Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
TRADUCTION
Derniers commentaires
27 octobre 2017

siège de La Rochelle (1627) Lettre Richelieu A MONSIEUR Henri d'Escoubleau de Sourdis L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

siege la rochelle richelieu

Oléron 16 octobre 1627.

(siège de La Rochelle par Richelieu , Anglais sur Ré). Lettre de Richelieu à l'évêque de Maillezais , général des galères de France

Lettre Richelieu A Henri d'Escoubleau de Sourdis L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON

Instructions du cardinal ARMAND-JEAN DU PLESSIS DE RICHELIEU pour Henri d'Escoubleau de Sourdis, alors évêque de Maillezais..  Évêque de Maillezais (1623-1629)

Richelieu A MONSIEUR Henri d'Escoubleau de Sourdis L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON

 

Mémoires pour servir à l’Histoire de France depuis le XIIIème siècle jusqu’à la fin du XVIIIème - Mémoires du Cardinal de Richelieu

Lettres, instructions diplomatiques et papiers d'état du cardinal de Richelieu.

 

A M. L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

 

13 octobre 1627.
Monsieur, Le roy ne sçavoit point que la compagnie de M. de Cluy fust desjà entrée dans Oleron, quand je vous ay envoyé la lettre par laquelle il la mande ; c’est pourquoy, puisqu’elle est entrée, Sa Majeste trouve bon qu’elle y demeure jusqu’à un autre mandement.

 

Et cependant M. de Marconnay se hastera de venir le plus tost qu’il pourra. Ayant ouï dire que le désarmement des huguenots d’Oleron a esté fait fort légèrement, la mauvaise volonté qu’ils ont tesmoignée fait que Sa Majesté désire qu’ils soyent désarmez de nouveau, faisant un ban qui porte commandement à tous les huguenots d’apporter leurs armes au magasin du bourg du chasteau, sur peine de confiscation de tous les biens de ceux qui seront trouvés en avoir recelé. Et, afin qu’il ne puisse y avoir de fraude, par le mesme ban, il sera promis le tiers des dits biens à ceux qui descouvriront le décèlement d’armes. Vous ajusterez, s’il vous plaist, cela avec M. de Coutenan, et ferez dépescher ceste affaire.

Je renvoieray La Borde après-demain, et seray très aise, quand il sera arrivé, que vous veniez faire icy un tour pour vous voir et vous gouverner à loisir, et vous asseurer de vive voix, comme je fais par ceste lettre, que je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.

 

A M. L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

 

15 octobre 1627
Monsieur, Le roy désirant faire passer le sieur du Plessis-Praslin au fort de la Prée, je vous fais ce mot pour vous prier de favoriser son embarquement en tout ce que vous pourrez. Le sieur Taraube a amené cinquante barques de Bordeaux avec leurs matelots en Brouage ; il n’est question que de faire fournir des vivres pour un mois pour ses 800 hommes, c’est-à-dire la valeur de trente tonneaux en farine, pain ou biscuit, six tonneaux de vin, quatre tonneaux de febves et pois, mil livres de beurre, mil livres de chandelle, vingt bœufs et vingt pourceaux, quatre milliers de poudre menue grenée, deux milliers de grosse, quatre milliers de mesches, et deux milliers de plomb en balles, s’il se peut, deux barriques de vinaigre.

 

Il est question de faire embarquer tous ces vivres en deux jours, s’il se peut, pour ne perdre aucun temps de faire partir les dites troupes. Si M. de La Rocheallart a fait charger des barques et traversiers des victuailles cy-dessus, il faudra s’en servir et non pas les prendre d’Oleron ; mais il ne faut pas s’attendre l’un sur l’autre. Je vous prie ne venir point nous voir que le régiment du Plessis-Praslin ne soit parti.

 

Il faut fournir à cet embarquement trois cens pics et pales, et autres instrumens propres à se retrancher.

