À Chinon, où se trouve alors la cour, César Borgia reçoit la main de Charlotte d’Albret, sœur du roi de Navarre, que l’on tient en haute estime. Bien que peu favorable à ce mariage dans un premier temps, son beau-père, le comte de Guyenne, finit par accepter cette union. C’est qu’à défaut d’avoir bonne réputation, les Borgia ont des biens en abondance et une fortune qui leur assureraient une vie plus qu’honorable.
NOTA della pompa con quale entre il Valentino in Cynone, quando ando a torre donna, e dare il cappello a Roano; e prima:
Erano dodici canette piene di forzeretti con coperte di panno rosso e giallo.
40 muli con coperce rosse e gialle.
13 muli con coperte di velluto chermisi e giallo.
8 muli con coperte di velluto pagonazo e giallo.
12 giannetti con briglie d'argento con nappe d'oro alla spagnola, coperti di velluto chermisi e giallo.
12 cavalli grossi con fornimento di velluto e brocato, fra quali era uno cavallo bellissimo con fornimento alla tedesca e sonagli d'argento, e selle di broccato, e chi menava i cavalli era vestito di velluto.
Seguitavon dapoi XX paggi in su cavalli grossi e giannetti, tutti vestiti di velluto chermisi riccamente; li paggi aveano saioni listrati di broccato, con velluto et con le berette.
Seguivono poi scudieri, quali erano 60, con collane d'oro e saioni di velluto nero, drieto a' quali erano certi romani bene ad ordine, fra i quali era il signor Giovanni Orsino. ……
Ce fut le mercredi dix-huitième jour de décembre de l'année 1498 que César Borgia fit son entrée dans la ville de Chinon, avec un appareil digne du fils d'un pape qui vient épouser la fille d'un roi.
Le cortège se composait d'abord de vingt-quatre mulets couverts de caparaçons rouges, ornés d'écussons renfermant les armes du duc, et chargés de bahuts sculptés et de coffres incrustés d'ivoire et d'argent; puis venaient vingt-quatre autres mulets couverts aussi de caparaçons, mais ceux-ci à la livrée du roi de France, qui était jaune et rouge ; puis après ceux-ci marchaient dix autres mulets couverts de satin jaune, avec des barres rouges en travers, et enfin dix autres encore couverts de drap d'or à bandes, et dont une bande était d'or frisé, et l'autre d'or ras.
Derrière les soixante-dix mulets qui ouvraient la marche, piaffaient tenus en bride par autant d'écuyers qui marchaient à pied auprès d'eux, seize beaux chevaux de bataille ; ils étaient suivis de dix-huit coursiers de chasse, montés par dix-huit pages tous de l'âge de quatorze seize ans, dont seize étaient habillés de velours cramoisi et deux vêtus de drap d'or frisé, et si élégants que la richesse du costume de ces deux enfants, qui au reste étaient les plus beaux de tous, fit naître dans tous les esprits, si l'on en croit Brantôme, d'étranges soupçons sur les causes de cette préférence.
Enfin, derrière ces dix-huit chevaux marchaient six belles mules toutes harnachées de velours rouge, conduites par six valets vêtus de velours pareil à celui des harnais.
Le troisième groupe se composait d'abord de deux mulets tout couverts de drap d'or, portant chacun deux coffres dans lesquels on disait qu'étaient le trésor du duc, les pierreries qu'il apportait à sa fiancée et les reliques et bulles que son père l'avait chargé de remettre de sa part au bon roi Louis XII.
Ils étaient suivis par vingt gentilshommes vêtus de drap d'or et d'argent, parmi lesquels étaient Paul Jordan Orsino et plusieurs barons et chevaliers des principaux de l'état ecclésiastique.
