Château de Saint Maixent en 1586

M. Renault, de Menigoute, nous communique le texte d’un document important et qui mérite d’être reproduit.

C’est la visite, par-devant notaire, du château de Saint-Maixent, le 15 avril 1586, à la requête d’Olivier Decouet, seigneur de la Mailnissière, capitaine et commandant pour le Roy, faite par les officiers de justice, Jacques Douhet, docteur en droit, conseiller du Roy, Michel Le Riche, avocat du Roy, Charles Marchant, procureur du Roy, et les échevins François Gerbier (1), Jehan Peign (2) et François Aymon (3), députés du corps de ville.

 

Les commissaires constatent l’état de dégradation des fortifications et sont accompagnés du maçon Jehan Perot, du charpentier Mathurin Collon et du recouvreur Mathurin Bordage (4), requis pour l’estimation des réparations à opérer.

Le procès-verbal a ceci de particulièrement intéressant qu’il nous donne les noms des quatre tours d’angles de la forteresse, noms qui jusqu’ici n’avaient pas été imprimés.

On saura maintenant que la tour située au nord-ouest était la Tour Joyeuse, celle du nord-est, la Tour de la Basse-Fosse. La tour du sud-ouest s’appelait la Tour Caillault, et celle du sud-est la Tour de l’Etable.

Olivier Decouet (ou de Couhé), seigneur de la Mailnissière, alias de la Mauvissière ou de la Manaissière, fut capitaine du château de Saint-Maixent, de 1584 â 1587.

 Il succédait à Jehan Messeau, sieur de Romefort, décédé le 23 décembre 1583.

Le samedi 4 (février 1584), Olivier Couhé, sr de la Mauvissière, homme d’armes de la compagnie de M. le comte du Lude, fut mis en possession de l’état et charge de capitaine du château de cette ville. (Journal de Michel Le Riche, p. 385.)

Lors de la prise de Saint-Maixent par le roi de Navarre., le 18 mai 1587, Olivier de Couhé rendit le château sans coup férir et fut remplacé dans son commandement par Jean Chevalleau, seigneur de la Tiffardière. (Voir Le Château de Saint-Maixent, par A. Richard, pp. 18 et 29).

Jacques Douhet était conseiller du roi depuis 1576. Il fut maire en 1578.

Le samedi 3 (novembre 1576), M e Jacques Drouet (lisez : Douhet), fils de M. Jacques Drouet, sr de la Brelière (lisez : Douhet, sr de la Brelière ou Berlière), prit possession de l’office de conseiller en celle ville et y fut installé par le sénéchal de Fontenay, en vertu de ses lettres d’office. (Journal de Michel Le Riche, p. 273.)

Avril 1578.

 Le mardi 1er, Me Jacques Drouet (sic pour Douhet), docteur ès droit, conseiller en cette ville, fils du sieur de la Brelière, fut eslu maire par les bourgeois et eschevins de celte ville.

Mai 1578.

Le dimanche 11, fut fait le festin de la mairie de Me Jacques Drouet (Douhet), fils aîné du sieur de la Brelière, où assista bonne et grande compagnie à dîner et souper, avec les plaisirs de la tragédie de Marc-Antoine et Cléopâtre, qui y fut jouée, en leurs maisons, à l’après-dînée, avec la farce de Panthaléon. (Journal de Michel Le Riche, pp. 300 et 301.)

L’avocat du roi, Michel Le Riche, est l’annaliste chroniqueur bien connu par son Journal, publié en 1846 par M. de la Fontenelle de Vaudoré.

 A cette date du 15 avril 1586, ledit Journal (du moins ce que nous en avons d’imprimé) néglige de faire mention de cette visite du château.

En 1586, de même que François Gerbier, Jehan Peign ou Peing et François Aymon, Jacques Douhet, Michel Le Riche et Charles Marchant faisaient partie de l’échevinage de Saint-Maixent.

Le maire était Jacques Chauvet, seigneur de la Rivière, élu le 8 avril en remplacement de Philippe Nesdeau, sieur de la Richerie, et installé le 18 mai. Quant à Charles Marchant, il était procureur du roi dès 1582 et maire la même année.

