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PHystorique- Les Portes du Temps
27 novembre 2023

ARMAND-DÉSIRÉ DE LA FONTENELLE de VAUDORÉ

FONTENELLE (ARMAND-DÉSIRÉ DE LA) est né le 24, avril 1784, au château de Vaudoré (Moncoutant-sur-Sèvre), commune de Saint-Jouin-de- Milly, canton de Cerisay.

 Son père était major de cavalerie, et sa mère appartenait à la maison des marquis de la Flocelière.

 La formation des conseillers auditeurs ouvrit au jeune de la Fontenelle une carrière honorable à parcourir. Il entra dans la magistrature en 1808 , et fut attaché à la cour de Poitiers.

Nommé, l'année suivante, procureur impérial près le tribunal civil de la Rochelle, il remplit cette charge jusqu'en 1813, et revint alors au chef-lieu du ressort, avec le titre de conseiller qu'il a conservé jusqu'à sa mort.

De la Fontenelle de Vaudoré aimait l'étude et a beaucoup écrit.

Le Manuel raisonné des Officiers de l'Etat civil, un vol. in-12 , 1813 , le premier ouvrage qu'il publia, a eu deux éditions dont la première, tirée à 2,000 exemplaires, fut épuisée en quelques semaines, est estimé et prouve une connaissance approfondie de la partie de notre législation qui y est traitée.

C'est le seul livre qu'il ait composé sur une matière plus en rapport avec ses fonctions qu'avec ses goûts. L'histoire de notre province devint bientôt l'objet de ses patientes investigations, et il rassembla un grand nombre de chartes et de documents inédits, ou peu connus, qui devaient entrer dans le cadre des travaux qu'il se proposait d'entreprendre.

Le temps lui a manqué pour terminer tous les ouvrages annoncés, et il a emporté dans la tombe quelques-uns des secrets qu'à force de recherches il avait dérobés aux ténèbres répandues sur les origines et les coutumes des peuples qui nous ont précédés.

Doué d'une vaste mémoire, il avait acquis la science d'un Bénédictin , mais, contrairement à l'esprit qui animait cette célèbre congrégation, il n'associa personne à ses découvertes, et considérait même comme un larcin commis à son préjudice toute tentative d'un écrivain abordant un des sujets qu'il se réservait de traiter (1).

 Il parlait souvent de ses projets d'auteur et d'éditeur, prenant ainsi rang de priorité pour des œuvres qu'il allait mettre sous presse, et renvoyait, par des notes, à des ouvrages qui n'existaient, par fragments, que dans ses cartons fermés, ou, qu'en éléments, dans sa pensée.

Fier de son érudition, il s'appliquait à rechercher, pour les relever, les erreurs échappées à nos historiens les plus renommés; il abordait hardiment la controverse, mais supportait avec peine la contradiction, et la discussion s'aigrissait parfois sous sa plume.

Quoique de la Fontenelle n'ait pas tenu toutes ses promesses de prospectus, la liste de ses ouvrages témoigne d'une grande fécondité.

Dans les dernières années de sa vie surtout, il se hâtait de vider son carquois , selon l'expression poétique d'André de Chénier. Ses dissertations historiques, ses notices sur des personnages éminents, quoiqu'elles ne soient pas toujours exactes sur tous les points, sont des jalons précieux pour diriger notre marche à travers les siècles écoulés.

L' Histoire d'Olivier de Clisson, connétable de France, 2 vol. in-8° , Firmin Didot, Paris, 1826, est le plus soigné et le meilleur de ses ouvrages.

 Ce début fut loué généralement dans les journaux de l'époque, où la littérature occupait un rang utile, envahi, plus tard, par le roman-feuilleton, qui, semblable à tous les usurpateurs, ne vaut pas les articles de critique qu'il a détrônés.

La vie animée de ce fier Breton, élève de Duguesclin, aussi brave et plus ambitieux que son compagnon d'armes , offre le tableau fidèle du quatorzième siècle. On y admire ces combats acharnés, où les lourdes épées et les haches massives étaient comme des jouets dans la main de ces guerriers bardés de fer, ces luttes corps à corps où l'adresse et la force triomphaient.

