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PHystorique- Les Portes du Temps
2 novembre 2019

Histoire de l'ordre de Malte (Ordre de Saint Jean de Jérusalem) - Foulques V d'Anjou, dit « le Jeune » roi de Jérusalem.

Histoire de l'ordre de Malte (Ordre de Saint Jean de Jérusalem) - Foulques V d'Anjou, dit « le Jeune » roi de Jérusalem

Avant les Croisades, il existait à Jérusalem, en dehors des murailles de la ville sainte, un hôpital pour les lépreux, placé sous l’invocation de Saint-Lazare. Dépendant de la juridiction des Patriarches Grecs de Jérusalem, il était desservi par des moines arméniens soumis à la Règle de Saint-Basile le Grand.

 L’Ordre de Saint-Lazare est issu de cet hôpital. A la différence des autres ordres militaires et religieux qui s’établirent en Terre-Sainte, Saint-Jean, Le Temple ou Sainte-Marie des Teutoniques qui dépendaient de l’Eglise Latine, l’Ordre de Saint-Lazare était sous la juridiction de l’Eglise d’Orient. En l’absence du Patriarche Grec Melkite, le Maître de Saint-Lazare était suffragant (grand électeur) de l’archevêque des Arméniens. 

Fondé en 1048 à Jérusalem comme un ordre religieux laïc, l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem a d’abord une vocation hospitalière auprès des pèlerins de Terre sainte. À l’instar des Templiers (dont ils hériteront des biens en 1314) ils auront aussi une fonction militaire de protection des pèlerins et des États latins de Terre sainte.

L'ordre de Malte porte le nom officiel d'Ordre souverain militaire hospitalier de saint Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte.

Histoire de l'ordre de Malte (Ordre de Saint Jean de Jérusalem) - Foulques V d'Anjou, dit « le Jeune » roi de Jérusalem (2)

À l’origine, et c’était là leur particularité, seuls des lépreux étaient membres de l’Ordre : les lépreux prenaient soin des lépreux. De là vient leur nom de « Lazarites » par référence au « Lazare » de l’Évangile, un mendiant lépreux. Les membres des autres ordres de Terre sainte (les Hospitaliers, Templiers et Teutoniques), atteints de la lèpre devaient quitter leur ordre pour intégrer celui de Saint-Lazare. L'ordre de Saint-Lazare crée des lazarets en Terre sainte comme à Acre mais aussi en Europe.

 

Avant l’époque heureuse et mémorable de l’institution de l’Ordre de Malte, il y avait peu de patriotisme, de l’honneur comme instinct, et de la religion sans lumière. Un sentiment vague de ces trois motifs, si féconds en héroïsme, enfantait des héros qui, pour la plupart, n’étaient dignes de figurer que dans le Roman de Michel Cervantès. -

Humanité réduite en culte, la piété devenue loi positive, telles font les deux bases qui soutiennent le brillant édifice de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Un ancien historien de l'Ordre de Malte en a fait le parallèle avec la république de Sparte, et a cru voir des analogies entre eux: ces deux établissements ne se ressemblent pas, du moins par la base; un Chevalier de Malte est Cosmopolite ; tous les opprimés sont ses frères. Il porte dans son cœur tous les amis de la vérité, et s'il courre sus contre ceux qu'aveugle le bandeau de l'erreur, ou qui s'arment de la torche incendiaire du fanatisme religieux : ce n'est pas par intolérance, mais pour assurer aux enfants de la lumière une existence paisible.

Le plan de l'Ordre n'est pas de combattre et d'envahir, mais de défendre et de protéger. Une gloire vaine et féroce ne lui fait pas prendre les armes ; et si l'éclat du glaive qu'il agite dans sa main, fait bouillonner son sangs le figne sacré qui repose sur sa poitrine tempère aussitôt ces élans profanes, et le rappelle aux vertus pacifiques du modèle sublime qu'il s'est choisi.

Les Spartiates pliaient la religion à leur discipline militaire ; les Chevaliers de Malte se font un devoir d'observer précisément l’inverse.

L'Europe, à demi-barbare, ne vit pas avec indifférence  s'élever une institution d'une trempe si peu commune. Les nobles et les gens de guerre furent attentifs aux progrès de cette nouvelle forme de Chevalerie.

La France, surtout, qui se glorifiera à jamais de compter parmi ses enfants le vénérable Instituteur, et les plus illustres chefs de cette belle et grande association, ne fut pas la dernière à en tirer des fruits.

