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PHystorique- Les Portes du Temps
21 août 2020

Puyravault Septembre 1469 – Entrevue de réconciliation entre Louis XI et son frère Charles de France duc de Guyenne, au Braud.

Chapelle templière - église paroissiale Notre-Dame de Puyravault Septembre 1469 – Entrevue de réconciliation entre Louis XI et son frère Charles de France duc de Guyenne, au Braud

Le 7 septembre 1469, Louis XI eut une entrevue avec son frère, le duc de Guienne alors en armes contre lui, sur un pont de bateaux construit sur la Sèvre, au passage du Brault (l'anse du Brault). Une tente coupée par une grille de fer, en témoignage de confiance, leur servit de lieu de réunion, et parurent réconciliés, puisque le Poitou fut donné en apanage au frère du roi.

Il avait placé près de lui le chevalier Jean d'Estissac, seigneur de Coulonges-les-Royaux titulaires de charges à la cour du roi, sur lequel il croyait compter (mais il fut déçu dans son attente, et, pour s'en venger, il fit abattre, en 1471, le château que ce chevalier possédait à Coulonges.(1)

La réconciliation fut complète, et Louis XI en manifesta toute sa joie, attribuant à la protection de la Vierge l'heureuse issue de cette affaire.

 

 (Chapelle templière - église paroissiale Notre-Dame de Puyravault)

Le soir même, étant allé coucher à Puyravault, il ne voulut pus se mettre au lit avant d'en faire porter la nouvelle à Paris, a son chancelier Juvénal des Ursins.

Voici la lettre qu'il lui écrivait :

« Chancelier, Dieu mercy et Nostre-Dame, aujonrd'huiy à six heures après-midy, nostre beau frère le Duc de Guienne s'est venu rendre devers nous au port de Berault ainsy qu'il avoit esté appoincté, et pour ce qu'il y avoit aucunes barrières fortes entre nous deux, il nous a requis faire tout rompre incontinent, et s'en est venu devers nous luy dixiesme, et nous a fait la plus grande et ample obéissance qu'il estoit possible de faire, et nous devons encores demain trouver ensemble. En nostre assemblée est advenue une chose que les Mariniers et aultres ace congnoissans disent estre merveilleux; car la marée qui devoit estre ce jourd'huy la plus grande de l'année est trouvée la moindre de beaucoup qu'on ne vist de mémoire d'homme, et si c'est retraicte quatre heures plus tôst qu'on ne cuidoit, dont Dieu et Nostre-Dame en soient louez et vous en avons bien voulu advertir, affin qu'en advertissiez aussi ceux de nostre grand Conseil et autres que verrez estre à faire par delà.

Donné au Puiy Reveau le septième jour de septembre.

Ainsi signé : Lovs. Et plus bas: Toustain. »

 

 

Louis XI profita de cette trêve pour juger par lui-même de la situation et de l'état du Bas-Poitou.

 

Le lendemain il se rendit à Fontenay, où il put juger par lui-même de l'importance de l'industrie qui avait depuis longtemps pris possession de tout le faubourg des Loges, et y comptait de nombreux métiers de drapiers et des, tanneries importantes qui, pendant près de trois cents ans fourniront de draps et de pelleteries une partie du Poitou.

 

 

 

Revue d'archéologie poitevine

Les marais de la Sèvre Niortaise et du Lay du Xe à la fin du XVIe siècle / Étienne Clouzot

 

 ==> Le 9 septembre 1469, parties de chasse de Louis XI et Charles de France hôtes du sire de Malicorne au château de Maigné

 

 

 

La passe du Braud

 Pont levant passage du braud anciennement Bérauld

(Pont levant passage du braud anciennement Bérauld)

 A un quart de lieue de l'abbaye de Charron, on trouve la Sèvre-Niortaise, qu'on passe pour entrer en Bas-Poitou. Le lieu du passage s'appelle le passage du Brauld, anciennement Bérauld.

Au Braud on passait la Sèvre à gué. Les chroniqueurs du XVIe siècle s’accordent à nous dépeindre ce gué comme assez incommode, établi au milieu des vases, praticable seulement à marée basse et en été.

1568, 27 février. «  Et s’en allèrent jusqu’à Marans par le passage du Braud, dont les anciens étoient fort mouillés et embrisés jusqu’au fesses, car le Braud n’est en ce temps assez propre pour passer. » Chronique du Longon, p 104.

Sans doute un bac avait précédé ce gué à une époque plus prospère, lorsque les marais étaient en pleine exploitation, et que les marchands pouvaient traverser le pays sans redouter les gens de guerres.

A l’endroit du chastel de Charron, au lieu que l’on dit le pont de Bron. Le choix de ce rendez vous est significatif, et l’on peut en conclure qu’au XVe siècle le passage du Braud était un des plus fréquentés.  

Ce fut là même que l'entrevue se fit de Louis XI et de son frère Charles, duc de Guienne, sur un pont de bateaux.