Le connétable de Clisson fut un des plus terribles guerriers de son temps , loyal dans l'accomplissement de ses promesses, haï des grands qu'il traitait avec hauteur, ami des soldats auxquels il permettait les excès, redouté des ennemis qu'il massacrait sans pitié.

Le Poitou et l'Aunis ont été les théâtres de ses exploits et de sa cruauté.

C'est là qu'il mérita le surnom de boucher dont l'histoire l'a flétri ; tant il est vrai qu'à toutes les époques, le sang versé, après la victoire, est une tache que ne peuvent effacer les plus brillantes actions. C'est une des leçons qui ressortent de l'œuvre de l'historien.

Après le récit des faits et gestes du connétable de Clisson, la publication la plus importante de notre compatriote est l' Histoire des Rois et des Ducs d'Aquitaine et des Comtes du Poitou, un vol. in-8°, Saurin, Poitiers, 1842.

Il n'a pas composé seul ce savant ouvrage : Dufour (2), à son lit de mort, lui confia des manuscrits qu'il a complétés et mis au jour.

Je serais tenté de croire, après une lecture attentive, que la majeure partie de ce travail est dû aux recherches et à la plume de cet écrivain. Le collaborateur-éditeur y a introduit une amélioration, en encadrant dans le cours de la narration les détails de moeurs que Dufour avait relégués à la fin de chaque période. Tel qu'il est, ce livre paraît encore inachevé : divisé en courts chapitres, qui ne se lient pas toujours entr'eux, il semble une réunion de matériaux attendant une main expérimentée pour les coordonner et les fondre ensemble. Cependant ce premier volume, qui embrasse une période de 185 ans (de 778 à 963), jette une vive lumière sur l'époque la plus obscure de nos fastes, et fait regretter que le second, qui devait nous conduire jusqu'à l'avènement d'Aliénor de Poitou au trône ducal d'Aquitaine, en 1137, ait été interrompu par la mort des deux auteurs.

Je classerai ici un travail lu aux séances de la Société académique de Poitiers, dans le cours de l'année 1837 et imprimé sous ce titre : Recherches sur les Chroniques du Monastère de Saint-Maixent, in-8°, de 70 pages, Saurin, Poitiers, 1838.

Après avoir relevé la valeur de notre Chronique nationale, dite de Maillezais, qu'il attribue à Pierre Raymond, abbé de Saint-Maixent, de la Fontenelle argue de faux la seconde chronique que les continuateurs de dom Bouquet appellent Fragmentum Chronicorum, et qui a été adoptée pour vraie par les doctes Bénédictins , par la plupart des historiens du Poitou, par Drouyneau de Brie et Berthre de Bourniseaux.

Ce manuscrit établit une liste de vicomtes de Thouars, que notre critique attaque comme étant inventée à plaisir, puisque quelques-uns de ceux qui y sont dénommés n'ont jamais existé ; il dresse, d'après les chartes contemporaines, une nouvelle généalogie de ces puissants princes, et renverse les séries des seigneurs du Bas-Poitou que le moine anonyme de Saint-Maixent fait descendre de la maison vicomtiale.  Des preuves, placées en regard, constatent la fausseté de ces documens.

Enfin, d'accord avec Besly, il tient pour supposé le testament de Guillaume X, duc d'Aquitaine, et s'étonne que les savants religieux, éditeurs du recueil des Historiens de France, aient adopté cette pièce apocryphe.

La collection des chartes et les recherches de dom Fonteneau ont été mises largement à contribution pour ce long et minutieux examen dont l'importance ne saurait être douteuse ; car il détruit des erreurs accréditées par des écrivains dont l'autorité faisait loi.

Indépendamment des ouvrages qui lui sont propres, de la Fontenelle en a édité plusieurs qui suffiraient à la réputation d'un érudit.

