Finalement libéré le 4 février, Richard s'embarqua dans la galiote d'un marchand de Normandie, appelé Alain Tranchemer, et ayant ainsi échappé aux hommes d'armes envoyés pour le prendre, aborda heureusement au port de Sandwich le 13 mars 1194 avec sa mère Eleanor d'Aquitaine à ses côtés (2).

Il trouva la majorité des comtes et des barons normands qui habitaient l'Angleterre, bien disposés pour sa cause. Peu de temps auparavant, leur grand conseil ou parlement avait déclaré le comte de Mortain ennemi du royaume, et ordonné que toutes ses terres seraient saisies, et qu'on assiégerait ses châteaux (3).

En apprenant la nouvelle de la libération de Richard, John Lackland (JEAN-SANS-TERRE), qui s'était enfui en France(Normandie) en janvier, avait ordonné à ses vassaux de défendre ses châteaux contre les hommes du roi. Ralph Murdoc et William de Wendeval tenaient le château de Nottingham au nom de Prince Jean.

Au moment où le roi arriva, cet ordre s'exécutait, et, dans toutes les églises, on prononçait, au nom des archevêques et des évêques, au son des cloches et à la lueur des cierges, des sentences d'excommunication contre le comte et ses adhérents (4).

Le bruit de la délivrance du Coeur-de-Lion (c'est ainsi que les flatteurs du roi Richard le surnommaient en langue normande), mit fin à la résistance des garnisons qui tenaient encore pour le comte Jean ; toutes se rendirent, à l'exception de celle de Nottingham qui ne voulut pas croire à la nouvelle; le roi, irrité et prompt dans sa colère, marcha sur cette ville, pour en faire le siège en personne, avant même d'entrer dans Londres (5).

Sa présence au camp devant Nottingham fut annoncée aux gens de guerre enfermés dans la place, par un bruit extraordinaire de trompettes, de cors, de clairons et d'autres instruments de musique militaire; mais, pensant que ce n'était qu'une ruse des assiégeants pour les tromper, ils continuèrent à se défendre (6).

Le roi fit un serment terrible contre ceux qui osaient lui résister, et livra l'assaut à la ville qui fut prise; mais la garnison se retira dans le château, l'un des plus forts que les Normands eussent bâtis en Angleterre.

Avant de battre les murs du château avec ses pierriers et ses autres machines, Richard fit dresser un gibet, haut comme un grand arbre, où l'on pendit, par son ordre, à la vue de la garnison, quelques hommes d'armes pris dans le premier assaut (7). Ce spectacle parut aux assiégés un signe de la présence du roi plus certain que tout ce qu'ils avaient vu jusque-là, et ils se rendirent à merci (8).

Richard Cœur de Lion, Capturé à son retour de croisade<==.... ....==>La légende de Robin des bois (Robin Hood), Jean sans Terre et Richard Cœur de Lion

1. Relaxatum ad custodiam revocare cogitavit... (Script. rer. fr., tom. XVIII, p. 41.)

2. Ibid. — Rog. de Hoved., p. 735.

3. Ibid., pag. 736.

4. Ibid.

5. Rog. de Hoved., p. 736.

6. ... Cura sonitu tubarum et buccinarum... (Ibid.)

7. Furcas erigi fecit.., ( Ibid. )

8. Seponentes in misericordiâ regis de vita et membris et terris et honore... ( Rog. de Hoved., p. 736. )