Sur la fin du Ve siècle, la puissance romaine penchait vers son déclin ; l'étoile des Césars, qui avait projeté de lumineux rayons sur la terre des Gaules, perdait chaque jour de son éclat avant de disparaître pour faire place à un astre nouveau. Les Francs victorieux allaient essayer de relever le sceptre d'Occident que les mains débiles des derniers successeurs d'Auguste n'avaient plus la force de porter. Aux prises avec les difficultés matérielles de la conquête et avec les obstacles politiques et religieux qui se dressaient devant eux, les Francs avaient bien d'autres soucis que de construire des ponts de pierre sur les rivières de la Gaule. Successeurs et héritiers des Romains, ils profitaient de leurs oeuvres sans chercher à les améliorer, car pendant de longues années après la mort de Clovis, ses descendants divisés par les rivalités et les ambitions étaient plus préoccupés d'intrigues et de violences réciproques que du bienêtre de leurs sujets ; ils n'eurent ni la volonté ni le temps de créer des voies de communication. L'insuffisance de leurs moyens d'action et l'ignorance de leurs ouvriers suffiraient d'ailleurs, à défaut d'autres motifs, à expliquer leur incurie (1) ; que la décadence de l'art, pendant les derniers temps de la domination romaine et à l'aurore de la période mérovingienne, soit considérée comme une cause ou comme un effet, peu importe, elle nous fait comprendre pourquoi les dynasties franques ne s'attachèrent pas à doter leurs royaumes d'édifices de cette nature ; là où la civilisation romaine armée de toutes les ressources contemporaines de la science et de la richesse avait dû s'arrêter, pouvait-on espérer logiquement que l'ignorance de populations que l'on appelait barbares, et privées de tous ces moyens, dût faire un pas en avant ? Ces nouveaux conquérants se contentaient donc de ponts de bois, souvent même de ponts de bateaux ou de simples bacs pour franchir les fleuves, les rivières et les ruisseaux. Ainsi, dans les premières années du VIe siècle, sous le règne de Clovis (507), la ville d'Arles était en possession d'un pont planchéié (2) et quelques années plus tard le duc Gontran Boson, l'un des grands personnages de la cour de Childebert, traversait la Loire à Amboise sur un pont de bateaux qu'un vent violent disloquait au moment même où il se trouvait sur ce frêle édifice (3).
En l'absence de ponts ou de bacs, et lorsque la situation des lieux où les circonstances ne permettaient pas d'en établir, on franchissait à gué les cours d'eau (4), à la seule condition toutefois que cette manoeuvre ne fût pas matériellement impraticable. Toutefois, quel que fût le degré d'ignorance où était plongé ce pays, il répugne absolument à l'esprit d'admettre qu'aucun moyen de traverser les cours d'eau ne fût à la disposition de ses populations, spécialement dans la partie centrale de la Gaule, entre Nevers et Tours, qui nous occupe particulièrement ici. Bien que les guerres étrangères et intestines fussent à peu près l'état normal durant ces longs siècles de transitions mystérieuses et de transformations sanglantes, nous nous refusons à croire que l'instinct social, fût-il même exclusivement militaire et conquérant, n'eût pas fait sentir à ces nouveaux maîtres le besoin et la nécessité d'établir et surtout de conserver des voies de communication, et de les rétablir dès que, par des causes quelconques, les ponts avaient été ou détériorés ou détruits. La vérité de cette opinion que nous ne prétendons pas démontrer par ces seules considérations morales nous paraît appuyée aussi sur des faits contemporains, et prouvée par des événements historiques parfaitement connus.
Au commencement du VIe siècle, Clovis, roi des Francs, quittait Paris pour entrer en campagne et marcher contre les Visigoths d'outre-Loire. Grégoire de Tours raconte qu'en l'année 507 le premier roi chrétien franchit le fleuve à la tête de ses légions, mais sans nous apprendre ni en quel lieu, ni par quel moyen ; il se borne à dire que Clovis partit de Paris sans doute et se dirigea sur Poitiers en traversant le territoire des Turones. Le passage de la Loire s'effectua probablement à Tours ou peut-être à Amboise où le roi des Francs et Alaric avaient eu précédemment une entrevue dans une île sise en face de ce bourg qui dépendait de la cité des Turones (5). Une opération de cette nature s'est-elle faite sur un pont fixe ou sur un pont de bateaux, sur des barques libres ou à gué? Si le chroniqueur mérovingien n'a pas consigné cet épisode dans ses annales, il est d'autant plus permis d'en inférer que la traversée s'est effectuée tout simplement sur un pont (6), que le chroniqueur a bien le soin de dire que les Francs, se trouvant momentanément arrêtés par une crue de la Vienne, leur chef n'hésita pas à leur faire franchir cette rivière torrentielle à gué, manoeuvre aussi tardive que périlleuse, dont l'insuccès pouvait compromettre Clovis et sa fortune. On sait le reste : les vaillantes légions d'Alaric taillées en pièces et le roi des Visigoths frappé d'un coup mortel de la propre main de Clovis dans cette sanglante mêlée, tel fut le résultat de ce combat de géants (7).
