L’histoire de l’Abbatiale bénédictine Saint-Maixent de Saint-Maixent- l'École
Parmi les abbayes qui florissaient au Moyen-age dans le diocèse de Poitiers, l'une des plus remarquables était, sans aucun doute, celle à laquelle un religieux nommé Adjutor, originaire de la ville d'Agde (1) avait, en l'an 500, donné le nom de Saint-Maixent.
L'histoire de ce monastère offre un grand intérêt, soit que l'on considère l'antiquité de son origine ou les richesses immenses qu'il posséda, soit que l'on envisage les privilèges dont tant de rois le dotèrent, ou enfin les sièges qu'il soutint, les dévastations et les incendies qui tant de fois menacèrent de l'anéantir.
Je crois à propos de rappeler en quelles circonstances fut fondée l'abbaye de Saint-Maixent, quoique plusieurs écrivains aient déjà traité ce sujet : Un pieux religieux du nom d'Agapit, abbé de Saint-Hilaire de Poitiers, ayant été contraint d'abandonner son monastère qu'Attila, roi des Huns (2), avait détruit, vint en 459 accompagné de quelques moines, chercher un refuge dans la forêt de Vauclair, située sur la rive droite de la Sèvre-Niortaise, et à 18 kilomètres de la ville de Niort.
Là, par leurs soins actifs et éclairés, ces pieux cénobites construisirent des cellules et élevèrent dans ce lieu solitaire un oratoire en l'honneur de Saint-Saturnin, évêque de Toulouse et martyr (3).
Sous la direction de ce premier abbé, nous devons faire remarquer que cet établissement ne possédait aucun revenu; dès lors pour pourvoir à la subsistance et à l'entretien des religieux, de même qu'aux frais du culte et aux réparations de l'église, on conçoit facilement qu'ils devaient être nécessairement économes, sobres et laborieux. Bien que les terres incultes qui entouraient la forêt où les moines s'étaient établis, fussent défrichées et fertilisées par eux-mêmes, néanmoins le revenu modique qu'ils retiraient des travaux auxquels ils se livraient journellement, suffisait à peine à leurs premiers besoins. Ils ne commencèrent donc à augmenter leurs ressources que lorsque des étrangers en grand nombre, arrivant de toutes les parties de la France, vinrent dans l'intention de se fixer dans ce saint lieu. Ce fut alors que les religieux leur cédèrent certaines parties de quelques-unes des terres qu'ils avaient défrichées, afin d'y construire des logements ; mais comme cette cession se fit à un prix inférieur à la valeur des terrains concédés, les acheteurs s'engagèrent à payer à l'établissement, soit en nature, soit en monnaie poitevine, une redevance annuelle.
Les religieux attachés à cette abbaye étaient de l'ordre de Saint Benoit. On connaît les grands hommes que cette congrégation a produits, on sait également qu'elle a été très-utile à la religion et aux lettres. La règle des bénédictins de cet ordre, œuvre vraiment philosophique et morale, recommandait entre autres choses les exercices de piété, la culture des terres, les travaux littéraires et l'enseignement.
Parmi les bienfaiteurs qui favorisèrent cette institution naissante, nous citerons plusieurs Souverains qui, soit par piété, soit par politique, s'attachèrent dans le principe de la monarchie, à inspirer à leurs peuples les sentiments de religion dont ils étaient animés. Ainsi ils élevèrent des autels, construisirent des temples, fondèrent des monastères qu'ils prirent sous leur protection, créèrent des bénéfices et firent des libéralités.
Or, les princes qui se signalèrent par des actes de bienfaisance, en faveur de l'abbaye, que nous rapporterons en leur lieu, furent Clovis, roi très-chrétien ; Pépin-le-Bref ; Pépin Ier, roi d'Aquitaine ; Charlemagne (4) qui agrandit noblement et gouverna heureusement la France; les empereurs Louis-le-Débonnaire et Lothaire son fils ; Charles le Chauve et Pépin II.
Plus tard, des lettres de garde-gardienne ou de protection furent accordées par Philippe-Auguste, Philippe-le-Hardi, Philippe-le-Long, Philippe de Valois et Charles VII.
(Monument funéraire de l’abbé Jean Chavalier transept sud, église abbatiale Saint Maixent (5))
Texte original sur : http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr . Lire plus sur : http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr/monument/abbaye-saint-maixent-eglise-tombeau-jean-chevalier-saint-maixent-lecole/ .
