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PHystorique- Les Portes du Temps
21 décembre 2020

Raoul de Mauléon donne sa venaison (droit de chasse sur les animaux sauvages de l’ile de Ré) en 1199 à l'abbaye des Châteliers

Raoul de Mauléon donne sa venaison (droit de chasse sur les animaux sauvages de l’ile de Ré) en 1199 à l'abbaye de Chasteliers

Le droit de chasse qu'un grand nombre de seigneurs s'étaient réservé, non-seulement sur leurs propriétés immédiates, mais encore sur les terres de leurs vassaux et de leurs tenanciers, entraînait des abus monstrueux, contre lesquels les populations réclamèrent souvent, et dont elles obtinrent quelquefois l'abolition à prix d'argent.

Les dégâts commis par les chasseurs étaient un des moindres inconvénients des garennes ouvertes. D'effroyables ravages étaient causés par le gibier, qui, réservé pour les plaisirs d'un seul, se multipliait dans des proportions inouïes. Les travaux agricoles se trouvaient arrêtés, et les campagnes menaçaient de devenir incultes et désertes.

On trouve à cet égard de curieux renseignements dans un acte inédit, dont l'original est déposé aux Archives de l'empire, sous le n° K. 1262, et qui mérite de fixer l'attention à différents titres.

 C'est une charte-partie, endentée à gauche; elle était munie autrefois d'un sceau pendant ; il ne reste plus que les lacs formés par un de ces cordonnets de soie ouvragés , qu'on ne retrouve plus passé les premières années du treizième siècle, et qui donnent une idée avantageuse de la textrine au moyen âge.

Ce document, qui est de l'an 1199, apprend que les habitants de l'île de Ré avaient résolu d'abandonner leur île par suite des tribulations que leur faisaient subir les daims, et qui étaient arrivées à ce point qu'ils ne pouvaient ni recueillir leurs moissons ni faire leurs vendanges.

 L'abbé de Notre-Dame de Ré vint, accompagné des habitants éplorés, supplier le sire de Mauléon, seigneur de l'île, de renoncer à son droit de chasse; ce que Raoul de Mauléon, de l'avis de sa femme Alix, de son fils Savari et de sa fille Eustachie, leur accorda gracieusement, pour le salut de son âme, et moyennant le payement de dix sous par chaque quartier de vigne, et de pareille somme pour chaque setier de terre. Il s'engagea à ne souffrir dans File d'autre gibier que les lièvres et les lapins.

A cette faveur il en joignit une autre spéciale à l'abbaye de Chasteliers, nom que portait aussi l'abbaye de Notre-Dame de Ré ; il promit de n'élever aucune forteresse ou autre construction militaire sur une éminence située près du monastère.

Notre charte permet aussi défaire une addition à la liste des abbés de l'île de Ré, telle que l'ont donnée les auteurs du Gallia Christiana.

Les bénédictins passent subitement de l'abbé Jean, en 1190, à un abbé qui vivait en 1440. L'abbé qui porta au sire de Mauléon la demande des habitants de Ré s'appelait Alphonse. C'était, selon toute vraisemblance, le successeur immédiat de Jean.

In nomine sancte et individue Trinitatis, Dei omnipotentis, Patris et Filii et Spiritus Sancti.

Ego Radulpbus de Mauleum, cum consensu et voluntate uxoris mee Aalid, et filii mei, Salvarici, et filie mee, Eutachie, pro salute anime mee, et parentum meorum omnium, qui fuerunt ante me et post me futuri sunt, dedi venationem meam, dammas scilicet de Re, eo videlicet quod terra periclitaretur earuminfestatione.

Au nom saint et individuel de la Trinité, Dieu Tout-Puissant, le Père et le Fils et le Saint-Esprit.
Moi Radulbus de Mauleon, avec le consentement et la volonté de ma femme Aalid, de mon fils Savary et de ma fille Eutachie, pour la sécurité de mon âme et de tous mes parents qui étaient avant moi et qui viendront après moi, J'ai donné ma chasse, c'est-à-dire des barrages de Rê, c'est-à-dire que la terre serait mise en danger par leur infestation.

 Tanta quidem erat earuni persecutio, ut homines conspirarent fugere de insula, et insulam dimittere desertam; inde siquidem quia, neque de agris poterant segetes colligere, neque de vineis vindemiam .

Si grande était la persécution de l'earunus, que les hommes ont conspiré pour fuir l'île et laisser l'île déserte; pour cette raison, parce qu'ils ne pouvaient ni ramasser les récoltes des champs, ni récolter des vignes.

Horum gratia, Alfonsus, tunc temporis abbas de Re, una cum conventu suo, uria cum omni terre populo, supplici devotione pioque affectu me petierunt, quatinus terre susciperem redemptionem, secundum quod unusquisque tam in vineis quam in terris poterat habere; ita ut, et de singulis vinearum quarteriis unusquisque decern solidos preberet, et de singulis terre sextariis, eque X.