Le récit de Grégoire touche au merveilleux. Le passage d'une rivière à gué, quelle qu'en soit la largeur, est une opération simple en été à l'époque des basses eaux ; mais au moment d'une crue, les rivières torrentielles comme la Vienne sont des obstacles devant lesquels on s'arrête ou qu'on ne surmonte qu'au moyen de ponts ou de bateaux, à moins d'être réduit comme César, à Bourbon-Lancy, à choisir entre deux périls extrêmes le moins menaçant; mais la Loire, qui présente une largeur de trois à quatre cents mètres dans la partie de son cours qui s'étend d'Orléans à Tours, et dont le fond est de sables mouvants qui engloutissent chaque année bien des baigneurs imprudents, n'a pas de gué ou de fond solide sur cette étendue. Le passage à gué d'une armée nombreuse suivie d'un attirail et d'un matériel militaires considérables que nécessitaient l'importance et la durée probable de la campagne entreprise par Clovis, était une manoeuvre très périlleuse au moment d'une crue de la Vienne (8), si même elle était humainement possible. Grégoire de Tours, qui raconte l'épisode du passage à gué de Vienne, n'a pu omettre dans sa narration le passage à gué de la Loire qui était bien autrement difficile et aventureux, et il n'eût certes pas oublié de dire que l'absence d'un pont à Amboise et à Tours ne fut pas un obstacle à la marche rapide de Clovis qui aurait affronté sans hésiter, comme il allait le faire sur la Vienne, les périls d'un passage à gué ou même dans de frêles esquifs pour arriver plus vite à la rencontre de l'adversaire qu'il cherchait. Le passage de la Loire dans de pareilles conditions aurait été plus merveilleux encore que celui de la Vienne et aurait mérité que l'annaliste, en raison de la grandeur, de la hardiesse, et de la témérité même de l'entreprise, en consignât la description et le souvenir dans sa chronique. Nous ne pouvons donc admettre, par ces considérations, que les légions franques aient traversé la Loire autrement que sur un ou plusieurs ponts de bois ou de bateaux, vraisemblablement à Amboise ou à Tours, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Et cette opinion ne semble-t-elle pas rétrospectivement confirmée par l'épisode qui a marqué le retour du héros franc de sa campagne d'Aquitaine ? Clovis séjourna dans la ville de Tours ; c'est là qu'il reçut de l'empereur Anastase les honneurs consulaires et que, revêtu de la tunique de pourpre et de la chlamyde, il ceignit le diadème dans la basilique de Saint-Martin. Le roi franc partit de Tours pour se rendre à Paris où il établit le siège de sa puissance et de son gouvernement. Il est donc parfaitement rationnel, à défaut de témoignage direct et authentique, d'admettre que Clovis traversa sur un pont la Loire à Tours pour rentrer dans ses États (9).
A la mort de Clovis, son héritage fut partagé entre ses fils, déplorable et funeste résolution qui fut la source de tant de misères et faillit compromettre les destinées de la France chrétienne. Les territoires conquis sur les Romains, sur les Bourguignons et les Visigoths par l'épée de Clovis, furent divisés en plusieurs royaumes et celui dont Orléans devint la capitale échut à Clodomir. Durant un siècle, de l'année 511 à l'année 613, la cité aurélienne, qui avait eu l'honneur d'être ville impériale trois siècles auparavant, eut le privilège insigne de donner son nom au royaume d'Orléans. Est-il permis de supposer que cette capitale aurait été moins favorisée que l'ancienne Génabe, l'héroïque cité des Carnutes qui possédait un pont sur la Loire six siècles auparavant? L'opinion contraire est d'ailleurs confirmée par l'épisode suivant : Childebert, roi de Paris, ayant résolu de tirer vengeance des indignes procédés d'Amalaric, roi des Visigoths d'Espagne, envers la reine, fille de Clovis et soeur de Childebert, entreprit une expédition au- delà des Pyrénées. Parti de Paris à la tête d'une nombreuse armée, il traversa la Loire, entra sur le territoire des Bituriges et vint camper aux environs du bourg de Selles-sur-le-Cher (10).
La cité d'Orléans se trouve sur le chemin de Paris en Espagne, et la ligne droite tirée de la capitale sur le bourg de Selles passe à Orléans ; il n'est pas douteux que Childebert y aura franchi la Loire sur un pont, ne fût-ce que sur un modeste pont de bois, comme ceux que possédait Paris à cette époque, car les ponts, sous le règne de Childebert dans la première moitié du VIe siècle et sous celui de Chilpéric dans la seconde, n'étaient certainement ni plus ni moins perfectionnés que ceux qui existaient au IVe sous le gouvernement de l'empereur Julien. Ainsi Leudaste, comte de Tours, poursuivi par les serviteurs de Frédégonde, et espérant pouvoir échapper à la mort, s'enfuyait sur l'un des ponts de la Cité, mais son pied s'étant engagé entre deux des poutres, il se cassait la jambe et tombait au pouvoir de son ennemie (11).
Si du VIe nous passons au VIIIe siècle sans nous arrêter aux événements militaires qui dans cet intervalle pourraient justifier l'existence de ponts sur la Loire à Orléans, c'est que la situation générale des choses est demeurée à peu près stationnaire. Les chroniques des premières années du VIIIe siècle rapportent les hauts faits de Charles Martel et ses campagnes fréquentes au midi comme au nord de la Loire et dont quelques épisodes rentrent directement dans notre sujet. Ainsi, au cours de l'année 715, le duc d'Aquitaine s'avançait contre Charles, prince d'Austrasie (Carlus Princeps) ; après avoir franchi la Loire et la Seine, Eudes allait se faire battre dans les environs de Soissons par le terrible adversaire qu'il avait provoqué. Le duc d'Aquitaine vaincu reprenait honteusement le chemin qu'il avait suivi, et le vainqueur le harcelait si vivement qu'Eudes avait à peine le temps de repasser précipitamment la Loire à Orléans même, et de regagner ses provinces où Charles Martel le pourchassait sans l'atteindre (12).