Il y avait sans doute des Chevaliers avant ceux de Saint-Jean de Jérusalem; ils avaient même joué déjà un rôle brillant sous Charlemagne; mais que d'abus, que de préjugés, que d'excès, que d'inconvénients politiques et moraux s'étaient glissés au milieu d'eux; et cela ne pouvait guère être autrement.

Un soldat avait-il déployé une force de corps extraordinaire, c'en était assez pour qu'on lui accordât cette considération et ces privilèges qu'on ne doit qu'aux qualités d'une âme forte. Un coup de main, une bravade, une heureuse témérité méritaient l'honneur d'être admis Chevalier, et d'en porter les décorations.

Il fallut désormais d'autres titres pour parvenir à ce grade insigne: on alla même jusque-là, que les vertus personnelles ne suffirent pas pour être salué Chevalier, Il fallut non-seulement se montrer irréprochable soi-même, mais encore prouver une longue suite d’ayeux, tous également irréprochables. On rendit toute une maison solidaire de l'honneur de chaque individu, et les familles, dès ce montent, veillèrent avec plus de soin que jamais, sur la conduite respective de chacun de leurs membres, dont elles devenaient, responsables.

Un heureux moment dans une journée ne fut plus suffisant pour suffisant une vie entière. L'honneur, ce feu sacré, inextinguible dans la noblesse, brilla d'une flamme plus pure. Les Chevaliers, commis spécialement à sa garde et à son entretien, y apportèrent ce zèle, cette fidélité, cette confiance, qui ont fait passer jusqu’à nous le nom de Vestales. Ils furent intacts, et pour ainsi dire aussi vierges qu'elles, et la religion satisfaite eut lieu de s'applaudir d'avoir enfanté des héros dignes enfin d'elle, d'avoir su allier deux choses jusqu'alors incompatibles, l’esprit de paix, et le génie de la guerre. Le métier le plus inhumain devint un professeur d'humanité ; et l'innocence des mœurs fut étonnée de rencontrer son sanctuaire parmi le tumulte des camps, et au sein même de la victoire.

Histoire de l'ordre de Malte (Ordre de Saint Jean de Jérusalem) - Foulques V d'Anjou, dit « le Jeune » roi de Jérusalem (1)

L'Ordre de Malte, illustre par la noblesse de ses fonctions, chère à l'humanité par les services importants qu'il n'a cessé de rendre, n'a rien à redouter de l’esprit réformateur des Législateurs Français. Non, Chevaliers Cosmopolites, vos prérogatives sont trop respectables, pour que la secousse violente qui renverse et sape ici tous les Etats aille jusqu'à vous.

Les clameurs de l'envie peuvent, à force d'intrigues élever quelques nuages sur vos propriétés foncières; mais la loyauté nationale vous garantira des menées qu'une vaine éloquence déployé pour extirper de son sein cette société d'élite, cette race de héros que nous aimons et admirons tour-à-tour. En vain voudra-t-on prêcher l’esprit d'égalité, chez la nation la plus éclairés de l'Europe.

La frénésie de l'instant ne parviendra jamais à faire marcher sur la même ligne celui dont les ayeux ont tout fait pour la patrie, et celui qui n’est mu que par l’ambition de s'illustrer lui-même, La véritable noblesse a des racines trop profondes pour ne pas survivre à toutes les innovations que le vent éphémère de la jalousie fait souiller contre ses prérogatives. En attendant le jour de la justice d'un peuple soulevé par des prestiges mensongers, appelons en à des français vraiment Français, c’est  la seule manière de nous acquitter de notre mission

Gérard, homme simple, philosophe chrétien, bienfaiseur de l'humanité souffrante, héros hospitalier, tes titres à l'immortalité sont gravés en traits ineffaçables dans les monuments que la piété de nos pères ont transmis à ses Chevaliers. Si tu jettas heureusement les fondements de l'Ordre de Saint Jean, il ne fallait rien moins que Raymond Dupuy pour perfectionner le grand ouvrage que tu avais commencé. En descendant dans le séjour des sages, tu laissas à tes frères pour consolation ton exemple à suivre, et l'inspiration, sans doute céleste, de te donner pour successeur Raymond Dupuy, dont l'élection fut faire d'une voix unanime.

