1193 Richard Cœur de Lion, Capturé à son retour de croisade
Richard, après avoir conclu avec Saladin une trêve de trois ans trois mois et trois jours, et instruit de ce qui se passait dans son royaume, où les régents par lui nommés commettaient des vexations de toutes sortes, quitta l'armée des croisés pour revenir en Angleterre.
Le roi d’Angleterre, à son départ de la terre sainte, est poussé par la tempête au fond de la mer Adriatique ; ayant fait naufrage sur la côte italienne, le roi tente de gagner l'Angleterre en traversant les terres de ses ennemis.
Comme il craignait les vengeances de ceux qu'il avait maltraités en route, il voyagea incognito ; mais il fut reconnu en Autriche par le duc Léopold, qu'il avait insulté à Ptolémaïs en déchirant sa bannière. Le duc d'Autriche retint prisonnier.
Philippe de France, en apprenant la captivité du roi d'Angleterre, voulut en profiter pour s'emparer de ses domaines du continent, puis après de l'Angleterre.
1193, janvier à mars Philippe Auguste écrit au duc d'Autriche pour le prier de garder le roi Richard Cœur-de-Lion dans une étroite captivité jusqu'à ce qu'ils se soient entendus avec l'empereur à son sujet.
Philippe, par la grâce de Dieu, roi de France, à son très cher ami, le noble duc d'Autriche, salutations et amour sincère.
Parce que vous avez vu et entendu de manière perverse et contre Dieu et l'homme Richard, le roi le plus impie d'Angleterre, vivre et agir dans les régions d'outre-mer, il n'est pas nécessaire de rappeler chaque détail à votre mémoire.
Il est vrai que nous savons que vous devez garder fermement à la mémoire que Richard, marquis de Chunrad, seigneur de Tyr, qui fut jusqu'au dernier jour le défenseur et le pilier du christianisme, sans cause et sans mérites antérieurs, un parent autrefois très cher à vous et aux nôtres, a été cruellement mis à mort par les Assassins.
C'est pourquoi, par tous les moyens que nous pouvons, nous vous offrons des prières provenant de l'affection la plus intime de notre cœur à tout moment, en vue de la miséricorde de Dieu et en respect de tout service que nous pourrions vous rendre, afin que vous gardiez ce qui précède. Richard sous garde étroite, et ne le relâchez en aucune façon, jusqu'à ce que vous et nous avec l'illustre empereur des Romains Nous ayons été informés de bouche à oreille ou par des messagers de notre côté.
Phylippns Dei gratia Francie rex karissimo amico suo nobili duci Austrie salutem et sincère dilectionis pienitudinem.
Quoniam quam perverse et contra Deum et contra hominem Richardus, impiissimus rex Anglie, in transmarinis partibus vixerit et fecerit, oculo ad oculum vidistis et audistis, singula vobis ad memoriam non oportet reducere.
Verum scimus vos fixa tenere memoria quod Richardus Chunradum marchionem, dominum Tyri, qui usque ad supremum diei exitum defensor et columpna Christianitatis extitit, sine causa et nullis precedentibus meritis, consanguineum quondam vestrum karissimum et nostrum, per Assassinos crudeliter fecit interfici.
Modis igitur omnibus quibus possumus, preces ex intimo cordis affectu procedentes vobis porrigimus quatinus, intuitu misericordie Dei et respectu cujusque servitii quod umqnam vobis potuerimus exhibere, predictum Richardum sub arcta teneatis custodia, nec aliquo modo eum liberetis, donec vobis et nos cum illustri Romanorum imperatore ore ad os, aut per nuncios de latere nostro, locuti fuerimus.
Des prisons de Léopold, Richard passa dans celles de l'empereur d'Allemagne ; il y resta jusqu'à ce qu'il eût acquitté une rançon qui s'élevait à cent cinquante mille marcs d'argent, et à laquelle il avait été condamné par jugement : il eut sa liberté en janvier 1194.
Les historiens sont unanimes à cet égard, c’est le 20 décembre 1192 (kalendas januarii captus est)
Le roi Richard, au moment de son débarquement, avait encore avec lui deux gentilshommes : Baudouin de Béthune et Guillaume de l’Etang, quelques templiers et un petit nombre de serviteurs dévoués.