 

Je vous prie ne rien oublier de ce que dessus, et encore que je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

16 octobre 1627.
Monsieur, Je vous envoye ce laquais en toute diligence pour vous prier de faire passer, dès ceste nuict, une barque ou deux chaloupes chargées de biscuits, de quelques bariques de chairs et fourmages au fort de la Prée ; d’autant que je viens d’apprendre que, si dans deux jours elle n’est secourue, ceste place est perdue. Je me promets que, quelque temps qu’il face, vous ferez passer, à rames ou à voiles, quelques chaloupes. Je vous en conjure de tout mon cœur, comme s’il estoit question de ma vie. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère pour vous servir, Le Card. DE RICHELIEU.

Ce 16, à 10 heures du soir.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

19 octobre 1627.
Monsieur, Je vous prie de faire trouver, si vous pouvez, une demye douzaine de vieilles flustes d’Holande ou autres corps de vieux vaisseaux presque inutiles à la navigation, tels que vous pourrez trouver, vers Royan et autres lieux, et les faire maçonner à chaux et à ciment, ou à Royan, ou en Brouage, selon le mémoire que je vous envoye.

Je ne vous mande point pourquoy c’est faire, parce que vous le jugerez bien ; seulement vous convieray-je de faire faire diligence ; - tout ce que j’ay à vous dire est que, vous tenant expéditif comme vous estes, je tiens ceste affaire faite 12 ou 15 jours après que vous aurez receu ma lettre. Aussy en ay-je affaire vers le 6e novembre.

Je vous prie aussy de voir s’il n’y a point moyen, partant d’Oleron avec des vaisseaux à feu, de mettre le feu à ceux des Anglois qui sont devant le fort de la Prée. Il faudroit faire faire ceste entreprise par quelqu’un qui entende bien cela ; et, comme vous sçavez, la faire de nuict, par un bon vent. Sanson pourroit, avec la galère, favoriser la retraite de ces gens, laquelle cependant se fera, à mon jugement, sans grand péril, puisque les grands vaisseaux ne peuvent lever l’anchre la nuict.

Je n’escrits qu’à vous seul de ceste affaire, d’autant qu’il la faut faire exécuter secrètement et sans bruit.

Quand le Plessis- Praslin sera passé à la Prée, il faut faire entrer incontinent le Plessis de Juigné, et préparer de nouveau tout ce qui est nécessaire pour le passage de Navarre, deux jours après la sortie duquel on fera entrer incontinent le Plessis d’Espernon. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

20 octobre 1627.
Monsieur, Je vous prie me mander précisément le jour que passera le Plessis-Praslin ; et haster tellement les préparatifs nécessaires pour faire passer Navarre par après, que trois jours après il le puisse suivre. Au reste, donnez ordre que les barques qui passeront ces régimens, après qu’elles auront fait leur passage, reviennent promptement en Oleron, car nous en voulons faire encore passer d’autres, et faites préparer trente chates, et autres basteaux propres à faire passer de la cavalerie. Je vous supplie de tenir toute ceste affaire la plus secrète que vous pourrez, ne parlant de ces préparatifs qu’à la Borde, et disant à tout le monde qu’on ne veut faire passer que le Plessis-Praslin. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU.

 

A MONSIEUR L’EVESQUE DE MAILLEZAIS.

[ Du 20 au 26 octobre 1627] 
Monsieur, Je vous prie sur tous les plaisirs que vous me sçauriez faire, de tenir la main que le Plessis-Praslin passe au premier vent à la Prée, avec les vivres que j’ay donné charge à La Borde d’y faire passer quand et quand. Je vous prie aussy faire tenir des barques prestes pour que 4 jours après nous puissions faire passer Navarre ; et donner ordre que les barques qui auront passé le Plessis-Praslin reviennent droit en Oleron. Je vous prie encore de faire tenir des chates ou autres vaisseaux plus propres à faire passer de la cavalerie, pour passer cent chevaux ; et d’autant que la cavalerie ne peut passer sans foin, vous en ferez chercher, selon le mémoire que je vous envoyé ; comme aussy des ais dont on a besoin pour des logemens, et du bois et charbon pour se chauffer. Aussy tost que vous me manderez que le Plessis-Praslin sera passé, et que vous aurez toutes les barques nécessaires pour faire passer Navarre et la cavalerie, je me rendray en Brouage, mais je vous prie n’en dire rien qu’à mon cousin de la Meilleraye, et à La Borde. Au nom de Dieu faites que le Plessis-Praslin passe au premier jour, et que dans huit jours nous puissions faire passer Navarre et cent chevaux. Mandez-moy justement ce que vous pourrez faire, et le temps préfix.

