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PHystorique- Les Portes du Temps
31 mars 2020

Recherche dans les textes en latin du saint fondateur de l’abbaye de Fontevraud et examen des reliques du bienheureux Robert

Recherche dans les textes en latin du saint fondateur de l’abbaye de Fontevraud et examen des reliques du bienheureux Robert d’Abrissel

ROBERT, Robertus, tel est le nom, nomen, que reçut au baptême le petit Breton qui naquit en 1040. A ce nom, pour le distinguer de tous ceux qui en portaient un identique, fut ajouté un surnom, cognomen, qui n'était ni une qualification de sa famille, ni une appellation terrienne et féodale, mais simplement un surnom d'origine et de lieu de naissance.

En effet tous les historiens sont d'accord sur ce point que Robert vint au monde dans le village d'Arbrissel, ou d'Arbre sec, comme on dit maintenant, à quelques lieues de Rennes et près de la petite ville de la Guerche.

 Les textes que je vais citer a l'appui du nomen et du cognomen, sont extraits du cartulaire de Fontevraud, que possède la bibliothèque impériale (1) à Paris, et des chartes conservées aux Archives de l'empire. Or, dans ces documents des XIe et XIIe siècles, Robert est écrit en latin, de trois manières différentes en abrégé sous la forme rude ou adoucie, et enfin avec ou sans cognomen.

C'était assez l'usage, au moyen âge, de n'indiquer le nom de baptême que par une initiale (2). Aussi trouvons-nous simplement la lettre R pour signifier Robertus, dans les textes suivants « Deo et domno R. et monacabus in xpisti nomine sibi subpositis. »

« Donavi domno R. » « Domno R. et sanctim. Fontisebraudi. » « Donamus Deo et B. M. in perpetuum et domno R. » « In manu domni R. »

Robertus, quand il est écrit en entier, est bien la forme adoucie du nom, mais l'orthographe ancienne, basée sur une tradition originelle, l'étymologie et une prononciation dure, nous est révélée par une charte de 1114, où l'écrivain répète jusqu'à quatre fois Rotbertus, Rotberto, Rotbertum, et par un acte de donation qui se réfère à l'évêque Pierre II (1072) « Vir quidam magne religionis et bone opinionis nomine Rotbertus de Arbruissello. »

Le nom seul sans le cognom est assez rare, tandis que les exemples des deux réunis abondent.

Arbrissel, si nous consultons la tradition, qui fait encore loi de nos jours, serait le vrai cognomen, sans aucune altération. « M. Roberto de Arbrissello (1126) »

« Deo et domno R. de Arbrissello. » « Présente domno R. de Arbrissello. » « Domno R. de Arbrissello. »

Tout en maintenant cette forme, on la modifie par le changement de la seconde Sen C Per manum domni Rotberti de Arbriscello. »

L'i est mouillé et par conséquent précédé de l’u en plusieurs endroits « Domno R. de Arbruissello magne religionis et honestatis viro clarissimo. » – « Domno R. de Arbruissello et ipsius supradictis monachabus. » – « Domno R. de Arbruissello et ecclesie Fontisevraudi sanctimonialibus. » « Domno R. de Arbruissello, bomini scilicet religiosissimo, cujus admirabilis doctrina verbo sancte predicationis et thonitruo sancte cxhortacionis pcr totam ecclesiam et sua fulget eloquentia. »

I et R sont supprimés ou R change de place « Domno R. de Arbussello. » – « In manu magistri Roberli de Arbursello. »

Substituez maintenant l'E à l'l, et vous aurez, avec une ou deux S e In manu domni Roberti de Arbressello. » – « Domni Roberti de Arbresello. » « Ego igitur Robertus de Arbressello. » « Domno Roberto de Arbressello. » – « Per manum Domni R. de Arbressello. » « Domno R. de Arbressello. » « Domno R. de Arbresello. » – « R. de Arbressello magne religionis virum. »

Je n'ai plus qu'à signaler quelques singularités paléograpbiques, du genre de celles-ci « Dilectissimo fratre nostro R. de Erbressello, viro religioso. » « In manu Domni Roberti de Arbreslo. » – « In manu Domni Roberti de Herbrissello. » « Domno R. de Arbr. » « In manu Domni R. de Arb. »

J'arrive enfin à la traduction française qui, au XIIe siècle, nous donne « Rotbertus de Arbreisel, clarissimus vir ac Deo amantissimus. » « Domnus Robertus de Arbreissel, cum quibusdam de discipulis suis ac de ancillis Dei. »

Trois titres qualifient, à la même époque, Robert d'Arbrissel; ce sont ceux de vénérable, venerabilis, qui convient à la sainteté de sa vie, de maître, magister puisqu'il fut entouré de disciples, et de dom, qui est propre à tout l'ordre monastique, domnus.

En tête du dossier formé pour la Sacrée Congrégation des Rites, j'ai inscrit selon la version qui m'a paru la plus accréditée et la plus exacte « Andegaven et Pictaven. (3)

Confirmationis cultùs ab immemorabili tempore praestili venerabili servo Dei Roberto de Arbrissello, ordinis Fontebraldensis institutori. »

II

Robert d'Arbrissel mourut saintement au Prieuré d'Orsan, dans le diocèse de Bourges, le 25 février 1117. Son corps fut rapporté à Fontevraud, où il fut inhumé au milieu d'un concours extraordinaire de peuple.

J'emprunte au cartulaire de Fontevraud deux documents inédits qui concernent à la fois sa sépulture et ses œuvres, chartes précieuses destinées à transmettre à la postérité les regrets de l'illustre abbaye et chef d'ordre

« Antiquorum patrum sancsivit auctoritas ut quicquid ecclesiis tribueretur litterarum mémoriae traderetur ne oblivionis caligine deleretur. Notum sit omnibus tam futuris quam praesentibus quod eadem die quo magistri Roberti de Arbresello corpus Dei gratia de longinquo allatum in loco fontisebraudi quem, Deo auxiliante, fundavit, humatum fuerat, non minima multitudo religiosarurn personarum ad tanti viri funeris obsequium illic congregata fuerat, quarum una fuit Leodegarius Bitur. Ecclesiœ archiep., altéra Radulfus Turonorum archiep. cum Reginaudo Andegav. epo multisque aliis tam abbatibus quam sacerdotibus, quo rum non erat numerus. Hic fuit Fulco junior, Fulconi comitis Andegavorurn filius, cum innumeris populis. Ipso die peciit Gaufridus de Blazone (4), utpote valde desiderans anime sue salutem, ut Petronilla abbatissa F. E. a supradiolo Fulcone comite impetraret quatinus omnia que antea Ecclesie Fontis E, ipse Gaufridus pro salute anime sue dederat, scilicet domos suas, census, vineas, nec non et filias suas et omnia quecumque in hoc seculo hahere videbatur, ipse comes iterum in pleno capitulo, audientibus cunctis, concederet, quam peticionem supradictus cornes libenter exaudiens et voluntati abbatisse et supradicti Gaufridi desiderio ilico in capitulo satisfecit. Huic concessioni interfuerunt Berlaius de Monsterolo (5) et Gauberius de Monteserello (6) et Robertus de Blado et Gislebertus de Losduno (7) multique alii barones cum multitudine populorum. An. ab inc. dni. 1117, regnte Lodco fr. rege et Guillelmo Aquit. duce (8). »

« Eodem die in Diturica patria apud Ursanum preclara dormitio domni Roberti venerabilis presbiteri Kmi(9) Patris nostri. Qui vir christianissimus sancte Catholice Ecclesie Lucifer splendidus et in sancta predicatione alter quodam modo Paulus, Redonensis provincie fuit oriundus fonteque celestis doctrine funditus repletus et in omni religione probabiliter fundatus. A primo lapide, Deo auctore, Fontis Ebraudi Basilicam et ejusdem Basilice complures cellas fundavit, editicavit, multiplicavit et in eisdem locis, Deo inspirante, viros ac mulieres ad serviendum Deo omnipotenti fideliter coadunavit, quos etiam dùm adhuc in carne viveret sanctorum Patrum exemplis, regulis omnique sacrâ doctrinâ ad plenum informavit hic fortis athleta verbi Domini fidelissimus dispensator, dùm more suo ad exteras nationes predicationis sancte gracia procederet, apud predictum locum,quem, ipso Deo favente, edificaverat, qui Ursanus dicitur et a civitate que Bituricas vocatur fere duo de viginti miliariis, hoc est 12 leugis, disjungitur, vocante Deo, senex et plenus dierum, viam universe carnis ingressus, illo gaudente, terra plorante, glorioso fine quiescens, corpus terre, spiritumque polo tradidit, anno ab incarnat. Domiui 1117. Sed quoniam testante scriptura in muttis omnes offendimus et si dixerimus quia peccata non habemus nos ipsos seducimus, etc. (10) »

III.

Pétronille de Chemillé, première abbesse de Fontevraud (11), éleva sur la tombe de Robert d'Arbrissel, placée devant le maître-autel de l'église abbatiale, un monument en pierre, supporté par quatre colonnes trapues. Sur la dalle tumulaire dormait couchée l'effigie du saint fondateur, paré des insignes de sa double dignité de prêtre et d'abbé, la chasuble les gants, l'anneau et le bâton pastoral.

Le premier historien de la vie du bienheureux a décrit sommairement cette tombe romane, mais dans des termes tellement vagues, qu'on ne saurait pas, sans le témoignage de Pavillon qui affirme que Robert était représenté en relief (12), si l'effigie avait été sculptée dans un bloc, ou simplement gravée sur la pierre.

« Cujus mausoleum ante aram majorem quatuor columnis innixum erat: superiori saxo insculpta ejus effigies: habitus ei sucerdotalis, pedum pastorale, manus chirothecis tectae, insertus digito annulus (13). »

En 1621 l'abbesse Louise de Bourbon de Lavedan, faisant reconstruire le grand autel par l'architecte de la Barre, fut obligée de déplacer le tombeau du bienheureux, qu'elle renouvela et posa avec ses ossements, dans une arcade, à la droite de l'autel.

J'ai rencontré à la bibliothèque impériale, quelques notes inédites qui donnent des détails sur ce changement. Les voici :

« Elle fit chercher l'un des plus excellents architectes. Le R. P. Richer, abbé de Saint-Vincent du Mans, visiteur de Fontevrauld, luy enseigna M. de la Barre. Elle passa le marché avec luy…..

» Plus pour la cloison des 2 costez de l'autel et l'arcade de la sépulture de Nostre B. Père- 1350 liv. » En faisant les fondemens de l'autel, les ossements de Nostre B. Père furent trouvez. Made les fit mettre dans un coffret de plomb sous l'arcade à la partie dextre du grand autel et de l'autre costé les ossemens de Pierre, évesque de Poitiers, grand ami et contemporain de Nostre B. Père…

» Lad. Dame a fait faire à Paris l'effigie de marbre blanc de Nostre B. Père, pour le prix de 800 liv. et fut rendue icy le 10 juin 1624 (14). »

Ce tombeau réédifié était en marbre noir, avec une effigie de marbre blanc, représentant Robert d'Arbrissel, couché, vêtu d'une chasuble, la tête appuyée sur un coussin, les mains croisées sur la poitrine et les pieds nus.

L'aspect, assez peu gracieux de cette effigie nous a été conservé par un cuivre gravé qu'a acquis le musée de la ville d'Angers, et qui a été tiré pour la dernière fois, en 1861, pour le Répertoire archéologique de l'Anjou, n° de juillet (15).