Alors venaient deux tambourins, un rebec et quatre soldats sonnant des trompettes et clairons d'argent ; puis, au milieu de quatre laquais vêtus mi-partie de velours cramoisi et de soie jaune, messire Georges d'Amboise et monseigneur le duc de Valentinois, lequel était monté sur un grand et beau coursier, harnaché fort richement, avec une robe de satin rouge et de drap d'or mi-partie, toute brodée d'or et de pierreries : à son bonnet était un double rang de rubis, gros comme des fèves, qui jetaient une si riche lueur, qu'on les eût pris pour ces escarboucles qu'on ne trouve que dans les Mille et une Nuits : il portait en outre au cou un collier qui va- valait bien deux cent mille livres ; enfin il n'y avait point jusqu'à ses bottes qui ne fussent toutes lacées de cordon d'or et brodées de perles.
Quant à son cheval, il était couvert d'une cuirasse de feuilles d'or d'une admirable orfèvrerie, de laquelle sortaient, comme des fleurs, des bouquets de perles et des grappes de rubis.
Enfin, pour faire queue à tout ce magnifique cortège, derrière le duc venaient vingt-quatre mulets couverts de caparaçons rouges à ses armoiries, et portant la vaisselle d'argent, les tentes et le bagage.
Mais ce qui donnait à toute cette cavalcade un air de luxe merveilleux, c'est que tous ces mulets, ces mules et ces chevaux étaient ferrés avec des fers d'or si mal cloués, que plus des trois quarts restèrent en chemin; luxe d'ailleurs dont fut fort blâmé César, que l'on trouva bien hardi de mettre ainsi aux pieds de ses chevaux un métal avec lequel on fait la couronne des rois.
Au reste, toute cette pompe manqua son effet sur celle pour qui elle avait été déployée; car, lorsqu'on eut dit à dona Carlotta que c'était dans l'espérance de devenir son mari que César Borgia était Venu en France, elle ne répondit rien autre chose, sinon qu'elle ne prendrait jamais pour époux, non-seulement un prêtre, mais encore un fils de prêtre ; non-seulement un assassin, mais encore un fratricide; non-seulement un homme infâme par sa naissance, mais plus infâme encore par ses mœurs et ses actions.
Mais, à défaut de la fière Aragonaise, César Borgia trouva bientôt une autre princesse de noble sang qui consentit à devenir sa femme : c'était mademoiselle d'Albret, fille du roi de Navarre; le mariage, arrêté à la condition que le pape donnerait deux cent mille ducats de douaire à la future et ferait son frère cardinal, fut célébré le 10 mai; et le jour de la Pentecôte suivant, le duc de Valentinois reçut l'ordre de Saint-Michel, ordre fondé par Louis XI, et qui, à cette époque était le plus estimé qu'eussent les rois de France. La nouvelle de ce mariage, qui assurait à Rome l'alliance de Louis XII, fut reçue avec une grande joie par le pape, qui ordonna aussitôt par toute la ville des feux et des illuminations.
Louis XII, de son côté, outre la reconnaissance qu'il avait au pape d'avoir cassé son union avec madame Jeanne de France et autorisé son mariage avec Anne de Bretagne, regardait comme indispensable à ses projets sur l'Italie d'avoir le pape pour son allié : aussi fit-il la promesse au duc de Valentinois de mettre, aussitôt qu'il serait entré dans Milan, trois cents lances à sa disposition, pour les employer dans ses intérêts particuliers et contre qui il lui plairait, excepté contre les alliés de la France.