Quelques années après ces événements, Eudes remis de sa frayeur reprenait courage et, dans l'espoir d'effacer la honte de sa défaite, rompait le traité qu'il avait fait avec son adversaire. Celui-ci rassemblait une armée nombreuse, traversait la Loire en l'année 731 et marchant contre le duc d'Aquitaine le mettait en déroute, et après cette victoire retournait en Austrasie ; mais ces humiliations, loin de calmer le duc d'Aquitaine, ne firent que l'exaspérer, et la soif de la vengeance l'aveugla au point de lui conseiller une alliance avec les Sarrasins d'Espagne qu'il appela à son aide pour combattre le héros franc : c'était en l'année 732 ; celui-ci se porta à marches forcées contre les hordes sarrasines qui, après avoir inondé les provinces du midi et franchi la Garonne et la Dordogne, s'avançaient vers la Loire avec la vitesse de l'ouragan ! Déjà elles atteignaient Poitiers dont elles pillaient et brûlaient la basilique de Saint-Hilaire et menaçaient d'un pareil sort « la maison du bienheureux Martin de Tours », le sanctuaire vénéré de la Gaule (13). Les deux armées se rencontrèrent entre Tours et Poitiers, dans les landes dites de Charlemagne, où les Sarrasins furent massacrés par les Francs, et leur chef Abdérame périt de la main de Charles Martel (14). Pour rentrer dans ses Etats le prince victorieux revient à Orléans traverser la Loire d'où il gagne Paris (15).
Peu après Charles organisait contre les Frisons qui s'étaient révoltés une formidable expédition maritime dont le chroniqueur raconte les préparatifs consistant principalement à rassembler un grand nombre de bâtiments de mer pour opérer contre les rebelles (16). Cette expédition, qui eut lieu en l'année 734, se termina comme les précédentes à la satisfaction du héros ; mais l'année suivante Charles Martel, ayant été informé de la mort du duc Eudes, prit conseil de ses barons et entra de nouveau en campagne ; il franchit la Loire pour rétablir son autorité sur les provinces d'Aquitaine qui essayaient de se soustraire à la suprématie franque (17) ; grâce à un traité intervenu entre Charles d'Austrasie et Hunalde, fils du duc Eudes, celui-ci put conserver ses Etats moyennant promesse de fidélité envers lui et ses deux fils Peppin et Carloman, et Charles rentra dans ses domaines en traversant la Loire.
Les événements militaires qui se sont passés dans l'intervalle des années 715 et 735 n'ont pour nous d'autre intérêt que la démonstration de l'existence d'un pont ou de plusieurs ponts sur la Loire entre Orléans et Tours ; tel est en effet notre objectif.
Charles Martel franchit ce fleuve en l'année 715 à la tête d'une armée nombreuse, à Orléans même, où le duc d'Aquitaine venait de le franchir deux fois, et la seconde à la tête d'une armée en déroute à laquelle le vainqueur ne laissa certainement pas le temps de construire un pont sur la Loire, s'il n'en existait pas un.
Si dans les années 731, 732, 735, le prince d'Austrasie traverse encore six fois la Loire à la tête de son armée, n'est-il pas permis de conjecturer, puisque le but de l'expédition du héros franc, l'Aquitaine, était le même qu'en l'année 715, qu'il aura naturellement choisi Orléans pour le lieu de passage du fleuve? Les chroniques contemporaines sont muettes sur le moyen qu'ont dû employer tour à tour et le duc d'Aquitaine et Charles Martel pour franchir la Loire; leur silence sur des faits de cette importance ne s'explique que par l'existence matérielle d'un pont ; le passage sur un pont fixe n'étant ni une véritable manoeuvre, ni un épisode de guerre, il eût été oiseux d'en parler, ce que les annalistes n'auraient pas manqué de faire s'il eût fallu seulement passer la Loire sur un pont de bateaux et a fortiori sur des bacs ou à gué. Quant aux expéditions subséquentes, il est permis d'inférer que, puisqu'il existait en l'année 715 un pont à Orléans, très probablement aussi les passages effectués par Charles Martel dans les annnées 731, 732, 735, l'ont été à Orléans même et non ailleurs. Ce qui corrobore cette induction, c'est que le chroniqueur qui appelait l'attention du lecteur sur les grands préparatifs de l'expédition maritime contre les Frisons, préparatifs exceptionnels, n'aurait certainement pas manqué de nous apprendre que le duc d'Aquitaine traversant la Loire à Orléans n'y avait pas trouvé de pont, et que Charles Martel qui le poursuivait et qui franchit la Loire après lui aurait dû rassembler dans cette ville des bateaux, comme il l'avait fait pour entreprendre son expédition contre les Frisons. Et puisque le chroniqueur est muet sur les moyens employés pour effectuer les divers passages du fleuve, on est autorisé raisonnablement à affirmer que ces passages se sont tout simplement faits sur un pont préexistant. Si cette induction pouvait être contraire à la vérité historique, ne serait-on pas à juste titre étonné de la persistance avec laquelle les chefs de guerre partant de l'un et de l'autre côté de la Loire choisissaient Orléans pour y traverser le fleuve, persistance qui serait d'autant moins justifiée s'il n'eût pas nécessairement existé un pont à Orléans qu'on en rencontrait sur d'autres points du fleuve, ainsi qu'on le dira plus loin.
