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PHystorique- Les Portes du Temps
1 août 2022

1er aout fête patronale Saint-Pierre-ès-Liens - la lanterne des Morts de Rancon

1er aout fête patronale Saint-Pierre-ès-Liens - la lanterne des Morts de Rancon

Le bourg de Rançon, situé sur la rive gauche de la Gartempe, à trois lieues nord-est de Bellac, dans une position pittoresque, est désigné, sous le nom d'Andecamulum, comme une ville du second ordre des Lémovices, par Ptolémée, Strabon et l'Itinéraire d'Antonin.

Du reste on a trouvé, dans ce lieu, avec beaucoup d’urnes funéraires, des pièces de monnaie à l'effigie de divers empereurs.

A quelques pas du bourg actuel, on voyait jadis, sur un monticule qui domine la rivière, les ruines d'un château romain, que remplaça au moyen-âge un château détruit lui-même aujourd'hui.

A trois cents pas de là existaient, dit-on, aussi les vestiges d'un camp romain (1).

 « Le bourg de Rancon, lisons-nous dans les Inscriptions du Limousin, par l’abbé Texter, situé sur un promontoire de la Gartempe, commande un des rares passages qui coupent le cours de la rivière.

» Au XVIIe siècle le savant Robert put explorer au milieu de débris aujourd'hui recouverts de terre et envahie par la végétation, une salle circulaire soutenue par des colonnes et pavée de marqueterie. La description qu'il en donne paraît s'appliquer de tous points à un édifice romain en effet, l'inscription importante que nous publions provient de ce lieu.

» Il y a peu d'inscriptions plus importantes. Elle nous révèle le nom et l'existence d'une peuplade gauloise existant en ce lieu et soumise aux Romains, qui consacra aux dignités de ce peuple un ancien temple de Pluton.

 Plusieurs auteurs ont conjecturé que le culte de ce dieu dans les Gaules était antérieur à la conquête romaine.

César nous apprend que les Gaulois se vantaient d'en descendre Selon une conjecture plus plausible, Rancon portait ators le nom d'Andecamutum, et ce nom a pris place en conséquence dans tous les livres qui traitent de l'ancienne géographie des Gaules.

Dans le bourg se trouvent encore deux inscriptions dont la forme accuse le second siècle de l'ère chrétienne : l'une, sur une pierre de 66 centimètres de long et de 52 centimètres de hauteur, taillée avec soin, faisait partie d'un temple érigé en l'honneur de Pluton :

NVMINIBVS AVGusti

FANVM  PLVTONIS

ANDECAMVLEN

SES DE SYO POSvere.

L'autre pierre dut être sur le piédestal d'une statue d'Hercule.

 

On y lisait autrefois :

HERCVLI DEO

TIB. IVN. IVLIANVS

 

 Le temps a effacé la dernière moitié de la seconde ligne.

L'apôtre de l'Aquitaine ne dut pas oublier une ville païenne si voisine de Limoges. Il est donc probable que Andecamulum se convertit de bonne heure : peut-être fut-ce par les soins de saint Austriclinien, compagnon de saint Martial, et dont Rançon conserve des reliques.

En voici le texte d'après Esp.érandieu : Herculi deo. Tiberius Julius Julianus v(otum) s(olvit) (libens merito) : « Au dieu Hercule, Tibérius, Julius, Julianus a consacré cet autel, avec reconnaissance en accomplissement d'un vœu ». (2).

Il n'est pas prouvé que ce monument appartienne réellejnent à la localité de Rancon ; il sérait possible que, comme l'autre pierre, celle-ci ait été apportée de Puy-Martin.

Elle ne permet pas de dire qu'il existait en ces lieux un temple d'Hercule, mais seulement un autel, ou bien une statue de ce dieu. Etant donnée la forme de la partie supérieure du monument, nous sommes portés à admettre un autel plutôt qu'un piédestal de statue.

 En tout cas, l’offrande était due à là générosité d'un habitant de la région, nommé Tibérius Julius Julianus (remarquons qu'il porte les trois noms : prœnomen, nomen et cognomen, indiquant un membre d'une famille importante), qui agissait, en cette circonstance, à titre privé, n'étant pas magistrat.

On sait que les Celtes avaient un dieu analogue à Hercule, et dont une figuration est connue par plusieurs monnaies gauloises.

Renel signale le culte et la représentation fréquente d'Hercule dans la Gaule romanisée (3). Jullian définit excellemment le rôle de ce dieu : « La Gaule, dit-il, fit une place importante à Hercule, frère cadet de Mercure, et on lui confia cà et là, comme à son grand aîné, des routes et des foires à surveiller, ou, comme a Vulcain, des chantiers à diriger, ou, comme à Sylvain, des foyers à protéger. » (4).

Il serait vain de vouloir conjecturer pourquoi un Gallo-Romain de Rançon a rendu un culte particulier à Hercule. L'inscription mentionne un vœu, apprend le nom du donateur, mais n'apprend point la raison de cet acte de piété. Ce monument n'en a pas moins son intérêt, étant le seul qui mentionne, en Limousin, le culte d'Hercule.

Quelques vestiges, moins importants, mais caractéristiques, ont été trouvés à Rancon à diverses époques.

