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PHystorique- Les Portes du Temps
3 octobre 2023

1508 Requête des officiers de Talmond à la vicomtesse de Thouars concernant les excès commis par les gens du seigneur de Bazoges

20 juin 1508 Requête des officiers de la principauté de Talmond, à la vicomtesse de Thouars concernant les excès commis par les gens du seigneur de Bazoges, contre des, marchands qui se rendaient au marché des Moutiers-les-Maufaits

La mort de Jehan II place à la tête des seigneuries des Girard son frère cadet, Joachim II, chevalier, seigneur de Bazoges (1479-1518), Moricq, etc., chambellan de Louis XII, conseiller du roi, vicomte d'Aulnay (il succède ainsi à ses oncles maternels), capitaine du port de La Rochelle (en 1493) et gouverneur du Talmondais (en 1508).

Cette dernière charge lui causa apparemment plusieurs soucis.

Le prince de Talmond, Louis II de la Trémoïlle, vicomte de Thouars, étant en Italie avec le roi, il avait nommé Joachim II Girard gouverneur du pays talmondais.

Mais l'épouse de Louis II, Gabrielle de Bourbon-Montpensier, avait elle nommée Louis Cathus, un noble talmondais, gouverneur de la place forte.

 Les deux gouverneurs ne s'entendant pas, et si l'on en croit une lettre écrite par Louis Cathus à Gabrielle, le seigneur de Bazoges laissait ses hommes piller et rançonner les marchands talmondais, à tel point que Louis et son fils n'osait plus sortir du château.

 Joachim II a été marié trois fois : à Jeanne Doriolle, fille du Chancelier Pierre Doriolle, à une inconnue, et enfin à Jacquette du Puy du Fou, fille de François II du Puy du Fou.

Il eut deux fils avec sa dernière épouse, prénommés Joachim et Jean.

C'est donc logiquement son fils aîné, Joachim III (seigneur de Bazoges, etc., 1518-1525), qui hérite des terres à la mort de son père. Il meurt sans descendance, mais c'est vraisemblablement lui qui lança la construction du porche renaissance et de la fuie du château de Bazoges.

 

 

20 juin 1508 Talmont

Les officiers de la principauté de Talmond, en Bas-Poitou,

A la vicomtesse de Thouars.

Excès commis par les gens du seigneur de Bazoges (1), contre des, marchands qui se rendaient au marché des Moutiers-les-Maufaits.

A MADAME.

Madame si très humblement que faire pouvons nous recommandons a vostre bonne grâce.

Madame, plaise vous savoir que ces jours passez deux des gens de mousr de Bazoges feirent quelque excès en vostre ville et marché de Thalemond, au moien de qupy, sur leur informacion faicte, furent constituez prisonniers et menez en vostre chasteau; dont si toust que ledit seigneur de Bazoges fut adverty, vint a deux ou troys heures de là, avecques ung nombre de gens armez et enbastonnez, auquel fismes délivrance de sesdictes gens jusques à voz prouchaines assises d'emprès, pensans par le moien de luy qu'ilz ne feissent plus aucuns excès en vostre terre.

 Et s'en allèrent adjournez a vosdictes assises mais ce non obstant le sourlendemain que les marchans de vostre dicte ville aloient au marché aux Moustiers des Mauffaictz, les dessusdiz, qui ainsi avoient esté arrestez prisonniers, se mistrent en enbusche au grant chemin près la maison dudit sgr de Bazoges, et oultragèrent lesdiz marchans et leur feirent de grans excès, en hayne de ladicte prinse, dont fut et est très grant bruyt et scaudalle en vostre seigneurie et environ ; et si veulent en oultrager en plus large, en manière qu'il n'y a celluy ou pays qui n'en soit de présent en grande craincte de sa personne, comme le tout vous plaira veoir par les informacions sur ce faictes que vous envolons par ce porteur.

Madame, premier que y donner aulcune provision avons advisé vous en advertir, parceque ne savons par quelle auctorité vous plaira y faire pourvoir, tant pour cause dudit excès faict que pour obvyer à autres qui se pourroient faire: vous suppliant nous en faire savoir vostre bon plaisir, car si advisez que ce soit par auctorité de vostre court de ceste ville, l'éxécucion en sera difficille quant à nous.

Madame, il vous plaira au sourplus nous commander voz services pour très humblement y obéir, Dieu aidant, auquel prions vous donner, Madame, très bonne vie et longue et l'acomplissement de voz très haults et très nobles désirs.

