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PHystorique- Les Portes du Temps
12 mars 2021

Note sur la famille maternelle de Jean de La Fontaine, Les Pidoux du Poitou et d'alliance entre les Richelieu

Église Sainte-Eulalie de Secondigny - Note sur la famille maternelle de Jean de La Fontaine, Les Pidoux du Poitou et d'alliance entre les Richelieu

Au cours de mes recherches sur la famille de Richelieu (Du Plessis, branche cadette), j'ai été amené à m'occuper d'une autre famille poitevine, celle des Pidoux.

 Or ces Pidoux sont les ancêtres maternels de La Fontaine.

Ayant rencontré quelques détails nouveaux et assez précis sur eux, je crois pouvoir les donner au public, sans avoir nullement la prétention d'être complet.

Voici tout d'abord les deux documents qui établissent des relations d'amitié et d'alliance même qui existaient entre les Richelieu et les Pidoux.

« Me François Pidoux, médecin du roi (Henri II), étoit assez avant en la faveur de la reine Catherine, pour raison de sa sciance et esperiance et habileté, ce qui lui occasionna souvantes foys servir les gens de son pays.

Monsieur du Plessis, père du père de monsieur le cardinal de Richelieu, s'ayda de cette faveur par la femme d'iceluy Pidoux, fit nourrir un sien fils, enfant du roi, et le mit en chemin de la fortune, lequel fils fut père de monsieur le cardinal et prévost de l'hôtel. (1) »

« François II du Plessis (père du cardinal), né en 1548. Il s'attacha au président Brisson qui aimoit Marguerite Duval, cousine de Richelieu, femme de Pidoux Malaguet, bourgeois de Fontenay, etc.(2). « 

 Sans insister sur la valeur de ces documents, en ce qui concerne la famille du Plessis, et il y aurait beaucoup à dire, il est certain que les Pidoux, originaires du Poitou, médecins des rois de France, avaient une sérieuse influence à la cour, et qu'ils ont pu être utiles à leurs parents ou à leurs amis les du Plessis de Richelieu (3). Ils ont d'ailleurs un autre titre à la curiosité de l'histoire, puisqu'ils sont les ancêtres immédiats de Jean de la Fontaine.

 

II.

François Pidoux était originaire de Châtellerault; il fut médecin à Poitiers, puis à Paris et remplit cette charge auprès de Henri II. Il fut aussi doyen de la faculté de Poitiers (4). C'est l'arrière-grand-père de La Fontaine.

De son temps, M. Pierre Pidoux, d'abord marchand, fut trésorier de France à Poitiers et maire de cette ville en 1575. Il mourut en 1581 (5): Plus tard, un autre Pierre Pidoux remplit les mêmes fonctions. C'est lui qui eut pour femme dame Marguerite Duval, ainsi qu'en fait foi l'inscription funéraire, gardée au musée de Poitiers :

« Cy gisent M Pierre Pidoux, chevalier de rendre du Roy, seigneur de Malaguet, Salen, Meocq, etc. qui par la bienveillance de ses concitoyens a esté esleu maire de cette ville, l'an 1593, et en seconde fois par le commandement du Roy Louis XIII, l'an 1613 ; décéda le 6 mars, aagé de 85 ans, l’an 1635; et dame Marguerite Duval, son épouse, aagée de 61 ans, décéda le. …. »

François Pidoux, le médecin, eut pour fils Jean Pidoux, né à Paris, vers le milieu du XVIe siècle ; celui-ci se fit recevoir docteur à Poitiers en 1571, revint à Paris et y prit le bonnet en 1588. Il paraît qu'en 1574 il avait accompagné Henri III en Pologne.

 Il avait rencontré dans l'entourage de ce prince de nombreux Poitevins et notamment François du Plessis de Richelieu, père du cardinal. Il revint en France avec Henri III; fut le médecin de ce prince et puis de Henri IV.

