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PHystorique- Les Portes du Temps
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20 décembre 2020

Jean Belles-Mains, évêque de Poitiers reçoit au château baronnial, Isaac de Stella et Hugues de Chauvigny

Jean Belles-Mains, évêque de Poitiers reçoit au château baronnial, Isaac de Stella et Hugues de Chauvigny

Isaac naquit en Angleterre, et y embrassa la vie religieuse dans un monastère de l'ordre de Citeaux (1)

Après avoir été suffisamment éprouvé dans cette maison, il fut envoyé par ses supérieurs pour en fonder une autre dans une île (2).

De là il passa en France, l'an 1147, et devint abbé de l'Etoile, au diocèse de Poitiers. L'histoire ne nous apprend aucun détail de son admini­stration. Mais les lumières et la piété qui règnent dans ses écrits donnent lieu de présumer qu'elle fut très-sage. ==> LES FONDATIONS D'ISEMBAUD ABBÉ DE PREUILLY- SUR -GLAISE ET DE L'ÉTOILE EN POITOU

L'année de sa mort est Incertaine. Il vivait encore en 1155, et Valise, son successeur, ne com­mence à paraitre dans les monuments domestiques qu'en 1169.

Isaac tient un des premiers rangs parmi les écrivains de son ordre, moins par le nombre que par le mérite des ouvrages qu'il nous a laissés. Dom Bertrand Tissier les a presque tous recueillis dans le sixième volume de sa Bibliothèque de Citeaux.

 Ce sont:

Des sermons, au nombre de cinquante-quatre, dont les six premiers sont sur la Toussaint; les trente­-un suivants ont pour objet les évangiles des dimanches, depuis l'Epiphanie jusqu'à Pâques ; ensuite deux sermons sur la Résurrection, un sur l'Ascension, trois sur la Pentecôte, trois sur la fête de saint Jean­-Baptiste, deux sur celle de saint Pierre et saint Paul, trois sur l'Assomption, et un sur la Nativité de la sainte Vierge.

Dans le premier sermon sur le troisième dimanche après l'Epiphanie, l'auteur, expliquant ces paroles du Sauveur, Je le veux, soyez guéri.

Allez, montrez- vous au prêtre, dit : «  L'Eglise ne peut rien remettre sans Jésus-Christ, et Jésus-Christ ne veut rien remettre sans l’Eglise. Elle ne peut rien remettre qu'au péni­tent, c'est-à-dire à celui que Jésus-Christ a touché, et Jésus· Christ ne veut rien remettre à celui qui a méprisé son Eglise. Comme tout puissant, il peut faire tout par lui-même, baptiser, consacrer I'Euchari­stie, ordonner, absoudre, cl autres choses semblables. Mais l'humble et fidèle époux ne veut rien faire sans son épouse. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a joint. Je dis que ce sacrement est grand en Jésus-Christ et dans l'Eglise. Ne retranchez donc point du corps la tête, de manière que le Christ ne soit nulle part tout entier. Car le Christ n'est nulle part tout entier sans l'Eglise, comme l'Eglise n'est nulle part tout entière sans le Christ, attendu que dans son intégrité le Christ est composé d'une tête et d'un corps. C'est là cet homme unique qui remet les péchés, qui d'abord touche intérieurement afin d'opérer la pénitence du cœur, et ensuite renvoie, pour la confession de bouche, au prêtre, qui renvoie lui- même à Dieu pour l'offrande de la satisfaction. Ces trois choses produisent la parfaite guérison, savoir, la con­trition, la confession de bouche et la satisfaction des œuvres, de sorte qu'avant cela personne ne peut se dire véritablement guéri. •

Dans un autre sermon, Isaac dépeint ainsi la situation du monastère qu'il gouvenait alors. «  C'est pour vous soustraire entièrement au monde, mes frères, que par un dessein bien entendu nous vous avons amenés dans celle solitude reculée, aride, désagréable, où vous pouvez être humbles, et ne pouvez être riches; dans celle solitude, dis-je, placée fort avant dans la mer, et qui n'a presque nul commerce avec le reste de la terre, afin que privés de toute consolation séculière, et presque de tous secours humain, vous oubliiez entièrement le monde, vous pour qui, à l'exception de cette petite ile, la plus éloignée du  continent, il n'y a plus de monde nulle part. »

 Ce texte ne désigne certainement pas l'abbaye de l'Etoile, qui n'est point dans une ile; et il ne peut convenir qu'au premier monastère dont Issac fut abbé.

Le début du septième des neuf sermons sur l'évangile de la Sexagésime fait connaitre la circonstance dans laquelle il fut prononcé.

«  C'est maintenant, mes frères, dit l'auteur, qu'on voit eu nous l'exécu­tion de cette sentence prononcée contre l'homme après son péché : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front……. Voilà qu'accablés par le travail et brûlés par la chaleur du midi, nous dégouttons de sueur, et cela pour défricher une terre inculte, afin de ne pas semer sur les épines.