Il est fort possible que cette statue ait été vendue en même temps que tous les marbres de l'abbaye, et il serait peut-être difficile d'en suivre la trace.

Cependant une partie du tombeau, m'écrit M. Gays des Touches, existe encore chez M. du Temple, au château de Saint-Médard (16), où les marbres ont été sciés et employés à faire des cheminées. Les inscriptions pourraient se lire, si elles n'étaient pas tournées contre les murs, mais elles n'offrent point tellement d'intérêt que nous ayons jugé utile d'en demander copie au propriétaire.

Ces inscriptions, gravées sur le soubassement du mausolée, sont de deux sortes; les unes allégoriques empruntent leurs sentences à l'Écriture Sainte, les autres racontent en abrégé la vie de Robert d'Arbrissel et les privilèges de soit ordre.

Je les reproduis toutes d'après le marquis de Gaignières, qui les a insérées dans son recueil d'Épitaphes (17).

« Memoria venerabilis Roberti in omni loco quasi mel indulcabitur ipse, est, directus divinitus in pœnitentia gentis et in diebus peccatorum corroboravit pietatem. » Eccli. 40 (18).

Au côté droit « Et vocaberis xdificator cepium avertens semitas iniquitatum et sustollam te super altitudines terrae. » Esai. 58 (19).

Au côté gauche « Et eris quasi hortus irriguus et sicut fons aquarum cuius non déficient aquae et aedificabuntur in se deserta saeculorum. » Ysai. 58 (20).

Plus bas « Exultabunt ossa humiliata. » Psal. 50 (21).

Sur la face principale « Adsta viator et perlege quod diu satis lacuit humana vox tibi lapis iste ac toti posteritati inclamat. Venerabilis quondam Robertus de Arbriscello vir admodum pius, et zelo animarum aestuans, divina qua plurimum poterat eloquentiae, ad Dei obsequium ac saeculi contemptum, multos utriusquc sexus mortales, qui eum ad deserta loca sequebantur, induxit eaque occasione ordinem Fontis Ebraldi primus instituit, variaque domicilia devoto praesertim foemineo sexui, extruenda curavit, quorum omnium caput esse voluit hocce monasteriim in quo abbatissam non solum virginibus aut mulieribus Deo dicatis, sed etiam religiosis viris praeposuit qui hoc vitae sequuntur institutum à sancta sede apostolica îam a sui exordio ad haec usque tempora approbatum variisque privilegiis regiisque muneribus auctum obiit anno M. C. XVII. ejus ossibus ac sacris tegendis cineribus Ludovica de Borbonio huiusce cœnobii atque adeo totius ordinis antistia hoc mausoleum novo pegmale adornatam totius ordinis nomine tanquam parenti optimo P. C. (22) anno M. DC. XXIII. »

 IV.

Capse Robert d'Arbrissel Fondateur Abbaye de Fontevraud

Le 24 novembre 1847, M. le curé de Saint-Maurille de Chalonne, délégué par Mgr l'évêque d'Angers, ouvrait en présence de plusieurs ecclésiastiques ou propriétaires de Chemillé, et d'un médecin de la même ville, la capse de plomb (23) que les religieuses Fontevristes venaient de recevoir, en vertu d'une autorisation ministérielle, de l'administration de la maison centrale de correction établie à Fontevraud. Or, d'après la tradition et l'inscription du couvercle, la capse devait contenir les restes du B. Robert d'Arbrissel, fondateur de l'abbaye de Fontevraud.

Voici cette inscription, gravée, sur sept lignes, en majuscules romaines par une main peu exercée

 EN. CESTE. CAPSE. SONT. LES. OS ET CENDRES DV DIGNE. CORPS

 DV. VENEBA. PERE ROBERT DARBRISSELLE INSTITVTEVR ET FONDATEVR

 DE LORDBE DE FONTEVRAVLT. SCELON QVON LES TROVVA EN

SON TOMBEAV QVAND IL FVT LEVÉ ET ÉRIGÉ EN CE LIEV POVR

FAIRE LE GRAND AVTEL PAR LE COMMEDEMENT ET BON SOING

DE DIGNE ABBESSE ET CHEF DV DICT ORDRE MADAME LOYSE DE

BOVRBON LE 5 DOCTOBRE 1622

Le procès-verbal (24), rédigé à celte occasion, raconte en ces termes l'ouverture de la capse « Nous avons ensuite fait ouvrir la capse et nous avons trouvé dans son intérieur une étoffe de soie damassée enveloppant une certaine quantité de poussière et d'os, parmi lesquels nous avons reconnu deux vertèbres presqu'entières et plusieurs fragments de côtes.

Nous avons remarqué aussi plusieurs petites pierres et divers morceaux de tuf qui ont sans doute été recueillis avec les restes du B. Robert d'Arbrissel, quand on les retira de son tombeau pour les renfermer dans cette capse. Mais ce qui nous a le plus frappé, c'est une parcelle d'or intimement unie et faisant corps avec un tissu grossier que nous avons reconnu être de laine brune, ce qui nous fait supposer que c'était une portion des vêtements du B. Robert d'Arbrissel d'autant plus que les Annales de Fontevraud disent qu'il fut enterré avec les vêtements de laine brune qu'il avait coutume de porter (25). »

 

V.

L'Église nomme Saintes Reliques et propose comme telles à la vénération des fidèles, non-seulement tout ce qui reste sur la terre de la dépouille mortelle d'un serviteur de Dieu, saint ou bienheureux, mais encore les objets qui furent à son usage ou que simplement son corps a touchés.

Or les reliques du B. Robert que nous possédons actuellement proviennent de ses ossements, de ses vêtements, de son suaire, de son tombeau et de son coeur. Il faut y ajouter son bâton abbatial en entier.

Lorsque le 12 avril 1860, au nom de Mgr l'évêque d'Angers, j'ouvris la capse du bienheureux (26), j'y trouvai:

1° Une assez grande quantité de cheveux bien conservés, les uns blonds ou d'un roux ardent, les autres tirant sur le noir, plusieurs tachés et agglutinés par la chaux. Une forte mèche de cheveux roux adhérait encore à un fragment de crâne.

2° Des cendres mêlées que je réunis en trois paquets.

3° Des morceaux d'ossements, en grand nombre, tant gros que petits, mais friables, sans forme distincte et roulés, comme un objet souvent ballotté et transporté. Leur conformation ostéologique et leur couleur uniforme, noire, me les ont fait attribuer à un seul et même corps. Quelques-uns portent encore des traces de chaux et semblent calcinés.

4° Une quantité non moins considérable d'ossements petits, blancs, couverts d'un sédiment épais que le séjour prolongé dans un endroit humide ou des infiltrations y ont déposé, comme autant de paillettes qui brillent à la lumière. J'attribue ces fragments à un second personnage.

Ici se présente une difficulté fort grave que j'exposerai franchement, discuterai, puis essaierai de résoudre.

L'inspection de la capse m'a amené à la constatation de deux corps différents. Le B. Robert n'y repose donc pas seul malgré l'affirmation de l'inscription du couvercle qui n'en mentionne pas d'autre.

Quel est donc ce personnage qui partage les honneurs d'une tombe commune, et lui aussi a-t-il droit à nos hommages?

 

 

VI.

L'objection nous est offerte dans toute sa force par le P. Nicquet, qui écrivait, en 1642, c'est-à-dire dix-neuf ans après l'exhumation, que les cendres du Revérendissime Pierre, évêque de Poitiers (27) furent jointes aux cendres du B. Robert dans un petit coffret de plomb. Je laisse parler l'auteur, pour ne pas affaiblir son autorité.

« Le tombeau du B. Robert fut refait en 1623, elabouré d'un exquis et très-agréable artifice, enrichy en divers endroits, sur des pierres de marbre noir, de beaucoup de traicts de l'Ecriture sainte gravés en lettres d'or. On y voit la statue du B. Père en marbre blanc, avec les habits sacerdotaux et le baston pastoral, gisant sur une tombe de marbre noir, sous la cambrure de l'arcade. Quand on ouvrit l'ancien tombeau on trouva des os entiers, lesquels on recueillit avec quantité de cendres, dans un petit coffret de plomb, on y joignit aussi les cendres que l'on trouva dans le sepulchre du Révérendissime Pierre, évesque de Poitiers, lequel pour l'amour qu'il portoit à notre sainct de Fontevraud, avoit voulu estre enterré auprès de luy, le tout enfermé ensemble dans ce coffret, fut mis dans le tombeau (28). »

Il est vrai, on peut opposer à ce texte formel, le témoignage de Cosnier, qui, un an avant le P. Nicquet, faisait ainsi le récit de l'exhumation du B. Robert.

 « Corpus igitur B. Roberti (ut loquitur Baldricus) in condigno sepultum est mausoleo et jacuit usque ad annum M. DC. XXII. quo Reverendissima Domina D. Ludovica de Borbonio Lavedam Abbatissa, statuens magnificum altare ac splendidum extruere et beatissimi Parentis sepulcrum exornare, jussit veterem tumulurn recludi. Inventa sunt autem quaedam ossa, pars bucli pastoralis quae tacta abiit in cineres, annulus et quœdam vetusta Fulchonis Andegaven. moneta, pars slola exserica, quae similiter dilapsa est in cinerem multique insuper pulveres. Omnia haec decenter ac religiose collecta sunt in lancem argenteam, deindè translata in aliud proximum sepulchrnm, quod fuerat Willelmi Pictauorum Episcopi cujus cineres pariter collecti in tumulum B. Roberti depositae sunt (29). »

Du rapprochement de ces deux textes de Nicquet et de Cosnier, pour ainsi dire contemporains du fait en question, que conclure? D'une part, accord sur les objets trouvés dans la tombe du Bienheureux, seulement Cosnier plus explicite ajoute à son énumération un anneau, une monnaie de Foulques d'Anjou et un fragment d'étole.

Cosnier et Nicquet parlent d'une capse qui renferma les ossements trouvés. L'un la dit en plomb, l'autre en argent l'évidence donne raison au Jésuite. Mais ce détail est peu important, parce qu'une erreur sur la matière, sur l'accessoire par conséquent, est facilement admissible.

Nicquet mentionne le tombeau de Pierre de Poitiers comme voisin de celui de Robert. Cosnier au contraire nomme cet évêque Guillaume (30). Il y a certainement présomption en faveur du premier. Cosnier favorise le sentiment de la réunion des deux corps lorsqu'il avance que ce fut le tombeau du bienheureux qui fut chargé de recueillir ce qui restait des deux amis.

Cosnier ne donne donc pas un démenti au P. Nicquet, puisqu'au fond la divergence consiste en deux points, l'un où Cosnier se trompe en nommant Guillaume l'évêque Pierre, l'autre où il ne précise pas si c'est dans la même capse que les deux corps furent réunis. En écrivant le même tombeau, il ne contredit pas suffisamment pour affaiblir, pour infirmer le témoignage si précis du P. Nicquet. D'ailleurs, admettons deux capses dans le même tombeau pourquoi une seule capse nous est-elle présentée aujourd'hui? Si l'on a sauvé l'une, pourquoi pas l'autre, puisque toutes les deux renfermaient des reliques que la dévotion populaire aimait à vénérer? D'où vient que l'administration des prisons, si soigneuse à restituer à l'Eglise ce qui appartenait à l'Eglise, n'a trouvé et rendu qu'une seule capse?