Je suis votre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU

 

A MONSIEUR DE MAILLEZAIS.

7 novembre 1627.
Monsieur de Maillezais sçaura qu’il est important de faire passer promptement des vivres à la Prée, et partant aura soin de faire charger cent mil pains que doit fournir Paléologue pour les passer à la Prée le plus tost qu’il pourra. Et d’autant que nous espérons que de la Prée on fera entrer des vivres de vive force dans Saint-Martin, il sera bon d’y envoyer cinq ou six cens quintaux de biscuit, des pois et des febves ; il faudra se servir du reste du régiment de Navarre pour escorter ce convoy.

M. de Maillezais se souviendra que, pour nous exempter de débourser de l’argent de notre bourse pour munir les magasins d’Oleron et de Brouage, il sera bon qu’il face faire, par le dit Paléologue, jusques à douze cens quintaux de biscuit, sçavoir est, deux ou trois cens par sepmaines. Bigoteau sert si mal que, si Paléologue fait bien, ses bons services l’establiront à l’armée.

Les barques de M. de Nismes ne sont point encore venues aux Sables. Je ne sçay si le vin de Taraube sera venu en Brouage ou en Oleron, mais je sçay bien qu’on en a bon besoin en Ré. 1 Il faut faire mener en Brouage le vin des fermiers de Soubise, qui en ont quarantedeux tonneaux.

Mon lieutenant obligera son général extraordinairement s’il faict envoyer promptement des vivres à la Prée. Je l’en prie, je l’en prie et l’en conjure de tout mon cœur. Adieu, mon lieutenant ; c’est vostre général, LE GRAND MAISTRE DE LA NAVIGATION.
A Nétray 2, ce 7 novembre 1627.

Je vous prie envoyer diligemment charger les cent mil pains de Paléologue pour les faire passer à la Prée ; car pour les premiers que l’abbé de Beauveau a fait charger, je croy que M. de Schomberg les aura pris.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN BROUAGE.

8 novembre 1627.
Monsieur, Vous m’avez donné une bonne nouvelle, si elle est vraye.

Je vous prie me mander à toute heure ce que vous aprendrez de l’entrée de nostre secours.

Je voudrois avoir donné beaucoup et que la Melleraye fust entré dès hier, comme vous me mandez. En tout cas le vent est fort bon maintenant, ce qui fait que je ne doute point que ceux qui n’ont pas entré n’entrent ceste nuit. Je vous suplie vous souvenir de faire porter promptement des vivres, pain, vin, chairs, febves, beurre, molue et frommages, avec escorte du reste des soldats de Navarre ; je vous envoyeray toutes les expéditions que vous désirez. Maintenant je vous renvoye à la haste, pour vous presser de faire entrer des vivres. Le sieur Mercier est revenu de Bordeaux, qui dit avoir laissé à Blaye vingt-cinq barques qui viennent après luy. Au nom de Dieu, ayez tousjours des barques prestes pour faire de temps en temps les embarquemens des vivres.
Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 8 novembre 1627.

 

 

A MONSIEUR L’ÉVESQLE DE MAILLEZAIS.

8 novembre 1627.
Monsieur, Je n’ay pas voulu différer à vous mander que nous venons d’avoir nouvelles présentement que sabmedy dernier Buquinkham donna une attaque générale à Saint-Martin, où il perdit six cents hommes. Morgant a esté tué et force noblesse, et plusieurs de qualité prisonniers. Le roy n’y a perdu que sept hommes, Saldaigne et Grandval y ont esté blessez. Au mesme temps les gardes, le Plessis-Praslin et Beaumont, qui estoient à la Prée, entrèrent en la flotte et y bruslèrent trois grands vaisseaux anglois, et se retirèrent. Buquinkham a escrit une lettre 3 qui porte qu’il va encore entreprendre une chose sans raison4. La Melleraye entra sabmedy avec trois cents hommes de son régiment, quarante gentilshommes volontaires, et vingt-six gendarmes de la compagnie de la reyne. Marillac est entré avec deux cents hommes, ceste nuict.