1° Vie el Correspondance de Duplessis-ltlornay, publication commune avec Auguis, Paris, 12 vol. in-8°, 1822-42. On sait que ce grand homme, qui termina à sa seigneurie de la Forêt- sur-Sèvre son existence agitée, fut un des chefs influens du parti protestant. On le surnomma le pape des huguenots. Après avoir servi Henri IV avec dévoument, il fut disgracié par Louis XIII. Ses Mémoires historiques sont précieux , mais ses œuvres religieuses portent toutes l'empreinte des préjugés de la secte dont il fut le constant protecteur.

2° Description du département de la Vendée, par Cavoleau, annotée et considérablement augmentée, un vol. in-8° , de près de 1000 pages, Robuchon, Fontenay, 1844.

L'ouvrage de Cavoleau, publié en 1818, fixa l'attention de l'Institut qui récompensa l'auteur : c'est un des meilleurs en ce genre pour le style et l'exactitude. Quoiqu'il ne représente plus rigoureusement la situation actuelle du pays, il en réflétait l'image fidèle à l'époque où il parut, et, sous ce rapport, il devait être respecté. L'éditeur l'a augmenté des deux tiers; il a mélangé au travail primitif des interpolations fréquentes et des réflexions qui lui ôtent son homogénéité. Les chapitres intercallés formeraient seuls un volume qui offrirait de l'intérêt; mais ce ne serait pas encore une statistique du département.

Des écrivains vivants ont coopéré à cette oeuvre : de la Fontenelle cite leurs noms, et reconnaît avoir emprunté des tableaux riches de coloris à deux Vendéens, morts depuis quelques années, Edouard Richer et Massé-Isidore.

3° Les Archives historiques dl' Bas-Poitou devaient comprendre : 1 ° les Chroniques fontenaisiennes ; 2° l'Histoire des Évêques de Luçon ; 3° l'Histoire de la ville de Fontenay- le-Comte; 4° la Statistique féodale du Bas-Poitou , etc., en tout, cinq ou six volumes.

Le premier seul a paru.

Les Chroniques Fontenaisiennes, un vol. in-8°, Gaudin fils, Fontenay, 1841, se composent :

PREMIÈREMENT , de I Histoire du Langon, trouvée dans les archives de la seigneurie de ce nom. Commencée au seizième siècle par Antoine Bernard , notaire , continuée, après sa mort, par André, son fils, notaire comme lui, elle fut achevée par René Perreau, sergent du Langon, qui l'a signée au commencement du dix-septième siècle. Cette chronique d’une petite paroisse était inédite , mais connue de Cavoleau, qui en cite des passages dans l'ouvrage dont il a été question plus haut et dans un Mémoire contre la famille de Maynard, pour le procès relatif aux communaux du Langon (Catineau, Poitiers, 1812). Elle rapporte sans doute des faits minutieux ; mais on trouve dans le premier livre des détails qu'on chercherait vainement ailleurs sur le desséchement des marais du Bas-Poitou. Les trois autres livres représentent le tableau assez complet des événements qui ont rendu toujours dramatiques et trop souvent sanglants les débats religieux qui se sont vidés dans nos contrées.

SECONDEMENT, de la Relation des Guerres civiles en Poitou, Aunis, Xaintonge et Angoumois , de 1574 à 1576, par Pierre Brisson, imprimée une seule fois et très rare. Les pensées y sont exprimées avec hardiesse, et le fier bourgeois y attribue aux châtelains et nobles habitant les camps, tous les malheurs de la guerre civile.

TROISIÈMEMENT, de la Chronique de la guerre des trois Henri, en Bas-Poitou , compilation à peu près ignorée , rédigée d'après les mémoires de la Ligue, de d'Aubigné, de Sully, etc., par un habitant du pays, connaissant bien les faits et les localités.

De la Fontenelle a complété ce volume par une introduction , une table raisonnée des matières et une foule d'annotations sur les personnages et de commentaires sur les événements.

4° Le Journal de Guillaume et de Michel le Riche, avocats du roi, à Saint-Maixent, un vol. in-8°, Reversé, Saint-Maixent, 1846, est encore un précis des actions qui -se sont passées dans cette partie du Poitou et dans les provinces voisines, de 1534 à 1586.

Dans ce Journal à la façon de Létoile et de Dangeau sont consignés, jour par jour , les troubles fomentés par l'opposition que souleva, dans l'ouest de la France, l'établissement de la gabelle.

