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PHystorique- Les Portes du Temps
16 août 2021

19 juillet 1419 - Traité d’alliance de Pouilly-le-Fort entre Jean sans Peur, duc de Bourgogne et le dauphin Charles

Le vieux château de Tennessus, Chambre d'hôtes de nos jours, me disait-on dernièrement, était alors un château, bien fortifié et en rase campagne, susceptible de résister longtemps.

Toujours est-il qu'un détachement de l'armée du comte de Vertus vint l'investir, et que cette petite forteresse, en bon état de défense, bien pourvue de vivres et d'hommes, se trouva en position de résister autant que la ville de Parthenay elle-même.

Mais les négociations et les intrigues, comme plus tard, dès ces temps éloignés, dominaient la politique de cour; on répugnait peut-être aussi, lorsqu'on était français, à se diviser, au lieu de se réunir contre les ennemis nés de cette époque, les Anglais, que la nationalité française devait rejeter en dehors de l'ancien sol des Gaules.

Telle était l'idée fixe et toute naturelle du moment (2).

Puis, il faut le dire, il y avait alors une puissance très-grande, qui avait été et qui était encore envahissante au-delà de ses limites, mais qui aussi, par contre, dans ces siècles lointains, répondait au principe d'où elle partait, en essayant de rétablir la paix dans la chrétienté. Je veux parler de la Cour papale d'Avignon ou de Rome, qu'importe, qui si souvent est intervenue dans les guerres anglo-françaises, et qui a, autant qu'elle l'a pu, par exemple, voulu éviter à la France l'échec d'auprès de nous, la défaite de Nouaillé-Maupertuis en 1356.

 Au temps pour lequel j'écris, le Dauphin et le duc de Bourgogne essayèrent d'arriver à une conférence près de Paris, et ce fut surtout à l'instigation d'un légat du Pape, l'évêque de Léon, qui fit, à cette occasion, plus d'un voyage, se portant successivement près des chefs des deux partis, qu'on obtint un résultat quelconque.

Enfin, par suite de ces pourparlers, il y eut 11 juillet, une entrevue du dauphin Charles (futur Charles VII de France et par Jean sans Peur, duc de Bourgogne, sur la chaussée d'un étang, à Pouilly-le-Fort, près de Melun, et un traité « également nommé la paix du Ponceau » fut arrêté portant que les deux partis qui divisaient le royaume se réuniraient pour chasser, d'un commun accord, les Anglais de France.

Le 19 du même mois de juillet, Charles VI, ou plutôt la Reine et son conseil, au nom du Roi, donnèrent une ratification du traité de Pouilly, avec des dispositions fort étendues,  et ayant toutes pour but le rétablissement de la tranquillité.

 Il y avait notamment une clause portant que le siège de Chartres, fait par les Bourguignons, et le siège de Parthenay, entrepris par les Dauphinois, seraient également levés. Mais quant à cette dernière place, il y eut en outre des arrangements spéciaux qui furent négociés particulièrement par Guillaume Cousinot (3), magistrat d'une grande distinction, qui fit divers voyages de la Cour à Parthenay, et de Parthenay à la Cour.

Il eut aussi plusieurs conférences avec Jean l'Archevêque, et avec les chevaliers et officiers de ce haut vassal, et les notables bourgeois de la ville de Parthenay, réunis en conseil.

Outre les chefs dont nous avons parlé, on voyait figurer dans ces assemblées maître Jéhan de la Chaussée (4) , homme de robe et bailli de Gâtine, c'était le principal conseiller du sire de Parthenay, et aussi Jean Bazelleau, Pierre Roygne, Loys Moysen (5), Jacques de St-Gelais (6), François Audebaut, Gabriel de Courdaut, Pierre Chusent, André Moriceau et Pierre Chambon.

Les négociations devinrent plus faciles par le rapprochement du Dauphin, qui vint à Poitiers pour faire exécuter la pacification et réunir, comme il était convenu, une armée afin de marcher contre les Anglais.

