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PHystorique- Les Portes du Temps
27 octobre 2019

Légendes et Miracles de l'Abbaye de Fontevraud, les quatre-vingt tombeaux de Robert d’Arbrissel

Légendes et Miracles de l'Abbaye de Fontevraud, les quatre-vingt tombeaux de Robert d’Arbrissel 2

Quatre-vingt tombeaux, c'est beaucoup pour un seul homme, même pour un saint. Aussi cela demande-t-il quelques explications.

On sait bien qu'à l'époque de Robert d'Arbrissel, les grands de la terre avaient coutume de partager leurs restes entre différentes villes qu'ils voulaient honorer de leur dépouille mortelle.

Cela tenait surtout, d'ailleurs, à la nécessité où l'on se trouvait d'ouvrir et de vider le corps avant les funérailles, généralement tardives, soit à cause de l'éloignement du lieu de sépulture, soit à cause de l'éloignement des parents et des dignitaires conviés à la cérémonie.

Alors, on partageait d'ordinaire entre différents lieux les entrailles, le cœur et le corps.

Comme le corps était habituellement exposé pendant plusieurs jours avant d'être enterré, il faut penser qu'il était embaumé ou salé, suivant les régions. Nos rois de France eurent leurs saleurs attitrés.

Pour le transport, le corps était enveloppé d'une peau de bœuf, et ce fut très probablement le cas pour Robert d'Arbrissel qui mourut au prieuré d'Orsan, dans le Cher, tut transporté par eau, sur le Cher et la Loire, jusqu'à Candes, et, de là, porté en grand cortège à Fontevrault, où il resta encore exposé quatre jours avant d'être inhumé. S'il eut vraiment un tombeau dans chacun des prieurés de l'Ordre, qu'on n'imagine pas cependant qu'on fit à cet effet autant de parts de ses restes, bien qu'il fut assez habituel de partager les reliques des saints.

statuette robert d'arbrissel Fontevraud l'abbaye

(statuette robert d'Arbrissel Fontevraud l'abbaye)

Mais Robert n'était point sanctifié il ne le fut jamais non pas qu'il ne l'eut mérité, mais plutôt, on peut dire, par erreur de la procédure ecclésiastique et par la faute de partisans trop zélés.

De parts, il n'en fut fait que deux: Le corps à Fontevrault; le cœur à Orsan.

On ne peut nier cependant qu'il y ait eu un tombeau de Robert d'Arbrissel dans chaque prieuré mais ce que je puis affirmer, c'est qu'il était vide.

Après la mort du vénérable fondateur.l'abbesse Pétronille de Chemillé voulut et ordonna que les vœux des religieuses, qui se faisaient auparavant devant l'autel de la Vierge, soient dès lors prononcés devant le tombeau de Robert. La formule fut modifiée

Ego soror N. promitto. …

Moi sœur N. je promets…..

Ante sepulchrum D. Roberti patris nostri.

Devant le sépulcre de D. Robert, notre père.

Le tombeau de Robert se trouvait à la droite de l'autel, parce qu'il était fondateur et instituteur de l'ordre (1).

 A cause de cette coutume d'y prononcer les vœux et d'y faire quelques autres cérémonies commémoratives, on l'appela autel du sépulcre.

On trouve la même coutume et la même appellation dans les chartriers des prieurés. Ce qui a pu faire penser qu'il y avait des tombeaux réels de Robert, tandis que ce n'étaient que des simulacres, ce qui n'empêchait pas de les honorer d'une dévotion particulière.

Certaines abbesses et certaines prieures entretinrent un constant luminaire sur le tombeau de Robert et instituèrent même des célébrations.

La St-Mathias, jour anniversaire de la mort du fondateur, était fête chômée à Fontevrault et pieusement observée dans tout l'Ordre.

L'iconographie nous a transmis la représentation de plusieurs tombeaux de Robert d'Arbrissel complètement différents.