CONTRAT DE MARIAGE ENTRE CÉSAR BORGIA DUC DE VALENTINOIS ET DE DIOIS, ET CHARLOTTE D'ALBRET
Du 10e may 1499 (1)
A tous ceux qui ces presentes lettres verront Denis Audoulx licencié en loix, conseiller du Roy, nostre Sire, juge ordinaire & garde de la prévosté & ressort d'Issouldun pour ledit seigneur, Salut, sçavoir faisons que aujourdhuy datte de ces presentes nous avons tenu, veu & leu de mot à mot, certaines lettres escriptes en parchemin scellées en double queue & cire verte, non suspctes, vicieuses, ne cancellées, ains font faines & entières en seings, scel, datte & escriture, comme il nous est apparu de prime face & desquelles lettres la teneur s'enfuict :
A tous ceux quy ces presentes lettres verront, Guilhaume Blondet, licencié en loix, bailly de Blois, pour Messieurs les doyens & Chapitre de Sainct-Sauveur de Bloys en la justice qu'ils ont en la ville & banlieue dudit lieu durant les trois jours d'après l’Ascension nostre fire, Salut, sçavoir faisons que par devant Jacques Perault & Gilles Régent, tabellions jurez du scel estably aux contracts dudit bailiage, & en la presence du Roi & de la Roine & par leur commandement, Monsieur le Chancelier a dit & proposé devant plusieurs grands & notables personnages que ledit seigneur deuement adverty des grands & recommandables services que haut & puissant prince Domp Cœfar de Bourfa, duc de Valentinois & comte de Diois, a faist à luy & à sa couronne & qu'il espère que ledit Duc, ses parens, amis et aliés luy fairont au temps advenir, & mesmement touchant la quonqueste de ses Royaume de Naples & Duchié de Millan, & aussi pour les grands biens & vertus que ledit Sieur cognoit estre en la personne dudit Duc, & singulièrement desire le retirer & faire venir en ce royaume & en iceluy le hériter, ce qu'il a faict, desdits duchié de Valentinois, comté de Diois & autres terres & seigneuries, & avecques ce ont lesdits sieur & dame affecté le marier à quelque bon & vertueux personnage en ce Roiaume ; pourquoy confidérans les louables & recommandables biens & vertus quy font en la personne de Mademoiselle Charlotte d'Albret, fille naturelle & légitime de haut & puissant prince, Monseigneur d'Albret, leur prochaine parente, & que meilleur personnage ne de plus grand miiion ne le pourroint allier par deçà, ont envoyé par devers très hauts et très excellents Princes les Roy & Roine de Navarre, duquel Roy ladite damoiselle est sœur germaine, & par devers ledit sieur d'Albret pour leur remonstrer & prier quils voulussent entendre & consentir audit mariage, & que en ce faisant ils réputeront très grand plaisir & service par eux leur avoir esté faicts, lesquels Roy & Royne de Navarre, & sieur d'Albret à [ceste fin] ont envoyé aucuns de leurs serviteurs par devers lesdits sieur & dame pour plus amplement sçavoir de leur vouloir & intention, & pour en ce leur obéyr & complaire, avecques lesquels aucuns grands personnages des plus spéciaux fervireurs desdits sieur & dame, & par eux quand à ce députés, ont conféré de ladite matière & finalement en iceluy traité tellement a esté besongné, que après que les serviteurs desdits Roy & Royne de Navarre & sieur d'Albret ont sceu & congneu la grand affedion & vouloir que lesdits sieur & dame avoient & ont en ladite matière & pour leur obéir & complaire, & aussy pour les grands biens & vertus qu'ils ont congneu estre en la personne de mon dit sieur le Duc, ont ce jourdhuy en leur présence accordé ledit mariage en la forme & manière qu'il est plus à plain contenu en certains articles illecques leus de mot à mot, desquels la terreur fenfuit :
