Le tombeau de Bonchamps, érigé en 1825 dans l'église abbatiale Saint-Florent du Mont Glonne
Si, en quittant Angers, vous prenez la voie du fleuve pour gagner Nantes, vous apercevez dès Ingrandes une colline élevée surmontée d'une église à tour ronde, dont les pierres blanches resplendissent parfois aux rayons du soleil et, parfois, tranchent vivement sur les nuages sombres que les vents d'ouest amènent de l'embouchure de la Loire. C'est là le Mont-Glonne, ou plutôt, depuis le séjour du pieux ermite, c'est Saint-Florent-le-Vieil.
Avant d'atteindre le pied du coteau, on voit sur la rive opposée, une ligne confuse d'humbles maisons de pêcheurs. Dans une de ces demeures, en octobre 1793, expirait le général vendéen Bonchamps.
On peut voir, dans l’église de Saint-Florent, la statue du général en marbre blanc, l’un des chefs-d’œuvre de la sculpture contemporaine, du au ciseau de David d’Angers. Le glorieux blessé est représenté sur son brancard funèbre, à demi soulevé sur le bras gauche, et, de la main droite, donnant l’ordre de grâce attesté par deux armées.
Ce fut là son dernier acte ; il expira dans la barque qui le transportait sur la rive droite du fleuve, le 18 octobre 1793.
Le tombeau de Bonchamps, l'une des plus remarquables productions du ciseau de David, est placé dans le chœur de l'église de Saint-Florent-le-Vieil ; l'un des points les plus élevés et les plus pittoresques des bords de la Loire, à mi-route à peu près d'Angers à Nantes, sur la rive gauche. Ce fut en ce lieu qu'expira des blessures, reçues à la bataille de Cholet, le généralissime de l'armée catholique et royale ; ce fut dans ce même lieu aussi, que cette armée passa de la rive gauche sur la rive droite pour opérer sa jonction avec la Bretagne, le 18 octobre 1793. Le monument en question fut élevé au moyen d'une souscription nationale à laquelle tout le monde s'associa dans le temps, sans aucune acception de parti.
Qui vécut en héros... et mourut en chrétien...
Tout le monde connaît aujourd’hui l'action héroïque et sublime qui couronna si glorieusement la carrière de M. de Bonchamps. A ces mots tout palpitants de religion et d'humanité: (c Grâce, grâce aux prisonniers, c'est Bonchamps qui l'ordonne, » les armes tombèrent aussitôt des mains des soldats irrités; et 5,000 prisonniers républicains qu'on allait massacrer par représailles, et immoler aux mânes de tant d'innocentes victimes, furent arrachés à la mort, respectés, et pour la plupart renvoyés dans leurs foyers. Certes, et t'antiquité et les fastes de notre histoire, nous offrent peu de laits, que l'on puisse comparer à tant de vertu et de grandeur d'âme. (Voir à ce sujet l'histoire et les journaux du temps; et les vers de l'auteur sur l'inauguration du tombeau de Bonchamps, Angers, 1825.)
Avait à s'acquitter d'une dette sacrée...
Une controverse vive et passionnée s'éleva dans le temps, au sujet du plus ou moins de véracité du fait ci-dessus. L'attestation d'un certain nombre d'honorables citoyens de Nantes, qui étaient au nombre des prisonniers en question, fut un éclatant hommage rendu à la vérité. Voici venir aujourd'hui l'auteur du monument, notre artiste lui-même, qui déclare dans une note biographique récemment publiée, que son père qui le lui a cent fois répété, était au nombre de ces prisonniers sauvés. C’est ce fait et sa proclamation officielle et récente, auquel l'auteur a voulu faire ici allusion.
Veillez bien sur ce marbre, ô Religion. ô France!...
Le républicain David d’Angers rendra hommage au chef royaliste en sculptant son tombeau.
Cette sculpture est un monument au chef vendéen Charles de Bonchamps (1759-1793). Lors des guerres de Vendée (1793), tandis qu’il agonise, le général gracie les prisonniers républicains enfermés dans l’église de Saint-Florent-le-Vieil, parmi lesquels se trouve le père de David d’Angers. Trente ans après, le sculpteur choisit d’immortaliser le geste magnanime de Bonchamps : le manteau militaire laisse nu le torse puissant, à peine marqué par la blessure et le mouvement du bras levé, imposant le pardon, est appuyé par le visage tendu, proférant les dernières paroles dans la douleur de la mort imminente. Le marbre fut déposé dans l’église de Saint Florent-le-Vieil en 1825.