En vostre ville de Thalemond, le xx° jour de juign.

Vos très humbles et très obéissans serviteurs,

JACQUES BOUHIER, LOYS MARCHANT,

JEHAN BOCHARD ET FRANÇOIS GOLLAUD.

Original dont les noms ont écrits à la suite les uns des autres par François Gollaud.

 

 

 

22 juin 1508 ; Talmond

Louis Cathus, sgr des Granges, châtelain de Talmond,

A la même.

Autre récit de l'embuscade dressée contre les habitants du susdit lieu, et terreur qu'inspirent les gens du sgr de Bazoges.

A MADAME.

Madame, je me recommande humblement à vostre bonne grâce (2). Vous plaise savoir que, le sabmedy tiers jour de ce présent moys de juign (3), fut par les gens et serviteurs du sgr de Bazoges fait certains grans excès en vostre ville et marché de Thalemond et en une des housteleries dudit Thalemond; dont fut faict informacion par vostre auctorité, et lesdiz serviteurs mis en vostre chasteau, ou demeurèrent jusques à la requeste et supplication dudit sgr de Bazoges, par voz officiers furent délivrés, qui fut ledit sabmedy.

Et parceque vostre justice et auctorité fut reverie et la plus fort, le lundy emprès ensuyvant lesdiz serviteurs enprisonnés et autres de leur bande s'enbuschèrent ès boys dudit sgr de Bazoges et de la Gueignardère, qui aguectoient les manans et habitans dudit Thalemond qui alloient au marché des Moustiers des Mauffaictz, distans dudit Thalemond de troys lieues, où ilz trouvèrent plusieurs personnes la pluspart desquelles mesmement des hommes, baptirent outragèrent et firent plusieurs grans excès, comme toutes les choses vous apparront par les informations que vous envoye, faictes par auctorité de vostredicte justice.

Madame, les excès faictz sont grans, mais se jactent et ventent lesdiz serviteurs enprisonnez et leur bande qu'ilz en feront en plus large, tellement que nul desdiz manans audit Thalemond n'ausent partir de vostredicte ville, moy ne mon filz duquel et moy se jactent avoir les saycs.

 Madame, je n'ay ousé procéder à iceulx prendre et faite assemblée de peuple que n'aye vostre vouloir, lequel en feray qu'il vous plaira me commander.

Ledit sgr de Bazoges se tient fier au moyen de ce qu'il maintient avoir le gouvernement, de par Monseigneur, du pays de Thalemond.

Madame, voz officiers, mesmement vostre receveur, vous escript des excès et qu'il n'ouset aller par pays, et aussi voz fermiers, de peur desdiz serviteurs qui sont maulvaiz garsons et menassent ceulx dudit Thatemond non seullement à iceulx baptre més tuer.

 Si telles voies avoient lieu, Monseigneur n'auroit aucune auctorité.

Madame, vous plaise me commander voz plaisirs, pour iceulx de très bon cueur acomplir, priant Nostre Seigneur, Madame, vous donner acomplissement de voz désirs.

En vostre chasteau de Thalemond, cestuy jour du sacre XXIIe de juign.

Voustre humble serviteur,

LOYS CATHUS.

Orig. signé

 

 

 

 

 

 

 


 

— Girard (Joachim), Chev., sgr de Bazôges, Mairé, Moric, Frosses, la Guignardière, la Tour d’Anguitard, Villefort en la Bnie d’Ambernac (Char. était chambellan du roi et est qualifié en plusieurs actes de noble et puissant.

Le 8 avril 1483, il partagea les biens de ses père et mère avec Louis et Jacques ses frères, et eut pour son lot, outre les terres susdites, celles de la vicomté d’Aunay et tous les héritages situés en pays de Poitou, Saintonge et au gouvernement de la Rochelle, depuis le pays de Berry jusqu’à la mer.

Louis et Jacques eurent celles du Nivernais et Bourbonnais.

Par ce même partage Joachim s’obligeait de payer les 2/3 de la pension qui était due à Jeanne de Marafin, veuve de Jean, leur frère aîné, et Louis et Jacques devaient rayer 1 autre tiers.