Au traifté de mariage, quy se fera fy à Dieu plaist, de haut & puissant prince Domp Cesar de Borsa, duc de Valentinois & comte de Diois, & de damoiselle Charlotte d'Albret, fille ce haut & puissant prince Messire Alain Sieur d'Albret, ont esté traiété, conclud & accordez les points, convenants & articles que sensuivent :
Premièrement, que mondit sieur le Duc espoufera le plustot que bonnement faire se pourra ladite damoiselle. Item que en faveur & contemplation dudit mariage mondit lieur d'Albret a donné & constitué en dot & mariage à ladite damoiselle, sa fille naturelle & legitime, la somme de trente mille livres tournois, en ce comprins les part & portion & légat que ladite damoiselle pourroit avoir& demander de & sur les biens de feue Madame Françoise de Bretaigne, sa mere, laquelle somme sera la vray dot & pacrimoine dicelle damoiselle, & la leur paiera aux termes & en la manière que senfuit, c'est à sçavoir dedans huict mois après la célébration dudit mariage six mille livres, & le surplus de ladite somme mille cinq cens livres par an jusques à fin de payement de ladite somme, & moyennant icelle somme ladite damoiselle a renoncé & renonce à tous droits & successions qu'elle pourroit cy après ou de present quereler ou demander es biens & successions de mondit sieur d'Albret & de ladite feue dame sa mere. Item feront leldics [futurs espoux] par moitié en mubles & acquets dès le jour de leurs nopces, & au cas que mondit sieur le Duc voyse de vie à trespas avant ladite damoiselle, icelle damoiselle aura pour son donaire, sa vie durant, quatre mile livres de rente de prochain en prochain, où bon luy semblera & laquelle des maisons de mondit sieur le Duc qu'elle voudra choisir & eslire.
Item fy mondit sieur le Duc va de vie à trespas avant ladite damoiselle & délaisse enfans de leur dit mariage qui soient minurs & en bas aage, icelle damoiselle aura l'administration de leur corps & biens & faira les fruits de leurs biens & héritages jusques à ce que lesdits enfans soient en aage competant, & en les alimentant & nourrissant selon leur estat, & ce oultre & par dessus les donaire, mubles & conquets dessusdits.
Item est traifté & accordé que le premier fils quy sortira de ce mariage habille à succéder en faveur d'ainesse & pour l'entretenement des principautés & leigneuries dudit Duc, fera & demeurera seigneur & héritier universel de tous les biens, seigneuries & chevances dudit Duc, réservé aux autre's fils & filles, fy aucuns en y a, leur légitime part & portion, telle que de droit ou par les coustumes du pays où lesdits biens feront assis leur devra appartenir & compéter.
Item & au cas qu'il n'y ayt que filles, est traifté & accordé que la première fille, fy elle est habille à succéder, fera feule dame & héritiere de tous les biens dudit Duc, reservé aux autres leur légitime pour leur part & portion telle que de droit ou par les coustumes des pays leur devra appartenir, comme dessus est dit, & en outre a esté traifté & accordé entre lesdites parties que ladite damoiselle pourra tester ou disposer à son bon plaisir de tes biens, foit du dot à elle constitué par ledit sieur d'Albret son père, ou de ses bagues & joyaux & autres ses biens meubles & immeubles.
Item & en faveur & contemplation dudit mariage, le Roy a accordé audit sieur Duc que s'il veust avoir & prendre récompense & eschangede six mille livres qu'il luy a données furie tirage du Rosne, il les luy baillera en terres & seigneuries en la duchié de Guiene ou autre part, à la volonté de mondit sieur le Duc; & ce faist, ont lesdits Monsieur le Duc Dom Cesar de Borsa d'une part, ma dite damoiselle Charlotte d'Albret dautre, & haut & puissant sieur Messire Gabriel d'Albret, chevalier, sieur d'Avesnes, fils de mondit sieur d'Albret, Messire Regnault de Saina Chamans, aussi chevalier, sieur de Liffat, & maistre Jean de Calvimont, licencié en loix, sieur de Tursac, au nom & comme procureurs suffisamment fondés de lettres de procuration pour mondit sieur d'Albret,. ainsy quilz ont faict apparoir par lettres de procuration expresses au cas, inférées vers la fin de ces presentes, d'une autre part pour ce personnellement establis par devant lesdits jurez tabellons, cogneu & confessé les choses dessus dites estrevrayes, et quils ont said & font entre eux les traités, accords & convenances que dessus, félon, par la forme & manière cy dessus declarée, tout sy comme les parties disoient & promettoient icelles par la foy & ferment de leurs corps esdits noms l'une partie à l'autre chascune partie endroit foy, qu'ils ne viendront doresnavent ne laisseront à venir par autres contre les traisté, accords, dons, promesses, consentement & choses dessusdites, ne contre aucune dicelles, ainçoys les tiendront, garderont, entretiendront, accompliront & auront fermes & estables & agréables à tous jours, mais chascune partie en droit foy, tout ainsy & par la forme & manière que cy dessus font dites & divisées, sans aucunement les rappeller ne venir encontre, & sy par aucune manière il advenoit que lesdites parties & leurs hoirs eussent ou soubstinsent aucuns dommages ou intérêts, ou faisant cousis, frays, mises ou despance, l'une partie par le faist & coulpe de l'autre en deffaut ou par deffaut d'accomplir les choses susdites & chacune dicelles., ainsy & par la forme & manière que cy dessus font dites & divisées, la partie, par quelque coulpe & deffaut lesdits dommages feroient sours & advenus, les a promis & promets par sa foy en la main desdits jurés, esdits noms, payer & rendre entièrement à la partie endomagee, à son simple ferment ou du porteur de tes lettres, sans aucune preuve faire, & quand à toutes les choses dessusditcs & chascune d'icelles faire, parfaire, tenir, garder, entretenir & accomplir de point en point fermement & loyaument, sy comme dessus font dites & divisées, & de n'en venir & faire encontre, lesdites parties, eldits noms, chascune partie en droit foy, pourtant que à un chascun d'eux touche & peut toucher, ont obligé & encore obligent l'une partie à l'autre & leurs hoirs & ayant cause d'eux, & sousmirent à la juridiction de notre Cour de Blois & à toutes autres, eux & leurs hoirs & tous biens meubles & immeubles présens & advenir, renonçant par leur dite foy, quand à ce, à tous privilèges, graces & benefices donnés & à donner, impétrés ou à impétrer, à exception de tricherie, fraude, barat, malice, lésion & circonvention, à tout droit escript & non escript à tous [us ], coustumes & establissemens de pays & lieux contraires à ce saia, à exception de déception, de juste prix, & toutes autres déceptions & exceptions quelconques.
S'enfuit la teneur desdites lettres de procuration. Alain Sire d'Albret, comte de Dreux, de Gaure, de Penthievre, de Perigort, viscomte de Tartas & de Limoges, sieur d'Avesnes, à tous ceux qui ces presentes lettres verront, sçavoir faisons que pour l'entière confiance que avons des personnes de nostre très cher & amé fils Gabriel d'Albret & de Menire Regnauld de Saina Chamans, chevalier, seigneur de Liflac & de Pazols, seneschal des Lannes (2), & demaistre Jean de Calvimont (3), licencié en loix, sieur de Tursac, nostre conseiller, iceux faisons, créons, constituons & ordonnons par ces mesmes présentes noz exprès & spéciaux procureurs & messagers pour traifrer & accorder & conclure le mariage proparlé par le Roy, entre le duc de Valentinois & nostre fille Charlotte d'Albret, & le traiclé diceluy, ensemble toutes autres choses touchans & concernans ledit mariage ausquels nous dits procureurs donnons pouvoir, puissance d'y faire, procurer, traifter & conclure tout ainsy & par la forme & manière que nous fairons & faire pourrons, sy présens & en personne y estions, jaçoit qu'il y eust aucun cas ou chose requérant plus exprès ou mandement spécial; & promettons tenir & avoir agréable, ferme & stable tout ce que par eux y aura esté sailt, négocié & besongné & accordé, & autres choses qu'ils verront, & leur semblera estre nécessaire & convenable pour la fureté dudit mariage, & que nous n'y fairons aucune chose à ce contraire, & ce soubz lobbligation de nos biens ; & pour fureté de cesdites présentes nous les avons signées de nostre main & faict sceller du scel de nos armes à Chastelgeloux, le vingt & troisiesme jour de mars lan mil quatre cens quatre vingt dix & neuf.