Je sais bien qu'on peut encore m'objecter une note manuscrite que j'ai citée plus haut et qui a d'autant plus de force qu'elle provient de Fontevraud même. Mais à ce texte, d'une authenticité contestable en droit, puisqu'il ne porte ni date, ni signature, j'opposerai un texte non moins formel, parce que les Bollandistes l'ont reçu directement de l'abbesse Louise de Bourbon, à la prière de qui furent insérés dans les Acta sanctorum, les Actes de Robert d'Arbrissel.

Si quelque doute pouvait subsister encore sur le mélange des ossements, je crois qu'il serait dissipé aussitôt par cette déclaration péremptoire « Ob hujus arae fabricam debuit B. Roberti paullo longius tumba submoveri, sub novo itidem posita, perquam affabre claboralo, mausoleo : cujus ad angulos varisae e sacra Scriptura sententiae, nigro in marmore litteris aurcis exornatae : effigies ejus albo è marmore, cultu sacerdotali, in tumba itidem marmorea recubans. Priore tumulo aperto ossa complura integra reperta sunt : quae in arculam plumbeam, cum non exiguâ copia pulveris, in quem cetera erant membra resoluta, itemque pulveribus in sepulchro Petri Pictavensis Episcopi repertis, condita sunt. » Bolland., p 598.

 

VII.

Je poursuis l'examen minutieux des reliques du bienheureux.

Vêtements. Le procès-verbal que je rédigeai lors de l'ouverture de la capse, mentionne expressément :

 1° Des fragments d'une étoffe brune, d'un travail grossier et qui peut avoir été le vêtement ordinaire du bienheureux, celui avec lequel il fut enseveli.

2° Des cordules de soie.

3° Des lambeaux d'un tissu de soie, que la dissolution du corps a teint en brun-marron. Etait-ce une chasuble, un vêtement d'église, ou le suaire primitif ?

4°' Un galon qui me parut destiné à border ce tissu de soie.

Si le mélange des cendres et ossements des deux amis est un fait certain, la confusion des vêtements n'est pas moins probable et il serait difficile, impossible même, d'assigner d'une manière indubitable à chacun celui qui lui appartint. Toutefois, l'attribution du n° 1 est fondée sur l'histoire aussi bien que sur les arguments les plus plausibles de convenance.

Suaire. En 1622, l'abbesse Louise de Bourbon enveloppa les ossements et les cendres dans un suaire de damas de soie jaune, dont je n'ai plus retrouvé que des lambeaux.

Néanmoins, pour permettre aux archéologues d'étudier à fond cette question, avant de faire sceller la capse par un plombier et d'y apposer le sceau épiscopal, j'eus soin d'extraire quelques échantillons de chacune des étoffes qu'elle contenait, suaire et vêtements, et de les déposer sous verre au Musée ecclésiologique du diocèse.

Tombeau. Quand le corps fut levé de terre, on ramassa, non-seulement ce qui l'avait composé, mais encore et par respect, le bois dans lequel il avait été renfermé et les pierres auxquelles il avait touché immédiatement. Aussi le procès-verbal du 12 avril contient-il cet article, sous le n° 10 « Scories noirâtres, mêlées de chaux. Terre noirâtre, calcinée. Eclats de bois. Morceaux de tuf ou de craie, réduits à l'état de globules. » Toutes parcelles dont je n'ai pas cru inutile de faire profiter en partie le Musée diocésain.

 

VIII.

Le cœur du B. Robert fut primitivement déposé dans l'église d'Orsan (31). Ce fait est établi d'une manière incontestable par le P. Nicquet et par Cosnier, dont voici des extraits, car je me tais volontiers, quand je puis laisser la parole aux auteurs qui ont toute autorité pour être crus.

« Cor tanti viri obtinuit conventus de Ursano, et ibi honorifica inclusum est pyramide, et continua pietate excultum; ita ut ara quae proxima esset,appellata fuerit usque in hodiernum diem Ara Sancti Cordis, multaque patrata fuerint miracula, etiamnum nostris diebus, quorum testimonia quaedam habemus, caetera vero negligentia saeculorum involvit silentio (32). »

« II (l'archevêque de Bourges) retint à Orsan, avant que de partir, le coeur de ce sien amy, et serviteur de Dieu; cette précieuse relique fut mise en une petite pyramide de pierre de la hauteur de trois pieds environ, que l'on voit encore à présent proche du grand autel, contre la muraille de l'église, du costé de l'évangile. Or cette pyramide n'est pas en son entier, un grand esclat en a esté osté dès l'an mil cinq cens soixante et dix, pendant les désordres des guerres de la Religion.

Le soldat de l'armée du duc des Deux-Ponts, qui entreprit de la rompre, après y avoir donné quelques coups, devint aveugle, quelques-uns ajoutent, que son bras demeura immobile…… Le soldat aveugle commence à ouvrir les yeux pour reconnoistre le péché qui l'avait aveuglé….. voue et accomplit au mesme lieu une neufvaine désireux d'essuyer l'outrage qu'il avoit fait au sainct. Il eut, au recouvrement de sa veuë, au bout des neuf jours, un effet d'une faveur du ciel (33). »

« De tout temps les processions se font à la Pentecôte à l'autel du Saint-Coeur, en l'église d'Orsan et ce cœur du serviteur de Dieu, n'a jamais eu autre nom que de saint Cœur (34). »

A ma demande, Mgr l'évêque d'Angers voulut bien s'enquérir du sort de cette précieuse relique. Sa Grandeur reçut en réponse la lettre suivante que daigna lui adresser S. E. le cardinal du Pont, archevêque de Bourges.

Bourges, le 26 février 1859.

» Monseigneur,

» Par votre lettre du 7 janvier dernier, vous m'avez fait l'honneur de me demander des renseignements ayant pour objet de savoir ce qu'était devenu le cœur du B. Robert d'Arbrissel, qui se conservait autrefois à Orsan, et tout ce qui pouvait se rattachera cette précieuse relique.

Je me suis empressé, Monseigneur, de faire faire des recherches à ce sujet. Mais malheureusement ces recherches ont été sans résultat. Il est même fort douteux, que le cœur du bienheureux fût encore à Orsan au moment de la révolution. Un digne ecclésiastique qui a beaucoup connu une ancienne religieuse de ce couvent, m'a dit qu'elle lui avait souvent parlé des reliques conservées dans la maison, sans avoir jamais nommé une si précieuse relique, ce qu'elle eût fait, selon toute apparence, si Orsan avait toujours possédé ce trésor. Je regrette vivement de ne pouvoir vous transmettre une réponse plus satisfaisante. »

 Agréez, je vous prie, l'hommage du respect et du dévouement avec lesquels je suis,

Monseigneur,

Votre très-humble et très-dévoué serviteur,

- CÉLESTIN, CARD.  DU PONT archevêque de Bourges (35). »

Si le cœur n'est plus à Orsan, n'y était même pas à l'époque de la révolution, tout n'est pas perdu néanmoins, car la cassette restituée aux Fontevristes de Chemillé et qui porte une inscription nommant la relique, contient une partie du vrai cœur du bienheureux.

Cette cassette, reproduite en dessin par le Répertoire archéologique de l'Anjou, 1860, n° de juillet, est en cuivre argenté, travaillé au repoussé. La forme ne manque pas d'élégance et rappelle parfaitement le style du XVIIe siècle. La boîte oblongue, supportée par quatre pieds en boule, est surmontée d'un toit aigu que couronne une croix et qu'accompagnent à sa base quatre vases tournés. Sur chacune des quatre pentes de ce toit est figuré un cœur enflammé qu'abrite une accolade armortie en fleur de lis.

La face principale de la boite porte, au milieu de rinceaux fleurdelisés et sur une tablette allongée, ces simples mots gravés et séparés par des étoiles :

COR • B • ROBERTI

Le revers est égayé par des rinceaux et des fleurs de lis. Le couvercle adhère par des charnières a la boite, qui est divisée ou plutôt close par une plaque de métal, dans laquelle deux trous circulaires ont été pratiqués pour recevoir deux fioles de cristal (36), dont le contenu poussiéreux est dénommé par une étiquette en parchemin où on lit en lettres noires, précédées d'initiales rouges

Cor B

ROBERTI

D'autres étiquettes, également en parchemin, authentiquent cette relique, dont elles fixent la translation à Fontevraud, au premier octobre 1646.

Tel est le texte de ces étiquettes, qui désignent trois sortes de reliques du cœur du bienheureux, des boites qui renfermaient ce cœur et du doigt de l'archevêque Léger.

« De la boëte de bois qui renfermoit lad. boëte d'yvoire et ledit coeur. De la boëte d'yvoire qui renfermoit immédiatement le cœur du B. II. (37) ROBERT, et qui se réduisit en morceaux. »

« Du cœur du B. H. ROBERT. – De la boëte d'yvoire où estoit ce cœur. De la boête de bois qui renfermoit l'un et l'autre. Du doigt de Leger, arch. de Bourges. »

« Le cœur du B. H. Robert fut translaté d'une partie de l'église d'Orsan, en un autre lieu, par le P. Jean Lardier, 1er visiteur de la province d'Auvergne, et en a réservé la portion qui est en cette boëte qui est un peu meslée de la poudre de la boëte de bois qui y tomba. Ledit P. Jean Lardier a faict enchâsser ce cœur dans ce grand vase en memoire d'une griefve maladie ou il fut dix jours en extremité et pour son subject mad. Jeanne Baptiste de Bourbon et la compagnie de Font-Evraud le voua au B. H. Robert et receut guarison. La translation dud. cœur fut faicte le 1er oct. .646. »

« Dans l'acte est escript et signé dans la page 185, du livre de la visite d'Auvergne marqué sur le dos K. F. F. en la 1 fenestre des chartres de Font-Evr. »

 

IX.

Les religieuses Fontevristes de Chemillé possèdent un bâton abbatial qu'elles vénèrent comme relique du bienheureux Robert (38).

Ce bâton, haut d'un mètre 45 centimètres, est en bois de chêne arrondi et diminué vers sa pointe, qu'arme une garniture en cuivre taillée à pans et divisée par deux boules d'inégale grosseur.

La partie supérieure, beaucoup plus ornementée, se compose de trois morceaux de cristal de roche (39), retenus par des viroles de cuivre ciselé et enfilées dans une tige également en cuivre, serrée au sommet par un bouton qu'orne une pierre violette. Or ces trois morceaux se superposent ainsi une boule formant nœud, un cristal oblong prolongeant le manche, et une traverse en olive fixée par des palmettes de cuivre el dessinant le Tau ou potence.

Tel était à cette époque le bâton abbatial, qui par sa forme différait de la crosse épiscopale contournée en volute.

Je n'ai point à insister sur un détail archéologique, fort connu et déjà savamment élucidé par les Annales Archéologiques de M. Didron (40), les Mélanges d'archéologie du P. Martin (41), et le Bulletin dit Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France (42). Je tiens seulement à en préciser l'attribution.

Le style est conforme de tout point à l'époque du bienheureux et accuse la fin du XIe ou le commencement du XIIe siècle.

Mais là n'est pas la difficulté. Je veux seulement savoir et par conséquent rechercher quand Robert d'Arbrissel se servit de ce bâton, bien certainement bâton abbatial.

Ce ne dut pas et ce ne put pas être à Fontevraud puisqu'il n'en fut jamais abbé, la juridiction spirituelle ayant été dévolue entièrement et sans réserve, par le fondateur lui-même, à la seule abbesse.