Il en résulta le traité particulier pour Parthenay, dont les clauses sont inscrites dans la charte qui donne lieu à cet article.

Elle est datée de Parthenay-le-Vieil, le dernier jour d'août 1419, et émanée du comte de Vertus seul, agissant comme lieutenant et capitaine-général du Roi et du Dauphin en Poitou et Guienne.

On y voit qu'il a été arrêté entre les contractants que la paix générale du royaume devait être publiée à Parthenay et à l'armée qui assiégeait cette ville, et que cette publication faite, le gouverneur de Parthenay installé, et les serments qu'on va mentionner prêtés, cette même armée devait lever le siège et se retirer.

Aussitôt les seigneurs et autres possesseurs de domaines occupés au nom du Dauphin, devaient en reprendre possession, nonobstant touts dons que celui-ci pouvait en avoir faits, depuis les hostilités.

Pareillement les ecclésiastiques dépossédés de leurs bénéfices, de la même manière, devaient les reprendre en expulsant les titulaires intrus.

Le sire de Parthenay protestait, du reste, que, nonobstant cet acte et le traité général, son intention était de ne rien préjuger sur l'exécution des contrats faits entre lui et le Roi et le Dauphin.

Enfin, un point principal était l'établissement dans le château et la ville de Parthenay d'un capitaine nommé par le duc de Bourgogne, agréé par le Dauphin, et auquel le sire de Parthenay devait donner entrée.

Le choix des deux princes s'était porté sur Regnier Pot, chevalier, seigneur de la Périgne, homme de guerre distingué et conseiller habile, que l'on trouve nommé dans des lettres (7) de Charles VI, du 28 avril 1407, comme devant assister, avec les princes du sang et les grands officiers de la couronne, aux grands conseils secrets et privés.

Or, Regnier Pot accepta le poste de confiance qui lui était assigné, et, rendu sur les lieux, son installation fut le complément du traité. Mais cette même prise de possession devait être précédée de serments qui contenaient les obligations respectives des parties. C'était alors l'usage de prendre Dieu à témoin qu'on voulait exécuter les conventions que l'on faisait souvent sur des points bien minimes. Ici au moins les traités qu'on faisait avaient une grande importance.

 

Le premier appelé à faire son serment fut le sire de Parthenay qu'on mettait en tutelle, on peut le dire, et qui cessait, par les conventions faites, d'être le maître chez lui. Il promit de tenir et garder la paix, ordonnée par le Roi, de concert avec la Reine, le Régent et le duc de Bourgogne, et jura de se conformer aux dispositions du traité; de ne point faire la guerre aux sujets et pays du Régent, et d'obéir à ce prince comme à son seigneur naturel; de garder la ville et le château de Parthenay en l'obéissance du Régent, sans pouvoir y laisser entrer qu'un nombre d’ hommes de guerre déterminé et restreint et la compagnie de Regnier Pot, commis à la garde de la place; que nonobstant que les contrats faits entre lui et le Roi et le Régent ne fussent renommés et repris, ce sont les expressions , il ne souffrirait faire guerre dans le pays de Poitou, ou ne s'en mêlerait pas.

En second lieu, les chevaliers, écuyers, officiers et serviteurs du sire de Parthenay, et les manants et habitants de la ville, furent appelés à faire serment.

Ils jurèrent d'être bons, vrais et loyaux sujets et très-obéissants du Régent, comme à leur seigneur naturel, comte de Poitou; de garder loyalement la ville en son obéissance, et de ne pas même souffrir que leur seigneur direct, le sire de Parthenay, levât pennon dorénavant, pour faire la guerre aux sujets et aux pays du Régent. Ils ajoutèrent à ces promesses celle-ci d'un grand intérêt pour le Dauphin, qu'arrivant le cas du décès du sire de Parthenay, ils ne souffriraient pas que la ville et le château de Parthenay fussent livrés à autres qu'au Roi, au Dauphin ou à officiers députés par eux, suivant les traités faits entre le Roi et le Régent d'une pari, et le seigneur de Parthenay de l'autre, et au cas où ces traités seraient renouvelés et maintenus.