On ne sait jusqu'à quel point il est permis d'admettre l'affirmation de Dreux du Radier « qu'il fut employé en qualité de négociateur dans les affaires les plus importantes (6). »  Ce qui est certain c'est qu'il fut, comme son père, doyen de la faculté de médecine de Poitiers, et, dit son fils François, l'un des quatre agrégés de l'illustre faculté de Paris (7).

Un poète du temps nous le dépeint ainsi :

Grand d'esprit, grand de corps, d'honneurs et de moyens,

De vertus et de nom parmi ses citoyens (8).

On a de ce Jean Pidoux un traité sur les eaux de Pougues, paru en 1597 à Poitiers (9), chez Jean Blanchet avec ce titre : La vertu et les usages des fontaines de Pougues en Nivernois et administration de la douche par Jean Pidoux, médecin du roi et doyen de la faculté de médecine de Poitiers, auquel est joint un Discours qui peut servir aux fontaines de Spa et autres de pareil goût; et enfin J. Pidoxii pictavii sententia de febrium sede. (En un volume m-° de 78 pages.)

En 1605, il publia un traité sur la guérison.de la peste J. Pidoxii medici pictaviensis pestis cura, et polychresti descriptio (in-8'' de 35 pages). Il laissa quelques pièces de vers, qui cependant, comme le fait remarquer Dreux du Radier, ne permettent pas de lui donner la qualité de poète.

On lui doit aussi en collaboration avec J. Rochon : Febrium omnium solae putridae purgationem et sanguinis missionem admittunt (1588) (10).

Il mourut en 1610. Il prenait le titre de seigneur du Teillou ou Cheillou.

Jean Pidoux, grand-père de La Fontaine, avait épousé Françoise Bobe, qui eut de lui : 1er Valentin Pidoux, bailli de Coulommiers; 2e François Pidoux, né à Poitiers en 1586 et reçu docteur en médecine en 1609; 3° Louis Pidoux qui, en 1610, était étudiant en l'université de Poitiers; Françoise Pidoux qui, en 1610, était épouse de Louis de Jouy; 5° Jeanne Pidoux; 6° et Catherine Pidoux.

Le plus distingué de tous fut François Pidoux, médecin comme ses pères, comme eux maire de Poitiers (en 1631), comme eux doyen de la faculté de médecine, comme eux écrivain et poète à ses heures. On a de lui un traité de la fièvre pourprée Francisci Pidoux, Joannis filii, in inclyta Academia Pictaviensi facultatis medicae primicerii et in metropoli Pictonum patricii, de febre purpurea. (Augustoriti Pictonum. Sumptib. Thoreau et Joann. Fleuriau M. DC. LVI.)

 

  En outre lorsque le procès des Ursulines de Loudun passionna toute la contrée, le doyen de la faculté de Poitiers crut devoir dire son mot.

Il se prononça contre l'idée de la possession et attribua les phénomènes relevés par l'enquête à des causes naturelles. Vivement attaqué, il publia une apologie de son sentiment.

 

On a donc de lui, à ce sujet, tout d'abord ;  In actiones Juliodunensium virginum Fr. Pidoux exercitationes medicae  (Picton. 1635 (11); et Germana deffensio exercitationum Francisci Pidoux doctoris medici pictaviensis in actiones Joliodunensium virginum adversus Ulalium (Gabriel Duval) pictaviensem.

Il mourut en 1662, âgé de soixante-dix-huit ans.

Contentons-nous d'indiquer ici que la famille des Pidoux, soit dans la branche dont nous venons de citer les noms les plus illustres, soit dans d'autres branches non moins importantes comme celle des La Rochefaton, continua à prospérer dans le Poitou, et qu'elle y existait encore il y a quelques années.

Armories : Les Pidoux de Poitiers portaient d'argent à 12 frètes en 3 losanges de sable (12).

 

III.

Venons maintenant aux Pidoux de Coulommiers.