Je ne m'arrête point à discuter si ce bâton fut celui de Pétronille de Chemillé, parce que j'admets la tradition qui n'est sous aucun rapport invraisemblable. Mais je crois qu'il faut remonter dans l'histoire plus haut que la fondation de Fontevraud, et ne pas craindre d'affirmer que ce bâton servit à Robert d'Arbrissel pendant son abbatiat à la Roë.

Or Robert fut le premier abbé de la Roë, abbaye fondée au diocèse d'Angers, en 1093, et confirmée en 1096. Une charte de l'abbaye le nomme « Dominus Robertus de Abrissel, primus Pater congregationis de Rota. » Cosnier, page 21.

Une autre charte, d'une date postérieure, n'est pas moins explicite « Nullus hominuin derogare audeat operi misericordise, quod fecit olim Dominus Robertus de Arbrisel primus Frater et Pater vestrae congregationis (43). »

 

 

 X.

J'aborde maintenant la question liturgique et je vais essayer de produire quelques témoignages en faveur du culte public.

Trois documents me sont fournis par les manuscrits provenant de l'abbaye de Fontevraud et qui sont actuellement entre les mains des Fontevristes de Chemillé.

Le premier est un Coutumier rédigé sous l'abbatiat de Mmc de Rochechouart (44) et remis en ordre par Mme d'Antin, en 1775.

La fête du bienheureux y est ainsi réglée, avec un cérémonial particulier.

« VIGILE DE St MATHIAS.

» Le jour de cette vigile, on dit la messe comme il est dit aux vigiles d'apôtres. Si elle se rencontre en carême, on n'en fait rien.

» Ce jour là, on commence la neuvaine du bienheureux S. Robert: on dit une messe, à six heures du matin.

» Après l'eau bénite de vêpres, on commence le salut par le Te Deum et l'hymne Cingebant pariter, et, s'il y a mandatum (45), il se fait avant le salut. Toutes les cloches doivent sonner.

» Si c'est en carême, il commence à quatre heures et, s'il y a vigiles, c'est à quatre heures trois quarts, et quand il y a mandatum, à cinq heures un quart, ensuite on fait le mandatum et de là on va à la collation qui doit sonner à l'ordinaire.

» Le jour de la fête du bienheureux Robert (46), on fait l'exposition du St. Sacrement, à six heures du matin on sonne la grosse cloche à cinq heures et demie.

 » Après la bénédiction, on commence la messe et l'exposition; si c'est dans le carême, on dit prime, sitôt que la communion est donnée, en cas qu'il y ait vêpres le matin. Il est fête ce jour là et le père sacristain ne souffre point qu'on travaille dans l'abbaye, non plus que le jour de S. Benoît et de la Visitation.

» Il y a migravit à prime; il faut aclocher (47) aux versets pour faire sonner les grosses cloches. C'est l'armoire qui doit le chanter. La Communauté est debout pendant qu'il se chante. Etant fini on fait une petite pose. La supérieure frappe, puis on s'assied pendant la Calende et on fait cesser la grosse cloche.

» En carême, on dit prime, tierce, la grand'messe de S. Mathias et sexte; il n'y a point de procession du saint. La messe de prime se dit pendant les offices. » On sonne le premier coup à neuf heures et un quart, on dit none, ensuite on fait la procession dans les cloîtres, on y chante l'hymne et le répons de la Ste Trinité, à la fin duquel la chantre prend le répons Da mihi, il se trouve à la fin du processionnal, à l'action de grâces.

» On y porte le bâton miraculeux de notre bienheureux Père, tout le petit couvent (48) doit s'y trouver; au retour, madame chante l'oraison et elle prend la grand'messe qui est de la Ste Trinité.

» On sonne vêpres à l'évangile.

» Si c'est en carême, on sonne le sermon à trois heures, ensuite le salut, on y chante ce que madame a ordonné après le Monstrate, la chantre entonne Dixit Dominus matri suoe après la bénédiction on chante le Te Deum, le prêtre dit à la fin le verset Benedicamus patrem et l'oraison de la Ste Trinité.

 » Hors le carême, on commence à sept heures prime, tierce, la grand'messe, sexte on ne fait point la procession du saint.

» A neuf heures et demie, on sonne la procession; le reste se fait comme ci-dessus.

» Tous les jours de l'octave, on dit une messe à six heures et on a permission d'y communier.

» Le jour que nos pères chantent la messe du S. Esprit (49), si c'est en carême, l'office se dit de suite la messe de prime se dit pendant les offices, on sonne vêpres à dix heures et demie.

» Hors le carême, on prend un jour de jeûne, afin d'avoir assez d'espace pour chanter l'office qui ne se dérange point.

» Si S. Robert arrive un dimanche de carème, il est remis avec la fête de S. Mathias au lundi, avec les indulgences. »

Le second document est l'hymne de S. Robert, que mentionne le Coutumier. Je la transcris sur un manuscrit du XVIIIe siècle, contenant les prières de la Neuvaine et d'autres prières à l'usage des religieuses (50).

 

HYMNE DE SAINT ROBERT.

Cingebant pariter

Purpuream crucem

Jesus Virgo parens

Chorus et assecla

Ambos cum moriens

Spectat et alterum

Commendat pius alteri

 

II

Matri discipulum

Filius obsequens

Prole substituit.

Mox studio pari

Matrem discipulo

Vindicat et novo

Firmat fœdera vinculo.

 

 

III.

Hoc, Roberte pater,

Fœdus in ipsum

Dum quos eximiis

Legibus erudis

Hanc utramque jubes,

Reddere moribus

Nec non obsequius vicem

 

IV.

Nunc ô posce tuis

Posce sequacibus,

Duplex ut tuus his

Spiritus haereat,

Nunquam dissocient

Odia quos amor

Tantus copulat invicem

 v.

Fac hostis superent

Tela nequissimi.

In vitae variis

Sordibus adjuva.

Sacrae fac pretio

Mortis ad ultimum

Cœli praemia comparent.

 VI

Francorum super haec

Lilia protege,

Devota quae alias

Gentis heu malam

Sortem commiserans

Finibus Anglicis

Fac exors redeat fides

 

VII

Jesus, sit tibi laus

In cruce virginum

Amborum médius,

Qui medius Patris

Verbum cuncta creans

Atque paracliti

Regnans saecla per omnia. Amen.

Ora pro nobis, sancte Roberte.

Ut digni effîciamur promissionibus Christi.

OREMUS.

Beati Roberti confessoris tui quesumus, Domine, salutaribus institutis eruditi fac nos eodem interveniente in eam filii tui Domini nostri Jesu Christi partem venire cujus nos aemulatores esse prestitisti. Per eumdem Dominum.

Le troisième document est une consultation de la Sorbonne, relative à l'indulgence plénière (51) que gagnaient les religieuses, le jour où elles fêtaient saint Mathias.

Je dis saint Mathias, et non pas saint Robert, parce que c'est un principe de droit que l'on n'accorde pas d'indulgences à l'occasion de saints non- inscrits dans le martyrologe romain ou non canonisés (52).

« Il a été décidé en Sorbonne par Messieurs du conseil de conscience, en 1782, sur le vu du bref d'indulgence plénière accordé, à tout l'Ordre de Fontevrault, le jour de saint Mathias, qui arrive, suivant le calendrier romain, le 24 février, que si cette fête est transférée au jour suivant non empêché, soit parce qu'elle arrive les dimanches de la Sexagésime, Quinquagésime, Quadragésime, ou jour des Cendres, les dites indulgences, suivant les termes exprimés dans le dit bref, ne sont pas attachées au jour où tombe, suivant le calendrier, la fête de saint Mathias, mais au jour où on fête et fait l'office dudit saint en l'honneur duquel elles ont été demandées et obtenues; et que c'est aussi en ce jour qu'on doit exposer le Saint-Sacrement, si on est dans l'usage. »

 

XI.

Le Coutumier vient de parler du Migravit ou nécrologe de l'abbaye de Fontevraud, qui se lisait à prime. J'ai voulu le consulter à la Bibliothèque impériale, pour pouvoir le citer.

Il est remarquable que le nom de Robert d'Arbrissel n'y soit pas précédé de la qualification de bienheureux ou de saint. Or ce nécrologe date du XIVe siècle, selon la suscription qui est en tête:

« L'an de grâce 1395 fist Janne Gautère relig. du Moustier de Fontebrauld, escripre ceste kalende ad loneur de Dieu et de la Vierge Marie à l'usage dudit moustier et convent, et pour faire chacun an son anniversaire et cousta ladite kalende le pris de seze frans et demy (53). »

Telle est la note du Migravit qui concerne Robert d'Arbrissel

« Février

» Le 23 Nostre très Rd P. Me Robert de Arbrincelles fondateur de l'Ordre de Fontevr. vigiles les Repons comme le jour des Morts et 2 jours en suivi vigiles à 3 leçons (54). »

Gaignières a fait copier deux autres Migravit. Le premier, qui est celui de S. Lazare, quoique très-long, n'a même pas une mention pour Robert d'Arbrissel.

 Le second, qui appartenait à l'abbaye de Fontaines, parle du père, de la mère, de la nièce du fondateur, de la première abbesse instituée par lui, mais se tait complétement sur Robert lui-même.

« Februarius. 3° nonas. Orvendis Mater Domini nostri Roberti patris nostri. » « Januarius. XVI. Kal. febr. Fulcodius pater Domini Roberti patris nostri. « Aprilis. 8 Kal. maii. Domina Petronilla incomparabilis et inrecuperabilis mater nostra à Domino magistro nostro Roberto Ecclesie Fontisebraudi prima constituta abbatissa. »

« Martius. Rien de Robert. 2°. nonas Ennargand monaca nepta Domini Roberti patris nostri, »

XII.

Les calendriers des livres liturgiques de Fontevraud sont devenus de véritables obituaires, depuis qu'ils se sont enrichis, au jour de leur décès, de la nomenclature des principaux personnages, fondateurs ou bienfaiteurs de l'abbaye.

En 1513 et 1526 (55), la mort de Robert est ainsi enregistrée « VI Kal. mart. Matthie Apostoli. Duplex. Obitus Reverendi patris magistri Roberti de Abrynscello nostri ordinis institutoris. »

En 1527, 1544, 1545 et 1595 (56), cette simple mention a disparu pour ne reparaître qu'en 1606, sous cette forme analogue, au jour de saint Mathias « Obitus Reverendi Patris magistri Roberti de Arbrynscello nostri ordinis institutoris. »

En 1581, même silence dans le beau manuscrit, couvert d'émaux, que possède l'église de Saint-Rémy à Reims (57).

Le P. Sirmond, qui a rapporté la Chronique de Saint-Aubin, ne nous apprend rien de plus quant au culte public, dans cette phrase purement historique

 « Anno MCXVI. Obiit Robertus de Arbrissellis, V. Kal. Martii. Iste fuit fundator monasterii Fontis Ebraldi. »

 

XIII.

Du Saussay a donné une place à Robert d'Arbrissel parmi les corollaires de son Martyrologium Gallicanum, ainsi que l'abbé Chastelain dans son Martyrologe universel, mais ce dernier semble le considérer simplement comme un pieux personnage puisqu'il n'ose même pas le décorer du titre de bienheureux, que lui accorde du Saussay.