« Au dit, an 69, le 8 de septembre, le roi Louis et Monsieur Charles son frère, s'accordèrent ensemble, et pour eux trouver et parler ensemble, fut fait un pont sur la rivière de Broil, à l'endroit du Chastel de Charron, au lieu que l'on dit le pont de Brou. »

 

 

Voyage dans le temps : Nous recevons cette semaine une carte postale de Charron ! Située dans le canton de Marans, à l'embouchure de la Sèvre Niortaise, cette commune littorale est réputée pour son activité mytilicole depuis le Moyen-Âge. Emprunté dès cette époque à gué ou en bateau par les marchands et les pèlerins, le passage du Brault est aujourd'hui encore à Charron le lieu où l'on traverse la Sèvre Niortaise.

Si un pont routier ainsi qu'une passerelle pour les cyclistes et les randonneurs permettent de nos jours de relier la rive Vendéenne à la rive Charentaise-Maritime du fleuve, la carte postale de la semaine, datant du début du XXe siècle, témoigne d'une époque, pas si lointaine, où l'on empruntait encore un bac pour le franchir...


 

(1)   Louis XI était impitoyable dans ses vengeances contre les serviteurs qui le trompaient, il savait récompenser magnifiquement ceux qui le servaient avec zèle et dévouement.

Lors du mariage de son conseiller, Philippe de Commines, avec Hélène de Chambes, fille du seigneur de Montsoreau et d'Argenton, il lui fit cadeau de 30,000 écus d'or, afin de l'aider dans l'acquisition de cette dernière terre, et de 400 écus d'or pour réparer et meubler le château.

Philippe de Commines raconte que, lors de la signature de la paix d'Amiens, le roi donna un festin pantagruélique. (Par allusion au personnage de Rabelais qui rappelle le personnage de Pantagruel, sa façon de mener joyeuse vie, son épicurisme insatiable, son insouciance de bon vivant.)

Afin d'égayer les convives, Louis XI avait fait placer à la tête de chaque table des seigneurs de l'humeur la plus joviale, fort gros et fort gras.

Le seigneur de Bressuire et le seigneur de Villiers eurent le singulier honneur de figurer en tête des tables.

 

 

Janvier 1473. Permission à Jean d'Estissac de réédifier les châteaux et fortifications de Coulonges-les-Royaux et du Bois-Pouvreau, qui avaient été rasés par ordre du roi, ledit sr d'Estissac ayant été traité en rebelle lorsqu'il était au service de Charles duc de Guyenne.

(JJ. 197, no 252, foi. 138.)

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que, comme nostre bien amé Jehan d'Estissac (1) nous ait fait exposer que ès lieux de Couloingnes les Reaulx et du Bois Povreau, qui sont belles et anciennes chastellenies, assises ou païs et conté de Poictou, souloit avoir anciennement très beaulx chasteaux et places fortes, èsquelles les habitans desdictes chastellenies avoient acoustumé de retraire eulx et leurs biens en temps de guerre et hostillité.

 Mais pour ce que ledit seigneur d'Estissac, qui estoit serviteur de feu nostre frère le duc de Guyenne (2), s'est, durant les divisions derrenières qui ont esté entre nous et nostredit feu frère, tenu ou party et obeissance d'icellui nostre frère et l'a servy à l'encontre de nous, sesdiz places et chasteaulx de Coulonges les, Reaulx et du Bois Povreau et autres ses maisons et ediffices ont esté par nostre commandement et ordonnance demolies et abatues; lesquelles places, chasteaulx, maisons et ediffices ainsi abatues, ledit seigneur d'Estissac, pour le bien et entretenement de sesdictes chastellenies, terres et seigneuries desdiz tieux de Coulonges les Reaulx et le Bois Povreau et des hahitans d'icelles, de ses hommes et subgectz, et aussi pour l'acroissement de sa revenue, feroit volentiers reediflier et mettre en estat.

Mais pour ce qu'ilz ont esté, comme dit est, demolies et abatues par nostre commandement et ordonnance, il ne vouldroit ne oseroit ce faire, s'il n'avoit sur ce noz congié et licence, en nous humblement requerant icellui (sic).

Pour quoy nous, ces choses considerées, inclinans à la supplicacion et requeste dudit seigneur d'Estissac, à icellui pour ces causes et mesmement en faveur d'aucuns bons et agreables services qu'il nous a par cy devant faiz et que esperons que encores plus nous fera ou temps avenir, avons donné et octroyé, donnons et octroyons, de grace especial, par ces presentes, plaine puissance et auctorité royal, congié et licence de faire reedifner, bastir et construire de nouvel lesdiz chasteaulx et places de Coulonges les Reaulx et du Bois Povreau, avec ses autres maisons et ediffices ainsi demolies et abatues que dit est, et iceulx chasteaux fortiffier de murailles, tours, portaulx, machecoiix, pontx leveis, boulevars, fossez et autres fortiflicacions et emparemens ydoynes et neccessaires à places fortes, en telz lieux et places de sesdictes chastellenies, terres et seigneuries qu'il verra estre à faire plus avantageuses et convenables, non obstant que lesdiz chasteaulx, places, maisons et ediffices aient esté, à l'occasion desdictes divisions, demolies et abatues par nostre dit commandement et ordonnance, et quelxconques ordonnances, restrincions, mandemens ou deffences à ce contraires.