Il comprit qu’il fallait, pour fuir l’Italie, traverser les domaines de Léopold, duc d’Autriche, ce prince qu’il avait si brutalement offensé sous les murs de Saint-Jean-D’acre : pour garder un incognito vraisemblable, il réduisit d’abord le nombre des hommes qui l’accompagnaient ; ensuite il prit un déguisement et se fit passer pour marchand.
Maitre Hugues, tel était son nom d’emprunt. Cependant, comme tel, il lui fallut demander un sauf-conduit au seigneur de Zara. Richard eut l’imprudence, pour obtenir cette pièce, de faire offrir au châtelain un gros rubis monté sur une bague, pierre célèbre dans toute l’armée chrétienne. Chacun l’avait vu briller au doigt de Richard Cœur de Lion, du vainqueur de Ptolémaïs et d’Ascalon.
Traqué par le duc d’Autriche, il sera reconnu et arrêté à l’automne 1192, à Rast, un petit bourg près de Vienne.
Avril 1193 L’empereur décida que Richard serait jugé par la diète germanique, réunie à Haguenau.
Les chefs d’accusation portés contre Richard
1- Appui donné au bâtard Tancrède dans son usurpation du trône de Sicile
2- Divers manquement au roi de France, suzerain de Richard
3- Le prince de Chypre injustement détrôné, et cette il donnée à un étranger (Lusignan)
4- Insulte faite à la nation allemande, à Léopold, en faisant jeter dans un égout la bannière de l’Autriche
5- Le meurtre de Conrad de Montferrat, ordonné et soldé par Richard
6- Connivence entre Saladin et Richard pour ne pas enlever Jérusalem aux infidèles, et présents du sultan acceptés par le roi d’Angleterre.
Richard, debout, les mains chargées de chaînes, répondit en ces termes à tous les chefs d’accusation :
Je suis né dans un rang à ne rendre compte de mes actions qu’a Dieu seul ; mais elles sont d’une nature telle, qu’elles ne craignent pas même le jugement des hommes, et particulièrement, seigneur, d’un prince (Henri VI) aussi juste que vous.
Mes liaisons avec le roi de Sicile n’ont rien qui vous ait dû fâcher ; j’ai pu ménager un homme dont j’avais besoin, sans offenser un prince dont j’étais l’ami. Pour le roi de France, je ne sache rien qui m’ait dû attirer son chagrin, que d’avoir été plus heureux que lui. Soit l’occasion, soit la fortune, j’ai fait des choses qu’il eût voulu avoir faites : voilà tout mon crime à son égard. Quant au tyran de Chypre, chacun sait que je n’ai fait que venger les injures que j’avais reçues le premier. En me vengeant de lui, j’ai affranchi ses sujets du joug sous lequel il les accablait. J’ai disposé de ma conquête, c’était mon droit ; et si quelqu’un avait dû y trouver à redire, c’était l’empereur de Constantinople, avec lequel ni vous ni moi n’avons pas de grande mesure à garder.
Le duc d’Autriche s’est trop vengé de l’injure dont il se plaint, pour compter encore parmi mes crimes. Il avait manqué le premier, en faisant arborer son drapeau dans un lieu où nous commandions, le roi de France et moi, en personne : je l’ai puni trop sévèrement ; il a eu sa revanche au double ; il ne doit plus rien avoir sur le cœur, si ce n’est le scrupule d’une vengeance que le christianisme ne permet pas.
L’assassinat du marquis de Montferrat est aussi éloigné de mes mœurs, que mes intelligences prétendues avec Saladin sont peu vraisemblables. Je n’ai pas jusqu’ici montré assez de crainte de mes ennemis, pour qu’on me croie capable d’attaquer leur vie autrement que l’épée à la main, et j’ai fait assez de mal à Saladin, pour donner à penser que, si je ne l’ai pas trahi, je n’ai pas été son ami.