Le samedi 19 (mai 1582), Me Charles Marchant, fils du procureur du roi de celle ville, fut mis judiciairement en possession et saisine dudit estât de procureur du roi, en vertu des lettres de don qui lui en fut fait par la reine d’Escosse (5), douairière de France, en vertu de la démission et résignation que son dit père lui en avoit faite, en date, les dites lettres, du 25 avril dernier.

Le dimanche 27 (mai 1582), Me Charles Marchant, procureur du roi en cette ville, fit le serment de maire (6), en la maison commune. Et, en furent fait le festin, le dit jour et le lendemain, et de ses nopces avec damoiselle Marie de Neuporl. (Journal de Michel Le Riche, pp. 365 et 366.)

Les de Neuport habitaient le château de l’Herbaudière, paroisse de Saivre. Le procureur du roi, Charles Marchant, sieur de Russay, était encore échevin en 1586. Son père, Jacques Marchant, sieur du Puy-Bourassier et de la Garenne, procureur du roi, maire en 1546-1547 et en 1573-1574, avait épousé la fille de Charles Fradin, sieur de Russay, aussi procureur du roi, maire en 1526-1527. On voit que cette charge de procureur du roi était héréditaire dans la famille.

 

Etat du château de Saint-Maixent en 1586.

L’an de grâce mil cing cens quatre vinglz et six et le quinziesme jour d’apuril, ce requérant Olyuier Decouet, escuver, seigneur de la Mailnissière, cappitaine et commandant pour le seruice du roy on chasteau et place forte de ceste ville de Sainct Maixent, et par vertu de la commission et injonction à nous faicte de par Monseigneur de Malicorne, gouuerneur et lieutenant général pour le roy en ce pays de Poictou , enregistrée au bas de la requeste audict sieur présentée par ledict Decouet, comme du tout il nous a faict apparoir par la représentacion de ladicte requeste, en dacte du dixiesme jour du présent moys; Nous, Jacques Douliet, docteur es droictz, conseiller du roy, messire Michel le Riche et Charles Marchant, advocat et procureur du roy et royne d’Escosse, douairière de France, en ceste ville, ayans auec nous notaire, François Gerbier, Jehan Ping et François Aymon, escheuins et députez par le corps et collège d’icelle dicte ville, nous sommes transportez au dedans dudict chasteau pour faire vue (7) et visilacion d’icelluy et des réparacions et fortifficacions quy y sont nécessaires, soit pour les abitude et comodité de logis dudict Decouet et ses soldatz, soit pour préuenir et ohuyer aux ruynes et démolitions prochaines et imminentes et rendre ledict chasteau dheuement réparé et fortiffié pour le pouuoir maintenir et conseruer en l’entyère obéissance de Sa Majesté.

Premié (8) que procedder à laquelle visitacion, nous avons mandé et faict venir par deuersnous Jehan Perot, maistre masson et tailleur de pierre, Mathurin Collon, maistre cherpentier, et Mathurin Bordage, maistre recouureur, tous demouranten ceste dicte ville de Sainct-Maixent; auxquelz et chescun d’eulx avons faict faire serment de bien et deuement et en leur loyaulié et conscience faire ladicte visitacion.

Et ce faict, avons proceddé et visité les lieulx dudict chasteau, comme sensuyt.

 

Jehan Perot, maistre masson.

 Premièrement, le portal et principalle entrée dudict chasteau, les voultes duquel s’en vont par terre par desfault de couuerture et, pour icelle mestre en estact conuenahle, est requis y faire vne chambre sur ledict portai, de la longueur de vingt quatre piedz et de dix huict piedz de large et faire par le deuant un arceau, qui prendra d’une tour à l’aultre, pour porter ladicte couuerture, de la haulteur de quinze piedz par deuant dudict portai et par le derrière de neuf piedz de haulteur en appenlif et faire vne croisée entre les deux tours par le deuant, et par le derrière deux demy croisées et une cheminée es pierre de taille, et les fondemens se feront sur les murailles comancées; le tout vault bien cent escuz, fournist de matières et reprenans celles qui sont sur le lieu.