Après cela je n’ay rien à vous dire, sinon que vous me ferez le plus grand plaisir que je puisse recevoir de vous, de faire passer promptement des vivres, et du pain surtout, en la plus grande quantité que vous pourrez.

J’ay envoyé à M. de Beauclerc, pour expédier le département et l’ordonnance dont vous m’avez escrit, lesquels j’envoyeray au premier jour. Ce pendant je demeure, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.

De Netré, ce 8 novembre 1627.

 

 

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

9 novembre 1627.
Monsieur, Une victoire attire l’autre ; les Anglois aians perdu 600 hommes en l’attaque qu’ils firent sabmedy à St-Martin, en perdirent hier douze cens en la retraitte qu’ils firent en l’isle de l’Oye, où M. de Schomberg les poursuivit comme il falloit. Outre les morts, il y a plusieurs de leurs chefs et officiers pris, vingt enseignes, et le milord Montjoye, chef de leur cavalerie, frère du comte de Holand, qui dit que Bukingham y a esté blessé d’une mousquetade. Le roy n’y a perdu personne de marque, et peu de soldats. M. le général des galères y a receu une blessure assez légère, M. de Villequier une plus grande, et le sieur de Porcheux y a eu une jambe cassée. Les Anglois ont quitté le bourg St-Martin aux nostres, qui en ont repris possession à leur tour. Ils s’embarquent tous pour reprendre la route de leur pays. Ensuite je vous diray qu’il n’est question que d’envoyer du pain de munition en l’isle, et prendre garde qu’il soit bon, car celuy qui estoit en Charante estoit la pluspart gasté. Je suis Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.
De Netray, ce 9 novembre 1627.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

12 novembre 1627.
Monsieur, Je vous envoyeray au premier jour vos expéditions pour la coadjutorerie de Bordeaux, que le roy m’a accordée pour vous.

J’escriray demain à monsieur de Coutenan pour qu’il mette en liberté le trésorier de sa compagnie, n’entendant pas qu’on face ces violences aux lieux où j’ai pouvoir souhz l’auctorité du roy et de la reyne ; cependant gardez l’argent dont vous estes saizy.

Le roy m’a commandé de faire venir les esquipages du Plessis-Praslin et Navarre droit à Fouras, se voulant servir des régimens en son armée ; trois ou quatre barques en feront raison.

J’approuve vostre advis de n’envoyer plus tout ce qu’on avoit préparé de vostre costé en Ré, mais pour les premiers cent mil pains qui debvoient estre prestz il y a quatre ou cinq jours, et puis plus.

Je vous prie donques y faire porter cent mil pains.

Quant au reste, vous en garnirez nos magazins, prenant en biscuitz, bleds ou farines, les autres trois cens mil que Paléologue devoit fournir.

Vous sçavez bien que deux cens mil pains valent cent muids de bled. Mon advis seroit que vous prissiez cent muids de bled, et cinquante mil pains en biscuit.

Je n’ay point receu les propositions que vous m’escrivez avoir envoyées pour faire nos magazins à peu de fraiz.

Quant aux mesnages des vins et des selz, expliquez-moi justement à quoy reviendroit ceste affaire.

J’ay trouvé la despesche que je n’avois point veue. Je trouve bon que vous en acheptiez cinq ou six cens tonneaux, si le prix en doibt hausser, comme vous me le mandez.

J’approuve la proposition que vous me faites de faire payer les trois quartiers des gens d’armes de la reyne qui ont servy, des deniers revenant bons.

Je vous en envoyeray une ordonnance.

Le marquis de la Flocelière a esté payé icy de deux monstres ; il est raisonnable qu’il face payer ses hostes, je vous prie l’en solliciter.

Vous m’avez faict plaisir de faire mettre le jeune Bigoteau en prison, puisqu’il ne veut pas fournir ; son père ne fait pas mieux icy, et est sur le point d’estre cassé.

Je seray fort aise de veoir le projet de la proposition que vous me faictes des marchands qui offrent de fournir les magazins de Brouage et d’Oleron, en leur donnant deux mil francs, ou 8 cens escus, et spéciffier tout ce qui y doibt estre ; et demeurer d’accord que tous les mois on verra les magazins, et quand on voudra, de peur que par malice ilz ne pensent destituer la place de vivres, et par ainsy luy faire courir fortune. Il faut que ces marchands soient bien solvables.