 Fatigués à l'excès du soin de la semence terrestre, allons prendre un peu de repos à l’ombre de ce chêne touffu que vous voyez ici près; et là, non sans une certaine sueur intérieure, criblons, moulons, pétrissons, cuisons, mangeons la se­mence de la parole divine, pour ne pas tomber en défaillance par un jeûne immodéré.

La plupart des autres sermons furent prononcés en pareilles occasions, et l’on voit que nullement préparés, ils naissaient sur-le-champ des questions que l'on faisait à l'auteur.

Par exemple, dans le deuxième sur l'évangile du second dimanche de la Quinquagésime, Isaac, après avoir pris pour texte ces paroles des disciples au Sauveur : Renvoyez cette femme, parce qu'elle crie après nous, commence ainsi : «  Allons, mes frères, c'est assez de travail des mains. Prenons un moment de repos, et employons-le à satisfaire, suivant ce que la bonté divine voudra bien nous inspirer, à la question que ce bon frère nous a faite sur la fin-du sermon d'hier.

 Il est étonné de ce que le Seigneur ne daignant point répondre à cette femme, ses disciples néanmoins, touchés de compassion, osent intercéder pour elle, comme s'ils étaient plus compatissants et plus miséricordieux que leur Maitre, qui est lui-même la source de toute miséricorde.

Mais d'abord, mon frère, d'où savez-vous que c'est la pitié et non l'ennui, qui a porté ces disciples à en agir de la sorte, tandis que vous leur entendez dire : Renvoyez-la, parce- qu'elle crie après nous. Mais soit : prêtons leur des sentiments plus nobles et plus conformes à la charité, Dites-moi : Quel est celui d'entre nous qui ne souhaiterait pas que tous les hommes fussent sauvés, et que nul ne fût damné ? Or assuré­ment Dieu, que nous n'égalons pas en bonté, le ferait, s'il le jugeait à propos, avec autant de facilité qu’il le voudrait …. Mais il n'y a, mes frères, aucune comparaison entre le Créateur et la créature. Il n y u nul rapport de notre piété à celle de Dieu. Il veut souvent que les siens désirent pieusement ce qu'il ne veut pas lui-même faire par le motif d'une plus grande piété. »

 Toute la suite de ce sermon, ainsi que le suivant, traite de la prédestination , que l'auteur explique suivant les principes de la bonne antiquité. L'éditeur, peu éclairé sur celle matière, renverse, dans une note, la doctrine de ces deux sermons.

Dans le premier, sur le troisième dimanche de Carême, Isaac dit : «  L'Ecriture, mes frères, ne nous laisse pas ignorer que chacun de nous a son démon particulier, qui est extrêmement curieux de tout ce qui nous regarde, qui nous suit en tous lieux, qui observe soigneusement toute notre conduite, et qu'il n'est permis à personne, moins encore à un moine, de méconnaitre. Pour moi, je pense bien connaitre le mien. Car rien ne m'est plus présent, parce que rien ne m'est plus nuisible; rien ne m'est plus fami­lier, parce que rien n'est plus assidu auprès de moi. »

A l'entrée du premier sermon sur l'Assomption, l'auteur s'énonce en ces [termes : « On ne trouve pas aisément ce qu'on peut dire précisément sur la fêle d'aujourd'hui, c'est-à-dire l'Assomption de Marie. Resserrés, comme nous le sommes, dans les limites que nos pères ont posées, et qu'il ne nous est pas permis de passer, nous n'osons décider autre chose, sinon qu'aujourd'hui Marie a été transportée (soit avec son corps, soit sans son corps, je n'en sais rien, Dieu le sait), a été, dis-je, transportée, non pour un temps, ni jusqu'au troisième ciel seulement (si cependant il y a réellement plusieurs cieux), mais dans le domicile éternel de la souveraine félicité, et jusqu’au plus haut des cieux. »

Nous ne pousserons pas le détail de ces sermons plus avant, malgré la satisfaction extrême que nous avons goûtée en les parcourant. Nous invitons les lecteurs curieux de s'instruire et de s'édifier à les lire; et nous osons leur promettre qu'ils y trouveront une théologie profonde, une morale pure et exacte, une grande connaissance du cœur humain, un style clair, vif, pathétique, et nourri des expres­sions bien choisies de l'Ecriture sainte.

2• Une lettre fort étendue touchant la nature de l'âme. Atcher, moine de Clairvaux, à qui elle est adressée, avait prié l'auteur de lui meure par écrit le résultat d'une conférence qu'il avait eue avec lui sur ce sujet. C'est ce qu'Isaac exécute dans cette pièce, où il ne s'agit pas de savoir ce que l'âme, selon les Ecritures, a été avant le péché, ce qu'elle est maintenant sous le péché, ni ce qu'elle doit être après le péché; mais quelle est sou essence, qu’elles sont ses facultés, comment elle est unie au corps et de quelle manière elle en sort. Notre auteur satisfait à toutes ces questions en bon métaphysicien et d'une manière qui leva les doutes d'Alcher, et le mit en état de composer sur la même matière, comme ou le verra plus bas, un assez bon écrit.