Mes actions parlent pour moi, et me justifient mieux que mes paroles. Acre pris, deux batailles gagnées, des partis défaits, des convois enlevés, avec tant de riches dépouilles dont tout la terre est témoin que je ne me suis pas enrichi, marquent assez, sans que je le dise, que je n’ai pas épargné Saladin, non moins recommandable pas sa courtoisie et sa générosité que par sa valeur et sa conduite, m’a de temps en temps envoyés. Le roi de France en a reçu comme moi ; ce sont là des honnêtetés que de braves gens dans la guerre se font les uns aux autres sans conséquence.
On dit que je n’ai pas pris Jérusalem : je l’aurais prise si l’on m’en avait donné le temps. C’est la faute de mes ennemis, non la mienne, et je ne crois pas qu’aucun homme équitable me puisse blâmer d’avoir différé un entreprise qu’on peut toujours faire, pour apporter à mes peuples un secours qu’ils ne peuvent plus longtemps attendre. Voilà, seigneur, quels sont mes crimes. Juste et généreux comme vous êtes, vous reconnaissez sans doute mon innocence ; et si je ne me trompe, je m’aperçois que vous êtes touché de mon malheur.
Lorsque Philippe-Auguste et Jean Sans Terre connurent les conditions de la délivrance de richard, ils promirent à l’empereur de lui assurer une somme d’argent plus forte que celle qui avait été fixées pour la rançon du roi.
La nouvelle en étant venue en Normandie, l’archevêque de Rouen écrivit au Pape se plaignant que ce prince eut été pris en revenant du pèlerinage de Jérusalem, contre le privilège de la croisade, qui mettait les croisés sous la protection spéciale du S. Siége et exhortant le pape à employer en cette occasion le glaive de S.Pierre. La lettre fut composée par Pierre de Blois, qui écrivit aussi en son nom à Conrad archevêque de Maïence, avec lequel il avait contracté amitié pendant ses études : le priant de travailler de tout son pouvoir à la délivrance du roi Richard.
La reine Aliénor employa le même secrétaire pour écrire au pape en son nom trois fois.
Aliénor âgée de près de 80 ans, réussit à rassembler péniblement la rançon.
100 mille marcs d’argent, et lui donna des otages pour les 50 mille qui restaient à payer. Les églises d’Angleterre épuisèrent leurs trésors pour racheter la liberté de leur roi. Richard chercha à adoucir les peines de sa captivité, par les charmes de la poésie
Lettre d’Aliénor d’Aquitaine au pape Céléstin III, lui demandant de faire rendre à son fils la liberté, et de lancer les foudres de l’église contre ses geôliers couronnés.
J’avais résolu de garder le silence, disait la reine mère au souverain pontife, de peur que dans l’abondance du cœur et au fort de ma douleur, il ne m’échappât contre le successeur de Pierre quelque expression qui me fît accuser d’insolence et de présomption ; car la douleur, lorsqu’elle se laisse aller à son impétuosité, ne diffère pas beaucoup du délire. Mais il faut parler ; et qu’on ne s’étonne pas si la violence de mon affliction me rend moins retenue dans mes paroles ; car je déplore un malheur public.
Les nations troublées, les peuples déchirés, les provinces désolées, l’église d’Occident dans les larmes vous supplient, ô très-saint Père, de mettre un terme à nos désastres.
Notre roi est en prison. Le tyran qui l’y retient forge sans cesse des armes d’iniquité contre lui. Il l’a fait prisonnier pendant le saint pèlerinage, quand il était sous la protection du Dieu du ciel, lorsqu’il défendait l’église. Ce monstre tue mon fils chargé de chaînes ; il couve sa proie.
Si l’église garde le silence, que Dieu s’élève alors et qu’il juge notre cause ! Où est le zèle d’Elie contre Achab, de Jean contre Hérode, de Basile contre Valens ?
Au milieu de tant de plaintes, de tant de larmes, vous n’avez pas envoyé un seul nonce à ces princes coupables ; cependant pour des causes peu importantes vos cardinaux sont envoyés avec de grands pouvoirs dans des contrées barbares.