Et au cas de non-renouvellement ou défaut d'effet, les seigneurs, officiers et bourgeois de Parthenay promettaient d'empêcher qu'on ne levât pennon pour faire guerre, par ce motif, dans le pays de Poitou, à moins qu'on ne vînt attaquer Parthenay.

Ce fut en troisième lieu le tour de Regnier Pot, seigneur de la Périgne, de faire son serment.

Il promit solennellement de garder la ville et le château de Parthenay au profit de Jean l'Archevêque, durant sa vie, et de le garder et ses sujets de tout dommage. Il jura d'obéir audit seigneur tant qu'il aurait la charge de ladite ville et du château, excepté si celui-ci voulait le mettre dehors et ses gens, ou y introduire au-delà du nombre d'hommes y étant alors ou ordonnés y être par le traité fait avec le duc de Bourgogne, le Régent et le sire de Parthenay, et à moins de conventions contraires arrêtées entre eux.

Pour en finir, c'était le tour des barons, chevaliers et écuyers du Poitou étant au siége de Parthenay. Ils firent serment de garder et observer la paix générale du royaume, en la forme et manière que le Roi l'avait ordonnée, et qu'elle était portée dans le traité; de ne faire guerre au seigneur de Parthenay, ni de souffrir qu'on la lui fît, non-seulement à lui, mais encore à ses pays, à ses sujets, chevaliers, écuyers, officiers et serviteurs. Ils ajoutèrent la promesse de ne point agir par voies de fait sur ces mêmes personnes.

Alors, les serments faits, la paix publiée, et le seigneur de la Périgne mis en possession du gouvernement de Parthenay, ce qui fut sans doute assez désagréable pour Jean l'Archevêque, le comte de Vertus et son armée levèrent le siège de Parthenay et du château de Thenessu, et se dirigèrent sur Poitiers où le Dauphin réunit une armée de 20,000 hommes, pour se porter à l'encontre des Anglais, comme on l'avait arrêté à Pouilly-le-Fort.

Mais la France n'était pas encore au moment d'être délivrée d'une domination étrangère, et auparavant elle devait être livrée aux plus grands malheurs. En effet, peu après eut lieu le néfaste événement du pont de Montereau, grande difficulté historique à résoudre, et plus tard le siège d'Orléans.

Il fallait quelque chose de miraculeux pour arracher le royaume à un océan de maux. On sait ce qu'eurent de merveilleux peut-être, d'héroïque au moins, les faits et gestes de la vierge de Vaucouleurs.

Mais je vais trop loin. Arrêtons-nous à cet épisode des guerres du commencement du XVe siècle, au siège de Parthenay et à sa levée, par suite d'un traité dont nous devons l'exacte connaissance des clauses à la charte dont on a doté nos archives.

Cette convention fut très-importante pour Poitiers, puisqu'elle conserva au Dauphin-régent sa libre résidence dans cette ville, par l'espèce de neutralité convenue pour Parthenay, dont la possession future était, du reste , assurée à l'autorité royale. Ainsi notre ville, sans crainte d'avoir une ville ennemie à 10 lieues d'elle, fut maintenue dans sa haute position de capitale de la France non envahie par l'ennemi, et de résidence de la Cour et du Parlement, position dont elle jouit pendant 18 années, de 1418 à 1438.

Il est aussi un autre point de vue sous lequel on doit considérer les conventions consignées dans la charte de 1419. Je veux parler de la singularité, surtout pour le temps, des clauses portées dans le traité pour la levée du siège de Parthenay, et formulées dans les quatre serments distincts prêtés par des parties ayant aussi des intérêts différents.

En premier lieu, c'est le sire de Parthenay qui parle comme un chef humble et résigné, et quelques années avant il était souverain absolu, en quelque sorte, sauf l'hommage à son suzerain le comte de Poitou.