Dans le cours de l'année 742, les deux fils de Charles Martel, Peppin et Carloman, ayant résolu d'entreprendre une campagne en Aquitaine pour y aller combattre les Gascons révoltés et leur chef Hunalde qui avait rompu le pacte précédemment conclu entre le prince Charles et le duc d'Aquitaine, son père, les deux princes austrasiens rassemblèrent une armée qu'ils conduisirent en Aquitaine, en passant par Orléans même où elle franchit la Loire (18).
Hunalde paya d'une défaite honteuse sa coupable félonie et les deux princes après leur victoire retournèrent dans leurs Etats, probablement par la route qu'ils avaient parcourue peu de temps auparavant. Orléans offrait donc des facilités particulières pour traverser le fleuve, puisque les armées s'y dirigeaient de préférence aux localités voisines.
Bientôt Hunalde, profitant des embarras que causaient à ses adversaires leurs démêlés avec les Bavarois, reprit l'offensive et dans le cours de l'année suivante, 743, à la tête d'une nombreuse armée, il se dirigea vers la Loire qu'il franchit sans obstacles et porta la guerre chez les Francs ; il marcha sur la ville de Chartres (19) qu'il mit au pillage avant de la livrer aux flammes ; la basilique dédiée à la Vierge Marie (Virgini Pariturae) ne fut pas épargnée dans cette cruelle expédition et le laconisme du chroniqueur ne permet pas de douter que l'armée du duc d'Aquitaine ait passé et repassé la Loire sur un ou plusieurs ponts qui auraient existé nécessairement, à cette époque entre Orléans et Tours, ponts fixes ou ponts de bateaux. Tours, Amboise et Blois étaient déjà des villes d'une assez grande importance pour que le duc d'Aquitaine sût pertinemment qu'il y trouverait des ponts, car depuis plus de deux siècles Tours et Amboise en avaient un.
Nous terminerons ces citations historiques par une remarque digne d'attention, bien que les chroniques soient muettes sur ce détail. On comprend sans effort que Clovis, Charles Martel, Peppin et Carloman, qui se disposaient à franchir la Loire à la tête de leurs armées, se soient ménagé, en l'absence de ponts fixes s'il n'en eût pas existé à Orléans, tous les moyens matériels, les ressources et le temps nécessaires pour faire approcher, du haut et du bas de la rivière de Loire dont les eaux coulaient sur leurs territoires, des bateaux et les bois dont on avait besoin pour préparer le passage de leurs armées ; aucun ennemi sur l'autre bord ne pouvait troubler ces préparatifs ; mais quand le duc d'Aquitaine fait une brusque irruption sur la Loire qu'il traverse deux fois à la tête d'une nombreuse armée, « cum manu validâ », est-il permis de supposer qu'Hunalde ait pu opérer ce double passage sans y trouver un ou plusieurs ponts, car il lui aurait été extrêmement difficile, sinon impossible, de préparer les bateaux en nombre suffisant pour exécuter avec chance de succès une manoeuvre aussi périlleuse?
Hunalde ne jouit pas longtemps de son facile triomphe. Dès que Peppin et Carloman en eurent fini avec les Bavarois, ils reprirent à leur tour l'offensive et franchirent de nouveau la Loire, en l'année 744, pour porter la guerre dans les provinces d'Aquitaine (20). Les expéditions des Francs Austrasiens furent, dans ces temps, si nombreuses, qu'il n'est pas surprenant que les annalistes aient commis quelques confusions. Cette dernière expédition est-elle distincte de celles qui suivent, ou se confond-elle avec l'une d'elles? Nous ne pouvons que laisser la question sans réponse. Ainsi, en l'année 745, le roi Peppin s'avançait jusqu'à la Loire à Nevers, s'en allant guerroyer dans les pays d'Aquitaine. Les chroniqueurs ne sont pas d'accord sur le point de savoir si l'expédition d'outre-Loire reçut son accomplissement, ou si des concessions exigées du duc d'Aquitaine n'y firent pas renoncer. Mais l'année suivante, le prince d'Austrasie, à la tête d'une nombreuse armée qu'il rassemblait à Orléans, y traversait encore la Loire. L'année 747, c'était à Sancerre qu'il franchissait le fleuve. Un an après, Peppin partait d'Orléans en bateau (navali evectione) pour se rendre au château-fort de Sellus, situé sur les bords de la Loire. Au cours de la même année 748, le roi franc, se trouvant malade à Tours, y traversait la Loire pour retourner à Paris. Les années 760, 761, 762 virent de nouvelles expéditions entreprises contre les Aquitains et les armées en campagne passer le fleuve à Nevers, à Mesves, et sur d'autres points encore (21).
Enfin, deux ans avant sa mort, en 766, le roi Peppin tenait ses assises à Orléans, avant d'entrer en campagne contre le duc d'Aquitaine, et il traversait encore la Loire dans cette ville (22). Les ponts étaient donc en réalité beaucoup plus nombreux sur la Loire dans les huit premiers siècles qu'on ne le suppose généralement, ponts fixes et ponts de bateaux.