On n'avait eu jusqu'ici qu'une notion assez vague des liens de parenté qui les unissaient avec les Pidoux du Poitou. Il était assez difficile de se rendre compte des raisons qui avaient transporté brusquement une branche de cette famille dans une province aussi éloignée de son lieu d'origine.

Nous pensons avoir trouvé l'explication.

Jean Pidoux, le médecin de Henri III, l'auteur du traité sur les eaux de Pougues, était né à Paris. Ses fonctions le retenaient naturellement à la cour. Paris devait être son séjour habituel. Il s'était marié dans l'Ile-de-France. Quoi qu'il en soit, nous savons qu'avant l'année 1582, sa femme, Françoise Bobe, possédait à Coulommiers, dans le faubourg de Provins, une propriété, composée de deux corps d'habitation et de jardins, qui leur servait probablement de maison de campagne (13).

p. 55 et suiv.) C'est ce Jean qui fut maire de Poitiers en 1619 et qui fit faire le curieux tableau du siège de 1569, conservé au musée et qui porte l'inscription suivante

« Figure et plan de la ville de Poitiers assiégée en 1569 par Gaspard de Coligny, amiral de France, estant lors maire Joseph le Bascle; figure levée par commandement de sire Jean Pidoux, maire, et de MM. les eschevins, l'an 1619. »

1620. Charles Pidoux, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel et commissaire examinateur au siège royal de Civray. (Voir ci-dessus.)

1646. François Pidoux, écuyer, docteur en médecine de l'Université de Poitiers.

 

 

Je joindrai ici quelques renseignements sur les Pidoux de Châtellerault.

 On trouve, en 1628, un René Pidoux, sieur de Méoc, lieutenant particulier à Châtellerault. (Voir abbé Lalanne, Histoire de Châtellerault et du Châtelleraudais, t. II, p. 126 et p. 134.)

De 1633 à 1659, Pierre Pidoux, écuyer, seigneur de Malaguet, lieutenant général de robe longue de la sénéchaussée de Châtellerault; maire de 1643 à 1653, avec les titres de conseiller du roi, président au siège royal, lieutenant général civil et criminel. (Ibid.)

C'est probablement ce Pidoux que La Fontaine vit en 1653, et qui fait l'objet de 1a charmante lettre citée ci-dessous. Voir aussi à la Bib.. nat. (Cabinet des titres, dossier des Pidoux, volume 2270) deux pièces qui le concernent, l'une d'août 1641 et l'autre de 1658.

Jean Pidoux et sa femme, tout en déclarant Poitiers comme leur résidence habituelle, demeuraient cependant à Coulommiers durant une partie de l'année. Car leur séjour dans cette ville eut pour effet d'y fixer définitivement deux de leurs enfants ce sont Valentin Pidoux, qui devint bailli de Coulommiers, et Françoise Pidoux, mère de La Fontaine.

 

Nous avons l'acte de naissance de celle-ci.

« Die quarta mensis octobris,

« Francisca, filia magistri Johannis Pidoux doctoris medici et Francisca ejus uxoris, baptizata fuit : patrinus Johannes Debaston, matrinae vero Johanna uxor nobilis viri magistri Johannis Hardi et Margareta uxor magistri Nicolai Quatresolz  (14) »

M. Mesnard, dans sa notice si complète sur le fabuliste (15), dit qu'il est à regretter que l'on n'ait aucun renseignement sur la mère de La Fontaine. Nous venons d'établir clairement sa parenté avec les Pidoux de Poitiers. Nous venons de donner son acte de baptême.

 Essayons de préciser encore quelques dates. Avant l'année 1610 elle avait épousé un sieur Louis de Jouy, marchand à Coulommiers (16). De ce premier mariage, elle eut une fille, Anne de Jouy, demi-sœur de La Fontaine.

Cette Anne de Jouy épousa par la suite Henri de Villemontée (17). Son nom revient assez souvent dans les lettres de La Fontaine à M. Jannart.