Isaac dit en terminant sa lettre : «  Voilà, mon frère, ce que l'obéissance m'a engagé de vous écrire, au milieu des affections sans nombre dont nous sommes accablés. Car celle année le Seigneur a en­voyé sur cette province deux grands fléaux, la peste et la faim, tels qu'on ne croit pas qu'il y en ait eu de semblables dans les siècles passés. Ils ne nous ont point surpris inopinément. Nous en avions vu et observé les signes avant-coureurs l'année dernière, persuadés, comme nous le sommes, que tous les évenements ont leurs causes, d'où ils naissent, leurs préparations pour la manière dont ils doivent s'o­pérer, leurs signes pour le temps où ils doivent arriver, et leur utilité finale dans la raison pourquoi ils arrivent. Car la sagesse ne fait rien que d'une manière sage, et le souverain bien ne fait rien que de bon, d'une bonne manière et pour une bonne fin. « 

3° Une autre lettre, moins longue que la précédente, à Jean (de Belesme), évêque de Poitiers, sur l'Office de la messe. C'est un commentaire mystique sur les paroles du canon de la messe, dans lequel on trouve d'excellentes choses.

L'auteur finit cet écrit par ces mots: « Tandis que je me délectais à vous écrire ces choses, tant à raison du sujet que de la personne à qui j'avais l'honneur de parler, voilà que un de vos homme, Hugues de Chauvigny, m'arrête, et vient m'empêcher de passer les bornes d'une lettre. Car il est tombé subitement sur nos gens, a frappé de sa main quelques-uns de nos convers, mis en fuite nos domestiques, proféré plusieurs propos insolents coutre nous, et fait plusieurs menaces contre notre maison.

 De plus, il nous a enlevé huit bœufs, qu'il a, je crois, déjà vendus, et sa main est encore levée pour se porter à de plus grands excès. Il crie sur les toits qu'il se vengera dans ma personne de tous les Anglais. Plut à Dieu que je ne fusse point de cette nation, ou que dans le lieu de mon exil je n'eusse jamais vu d'Anglais ! »

 

 [1163-1169] (3) Chauvigny.

Confirmation par Isembert du droit d'usage concédé par son père à l'abbaye de la Merci-Dieu dans la forêt de Gâtine.

Original parchemin (4) chirographe CIROGRAPHVM AMMEN. Archives de la Vienne, fonds de la Merci-Dieu, orig. N 2.

INDIQ. L. Rédet. Rapport sur le classement des titres de l'abbaye de la Merci-Dieu (Bull. de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1838, p. 149). ·

Ego, Isenbertus, notum volo fieri omnibus, tam presentibus quam futuris, quod, cum per Ysaac, abatem Stelle, didis cissem quod pater meus olim dedisset abacie Misericordie Dei sectionem vivi bosci propriis usibus suis in Guastina, libenter concessi, rogavi etiam ipsum abatem ut hoc in cartas redigeret michi et ipsis per cirographum divisas. Superaddidi quoque, pro anima patris mei et predecessorum meorum et mea, usuarium bosci mortui pertinentis ad feodum servientile quod Willelmus Viduini de me tenet. ita videlicet ut quacunque occasione ego, aut heredes mei post me, feodum illud accipiamus in manu nostra, nichil possimus, nos aut servientes nostri, propter feodum servientile amonachis exigere.

Actum apud Calviniacum, in manu Ysaac abatis, coram Matheo, priore Misericordie Dei, et Laurencio, monacho Stelle, et Erchenbaldo, cantore Calviniaci, et magistro Rennaldo Colpe Eschine. Hoc etiam concessit uxor mea Aiglentine, coram me et abate Ysaac et Matheo priore.

 

 

 

Liste des ÉVÊQUES DE POITIERS BARONS DE CHAUVIGNY.<==.... ....==>Abbaye des Châteliers Notre-Dame-de-Ré, construite face au pertuis Breton par les moines cisterciens des seigneurs de Mauléon

LES FONDATIONS D'ISEMBAUD ABBÉ DE PREUILLY- SUR -GLAISE ET DE L'ÉTOILE EN POITOU <==

 

 


 Nom de type gallo-roman Calviniacum  de Chauvigny

(1)   Gall. Chr. nov. t. II, col. 1352

(2)   Bibl. Cist. T. VI, p.20, col2.

(3)    Après 1163, date à laquelle l'abbaye porte encore le nom de Bécheron, sous 1’abbatiat d Ysaac, abbé de l'Etoile, dont le successeur apparaît en 1169.

(4)   Au dos on lit, écriture du XVe siècle : « Lectre de l'esplet que avons on bois de Gastine ».

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