A cette époque, le royaume de Jérusalem, qui n'était composé que de cette Capitale,  de quelques autres villes, était constamment exposé aux incursions meurtrières des infidèles. Les Turcomans, les Sarrasins d'Egypte, voulaient chasser les Chrétiens de la Syrie et de la Palestine : ces ennemis, redoutables par leur nombre et par le fanatisme qui les animait, portaient souvent la flamme et le fer dans les différents cantons habités par les fidèles. Rien n'était sacré pour eux; nombre de Chrétiens expiraient sous leurs coups sacrilèges; les femmes et les enfants de ceux à qui ces barbares avaient arraché la vie, devenaient encore leurs esclaves.

Le digne successeur de Gérard, qui devait moins son élévation à sa naissance qu'à ses vertus, et qui joignait la plus grande valeur à l'amour de la religion, pénétré de douleur, à l’aspect du ravage que les infidèles faisaient dans la Terre-Sainte, conçut le noble projet de repousser à main armée les ennemis de Jérusalem. Il crut qu'il était digne des religieux dont il était le chef, et qui s'étaient consacrés au service des pauvres et des pèlerins, de prendre encore les armes pour la défense des Lieux saints; après avoir longtemps réfléchi ce projet, il le communiqua à ses confrères assemblés. Raymond eut la satisfaction de voir unanimement applaudir à son avis.

Comme la plupart des Hospitaliers avoient été les compagnons d'armes de Godefroi de Bouillon, ils les reprirent avec plaisir pour une aussi belle cause. La permission du patriarche leur fut accordée, sous la condition expresse, que sans abandonner leur premier engagement, ils ne seraient jamais armés que pour combattre et repousser les Turcomans et les Sarrasins.

Histoire_des_Chevaliers_Hospitaliers_de_S

Nous devons donc observer ici, que c'est à Raymond Dupuy, que nous sommes redevables des hauts faits qui sous lui, et depuis lui, ont illustré l'Ordre de Malte. Ce héros justifia souvent qu'il était aussi digne de donner des exemples de piété que de courage. Sans doute, il ceignit son front d'un laurier immortel, dès le moment qu'il fit un Ordre militaire, (et conséquemment doublement utile) d'un Ordre qui d'abord n'était que religieux,

Mais voyons à présent Raymond suivre son projet: avec le même zèle et la même chaleur qui l’avaient fait naître dans son esprit; voyons- le diviser les Hospitaliers en trois classes.

Dans la première, sont comptés ceux qui par leurs anciens services à 1’armée, sont encore destinés à combattre.

Dans la seconde, sont les ecclésiastiques destinés à remplir les fonctions d'aumôniers, successivement dans leur hôpital, ou à l'armée.

 La troisième, est seulement composée de ceux qui ne tiennent à aucun des deux premiers Ordres; ils n'ont d'autre emploi que de soigner les malades dans les hospices ou dans les camps, et n'ont d'autres titres que celui de frères Servants.

Bientôt toute la jeune noblesse accourt des différentes contrées de l'Europe, pour servir sous les étendards de Raymond. L'Ordre est divisé en sept langues; Provence, Auvergne, France, Italie, Arragon, Allemagne, et Angleterre. Cette division est encore la même aujourd'hui, pour que la première classe ne soit point confondue avec la dernière :

 Alexandre XIV ordonna que les Chevaliers auraient seuls le droit de porter à l'armée une cotte d'armes rouge, avec la croix blanche à huit pointes.

La discipline intérieure une fois établie, Raymond demande et reçoit la bénédiction du patriarche de Jérusalem; il se met à la tête de ses confrères tous armés, et va offrir ses forces à Baudouin du Bourg, second roi de Jérusalem : ce noble secours est reçu avec autant de reconnaissance que de satisfaction.

Godefroi de Bouillon, couronné des instruments de la Passion, d’après une gravure sur bois du XVe siècle

Godefroi de Bouillon, couronné des instruments de la Passion, d’après une gravure sur bois du XVe siècle

Dès-lors l'Europe retentit du bruit des victoires multipliées que les Hospitaliers remportaient sur les infidèles. Comment Baudouin n'aurait-il pas su gré à Raymond, du secours qu'il lui offrait; jamais il n'en avait eu plus de besoin.

Baudouin marche vers Antioche à la tête de ses troupes, Raymond le suit et commande les Hospitaliers. Déjà les infidèles avoient remporté une première victoire, l'armée de Boëmond avait été dispersée et Roger tué sur le champ de bataille.

