'églize aux moullins au vent du costé de Charon, d'autre costé au septentrion aux jardins des héritiers du deffunct Herbert et autres de plusieurs particulliers, d'ung bout vers l'oriant au jardin despandant des deux hospitaulx, et d'autre bout vers l'occidant au jardin du sieur de Poineuf.

Item, une grande pièce de terre labourable, sittuée entre la mestairie de Beauregard et celle de L'Houmeau, du costé des marais, joingnant d'ung bout au pré de la mestairie de Bernay.

Item, une autre pièce de terre labourable appellée les Plantes-Rouches, contenant huit boissellées ou environ, confrontant d'un costé vers le midy aux terres de la Garenne, d'autre costé vers le septentrion au chemin comme l'on va en Annière, d'ung bout vers l'oriant aux terres de la métairie de Vandosme, d'autre bout vers l'occidant aux terres de la Raguenaudière.

Item, une autre pièce de terre labourable, contenant trois boissellées ou environ, confrontant des deux costés et d'ung bout vers l'oriant; cccidant et midy, aux terres de la mestairie de Vandosme, d'autre bout vers le septentrion au grand chemin quy conduit de Marans à la Bastille.

Item, une autre pièce de terre, contenant douze boissellées, proche la mestairie de la Raguenaudière, confrontant d'ung costé vers l'occidant aux terres de la mestairie du Petit-Gain, d'autre costé et d'ung bout vers l'oriant et septentrion au pré de Bernay, d'autre bout vers le midy au chemin comme l'on va de la Raguenaudière à Petit-Gain.

Item, une autre pièce de terre, joignant la croix de Tuet (11), contenant quatorze ou quinze boissellées, tenant d'ung costé vers le septentrion au grand chemin quy va de Marans à la Bastille, d'autre costé vers le midy au petit chemin qui va de ladite croix au moulin de la Génerelle, où l'en a coutume d'y faire procession chascun jour et feste de Saint-Marcq, d'ung bout vers l’occidant aux terres de la mestairie de Coullombier, et d'autre bout vers l'oriant à ladite croix.

Item, une autre pièce de terre, contenant deux boissellées ou environ, tenant des deux costés vers Portant et occidant aux terres de ladite mestairie du Coullombier, d'ung bout vers le midy aux terres de la mestairie du Coullombier, et d'autre bout vers l'oriant chemin du Tuet.

Item, une autre pièce de terre, contenant quatre boissellées de terre ou environ, tenant d'ung costé vers l’occidant aux terres de la mestairie de Cosse, d'autre costé vers l’oriant aux terres de la Guarenne, d'ung bout vers le septentrion aux terres de la mestairie du Coullombier, d'autre bout vers le midy au chemin comme l'on va dudit Cosse à la fosse du Loup.

Item, une autre pièce de terre, contenant quatre boissellées ou environ, size devant la mestairie de Cosse, tenant d'ung costé vers l'occidant aux terres de la cure de ce lieu, et d'autre costé vers l'oriant aux terres dudit Cosse, d'ung bout vers le midy au pré dudit Cosse, ung petit fossé entre deux, et d'autre bout vers le septentrion au chemin de Tuet.

Item, une autre pièce de terre, contenant quatre boissellées, proche la mestairie de la Gabauge du Vivier, tenant d'ung costé vers l'oriant aux terres dudit Cosse et d'autre costé vers l'occidant aux terres apartenant cy devant au sieur Laboual, d'autre costé vers l'oriant aux terres dudit Poineuf, d'ung bout vers le septentrion aux terres de la Cure, et d'autre bout vers le midy au grand chemin de Marans à Poineuf.

Item, quatre boissellées de terres, situées proche la mestairie de Faucillon, tenant d'ung costé vers Foriant aux terres du sieur de Poineuf, d'autre costé vers l'occidant à celle de Bel-Air, d'ung bout vers le septentrion à celle de Faucillon, et d'autre bout vers le midy aux terres de la Cure.

Item, une grande prairie, nommée « la Prée de l'ausmosnerie, size devant la vacherie de Saint-Nicolas, la rivière de Marans quy conduist en Charon entre deux, tenant des deux costés vers l'oriant et occidant au pré de la mestairie de Faucillon, d'ung bout vers le midy au bot le roy quy est en pointe, d'autre bout vers le septentrion au caireux de Faucillon.