On pourroit leur faire une vente de tout ce que nous avons à présent dans nos magazins, à la charge de les payer dans trois mois, qui leur seroit une commodité ; et, en après, leur donner les deux mil livres ou huict cens escus que vous proposez.

Il faudra bien aussy prendre garde de stipuler à combien ils donneront les vivres, et que le débit en soit raisonnable.

Je vous laisse faire pour les selz. Vous me manderez à quel prix ils sont.

Il n’est pas raisonnable que la compagnie de monsieur de Coutenan tire du magazin plus que pour les seize hommes qu’elle a effectifs.

J"attendray vos effets et vos responses, et demeure, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.

A Netray, ce 12 novembre 1627.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

19 novembre 1627.
Monsieur, Je vous remercie du casaquin que vous m’avez envoyé, dont je me serviray fort bien.

Quant aux fortiffications, du Carlo estant malade et le calcul des corvées estant tel que vous me l’avez mandé, si vous pouvez faire marché à quelques Besserras (sic) puissans pour me faire dans six mois les dehors que j’avois marchandés à du Carlo, je rompray le marché sous prétexte de ne vouloir pas qu’on tire tant de corvées du gouvernement comme il en est porté dans le marché, et sous prétexte encore de vouloir faire faire plus diligemment le dit travail ; cela me semble aisé, vu qu’il n’est question que de remuer de la terre, qui est molle comme du beurre. Mais surtout il faut le donner à un entrepreneur qui travaille dès ceste heure, car j’ay cela en teste. Partant, je vous en prie et conjure autant que je puis. Il n’est plus question des brûlots, les Anglois s’en estant allez. Je ne sçay ce qu’avoit le baron de Saint-Just dont vous me parlez, ny s’il a esté tué dans le service du roy ou contre ; vous vous expliquerez, s’il vous plaist, davantage.

Quant à Marennes, je n’ay ny le moyen, ny la volonté de faire ce que vous me proposez.

Je vous recommande tousjours ma fortification, et vous prie me mander, au premier jour, que vous aurez fait marché à quelqu’un qui travaille desjà.

Dites à M. d’Argencour qu’il m’envoye des blancs de ce qui luy est deub, pour qu’on puisse retirer son argent. Je suis Vostre très affectionné confrère à vous rendre service,
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 19 novembre 1627

Il faut convertir le pain qui a esté fait par Paléologue en biscuit pour nos magasins. Aussytost que Tiriot sera venu, que j’ay envoyé quérir à Paris, j’yray en Brouage, pour faire marché de la maçonne des bastions qu’il faudra faire; je seray bien ayse de trouver tout bien rangé et tout bien garny.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

21 novembre 1627.
Monsieur, Je vous envoyé une ordonnance du roy pour faire couper quatre cens pieds d’arbres, dans la forest de Rochefort, pour employer à nostre estacade. Et parce que je sçay quelle est vostre diligence, je vous prie d’envoyer promptement quelques-uns que vous jugerez propres à cet effet, et faire trouver des barques pour amener les dits arbres, le plus tost qu’il se pourra, à la pointe de Coreille.

On n’a besoin que des pieds des dits arbres, et faudra faire réduire les branchages d’iceux en bûches, et les faire porter en Brouage et en Oleron pour en remplir les magasins, en les faisant bailler par compte à ceux qui en ont la garde. Souvenez-vous que l’estacade où je les veux employer est l’estacade pour mes vaisseaux, qui est mon travail particulier ; et par conséquent, je vous prie que dans huict jours j’aye une partie de ce bois amené à Coreille. Ceste lettre n’estant à autre fin, je ne la vous feray plus longue que pour vous asseurer que je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 21 novembre 1627.

Je vous prie de m’envoyer Aubraire avec sa chaloupe bien esquipée de bons matelots.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

24 novembre 1627.
Monsieur, J’approuve le marché que vous avez fait pour le fort d’Oleron ; vous m’avez fait très grand plaisir ; je vous prie d’y faire travailler.

