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PHystorique- Les Portes du Temps
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14 août 2020

Dénomination géographiques : Civitas, parochia, dioccesis, urbs, municipium, castrum, castellum, vicus, villa, burgus, bastida

Dans les plus anciens documents diplomatiques qui nous soient parvenus,  ce sont en France les actes mérovingiens, - la cité représente encore ce que l'on peut appeler, avec M. Longnon, l'unité territoriale. Le terme civitas désigne ordinairement un territoire, correspondant plus ou moins à celui d'un ancien peuple gaulois, et ayant pour chef-lieu une ville épiscopale; mais parfois déjà il ne désigne que la ville épiscopale.

Dans le premier sens, civitas a pour synonyme parochia ou dioecesis, termes dont la signification, encore indécise sous les deux premières dynasties de nos rois, s'est précisée, dans l'acception des mots français dérivés de ces termes, au cours du XI siècle.  Le mot urbs était à l'époque mèrovingienne à peu près synonyme de civitas; lui aussi désignait le siège épiscopal et son territoire; toutefois, dès l'époque carolingienne et pendant tout le moyen âge, on a nommé de préférence civitates, en français cités, les villes épiscopales, et le mot urbs n'a plus été d'un emploi fréquent.

Le mot municipium a été la cause de fréquentes méprises de la part d'historiens qui ont voulu l'interpréter d'après sa signification dans la langue classique. Dans les textes les plus anciens, je ne sais toutefois si l'on en trouverait des exemples dans les documents diplomatiques, on le trouve appliqué aux grandes villes, sièges d'un comté et d'un évêché : puis, de siècle en siècle, il s'applique à des localités moins importantes et finit par tomber en désuétude; je ne crois pas que l'on en puisse citer beaucoup d'exemples postérieurs au XIIe siècle.

 Beaucoup d'auteurs l'ont interprété comme s'il avait désigné, au moyen Age comme dans l'antiquité, une ville municipale; mais cette acception s'était si complètement perdue que c'est du mot munire qu'on le faisait dériver.

Au Xe siècle, municipium s'applique souvent au château, résidence du comte, et plus tard ce n'est qu'un lieu fortifié quelconque.       

Les villes d'une importance secondaire étaient à l'époque mérovingienne des castra. Ce terme castrum est encore l'un de ceux qui ont souvent cause des méprises. Il désignait une ville fortifiée, parce que toute ville était protégée par des murailles et devait pouvoir servir de refuge: mais il faut se garder, à partir du Xe siècle au moins, de le confondre avec son diminutif castellum qui est proprement le château. A la différence de la plupart des désignations analogues, la signification du mot castrum n'a pas subi beaucoup de variations. Les listes de villes qui se trouvent dans les registres de Philippe Auguste distinguent, tout comme à l'époque mérovingienne, les civitates et les castra, et comprennent sous ce dernier terme les villes non épiscopales.

 Au cours du XIIIe siècle, cependant, le mot castrum semble être tombé en désuétude, ou, s'il fut parfois employé, il redevint à peu près synonyme de castellum.

Le mot vicus, qui dans l'antiquité avait désigné un quartier ou bien une rue d'une ville, s'est appliqué dans les textes mérovingiens à un groupe d'habitations rurales; il est assez rare dans les actes de celle époque; on peut, lorsqu'on le rencontre, le traduire assez exactement par village. Mais plus tard, et dès le XIIe siècle, les clercs qui savaient le latin lui rendirent son ancienne acception et il redevint la rue.

Cette variation de sens a coïncidé à peu près avec celle du mot villa. Ce terme, à l'époque mèrovingienne , désigne le plus souvent un domaine rural ; puis, de siècle en siècle, il s'appliqua à des localités plus considérables.

Dès le VIIIe siècle, il désigne assez souvent un groupe d'habitations, ordinairement pourvu d'une église, un village, et celle acception devient générale au Xe siècle.

Deux siècles plus tard, c'est la ville, et on l'applique même communément aux villes épiscopales, quoique celles-ci continuent à être plus spécialement nommées des cités. Louis IX fait des ordonnances pour les bonnes villes (bonae villae) du royaume, et semble entendre par là toutes celles, sans distinction, qui sont pourvues d'une organisation municipale.

Le mot d'origine germanique burgus, que Végèce emploie dans le sens de château fort, acception qui a persisté dans les pays germaniques, a désigné au contraire clans les textes français du moyen âge les agglomérations, closes ou non de murailles, qui se sont formées soit dans le voisinage et en dehors des civitates ou des castra, soit autour de certains monastères. C'est' l'acception qui a passé en français aux mots bourg et faubourg.      

li serait facile de poursuivre, en en précisant l'étude davantage, la revue des mots qui désignent dans les textes les lieux habités ; mais, sans insister sur ces explications qui seraient ici hors d'œuvre, il suffira de citer quelques termes, tels, par exemple, que bastida, qui après avoir désigné une construction fortifiée, a pris au cours du XIIIe siècle, dans le midi de la France, le sens de ville neuve; ou encore les mots presque innombrables qui désignaient, soit de petites localités, soit des habitations ou exploitations rurales : borda, maison ou cabane de paysan, dont le diminutif bordaria, employé spécialement dans le midi de la France, y a désigné une ferme ou une mètairie ; casa, habitation, et ses dérivés : casagium, casale, casalaria, casalagium, casamentum, casellum, etc.: colonia et colonica ou colongia ; habitation et domaine d'un colon; cota, cotaqium, coteria, synonymes ou à peu près de borde et les termes qui désignaient les circonscriptions territoriales ont été, en général , mieux étudiés. Il suffira de rappeler ici quelques-uns d'entre eux à titre d'exemples. On a dit plus haut qu’en Gaule l'unité territoriale, à la fois civile et ecclésiastique, avait été la civitas, correspondant au diocèse.  Mais, pour indiquer le territoire de la cité, on employait parfois aussi d'autres mots, dont le sens fut toujours moins précis et qui purent s'appliquer à d'autres divisions ou même à des régions naturelles; tels sont, par exemple, reqio, territorium, terminus.