Voici ce qu'il en dit, au tome I, page 97 (Paris, 1709):

«  1116. A Orsan en Berry, le décès du vénérable Robert d'Arbrisselles, prêtre, fondateur de l'abbaye de la Roë, près de Craon en Anjou, sous la règle de saint Augustin, et instituteur de l'ordre de Fontevrauld, sous celle de saint Benoist. Ursani. R. de Arbusticellis. Mort le jour de saint Mathias en bissexte. Rota. Credo, onis. 0. Fontebraldensis. »

 

XIV.

« Es anciennes litanies de l'Ordre, après l'invocation de saint Benoist, on adjoustoit Sancte Roberte magister bone, ora pro nobis, et ceste mesme prière estoit autrefois commune en la bouche du peuple, ès quartiers de Berry et de Poictou depositaires de ses sacrées reliques (58). »

« Mais l'on rendit bien dans la suite d'autres honneurs à nostre saint (Robert d'Arbrissel), car comme l'estime de sa sainteté s'accrut toujours de plus en plus, l'on mit son nom dans les litanies de l'ordre après celuy de saint Benoist, et dans les calendriers du Missel et du Breviaire, afin qu'on en fist mémoire tous les ans au jour de son decez (59). »

Nicquet, qu'on vient d'entendre, écrivait en ̃1642. Or, malgré ses affirmations, je puis avec plus de certitude, contester son autorité, car, dans aucun livre liturgique des XVIe et XVIIe siècles, jusqu'à la fin du siècle dernier, je n'ai vu saint Robert figurer ni après saint Benoît, ni ailleurs, dans les litanies de l'Ordre, et si son nom est inscrit dans les calendriers du Missel et du Bréviaire, ce n'était pas afin qu'on en fist mémoire comme d'un saint qu'on glorifie et qu'on intercède, mais plutôt comme d'un personnage qui peut encore avoir besoin de prières et pour l'âme duquel on offre le saint sacrifice.

 

XV.

Dès le XIVe siècle, le non-culte est incontestable, ainsi qu'on peut s'en convaincre par le Migravit de 1895 qui ordonnait de réciter, pour l'anniversaire de Robert d'Arbrissel, les vigiles des morts pendant trois jours consécutifs, la veille, le jour et le lendemain du décès.

 Le Missel, publié par les soins de l'abbesse Eléonore de Bourbon, en 1606, est plus explicite encore, car il contient une rubrique qui prescrit que, tous les mardis de l'année, une messe de Requiem, soit célébrée, le matin, à l'issue de Matines, pour le Révérendissime instituteur de Fontevraud. Je cite textuellement la rubrique

« Singulis diebus super hebdomadam, si non sit missa propria alicujus festivitatis, aut sicut dictum est supra…. missa rnatutinalis celebretur pro defunctis REQUIEM ut sequitur…. (60).

» Feria tertia, pro Reverendissimo institutore nostro. Oratio. Beati Apostoli. Episto. Ecce myslerium vobis dico. Evangelium. Ego sum panis vivus. »

Voici cette oraison, qui est celle que l'on dit pour un prêtre défunt, pro sacerdote:

« Beati Apostoli tui Pétri, quaesumus, Domine, intercessione nos protege et animam famuli tui sacerdotis sanctorum tuorum junge consortiis. •

La rubrique de l'épître s'exprime ainsi

« Feria iij. Pro reverendissimo patre institutore nostro seu sacerdotibus epistola sequens dicitur ad Corinthios, 1. 15(61). »

 

XVI.

Plusieurs attributs caractérisent, en iconographie, le bienheureux Robert. Ce sont :

L'Esprit-Saint, qui, sous la forme d'une colombe, l'inspire dans ses prédications; le surplis, couvert du camail, qu'il porte comme missionnaire apostolique la chasuble, dont il est revêtu, parce qu'il fut prêtre; l'anneau, la mitre et le bâton, qui symbolisent la dignité abbatiale.

Nous avons du bienheureux quelques représentations peintes ou gravées, qu'il importe de ne pas négliger dans ce travail spécial.

La première gravure date de 1667 et accompagne l'ouvrage de Pavillon. Elle est signée Vallet sculp. La lettre porte « Le vénérable serviteur de Dieu Robert d'Arbrissel, instituteur de l'ordre de Fontevrauld. »

Robert est agenouillé devant un crucifix, planté sur un rocher, d'où sort une fontaine, et qui lui dit: « Inspice et fac secundum exemplar quod tibi in monte monstratum est (62). «   Le Christ s'adresse également à Marie qu'il confie à saint Jean « Ecce filius tuus (63), » et à l'apôtre qu'il donne pour fils à la Vierge « Ecce mater tua (64). »

Aucun des trois personnages n'est nimbé le Christ seul a la tête rayonnante. Robert se distingue par ses cheveux rasés et coupés en couronne, le costume monastique, le chapelet (65) au côté et les mains étendues. Au commencement des dissertations du P. de la Mainferme, figure la même gravure, mais réduite et différenciée, seulement en ce que l'artiste y a ajouté un scapulaire court, des rayons autour de la tête, une mitre et une crosse couchées à terre. On lit à la lettre « B. Robert d'Arbrissel, instituteur de l'ordre de Font-Evrauld. »

Cette gravure date de 1682, et la suivante de 1648, époque à laquelle elle fut chargée d'illustrer le livre du Fr. Sébastien Ganot.

Robert prêche, dans la forêt de Craon, devant une foule considérable d'hommes et de femmes qui l'écoutent attentivement. Il est vêtu du surplis bordé de dentelles et du camail auquel pend un scapulaire fort court. Une colombe qui voltige à ses côtés, lui souffle à l'oreille les choses qu'il doit dire.

La légende, empruntée à Baldric, explique la présence de cette colombe, qui symbolise son éloquence persuasive et entrainante, ainsi que l'Esprit de Dieu dont il est rempli. « Intellexit Vrbanus PP. II quod Spiritus Sanctus os ejus aperuerit. Baldr. in vita B. Robertj. » La gravure est signée :  J. Seguenot. fecit. » et intitulée « S. Robertus de Arbrissello fvndator ordinis fontis-ebraldi concionator apostolieus. »

Les deux tableaux sur toile qui ornent l'intérieur du monastère des Fontevristes de Chemillé, ne remontent pas au-delà du XVIIe siècle et proviennent de l'ancienne abbaye.

Le premier, d'un style remarquable, représente une crucifixion (66). La Madeleine baise les pieds du Sauveur, qui parle à sa mère et lui recommande saint Jean :  mvlier filivs ivvs. Marie présente à son Fils l'abbesse Pétronille ce doit être le portrait de l'abbesse qui a fait exécuter le tableau agenouillée, les mains jointes, l'anneau à l'annulaire de la droite et la crosse tournée en dedans et appuyée sur son épaule. Vis-à-vis, saint Jean, à qui Jésus dit Ecce mater tva, sert de protecteur au bienheureux Robert, agenouillé, barbu, âgé d'environ quarante ans, vêtu de noir et priant les mains jointes. A ses pieds est un bourdon de prieur, que surmonte une statuette de saint Jean abritée par un dais. Aucun des personnages figurés sur ce tableau n'est nimbé.

Je serais porté à croire que le deuxième tableau fut peint pour accompagner, en 1646, le cœur du Bienheureux qui, sans doute, plus d'une fois et sur un autel particulier, fut exposé à la vénération publique.

Au ciel, Dieu le père, nimbé d'un nimbe triangulaire et entouré d'anges qui l'adorent, regarde avec amour le cœur de son Fils bien-aimé, au-dessus duquel plane la colombe divine. De ce cœur percé et saignant, jaillissent des flammes que domine la croix; il est ceint d'une couronne d'épines et placé sur un autel dont le parement rouge est brodé d'un cœur. Sur l'autel, garni d'une nappe pendante, sont rangés une croix, deux anges adorateurs, un tabernacle de bois doré et sur le gradin six chandeliers d'inégale hauteur. A la droite de l'autel et à genoux, mains jointes, prie, suivie de ses religieuses, Marie Magdeleine Gabrielle de Rochechouart, qui fut abbesse de 1660 à 1704 (67).

Près d'elle repose sa crosse abbatiale et son écusson, qui se blasonne Fascé, ondé, endenté d'argent et de gueules de six piéces (68), abaissé sous le chef de l'ordre, qui est de gueules, à deux clefs en sautoir, l'une d'or, l'autre d'argent et une Vierge, également d'or, sur le tout (69). Couronne de marquis.

Au côté gauche, et suivi de ses religieux, Robert agenouillé offre à Dieu son cœur enflammé de l'amour céleste. Il est nimbé, habillé en robe noire, surplis à dentelles, camail à capuchon terminé en pointe sur les épaules et en manière de scapulaire par devant. A terre et à ses pieds est un bourdon ou bâton prioral, surmonté d'une statuette de saint Jean (70).

XVII.

Oettinger, dans sa Bibliographie biographique universelle (Bruxelles, 1854), consacre un article en treize numéros aux ouvrages qui parlent de Robert d'Arbrissel.

Je tâcherai d'être plus complet, car pour quiconque étudie sérieusement, il importe d'être parfaitement renseigné sur tous les ouvrages à consulter (71).

1° Pelletier (Laurent). « Légende de Robert d'Arbrisselles, avec le catalogue des abbesses de Fontevrault. » Angers, 1586, in-4°. (Bibl. d'Oettinger.)

2° « Baston de déffence, et mirover des professevrs de la vie régvliére de l'abbaye et ordre de Fontevrault » (par le F. Yues Magistri de Laual). Angers, 1586, pet. in-4, vél. Cet opuscule faisait partie de la bibliothèque de Mer Guillon, évêque du Maroc.

3° « Fontis Ebraldi exordium complectens opuscuila duo cum notationibus de vita B. Roberti de Arbresello, Fontebraldensis ordinis institutoris et quaestionibus aliquot de potestate et studio abbalissae, studio et operâ Michaëlis Cosnier, sacerdotis Pictavensis, in eodem loco parochi. » Flexiae, G. Griveau, 1641, petit in-4° de 317 pages. (Bibl. de l'évêché d'Angers.)

4° « Histoire de l'Ordre de Fontevraud. » Paris, Michel Soly, 1642, in-8° de 547 pages, avec une table. Signé à la dédicace « Honorat Nicquet, de la Compagnie de Jésus. » (Bibl. des Fonlevr. de Chemillé.)

5° Autre édition de Nicquet, Paris, 1646. (Bibl. d'Oettinger.)

6° Traduction en français de l'ouvrage de Cosnier, par Jean Chevalier. La Flèche, 1647, in-8° (Bibl, d'Oettinger.)

7° « La vie du Bien-heureux Robert d'Arbrissel, fondateur de l'ordre de Fontevrauld. La Flèche, G. Griveau, 1648, petit in-8°, signé à la dédicace à la Reine régente: « F. Sebastien Ganot, de l'ordre de Fontevrauld, » avec une planche gravée. Cet ouvrage contient en 384 pages 1° la vie du B. Robert par Baldric, évêque de Dol, lat. et fr. (1); 2° les dernières années et la mort du Bienheureux, par Fr. André, de l'ordre de Fontevraud, latin et français; 3° Les Maximes de la vie spirituelle tirées de la vie, de l'esprit et de la conduite du B. Robert. ». 49 pages. (Bibl. des Fonlev. de Chemillé.)

8° « La gloire ou les éminentes vertus du bienheureux Robert d'Arbrissel, fondateur de l'ordre de Fontevrault. » La Flèche, G. Griveau, 1648, petit in-8° de 476 pages. Ouvrage anonyme de Fr. S. Ganot. (Rare.) (Bibl. des Fontevr. de Chemillé.)