Seconde lettre d’Eléonore au Pape
La distance que me sépare de vous, très-Père, m’empêche de vous parler en personne. Cependant il faut que j’épanche ma douleur. Je suis desséchée par le chagrin. Mes années s’écoulent dans le gémissement. Mes entrailles sont arrachées. J’ai perdu le soutien, l’ami de ma vieillesse, la lumière de mes yeux, j’ai perdu mon fils, et je vous le demande ! O mon fils, qui m’accordera, Vierge sainte, regardez la douleur d’une mère !...
Le roi Richard est dans les fers. Son frère Jean ravage son royaume…. Je flotte incertaine : si je pars, si j’abandonne le royaume de mon fils, ce royaume sera privé de mes conseils et de mes consolations ; si je reste, je ne verrai point la face de mon fils. O tyrans impies et cruels, qui n’avez pas craint de porter des mains sacrilèges sur l’oint du Seigneur, personne ne se lèvera donc pour vous punir ! Mais le prince des apôtres règne et commande encore sur le siége apostolique. Saint Père ! tirez donc le glaive de Pierre contre les méchants ! La croix du christ est supèrieur aux aigles de César, le glaive de Pierre à l’épée de Constantin, le siége apostolique au trône impérial. Votre puissance vient de Dieu, non des hommes.
LA COMPLAINTE DU PRISONNIER
Chanson de Richard, ler surnommé Cœur-de-Lion, Roi d'Angleterre, Comte de Poitou, et Duc de Normandie.
Nota. L'explication de chaque Strophe est de M. l'Abbé Grandidier, qui nous en a adressé la Copie.
La Chanson de li Roi Richar est historique. Il y parle de sa captivité, et se plaint de ses Sujets, qui ne paroissent pas s'intéresser à sa liberté. Elle renferme sept Strophes.
Dans la premiere, le Poête Roi fait entendre qu'un homme sage, s'il est en prison, ne doit pas perdre son temps par de vaines plaintes, mais adoucir son fort dans le commerce des Muses. Il ajoute qu'il a beaucoup d'amis, mais dont il reçoit peu de secours, et qu'il leur seroit honteux, si sa Rançon ne pouvoir être payée dans l'espace de deux ans.
J'ai nuls hons pris ne diroit sa raison
Adroitement sensi com dolans non,
Maix per confort puet-il faire Chanson,
Moult ai damis maix poure sont li don
Honte en auront se por ma Reanson
Seux les deux hivers pris
Richard, dans la seconde Strophe, rappelle à tous ses Barons et Vassaux , tant d'Angleterre et de Normandie, que du Poitou et de la Gascogne, combien il avoit été empressé de procurer la liberté du moindre de ses Sujets, tandis qu'à présent personne d'eux ne pense à le tirer, lui-même, de ses fers.
Se sevient bien mi homme et mi Baron
Anglois, Normant, Poitevin et Gascon,
Ke gi n'avoie si poure Compagnon
Ke je laissaisse, por avoir en prixon,
Je nel dis puis por nulle retraisson
Mais encore seux je pris.
Il dit, dans la Strophe suivante, qu'il voyoit bien qu'un mort ou un captif n'avoit plus ni parens ni amis.
Or sai je bien de voir certainement
Ke mors, ne pris n'ait amis, ne parent,
Quant on me lait por or ne por argent,
Moult m'est de moi, maix plux m'est de ma gent,
Ç'après ma mort auront reproche grant
Se longuement feux pris.
Le Roi d'Angleterre se plaint, dans la 4e Strophe, de Philippe-Auguste, Roi de France, qui avoit profité de sa détention pour faire quelques incursions sur ses terres.
Richard l'appele Mes sires, parce qu'il étoit son vassal, a cause des Provinces de France qu'il tenoit de lui à titre de Fief.
N'est puis merveille se j'ai le cuer dolent,
Quant Mes sires tient ma Terre en torment,
S'or li membroit de nostre sairement
Ke nos seimes auduis communément
Bien sai devoir ke seuns longuement
Ne seroie puis pris.
La cinquième et la sixième Strophes renferment des reproches sur l'ingratitude de ses Sujets.
Se sevient bien Angevain & Poitevain
Cil Baicheliet ki or font riche & sain
Kincombries seux loing d'eaus en autrui main
Forment m'amoient maix or ne m'aime grain
De belles airmes font ores ve veut li plain
Portant ke je feux pris.