On y voit comment le protestantisme commença en Poitou, où il fut prêché par Calvin, et comment ses sectateurs débutèrent à Saint-Maixent ; les diverses vicissitudes qu'éprouva cette ville , souvent attaquée, prise et reprise pendant ces guerres de religion dont notre territoire fut le grand champ de bataille. Catherine de Médicis et sa cour, le duc d'Anjou , le duc d'Alencon, le roi de Navarre, passent successivement sous nos yeux dans ce panorama, qui nous représente encore les mœurs et les usages du seizième siècle, les débuts de notre scène française et la mésaventure du poète Villon.

A ce volume sont joints, en forme d'appendice : 1° une reprise du Journal pour les années 1610 et 1611, attribuée au capitaine François le Riche , petit-fils et fils des précédons ; 2° une notice sur la fondation du monastère de Saint- Maixent, avec la liste de ses abbés et prieurs; 3° les noms des maires de cette ville.

En suivant le cours de ses travaux, et dans le but d'en faciliter l'exécution , de la Fontenelle conçut la pensée heureuse de publier un recueil destiné à réunir tous les faits se rattachant au point de contact entre la France, l'Aquitaine et la Normandie, d'une part, la Grande-Bretagne et l'Irlande, de l 'autre.

Après s'être assuré la coopération d'hommes instruits, il fit paraître le premier numéro de la Revue anglo. française, en juillet 1833. Cette publication trimestrielle fut dirigée avec talent et avec une exactitude qui se rencontre rarement chez ceux que n'excite pas l'amour exclusif de la science. Chaque livraison est formée de plus de cent pages, faisant le quart d'un fort volume in -81).

Vingt ont paru de 1833 à 1838, Saurin frères, Poitiers; huit, en 1843, après une longue interruption. Outre les chroniques sur les événements importants du moment et les bulletins bibliographiques qui terminaient chaque numéro, le directeur a imprimé dans ce recueil différents articles très étendus, dont les principaux sont :

1° Coopération des Poitevins à la conquête de l’Angleterre, par Guillaume-le-Bâtard ; 2° Le Château de Mervent ; 3° Duel projeté à Bordeaux , en 1283 , pour décider de la couronne de Sicile; 4° Le Poitou et ses principaux souvenirs historiques; 5° Notices sur le château de Montreuil-Bonnin et sur le palais de justice de Poitiers; 6° Savary de Mauléon, etc.

Plusieurs autres Mémoires , par de la Fontenelle de Vaudoré, ont été lus à la Société des Antiquaires de l'Ouest, qui les a insérés dans ses publications. Je mentionnerai ceux qu'il a arrachés lui-même à l'oubli, où tombent injustement ces sortes de recueils trop peu répandus, ainsi que les articles publiés dans la Revue anglo-française et tirés à part; presque tous ont obtenu des mentions honorables de l'Institut aux concours de 1836 et 1837.

1° Recherches sur les petits Peuples qui habitaient le Nord du Poitou , entre la Loire et la mer, à l'époque de la conquête des Romains et de l'introduction du christianisme, br. io-8°, avec carte, Saurin, Poitiers, 1835. Ces peuples sont les Ambilatri, qui auraient occupé la rive gauche de la Sèvre- Nantaise, dans le pays qui s'étend jusqu'au Thouet, et même jusqu'à la Dive; Doué devait être leur capitale. Les Anagnutes, qui auraient habité la contrée appelée, depuis, le pays de Retz; et, enfin, les Agesinales, ayant pour capitale Aizenay, qui auraient couvert le reste du territoire existant entre les Anagnutes et la mer, et qui s'étendaient jusqu'à la Sèvre- Niortaise. Quoique la dénomination de cette dernière peuplade paraisse positive à l'auteur, sa conviction n'a pas passé dans tous les esprits , et M. Massiou , dans son Histoire des Santons, traduit ce mot par celui d'Angoumoisins, conformément à l'opinion de dom Bouquet et à celle de l'abbé Belley, qui semblent encore prévaloir.