Plus, entre ledict portai et vne tour nommée la tour Joyeuse, refaire et ressepper le parapet de six piedz de haulteur deuers la court et pauer la courtine ; estimé à vingt escuz le tout. Laquelle tour Joyeuse est aussi fort ruynée et en icelle l’est bien requis et nécessaire y faire une chambre à planchier perdu, y faire une petite chemynée et deux fenestres et la pauer de piere de taille et y faire des canonnières; le tout, trente trois escuz vn tiers.

De laquelle tour Joyeuse jusques à vngne autre tour appellée la tour de la Basse fosse, les murailles et chemin du parapet ou courtine contenant de longueur dix sept toises et demye, est fort endommagée et est requis pauer ladicte courtine et ressepper les murailles; vaull bien quarente escuz.

Ladicte tour de la Basse fosse, le parapet d’icelle le fault refaire la moytié à neuf, de la haulleur de six piedz, pour porter la couuerture d’icelle et y faire des canonnières et icelle pauer; vaull bien vingt cing escuz. Plus des ledict portai tirant à la tour Caillaiilt conuient ressepper et pauer la courtine de la longueur de sept brasses; vault bien vingt escuz. Laquelle tour Caillault est descouverte et faut refaire le parapet qui est gasté tout à l’entour, h tout le moings de la moictyé et si ladicte tour n’est recouuerle, la voulte s’en yra tomber par terre; vauldrons, ce qui est de la massone, trente trois escuz vng tiers.

Et des ladicte tour Caillault jusques à la tour de l'Eslable trouve que la muraille de la courtine, contenant dix huict brasses de longueur, fault par nécessité reffaire ladicte muraille et parapet de haulleur de vnze piedz, actendu que ladicte muraille est pourrye par le dessoubz de six piedz ou environ et pauer ladicte courtine de dix huict brasses de longueur, selon l’espaisseur de la veille muraille, en laquelle muraille n’y a aulcune courtine ni parapet; vaull pour le moings cent escuz.

Et des la tour de l’Estable jusques à la tour de la Basse fosse fault rehausser la muraille de huict piedz de haulleur et icelle ressepper en plusieurs endroictz de haulteur de quatre piedz et y faire des canonnières; vault aussi bien trente trois escuz vng tiers.

Quand à la grosse tour, encorres qu’elle soict de grosse construction et forte, elle seroict bien deffensable si, en hault d’icelle, on y faisoil huict garilles, seruanlde machicouliz, auec des canonnières qui respondroient l’une à l’autre pour se deffendre l’une à icelle et ce en pierre de taille, ce qui est requis et bien nécessaire, et aplanyrle chemin ou courtine et repauer la caue a syment, par ce que l’eau en brime et passe au travers les voultes de ladicte tour, et pour ,1a rendre logeable, y faire des fenestres pour donner jour à icelles et ressepper ladicte grosse tour, qui est mangée et gastée à l’entour ; vault bien deux cens escuz.

 Aussi fault ressepper les murailles et les tours dudict chasteau en plusieurs endroictz, tant par le dehors que par le dedans, autrement lesdictes murailles et tours tomberont en brief par terre; vault bien aussi cent escuz.

Somme pour la massonne, (7 e 5 escuz) VIIec v esz.

 

La cherpente.

Mathurin Collon, cherpentier.

Premièrement, sur le portal, où l’on veult faire une chambre, pour les solliveaulx, plancher, cheurons et pièces requises, au meilleur marché, cinquante escuz.

Plus, pour la cherpente des deux tours, scauoir la Basse fosse et la tour Caillault, au meilleur marché, cinquante escuz. Couverture. Mathurin Bordage, recouureur.

Pour la couverture desdictes chambres, tours et estable qui est descouverte, faull dix huict milliers de thieubles, deux milliers et demy de latte, huict milliers de doux et quatreboyceaulx dediaulxet huict charges de sable; pour le tout, avec le sellement des (9), cent escuz.