Consignons ici cette observation importante, c'est que la ville d'Orléans était un lieu de passage très fréquenté, aussi bien au point de vue militaire qu'au point de vue commercial, et qu'elle n'a pas cessé d'être l'objectif des chefs d'armée et des conquérants qui traversaient la Loire, au centre de la Gaule franque, du nord au midi, ce qui implique logiquement l'existence permanente d'un pont solidement établi, car les armées traînaient quelquefois à leur suite un matériel et des engins de guerre lourds et encombrants, ainsi que l'histoire nous l'apprend au sujet du siège de Bourges en l'année 762 (23). De quelle nature furent ces ponts ? Les chroniqueurs sont muets sur ces détails qui n'ont à la vérité d'intérêt qu'au point de vue technique, et qui, à ce titre, n'attiraient pas leur attention, Furent-ils de pierre, de bois, c'est-à-dire fixes, ou établis sur les bateaux ? La question n'acquiert une importance réelle, ainsi que nous l'avons dit précédemment, qu'au regard de l'antiquité du pont des Tourelles dont Jollois a prétendu faire remonter la paternité jusqu'aux Romains. Si cette thèse, en effet, dont nous avons démontré la fragilité, était fondée, le pont d'Orléans appelé pont des Tourelles, sur lequel se sont opérés les nombreux passages d'armées du Ve au VIIIe siècle, eût été nécessairement le pont romain évoqué par le savant archéologue. Mais les ponts de pierre furent des constructions extrêmement rares durant la période mérovingienne, et presque tous ceux qu'on y rencontrait étaient bâtis sur des rivières de médiocre importance et remontaient à la période romaine. Nous avons signalé celui de Dordives sur la petite rivière du Loing, au département du Loiret ; on en verra un autre exemple dans le pont de Saintes sur la Charente ; Grégoire de Tours en mentionne un troisième dans une localité que l'on appelait de son temps le pont de pierre, en souvenir peut-être de l'entrevue qui y réunit les rois Gontran et Childebert son neveu (24). Ces trois ponts d'origine romaine étaient des exceptions au principe de la construction des ponts en bois, car, dit un savant architecte « les Romains durent établir un « grand nombre de ponts de charpente en raison de l'abon« dance du bois dans les Gaules ; ces ponts subsistaient « encore pendant les premiers siècles du moyen âge (ère « mérovingienne) ; les ponts de pierre bâtis par les Romains, « encore apparents, sont rares ; s'ils eussent été nombreux, « on en trouverait les traces sur nos rivières (25) ».
Nous faisons, en terminant ce chapitre, l'humble aveu que nos inductions ne peuvent rigoureusement tenir lieu de preuves matérielles que nous aurions été heureux d'offrir au lecteur. Mais la période mérovingienne, qui ne fut qu'une des longues phases du laborieux enfantement de la nationalité, est toute pleine d'obscurités et de ténèbres à travers lesquelles nous ne voyons poindre de loin en loin que des éclaircies fugitives dont la lueur incertaine permet à peine de distinguer et de saisir quelques rares points de repère qui n'en sont même souvent que les ombres ! Presque tout ce qui touche à notre sujet est conjectural, et il n'en pouvait être autrement, en l'absence de documents précis qui font défaut aujourd'hui ou que nous n'avons eu ni le mérite ni la chance heureuse de découvrir, mais que d'autres plus favorisés posséderont peut-être un jour. Nous ne devons donc prétendre en ce moment qu'au modeste succès que procurent de simples inductions basées sur des exemples multipliés et des faits similaires, ainsi que sur des probabilités fondées sur la logique vulgaire et le sens commun. Mais nous aimons mieux l'avouer sans détour que nous bercer de fausses illusions et du vain espoir de renouer la chaîne rompue des événements et des traditions dont il ne nous reste plus que des tronçons épars. Néanmoins, à notre point de vue, et pour le but que nous nous sommes spécialement proposé, les faits particuliers que nous avons signalés et les considérations dont nous les avons éclairés présenteront au lecteur, nous l'espérons du moins, un certain intérêt. Aussi insuffisants que soient les témoignages des chroniqueurs contemporains, ils sont pourtant assez multipliés pour permettre d'en tirer cette induction à défaut de preuve matérielle et directe : que durant la période mérovingienne il n'a existé dans aucune des localités de la Loire que nous avons citées de ponts de pierre sur le fleuve, et que, spécialement à Orléans, ces chroniqueurs n'ont pas mentionné l'existence d'un édifice de cette nature et de construction romaine qui serait devenu plus tard le fameux pont des Tourelles, dont le souvenir est inséparable du nom glorieux de Jeanne la Pucelle.
Nous croyons utile, pour faciliter l'intelligence de ce qui précède, de résumer en termes succincts les faits historiques rappelés et classés chronologiquement dans ce chapitre. Nous y avons vu que, pendant la période trois fois séculaire qui correspond à la durée de la dynastie mérovingienne, les ponts de bois, les ponts de bateaux et les bacs furent les moyens les plus usuels de traverser les fleuves et les rivières et que les passages à gué n'étaient qu'un moyen extrême auquel les armées n'avaient recours en campagne que lorsque les ponts manquaient, et qu'elles n'avaient à leur disposition ni barques ni radeaux pour franchir ces cours d'eau. Quant aux ponts de pierre, leur extrême rareté est notoire, et les quelques édifices de cette nature qui se rencontraient disséminés sur le territoire de la Gaule franque étaient des oeuvres romaines datant de l'époque de la conquête.
Nous croyons que la vérité de ces assertions est suffisamment démontrée par les exemples qui ont été rapportés dans ce chapitre et par les principaux faits de guerre qui se sont passés depuis la campagne d'outre-Loire, entreprise par le premier roi chrétien au cours de l'année 507, jusqu'à celle de Hunalde, duc d'Aquitaine, exécutée sur le territoire chartrain pendant l'année 743.