 Un autre terme, pagus, remontant aussi il l'époque romaine, désignait dès lors la circonscription gouvernée par un comte; ces circonscriptions correspondirent d'abord aux territoires des cités, mais plus tard beaucoup d'entre elles n'en représentèrent plus qu'une fraction ou une subdivision, lorsque les cités eurent été démembrées, comme il arriva pendant l'époque mérovingienne et particulièrement aux VIIe et VIIIe siècles.

A ce terme de pagus se substitua peu à peu, à partir du règne de Charlemagne, le mot comitatus, qui sous les Mérovingiens avait exclusivement désigné l'office du comte. Les subdivisions des pagi ou comtés portaient les noms de vicaria, centena, condita, ager; parfois aussi l'ager était lui-même une subdivision de la viguerie.

Les territoires plus petits étaient désignés par le mot terminus qui s'appliquait parfois, connue on l'a vu, à la cité entière, et plus souvent, du moins au nord-est de la France, par le mot finis, qui fut remplacé lui-même, après le X siècle, par le mot parochia. Les mêmes mots terminus et finis s'appliquaient aussi aux territoires des villes, mais, à partir du XIIe siècle, on distingua entre le territoire intra -muros et les dépendances rurales ou banlieue (banni leuca, banleuca), termes qui eurent pour synonymes quinta (Angers, Angoulême, Le Mans, Poitiers, etc.), septena (Bourges), leuca, leucata (Rouen), dex (Toulouse).

Il serait trop long de passer ici en revue les termes qui on désigné les circonscriptions féodales : duchés, comtés, vicomtès , châtellenies et seigneuries de tous genres; ceux qui ont désigné les circonscriptions ecclésiastiques : provinces, diocèses, archidiaconès, doyennés et paroisses; ceux enfin qui se sont appliqués aux divisions administratives et judiciaires : baillages, sènèchaussèes, prèvôtès, etc.

 Les anciennes dénominations, latines ou françaises, de ces circonscriptions sont toutes bien connues et il ne manque pas d’ouvrages où il est facile de se renseigner sur l'usage qui en a été fait. On comprendra, sans qu'il soit besoin d'insister d’avantage, de quelle utilité sont les textes diplomatiques pour reconstituer toute l'ancienne géographie et de quel secours peuvent être à la critique les termes qui sont employés dans les chartes pour désigner les divisions géographiques.

Le vocabulaire proprement topographique n'est pas moins intéressant : il comprend les termes qui ont servi à désigner la nature et les accidents du sol, les cultures ou plantations et même les constructions ou les travaux d'art subsistants ou en ruines. Ces termes ont varié suivant les pays beaucoup plus que les autres mots de la langue géographique, et, par là, ils offrent à la critique un intérêt particulier. Chaque région avait et conserve encore, sinon son vocabulaire topographique spécial, du moins quelques termes qui lui sont propres et qu'on retrouve pour la plupart dans les noms de lieu de la contrée. Ceux de ces termes demeurés eu usage sont généralement connus, mais beaucoup sont tombés en désuétude qu'on ne retrouve que dans les chartes où il faut les recueillir pour en déterminer l'origine et la signification.

Sans insister outre mesure sur des matières qui ne relèvent que très indirectement de la diplomatique, quelques exemples suffiront â indiquer l'intérêt que peuvent avoir pour la critique les termes de cette catégorie.

Les terres en friche, soumises à la vaine pâture, sont généralement désignées dans les chartes de la France par les mots pasturagium ou pascua, mais dans les documents du Sud-Ouest (Guyenne et Béarn) on nomme les terres de cette nature paduentum ou padoencium, et en langue vulgaire padouens ; on les nomme garrigues (garriguae) le long des Pyrénées, en Roussillon et en Languedoc.       

On trouve quelquefois mentionnés dans les chartes les monticules naturels ou factices élevés pour recouvrir les sépultures  des plus anciens habitants du pays ou pour supporter les forteresses dont la  France se hérissa au début de l'époque féodale; le terme le plus généralement employé fut mota (motte): mais dans certains pays de l'est (Dresse, Dombes, Dauphiné), on les appela des poypes (poypia); le mot tumulus, dont on se sert communément aujourd'hui pour désigner celles de ces éminences qui remontent aux temps préhistoriques, leur a été donné par les savants et ne se rencontre pas dans les textes du moyen âge.

 

 

 

Manuel de diplomatique (Nouvelle édition) / par A. Giry,

==> Carte Celte Gaule Peuples Gaulois

==> L'Organisation administrative du Comté de Poitou au Xe siècle et l'avènement des Châtelains et des Châtellenies

==> AUNIS (Pays d' Pagus Alnisus, Alienensis, Alniensis).

==> Origine du pagus niortensis ( Niort )

==>Les trois pagi de Mauges, Tiffauges, Herbauge - Délimitation du Pays des Mauges avant le XIe Siècle (carte)

==> Quand Poitiers s’appelait Limonum capitale des peuples Pictavi et Tiffauges, Theiphalia

 

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