 

A quelle date mourut le premier mari de la mère de La Fontaine ?

Nous ne le savons pas exactement. C'est entre 1610, où elle est dite encore femme de Louis de Jouy, et 1617, date de son mariage avec Charles de la Fontaine.

Elle eut, de son second mari, deux enfants, Jean le fabuliste, baptisé à Château-Thierry, le 8 juillet i6zi, et Claude, baptisé le 26 septembre 1623.

« Un acte notarié du lundi cinquième jour de novembre mil six cent vingt-deulx, constate une reconnaissance de rente de vingt-sept livres tournois envers Me Charles de la Fontaine, escuyer, maître des eaux et forêts de Château-Thierry, y demeurant, à présent mary de dame Françoise Pidoux, sa femme, auparavant veuve de Louis de Jouy, tant en son nom que comme tuteur et ami de la fille mineure

année. D'autre part, une généalogie des Villemontée, qui nous est communiquée par M. H. Renaud, de Troyes, l'éditeur des lettres de François de Villemontée, évêque de Saint-Malo, intendant à la Rochelle, fournit les renseignements suivants :

Guillaume de Villemontée, Trésorier de la vénerie et fauconnerie du Roi (issu de la branche actuellement existante), marié par contrat le 17 juillet 1531 à Marguerite du Chaufour, fille du vicomte de Vaulx.

 Il en eut :

Bulletin_de_la_Société_de_[

Epousa avant 1656 secrétaire de la dudit feu Lois de Jouy et de laditte dame Pidoux et comme ayant droit par transport à laditte rente (18) ».

M. Mesnard a rencontré une autre trace de l'existence de Françoise Pidoux, femme de Charles de la Fontaine. Le dernier mars 1634, elle figure comme marraine sur les registres de la paroisse de Saint-Crépin de Château-Thierry. Elle avait alors cinquante-deux ans.

Il paraît qu'en 1647 lors du mariage de La Fontaine, elle était morte. Cependant j'ai trouvé son nom mentionné une fois encore.

En 1658, dans l'état des ventes de la Marguillerie de Coulommiers, on lit « M" Pidoux, au lieu de M. Charles de la Fontaine à cause de sa femme, doit, au jour de la Saint-Jean, 17 sous 6 deniers tournois à prendre sur la maison de défunt Louis de Jouy (19). »

Disons en terminant que la branche des Pidoux, transplantée à Coulommiers, y prospéra.

Le frère aîné de Françoise Pidoux, par conséquent l'oncle de La Fontaine, Valentin, est mentionné, à partir d'août 1612, avec les titres suivants « Valentin Pidoux, licencié ès-loix, avocat en parlement, bailli civil et criminel du Bailliage et Chatellenie de Coulommiers en Brie. » Il est à cette date fondé de pouvoir de la princesse de Longueville. Nous le retrouvons avec les mêmes titres en 1614, 1631, etc. (20)..

 Il eut probablement pour fils le Jean Pidoux qui figure dans l'acte de baptême mentionné ci-dessus.

En 1661, naquit un autre Valentin Pidoux qui était appelé à jouer un certain rôle il fut d'église et devint grand-vicaire de Bossuet, puis doyen du chapitre de Meaux. L'abbé Le Dieu en parle comme d'un homme assez médiocre (21); mais les jugements de Le Dieu sont souvent passionnés.

Voici l'inscription tumulaire de ce Valentin Pidoux, recueillie à Meaux par M. Farges :

HIC JACET

VALENTINUS PIDOUX

PRESBYTER MELDENSIS

S. FACULT. ET REGIA SOCIETATE NAVARREA

DOCTOR THEOLOGUS

PRIMUM HUJUSCE ECCLESIE CANTOR

ET CANONICUS

NEC NON

ILLUSTRISSIMI AC REVERENDISSIMI

JACOB BENIGNI BOSSUET MELD. EPISCOPI

VICARIUS GENERALIS

DEINDE VENERABILIS CAPITULI SUFFRAGIIS

DECANUS.