Le choix d'Orléans pour le lieu de passage de la Loire par les chefs de guerre durant cette période montre suffisamment que cette cité possédait un pont, puisque, si l'opération n'avait pu se faire que par le moyen de barques et de radeaux ou à gué, il eût été inutile de prendre ce lieu particulier pour objectif, comme il eût pu être plus expédient dans certaines circonstances d'aller chercher un autre point de passage s'il n'eût pas existé de pont dans cette ville. Quant à la question de savoir si cet édifice fut de bois ou de pierre, elle ne nous paraît pas admettre d'alternative, et en nous appuyant sur les considérations développées nous n'hésitons pas à adopter la première hypothèse, celle d'un pont de bois, dont nous constaterons encore l'existence dans le chapitre suivant.
Nous croyons utile, en terminant ce chapitre et avant de commencer le suivant, de mettre sous les yeux du lecteur les assertions de deux écrivains compétents du XVIIIe siècle qui sont infirmées par les faits historiques rapportés dans le chapitre précédent et par deux faits que nous citerons ultérieurement.
Un savant ingénieur écrivait, au XVIIIe siècle (26), l'étrange opinion qui suit sur les anciens ponts de la France au moyen âge : « On ne connaît en France, dit-il, aucun pont dont la « construction remonte au- delà du XIIe siècle. Les rivières « étaient alors franchies par le moyen de bateaux et de bacs. » Ce qui signifie, si nous comprenons bien la pensée de l'auteur, qu'avant le XIIe siècle, il n'existait sur les rivières de la Gaule franque, et à fortiori sur ses fleuves, ni ponts de bois, ni ponts de pierre, et que le passage de ces cours d'eau ne pouvait se faire et ne se faisait que par le moyen de bateaux et de bacs. Si cette opinion, prise dans son sens général, est fondée quant aux ponts de pierre, car il n'existait que très peu d'ouvrages de cette espèce sur les fleuves et sur les rivières de la Gaule franque, où l'on en voyait cependant quelques-uns, elle ne l'est pas quant aux ponts de bois. Sous une autre forme, mais dans un ordre d'idées absolument semblable, un écrivain plus moderne, mais plus versé que Gauthey dans la connaissance des choses du moyen âge, a écrit : « qu'avant la renaissance du XIe siècle (27), de simples cordes tendues d'une rive à l'autre formaient le principal secours que l'autorité seigneuriale offrait aux voyageurs ; qu'il n'y avait sur les petites rivières que de simples passerelles, mais que les ponts manquaient sur les eaux considérables. »
A la lecture de telles hérésies, que doivent penser les ingénieurs modernes, les économistes, les archéologues et les gens du monde, de l'état social de la Gaule franque ? Nous répondons à ces deux savants auteurs que s'il en eût été ainsi, les transports de marchandises n'auraient pu se faire sur le réseau des chemins qui sillonnaient la Gaule. Aussi mal entretenus, aussi incommodes et difficiles qu'il fussent au moyen âge, ces chemins n'avaient pas cessé d'être, depuis la chute de l'Empire romain, les voies par lesquelles les échanges se faisaient entre les provinces privées de rivières navigables La raison se refuse à admettre qu'à la rencontre de chaque cours d'eau, moyen ou petit, il fallait opérer un transbordement de marchandises des chars sur des bateaux, ou s'aventurer avec un attelage sur des bacs ou de simples passerelles. Sans doute, il en fut ainsi dans bien des cas et même durant de longues années. Mais il y a loin de l'exception à la règle, et nous espérons que le lecteur reconnaîtra, à mesure que les événements se dérouleront sous ses yeux, comme il a déjà pu le reconnaître dans les chapitres qui précèdent, que cette opinion dépasse la limite de l'exacte vérité et qu'il existait avant l'an mil, sur les fleuves de la Gaule franque, et a fortiori sur les rivières et les simples ruisseaux, des ponts en plus grand nombre que ces deux écrivains ne paraissent le croire, si l'on juge leur sentiment d'après les termes qui doivent être l'expression de leur pensée commune.
Si cette opinion était fondée, et le simple raisonnement comme les faits protestent contre elle, les Capitulaires de Charlemagne et ceux de ses successeurs n'auraient formulé que de vaines prescriptions manquant absolument de justification. Charles le Chauve aurait-il parlé de la restauration des ponts établis d'ancienneté sur les fleuves, des barques qui passaient dessous, et des droits que payaient les personnes qui traversaient ces ponts, si ces ponts n'avaient pas existé ? Et ce n'est pas seulement des ponts contemporains de ce prince que les Capitulaires entendent parler (28), mais c'est aussi et surtout de ceux qui existaient avant son règne et remontaient aux siècles passés, à la dynastie mérovingienne, et peut-être au temps de la domination romaine dans les Gaules ! Et comme les Capitulaires ordonnent de pourvoir à l'entretien, à la restauration, à la reconstruction des ponts sur les rivières navigables pour maintenir la continuation des voies terrestres, il est bien permis d'affirmer que les pouvoirs locaux, quels qu'ils fussent alors, ne demeuraient pas indifférents quant à l'établissement, à l'entretien et à la reconstruction des ponts fixes sur les rivières non navigables, à défaut de ponts de bateaux, de bacs, ou de gués qui permettaient de les traverser avec plus ou moins de sécurité. Ces affirmations se déduisent naturellement, non seulement du texte des Capitulaires, mais encore des relations contemporaines qui ont été produites précédemment, comme de celles qui trouveront leur place dans les chapitres subséquents.
Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais
Time Travel – Dumnacus, Le Pont de Cé - de la dernière guerre des Gaules à aujourd’hui. <==
La Loire et les fleuves de la Gaule romaine et des régions voisines <==
La voie romaine de Limonum (Poitiers) à Cœsarodunum, la bataille de Charles Martel 732 <==
CHAPITRE VII
Des ponts de la Gaule franque et des ponts d'Orléans depuis la chute de l'Empire romain jusqu'à la fin du VIIIe siècle. — Du passage des fleuves et des rivières. — Des ponts de bois. — Des ponts de bateaux. — Des bacs. — Des passages à gué. — Exemples de ces divers moyens employés durant la période mérovingienne. — Des campagnes de Clovis au commencement du VIe siècle. — Childebert et Chilpéric. — Des campagnes de Charles Martel au VIIIe siècle. — Hunalde, duc d'Aquitaine, traverse la Loire au milieu du VIIIe siècle. — Pépin et Carloman. — Pépin traverse la Loire à Orléans, à la fin du VIIIe siècle. — Résumé du chapitre VII et opinion de deux auteurs du XVIIIe siècle sur l'absence des ponts, avant l'an mil, dans la Gaule franque.
(1) Esquisse rétrospective du service et des travaux des ponts et chaussées aux temps qui nous ont précédés, par DE BOISVILLETTE, ingénieur en chef des ponts et chaussées. (Annales du, Corps, 1847.)
(2) « Pons tabulatus » Ex Theodoric régis Italiae Epislolae. (Tome IV du Recueil des Historiens des Gaules, page 11).
(3) Subito adversante vento, separatis navibus quae pontem illum sustinebant... ( Greg. Tur. gl. Confess. Mir. Sanct. Mart. Lib. II. cap. xvii.)
(4) Statistique archéologique d'Eure-et-Loir, page 240. Chartres, 1859.
(5) Greg. Tur. hist. francor. lib II, cap. xxxv et xxxvii. L'île dont fait mention l'annaliste existe encore aujourd'hui.
(6) Ce ne pouvait être qu'un pont de bois ou un pont de bateaux ; la seconde hypothèse est d'autant plus acceptable que Grégoire signale l'existence d'un pont de cette nature à Amboise, moins d'un demi-siècle plus tard.
(7) La bataille se donna à Voulon in Campo vogla dense, sur la rivière du Clain, à vingt-quatre kilomètres de Poitiers et au midi de cette ville. Grégoire de Tours raconte qu'une biche, effrayée sans doute par le tumulte, traversa la rivière sur un gué, indiquant à Clovis la voie praticable. Ce lieu aurait conservé le nom caractéristique du Gué-de la-Biche. (Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1836.)
(8) Quand les pluies tombent sur les régions centrales de la France, leurs divers bassins hydrauliques sont plus ou moins atteints par ces pluies, et il est bien rare que les cours d'eau ne subissent pas quelques modifications simultanées dans leur régime.
(9) Greg. Tur. hist. franc, lib. II. cap. xxxviii. — Gesta Regum franc. (Historiens des Gaules, tome II, page 555). — Ex chronico veteri moissiacensis coenabii. (Ibid., tome II, page 650,)
(10) Histoire des Gaules, tome III, page 429, in vita sanct. Eusicii. Le lieu de Selles est désigné par Cella Eusicii, dans la chronique de Petri Bechini. « Childeberto eunti in Hispaniam, Sanctus Eusicius, bilurici pagi incola, victoriam praedixit, nolens aureos accipere ab eo ; super eum defunctum rex Ecclesiam fecit. » Une annexe située au midi de Selles-surCher porte encore le nom de chapelle Saint-Eusice. (GRÉGOIRE DE TOURS et FRÉDÉGAIRE, traduction de Guizot et Alfred Jacobs, tome II, page 360, 1861.)
(11) Cumque Leudastes per pontem urbis fugeret clapso inter duos axes qui pontem faciunt pede, effracta oppressus est tibia, (Greg. Tur. Hist. Eccles, franc, lib., VI, cap. xxxii.) A cette époque, la basilique de Saint-Martin, à Tours, et le palais épiscopal étaient en bois. (Greg., lib. V., cap. ii et iv.)
Dans la seconde moitié du VIe siècle et en l'année 563, le pont de Genève fut emporté par une crue du Rhône. (Marii Episcop. Lausannensis chronican. Historiens des Gaules, tome II, page 17.)
(12) Fredegarii Scholaslici chronicum, pars II. — DOM RUINART, 1699. Suite à Grégoire de Tours, colonne 673. Ce chroniqneur fixe la date de cet événement à l'année 719 ; la Chronique de Moissac et les Annales de Metz adoptent l'année 719. (Historiens des Gaules. Ex chronico veteri moissiacensis coenobii, page 655 et Annales franc met., même recueil et même tome, page 684.)
Ce dernier chroniqueur dit que Charles s'arrêta à Orléans « et ibi castra posuit ». Un autre chroniqueur adopte l'année 717. (Même recueil et même tome. Ex adonis chronico de francis, page 671.) Les Chroniques de Saint-Denis, dont nous rapportons ci-après le texte, la fixent à l'année 715. « Et s'enfui li dux Heudes jusques à Paris saine trespassa et fui tout outre jusques à Orliens; là n'osa demeurer et s'enfui en sa terre. Charles le suivit longuement, mais il ne le pot trouver. » (Historiens des Gaules, tome III. — Chronique de Saint-Denis, livre V, page 309.)