Mes Compagnons cui j'amoie & cui j'ain,
Ceals de caheu & ceaulx de perchemin
Me di Chanson kil ne font puis certain
Non kes Vers eaus no le cuer sauls ne vain
S'il me gueroient il font moult ke vilain
Portant ke je feux pris.
La septième et dernière Strophe est obscure : elle me paroit mutilée , parce que le metre est différent de celui des précédentes , et parce qu'elle n'est pas terminée par le même mot qui finit les six autres Strophes.
Richard l'adresse à Jeanne sa sœur, mariée, en premières noces, à Guillaume, Roi de Sicile. Il la nomme Comtesse, parce qu'elle épousa, en secondes, Raimond, Comte de Toulouse.
Comtesse suer votre pris souverain
Vos sault & gaire cil à cui je me rain
Et par cui je feux pris J
e ne dis puis de celi de Chairtrain
La Mere Loweis.
La Chanson de Richard, conservée par Fauchet, copiée et même traduite dans la Bibliothèque Littéraire du Poitou, est un peu différente de celle-ci.
L'une et l'autre font faites pour intéresser les Amateurs de l'ancienne Poesie Provençale, dans laquelle nous avons des choses si agréables.
Déjà nul prisonnier ne dira sa raison dextrement, s’il ne le fait tristement ; mais pour se consoler il peut faire une chanson.
J’ai beaucoup d’amis, mais pauvres sont leurs dons ; honte ils en auront, si pour attendre ma rançon je suis ces deux hivers prisonnier.
Sachent bien mes hommes et mes barons anglais, normands, poitevins et gascons, que je n’ai jamais eu si pauvre compagnon que je voulusse pour argent laisser en prison.
Je ne dis point cela par reproche ; mais encore suis-je prisonnier.
Je sais bien comme chose vraie de toute vérité, que homme mort ou prisonnier n’a mai ni parent, et que s’ils me laissent faute d’or et d’argent, c’est mal pour moi, mais pis pour ma nation, qui après la mort souffrira blâme de m’avoir si longtemps laissé prisonnier.
Pas n’est merveille si j’ai le cœur dolent, lorsque mon seigneur (Philippe-Auguste) met ma terre au pillage. S’il lui souvenait de notre serment que nous fîmes tous deux en commun, bien sais-je vraiment qu’ici longtemps ne serais prisonnier.
Vers 1194, l'an 5 de Richard, 5 janvier. Charte de Richard Cœur de Lion pour l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Cette charte est datée de Spire en Allemagne du cinquième an du règne de Richard Roy d’Angleterre et duc de Normandie
Ricardus, Dei gratia, Rex Anglie, Dux Normannie, Aquitanie, Comes Andegavie, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comitibus, vicecomitibus, baronibus, senescallis, justiciis, prepositis et omnibus ballivis et fidelibus suis tocius terre sue, et universis sancte matris ecclesie filiis, ad quos presens carta pervenerit, salutem in Domino.
Quam magnifica, quam jugis in operibus pietatis sacro sancta domus hospitalis Jerosolimitani existat, ad universitatis vestre noticiam non minus ipsa inmensitas rei quam fame potest celebritas deduxisse; cujus rei fidem certissimam in Jerosolimitanis partibus constitutis propriorum occulorum testimonium et experientia ipsa fecere: nan preter cotidiana que ceteris indigentibus et supra fidem et super ipsius domus facultates Magister et Fratres ipsius domus hospitalis de Jherusalem exibuere subsidia, nobis quoque et ultra mare et citra tam devote tamque magnifice subvenerunt, ut et ipsa magnitudo subventionis et obligate sibi conscientie nostre judicium tanta nos beneficia dissimulare sub ingratitudine non permittant.