N’envoyez plus de pain dans Ré, mais faites venir celuy qui est dans la Charente, par mer, au platin  d’Angoulin, pour l’armée, où il n’y en a point, Bigoteau fournissant fort mal.

Le roy veut faire sortir, à ma prière, toute la cavalerie d’Oleron, hormis cinquante chevaux, qu’il faudra prendre des derniers gens d’armes de la reyne. M. de Rivau peut emmener sa brigade se rafraischir.

Le Plessis de Juigné mesme viendra icy à l’armée.

Quant au Plessis-Boissonnière, faites faire monstre à ses huit compagnies par le commissaire Zamet. J’escris à la Borde qu’il paye la monstre qui est celle de licentiement. Je suis d’advis que vous le faciez sortir de l’isle, et hors d’icelle faire faire la monstre de peur qu’il pille après estre licentié.

Le roy seroit bien aise que deux ou trois cents, les meilleurs soldats de ce régiment, voulussent venir en celuy des gardes ; si vous pouvez faire cela vous luy ferez plaisir.

Je trouve bon que vous faciez armer une ou deux pataches avec les galiotes pour tenir la Charente libre.

Quant à Brouage, vous me manderez ce que vous pouvez faire par l’advis de M. d’Argencour, et je vous ferai sçavoir ce que j’estime à propos. Ce pendant je demeure, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 24 novembre 1627

 

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

26 novembre 1627.
Monsieur, Je vous envoye le capitaine Canteloupe, à qui je donne à commander le vaisseau anglois qui est en Brouage. Cependant, tandis qu’on l’esquipera, je vous prie qu’il vienne avec une patache armée, la meilleure qui se trouvera en Brouage, et les deux galiotes. Elles raderont à Chef de Bois, tantost à Lesguillon, à la Palisse et autres lieux proches d’icy, estant impossible de pouvoir plus voir continuer les insolences rocheloises. La galère doit estre preste. Faites que tout vienne le plus tost qu’il sera possible ; mais ce pendant envoyez la patache et les deux galiotes. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service,
Le Card. DE RICHELIEU.

Je vous prie faire couper des bois en quelque lieu que ce puisse estre, selon l’ordonnance que l’on vous envoie. Conclusion, nous en sommes tellement pressez qu’il n’est pas possible de plus. J’estime qu’il est plus à propos de donner les magasins à prix fait, selon que vous m’en avez parlé, qu’autrement.

Pour les vaisseaux que vous prendrez pour maçonner, vous en ferez faire le prix et on les payera.
Ce 26 novembre 1627.
Je vous prie encore faire les prix des magasins, les faire mettre en bon ordre et n’oublier rien des conditions.

 

A MONSIEUR DE MAILLEZAIS.

27 novembre 1627.
Monsieur, Sur l’advis que je viens d’avoir présentement que le comte d’Holan de paroist avec trente ou quarante vaisseaux proche de l’isle de Ré, j’escrits à M. de Coutenan que, fors le régiment du Plessis-Boissonnière, dont le roy se veut servir pour faire la recreue de son régiment des gardes, il ne laisse point sortir les autres trouppes qui sont en Oleron, jusqu’à ce qu’il ayt eu nouvel ordre de Sa Majesté.

C’est pourquoy je vous fais aussy ce mot, sur ce sujet, afin que vous teniez la main, s’il vous plaist, qu’il ne sorte rien des dites trouppes que le régiment susdit. Vous jugez bien l’importance qu’il y a de ne l’en pas desgarnir jusques à ce que ceste nouvelle armée ne puisse plus donner lieu de jalousie. C’est ce qui fait que, sans vous en dire davantage, je demeure Vostre très affectionné confrère à vous rendre service,
Le Card. DE RICHELIEU.

Il est nécessaire de faire garnir promptement les magasins.
Ce 27 novembre 1627

 

MAILLESAIS.

28 novembre 1627.
Monsieur, J’ay veu les marchez des fortifications, que je n’entends pas trop bien ; mais je m’en remets à tout ce que vous et M. d’Argencour en ferez.