Mais un second serment est fait, il est l'acte d'un autre pouvoir, c'est la classe immédiatement inférieure, celle des chevaliers et écuyers de la Gâtine, réunie à la bourgeoisie de la ville de Parthenay, ou à la classe moyenne.

Qu'il y avait loin de ces vilains taillables et corvéables à volonté, choses plutôt qu'hommes aux XIe et Xlle siècles, à ces bourgeois de Parthenay prenant part à des traités politiques au XVe siècle!

Mais les années avaient suivi leur cours. Alors, le pouvoir féodal s'annihilait, et la société marchait vers un autre ordre de choses; en un mot, le moyen-âge, ce temps si chevaleresque, si riche en détails curieux pour l'histoire, mais en même temps trop peu prodigue de sûretés pour les personnes et les propriétés, s'effaçait insensiblement et cédait la place à une ère nouvelle, qui est celle sous laquelle nous vivons.

 

 

Lettres de Charles VI réglant les conditions de la paix conclue à Pouilly, le 11 juillet précédent, entre le dauphin Charles et le duc de Bourgogne.

 

Extrait relatif à la levée du siège de Parthenay.

  • B AN JJ. 171, n° 29, fol. 19
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 26, p. 337-340

D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous presens et avenir que, comme pour l’extirpacion et appaisement des discors, guerres et divisions qui par longtemps ont esté en nostre royaume…, aient nouvellement esté et convenu ensemble en leurs personnes, entre Corbuel et Meleun, et depuis à Corbuel, nostre très chier et très amé filz le daulphin et nostre très chier et très amé cousin le duc de Bourgongne (8),… de leur exprès consentement, avons voulu et ordonné, voulons et ordonnons par ces presentes que doresenavant bonne paix et union ferme et estable soit en nostre royaume perpetuelment tenue et gardée…

4. Item, voulons et ordonnons que les sieges mis devant la ville de Partenay en Poitou (9)  et devant la forteresse du seigneur de Rochebaron, et generalment tous sieges mis devant bonnes villes et forteresses quelxconques en ce royaume, tant d’un costé que d’autre, cessent et soient levez prestement et sanz delay, et que les gens d’armes et de trait estans en iceulx sieges se emploient contre iceulx noz diz anciens ennemis ; et, se depuis la date de ces presentes, par les gens estans aus diz sieges ou autres estoit aucune chose innovée, ou reddicion ou prinse faicte d’aucunes places ou d’aucunes personnes ou biens, voulons et ordonnons que tout sera rendu, restitué et reparé, et mis au premier estat et deu.

Toutes voyes, en tant que touche le siege estant devant la ville de Partenay en Poitou, voulons et nous plaist, et du consentement de nostre dit filz le daulphin, ordonnons que par nostre dit cousin de Bourgogne soit pourveu à la garde de la dicte ville et chastel de Partenay de personne souffisant et ydoine (10), qui soit agreable à nostre dit filz, telement que par le moyen de la dite ville et chastel de Partenay ne puist estre faicte aucune guerre ou dit pays de Poictou ; et vuydera de fait la garnison de Partenay.

Et lequel commis fera le serement à nostre dit filz de lui rendre les dictes ville et chastel après le decès du dit sire de Partenay, selon la forme et teneur du contract de la vendicion faicte entre eulx des dictes terre, ville et chastel (11).

… … …

Donné à Pontoise, le dix neufviesme jour de juillet l’an de grace mil cccc. et dix neuf, et de nostre regne le xxxixe   (12).

Ainsi signé : Par le roy. J. de Rinel.

 

Le siège de Parthenay en 1419 / par M. de La Fontenelle de Vaudoré,...

 

 

 

Le château de Tennessus (commune d'Amaillou) érigée durant la guerre de Cent ans -Les de la Court du Fontenioux de Vernoux<==.... .....==> Un compagnon de Jeanne d'Arc à Parthenay ; Arthur III, comte de Richemont, connétable de France, duc de Bretagne

 

 


 

(1) Pour peu qu'on connaisse l'histoire du Poitou, on sait ce que furent les sires de la Roche-Posay et d'Abain. L'évêque de Poitou, de cette maison, était un homme lettré, et il a publié plusieurs ouvrages.