OBIIT PRIDIE IDUS DECEMBRIS

ANNO DOMINI

M DCC XXXVIII

AETATIS LXXVII DECANATUS XXXII.

Jo. BAPT. PIDOUX D. DE MONTANGLAUT ET

NICOLAUS PHILIPPUS PIDOUX D. DE FRANCHEVILLE

EQUITES FRATRI AMANTISSIMO MONUMENTUM

HOC POSUERUNT.

REQUIESCAT IN PACE.

Outre ce J.-Baptiste et ce Nicolas-Philippe Pidoux, cités dans l'inscription, nous trouvons encore dans les minutes du greffe de la prévôté de Montanglaust un Henri Pidoux, écuyer, seigneur de Montanglaust et de la Madurée (1686-1693); un Henri Pidoux, écuyer, seigneur de Masure de la Madurée et de Montanglaust (1694-1704); un N. Pidoux, écuyer, seigneur de Montanglaust (1700-1722); un Jean-Baptiste Pidoux (c'est probablement le frère de l'abbé) (1720-1742); un Claude-Henry (1743-1760); un Jean-Baptiste-Claude, chevalier, mousquetaire du roi dans sa première compagnie (1761); enfin un Jean-Baptiste-Henry, chevalier, seigneur de Montanglaust, grand bailli d'épée, gouverneur de Meaux; plus tard chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, capitaine de dragons, écuyer de S. A. S. M"' la duchesse de Bourbon (1764-1789). (22).

 

IV.

Les résultats de nos recherches, complétant celles de MM. Walckenaër et Mesnard, sont donc les suivants :

La filiation de La Fontaine à l'égard des Pidoux de Poitiers est clairement établie.

La famille des Pidoux avait depuis longtemps une culture scientifique et littéraire. Elle brillait même d'un réel éclat. Il n'est pas indifférent de savoir que La Fontaine avait été précédé dans sa famille par une longue suite d'hommes d'étude et de talent.

 Nous avons pu ajouter à ces renseignements un fait assez piquant, c'est qu'il y avait une certaine alliance entre les Richelieu et les Pidoux, ancêtres de La Fontaine.

Nous avons, en second lieu, déterminé avec précision la date de la naissance de la mère de La Fontaine et fixé quelques événements de sa vie nous avons établi bien clairement le fait de son premier mariage avec Louis de Jouy.

Enfin, il nous a été possible de prouver l'existence d'une première sœur de La Fontaine, Anne de Jouy, et de l'identifier avec Mme de Villemontée.

La nature toute documentaire d'un travail de cette sorte ne nous a pas permis de nous étendre sur le côté vraiment intéressant de cette étude, à savoir sur le caractère de cette famille des Pidoux et sur les relations du fabuliste avec ses parents maternels.

Ce n'est pourtant pas que les faits nous manquent.

Qui n'a lu cette exquise correspondance adressée par La Fontaine à sa femme, durant le voyage qu'il fit en Poitou et en Limousin avec son oncle Jannart, au mois d'août 1663 ?

Il savait bien qu'il devait retrouver des parents du côté de Poitiers.

Il avait le souvenir que, quelques années auparavant, un sien cousin germain, habitant de cette ville, « l'avait plaidé. » Les voyageurs n'allèrent pas jusqu'à Poitiers.