Il faut faire tout d'abord la part de l'inexactitude des reproductions et des fantaisies des dessinateurs. En réalité, en dehors du monument du St-Coeur élevé à Orsan et de son similaire, élevé seulement en 1649 à Fontevrault par une dévotion particulière du père Lardier, Robert d'Arbrissel n'eut qu'une tombe à Fontevrault, avec deux monuments différents

1° Un tombeau élevé par l'abbesse Pétronille de Chemillé, quelques temps après la mort de Robert (1116), qui portait une effigie évidemment en pierre, car à cette époque, en France, on ne savait pas encore sculpter dans le marbre.

 

Légendes et Miracles de l'Abbaye de Fontevraud, les quatre-vingt tombeaux de Robert d’Arbrissel (2)

2° Un mausolée de 1624 avec effigie en marbre blanc couchée sur une table de marbre noir.

Ce dernier tombeau ne fut pas élevé à la même place. L'abbesse Louise de Bourbon-Lavedan ayant fait faire un nouvel autel qui se trouva trop grand elle n'hésita pas à déplacer la tombe du saint fondateur. Ses cendres furent recueillies eu 1622 dans une capse de plomb et placées sous le nouveau mausolée, qui ne fut érigé qu'en 1624.

 

Que sont devenues les statues de ces tombeaux ? On ne le sait pas.

On a dit que les marbres noirs du dernier mausolée avaient été employés à faire les cheminées du château de St-Médard, entre Varennes et Chouzé mais on ne les y retrouve plus aujourd'hui.

Quant aux restes de Robert d'Arbrissel, contrairement à ce qui a été dit et écrit, ils n'ont pas été profanés et dispersés à la Révolution. Le mausolée a pu être mutilé on n'en a aucune preuve la démolition n'a été faite qu'à la transformation de l'abbaye en maison de détention. C'est à tort que certaines personnes prétendent avoir des reliques du vénérable fondateur de Fontevrault. La capse de plomb qui les contenait a été remise ainsi que celle du Saint Cœur aux religieuses fontevristes de Chemillè.

Que sont-elles devenues ?

Il est certain qu'elles furent partagées, par la suite, entre d'autres prieurés. Mais il faut ajouter que, par constatation de deux procès-verbaux, l'un de 1847, l'autre de 1860, de Mgr Montault, alors abbé délégué, on les a trouvées, à l'ouverture de la capse, mélangées aux restes d'un autre corps.

Il est évident qu'il faut rendre responsable de ce mélange l'abbesse Louise de Bourbon-Lavedan, qui, pour poser son grand autel (2), fut obligée de déplacer les tombes de Robert d'Arbrissel et des deux évêques de Poitiers qui avaient été ses contemporains et ses collaborateurs Pierre et Guillaume.

 

Il fut consacré, le 28 octobre 1623, par l'évêque de Nantes, Mgr Philippe Cospeau qui enferma, dans la pierre du devant

« En un petit coffre de plomb, les reliques du lait et des cheveux de la Ste-Vierge, dans une petite phiole ronde d'argent doré plus des reliques de St-Jean-Biaptiste, de St-Jean l'évangéliste, de St-Benoist et de St-Louis » (Ste-Famille).

Colonel PICARD Société des lettres, sciences et arts du Saumurois

 

Discours de Robert d’Arbrissel mourant à léger de Bourges

« Voici la raison pour quoi je refuse la sépulture des Lieux saints : c’est que je désire être enterré dans la boue de Fontevraud parmi mes petits frères et sœurs. Car je sais que, vivants, ils désirent que je gise là, afin qu’au jour de la sainte Résurrection je puisse, dans cette même chair, aller avec eux au jugement de Dieu. »

Discours de Robert d’Arbrissel mourant à léger de Bourges, dans le supplément de l’Histoire de Robert par André de Fontevraud.

 

 Fons-Ebraldi - Robert d'Arbrissel et La légende du bandit Evraud <==.... ....==> Recherche dans les textes en latin du saint fondateur de l’abbaye de Fontevraud et examen des reliques du bienheureux Robert

 

 


 

 (1) Et ad dextram altaris positus quia erat fundator et instituior monasterii ita judicante archiep. Êituric. et aliis viris venerabilibus.

(2) On peut voir à l'église St-Michel de Fontevrault, où il a été recueilli, ce magnifique autel construit par Delabarre.

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