La branche cadette de Thenessu s'est éteinte pendant la révolution.

L'érudit Duchesne a écrit l'Histoire de la maison de Châtaigner, qui a donné son nom à la Châtaigneraie, petite ville du Bas-Poitou.

(2) Aussi, dans la charte sur laquelle on a fait cet article, on voit que l'idée fixe est une paix générale intérieure de la France, pour agir d'un commun accord contre les Angloys enciens ennemys de cest royaulme. La position politique des deux nations l'une envers l'autre, au commencement du XVe siècle et actuellement, semble être tout autre.

(3) Il sciait facile ici de faire une note assez curieuse sur Guillaume Cousinot, mais cela mènerait trop loin.

(4) Gruel, dans les Mémoires d'Artus de Richemont, parle aussi de Jéhan de la Chaussée qui prenait son nom de la terre de ce nom, près du Thouet et de Gourgé, et ainsi nommée d'une voie romaine dont j'indiquerai la direction plus tard.

(5) Cette famille vient de s'éteindre.

(6) Les St-Gelais étaient une branche de la maison de Lusignan, possessionnée sur les bords de la Sèvre-Niortaise.

Le sire de Parthenay, à cause du Coudray-Salbart, étendait sa domination jusque dans ces parages.

(7) Ord. des Rois de France, t. XII, p. 225.

(8) Le traité conclu entre le dauphin et Jean sans Peur porte cette date : « Donné au lieu de nostre convencion et assemblée, sur le ponceau qui est à une lieue de Melun, au droit chemin de Paris assez près de Poilly le Fort, le mardi xie jour de juillet l’an de grace mil quatre cens dix neuf. » Le texte transcrit sur le registre X1a 8604, fol. 38, a été imprimé par J. Du Mont, Corps universel diplomatique, in-fol., t. II, part. ii, p. 133. On n’y trouve guère que des assurances générales et point d’articles précis ; aussi on cite plus souvent les lettres de ratification du 19 juillet, qui contiennent les conditions particulières du traité. Il n’eut d’ailleurs que l’efficacité éphémère d’une courte trêve, brusquement rompue par l’assassinat de Montereau (10 septembre).

(9) Le second siège de Parthenay (on sait que le premier avait eu lieu en août-septembre 1415) fut décidé le 16 mars 1419 n.s.

 Par lettres de cette date, le dauphin Charles, qui s’était fait proclamer régent, ordonna à tous nobles tenant fiefs et autres de prendre les armes et de se rendre dans le délai de huit jours sous les murs de la ville.

 Philippe d’Orléans, comte de Vertus, prince du sang, nommé lieutenant et capitaine général pour le roi et le régent, en Poitou et Guyenne, par lettres du 22 mars 1419, et Jean de Torsay, grand maître des arbalétriers, furent chargés de diriger les opérations du siège.

 Le premier commandait 610 hommes d’armes et 270 hommes de trait. Le second disposait de 600 hommes d’armes et de 500 archers. »

L’investissement eut lieu au commencement d’avril. L’armée du dauphin rencontra une résistance opiniâtre. La ville de Parthenay, forte par sa situation naturelle, était entourée d’un triple rempart, à l’abri duquel se tenait une garnison nombreuse et bien encadrée. La place était approvisionnée de grains et de vivres pour longtemps.

Tous les vassaux de Jean Larchevêque s’étaient rendus à son appel, avec leurs hommes, et étaient commandés par deux chevaliers déterminés, Guichard et Gilles d’Appelvoisin.

Lorsqu’eut lieu le traité entre le dauphin et le duc de Bourgogne, les assiégeants continuaient à se consumer en vains efforts. La suspension d’hostilités qui en résulta ne devint définitive qu’après des négociations particulières avec Jean Larchevêque, qui durèrent près de six semaines.