9° Raynaudi, S. J. « Trias fortium David Rob. de Arbrissello; S. Bernardus; Caesar de Bus. t Lugduni, 1657, in-4°.

10° Bollandistes. Acta sanctorum, Februar. t. III, 1658, p. 593-616 (73). On y trouve reproduites les vies de Robert par Baldric, d'après les deux éditions de La Flèche (1640 et 1647), et par Fr. André, le tout augmenté d'une introduction et de notes.

11° « La vie du bien-heureux Robert d'Arbrissel, patriarche des solitaires de la France, et instituteur de l'ordre de Font-Evraud, divisée en deux parties et justifiée par titres rares, tirez de divers monastères de France, d'Espagne et d'Angleterre. » Paris, François Coustelier. Saumur, François Ernou, 1666, in-4° de 634 pages. Signé à la fin de l'épître dédicatoire « B. Pavillon. » (Bibl. de la ville de Poitiers.)

12° Giry (François). « Beati Roberti Arbrissellensis, ordinis Fontebraldensis conditoris, vita, transitus, epitome vitae, elogia et miracula, » Rothomagi, L. Maurry, 1668, in-8» de 224 pages. (BibI. de l'Arsenal, à Paris.)

13° « Dissertationes in epistolam contra B. Robertum de Arbrissello ordinis Font-Ebraldensis fundatorem et doctorem theologum Parisiensem, scelerate confictam à Roscelino haeretico sub nomine Goffridi Vindocinensis abbatis, tomo autem decimo quinto magnae Patrum Bibtiothecae inconsulte relatam. » Salmurii, F. Ernou, 1682, in-8» de 168 pages. Ouvrage du P. de la Mainferme. (Bibl. des Fontevr. de Chemillé.)

14» Brevis confulatio epistolae a Roscelino haeretico in B. Robertum de Arbrissello, nequiter confectse sub nomine Goffridi Vindocinensis  abbatis. Salmuri, Ernou, 1682,in-8° de, 23 pages, avec une planche gravée. (BibL de l'Arsenal, À Paris,)

15° De la Mainferme (R.P.):« Clypeus nascentis Fontebraldensis ordinis. contra prisco et noyos ejus calumniatores,  Paris, 1684, 3 vol.in-80, (Sibl.de la ville de Poitiers.)

16 Troisième édition du P. Nicquet, Angers, 1686.

17° Nouvelle édition du P. de la Mainferme, 1692

18° « Dissertation-apologétique pour le bienheureux Robert d'Arbrisselles, fondateur de l'ordre de Font-Evraud sur ce qu'en a dit .Mrs Bayle dans son Dictionnaire historique et critique, » Anvers, H. Desbordes, 1701, in-12 de 316 pages, suivi des « Eclaircissements, notes, critiques ou additions. » 1702, in-12 de 94 pages. Cet ouvrage est du P. de Soris. (Bibl. des Fontevr. de Chemillé.)

19. «  Le Bienheureux Robert d'Arbrissel, » apud Dom Lobineau : Les vies des saints de Bretagne. Rennes, ̃1724, p 213-218, au 25 février.

20. Rousset « Panégyrique du bienheureux Robert d'Arbrissel. » Paris, 1767, in-8». {Bibl. d'Oettinger.)

 21. « Robert d'Arbrissel, ou l'institut de l'ordre de Fontevraud, poëme en douze chants. » Paris, 1779, aux armes de l'abbesse Pardaillan d'Antin, in-8° de 412 pages. (BM. des Fontevr. de Chemillé.)

22. « Essai historique sur Robert d'Arbrissel, fondateur de l'ordre de Fontevraut, par M. de Feydel. » London, 1788, in-8° de, 45 pages. (Bibl. impériale à Paris.)

23. Talbot (Eugène) « Etudes historiques sur la révocation de l'édit de Nantes et sur Robert d'Arbrissel, fondateur de l'ordre de Fontevrault. » Angers, 1846, in-8°.

24 Note de M. de Petigny sur une statue de Robert d'Arbrissel; avec une planche, apud Bulletin du comité historique, 1855-1856, p. 243-247. Cl

 25. « Attribution à Robert d'Arbrissel (ou Arbrisselles) d'une statue en pierre conservée dans l'église de Méobec (Indre), par M. de la Villegille. » 8 pages, apud « Le compte-rendu des travaux de la Société du Berry, à Paris. t Paris, 1860, in-8«.

26. Godard-Faultrier « Commune de Fontevrault. L'abbaye et Robert d'Arbrissel, » apud « Répertoire archéologique de l'Anjou. » 1861, p. 193-223.

XVIII.

Robert d'Arbrissel, selon l'usage reçu, fut proclamé bienheureux par la voix publique, et déjà il était en possession de ce titre depuis trente-six ans, lorsqu'eut lieu en France la canonisation de S. Gauthier de Pontoise, qui fut faite par l'archevêque de Rouen, et que l'on cite comme le dernier exemple de ces sortes de canonisations locales (1153) (74).

En effet, Alexandre III (1159-1181) par le chapitre Audivimus, de Reliq. et venerat. sanctorum réserva à l'avenir au Saint-Siège le droit de prononcer sur le titre qu'il convient de décerner aux serviteurs de Dieu qui opèrent des miracles.

Le 13 mars 1625 et le 5 juillet 1634, Urbain VIII promulgua de nouveaux décrets, qui n'eurent pas d'effet rétroactif et exceptèrent les saints ou bienheureux honorés comme tels depuis un temps immémorial.

Robert d’Arbrissel qui fut classé dans cette catégorie, avait donc, pour une recognition authentique, besoin de fournir les preuves à l'appui de la tradition. Aussi; voyons-nous, dès 1645, l'abbesse Jeanne-Baptiste de Bourbon, unie au chapitre-de Candes (75), supplier le Saint-Père de daigner accorder à son ordre la faveur de célébrer la messe et de dire l'office propre du saint fondateur (76)

La reine d’Angleterre intervient également dans cette affaire et fait présenter une supplice dont les Bollandistes ont extrait cette phrase qui résume la demande :

 « Quare cum omni humilitate supplex peto ut per Sanctitatem Vestram liceat in ordine Fontis Ebraldi officium dicere et celebrare  missam de V. P. Roberto ejusdem ordinis fundatore (77)

Le roi de France lui-même écrit au Pape Innocent X et recommande le succès de la négociation à son ambassadeur près le S. Siège (78)

Tout marchait si bien que la solution désirée paraissait fort prochaine, et qu'en 1648 Fr. Sébastien Ganot, de l'ordre de Fontevraud n'hésitait pas, dans sa dédicace à la Reine régente de son livre sur Robert d'Arbrissel, à la féliciter de sa protection puissante et à lui annoncer comme une des gloires de son règne, la cérémonie de la béatification.

Je cite les paroles suivantes pour montrer que l'assistance de Marie de Médicis ne fit pas plus défaut que celle de Louis XIII et de Henriette de France. « Surtout le grand zèle qu'elle fait paroistre à procurer la gloire de nostre sainct fondateur nous fait esperer, Madame, la protection et l'assistance royale de Votre Majesté pour l'advancement des honneurs deubs à un saint de vostre obéissance. Il espère ce grand patriarche qu'après tant d'autres grâces dont tout son ordre est obligé à la maison de France, il luy sera aussi redevable du temps de son apothéose, que les fastes de Vostre Histoire seront chargés de la cérémonie de sa Feste et que sa béatification sera mise au nombre des autres félicités de Vostre Règne, nous obligeant par ce moyen à redoubler nos vœux et nos prières à ce Bienheureux pour la prospérité de Vostre Majesté. »

'Malgré tant de zélé et de protections, l'affaire resta en suspens. Jeanne de Bourbon voulant en accélérer l'issue, écrivit une seconde supplique au pape Clément IX, en 1668, et fit imprimer cette supplique avec des preuves à l'appui.

 Or ces preuves ou instruments produits pour l'introduction de la cause et qui forment le volume déjà signalé sous le numéro "M, à l'article Bibliographie, sont la vie de Robert par Baldric, sa mort par Fr. André, un abrégé de sa vie et un recueil de témoignages en faveur de sa sainteté.

On invoque surtout une citation du Martyrologe gallican de du Saussay, qui au 25 février, ne parle pas du B. Robert, mais le rejette au 30 août, où il est inscrit sous cette formule « Beatus Robertus de Arbrissellis, sacerdos. » Puis on apporte en témoignage le Martyrologe de Fontevraud que j'ai reproduit précédemment et enfin; page 180, l'insertion du nom de Robert dans les Litanies de l'ordre

« Ecclesiasticus ordinis Fontisebraldi ritus in solemnibus Litaniis : Sancte Roberte, magister bone, ora pro nobis. »

Les Bollandistes ne nous ont transmis que des fragments de la première supplique de Jeanne de Bourbon. L'opuscule de 1668 nous donne la seconde en entier. Elle est trop longue pour que je songe à l'insérer ici, mais au moins, en ferai-je l'analyse que suivront des extraits des principaux passages.

L'abbesse de Fontevraud, après avoir indiqué, les scrupules qui l'agitent au sujet d'un culte que Rome n'a jamais reconnu ni approuvé formellement, demande pour Robert d'Arbrissel les honneurs de la canonisation et insinue habilement que si le saint fondateur de son ordre est élévé sur les autels, ce sera le premier à qui Clément IX décernera une telle, faveur . « Nullus adhuc coelitum per te  vindicatus est, nullus in mumerum sanctorum adscriptibus. »  Puis, en confirmation de sa demande, elle procède par voie de culte, et énumère les miracles opéras par l’'intercession de Robert, le titre de Bienheureux que d’éminents personnages lui ont décerné, la vénération qui s’attache à son corps pieusement conservé à Fontevraud, l’insertion de son nom dans les litanies de suite après le patriarche de l’ordre monastique, la qualification de Fontaine de S. Robert, donnée à la source qui jaillit miraculeusement à sa prière, l’hommage incessant rendu à son saint cœur.

Elle termine en invoquant pour ces faits une possession de 550 ans, et déclare que si le culte du bienheureux a été jusqu’alors resserré dans d’étroites limites, la vie cachée du cloitre et l’éloignement au milieu des forêts peuvent être la cause du peu d’extension de ce culte local.

« Resta tertia illa pars tuae potestatis (de canoniser) ad quam nos primi supplices accedimus, dignamque tibi, ubi illam primmum expromas causam, dignum, undé illam auspiceris, virum offerimus…….

Enfin Benoît XIV, dans son Traité,de la Canonisation des Saints livra II,1 chapitre xxxvi, rapporte que le 6 octobre 1669, les lettres du roi n'avaient pas encore été présentées à la Sacrée Congrégation des Rites, pour la cause, de Robert d'Arbrissel, et au chapitre XII du même livre il parle de cette cause comme abandonnée, parce qu'on n'avait pas rempli les formalités, et qu'on avait cessé de la presser.

Le pontife témoigne ouvertement son estime pour ce saint personnage, et déclare n'être nullement arrêté par les calomnies dont il a été l'objet. Il reconnaît les vertus et les miracles attestés par les Bollandistes et sans mettre en doute l'authenticité de la lettre de Geoffroy de Vendôme, en infirme la valeur, historique en disant que Geoffroy fut trompé en cette circonstance. Le promoteur de la foi, Pierre de Rossi, en avait fait à tort un argument contre la cause, qui manquait seulement pour pouvoir être introduite de quelques pièces indispensables.