Seulement, à Châtellerault, le fabuliste fut mis en relation avec un de ses parents (23), excellent octogénaire, dont la rencontre le mit en belle humeur « Je trouvai à Châtellerault, écrit-il, un Pidoux dont notre hôte avait épousé la belle-soeur. Tous les Pidoux ont du nez et abondamment (24). On nous assura de plus qu'ils vivoient longtemps (25) et que la mort, qui est un accident si commun chez les autres hommes, passoit pour prodige parmi ceux de cette lignée. Je serois merveilleusement curieux que la chose fût véritable. Quoique ce soit, mon parent de Châtellerault demeure onze heures à cheval, sans s'incommoder, bien qu'il passe quatre- vingts ans. Ce qu'il a de particulier, et que ses parents de Château-Thierry n'ont pas, il aime la chasse et la paume, sait l'Écriture et compose des livres de controverse; au reste l'homme le plus gai que vous ayez vu et qui songe le moins aux affaires, excepté celles de son plaisir. Je crois qu'il s'est marié plus d'une fois; la femme qu'il a maintenant est bien faite et a certainement du mérite. Je lui sais bon gré d'une chose; c'est qu'elle cajole son mari et vit avec lui comme s'il étoit son galant; et je sais bon gré d'une chose à son mari, c'est qu'il lui fait encore des enfants. Il y a ainsi d'heureuses vieillesses, à qui les plaisirs, l'amour et les grâces tiennent compagnie jusqu'au bout il n'y en a guère, mais il y en a, et celle-ci en est une. »

 Ne voilà-t-il pas un beau portrait et qui donne quelque envie de faire plus ample connaissance avec celui qui a servi de modèle? C'était un parent de La Fontaine; c'était un Pidoux. « Les plaisirs, l'amour et les grâces lui tenaient compagnie jusqu'au bout. » Il en était ainsi dans cette famille, et La Fontaine avait de qui tenir.

C'est ce rapprochement qui sera notre excuse.

 Il fera pardonner la sécheresse d'une notice dont l'objet est uniquement de rattacher le fabuliste à une maison distinguée, à une province qui produisit Richelieu, Descartes, Rabelais et qui donna des ancêtres à Voltaire, après en avoir donné à La Fontaine.

G HANOTAUX

 

 

 

 

 

Voyage dans le Haut – Poitou de Jean de La Fontaine (Richelieu, Châtellerault, Poitiers, Chauvigny, Bellac) <==.... ....==> UNE SŒUR IGNORÉE DE RICHELIEU

 


 

(1). Document communiqué à M. Martineau, auteur d'une Vie du cardinal de Richelieu, par M. Fillon, de Fontenay-le-Comte.

 

 (L'église Sainte-Eulalie à Secondigny)

 Ce document est tiré d'un mémoire manuscrit appartenant à M. Pidoux, de Secondigny (Deux-Sèvres); il est du milieu du XVII siècle. Voy. Martineau, Le cardinal de Richelieu, t. 1 (seul paru), p. 52.

Isabelle Françoise du Plessis, mentionnée pour la première fois en 1901 par Oscar de Poli dans Notice historique et généalogique sur la famille Pidoux serait une sœur ignorée du Cardinal de Richelieu qui épousa Louis Pidoux, médecin à Nozeroy, qui serait issu de la famille Pidoux du Poitou.

(2). Extrait d'une généalogie des du Plessis-Richelieu, publiée par M. Taschereau (dans la Revue rétrospective), d'après Amelot de la Houssaye (voy. Martineau, p. 80, tableau n° 2). M. Martineau indique une autre alliance de la famille des Pidoux avec les Richelieu; c'est par les La Porte, dont Suzanne, mère du cardinal.

 En 1570, un Mathurin Pidoux, seigneur de la Rochefatton, maria sa fille, Mathurine Pidoux, avec un Olivier Chapelain, allié lui-même des La Porte (d'après Ledain, .Histoire de Parthenay).

(3). C'est probablement en souvenir de ces services rendus, qu'en 1617, un certain Jean Pidoux fut nommé abbé de la Fontenelle, dans le diocèse de Luçon, alors que Richelieu, déjà très influent à la cour, en était encore évêque. (Gallia christiana, t. II, col. :4.36 E.)