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Indépendamment des avantages exclusifs dont jouirent ces pieux solitaires, ils furent encore protégés par les divers papes qui occupèrent le Saint-Siège du XIe au XVe siècle. Les souverains pontifes Pascal II, Innocent II, Eugène III, Alexandre III, Grégoire XI, etc., leur octroyèrent de hautes prérogatives.
Mais ces libéralités, ces privilèges, ces prérogatives, accordées par la munificence des princes et par la puissance des papes, ne furent encore qu'une faible partie des bienfaits affectés au monastère. Après les rois, les plus grands seigneurs, ainsi que plusieurs fidèles apportèrent aussi leurs offrandes. Les premiers abbés du couvent, ainsi que ceux qui leur succédèrent par la suite, durent employer tous les avantages qui leur furent attribués, à faire des acquisitions propres à augmenter les propriétés qu'ils possédaient déjà.
Aux revenus directs que les abbés retirèrent de leurs nombreux domaines, fruits de libéralités publiques et privées, s'ajoutèrent toutes les redevances qu'ils perçurent: cens, dîmes, droits de péage, de passage, etc. ; en outre, par suite de concessions accordées par les rois, les papes, les évêques et les seigneurs, l'abbaye put étendre son patronage sur plusieurs églises, prieurés, chapelles, paroisses, ayant sur les uns le droit de collation directe et sur les autres celui de présentation.
Grâce à ces immenses richesses, à ces nombreux priviléges ecclésiastiques conférés aux abbés, leur puissance temporelle égala, bientôt leur opulence. Dès le moyen-âge ils comptèrent pour vassaux les plus grands seigneurs du Poitou qui leur rendaient foi et hommage.
Parmi ceux-ci, on remarquait Hugues Brun, seigneur de Lusignan ; un autre Hugues Brun, comte de la Marche et d'Angoulême, seigneur de Couhé; Aymard, fils de Hugues, comte de la Marche; Hugues l'Archevêque, seigneur de Parthenay et de Vouvant; Arthur, fils du duc de Bretagne, comte de Richemont, seigneur de Parthenay et connétable de France, etc.
En conférant au monastère toutes ces dotations et de si nombreux privilèges, les princes et seigneurs de ce temps étaient sans doute déterminés par le double motif de la piété et de la politique; car il leur importait d'accorder au clergé régulier une utile prépondérance; mais le résultat dépassa leurs prévisions, puisque les religieux placés dans des conditions si brillantes devaient finir par avoir la haute main sur la direction des affaires spirituelles et temporelles. Mais ces hautes prérogatives, ces sages institutions que le moyen-âge protégea pendant bien des siècles, étant devenues plus tard incompatibles avec les idées professées en 1789, elles furent détruites par la Révolution.
Le cartulaire de l’abbaye de Saint-Maixent, dont la rédaction s’est terminée en l’an 1150, date de la dernière charte qu’il renfermait. On lit dans l’introduction qui nous a été conservée par D. Chazal :
« Ce fut à proprement parler au temps du roi Clovis que notre abbaye prit naissance, par le fait que ce prince en donnant à Adjutor Maixent le lieu où elle s’élève, l’enrichit grandement. Avant cette époque, ainsi qu’il est rapporté, le monastère de Saint Maixent, qui portait alors le nom de Saint-Saturnin martyr, était sous le gouvernement du vénérable Agapit, prêtre et abbé, à qui succéda notre bien-aimé Adjutor, que ses mérites portèrent à la première place. Mais ce même Adjutor Maixent, ayant, selon le sort commun, rendu glorieusement son âme à Dieu son nom fut par la voix populaire donné au monastère qui avait l’honneur de posséder son corps »
Igitur Chodovei tempore abbadia nosta proprie sumpsit exordium, quia ipse ex sua parte tribuendo hunc locum Adjutori Maxentio eam maxime ditavit. Ante tempus ipsius, sicut dignoscitur, erat monasterium dicti Sti Marentii sub regimine venerabilis Agipii presbiteri vel abbatis, cui almus Adjutor meritorum gratia exigence ad pastoralem curam successit in monasterio quod tunc dicebatur Sti martiris. Seb eodem Adjutore Maxentio ibidem honorifice sicut debuit defuncto, nome monasterii propter pretiosi corporis praesentiam in honore confessoris almi ab omni populo diu habitum est.
La chronique de Maillezais du MONASTERE DE ST-MAIXENT, EN POITOU. <==....
Saint Maixent, Ruines de l’église SAINT-SATURNIN (1099 )<==....