Ainsi, en janvier 1912, l'ouverture d'une tranchée pour l'établissement de la voie du tramway électrique, qui longe Rancon au sud-est, a mis à découvert plusieurs coffres funéraires en granit, avec cupule centrale, contenant des urnes cinéraires en terre, apodes, hautes de 15 à 25 cm., et de couleur ardoisée (v. fig.).

Rancon urne funéraire

FIG. 12. — Rancon : coffre et urne funéraire gallo-romains.

Lune de ces urnes avait la panse ornée d'une bande circulaire limitée par deux traits, et était munie d'un couvercle avec bouton de préhension.

On trouva aussi un vase en verre ; pas de monnaies. (5).

On avait auparavant trouvé à Rançon d'autres urnes funéraires et des monnaies à l'effigie de divers empereurs.

(6). On nous a montré un grand bronze (légende illisible, revers effacé), dont l'avers semble porter l'effigie de Tibère, et un moyen bronze, très altéré, dont le revers porte un Mars debout avec les lettres S C (Senatus consulto), mais avec avers détruit par la rouille. — On nous signale aussi la découverte, à Les Bonnages, d'une urne cinéraire, qui était protégée par une pierre placée audessus.

Dans la même commune de Rançon, à Chastres, fut découverte en 1669 une salle souterraine, avec voûte supportée par de nombreux piliers, parée d'un « cartelage de briques », dont le temps avait effacé « la marqueterie », expression qui permet de supposer une mosaïque formant le pavement d'un hypocauste (7). A Montru, on a signalé dans un parc particulier des fûts de colonne antiques, que l'on dit apportés de Rançon (8).

Traces de voie (Poitiers-Praetorium) vis-à-vis de Villevie, entre la Maison-Neuve et Montru, sur le plateau entre la Gartempe et la Semme (9).

L'église ne remonte qu'au XIIe siècle.

Dans l’ancien cimetière, il existe un fanal (lanterne des Morts), aussi du XIIe siècle. Ce monument à 6 mètres 66 centimètres de hauteur sur 3 mètres 4 centimètres de circonférence.

Six baies en plein cintre laissent passer la lumière.

Sa toiture conique est surmontée d’une croix à 5 lobes.

Le socle comporte deux marches et la table d’autel a disparu.

C'est à tort que Beaumesnil a-vu dans ce fanal et dans les têtes grimaçantes disposées autour de l'église des restes d'un temple des druides.

L'origine chrétienne de ces fanaux est positivement établie par un passage de Pierre-le- Vénérable.

Quant aux têtes prétendues druidiques, ce sont tout simplement des modillons semblables à ceux qui existent en si grand nombre dans nos églises romanes.

Depuis le XIIème s., la lanterne demeure à sa place initiale.

C’est un fanal funéraire, monument religieux, dans lequel on introduisait une lampe qui devait brûler à son sommet.

 

« Les rayons lumineux qui en sortaient, entretenus par la piété des fidèles en l’honneur des morts, se rependaient silencieusement sur les tombeaux et semblaient veiller sur eux »

Citation du Chanoine Leclerc.

 Le cimetière dans lequel elle fut édifiée était celui de la chapelle Saint Sébastien et de l'église fortifiée St Pierre-aux-Liens. Il a été transféré à l'écart du bourg en 1872.

Les deux chênes remarquables aujourd'hui dans le square furent plantés à cette époque. Autour d'elle, vous pourrez voir d'anciennes pierres tombales.

 Elle est classée à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1925.

 La fête patronale, Saint-Pierre-ès-Liens, se célèbre le 1er août.

 On vénère à Rançon, outre la relique de saint Austriclinien, une vertèbre de sainte Constance, vierge et martyre; une autre vertèbre de sainte Victoire, aussi vierge et martyre; un fragment d'os de saint Macaire, et enfin, dit-on, un autre de saint Thomas, apôtre.

 

 

Histoire de la ville de Bellac (Haute-Vienne) : suivie de quelques notes sur le bourg de Rancon / par l'abbé Roy-Pierrefitte

 Commission archéologique de Maine et Loire

Société archéologique et historique du Limousin.

 

 

Chronologie Historique des Comtes de la MARCHE - Liste des comtes de la Marche <==

 

 


 

(1) Feuille hebdomadaire du 3 septembre 1788

 (2) Espérandieu, Ins:/, n. 8, p. 36-38, avec bibliographie (notamment : Duroux 264-266 ; Allou, 312). — Au Corpus I. L. n. 1448 — Texier (p. 101) dit : « le mot Herculi est en grands et beaux caractères de 6 pouces de haut. » De la sorte, les mots de la première ligne auraient près de 17 cm. de haut. Les lettres de la première ligne ont exactement 65 mm. de haut, sauf D et E dans DEO qui ont 7 cm. ; celles de la deuxième ligne ont aussi 65 mm. Ces lignes ont 30 cm. de large. La hauteur totale des trois lignes est presque de 29 cm. avec les interlignes..

(3) Renel, op. cit. p. 317-320.

 (4) Jullian, VI, 34.

(5) Courrier du Centre, 21 janvier 1912. — Renseignements complémentaires dus à M. Bachellerie.

(6) Roy-Fierrefitte, Hist. de Bellac, 234.

(7) Ms de Robert du Dorât, d'après Allou, p. 314. Cf. Bull. Soc. Arch. du Lim., XXI, n4-

(8) Bull. dito, XXXVII, 447-

 

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