(4). Voir Dreux du Radier, .Biblioth. histor. du Poitou (t. II, p. 316), et Francisci Pidoux…. de febre purpurea. Poitiers, 1656, p. 74 :  « Avus meus, Franciscus Pidoux medicus regius et Medicae facultatis Pictaviensis decanus….. »

(5). Voir Journal, de Michel le Riche, publié par Fontenelle de Vaudoré. Saint-Maixent, 1846, in-8°, p. 338.

(7)   Je remarque qu'il n'est pas mentionné une seule fois dans les Lettres missives, ni dans les autres recueils de documents contemporains.

(8)   « Unus ex quatuor in inclytam facultatem parisiensem adoptatis. »

(9)    Voir tout l'article que lui consacre Dreux du Radier, p. 317, d'après Michel Le Riche, loc. cit., p. 482.

(10)                      1597 est la date donnée par Dreux du Radier. II existe à la Bibliothèque de la faculté de médecine de Paris un exemplaire de ce traité (in-8°), daté de 1595.

              Voir Haller, Bibliotheca medicinae praticae.Berne, 1777 (t. II, p. 279).

 (11) HalIer, loc.cit.

(12). Armoiries de la famille Pidoux :

1° « D’argent à 3 frettes de sable posées 2 et 1 » blason figurant à la Mosnerie, sur une pierre sculptée et avant la Révolution, sur un autel en pierre de l’église de Secondigny en Gâtine.

Charles Gabriel de PIDOUX de La MOSNERIE PIDOUX, seigneur de La Mosnerie né en 1772 et décédé en 1856.

L Aumônerie de Secondigny «Mosnerie» en 1400, «Mousnerie» en 1580, pour Bélisaire Ledain et de nouveau «Mosnerie» et aussi «Monnerie» sur les actes officiels, titres de noblesse, actes notariés, jusqu au début du siècle.

Le nom «Aumônerie» apparaît officiellement pour la première fois, au moment de l’établissement des cadastres et des inventaires en Sur le cadastre préliminaire établi en 1838 par Charles Honoré Pidoux de la Mosnerie ancien maire, Pierre Bonnin notaire, successeur, et M. Jamnar, directeur des contributions, sous le contrôle de la préfecture, seul le nom «Mosnerie» apparaît.

16 septembre 1767 Pidoux Charles 75 ans inhumé dans l’église de Secondigny.

Voici quelques renseignements provenant de différentes sources qui se rapportent à d'autres membres de la famille des Pidoux du Poitou.

Tout d'abord ceux de Poitiers Un certain nombre de pièces originales les concernant sont conservées au cabinet des titres à la Bibliothèque nationale, vol. 2270; n° 5I317, fol. i et sq.

1581. André Pidoux, écuyer.

1588-1592- 1593. André Pidoux, écuyer, sieur de Malaguet, conseiller du roi et élu en Poitou. Il joue ainsi que son neveu un rôle important dans la Ligue.

1592. Charles Pidoux, écuyer, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel au comté et sénéchaussée de Civray.

Nov. 1601. Le même s'intitule seigneur du Chaillou.

1608. Demoiselle Isabelle de Tudert, veuve de Lancelot Pidoux.

1615. René Pidoux, conseiller du roi en sa cour de parlement et commissaire de par icelle en cette partie, abbé du Bois-GroIand, dans le diocèse de Luçon, et de la Valence, dans le diocèse de Poitiers, en 1595 et 1597. (Gallia christiana, t. II, col. 1439 et 1460.)