Plus, refaire le pond entrant du donjon en la grosse tour, contenant six toises de longueur et de largeur une toise, auquel il fault faire un petit pond-levys, plus ung autre pond à sortir de ladicte tour au chemin (10) où y aura ung petit pond-levys; fauldra bien cens escuz en fournissant de toutes estoffes et se servira de ce qui est sur le lieu.

 Somme toute, tant de la massonne, cherpente que couuerture, monte 1005 escuz.

Ledict Aymon audict nom a dit que, suyvant la commission aux susdits eschevins et à luy donnée par le corps et colége de ladicte ville, d’assister et estre présents à icelle visite et satisffaire à l’injonction dudict sieur gouverneur, il a charge nous remonstrer que ledict chasteau est et appartient à ladicte royne d’Escosse, douairière de France, laquelle en lève et prend les fruitz de ceste baronnye et chastellenye et, à raison de ce, chargée des réparacions et entretenement dudict chasteau, ouquel n’ont esté faictes aulcunes réparacions des unze ans en ce.

A quoy par ledict Decouet a esté dit que la présente visitacion a esté par luy requise pour la nécessité urgente des réparacions nécessaires pour l’abitation, garde et conservacion dudict chasteau en l’obéissanre du roy, veu rcesmement les émottions et troubles existans à présent au rovaulme, estant ladicte place de grande conséquance pour sa dicte Majesté, couservation de la ville et deniers de ses tailles qui se lèvent on tablier et élection d’icelle et qu’il se seroict cy devant adressé pour mesme effect aux officiers de ladicte royne d’Ecosse, qui auroient maintenu icelle n’estre tenue synon des légères et moindres réparacions et non de telles qu’il est à présent question; 'pour lesquelles icelluy Decouet entend se pouruoir pardevant Sa Majesté pour y donner telle ordre qu’il verra estre affaire, à tout le moings aux fins de la descharge d’icelluy Decouet, et que, advenant inconvéniant plus grand pour deffault desdictes réparacions, on ne luy en puisse aulcune chose imputer; au parsus n’avoir aulcune acception de quelz deniers lesdictes réparacions se facent, pourueu qu’il aytmoien d’y faire son debvoir et le service qu’il désire rendre à sadicle Majesté; dont et de tout ce que dessus dire et protestacions avons octroyé acte audict Decouet, pour luy tenir comme de raison.

Faict audict chasteau, les an et jour susdicts.

A déclairé ledict Bordage ne scauoir signer.

[Signatures): Douhet, Marchant, Olivier Decouet, Perot, M. Collon, Germer, Aymon, Peign, M. Riche. Par commandement de mesdictz sieurs les officiers de la justice et escheuins dudict Sainct-Maixent, Fauyer, notaire royal.

 

Pour copie conforme :

N. Renault.

La pièce originale existe parmi les vieilles minutes de l’étude du notaire de Menigoute.

 

 

 

Juillet- Aout 1224 - Prise de Saint-Maixent, Niort, Saint Jean-d’Angely et La Rochelle (Louis VIII – Savary de Mauléon) <==.... ....==>  le Vieux château est démoli en 1881 pour construire les casernements de la future Ecole militaire d'infanterie.

 Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )<==

 

 


 

(1) François Gerbier, sieur de Crezesse, fut maire en 1576-1577 et en 1587- 1588.

(2) Jehan Peign, sieur de la Blanchardière, avocat, maire en 1577-1578.

(3) François Aymon, sieur de Chambort, procureur, maire en 1606-1607.

  (4) Mathurin Bordage est cité, pp. 71 et 76, dans le Compte des recettes et dépenses de la ville de Saint-Maixent pour l’année 1574-1575, publié par M. Paul Frappier dans les Bulletins de la Société de statistique, 1876, « pour avoir recouvert la porterie de la porte Chaslon ».

 (5) Marie Stuart.

(6) Il avait été élu maire par les échevins, le 17 avril précédent.

 (7) Mot douteux.

(8) Mot douteux.

 (9) Mot incompris.

(10) Ce mot est plutôt deviné que lu.