Malheureusement Benoit XIV n'explique pas ce qu'il entend par in defectu aliorum requisitorum, car il n'est pas probable que ces mots signifient seulement, l'absence des lettres royales.

Peut-être, reconnaît-il comme nous que le culte n'était pasisuffisamment prouvé

Vers 1852, la cause, si longtemps assoupie du bienheureux Robert, reprit faveur et il fut question sérieusement de renouer avec Rome les négociations pour la mener à bonne fin.

En conséquence, un dossier fut commencé et j'y trouve trois sortes de documents: qu'il importe d'analyser ici.

Sept archevêques ou évêques donnèrent leur adhésion au projet par des lettres qui peuvent se classer ainsi selon leurs dates respectives.

Mgr de Morlhon, évêque du Puy (79), 25 novembre 1852

Mgr Saint-Marc, évêque de Rennes, 7 décembre 1852.

Mgr Pie, évêque de Poitiers, 19 décembre 1852.

Mgr Angebault, évêque d'Angers, 29 décembre 1852 et 5 janvier 1858

 S. Em. le cardinal Du Pont, archevêque de Bourges  3 janvier 1853

Mgr Morlot, archevêque de Tours, 19 août 1853.

Mgr de la Croix d'Azolette, archevêque d'Auch; 28 octobre 1853.

Seul, Mgr Bouvier, évêque du Mans, à la date du 22

 

juin .1853, fit difficulté d'adhérer comme l'avaient déjà fait ses collègues et motiva faiblement son refus.

 Le 16 octobre de la même année, les religieuses Fonteuristes adressaient au Saint-Siège une supplique respectueuse pour la reprise de la cause.

Enfin, le 9, janvier 1855, la communauté de Chernillé choisissait Mgr Estrade camérier d'honneur de Sa Sainteté, Pie IX, pour pastulaleur

C'est devant ce prélat et par ses soins qu'ont été faits, .dans, l'archidiocèse d'Auch et dans le diocèse d'Angers, les Actes d'information sur le culte public ecclésiastique rendu, au bienheureux Robert:

 

Voici l'analyse sommaire, de ces deux pièces qu'il serait, aussi long qu'inutile de reproduire.

Je commence par le monastère de Chemillé.

Les religieuses déclarent continuer, dans le culte rendu à leur fondateur, les traditions de l'abbaye de Fontevraud, qui leur sont connues par plusieurs anciennes mères avec, lesquelles elles ont vécu.

Chaque année, à partir du 23 février, veille de l'anniversaire de la mort du bienheureux, elles font une neuvaine en son honneur, qui consiste dans le chant de l'hymne Cingebant, de l'oraison Beati Roberti confessoris, du Te Deum et de l'invocation trois fois répétée Sancte Roberte, Pater noster, magister bone, ora pro nobis.

Le 24, il y a exposition du Saint-Sacrement, toute la journée, chant de la messe solennelle de la Sainte-Trinité et bénédiction le soir.

Les reliques sont exposées dans le chœur, tout le temps de la neuvaine, sur un autel couvert de cierges que l'on allume seulement pendant les offices.

Dans les processions que la communauté est en usage. de faire lors des calamités publiques, on porte le bâton du bienheureux.

Les fidèles déposent souvent des linges sur la capse pour la guérison des malades et demandent aux religieuses des neuvaines, de prières. Plusieurs grâces ont été ainsi obtenues.

Tous les jours après matines, le chœur recite conjointement avec l'officiante,  l'invocation susdite  Sancte Roberte. On la répète une autre fois dans le cours de la journée.

A Fontevraud, des cierges et des lampes étaient constamment allumés devant les reliques du bienheureux, dont la capse était conservée dans le tombeau de l'autel, appelé communément autel de saint Robert.

Le 24 février était jour chômé par la maison. Mme l'abbesse officiait (80); le soir, il y avait procession où l'on portait le bâton miraculeux; On faisait, le panégyrique du bienheureux. Au salut du Saint-Sacrement, qui terminait la fête, on chantait l'hymne Cinjebant, le Te Deum et la triple invocation Sancte Roberte, au son de toutes les cloches; Madame l'abbesse récitait l'oraison Beati Roberti.

La fête du bienheureux portait indulgence plénière et exposition du Saint-Sacrement.

La déclaration précédente est du 10 janvier 1855.

Celle des religieuses de Boulaur du 12 février de la même année, renferme ces seules additions,  le reste étant identique dans les litanies des saints, après l'invocation de saint Benoît, vient celle du bienheureux, sortis cette forme : Beate Roberte, pater noster, ora pro nobis.

Les reliques sont portées, aux processions de saint Marc et des Rogations, dans l'intérieur du monastère, ou l'on fait aussi, au moins une fois, le panégyrique du bienheureux.

L'usage de chanter le Te Deum, le 24 février et les jours suivants, a été pratiqué de tout temps.

Ces enquêtes terminées, une lettre latine rédigée, dit-on, par un prélat de haute science et résumant tous les témoignages favorables au succès de la cause, fut annexée aux autres pièces du dossier et adressée à Rome pour obtenir du Saint-Siège une béatification  êquipollente.

Malheureusement, la supplique laissait à désirer sur plus d'un point essentiel. Elle débutait ainsi: Nos Episcopi Galliarum et ne portait à la fin aucune signature. On alléguait l'antiquité du culte et l'on n'exhibait à l'appui aucun monument. Puis un lapsus calami, fort regrettable, avait mis le mot siècles partout où il aurait fallu le mot années.

Le consulteur, chargé de l'examen préalable de l'affaire, fut sévère à cet endroit et franchement il y avait lieu. Aussi son rapport n'est-il qu'une fine et spirituelle satire, qui montre clairement l'inexpérience de ceux qui assumaient la responsabilité de la démarche et des négociations. Toutefois, après avoir donné cours à sa verve, il voulut bien tracer quelques règles pour la poursuite régulière de l'affaire, et réclamer, à l'appui de la demande, des tableaux avec nimbe, des manuscrits mentionnant les fêtes et, les reliques, en un mot des faits qui établissent péremptoirement, que le culte allégué a actuellement trois cent trente ans d'existence.

 Je ne citerai, en les traduisant, que quelques passages de ce rapport écrit en italien. .:«. Il faut démontrer en jugement et par des monuments que le culte public rendu au bienheureux Robert a trois cent trente ans; ce qui est nécessaire….. Il parait impossible que, traitant d'un culte très-ancien, il n'y ait pas des titres ou des manuscrits antérieurs à 1534 qui: en parient….. On peut dire la même chose des anciens livres du monastère, où l'on parle des fêtes et des authentiques des reliques. En somme, nous voulons des monuments. Je vois que l'on se préoccupe beaucoup plus des vertus et des miracles que du culte du bienheureux. Aussi je rappellerai que le, culte est un fait et les faits se prouvent à l'aide des monuments (81), »

L'affaire en resta là. Rome avait accueilli avec froideur les démarches; la susceptibilité des ayant cause en fut froissée. Bref, on ne songeait plus à rien, quand, à mon arrivée dans le diocèse, Mgr l'évêque d'Angers, de concert avec Mgr l'évêque de Poitiers et les Fontevristes de Chemillé, me pria de poursuivre le procès d'enquête. J'accédai volontiers à leurs vœux et de 1859 à 1861, je donnai tous mes soins les plus empressés à cette affaire. C'est seulement après des recherches multiples et réitérées que j'ai pu poser les conclusions dont tout ce travail forme les prémisses.

Page 376 mauvaise lecture !

Les histoires écrites avant 1534, les représentations iconographiques avec nimbe,ou rayonnement à la tête; les images placées sur des autels; les autels érigés et les chapelles ou églises dédiées sous le vocable du  bienheureux l'insertion du nom dans les litanies ou le Martyrologe; la commémoraison aux offices divins; l'office propre ou du commun; le titre de saint ou de bienheureux publiquement décerné; les donations faites en son honneur; les grâces obtenues par son intercession le.corps levé de terre et exposé, ainsi que les autres reliques, à la vénération des fidèles:

 Benoît XIV ajoute, comme conditions expresses de ce culte ecclésiastique, qu'il doit être public et non privée, continu et au moins toléré par l'Ordinaire

Urbain VIII avait déjà prescrit la possession immémoriale et spécifié que cette possession devait être au moins centenaire. Or le décret d'Urbain VIII date de 1634; il devient donc indispensable de démontrer l'existence du culte avant l'année 1534 pour le bienheureux Robert d'Arbrissel. …..

Pour la célébration des 900 ans de sa disparition, les reliques contenant les restes ont été  présentées, le temps d'un week-end, au coeur de l'abbaye avant de retournerer  au prieuré bénédictin de Martigné-Briand, à quelques kilomètres, où elles sont conservées depuis 1961.

 Repertoire Archéologique de l'Anjou

 

 

 

==> 1105 Cour de Poitiers Guillaume IX le Troubadour  L'évêque de Poitiers et autres personnages notables,Pierre II, éveque de Poitiers ;Robert d'Abriselle ;  Baudrie, abbé de Bourgeuil se portent témoins d'un traité intervenu entre Hugues de Lusignan, dit le Vieux, et les religieux de Saint-Maixent 

==> 1115-1129 Démélés de LAMBERT abbé de la Couronne, disciple de Robert Arbrissel avec PETRONILLE, abbesse de Fontevraud

Légendes et Miracles de l'Abbaye de Fontevraud, les quatre-vingt tombeaux de Robert d’Arbrissel <==.... ....==> MÉLUSINE A FONTEVRAUD - Légendes et Miracles de Fontevrault

 ==> Éléonore d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion et Le prieuré de Saint-Bibien d'Argenson - Chartes de l’abbaye de Fontevraud

==> Mémorial des Abbesses de Fontevrault issues de la Maison Royale de France accompagné de Notes Historiques et Archéologiques

 


 

[1] Fonds latin, n° 5480. Ce cartulaire, qui date de 1699, a été fait par les soins du marquis de Gaignières..

(2) Revue des sociétés savantes, 1861, pag. 498.

(3) Fontevraud était, avant la révolution, du diocèse de Poitiers. Le concordat de 1801 l'a fait passer dans celui d'Angers.

(4) Blaison (Maine-et-Loire)

 (5) Montreuil-Bellay (Ibid).

(6) Montsoreau (Ibid).

(7) Loudun (Vienne).

(8) Bibl. imp., t. 11, pag. 145.

(9) Karissiini.

(10) Bibl. imp., t. Il, pag. 109.

(11) Le Martyrologe, cité par Gaignièras, pag. 255, s'exprime ainsi « Mater nostra (Petronilla) a Domno nostro magistro Roberto 1a constituta abbatissa, »

(12) Pavillon, p. 286.

(13) Bolland.,pag. 598.

(14) Cart. de Fontevraud, t. Il, pag. 388.

(15) Les anciennes épreuves sont rares.

(16) Commune de Chouzé (Indre-et-Loire).

 

(17) Bibl. imp., t. XIV, pag. 336 et 339.

(18) Le teste du Livre de l'Ecclésiastique n'a pas été ici rigoureusement cité. Je crois donc devoir le restituer d'après la Vulgate

« 2. In omni ore quasi mel indulcabitur ejus memoria..

» 3. [pse est directus divinitus in pœnitenliam gentis.

» 4 -- et in diebus peccatorum corroboravit pietatem. » Lib. Ecclesiastici, cap. XLIX.