 Ce partage donna lieu à des démêlés entre ses frères qui prétendaient avoir été lésés, alléguant que les terres de Joachim valaient trois fois plus que les leurs réunies. Il reçut, vers 1480, aveu de Aimery de Meulles pour les fiefs de la Pinsonnière et de la Piraudière, qui relevaient du fief de Maire; le 16 mai 1481 il fit hommage pour l’hébergement de la Roche-Jaudouin et masures anciennes à Poitiers, appelées vulgairement la Tour d’Enguiermonet ? qui est le chef principal de la terre et sgrie d’Anguitard, l’hébergement de Chasseneuil (Vien.) appelé la Tour, avec la Touche et îles des environs, et pour les moulins assis à Chasseneuil. (Arch. Nat. P. 1145 et 588.)

Joachim fut condamné à 50 sous d’amende le 27 août 1481 pour défaut d’hommage à Ste -Hermine des pièces de terres qu’il possédait dans la paroisse de St -Juire (Vend.) (Bibl. Nat. Nouv. Acquis, franç,., 5041, Marchegay), et le 15 juil. 1499 il acquitta une ligeance de 15 jours au château de Talmond à cause de son fief de Bazôges. (Id. id.)

Il s’était marié 3 fois, d’abord le 14 avril 1483, alias 4 avril 1488, à Jeanne d’Oriolle, fille de Pierre, Chev., sgrie Lai e en Aunis, conseiller et chambellan du roi et premier président en la Chambre des comptes de Paris, et de Charlotte de Bar (le Père Anselme dit Colette bureau), dont il n’eut pas d’enfants ; puis à Marie Queylure ou Quéline, avec laquelle il vivait en juin 1501 ;

Enfin à Jacquette du Puy du Fou, fille de François, Chev., sgr du Puy-du-Fou, et de Marguerite de Belleville-Harpedanne.

Il est désigné dans une pièce comme maire et capitaine de la Rochelle et est chargé le 20 fév. 1493, par Louis de la Trémoïlle, de la garde et gouvernement du Talmondais.

Il était décédé avant 1518, car à cette date Jacquette du Puy du Fou, sa veuve, était remariée à Georges de Durfort, Chev., sgr du Teil.

Il avait eu du second lit : 1° Joachim, sgr de Bazôges, mort sans enfants ; et du 3 e : 2° Jean, qui suit.

 

(1). Jean II Girard, Chevalier, seigneur de Bazôges, la Tour d’Anguitard, Moric, Marillet, etc,, Les Girard, seigneurs de Bazoges, dont celui-ci parait avoir été maire de la Rochelle, en 1501, habitaient ordinairement la Guignardière d'Avrillé, à deux lieues de Talmont, Vendée, arrond. des Sables-d'Olonne, ainsi que les Moutiers.

Panetier et pensionnaire du roi, rendit aveu, sous la tutelle de François du Puy du Fou, le 10 janv. 1518, à la duchesse de Longueville, pour les fiefs de Moric et Marillet. (Arch. Vien. C)

 Le 14 oct. 1526, avec sa mère, il vendit la sgrie de la Tour d Anguitard à Jean Crouzilles, Ec., sgr de la Lande (id. id), et rendit aveu à Ste -Hermine en 1527 pour les dîmes St Juire (Bibl. Nat. Nouv. Acquis, franç. 5041, Marchegay.)

Jean devait à la principauté de Talmond le 16 fév. 1540, à cause de son marais des Mottes près Moric, 15 sols de service de fauconnage (id. id. 5032, Marchegay), et eut procès avec Jean du Chaffault, Ec., sgr de la Sénardière, à cause de Suzanne Girard, sa femme, fille de Guillaume, sgr de la Guessière (9e deg., § I er ), et Marc Buet, beau-frère de Jean du Chaffault, au sujet de la terre de la Guessière, qui, en vertu de la transaction du 10 mai 1399 faite entre Guillaume Girard, Chev., sgr de la Guessière (5 e deg., § I er ), et Jean Girard, son frère, Chev., sgr de Bazôges (5 e deg., § II), devait revenir à la branche de Bazôges si la branche aînée n’était plus représentée par des enfants mâles.

 Jean justifia cette prétention par une enquête du 9 oct. 1540 devant Barnabé Fouchier, lieutenant particulier et assesseur du sénéchal de Poitou à Fontenay-le-Comte.

La terre lui fut adjugée, mais le 21 sept. 1542 Gilles Buet, Ec., sgr du Plessis-Buet, donna à son fils Marc 1200 livres et 20 écus d’or pour le rachat de la Guessière, que lui et ses successeurs gardèrent dans la suite.

