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PHystorique- Les Portes du Temps
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28 janvier 2021

28 Janvier 1794, Grignon est au Boupère - Alexis-René Barrion maire de Saint-Mesmin, témoin des colonnes Infernales.

Eglise Maximin de Saint Mesmin « Sanctus Maximinus »

En arrivant au Boupère, il reçoit une lettre de son collègue le général Bard, un honnête soldat qu'indignait cette guerre déshonorante, l'assurant que tous les habitants de ce bourg sont bons patriotes, vrais républicains, et ont donné maintes preuves de leur civisme.

Grignon se détourne donc du Boupère, mais il y envoie l'un de ses lieutenants, Lachenay, qu'on disait fils d'un émigré, à la tête d'un détachement qui pille, massacre, viole, incendie tout ce qui se présente….. » y égorge plus de 200 habitants, et brûle « 3 000 quintaux de blé, 1500 milliers de foin et 1850 livres de laine ».

Sans doute ne lira-t-on pas sans intérêt le récit d'un témoin oculaire de la « promenade » des soldats de Grignon cette relation est d'autant plus précieuse qu'elle émane d'un officier de santé nommé Barrion, solide républicain, membre de la municipalité de Saint-Mesmin, bourg situé à mi-chemin de Pouzauges à Cerisay.

Apprenant l'approche des colonnes infernales, il se rendit avec l'un de ses collègues à Cerisay, où cantonnait Grignon, et se présenta chez le général « sur les huit heures du soir le 24 janvier. Grignon était à souper.

Le maire de Cerisay lui servait de chambellan il annonça les visiteurs et les introduisit. Ceux-ci, reçus avec hauteur et grossièreté, s'enhardirent à demander cependant si leur commune se trouvait sur le chemin des colonnes.

Le général répondit qu'il y serait le 26 au soir. Incendiera-t-il? Bien certainement, ses ordres l'y obligent.

Barrion objecte que Saint-Mesmin est patriote, que les autorités, sincères sans-culottes, ont purgé la commune « de tous les scélérats et en ont envoyé plus de trente à Fontenay où ils ont été mis à mort.

Mais Grignon, qui a quitté la table et se chauffe les pieds au feu, réplique « qu'il ne reconnaît aucune autorité dans la Vendée. « il ne s'y trouve que des brigands; je veux tous les exterminer, et aujourd'hui j'ai fait fusiller plusieurs municipaux en écharpe.

 Barrion se permet d'insister « N'y aurait-il pas moyen de sauver de l'incendie les maisons des patriotes? »

Le général observe que, « même s'il en existe, elles sont en bien petit nombre et ça n'est pas la peine qu'on y fasse attention » pourtant, les maisons où il y a du blé seront préservées jusqu'à nouvel ordre.

Barrion rentra dans la nuit à Saint-Mesmin, très réconforté, car il avait du blé dans son grenier. Il avertit ses concitoyens de l'arrivée prochaine de l'armée républicaine, conseilla à tous de rester chez eux et d'attendre « bien tranquillement » les soldats de la nation, « commandés par des chefs dignes d'elle ».

Certains, néanmoins, préféraient s'en aller; il délivra des passeports « à ceux qui le méritaient, et ce trait est à noter de ce magistrat municipal choisissant, parmi ses concitoyens, ceux qui valent d'être sauvegardés et vouant les autres, les indignes, à la mort et au pillage imminents.

Le 27, au matin, on aperçut de grandes fumées s'élever du côté de Saint-André sur Sèvre et l'on entendit « une fusillade très vive » bientôt on apprit que ce village était en flammes et que toute sa garde nationale venait d'être passée par les armes.

La colonne de Grignon approchait.

Barrion rassemble aussitôt la municipalité de Saint-Mesmin; revêtue de ses écharpes, elle s'aligne sur la place du bourg, sous l'arbre de la liberté derrière elle se groupe la garde nationale, et l'on attend.

Bientôt surgissent de tous côtés des tirailleurs. On court à leur rencontre, on leur fait accueil; ils s'informent est-ce bien le village où ils doivent coucher ? Oui.

Alors, on se gardera de tuer et d'incendier jusqu'au lendemain matin.

 Ce début n'est pas très rassurant. Le gros de la colonne arrive; le village en un instant regorge de soldats; c'est Lachenay qui les commande.

Barrion l'aborde il expose son cas particulier il a obtenu du général Grignon la promesse que sa maison ne serait pas brûlée, parce qu'elle contient une réserve de blé.

Lachenay écoute distraitement; s'il a des voitures, il fera enlever le blé quant aux maisons, toutes seront incendiées pas d'exception, à moins d'un ordre écrit du général en chef. Ce qui l'occupe, c'est de placer un bivouac à chacune des issues du village, afin que nul n'échappe.

A ce moment, des cris, une rumeur de dispute et des rires. Un habitant de la commune, Renaudeau, réputé patriote, ayant chargé sur une charrette ses meubles les plus précieux, a voulu quitter le bourg, avec sa femme qui nourrit un enfant; les soldats l'ont tué et s'amusent à violer la femme.

 Sur un autre point, des hurlements ce sont deux gardes nationaux que des militaires égorgent.

Simples incidents.