Enfin, le 31 août fut signée à Parthenay-le-Vieux, entre lui et le comte de Vertus, agissant en qualité de lieutenant du régent en Poitou, une convention qui mettait un terme au siège de Parthenay.

M.B. Ledain a raconté en détail les opérations militaires et les pourparlers qui en marquèrent la fin. (La Gâtine historique, in-4°, 1876, p. 199-203.)

Voici un extrait d’un registre de plaidoiries que nous citons, parce qu’il y est question du siège de Parthenay, bien que l’on ne sache pas au juste si c’est le premier ou le second, mais surtout parce qu’il montre de façon caractéristique comment on comprenait la guerre à cette époque. Bertrand de Lage, écuyer, après plusieurs années avait fait prendre Guillaume de Meillo, ancien moine de Saint-Savin, puis homme d’armes, fils de Jean de Meillo, écuyer, qu’il accusait d’avoir autrefois commis des violences et pillages à son préjudice. Jouvenel, avocat de Meillo au Parlement de Poitiers, présenta la défense de son client, le 28 août 1424, en disant que « tempore divisionum qui souloient estre en Poitou, pour occasion desquelles fut mis le siege à Partenay, Guillaume de Meillo ala audit siege soubz monsieur le maistre des arbalestriers, et y furent d’une chambre led. Guillaume, le bastart de Chamborant et autres. Dit que sur les adversaires ilz gaignerent certaine quantité de bestail et autres biens, lesquelx ilz envoierent à leurs hostelz par leurs varlez ; mais Bertran de Lage, qui lors tenoit le party contraire, et autres, destrousserent les diz varlez et les batirent, disans que ce estoient Armignaz.

Ce venu à la congnoissance du conte de Richemont, chief dud. siege de Partenay, commanda à Guillaume de Meillo et à ses compaignons que, comment que ce feust, ilz se desdommagassent sur ledit Bertran, et leur en bailla mandement. Si alerent à l’ostel dudit Bertran et illec trouverent une robe où estoit la croix de S. Andrieu (insigne des partisans du duc de Bourgogne), laquelle le bastart de Chamborant emporta, mais au regart de Guillaume, onques n’y print riens. » (X1a 18, fol. 41.)

Remarquons en passant que, s’il est question du siège de 1415, Torsay ne paraît pas y avoir pris part, et qu’en tout cas, il n’était pas encore maître des arbalétriers ; et s’il s’agit du siège de 1419, que Richemont, alors prisonnier des Anglais, n’en dirigeait pas les opérations.

(10) Regnier Pot, sr de la Prugne, fut choisi par Jean sans Peur en qualité de capitaine de Parthenay, et agréé par le dauphin. Jean Larchevêque le reçut aussi fort bien et se déclara prêt à exécuter, en ce qui le concernait, les clauses du traité de Pouilly. Depuis lors, il cessa de se montrer hostile au dauphin.

(11) La vente mentionnée ici n’avait pas eu lieu encore. Des pourparlers avaient été engagés entre Jean Larchevêque et les deux précédents dauphins, Louis, duc de Guyenne, et Jean, duc de Touraine.

Le contrat passé avec le dauphin Charles porte la date du 21 janvier 1420 n.s. (Texte, J. 183, n° 135, et X1a 8604, fol. 24 ; voy. aussi Ledain, La Gâtine historique, p. 203.)

(12) Le texte de ces lettres du 19 juillet 1419 est transcrit aussi sur le registre du Parlement de Poitiers, X1a 8604, fol. 40 v°, dans un vidimus donné par Gilles de Clamecy, garde de la prévôté de Paris, le 22 juillet, avec d’autres lettres du dauphin, en date du 20, s’engageant à exécuter les clauses contenues dans les lettres de son père. Elles ont été publiées dans le recueil des Ordonnances des rois de France, t. XII, p. 263, et par J. Du Mont, Corps universel diplomatique, t. II, partie II, p. 135.

 

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