Item, un effrichis cy-devant planté en bois, sittué en terrouer de Sigogne, au lieu de Pellechin, où par erreur on avait employé ladite pièce sittuéo par les précédants baux, tenant. ledit effrichis d'ung costé vers le midy au bot courant qui dessend à Marans, d'autre vers le septentrion au bot Madet, apartenant aux héritiers de Vincent Lacour.

Item, une autre pièce, contenant deux journaulx ou environ, située en Vieil-Ormeau, couppée par le canal du desseichement des marois de Taugon et La Ronde (12), confrontant d'ung costé vers le midy au pré de la mestairie de la Gabauge de Vieil-Ormeau, ung fossé entre deux, d'ung bout vers l'oriant au pré de la GrcnouiHère, apartenant au prieur dudit Marans, et despuis réduit en une culture de labourage, d'autre costé vers le septentrion aux terres de ladite Gabauge, le canal entre deux, taqueue prairie cy-dessus confrontée a esté réduite en culture de labourage à cauze de desseichemant (13).

Item, le marais de l'Aumosnerie, contenant six ou sept vingts journaulx, confrontant d'ung costé vers l'occidant au bot de l'aumosnerie, de la largeur de quatorze toizes ou environ, d'autre costé vers l'oriant au prairies et au marois de Couste-Bonne, d'ung bout vers le midy à la Traversaine, et d'autre bout vers le septentrion au bot courant.

Item, vingt journaulx de marois à prandre dans le desseichement de Taugon et La Ronde, lesquels vingt journaulx il a esté fait don a ladite aumosnerie par les sieurs intéressés audit desseichement par tour contrat de partage (14), reçcu par M René Layné, notaire royal, le………. jour de…… mil six cents soixante-cinq, desquels la recognoissance et l'arpante n'a esté fait et aussy ne seront compris en l'adjudication du présant bail n'y ayant esté employé avecq les dommaines cy-dessus que pour servir de tiltre à ladite aumosnerie s'estant adirés par le malheur des guerres civilles quy ont esté autrefois en cette province d'Aulnis.

Ce dernier article est, dans tous les baux que nous avons eus sous les yeux, l'objet d'une restriction. Il semble qu'il n'ait jamais été la propriété effective de l'aumônerie Saint-Thomas. Le bail passé en 1689 dit a ce propos : « ……..ces vingt journaux de marois ne sont employés ici que pour en concerver la propriété, attendeu qu'on na peu discouvrir jusqu'à présant l'endroit où ils sont sittués et quy en jouit et quy en a jouy depuis ledit partage…….. attendeu que l'on n'en a peu trouver aucung tiltre jusqu'à présant s'estant adiré et ainsy qu'il y a lieu de le croire lors du trouble dos guerres pour la religion catholique. »

Tout en faisant la part du désordre qui devait, régner dans le pays pendant cette période, on peut se demander comment, une fois le calme revenu, aucun des administrateurs de l'hôpital ne se soit préoccupé de cette situation et n'ait pas cherché à la régulariser dans l'intérêt des pauvres.

Le cas est d'autant plus singulier qu'on se trouvait en présence d'un acte parfaitement régulier et authentique constituant un titre contre lequel personne ne pouvait s'élever.. Il est d'autant, plus permis de s'en étonner, que les RR. PP. capucins de Marans avaient été favorisés de la même façon et qu'ils avaient mieux su en profiter.

 Le même contrat et partage général des marais de Choupeau, Benon, Taugon et La Ronde, du 7 novembre 1665, leur avait concédé « pour ausmosnes », vingt journaux de terre, qu'ils vendirent, moyennant une somme de 250 livres, à Macauld, sieur du Doret, par acte passé devant M° Tretou, notaire à Marans, le 13 avril 1683 (15).

La situation était encore la même en 1729, et, dans le bail passé, à cette époque, devant les administrateurs de l'hôpital général de La Rochelle, pour des raisons que nous donnerons au cours de cette étude, des réserves semblables avaient été faites relativement à cet article.

« Plus, une journée d'homme a saucher dans un pré situé au ténement du Sault du Chien, en cette paroisse, appartenant au sieur Regnaud de Beaulieu et aux sieurs Joussaume et Godineau, et confrontant ledit pré au rnidy à la rivière dudit lieu devant le Sault du Chien, vers le septentrion au pré appartenant au sieur Renneaud, à l'oriant aux pascages de la loge Saint-Nicolas, appartenant aux religieux de l'abbaye de Jard, vers l'occidant au pré de Coix, dépandant de la métairie de Bel-Air. »

Tel est, au point de vue foncier, le relevé aussi exact que possible des propriétés appartenant à l'hôpital et à l'aumônerie Saint-Thomas.