Voies Antiques de LIMONUM (Poitiers) à Mediolanum Santonum (Saintes) <==
==> 26 novembre 1372, Charles V le Sage, confirme les privilèges de l'abbaye de Saint-Maixent
Une certaine célébrité s’attache à la fondation de l’abbaye de Saint-Maixent ; elle est due, en grande partie, à Grégoire de Tours, le précieux historien de nos origines, qui a intercalé au milieu de son récit de la grande lutte engagée entre les Francs de Clovis et les Wisigoths en 507, un épisode qui s’y relie d’une façon intime, et dans lequel l’abbé Maixent joue un rôle prépondérant. ==> Georgius Florentius Gregorius, Père de l’Histoire de France (Grégoire de Tours)
L'abbaye de Saint Maixent connut des attaques des sires de Lusignan qui, bien que vassaux de l'abbé, n'hésitèrent pas à usurper les biens de l'abbaye afin d'asseoir leur position dans cette région face au comte de Poitou et au châtelain de Melle.
La bataille de Voclade et le miracle de Saint-Maixent Grégoire de Tours appelle de ce nom: " campus Vocladensis ", l'endroit où, en l'an 507, Clovis battit les Wisigoths et tua leur roi Alaric. Voici le texte du saint évêque de Tours (Historia Francorum L......
Voici comment la grande bataille a pu se dérouler : Le roi des Francs part de ses Etats avec son armée pour faire la guerre de religion qu'il déclare aux Wisigoths. Clovis peut attaquer Alaric ; par l'Episcopat il est sûr des populations gallo-romaines qu'il va traverser au-delà de la Loire......
(1) Agde, ville de France, du département de l'Hérault, ancienne colonie fondée par les Marseillais.
(2) Attila, roi des Huns, des Goths, était fils de Bendême ; il envahit la Gaule en 451 où il laissa des traces sanglantes de son passage. Soldat courageux, capitaine habile, politique astucieux et rusé, il fut la terreur de ses ennemis.
(3) Au IIIe siècle, saint Saturnin fut évêque de Toulouse. Le pape Fabien ayant envoyé dans les Gaules, vers l'an 245, les idolâtres se saisirent de lui, l'accablèrent de coups et l'attachèrent à la queue d'un taureau indompté qui le traîna dans les rues et le fit mourir (257).
(4) Charlemagne mourut d'une pleurésie, le 24 janvier 814, à l'âge de 72 ans, et après un règne de 47 ans. Il fut enterré dans un caveau à Aix-la-Chapelle, avec son épée, son sceptre, son bouclier et divers autres objets précieux. Un collier d'or ayant une émeraude et renfermant une parcelle de la vraie Croix, fut enlevé vers 1805 par Napoléon Ier, lorsqu'il fit ouvrir le tombeau de ce prince, auquel il était comparable, et il fut donné à la reine Hortense.
(5) Monument funéraire de l’abbé Jean Chavalier transept sud, église abbatiale Saint Maixent
Jean Chevalier était abbé régulier de St-Maixent en 1442 et 1460. D’une famille des environs de St-Maixent. Le 15 septembre 1442, Charles VII accorda à son monastère, à cause des secours qu’il avait rendus à la France, pendant la guerre de cent ans contre les Anglais, le droit de porter pour armes : des gueules, à fleur de lys d’or surmontée d’une couronne aussi d’or. Pierre Dufief était prieur claustral, sous cet abbé. Celui-ci, enterré dans l’église du monastère, y avait un mausolée, avec épitaphe :
Olim praelatus fuit iste jacet tumulus
Fultus praesidio virgo Maria tuo,
Ecce Joannes habet nomen, sed militis omen
Nobilis atque probus consiliique globus.
Omnia construxit, et tegmina volta…..
Pacem datque piae vir bonus exxlesiae.
Iste monachorum dux tutor pauperiorum
Christi thesaurum fundi in omne thorum
In senis ductus, virtutis stemmate fultus
Alter ut Agapius vir fuit iste plus,
Cum prece ploremus, plorando contogitemus
Spiritus arce poli, sit caro ventre soli.
Il fut naguère Abbé celui qui maintenant repose içi
Fort de ta protection, Vierge Marie.
Son nom est Jean, mais son nom est signé aussi de Soldat.
Célèbre et vertueux, il fut un trésor de conseils.
Il construisit tout et aussi ces voûtes
Cet homme bon procure la paix à sa vertueuse église.
Il fut le chef de ses moines et le protecteur des pauvres.
Il répandit le trésor du Christ dans tou foyer
Guidé dans sa vieillesse, ceint d’une guirlande de vertus,
Tel un autre Agapit ce fut un homme de piété
Pleurons-le en priant, et, en pleurant, pensons
Que son âme est là-haut dans le ciel tandis que son corps repose au cœur de cette terre.