 Si donnons en mandement, par cesdictes presentes, aux seneschaulx de Poictou et de Xaintonge et à tous noz autres justiciers, ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir, et à chacun d'eulx, si comme à lui appartiendra, que de noz presens grâce, congié, licence et octroy ilz facent, seuffrent et laissent ledit seigneur d'Estissac joir .et user plainement et paisiblement, sans lui faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire ainçois se fait, mis ou donné lui avoit esté ou estoit, l'ostent, repparent et remettent, ou facent oster, repparer et remettre, tantost et sans delay, au premier estat et deu.

Car ainsi nous plaist il estre fait. Et afin, etc. Sauf, etc.

Donné au Pontereau, ou mois de janvier l'an de grace mil CCCC. soixante douze, et de nostre règne le douzeiesme.

Ainsi signé Par le roy, le sire de Roscur (3) et autres presens. Tilhart. Visa. Contenter. J. Du Ban.

 

 ==> Notice Historique sur le château Renaissance de Coulonges sur l’Autize du Bas- Poitou

 

  1. Jean de Madaillan d'Estissac, écuyer, fils de Jeanne d'Estissac et de son second mari, Lancelot de Madaillan, seigneur de Lesparre, hérita vers 1460 de son oncle Amaury d'Estissac, seigneur de Coulonges-les-Royaux, le Bois-Pouvreau, Cherveux, etc., sénéchal de Saintonge décédé sans enfants, dont il prit le nom et les armes.

Conseiller et chambellan du duc de Guyenne, il servit ce prince avec un zèle qui lui attira la colère de Louis XI, comme on le voit ici.

 C'est en 1471 que le roi avait confisqué et fait raser ses châteaux de Coulonges et du Bois-Pouvreau il avait même fait don de la terre du Bois-Pouvreau à Jacques de Beaumont, sire de Bressuire, qui l'an 1472 en était seigneur, comme le prouvent les hommages qui lui furent rendus en cette qualité, entre autres par Jean Tudert, le fils, conseiller au Parlement de Bordeaux. (Arch. du château de la Barre, t. II, p. 17, 34 B. Ledain, hist. de Bressuire,, p. 321.)

En dernier lieu, il avait été commis par le duc de Guyenne à la garde des château et ville de Mussidan, d'après une quittance qu'il donna, le 10 février 1472 n. s., à Jean Gaudète, trésorier des guerres du duc, de 240 livres « pour l'entretenement et soulde de trente hommes de guerre. ordonnez pour la seureté et deffense desdiz chasteau et ville, pendant ledit mois de février et le mois de mars suivant ». (Bibt. nat., ms. fr. 27564, dossier d'Estissac, no 20.)

Le 21 juillet 1465, Jean d'Estissac avait fait aveu au roi de sa terre et seigneurie de Coulonges-les-Royaux. (Arch. nat., P. )145, fol. 43.) Comme seigneur du Bois-Pouvreau, le 5 août de la même année, par mandement adressé à son sénéchal de ladite châtellenie, il certifia que Louis Rousseau, écuyer, sr de la Boissière, procureur de Jean Tudert, lui avait fait les trois hommages qu'il lui devait, et par autre acte du même jour, que Laurent Sappin, laboureur, était venu lui rendre les foi et hommage lige, baiser et serment de feauté dus pour son hébergement de la Petite-Barre.

De Bordeaux, le 8 août 1475, il adressa de nouveau à son sénéchal du Bois-Pouvreau des lettres attestant que Jean Tudert, conseiller au Parlement de Bordeaux, lui avait fait, au nom de Catherine de Champdenier, sa mère, quatre hommages, deux liges et deux pleins.

Le 18 novembre 1482, ces hommages furent renouvelés, mais alors Jean d'Estissac était défunt, et ils furent reçus par Bertrand d'Estissac, son fils aîné, au nom de son cadet, Geoffroy, seigneur du Bois-Pouvreau, alors encore mineur. (A. Richard, Arch. du château de la Barre, t. H, p. 33, 35, 44, 100.)

Pour la descendance de Jean d'Estissac, cf. le Dict. des familles de l'ancien Poitou, nouv. edit.,t.III ,p.313.

(2). Charles de France, duc de Guyenne, frère de Louis xt, était mort le 25 mai de l'année précédente. (Voy. ci-dessus, p. 172, note.)

(3). Sic, et id., JJ. 197, n° 241 ( Cholet, janvier 1473) ; Roscures (id. n°' 245) ; Renescur (id. n° 246) ; aliàs Renescures, qui est la véritable orthographe d'un nom de seigneurie (con d'Hazebrouck, Nord), appartenant à Philippe de Commynes, et celui-ci en porta le titre jusqu'après son mariage avec Hélène de Chambes, dame d'Argenton en Poitou (contrat du 27 janvier 1473 n. s. Mlle Dupont, Mémoires de Commynes, t. III, p. 38 53). A partir de cette époque, on l'appela plus ordinairement M. d'Argenton.

 

 

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