Quant au montant des rentes et au détail des bases de leur assiette, il nous a été plus difficile de les établir d'une manière absolument certaine, les papiers rentiers n'existant plus.

Nous avons dû en poursuivre la recherche en parcourant les registres de notification d'actes, les archives de notaires et les cahiers de vérification de la terre ainsi que les aveux et déclarations de domaines et héritages qui sont encore dans les archives communales.

Nous allons les donner avec tous les renseignements que nous avons rencontrés, en regrettant de ne pouvoir tous les accompagner des dates exactes de leurs origines.

Au détail d'adjudication du bail de 1729, nous trouvons :

 1° Une rente de 40 livres par an, due par Me Pierre Toutaut, notaire royal à Marans, prenant le lieu et place de la demoiselle Gébert, sur une maison servant autrefois de temple a ceux de la religion prétendue réformée (16)…………… 40 livres.

2° Dix livres de rente annuelle, due sur une maison possédée par le sieur Jourdain Thomas, comme étant au lieu et place de René Ollivier, qui l'avait acquise do Joseph Cosson…. 10 livres.

3° Dix livres de rente, due à la mestayrie par chascun an par les héritiers de François Jauvet, prêtre, qui en avait fait don audit hôpital. (Acte Bernyer, 15 nov. 1702). ….10 livres.

4° Six livres de rente, léguée par dame Suzanne Texandier en vertu de son testament reçu par Grenot, notaire à La Rochelle, le 5 mars 1716, a prendre et recevoir ladite rente d'Alexis Bouhier, bûcheron, demeurant en la paroisse de Vix. 6 livres.

5°……… Trois livres, aussy d'autre rente, aussy léguée par sondit testament, à prendre et recevoir des héritiers Siraudeau, sur à cause d'une motte mentionnée au contrat d'arrentemçnt passé par Rousseau, notaire au comté dudit Marans, le 11 novembre 1699…………… 3 livres

Les rentes et devoirs suivants non portés sur les différents baux ont été relevés au cours de nos recherches.

Nous trouvons :

 1° En 1619….. un jardin subject a 2 sols 6 deniers, moithié de 5 sols dheus sur ledit jardin et sur celluy de Pierre Franche dé ranthe annuelle à l'osmosnerio de ce lieu…. 5 sols. (Vente Guy à Forgerit, acte Avrard, notaire, arch. municipales.)

2° Vente par Brochet aux héritiers Cardin, d'une pièce de terre labourable, scittuée…….. subjecte au sixte des fruictz y croissans envers l'osmosnerie dudit Marans et à 20 sols de rante envers la fabrique de l'église Saint-Estienne de ce lieu……. le sixte. (R. des notifications d'actes, 2 juillet 1637, arch. municipales.)

3° Vente André Bouyet à Fillon, d'une pièce de terre labourable, scittuée en Vieil-Ormault, subjecte au sixte des fruietz pour droit de terrage à l'osmosnerie Saint-Thomas de ce lieu….. le sixte. (R. des not. d'actes, 7 oct. 1637, arch. municipales.)

4° Arrentement Philippe Franchard Claude Sardin et Marie Gariteau, sa femme…. une pièce de terre arable, contenant trèze boicellées ou environ, sujette au huictain des fruictz à l'hôpital et au prieuré dudit, Marans, size. ….le huictain. (R. des not. d'actes, 4 mars 1642, arch. municipales.)

5°……. 2 chambres basses a faiste avec un jardin, apartenances et maison, près la cure de Marans, tenant d'ung bout les deux chambres a la grande ruhe comme l'on va et vient de l'églize dudit Marans a la halle dudit subjecte les deux maisons et jardin dudit Texier et celui de Fraigneau au debvoir de soixante sols de ranthe par chascun an en feste de Noël, tant envers le seigneur du Vivier qu'envers l'aulmosnerie dudit lieu………… 30 sols (?) (Vente Jean Roy et André Chauvet, 1er février 1631.)