(13) AIMOIN, lib. IV, cap. LU.
(14) Fredegarii Scholastici chronicum, pars II, colonnes 674, 675.
Le chroniqueur inscrit ce grand événement aux millésimes 731 et 732. Les historiens ne sont pas d'accord sur l'attitude du duc d'Aquitaine dans cette lutte mémorable qui fit donner au prince Charles le surnom de Martel. Frédégaire accuse le duc d'Aquitaine d'avoir appelé les Sarrasins à son aide contre les Francs. Dom Ruinart fait observer qu'Eudes avait déjà répudié l'alliance des Sarrasins depuis quelque temps et qu'il fut au contraire un auxiliaire très actif du prince dans cette autre bataille de géants. Il s'appuye sur Anastasius in vita Gregorii II et Paul. Diac, lib. VI. Hist. Lang. cap. XLVI Nous n'insistons en faveur ni de l'une, ni de l'autre version ; nous ne voulons retenir de ces événements que les faits matériels des passages de la Loire par la nombreuse armée des Francs austrasiens et de leurs auxiliaires les Bourguignons. (Historiens des Gaules, tome III, page 656. — Ex vit. Sanct. Euch., Epis, aurel., et même recueil, tome II, page 684, Annales, franc, met.)
(15) « Cum ad civitatem venisset Aurelianis, Ligeris alveum transiens et ad urbem Parisius tendeas, etc., etc.. » (Ex vit. Sanct. Eucherii, Epis, Aurel. Historien des Gaules, tome III, page 656.)
(16) « A ce tens avint que li Frison qui sont gent cruel et hardie se « rebellèrent contre li trop cruelment, là ne pot ou aller par terre, car celle c région est enclose de mer ; pour ce convint il assambler grant navie de « nés et de galies pour passer en Frise. » (Chronique de Saint-Denis, livre V. — Historiens des Gaules, tome III, page 310.)
(17) Fredegarii Scholastici chronicum. Pars II, colonne 675. Chronique de Saint-Denis, page 310 et Annales franc, mett. (Historiens des Gaules, tome II, page 684.)
(18) Carlomannus atque Pippinus congregato exercitu, Ligeris alveum, Aurelianis urbe, transeunt. (Fredeg. Pars III, colonne 682.)
(19) Hoec dum apud Bajoarios agerentur, Hunaldus dux Aquitanise, Ligerim transiens, cum manu valida, ad Camotis urbem perveniens, ipsâ civitate diruta, eam cremavit, cum Ecclesia episcopali quie in honore Sanctie Dei Genitricis Mariée Consecrata fuerat. (Annal, franc. Melen, Historiens des Gaules, tome II, page 687, et Ludov. DUFOUR, Annal, franc, anno 743. Historiens des Gaules, tome III, page 704.)
(20) Hoc anno ut legimus in annalibus Metensibus, Peppinus et Carlomannus non immemores injuriariun Hunaldis ducis Ligerim transeunt... (Historiens des Gaules, tome III, pages 704 et 705. Ludovici DUFOUR, Annales, anno 744.
(21) Fredegarii Scholastici chronicum et Fredegariani chronici continuati, pars IV, pages 6 et 7 du vol. V des Historiens des Gaules. Nous avons vainement cherché le lieu géographique désigné par Sellus castrum super fluvium Ligeris. Ce château n'était sans doute pas très éloigné d'Orléans. Etait-il au village existant sur la rive droite du fleuve appelé La Celle, entre Mesves et Gien ? Mesves fut une station romaine entre Sancerre et Nevers.
(22) Historiens des Gaules, tome V, pages 6, 7, 18, 200, 223, 339. Annales, Franc. Fredegariani chron. Eginhard. Chronique de Saint-Denis. Annal, franc, met.
(23) Universa multitudo gentis francorum... cum machinis et omni genere armorum urbem caepit. (Fredegariani chronici continuati, pars IV, page 5 du tome V des Historiens des Gaules.)
(24) Greg. Tur. franc, hist., lib. V, cap. xviii. — Petrens pons, Pompierre, village situé à onze kilomètres au midi de Neufchàteau (Vosges), sur le Mouzon, petit affluent de la Meuse. (VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire de l'architecture, au mot Pont.)
Nous n'avons pas la prétention de mentionner dans notre ouvrage tous les ponts de pierre qui ont pu être bâtis par les Gallo-Romains pendant les cinq premiers siècles de l'ère chrétienne. Le titre le dit explicitement.
(25) VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire de l'architecture, au mot Pont. Il existait des ponts sur la Seine; au-dessous de Paris, avant l'année 760 ; mais on ignore s'ils étaient de pierre ou de bois, il est très probable qu'ils étaient de bois.
(26) GAUTHEY, loc. cit.
(27) CHAMPOLLION-FIGEAC, Droits et usages concernant les Travaux publics et privés de l'an 987 à l'an 1380. (Revue archéologique, 1860.)
(28) De pontibus restaurandis, videlicet ut secundum Capitularia avi et patris in subi antiquitus fuerunt, reficiantur. (Balazius, tom. secundus, colonne 69 ; titulus XV, cap. iv, v, anno 854 Incamationis.)
Placuit nobis ut antiqua et justa telonea a negotiatoribus exigantur tum de pontibus quanque de navigiis. (Balazius, ibid., colonne 965.)