Bourg sur-Charente possède une intéressante église romane, à coupoles, du XIIe siècle. Ayant appris que des travaux de restauration s'exécutaient dans ce remarquable monument, nous pensâmes que quelques découvertes bonnes à signaler pouvaient être faites et nous ne fûmes pas trompés dans nos espérances.
En effet, les grattages exécutés sur le mur de la nef mirent à découvert une magnifique litre sur laquelle étaient peintes quatorze armoiries d'un des seigneurs de Bourg; peu de temps après, les ouvriers virent apparaître sous leurs racloirs la peinture que nous mettons sous vos yeux.
Par une singulière coïncidence, ce fut le 6 janvier, jour de l'Epiphanie, que cette scène de l'Adoration des mages revit le jour, à mesure que le badigeon qui la recouvrait depuis des siècles disparaissait.
Cette fresque remarquable de la fin du XIIIe siècle occupe un espace de 6 mètres environ de longueur sur 2 de hauteur. A droite, la sainte Vierge assise tient son divin enfant debout sur ses genoux. Jésus bénit de la main droite les rois mages qui lui offrent des présents; Balthasar, à genoux, offre l'or sous la forme d'une boule, tandis que Melchior et Gaspard, debout, s'apprêtent à présenter la myrrhe et l'encens.
L'un d'eux, par un geste plein de noblesse et de naturel, indique à son compagnon l'Enfant-Dieu, objet de leur voyage. Derrière eux, leurs chevaux sont attachés à un arbre, et un valet, le bras levé, s'apprête à frapper l'un des palefrois. Tout le fond est semé de fleurons rouges. Telle est la scène tout entière. Cependant, derrière la Vierge, on distingue encore, quoiqu'à peine visibles, les traits de deux petits personnages à genoux, les mains jointes, qui sont probablement les donateurs du tableau.
Ces peintures d'un style large et correct, d'un dessin ferme et vrai, rendent clairement le sujet comme l'entendaient si bien les peintres décorateurs du XIIIe siècle.
Les draperies sont fort belles et les personnages en pied, indiqués par un trait sûr, accusent une main exercée. La Vierge est nimbée et couronnée; le nimbe crucifère orne la tête de Jésus, conformément aux règles iconographiques l'un des mages seul à la couronne royale au front et le valet porte le costume du peuple de l'époque.
L'étoile traditionnelle, que les peintres du moyen-âge n'omettaient jamais dans leurs oeuvres, ne se remarque pas dans cette Adoration; elle a sans doute disparu avec le badigeon. Cette peinture exécutée à la détrempe, avec trois couleurs seulement rouge, jaune et noir, ne laisse pas cependant d'avoir une certaine harmonie de ton, uu aspect calme et religieux. Aussi sommes-nous heureux de dire que, sur nos observations, M. le Curé de Bourg a su conserver ce fragment intéressant d'un autre Age..
Société archéologique de Bordeaux
==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )
==> Bourg-Charente