L’armée de Baudouin est en présence de celle des infidèles. Le combat est engagé : Raymond vole de rang en rang, ranime de son courage, et les soldats de Baudouin, te les siens. Bientôt les deux chefs sont au milieu du carnage. Les Chevaliers de Saint-Jean font des prodiges de valeur, la mort plane sur les têtes ennemies, la plus grande partie reste sur la place, le reste prend la fuite, Baudouin est victorieux, et Raymond partage ses lauriers.

Le Roi de Jérusalem a pourvu à la défense d'Antioche ; une forte garnison est resté dans la ville, l'ordre civil y est rétabli, Baudouin va reprendre le chemin de sa patrie. Mais le comte d'Edene son parent, a été surpris dans une embuscade par Balac, Emir des Turcomans ; il est prisonnier de ce prince infidèle. Baudouin marche à son secours ; il est pris; Raymond voit la supériorité des forces des infidèles, sent combien il importe pour son parti de ne pas continuer un combat aussi inégal.

Mais déjà le Calife d'Egypte marche à Jafa, il en forme le siège, et une flotte à lui bloque le porc de la place. Eustache Garnier, Connétable de la Palestine, quoique très-avancé en âge, rassemble une petite armée de sept mille hommes environ, combat et défait les troupes du Calife : l'infortuné Garnier meurt les armes à la main dans cette mémorable expédition, et Guillaume des Barres, seigneur de Tibéry, lui succède dans le commandement de l'armée.

Histoire de l'ordre de Malte (Ordre de Saint Jean de Jérusalem) - Foulques V d'Anjou, dit « le Jeune » roi de Jérusalem (3)

Pendant ce temps, Henri Michiéli, Doge de Venise, à la tête d'une flotte Vénitienne, avait aussi brûlé les vaisseaux Sarrasins.

Ainsi donc les défenseurs de la religion sont plus souvent vainqueurs que vaincus, et le succès de leurs armes est d'autant plus glorieux pour eux, que leurs troupes sont toujours de beaucoup inférieures par le nombre à celles des Sarrasins.

Mais l'histoire nous prouve que dans tous les temps le succès enfanta l'orgueil, et fut souvent le germe de l'ambition. Bientôt le Doge de Venise veut vendre (si l'on peut s'exprimer ainsi) ses secours au Roi de Jérusalem, et pour prix de la victoire qu'il vient de remporter, il impose ses conditions: il veut que les Vénitiens aillent dans Jérusalem les mêmes prérogatives dont jouissent les habitants de cette ville.

On avait besoin de lui pour chasser les infidèles de Tyr. On accorda à Henri Machiéli un tiers de la ville. Le traité conclu, Raymond Dupuis, qui sent combien il est onéreux à son Roi, s'y refuse entièrement.

Cependant le traité n'est pas moins signé par les deux partis. Raymond suit alors l’impulsion générale.

Il se rend avec les troupes de terre devant les murs de Tyr. La tranchée est ouverte ; le siège est sanglant; les ennemis demandent à capituler. On accepte leur proposition ; on érige un évêché dans cette ville, et Guarimand, Patriarche de Jérusalem, sacre le nouveau Prélat.

Bientôt après, Porfequin et Doldecuvin ayant repris les armes pour faire le siège d'Antioche, Baudouin, toujours suivi de Raymond et des Hospitaliers, marche aux ennemis, force leur camp, remporte la plus grande victoire, et ne rend un grand nombre de prisonniers qu'il avait fait dans cette expédition, qu'après avoir obtenu la liberté de sa fille.

Histoire de l'ordre de Malte (Ordre de Saint Jean de Jérusalem) - Foulques V d'Anjou, dit « le Jeune » roi de Jérusalem (4)

Après la prise de Jérusalem par les croisés,  les chevaliers devenus lépreux vinrent se faire soigner à l’Hôpital Saint-Lazare, certains restèrent au sein de la communauté monastique et prononcèrent leurs vœux tout en conservant leur engagement chevaleresque.

Ce combat fut suivi d'un second, dans lequel Baudouin ne fut pas moins heureux ; la ville de Rapha fut prise à Doldecuvin,et Foulques, Comte d'Anjou, qui alors était en pèlerinage à Jérusalem, se couvrit de gloire dans cette bataille.

Foulques, que la perte de son épouse avait amené en pèlerinage à Jérusalem, y entretenait à ses dépens cent Chevaliers; et, toujours à leur tête, ce Héros, Chrétien fit des actions de valeur, qui lui ont mérité une place dans le nombre des grands Capitaines Français.

Mais Foulques a terminé son pèlerinage; il veut reprendre le chemin de ses Etats.

 Le Roi Baudouin qui souvent avait été le témoin de ses exploits, veut le retenir à Jérusalem, et fait tous ses efforts pour engager ce Chevalier à consacrer déformais sa vie à la défense de la Terre-Sainte.

Pour l'y déterminer, Baudouin offre, à Foulques de lui donner en mariage la Princesse Mélisende sa fille aînée, et promet, en outre, de le désigner pour son successeur au trône de Jérusalem. (Chronologie des ROIS, COMTES, DUCS, etc. qui ont gouverné La TOURAINE)

Alix, seconde fille de Baudouin, est unie au jeune Boëmond, Souverain d'Antioche. Foulques se rend à la proposition du Roi ; mais il veut revoir ses enfants ; il retourne en France pour satisfaire aux devoirs que lui impose le titre de père, et promet à Baudouin de revenir bientôt après dans ses Etats.

Mais la Terre-Sainte a perdu le plus ferme appui de son trône; le valeureux Foulques est parti de Jérusalem, et Baudouin est profondément pénétré de la perte qu'il vient de faire. Il avait besoin de nouveaux secours; il les reçoit.

 Hugues de Puyen, Geoffroi de Saint-Aldemas, et quelques autres Gentilhommes Français, venaient de former un nouveau corps, dont les membres étaient, comme les Hospitaliers, destinés à amener le repos et la liberté des Pèlerins.

Ce nouvel Ordre qui porta le nom de Templiers, parce qu'ils avaient établi leur domicile dans une maison auprès du temple, saisirent avec succès le Roi de Jérusalem.

Hugues_de_Payens_(Versailles)

Peu de temps après, Baudouin fait choix de Hugues pour l'envoyer à Rome demander du secours à Honoré II, alors Pape. Ce pieux Gentilhomme, après avoir rempli sa mission auprès du Saint Père, sollicite la permission de faire des Templiers un Ordre religieux et militaire. Honoré souscrivit à cette demande; et l'abbé de Clairvaux fut choisi pour dresser les instituts de cette nouvelle famille.

Hugues reprend avec ses compagnons le chemin de Jérusalem; un très-grand nombre de Chevaliers Français, Allemands, Italiens, se présentent et sont reçus dans son Ordre, de sorte que leur chef arrive en Orient, accompagné de la plus florissante escorte.

Le Comte d'Anjou le suit de près; il est aussi accompagné d'un grand nombre de Gentilshommes ses vassaux.

Il épouse la Princesse Mélisende, est reconnu pour l'héritier présomptif de la couronne de Jérusalem, voit naître et grandir dans les Hospitaliers et les Templiers, les plus fermes appuis du trône encore chancelant, sur lequel il est près de monter.

Mais presque toujours l'orage succède au calme, et la peine au plaisir. La Cour de Baudouin se liyrait à la joie que causait l'heureux hymen de la Princesse, quand Baudouin, apprend que le jeune Boëmond, époux d'Alix sa féconde fille, vient de perdre la vie, dans un combat qu'il a soutenu contre les infidèles.

Voler au secours d'Antioche, faire sortir de la ville sa fille Alix, qui avait osé en faire fermer les portes à son père, pour s'en assurer la principauté, au préjudice de Constance sa fille unique encore à la mamelle, faire reconnaitre son autorité, établir dans la place, un Gouverneur fidèle, revenir triomphant à Jérusalem, y mourir d'une maladie violente, que la rébellion de sa fille avait occasionnée, tous ces biens et ces maux furent l'ouvrage d'un instant.

Ce héros, avant de fermer la paupière, ne cessa de recommander la jeune Constance au Comte d'Anjou son successeur; jamais Prince ne fut plus sincèrement regretté, et n'avait mieux mérité de l'être que le malheureux Baudouin.Mariage entre Foulques V d'Anjou

Le Comte et la Comtesse d'Anjou sont couronnés, et leur avènement au trône peut seul suspendre un moment la douleur que causait a son peuple la mort du vertueux Baudouin.

Mais déjà la Princesse Alix, secourue de Ponce, Comte de Tripoli, et du jeune Courtenai, successeur de Josselin, veut rentrer dans Antioche, et s'en faire reconnaître Souveraine.  Déjà Roger, Duc de Sicile, et cousin de la jeune et trop malheureuse Constance, animée de la perfide ambition d'être aussi reconnu pour Souverain d'Antioche, forme une conjuration contre la Princesse mineure; il a des partisans dans la ville, et son affreux projet se conduit avec autant de noirceur que de mystère.

Cependant l'une et l'autre conspiration sont enfin découvertes par le Gouverneur d’Antioche qui se hâte d'en donner avis au Roi de Jérusalem.

Foulques rassemble aussitôt l'élite de sa Noblesse; il marche au combat, et se promet d'avance une victoire sûre, parce qu'il a pour amis et pour compagnons d'armes, le valeureux Raymond-Dupuy, Anselin de Brie, et Frère Joubert, Hospitalier.

Ses espérances ne sont point trompées. Le Roi, toujours suivi de ses trois favoris, est le premier entré dans Antioche; son autorité y est reconnue; les révoltés sont sévèrement punis, et pour prévenir de nouveaux malheurs, Foulques va donner un défenseur à sa mère.

Il envoie Joubert à la Cour de Henri I, Roi d'Angleterre, et fait proposer la main de Constance à Raymond de Poitiers, duc d'Aquitaine, qui s'y était retiré, La proposition est acceptée.

 

Raymond arrive à Antioche; le Patriarche de Jérusalem bénit son mariage avec la jeune Constance, et le nouvel époux de l'héritière présomptive de la Couronne d'Antioche est généralement reconnu pour le Souverain légitime de cette Principauté.

Mais les Sarrasins d'Ascalon profitent de l'absence de Foulques, et ravagent divers cantons de son royaume.

La Princesse Mélisende, alors Régente, croit que le moyen le plus sûr, pour arrêter déformais les incursions des infidèles, est de reconstruire BERSABÉE, place située à six lieues d'Ascalon.

Ce projet est exécuté; Bersabée est fortifié, et Mélisende en confie la défense aux Hospitaliers.

C'est ici qu'il est difficile, impossible même de raconter et classer toutes les actions éclatantes que firent à cette époque les valeureux Chevaliers de Saint-Jean. Nous voyons avec douleur que l'histoire ne nous ait pas conservé les noms de tous ces Héros Chrétiens; mais au moins savons-nous que c'est à leur valeur, à leur activité, que le plus grand nombre des infidèles durent la mort, et tous les sujets de Foulques la vie et le bonheur.

Les succès des armes des Hospitaliers leur méritèrent la reconnaissance, non seulement des habitants de la Terre-Sainte, mais encore de tous les Souverains de l'Europe. La Religion, n'en doutons pas, avait alors plus d'empire sur les cœurs et sur les esprits, quelle n'en a de nos jours. Nous laissons à nos lecteurs la liberté de déterminer, si le fanatisme religieux qui régnait alors était un bien.

Les Hospitaliers reçurent des sommes considérables qui leur furent envoyées en présent par différents Princes couronnés.

Mais Alphonse 1, Roi de Navarre et d'Arragon, témoigna particulièrement à ces Religieux combien il admirait leur courage et leurs vertus. Ce Prince, déjà avancé en âge, stipula, dans son testament, qu'il voulait que les Hospitaliers, les Templiers, et les Chevaliers du Saint-Sèpulcre, fussent les héritiers exclusifs aux Couronnes de Navarre et d'Arragon.

Cependant Alphonse perdit la vie peu de temps après avoir fait son testament, dans un combat contre les infidèles, au pied des murs de Fraga. Son corps même ne fut pas retrouvé sur le champ de bataille.

Les Navarrois et les Arragonois veulent pourtant lui donner un successeur ; mais les représentants des deux Peuples ne purent jamais s'accorder ensemble, parce que les deux partis voulaient que leur Roi fût élu chacun dans sa Nation. Ils se séparèrent donc, sans avoir rien conclu. Les Navarrois et les Arragonois se donnèrent chacun un Roi différent.

Ramire, frère d Aiphonse, monta sur le trône d'Arragon, et Rarnire, Prince du même sang, obtint le sceptre de Navarre.

Le choix de ces deux Peuples surprit autant qu'il affligea les Souverains de la Palestine. Les Hospitaliers, les Templiers et les Chevaliers du Saint-Sépulcre résolurent, dans une assemblée présidée par le Patriarche de Jérusalem, d'envoyer des députés en Espagne pour demander l'exécution du testament qu'Alphonse avait fait en leur faveur.