6° …..Jean Marillaud et Pierre Regreny, cy-devant fermiers du revenu temporel de l'osmosnerie, contre Jeanne Raynaud, veuve de Jean Berteau, pour paiement de cinq années d'arrérages de soixante sols de rente dous a l'hospital de ce lieu, et reposant sur sa maison et celle appartenant au sieur David Gendron, duquel ils ont reçu pareille somme de 7 livres 10 sols……. 60 sols. (Reg. ord. de la cour, dernier may 1644, arch. municipales.)

7° D'André Roy, procureur postullant en la cour de céans, cydevant fermier de l'hosmonnerye de Marans, demandeur en payemant d'arrérages de ranthes dheus à ladite hosmonnerye, comparant, en sa personne et par……. contre maistre Jacques Brenard, sieur de Monsanson, de la mestayrie de la Repantie……... 20 sols.

 Il s'agissait, en l'espèce, de cinq années d'arrérages de rente (1628 à 1632) sur une pièce de terre de douze boisselées, dépendant de la Repentie. (Reg. ord. de la cour, 3 sept. 1647, arch. municipales.)

8° Du même, contre Mathurin Cornardeau, de l'ite d'Elle, en paiement de cinq années d'arrérages d'une rente de…... 20 sols. (Reg. ord. de la cour, 3 juillet 1649, arch. municipales.)

 9° D'Anthoine Guitton, fermier de l'osmosnerie Saint-Thomas, demandeur en paiement de ranthe et arrérages d'icelle contre Pierre Fleury, notaire, s'élevant à la somme de soixante sols annuels, avec les arrérages de trois années, sur une maison size à Marans 60 sols. (Reg. ord. de la cour, 22 mars 1650, arch. municipales.)

10° Du même, contre Marie…. veuve de Jacques Relion, en paiement de 45 livres, pour neuf années d'arrérages de rante….. 5 livres.

11° Du même, contre Jehan Cardinaud, de l'ile d'Elle, en paiement de ranthes et arrérages dont le chiffre n'est pas indiqué au mémoire. (Reg. ord. de la cour, 5 avril et 2 mai 1651, arch. municipales.)

12° Vente Breschet a Texier, d'une pièce de terre, contenant deux boicellées ou environ, scituée proche l'églize dudit Marans…… subjecte ladite pièce de terre au sixte des fruictz envers l'aumosnerie dudit Marans………. le sixte. (Minutes Favreau, notaire, 23 avril 1657, arch. municipales.)

Honorable homme Estienne Regnauld, fermier de l'aumônerie, reconnaît avoir reçu (17)

13°………. de Marguerite Mousseau, vefve de Simon Simon, et Toussaint Fournier, vefve de feu Anthoine Gautier, 3 livres 10 sols pour sept années d'arrérages eschue à Noël dernier, de la ranthe de dix sols qu'elle doibvent annuellement sur leurs maison et jardin, sittuée en ce lieu de Marans, mentionné et confrontant au premier article du pappier rantier de ladite aumosnerie, et quy confronte à présent d'ung costé au cimetière sacré, d'autre costé à ta maison et jardin despandant de l'hérédité vacante de Jean…. d'ung bout au grand cimetière, la ruhe entre deux (25 février 1659)……. 10 sols.

14° De René Garnier…... les arrérages de huict années, escheue à Noël dernier, de quatorze sols de ranthe…... sur un tènement de maisons, sittuées en ce lieu de Marans, tenant d'ung costé à l'aumosnerie, la ruhe entre deux…... dernier jour de mars 1659. (5° art. du papier rentier). …..14 sols.

15° De Anne Thibau, veufve de René Albergeon, et Estienne Bonnet, faisant pour Jean Cailleteau, la somme de quatre livres pour huict années de dix sols de ranthe…... sur certaine maizon et jardin, sittué en ce lieu de Marans, en la ruhe du portal, comme appert par le dixiesme article du pappier ranthier de ladite aumosnerie…… tenant tesdits lieux subjects à ladite ranthe d'un costé à la maison des héritiers Jacques Masson, quy fut Jean Bonnet, d'autre costé à la maison des héritiers de Bastien Juchercau, d'un bout à ladite rue du Portal, et de l'autre bout à. (5 mars 1659)……. 10 sols.

16° De Jehan, veuf Marie Poing, les arrérages de huict années, escheues à Noël dernier, de sept sots six deniers d'une part, et deux sols six deniers d'autre ranthe…… savoir lesdits sept sols six deniers sur une petite maison, sittuée en ce lieu de Marans, près le puy Sallé….. et lesdits deux sols six deniers sur le susdit jardin (5 mars 1659)…… 10 sols.

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