2° La Fronde en Poitou, br. in-8°, Saurin, Poitiers, 1835, dans laquelle l'auteur raconte ce que fut, dans notre province, cette parodie de la ligue, où, tout en protestant d'un profond respect pour le roi, on combattait ses troupes , afin de renverser le Mazarin.

 L'insurrection commença à Thouars, dont le duc Henri de la Trémouille avait été nommé, parle parlement de Paris, général d'armée dans l'ouest de la France, et se termina, après quelques escarmouches, par la prise de Chateaubriand des Roches-Bariteaux, lieutenant du roi, qui, investi dans son château du Plessis, se rendit prisonnier de guerre. Ce morceau a le mérite de contenir des détails inédits et redresse quelques assertions émises par le spirituel historien des Troubles de la Fronde.

3° Le Siège de Parthenay en 1419, br. in-80 , Saurin, Poitiers, 1835 , rédigé sur une charte vidimée de la même année, expliquant sous quelles conditions consentit à se retirer l'armée du dauphin, depuis Charles VII, qui s'était emparé de l'autorité royale, dans l'ouest de la France, pendant la démence de son père. Ce traité n'avait jamais été parfaitement connu ; il mentionne les mesures prises par chacun des partis pour la conservation de ses droits, et les précautions jugées nécessaires pour neutraliser, non seulement le château et la ville de Parthenay, mais la contrée qui en dépendait.

4° Notice sur l'ile-Dieu, br. jn-8°, avec litb., Saurin , Poitiers , 1836 , dans laquelle l'écrivain , s'aidant des docu- mens inédits qu'il possédait et des recherches de Cavoleau, de Piet et de M. de la Pylaie, a retracé l'histoire complète de cette petite localité, si digne de fixer l'attention de l'observateur, du naturaliste et du savant.

5° Prise de Bressuire par Duguesclin, br. in-8°, avec lith., Saurin, Poitiers, 1836. On y voit avec quelle sévérité furent traités les habitans. Il était réservé à cette malheureuse ville d'éprouver, à plusieurs siècles d'intervalle, toutes les rigueurs de la guerre civile.

6° Les Arts et Métiers à Poitiers, pendant les quatorzième, quinzième et seizième siècles, br. in- 8°, Saurin, Poitiers, 1837, dans laquelle abondent des détails curieux et peu, connus.

7° Recherches sur les Vigueries et les Origines de la Féodalité en Poitou, in-8°, avec carte , Saurin , Poitiers , 1839 , dans lesquelles de la Fontenelle s'est aidé de dom Fonteneau et de MM. Guérard et Filleau.

Au commencement du neuvième siècle, les comtes réunissaient les pouvoirs judiciaire, administratif, militaire et financier sur un territoire aussi étendu que nos provinces. Ne pouvant exercer seuls ces fonctions, ils déléguèrent des officiers pour les remplacer dans les affaires de moindre importance.

Ces officiers, appelés vicarii, vicaires ou viguiers, pouvaient, même en cas d'absence du comte, présider le plaid et juger. A cette magistrature était attachée la jouissance de propriétés de l'état qui, devenues plus tard héréditaires avec les emplois, formèrent des fiefs, lorsque s'établit la féodalité qui domina le moyen-âge.

On comprend de combien de difficultés est hérissée l'étude géographique de cette organisation politique , inscrite dans des chartes d'une latinité barbare, dont la traduction est, pour les noms de lieux, souvent incertaine et parfois impossible.

De la Fontenelle n'a pas eu la prétention de tout dire sur ce sujet, mais en rassemblant les documents qu'il a trouvés épars, en redressant des erreurs commises par ses devanciers, en hasardant lui-même des opinions, il a ouvert et déblayé la voie où d'autres ont déjà pénétré après lui (3).

8° Recherches sur les deux Voies romaines, de LIMONUM (Poitiers) à JULIOMAGUS (Angers) et à PORTUS NAMNETUM (Nantes), grand in-8°, avec carte, Saurin, Poitiers, 1841.