Quant au projet des magasins [54], je ne l’approuve pas, parce que, comme vous verrez par l’appréciation des choses qu’il y faut mettre que je vous envoye, qui ne se monte pas à vingt-quatre mil livres, il se trouveroit qu’outre qu’il faut que j’en avance la moitié, je paierois deux mil quatre cens livres pour l’intérest de l’autre moitié que les munitionnaires fourniroient, qui seroit une usure manifeste. S’ils ont envie de servir, il n’est pas raisonnable que ce soit à ceste condition, mais ils se doibvent contenter de retirer l’intérest de l’argent qu’ils avanceront à la raison du denier seize , et considérer que le privilége qu’ont les gouverneurs de faire vendre les provisions de leurs magasins pour les renouveler, et ce à l’exclusion des autres vivres, leur peut apporter un grand avantage, pour en faire faire la vente alors que les vivres sont les plus chers.

Nous n’aurons point besoin de grandes fournitures de pain en Oleron, le roy en retirant touttes les trouppes qui y sont, fors le régiment de Brezé [55].

M. de Coutenan se moque de donner ordonnance à un régiment pour des chevaux, et le Plessis de Juigné a tort d’en user ainsy. Je vous prie que l’ordonnance de M. de Coutenan ne soit point effectuée.

Vous ferez payer, s’il vous plaist, à la compagnie de M. de la Flosselière, leurs hostes et le magasin.

J’envoie à la Borde une deffense du roy pour empescher que personne n’emporte du sel ; il la faut faire imprimer et signifier où il faudra.

J’approuve les eschanges que vous voulez faire du sel, et approuve encore que les galiotes coulent à fonds les barques qu’ils (sic) trouveront chargées sans congé. Deux ou trois coulées à fonds empescheroient les autres.

Je désire que la galère et les galiotes viennent en diligence à Chef de Bois, ne pouvant plus souffrir les insolences des Rochelois.

Si les trois pataches que vous me mandez devoir estre prestes sabmedy le sont, je suis d’advis que vous m’envoiez la galère, une galiote et deux pataches, et que vous reteniez une galiote et une patache pour nettoyer la Charente.

Canteloup commandera la meilleure des pataches que vous nous envoierez ; mais je vous prie faire partir ledit équipage sans délay, pour venir à Chef de Bois. Si quelqu’un, par mauvaise volonté, diffère à venir, je le casseray.

La devise pour les canons est Ratio ultima regum, et pour les armes, ce sont celles du roy avec une ancre au-dessous, dans laquelle est escrit : « le cardinal de Richelieu. ». Je trouve bon que la chaloupe soit peinte de blanc et de tanne, mais il y faut mettre des L et des M couronnées entremeslées.

J’ay envoyé pour reprendre le Turc dont j’attends des nouvelles.

J’envoye M. de Beauveau pour ne revenir point qu’avec la galère et la galiote. Ce pendant je demeure Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 28 novembre 1627.

 

A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

30 novembre 1627.
Monsieur, Je renvoye encore pour haster les pataches que vous m’avez mandé que vous avez armées, la galère et les galiottes ; en passant ils nettoyeront la rivière de Charente.

Je fais estat qu’il y aura tousjours une patache et une galiotte vers l’isle de Ré et la Charente, une autre vers l’embouchure de la rivière de Marans , la galère et une patache à Chef de Bois quand elle y pourra rader, à Saint-Martin ou à l’Esguillon.

Le roy a des impatiences incroyables de voir venir ce petit esquipage, et je me meurs sur le pied, pour ne le contenter pas au point et si tost que je le désire.

Pour responce à vostre lettre, vous pouvez achepter tout le sel qui est à Brouage, si vous pouvez à dix, unze ou douze francs, mais il faudroit vous despescher avec la Borde, car autrement les greniers du roy en seront bien mal garnis.

Je vous envoyé Chauvin, qui est un des commis de feu Aleaume, pour tenir pied à boule en Oleron, et faire exécuter les marchez que vous avez faitz, selon les desseings que M. d’Argencour arrestera ; je vous prie que je voye des exécutions, et me croire, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 30 novembre 1627.

 

Les Mousquetaires de Richelieu, Brouage 1627 <==.... ....==> Siège de Saint-Martin-de-Ré 1627 (Les Mousquetaires)


 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité