Trois grands barons, qui accompagnaient le roi Jean le Bon, le sire de Craon, Raoul de Coucy et le comte de Joigny, par suite de l'encombrement restèrent la journée du 15 septembre à Chauvigny avec une partie de leurs gens.
Le roi Jean coucha le soir à la Chaboterie (1), on a prétendu qu'à ce moment il ignorait absolument où se trouvait le prince de Galles et que ce dernier ne savait pas davantage ce qu'était devenue l'armée française (2).
Le samedi 17 matin, ils passèrent à leur tour le pont pour rejoindre le roi, mais chemin faisant, ils tombent sur des éclaireurs anglais (3) au lieu dit « La Chaboterie » le Breuil-l´Abbesse, ils chargent cette petite troupe et tombent alors dans le piège tendu par les chefs anglais.
Le combat tourna mal pour ces derniers. Ils furent presque tous tués ou pris (4).
Les trois grands barons sont pris et rançonnés.
Et avint que le samedi XVIIe jour du mois de septembre, l'an dessus dit, le dit Roy, bien accompaignié, fu près du dit prince et de son ost, à deux luyes ou environ.
Et ycelui samedi, le conte d'Auceurre (5), le conte de Joigny (6), le seigneur de Chastillon-sur-Marne, souverain maistre de l'ostel du Roy (7), et pluseurs autres
De plus, le prince de Galles put obtenir des renseignements sur les manœuvres de ses ennemis et sut que le roi Jean se trouvait maintenant auprès de Poitiers.
En cette rencontre périt l'un des châtelains de Chauvigny, André de Chauvigny, vicomte de Brosse, seigneur de la châtellenie d'Harcourt, fils d'André II. Il fut enterré à Poitiers.
Quelques fugitifs s’en vont raconter la mésaventure au roi qui apprend ainsi où est le Prince Noir.
Celui-ci fait demi- tour, emprunte la voie romaine de Limoges et, en ce samedi 17 au soir, va installer son campement dans les plaines de Beauvoir.
Pendant ce temps, les anglo-gascons sur ordre de John Chandos, gouverneur du Prince Noir, se rassemblent au manoir épiscopal de Savigny (Savigny-Lévescault)
Et pour ce s'en ala à Poitiers qui estoit à deux petites lieues du lieu où le dit roy de France et son ost estoient d'une part et le dit prince de Gales et son ost d'autre part, le quel lieu estoit assez près d'un chastel de l'evesque de Poitiers, appelle Chavigny (8).
Les deux armées sont presque à se toucher.
Mais les moines de ce lieu arrivent à convaincre les anglo-gascons de rejoindre l’abbaye de Nouaillé toute proche qui offre une forêt inextricable ou ils installent leur campement en début de nuit. Pendant que les français rêvent de victoire, les anglo-gascons, tenaillés par la faim et la soif, tiennent un conseil de guerre : fuir ou rester combattre ?
Le 15 septembre 1356, le roi de France, Jean II le Bon et ses troupes font une halte à Chauvigny <==.... ....==>Dimanche 18 septembre 1356, la trêve de Dieu entre les armées du roi Jean le Bon et du Prince Noir
(1) La Chaboterie, ferme, commune de Mignaloux-Beauvoir, à quatre lieues de Chauvigny.
« Item, le samedi procheyn ensuivant vient le dit Prince (de Galles) à un chastelle appelé Chaboterie en Peytowe là ou le roi de France avait couché la nuit devaunt. »
Lettre de Barthélemy de Burghersh, dans FROISSART, édition Kervyn de Lettenhove, tome VIII, p. 386. Cette lettre est datée de septembre 1356, c'est-à-dire bien peu de temps après la bataille de Poitiers qui se livra le 19 du même mois de septembre.
La ferme de la Chabotterie, Située au Breuil-l'Abbesse, près Poitiers , consistant en maison pour maître & maison pour métayer, bâtiments pour ferrer les denrées , clos renfermés de murs ou fossés , où il y a vignes , prés , terres labourables , mûriers et arbres à fruits ; droits de terrage et de cens , & environ 230tt en argent.
Rue de la Chabotterie 86550 Mignaloux-Beauvoir
« Le venredi, apries boire, passa li rois de France laditte rivière au pont de Chauvigny et cuidoit adonc que li Englès fuissent devant lui et non estoient... passèrent à venredi, plus de soixante mil chevaus, et tout ensi que ils passoient, ils prendroient le chemin de Poitiers. »
(2) D'autre part, le prince de Galles et ses gens ne savoient, nul convenant des Français ne pooient savoir ». FROISSART, édition Luce, tome V, page XII.
(3) Ce détachement est dirigé par Hennuyer, Eustache d’Auberchicourt et Jean de Ghistelles.
(4) D'après un érudit poitevin, M. Chemioux, le combat dont il est question ci-dessus aurait eu lieu entre les Bordes de Saivres et Saint-Julien l'Ars, assez près de la Chaboterie ainsi que de Breuil-l'Abbesse, et le prince de Galles aurait pu coucher à la Chaboterie. Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 21 série, tome VII, p. 217. Les chroniqueurs anglais disent que le prince de Galles coucha dans la forêt.
« Nocte preperante in quodam nemore nostri quieverunt et in crastino versus territorium Pictaviense progressi... » Chronicon Angliœ Galtridi, LE BAKER DE SWINEBROOKE, édition Thompson, p. 250. — « Princeps vero... hospitare se fecit in illa silva ubi... hac nocte exercitus ejus magnam passus est penuriam ab aquae defectum ». LE MOINE DE MALMESBURY, Eulogium, ut supra, p. 222.
Les chroniques de Froissart rapportent aussi que le prince de Galles y passa La Chaboterie le jour suivant la visite du roi de France.
Mis à part cet épisode, le nom "Chaboterie" serait à mettre en rapport avec la famille ancienne des Chabot. . En 1578, la ferme appartient à Yves Rogier, sieur de la Tour Chabot, dont la famille a donné des maires à Poitiers en 1527 et 1528.
(5). P. Paris : « Le comte de Sancerre. » — Jean III de Chalon, comte d'Auxerre, bouteiller de France, fils de Jean II, tué à Crécy.
(6). Jean de Noyers, comte de Joigny, gouverneur de Bourgogne.
(7). Second fils de Gaucher de Châtillon, comte de Porcien, connétable de France, et d'Isabelle de Dreux (Anselme, t. VI, p. 91).
(8). Paris : « Chauvigny. » — Il s'agit de Savigny-l'Evescal (Vienne, arr. de Poitiers, cant. de Saint-Julien-l'Ars).