1619. Jean Pidoux, marié à une de la Porte-le-Porc, mort en 1630; il était neveu de Pierre Pidoux cité plus haut. Toute la famille, fervente catholique, était dévouée à la Ligue. Sous la régence de Marie de Médicis, ce Pidoux se distingua par son opposition aux Sainte-Marthe. (Voir Ouvré, Essai sur l'histoire de Poitiers depuis la Ligue jusqu'en 1628. Poitiers, 1858, in-8",

 

(13). Dans une déclaration à terrier faite à Faremoutiers, le 4 mai 1604 « Françoise Bobé (ou Bobe), épouse de Maistre Jehan Pidoux, médecin du Roy, résidant à Poitiers, ladite dame fondée de procuration de son mari…. a reconnu être propriétaire de deux maisons, eau, jardin, assises aux faulx bourgs de la Porte de Provins, de Coulommiers, de deux pièces de pré sises près Coubertin. etc. » Lesdits immeubles étaient de la censive de l'abbaye de Faremoutiers. (Extrait des archives de Coulommiers. Communication de M. Heinrich, secrétaire de la Mairie.)

(14). (Extrait des actes de la paroisse de Saint-Denis de Coulommiers; année 1582. Mairie de Coulommiers.)

Un Jean Pidoux (peut-être fils de Valentin ?) figure en 1623 sur les registres de baptême comme parrain d'un enfant de Jean Quatresolz. La marraine est Anne de Jouy, probablement la sœur de La Fontaine (/Invent. des archives de Seine-et-Marne, série E; GG 8, registre, p. 57).

(15). En tête de l'édition parue dans la Collection des grands écrivains (t. I, p. IX). On voudra bien relire les premières pages de cette excellente notice, pour se rendre compte de l'état de la science au sujet de la famille de Jean de la Fontaine.

(16). Voir Journal de Michel Le Riche, p. 482.

(17) M. Mesnard émet, à titre d'hypothèse, l'opinion que M. de Villemontée pourrait être Anne de Jouy, la demi-sœur de La Fontaine. C'est un fait absolument certain.

Nous avons déjà vu cette Anne de Jouy mentionnée comme marraine de Marguerite Quatresols, avec un certain Jean Pidoux comme compère, dans un acte du 5 janvier 1623. Elle n'était pas mariée en 1622, car son beau-père conserve encore la tutelle dans un acte notarié, passé le 5 novembre de ladite

(18). Cet acte a été publié in extenso dans le Bulletin de la Société d'archéologie de Seine-et-Marne (t. V, p. 3t5). Il est tiré des minutes de Bertrand Prévost, notaire à Passy-lès-Nanteuil. Étude de M° Girardot, notaire à Nanteuil-sur-Marne.

(19). Inventaire des archives de Seine-et-Marne, série E. GG 32; cahier.

(20). Bibliothèque nationale, cabinet des titres dossier 51317 et 51318.

(21). Voir Mémoires et Journal sur la vie et les ouvrages de Bossuet, par l'abbé Le Dieu (Didier, 1857, 4 vol. in-8' t. 111, p. 418-428).

(22). Je dois ces renseignements sur les Pidoux de Montanglaust à la bienveillance de M. Lemaire, archiviste de Seine-et-Marne.

(23). Probablement Pierre Pidoux de Malaguet; voir ci-dessus la note sur les Pidoux de Châtellerault.

(24). Cela était vrai même de La Fontaine.

(25). Cela était encore vrai. Nous connaissons plusieurs octogénaires dans cette famille. On peut ajouter qu'ils étaient grands et forts. C'était une belle race.

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Commentaires
R
Magnifique site ou je retrouve un cousin si célèbre.<br /> <br /> Ma question à trait à la liaison entre René Pidoux ec sr de Méocq qui épousa en 2 Jeanne Philippon. Issu de Pierre Pidoux ec sgr de Malaguet consul et maire de Poitiers dont j'ignore l'épouse.<br /> <br /> Pourriez-vous me fixer cette généalogie s'il était possible.<br /> <br /> Je vous le répète votre site est remarquable sans ostentation et sans intérêt de ma part. Vous avez su faire entrer la grande histoire par simplicité.<br /> <br /> Très cordialement.<br /> <br /> Philippe Dien-Jahan <br /> <br /> Alliance Jahan -Beraudin. Et Pidoux sur Richeleu.
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