Quocirca piis eorum operibus volentes parenter in opere pietatis respondere, pro salute anine domini Regis. H. patris nostri, et. A. Regine matris nostre, et fratrum nostrorum, necnon et antecessorum nostrorum et nostre, dedimus et concessimus Deo et Beate Marie semper virgini et Beato Jobanni Baptiste et supradicte domui Sancti Hospitalis de Jherusalem et Magistro et Fratribus et hominibus suis, in omnibus tenementis suis et in elemosinis que eis date et facte sunt et erunt, et in quibuscumque aquirere potuerint, dedimus et in puram et perpetuam elemosinam concessimus,omne jus, omne dominium quod ad nos pertinet et pertineat, omnem potestatem, omnes libertates et liberas consuetudines quas regia potestas conferre potest in omnibus, ut habeant et teneant omnes res et possessiones et universas pertinentias suas, quas in presenti possident et in futuro possidebunt, bene et in pace, libere et quiete, integre, plenarie et honorifice, in bosco et plano, in pratis et pascuis et mariscis et piscariis, in vivariis, in stagnis, in aquis et molendinis, in furnis et in foris et in nundinis, in terris, in agris et vineis, in censibus et venditionibus, in villicationibus, scilicet etiam in latrociniis et in raptu mulierum, in incendiis et in multicidiis (sic), in paagiis et in metis, in hominibus, in domibus, in mensuris et in civitatibus, in castellis et in villis, et in viis et extra vias, et ita volumus et firmiter precipimus, quod homines predicti Sancti Hospitalis [de] Jherusalem sint liberi et quieti de exercitu et equitatu et de theloneo et paagio et portagio et passagio et de vinagio et foagio et de omnibus venditibus et de omnibus querelis, placitis, auxiliis et de taillagiis et de omnibus operationibus civitatum, castellorum, villarum, ut pacem habeant in omnibus.
Similiter si aliquis hominum predictorum fratrum sit inmertiatus erga nos vel erga ballivos nostros pro quacunque causa vel delicto vel forisfacto, mercie et merciamenta peccunie predictis fratribus sine dilatione reddantur.
Prohibemus eliam ne de aliquo ponantur in placitum nisi coram predictis vel eorumdem ballivis vel servientibus sancti predicti Hospitalis Jerosolimitani.
Hec omnia predicta et omnes exitus, qui inde provenire poterunt, concessimus et confirmavimus fcum aliis libertatibus et liberis consuetudinibus suis, cum universis rebus ad prenominatam domum et fratres et homines predicti Sancti Hospitalis de Jherusalem pertinentibus, in universo regno nostro, et in tota terrra nostra ultra mare et citra, vel ubicunque sint, nichil nobis retinentes nec heredibus et suscessoribus nostris, nisi tantummodo orationes et bona spiritualia sepedicte domus Sancti Hospitalis Jerosolimitani.
Testibus S. Lemovicensi (Sebrand Chabot), et H. Xantonensi episcopis (HENRI II evêque de Saintes), Balduino de Bethuna, Walklino de Ferrariis, Roberto de Harrecort (Robert II d’Harcourt), Gaufrido de Sei, Americo vicecomite de Thoarz, Hugone le Brun (Hugues IX de Lusignan), Berlai de Mosteroel (Montreuil Bellay), Johanne preposito de Duai, Sefredo thesaurario de Ciscestria.
Datum per manum Willelmi Elyensis episcopi, apostolice sedis legati, cancellarii nostri, apud Spiram, quinto die Januarii, anno quinto regni nostri.
(Original scellé au Trésor des Chartes, carton J. 918. Voy. au même dépôt le n°. 2 des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et le n°. 22 des Titres mélés.)
Histoire de Richard Coeur-de-Lion, roi d'Angleterre, par M. Baptistin Poujoulat
Révolution d’Angleterre, par le P. d’Orléans.
Affiches du Poitou
La troisième croisade (1189-1192) - la croisade des rois Philippe-Auguste et Richard Coeur de Lion <==.... ....==>Siège du château de Nottingham, par Richard Coeur de Lion en 1194.
....==> Récit de la mort de Richard Cœur de Lion d’après Roger de Hoveden.
Parmi les nombreuses singularités que présente notre histoire monétaire, un des plus frappante est la rareté des monnaies de nos rois et des plus puissants feudataires de la couronne, tels que les ducs de Normandie, de Bourgogne, de Bretagne, d'Aquitaine, frappées aux onzième et douzième siècles, et la rencontre fréquente de pièces des même temps au noms de seigneurs d'assez minces domaines.