Nous voyons Jean, le 7 janv. 1543, tuteur de René Girard, fils de François, Ec., sgr de la Méronnière, et de Marie Boutin (9 e deg., § III).

Le 5 mai 1544 il partagea, à cause de sa femme, avec Gilbert de Bigny, Ec., sgr dudit lieu, mari de Charlotte Lorfevre, et était en procès avec les religieux de l’abbaye de Boisgrolland en 1546 ;

il reçut en qualité de sgr de Bazôges, Moric et la Guignardière, le 2 déc. 1547, l’hommage que lui fit Louis Audayer, Ec., sgr de la Cour.

 Jean obtint encore permission du roi, par lettres du 31 août 1550, d'emmener avec lui six hommes armés pour se mettre en garde contre les malveillants, parce qu’il avait fait punir des voleurs, et il eut commission de Louis, sgr et Bon d’Estissac, lieutenant en la ville et gouvernement de la Rochelle, par lettres du 8 fév. 1551, pour empêcher le transport des blés par mer ;

Le roi, le 27 fév. 1551, lui envoya pouvoir démettre en arrestation en Poitou et lui demanda de continuer à lui rendre service comme auparavant.

Par lettres du 22 juin 1553, il lui renouvelle ses ordres et l’assure qu’il lui saura bon gré de ses services rendus en Poitou et à l’armée de Picardie.

Jean donna procuration à sa femme le 10 janv. 1554 pour le règlement de ses affaires, étant retenu par les divers emplois de guerre qui l’occupaient pour le service du roi, et le 16 avril 1555 il convoqua les héritiers et proches parents de René Girard, son pupille, mort depuis peu et qui l’avait fait son exécuteur testamentaire.

Il fut en 1557 exempté des ban et arrière-ban du Poitou en sa qualité de panetier ordinaire du roi, et fut tué près le port de la Clays ? en pays de Talmondais, le 1er fév.1563, par Louis Bouchard, Ec., sgr de la Robertière.

Le 1er février 1563, alors qu'il se trouve au port de la Claye, vraisemblablement en voyage entre ses terres poitevines (la Claye est un point de passage obligé entre Moricq et Bazoges), Jean Girard est assassiné.

Son meurtrier, Louis Bouchard, seigneur protestant de la Robertière (ou Rabastière, près de Talmont), est capturé.

 Le 1er février 1565, le Parlement de Paris rend son verdict, confirmé par la cour des Grands jours de Poitiers le 11 octobre 1567 : Louis Bouchard sera soumis au supplice de la roue, ses terres, titres et privilèges lui seront retirés, son château de la Robertière sera rasé.

On ne sait cependant pas si la peine fut mise à exécution.

Jean Girard de Bazoges a été inhumé dans l'église Notre-Dame-la-Grande, à Poitiers.

De ses trois filles, c'est l'aînée Marguerite qui hérite de ses terres et titres, qu'elle apporte en dot à son époux Charles Poussard du Vigean.

Sa veuve obtint le 12 juin 1564 une sentence de mort contre ledit Bouchard ; elle fut confirmée par arrêt du parlement de Paris le 1 er fév. 1565.

Jean avait épousé Valentine Lorfèvre, De de Cramayau, fille de Bertrand, sgr d’Hermenonville, et de Valentine Lhuillier, et fit son testament le 4 fév. 1551, choisissant pour lieu de sa sépulture l’église de Bazôges.

Il eut pour enfants : 1° Marguerite, mariée le 24 janv. 1545 à Charles Poussard, Chev., sgr de Fors ; 2° Claude, qui épousa le 15 oct. 1545 Henri de Grouches, Ec., sgr de Gribouval ; 3° Antoinette, mariée le 25 sept. 1560 (contrat passé à la Guignardière par Mathurin Marchandeau, not. à Fontenay le Comte (1528-1567) à Baudouin de Goulaine, Chev., sgr de Martigné-Briand, etc.

(2) Sur le château des Granges-Cathus (près Talmont) et la famille de ce nom, voir la brochure de M. Léon Audé, intitulée :  Le château des Granges-Cathus,  et le Dictionnaire des familles de l'ancien Poitou, vol.I,p.544.

(3) Cette indication permet de compléter la date de la lettre et de la précédente.

 

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