Et ainsy signé : Alain & au dessoubz Roguet, & scellé des armes dudit sieur d'Albret de cire rouge sur simple queue.
Ce fut faict & passé au chastel de Blois es présences de très reverend père en Dieu, monseigneur Georges, cardinal d'Amboise, mondit sieur le chancelier, monsieur l'archevesque de Sens, meilleurs de Nemours & d'Orval, les evesques de Bayeulx & de Selle, de Melse & de Viviers, le sieur de Tournon, & le vice chancelier de Bretaigne; en tesmoing de laquelle chose, nous bailly de Blois dessusdit, à la relation desdits jurés, avons faist sceller ces présentes lettres du scel aux contrats dudit bailliage le dixiesme jour de may l'an de grace mil quatre cens quatre vingts dix neuf; ainsy figné Perrault & Régent.
Château de Châlus-Chabrol ou Châlus en Vermandois
Daniel Buisson, passionné d’histoire, affirme avoir trouvé la preuve que le château de Châlus n’a jamais été la propriété de Cesare Borgia, contrairement à ce que tout le monde affirme.
L'annonce figure sur la page d'accueil du site internet de l'Office de tourisme des Monts de Châlus : « Le château de Châlus-Chabrol atteste de la puissance de ses propriétaires, tous membres de grandes familles de France : les Sully, d'Albret, Borgia et enfin Bourbon ».
D'autres sites internet de tourisme, de nombreux documents touristiques et historiques, reprennent l'affirmation.
En partie fausse, soutient Daniel Buisson, retraité châlusien et fou d'histoire. « Les Borgia n'ont jamais été propriétaires du lieu. On a confondu notre Châlus avec un Châlus en Vermandois qui se trouve en Picardie ».
https://www.lepopulaire.fr/chalus-87230/actualites/le-chateau-de-chalus-na-pas-appartenu-aux-borgia-affirme-daniel-buisson-historien-amateur_1617102/
En 1509, deux ans après la mort de César, nous voyons la duchesse acheter à la princesse Marie de Luxembourg « les terres et seigneuries de Châlus en Vermandoys, pour le prix et somme de dix-sept mille escuz d'or au souleilh et cinq mille livres tournois en monnoye (4) ».
Dès l'origine, Charlotte eut des procès à soutenir pour son acquisition de la Motte-Feuilly. Une partie des revenus fut frappée d'opposition; il fallut payer aux vendeurs un supplément de prix (5), désintéresser leur sœur moyennant un nouveau payement de 2,000 livres (6)
Enfin, le 1er février 1506, intervint une sentence définitive du prévôt de Paris ordonnant que « la terre et seigneuries de la Motte de Feully, les fruictz et revenus d'icelle soient délivrés au profit de la duchesse et l'empeschement mis en eulx levez et ostés (7) »
C'est là que Charlotte de Valentinois vécut jusqu'à sa mort.
Charlotte d'Albret fut enterrée dans l'église Saint-Hilaire de La Motte-Feuilly.
En 1521, sa fille Louise Borgia, dite Louise de Valentinois, (17 mai 1500 – 1553) duchesse de Valentinois (1507-1553), fit élever à sa mémoire un monument en albâtre et marbre noir par Martin Cloistre, imagier du roi à Blois.
Elle épouse, le 7 avril 1517, Louis II de La Trémoille, vicomte deThouars, gouverneur de Bourgogne, tué à la bataille de Pavie le 15 février 1525
En 1793, le tombeau fut vandalisé, les figurines des sept vertus entourant le tombeau furent décapitées, les armoiries martelées et le gisant brisé. Il fut classé monument historique en 1891 et restauré.