(19) Isaïe a dit

« 12…. et vocaberis aedificator sepium, evertens semitas in quietem. …

 14. … et sustollam te super altitudines terrae. » Proph. Isaioe, cap. LVIII.

(20) Le texte porte « Et erit quasi. Et œdificubuntur in te...» » Proph. Isaïae, cap. LVIII, f. 11, 12.

(21) Psalm. L, f 10.

(22) l’onendumi curavit.

(23) Cette capse, de forme ovoïde, mesure en hauteur Om 11 en longueur Om39, en largcur 0m28 et de pourtour lm06. Elle a été dessinée dans le Répertoire archéologique de l'Anjou 1860, n° de juillet.

(24) Ce procès- verbal, conservé chez les Dames Fontevristes existe en double aux archives du diocèse.

(25) Deux morceaux de soie brune furent extraits de la capse et déposés entre les mains des Fontevristes, qui les vénèrent à tort comme des reliques de Robert d'Arbrissel.

(26) V. le procès-verbal dans le Répertoire archéologique de l'Anjou, 1860, pag. 207-209.

(27) S. Pierre II lui évêque de Poitiers de 1087 à 1115. Du Temps. Le clergé de France, t. 11, pag. 414.

(28) Histoire de Tordre de Fontevrault, p. 127.

(29) Fontis Ebraldi exordium, pag. 128.

(30) Guillaume Gilbert de Ragioles, évêque de Poitiers de 1117 à 1123 et inhumé à Fontevrault comme son prédécesseur saint Pierre II. Du Temps, Le clergé de France, t. Il, pag. 414, 415.

(31) Suivant M. Félix Audry, a la coutume d'inhumer le cœur isolément pour honorer d'un culte particulier les saints et les héros, ne remonte pas au-delà du XIIe siècle, et ce fut le B. Robert d'Arbrissel qui en fut le premier objet. » Revue d'Anjou, 1858, n° de février, pag. 312.

(32) Cosnier, pag. 127. Les Bollandistes ont consacré tout un paragraphe aux miracles opérés par Robert d'Arbrissel pendant sa vie et après sa mort.

(33) P. Nicquel, paj. 139-130.

(34) Idem, pag. 201.

(35) L'original de cette lettre est conservé aux archives du diocèse.

(36) L'une de ces fioles est en verre mince, tourné en trois endroits le goulot a été cassé. Les religieuses m'ont affirmé que dans l'autre fiole était un morceau d'un des clous de la Passion de N. S.

(37) Bien Heureux.

(138) V. un dessin de ce bâton dans le Répertoire archéologique de l'Anjou, 1860, n° de juillet.

(39) Hic, baculus ex osse et ligno efficitur, cristallina vel deaurata spherula conjunguntur, supremo capite insignitur, in extremo ferro acuitur. »

Honorius Augustodunen. Gemma animœ, lib. 1, cap. 209.

 (40) T. X, png. 177-179.

(41)T. II.

(42) Année 1837, pag. 518 et suiv.

(43) Cosnier, pag. 79.

(44) 11 y eut deux abbesses de ce nom l'une de 1670 à 1704, l'autre de 1704 à 1742. Le Coutumier de Mme de Pardaillan d'Antin, élue abbesse en 1765, ne précise pas à laquelle des deux, la tante ou la nièce, le premier coutumier doit être reporté.

(45) Le mandatum se faisait le premier samedi de chaque mois.

(46) 24 ou 25 février, suivant que l'année est ou n'est pas bissextile.

(47) Son d'appel.

(48) S. Lazare, qui servait aux religieuses infirmes ou faibles.

 (49) Le lundi, s'il n'y a pas de saint.

(50) Outre ces deux manuscrits, j'ai vu à Chemillé un recueil de Messes in-4°, rouge et noir, que j'attribue au XVIIIe siècle. Chaque messe est désignée par un nom spécial. Parmi les messes dites de saint Martin, de saint François-Xavier, du saint Sacrement, de la sainte Trinité, etc., il en est une nommée Messe de saint Robert.

(51) Les religieuses de Chemillé possèdent dans leur bibliothèque plusieurs brefs ou directoires; le plus ancien date de 1783 et le dernier de 1790. Or c'est seulement dans ceux de 1787etde 1790, qui ont pour titre « Bref ou Directoire pour réciter l'office divin selon le Bréviaire Romain à l'usage des religieuses de l'ordre de Fontevraud; » Saumur, De Gouy, que je lis cette note « Indulgence plénière en tout l'ordre, » le jour de la fête de saint Mathias.

(52) « Eminentissimi Patres eidem S. C. praepositi censuerunt Indulgentias non esse concedendas in posterum, nisi sanctis descriptis in Martyrologio et Canonisatis. » Gardellini, Décréta authentica Congregationis Sacrarum Rituum, in una Urbis, ad ann. 1674, t. I, p. 467, n° 2704.

(53) Gnignières, t. II p. 109 et suiv.

(54) Page 142 verso.

55    « Breviarimn Deo dicatarum virginum ordinis Fontisebraldi. » Thielman Kerver, Parisiis, 1518 (Ribd. Sainte-Geneviève, BB, 881).

– 2e édition en. 1526, gothique, rouge et noire, en deux parties (Ibid., BB, 1440),

(56) « Psalterium cum communi secundum usum reformationis ordinis Fontiebraldi. » Parisiis, Thielman Kerver, 1527, petit in-8° (Bibl. Sainte-Geneviève, BR, 1445). « Hore beatissime Virginis Mariae secundum usum ordinis Fontisebraldeusis. » Thielman Kerver, Parisiis, 1544, pet. in-8" (Bibl. Sainte-Geneviève, BB, 1446). « Devote orationes partim selecte et emendate, partim recens composite pro sancti monialibus et feminis devotis.» Thielman Kerver, l'arisiis, 1544, petit in-8° (Ribl. Sainte-Geneviève). ̃ Psalterium ordinatum per ferias secundum usum ordiuis Fontisebraldi. » Thielman Kerver, Parisiis, 1545, petit in 8° (Bibl. Sainte-Geneviève). « Divinum ofticium ad usum sacri ordinis Fontebraldensis, accurate recognitum et emendatum. n Parisiis, H. de Marcef, 1595 (Bibl. Sainte-Geneviève, BB, 1446).

(57) Textus primus Evangeliorum de tempore quae in missis a prima dominica adventus ad feriam quintam cae nae Domini usque in ecclesia monasterii sancti Petri Remeusis, ordinis Fontisebraldi decantari solent, additis evangeliis quorumdam festorum que eodem tempore celebrautur et nonnullis que in communi sanctorum aunotantur, cum indice. Expeusis lllmae Principis et Dominae Dominae Renata; ex Lotharingia praedicti monasterii abbatissae absolutus. Anno Domini M.D.LXXXI. » In-folio de 233 pages de véliu.

(58) P. Nicquet, p. 200.

(59) Nicquet, p. 289.

(60) Le lundi, la messe se disait pour les défunts en général, le mardi pour Robert d'Arbrissel, le mercredi pour les défunts de l'ordre, le jeudi pour les parents des religieuses, le vendredi pour les bienfaiteurs, le samedi pour les rois et reines fondateurs de l'abbaye.

(61) « Missale ad usum ordinis Fontisebraldensis accuralius quam hactenus (repositis quae ex autiquà observantià desiderabantur), satagenti reverendissima et illustrissima D. Eleonora de Borbonio, totius ordinis antislita, ac christianissimi Regis Henrici IIII annita, editum. » Paris, Joan. Le Boue, 1606, iu-f°.

(62) Exod., c. XXV, f. 40.

(63) S. Joann., c. XIX, f. 26.

(64) S. Joann., c. XIX, f. 27.

(65) Voir sur l'antiquité du chapelet, qui n'est point ici un anachronisme, Analecta juris pontificii, t. IV, col. 1381 et suiv.

(66) Le petit sceau de l'abbaye, dont on se sert encore à Chemillé, représente J.-C. sur la croix, entre la sainte Vierge et saint Jean, auxquels il parle. Robert avait puisé dans ce sujet l'idée de la soumission de l'homme à la femme, pour la vie monastique.

(67) Du Temps, Le Clergé de France, t. Il, p. 489.

(68) Recueil des travaux de la Société de sphragistique, t. IV, page 327.

(69) Les mêmes armes sont gravées en tête de l'Antiphonarium imprimé en 1711, avec cette double variante que la Vierge d'or est remplacée par un clou de la Passion de sable, et que la couronne ducale est enfilée dans une crosse posée en pal et tournée à senestre.

(70) L'ordre entier et l'abbaye de Fontevraud étaient gouvernés par l'abbesse. Le prieur de Fontevraud n'avait juridiction que sur les religieux. L'abbesse portait en conséquence h crosse et le prieur se contentait du bourdon.

(71) J'omets à dessein dans ce catalogue les notices insérées soit dans les Dictionnaires, comme Bayle, Bouillet, Feller, etc., soit dans les Vies des Saints, telles que Baillet, Godeseard, etc., soit enfin dans les Histoires ecclésiastiques ou monastiques de Baronius, Longueval, Mabillon, Hétyot, Yepez, etc.

(72) Il existe dans la bibliothèque des Fontevristes de Chemillé un exemplaire de cette même vie, aux armes et au chiffre de l'abbesse Jeanne de Bourbon sur les plats de la couverture.

(73) Voir aussi, t. I, p. 390; t. X, p. 227, 233, 241; t. XVII, p. 252; t. XX, p. 14; t. XLIV, p. 628; t. L, p. 564; t. VII d'octobre.

(74) André, Cours de droit canon, t. Il, p. 31-32.

(75) « Escellentiss. et Reverendissiioa domina Joanua Baptista a Borbonio, abbatissa. majoris monasterii et caput totius ordinis Fontis Ebraldi. Urget ordo universus, cum Condatensi B. Martini aliisque adjaeentibus canonicorum capitulis ut eumdem Robertum sancti nomine constanter hactenus insignitum, utpote vitae sanctitate et magnis in sanctam ecclasiam meritis celebrem…..  Apostolicae sedis nutu atque auctoritate colere ut sanctum valeat. » Bolland., p. 596

(76) Bolland., p. 596. «  Sacrorum Rituum Congregatio declaravit cultum immemorabilem non sufficere pro concessione officii et missae, sed requiri probationem immemorabilis in specie, hoc est, quod à tempore immemorabili tùm missa, tum officium fuerint celebrata et retitata.'n Bened. XIV, lib. IV, c. 3.

« Sed et semper intactà permanente juris dispositione, si débitae concurrant  circumstantiae, poterit Sacra Rituum  Congregatio, non obstantibus antea insertis decretis, bénigne indulgere, accedente Sumnii Pontificis confirmatione ut, probato cultu immemorabili, fiant recitatio ofticii et celebratio missae in honorem beati, quamvis à tempore immemorabili nec fuerit officium recitatum, nec missa celebrata in ejus honorem. » (Ibid., lib,. IV, pars 2, c. 3.)

(77) Bolland., p. 596.

(78) «  REX  quoque Christianissimus de eâdem causa ad [nnocentium Pontif. Max. scripsit negotiumque urgeri ab oratore suo mandavit. » Ballant., p. 596.

(79) Il existe actuellement trois maison de Fontévristes en France elles sont à Chemillé, diocèse d'Angers; à Brioude diocèse du Puy; à Boulaur; archidiotèse d’Auch. 

(80) L'abbesse n'assistait au chœur qu'aux fêtes annuelles

(81) L'original de cette pièce est déposé aux archives du monastère de Chemillé.

 

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