La troupe se tient d'abord assez tranquille mais, la nuit venue, vers six heures du soir, elle s'installe dans les maisons; les officiers choisissent les meilleurs logis, commandent leur souper; on les reçoit bien, espérant les amadouer ces malheureux paysans sont avertis, sans y croire, qu'ils mourront dans douze heures, qu'il ne restera rien de leur logis, et ils se laissent dévaliser sans protestation; un officier, du 13° bataillon d'Orléans, reconnaissable à un bandeau noir qui cache un de ses yeux, entre chez un marchand, nommé Gaborit, « bon républicain", et, le sabre nu à la main, exige tout l'argent de la maison.

Gaborit, père de cinq enfants, n'est pas riche; mais il a peur pour ses petits et il tire de sa poche le portefeuille qui contient sa modeste fortune.

 L'officier s'en empare en promettant « qu'il fera passer la chose à la Convention nationale ».

Partout on pille, on rançonne, on vide les armoires et les caves, on boit, on s'empiffre, on menace, on tourmente les femmes la terreur, une terreur paralysante, abolit jusqu'aux velléités de résistance.

 

Barrion juge que ça tourne mal il court à la maison commune on s'est installé Lachenay, bon nombre d'habitants, des femmes surtout, s'y sont déjà réfugiés pour échapper aux brutalités des garnisaires la porte du chef est gardée par l'officier au bandeau sur l'œil, complètement ivre maintenant, et qui, titubant, apostrophe Barrion, le traitant de scélérat, indigne de porter l'écharpe, gueulant qu'on fusillera toute la municipalité et tapant « comme un enragé » sur la table « Tuons tout cela; ce sont des gueux, ça ne vaut même pas une cartouche, il faut tout sabrer !»

Un autre officier bleu, un vrai, tire Barrion à part et lui souffle :

« Partez, partez vite. Ce n'est pas facile l'ordre est donné de ne laisser passer personne sans que les passeports soient visés, et le général ne veut en viser aucun. Sauvez-vous, et le plus promptement possible; le temps presse; l'ordre est donné d'égorger à cinq heures du matin tout ce qui se trouve dans le village. »

Et l'officier termine en recommandant à son interlocuteur « de ne pas le compromettre ».

Cet intermède occupa l'attente, qui fut longue enfin Barrion est introduit chez Lachenay qu'il trouve très calme, comme tout militaire chargé d'exécuter la plus ordinaire des consignes; très laconique aussi, en homme qui ne s'arrête pas au détail, Barrion lui demande à quelle heure il convient de partir

Quand vous voudrez. Dans ce cas, je te prie de vouloir bien viser nos passeports. Je n'en vise aucun. Comment veux-tu donc que nous partions? Faites comme vous pourrez, ou attendez à demain.

Demain? Il parait que tes soldats ont ordre de tout égorger sans distinction; réponds-tu de notre vie? Oh! pour la vie. »

On imagine le geste d'insouciance dont se compléta la phrase.

Lachenay reprend « D'ailleurs, si vous ne voulez pas être témoins de l'incendie de vos maisons et du massacre qui va avoir lieu, vous ferez bien de vous en aller, car je vais commencer à faire fusiller. » et il conclut par « Faites comme vous pourrez; je ne veux plus m'en mêler. »

 Grâce doux officiers plus humains, Barrion parvint cependant sortir de la mairie avec ceux de ses concitoyens qui s'y étaient réfugiés ces deux braves les firent disparaître « secrètement » et les guidèrent jusqu'à la sortie du village.

 Barrion courut par les jardins et les prés jusqu'à la Forêt-sur-Sèvre et, de la, gagna la Châtaigneraie.

Quand il revint, quelques jours plus tard, à Saint-Mesmin, il n'y restait plus un être; toutes les maisons étaient brûlées; dans les ruines de la sienne un monceau de blé, à demi consumé, fumait encore.

Trois immeubles seulement demeuraient intacts; l'un était le presbytère; l'autre, la demeure de l'agent royaliste; le troisième appartenait à M. de Béjarry, chef d'une légion de l'armée de Charette.

Voilà pourquoi les paysans patriotes de la Vendée, gens simples et méfiants comme sont habituellement les campagnards, en arrivaient à se demander si les colonnes infernales, l'armée républicaine, les généraux et la Convention elle-même ne faisaient pas le jeu des brigands.

 

 

  Le 26 janvier 1794, le château de Châteaumur est brûlé par les soldats de la colonne infernale de Grignon  <==

Joseph Amand de Vasselot (1762 - 1796), dernier seigneur du château de Saint Mesmin - Saint-André-sur-Sèvre 26 janvier 1794 <==

 


 

Eglise Maximin de Saint Mesmin « Sanctus Maximinus »

Saint-Mesmin, du latin « Sancti Maximini »  comme il apparaît sur les cartes anciennes.

 

Le nom serait lié à Saint-Maximin, originaire de Silly, village situé à 70 kilomètres au nord-est, vers Loudun dans la Vienne et qui fut, vers 341/342, le cinquième évêque de Trèves, ville située sur la Moselle en Rhénanie-Palatinat.

 

Durant la Révolution, la commune porte le nom de Beauvallon-sur-Sèvre

 Alexis-René Barrion, médecin, 1er maire de Saint-Mesmin 1793 - 1798

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