MARCHÉ ET DEVIS DE TOMBEAU, TOMBE ET STATUES, EN MARBRE ET ALBATRE DU DAUPHINÉ, commandés par Louise de Valentinois, dame de la Trémoïlle, à Martin Claustre, tailleur d'images de Grenoble (8).
(Communication de M. Marchegay, correspondant à Angers.)
Charlotte d'Albret, morte le 11 mars 1514, avait, suivant son désir, été enterrée à Bourges, dans l'église des Annonciades, à côté de Jeanne de France.
Mais sa fille voulut consacrer à la Mothe-Feuilly les sentiments de sa piété filiale et le long exil auquel sa mère s'y était condamnée : elle lui fit ériger, dans l'église du village, un magnifique tombeau en marbre où fut déposé le cœur de la princesse.
Ce tombeau a été détruit pendant la Révolution, et ses débris gisent épars dans l'église. La statue de Charlotte, cassée en trois morceaux, et dont la figure et les mains sont mutilées, est maintenant debout et adossée à la muraille de la chapelle.
Voyez la description des restes de ce tombeau, pages 89 et 304 de l'ouvrage intitulé Esquisses pittoresques sur le département de l’Indre, texte par MM. de la Tramblais et de la Villegille, dessins par Isidore Meyer. Châteauroux, 1854; 1 vol. gr. in-8. Quelques vestiges de ce tombeau sont lithographiés sur les pages 85 et 90.
Le mardi ije jour d'avril, l'an mil cinq cens vingt ung, après Pasques, a este fait marché entre haulte et puissante dame madame Loyse de Valentinoys, femme espouze de hault et puissant seigneur Monsgr Loys, sgr de la Tremoille, d'une part, et maistre Martin Claustre, tailleur de ymages de Grenoble, demourant à Bloys en Foye, parroisse Sainct Nicolas, d'autre part, en la maniere qui s'ensuyt. C'est assavoir que ledit Claustre a prins a faire de ladicte dame une sepulture tant de mabre que d'albastre et une tombe de mabre blanc du Dauphiné, qui seront mis ès lieulx cy après declairés.
Premierement fera ledit Claustre ung tombeau et sepulture qui aura troys piedz de hault, dont le soubzbassement sera de mabre noir; et les pilliers a l'entour seront aussi de mabre noir, taillez a l'antique a candelabres.
A l'environ du quel tombeau sera mis les sept vertuz, qui seront d'albastre, dont y en aura en chascun cousté troys et au bot du hault une, là ou sera escript une epitaphe telle que luy sera baillée, et au bot d'ambas seront les armes de la duchesse de Valentinoys telles qu'on les divisera audit Claustre sur chascune desquelles vertuz sera une coquille bien taillée a l'entique,. et chascune desdictes vertuz aura son nom par escript.
Et par le dessus sera une tombe de mabre noir toute d'une pièce, qui aura troys piedz de large et six piedz et demy de longueur, sur laquelle sera le personnage de ladicte duchesse de Valentinoys en faczon d'une dame gisante le quel personnage sera d'albastre, qui aura cinq piedz et demy de longueur. Soubz la teste duquel personnage sera ung carreau double, et aux piedz deux petis chiens; et sera escript sur ladicte tombe CY GIST, etc., ainsi qui lui sera divisé.
Lequel tombeau et sepulture sera mis en la chapelle du chasteau de la Mothe de Sueilly, estant en l'eglise parrochial dudit lieu.
La tombe sera de mabre blanc du Dauphyné, comme dit est, qui se prant près de l'albastre, qui sera aussi d'une pièce laquelle aura six piedz et demy de longc et troys piedz et demy de large, en laquelle sera gravé le personnage de ladicte duchesse de Valentinoys, et de chascun cousté ung pillier a ouvrage fait a l'antique et au dessus ung chapiteau fait selon le divis du portrait.