Pour ces raisons, Alphonse, alors abbé de Ré, avec son assemblée, la cour et tout le peuple du pays, étant exécuté avec dévotion et pieuse affection, me demanda dans combien de temps j'entreprendrais le rachat du pays, selon ce que chacun pouvait avoir tant dans les vignes que dans les terres ; de telle manière que, de chaque quartier de la vigne, chacun donnerait un decern solidi, et de chaque sextari de terre, et 10

Ad quorum utilem, piam et devotam petitionem , ego R . una cum uxore mea Aalid, et filio meo S. et fîlia mea Eustachia, cum consilio nichilominus militum et amicorum meorum, consulendo nostre et iilorum utilitati, assensum prebui et integram terre et populo libertatem dedi, ne de cetero talia silvestria preter cuniculos et lepores in insula habeantur, per que terra a sua ubertate valeat deperire.

A la requête de qui, utile, pieuse et dévouée, moi Raoul avec ma femme Aalid, et mon fils Savary, et ma fille Eustacie, avec le conseil d'aucun de mes soldats et amis, consultant notre et leur avantage, j'ai consenti, et j'ai donné une liberté complète à la terre et au peuple, de peur que de les autres endroits sauvages comme les galeries et les lièvres, qu'ils soient une île, à travers laquelle la terre peut être privée de son abondance.

 Quicumque igitur hanc meam pro Deo donationem, et terre libertatem aliqua presumtione irrumpere vel perturbare attemptaverit, primo, quicquid nobis collatum est, volumus, precipimus, et optamus, ut persolvat illis qui sua nobis dederunt vel heredibus eorum ; inde ut iram et indignationem Dei omnipotentis incurrat, et in die judicii dampnationem ; postremo, quod intenderit agere contra meam donationem, obstantibus omnibus fidelibus, ad effectum non deducat, nee obtineat.

Quiconque, par conséquent, a tenté de s'immiscer ou de troubler ce don que je fais pour Dieu et la liberté de la terre par quelque présomption que ce soit, premièrement, tout ce qui nous a été conféré, nous désirons, enjoignons et espérons qu'il pourra payer à ceux qui nous ont donné les leurs, ou à leurs héritiers ; donc d'encourir la colère et l'indignation de Dieu Tout-Puissant, et la damnation le jour du jugement; et enfin, ce qu'il entend faire contre ma donation, malgré tous les fidèles, il ne l'exécutera pas, ni ne l'obtiendra.

Que enim patres voluerunt inviolata et intégra permanere, filii vel nepoteš non debent destruere nee sua audacia perturbare. Preterea volumus et auctoritate premissa ex parte Dei omnipotentis et nostra prohibemus ne in mota que monasterio nostro de Castellariis adjacet vicina, ulla municio fiat vel aliquid aliud quod illi monasterio possit esse dampno vel ulli impedimento.

Car ce que les pères ont voulu rester inviolable et intact, les fils ou petits-fils ne doivent pas détruire ou troubler par leur propre audace. De plus, nous souhaitons et par l'autorité de Dieu Tout-Puissant et nous interdisons que dans la motte adjacente à notre monastère des Châteliers, toute fortification ou toute autre chose qui pourrait être un dommage ou une entrave à ce monastère soit faite.

Hec pro anima nostra donamus monasterio et volumus ut a filiis nostris eternaliter observetur.

 Actum anno ab incarnatione Domini M° CXC° IX°, in manu Alfonsi, tunc temporis abbatis de Re, et Willelmi Guarmitelli, capellani Sancti Martini, et Hugonis de Nualiaco, et P. de Voluria et Renaldo Guiano militum, et Willelmi de Vitre, senescalci et prepositi de Re, et aliorum plurimorum.

Nous donnons cela au monastère pour nos âmes et nous voulons qu'il soit éternellement observé par nos enfants.

 Acté dans l'année de l'incarnation du Seigneur 1190, entre les mains d'Alfonse, alors abbé de Ré, et Guillaume Guarmitelli, aumônier de Saint Martin, et Hugues de Nualiaco, et Pierre de Véluire et militaire Renaldo Guiano, et Guillaume de Vitré, sénéchal et préfet de Ré, et bien d'autres.



 
 

Emile CAMPARDON.

 

 

Abbaye des Châteliers Notre-Dame-de-Ré, construite face au pertuis Breton par les moines cisterciens des seigneurs de Mauléon <==..... .....==> L'abbaye Notre-Dame-de-Ré, Savary de Mauléon, Amable du Bois - Notice sur les Chartes Seigneuriales de l’Ile de Ré

 

==>Pêche et chasse, un privilège seigneurial au Moyen-Âge (Poitou)

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