Cette figure est à la fois marquée par le néoclassicisme du début du 19e siècle (nu antique) et par les codes du portrait historique du siècle précédent (attributs militaires).
Le sarcophage de marbre noir porte les armoiries et l’épée du général. Au pied du monument l'artiste a placé la Religion et la France ; la première, tenant à la main la croix symbole de la foi catholique ; la seconde une branche de lys, symbole de la foi monarchique française.
Lorsque David fut chargé d'exécuter le monument élevé à la mémoire du marquis de Bonchamps, il était jeune alors et commençait à prendre rang parmi les statuaires. Le nom du héros vendéen devait nécessairement attirer l'attention sur l'oeuvre de l'artiste.
Aussi fit-il plusieurs projets, les modifia et les refondit, jusqu'à ce qu'il eût arrête cette admirable composition, qui eût déjà suffi pour le placer à la tête des sculpteurs des temps modernes.
Or, il existe, aux du département, un projet qui ne rappelle en rien le monument de Bonchamps. Ici qu'on le voit aujourd’hui dans l'église de Saint Florent-le-Vieil.
Sur le sommet du tombeau est le buste de Bonchamps.
Le général porte sur sa poitrine un coeur surmonté d'une croix, et une écharpe où se lit le cri de guerre des Vendéens : Dieu et le Roi.
Au-dessous du buste sont graves ces mots célèbres :
GRACE AUX PRISONNIERS !
BONCHAMPS LE VEUT, BONCHAMPS L'ORDONNE.
18 OCTOBRE
Sur la plinthe sont deux bas-reliefs :
L'un montre Bonchamps soutenu par un soldat; le noble chef fait un suprême effort pour venir se placer en avant des canons, auxquels le commandant Cesbron d'Argognes a déjà ordonné de mettre le feu afin de passer par les armes les prisonniers républicains ; d'une main Bonchamps s'appuie sur l’épaule de son compagnon, et de l'autre il fait un geste impératif, et l'on voit les artilleurs abandonner leurs pièces.
Le second bas-relief représente les prisonniers s'adressant un suprême adieu et attendant fièrement la mort.
Dans un coin, on remarque un soldat qui joint les mains en signe d'admiration et de reconnaissance, en voyant le généreux vainqueur qui vient de leur sauver la vie. Il semble, à l'étude de cette dernière figure, que David ait eu 1’intention de donner à ce personnage les traits de son père, qui était, en effet, au nombre des deux mille prisonniers menacés i.ar la colère des Vendéens.
Il est à regretter que ces beaux bas-reliefs n'aient point été sculptés, car la statue de Bonchamps, les figures allégoriques de la Religion et de la France eussent fait, avec la reproduction des scènes que nous venons de décrire, un ensemble admirable, et nous croyons que l'artiste a renoncé à la partie la plus importante de son projet primitif devant la grande dépense occasionnée par l'exécution de la statue.
A la place destinée aux bas-reliefs, se trouvent les inscriptions suivantes.
Côté droit:
Des compagnons d'armes de Bonchamps,
De nombreux admirateurs de ses vertus
Lui ont élevé ce monument;
L'offrande du riche, le denier de la veuve
En ont fait les frais.
Côté gauche
A la gloire de Dieu
Et à la mémoire
De Charles Melchior Arthus
Marquis de Bonchamps,
Moissonné à 33ans
Pour la cause sacrée des lys.
Si jeune encore, il mourut
Enseveli dans son triomphe,
Et vengea sa mort
En sauvant la vie à cinq mille
Prisonniers qui allaient périr.
Vendéens, pleurez votre chef,
Votre ami, votre modèle,
Et priez pour lui.
C'est d'après une photographie de M. l'archiviste du département de Maine-et-Loire, que notre éditeur, M. E. Barassé, a pu faire graver le dessin qui accompagne cette livraison.
Discours sur l'inauguration de la galerie David au Muséum d'Angers, le 17 novembre 1839 / par le docteur Hunault,...
Angers ancien et moderne : guide de l'étranger dans cette ville et ses environs par É. L. [Lachèse],...
Bulletin historique et monumental de l'Anjou
http://musees.angers.fr/collections/oeuvres-choisies/galerie-david-d-angers/david-d-angers-bonchamps/index.html
18 Octobre 1793, le général Charles Melchior Artus de Bonchamps meurt près de Varades. <==....
Le 22 septembre 1823 à Saint Florent, Marie-Thérèse de France duchesse d’Angoulême et le sculpteur Pierre David d’Angers<==.. ....==> Visite Virtuelle dans l'Histoire du Mont Glonne ( Saint- Florent le Vieil)