Et sera escripte toute autour, en engraveure, ce qu'il plaira a madicte dame ordonner. Laquelle tombe sera remplye en l'angraveure de syment noir, et sera mise on cueur de l'église des Ancelles de Bourges, a playne terre.
Et en oultre fera ledit Claustre ung image de Nostre Dame de Lorette aveques la chapelle, le tout d'albastre, qui aura le tout ensemble quatre piedz de haulteur, et de largeur a la raison. Et les quelles choses ledit Claustre a promis faire bien et deuhement ainsi qu'il est requis et selon ledit divis du portrait qu'il en a baillé a madicte dame, et les faire de bon mabre et albastre bien nectz, sans vayennes ne taches, et l'ouvrage taillé bien nect, comme il est requis; et rendre le tout prest et parfait dedans la Toussainctz prouchain venant.
Pour lesquelx ouvrages faire et les rendre prestz et parfaictz de toutes choses sur les lieulx, scelon le contenu cy dessus, ladicte dame a promis audit Claustre la somme de cinq cens livres tournois pour toutes choses: sur laquelle somme elle luy a présentement baillé et avancé cent livres tournois luy doibt bailler ou faire bailler deux cens livres quant lesdictz mabre et albastre seront sur les lieulx, et l'outre plus, qui est deux cens livres, quant l'ouvrage sera fait et parachevé.
Ausquelles choses susdictes et chascune d'icelles faire, tenir, garder et accomplir, sans jamais aller ne venir encontre, lesdictes parties et chascune d'elles respectivement ont obligé et obligent elles, leurs hoirs, et successeurs avecques tous et chascuns leurs biens meubles, inméubles et heritages preséns et avenir quelxconques. Renonczans sur ce a toutes et chascunes les causes, faictz et raisons qui aider, servir et valloir leur pourroient a venir contre la teneur, effect et substance de ces presentes en tout ou en partie, et mesmement ladicte dame a touz droiz faictz et introduictz en faveur des femmes, et au droit disant generalle renonciacion non valloir, la foy et serment de leurs corps sur ce donnés.
Dont, a leurs requestes icelles parties ont par nous, notaires soubzscriptz, esté jugées et condampnées par le jugement et condampnacion de nostredicte court, a la juridicion de laquelle elles se sont supposées et soubzmises, supposent et soubzmettent avecques tous et chascuns leurs biens quant a ce.
Ce fut faict et passé on chastel de Thouars, le vje jour d'avril l'an mil cinq cens vingt et ung.
Signé avec paraphe RYDEAU ppt (sic).
DELAVILLE, prothocolle (9).
Inventaire de la duchesse de Valentinois, Charlotte d'Albret... / Edmond Bonnaffé
Les Borgia : les crimes célèbres. Tome 2 / par Alexandre Dumas
Inventaire de la duchesse de Valentinois, Charlotte d'Albret... Edmond Bonnaffé
(1) Biblioth. nat. Doat, vol. 227, fol. 187.
(2). Regnault ou Arnauld de Saint-Chamans fut chambellan du roi, son premier maître d'hôtel et sénéchal des Landes.
(3). Jean de Calvimont, seigneur de l'Herm, de Tursac et de la maison noble de Calvimont, à Plazac, licencié ès lois, conseiller en la Cour du parlement à Bordeaux, rendit hommage, le 7 janvier 1499, à Alain d'Albret, comte de Périgord, etc., pour sa seigneurie de l'Herm (M).
1. App. Contrat de mariage de Charlotte.
(4). Art. 266.
(5). Art. 283.
(6). Art. 284.
(7). Art. 289.
(8) Voy. Compte rendu de la séance de la section d'archéologie du 17 Janvier 1839. Revue des Soc. sav. N°'de février 1859, p. 119.
(9) Chartrier de Thouars, au château de Serrant. Orig. en papier.