Nous avons vu Raymond établir l'harmonie dans l'Ordre dont il était le chef. Nous l'avons vu mettre les armes dans les mains de ses Chevaliers, et marcher à leur tête, pour défendre la cause de la Religion; nous l'avons vu revenir triomphant de toutes les expéditions militaires engagées par les infidèles contre les Rois de Jérusalem. Tous ces hauts faits ne sont point assez pour sa gloire ; il va devenir conciliateur entre la Palestine et l'Espagne, et le plus digne religieux, le plus grand militaire, ne dédaignera pas de défendre encore par son éloquence les droits de la patrie qu'il a adoptée, et de l'Ordre dont il est le maître et l'exemple.

Les Hospitaliers choisirent donc Raymond-Dupuy pour cette importante négociation. Quelques-uns de tes confrères le suivirent en Espagne; ils étaient aussi accompagnés de députés choisis dans l'Ordre des Templiers.

Mais les Rois de Navarre et d'Arragon étaient sur le trône. Ils jouissaient depuis assez longtemps de toutes les prérogatives attachées à la qualité de Souverain. Raymond sentit combien il était difficile, injuste même de détrôner deux Rois, qui, après tout, ne devaient leurs couronnes qu'au choix unanime de leurs sujets. Il chercha donc les moyens de conciliation qui lui parurent les plus propres à conserver la concorde qu'il aimait, et cependant assurer à ses mandataires le fruit qu'ils devaient attendre de sa million.

Cet habile négociateur ne put rien obtenir des Navarrois. Mais il fut plus heureux auprès du Roi d'Arragon, et ce Prince, obligé de céder à l'éloquence persuasive du Grand- Maître, s'engagea à laisser la couronne aux légataires d'Alphonse, s'il mourait sans enfants. Il promit aussi de prêter toujours main-forte aux Hospitaliers, quand ils en auraient besoin.

Raymond obtint encore pour son Ordre la propriété de plusieurs terres et châteaux considérables, et dont les revenus pouvaient suffire à soutenir un grand nombre de Chevaliers. Le dixième des impôts levé dans tout l'Arragon fut accordé aux Hospitaliers, comme le cinquième des contributions payées par les Maures.

Ainsi fut terminée une discussion qui pouvait amener de grands maux, et Raymond, satisfait des sacrifices que venait de faire en sa faveur le Roi d'Arragon, vint recevoir à Jérusalem les éloges et les remercîments que lui devaient et que lui payèrent, sans doute avec admiration, les habitants des lieux saints. Foulques reçut ce héros avec les plus grandes marques d'estime, et applaudit hautement à son ouvrage.

La paix régnait donc dans la Palestine ; les Chrétiens qui l’habitaient étaient heureux. Mais le plus beau ciel est souvent obscurci par les plus épais nuages, Il semble qu'il a toujours fallu que les hommes fussent en butte aux coups de l'infortune, pour qu'ils pussent mieux savourer les plaisirs que le destin se plait quelquefois à faire naître sous leurs pas.

Foulques faisait le bonheur de ses sujets, et ses sujets bénissaient son empire. Mais la mort, qui fait subir ses rigoureuses lois aux Monarques comme aux sujets, trancha dans un instant le fil des plus beaux jours de ce Monarque Chrétien. Ce héros qui si longtemps avait défendu sa vie en combattant contre les infidèles, la perdit enfin dans la plaine d'Acre, où il était à la chasse: un cheval fougueux, sur lequel il était monté, le renversa, et cet homme immortel mourut de cette funeste chute.

Cette perte fut un coup de foudre pour les habitants de Jérusalem. Foulques laissait deux enfants encore mineurs. Leur mère fut nommée Régente; peu de temps après, son fils aîné, que nous nommerons Baudouin, fut couronné, et consentit à partager son sceptre et sa puissance avec Mélisende sa mère.

 

 

Galerie universelle des hommes qui se sont illustrés dans l'empire des lettres, depuis le siècle de Léon X jusqu'à nos jours, des grands ministres et hommes d'État les plus distingués.

 

 1096, La croisade des barons - Première croisade et Prise de Jérusalem. <==.... ....==>

 

 

 

 


Photos Chartres – Templiers chevaliers du sangreal, gardiens de l’Arche d’alliance

 

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