9° Les Coutumes de Charroux, publiées et traduites pour la première fois , in-80 , Saurin , Poitiers, 1842. L'une de ces chartes, de 1176 environ , est en latin ; la seconde, de 1247, en langage vulgaire de l'époque, est très difficile à comprendre. Les fautes qui se sont glissées dans les copies successives, dont la dernière fait partie de la collection de dom Fonteneau , rendent plusieurs passages inintelligibles. De la Fontenelle a consacré beaucoup de temps à ce travail ingrat, pour lequel il a consulté M. Raynouard, et néanmoins il n'est pas toujours parvenu à un sens exact. Il en fait l'aveu dans l'appendice qui précède ces deux chartes, où sont consacrés les droits étendus dont jouissait cette ville peu considérable du Haut-Poitou. Le Code pénal qui régissait ses habitants offre surtout des dispositions singulières : ainsi le braconnage d'un lapin ou d'un lièvre y était puni d'une amende de 60 sols, autant que le viol, plus que l'adultère dont le crime était évalué 40 sols. Ces peines pécuniaires étaient un reste des mœurs germaniques, où tout se rachetait par l'argent.

Les Bulletins de la Société des Antiquaires de l’Ouest contiennent, en outre, les articles suivans :

1° Rapport sur un fragment de manuscrit, intitulé : Lymoges soubz les Angloys, 1835; 2° Notice sur une charte de 1805, concernant l'abbaye de Charroux , 1838 ; 3° Lettre à Ml. Fauriel sur la charte d’Alaon , 1838; 4° Note sur le projet de restauration des tombeaux d'Oyron , 1838; 5° Discours d'installation et de clôture pour l'année de sa présidence, 1837-38.

Une notice sur Isabelle d'Angoulême, dont il s'est occupé jusqu'à ses derniers moments, était destinée à cette compagnie et sera imprimée par ses soins.

La Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Poitiers, dont il était secrétaire perpétuel, a recueilli dans ses publications un grand nombre d'articles, souvent pleins d'intérêt et toujours d'une solide érudition. Ce sont, entr'autres : 1° Pièces des Barons trouvées à Chauvigny, 1828 ; travail réimprimé en 1832, sous le titre de Notice sur des pièces antiques trouvées à Chauvigny (Vienne), Poitiers, in-8° ; 2° Recherches sur la langue poitevine, 1830; 3° Notice sur l'octogone de Montmorillon, 1835; 4° Notice nécrologique sur M. de Montbron, 1841 ; 5° Améliorations agricoles, introduites et à introduire dans le département de la Vienne, 1845; 6° Recherches sur l'horticulture du Haut-Poitou, dans les temps anciens, 1845; 7° Discours et Comptes-rendus des travaux de la Société.

La Société de Statistique des Deux-Sèvres a également entendu lire et a publié dans ses Mémoires plusieurs morceaux de cet écrivain.

 Les plus remarquables sont :

1° Une Notice sur le maréchal de la Meilleraye , br. in-8°, Robin, Niort, 1846, extraite d'une histoire inédite de Parthenay et de la Gâtine, et dans laquelle sont racontées les principales actions de cet homme de guerre, dont le Poitou doit être fier, et qui s'éleva par ses talents et son courage à la plus haute dignité militaire.

2° Une Dissertation sur une charte de Marguerite de Flandre , datée de juin 1262, qui accorde aux marchands de Niort la libre franchise du commerce des vins avec le port de Gravelines.

3° Duplessis-Mornay à la Forêt-sur-Sèvre, br. in-8°, Moris- set, Niort, 1842 ; 4° et une Notice sur Tristant Rauault.

 

Je clorai cette liste des ouvrages qui me sont connus par la Notice sur Philippe de Comyne en Poitou, lue à Douai, au mois de septembre 1835, pendant la troisième session du congrès scientifique de France, présidée par de la Fontenelle; in-8°, Douai, V. Adam, 1836.

Cette appréciation historique est sévère pour l'homme privé, mais juste envers le guerrier, le diplomate et l'écrivain supérieur , qui tenait à la Flandre par sa naissance, à notre province par son âge mûr, sa vieillesse et sa mort, qui prit le nom du vieux Donjon d'Argenton-Château , où il passa une partie de ses jours et où furent écrits ses immortels Mémoires,

A la fin de cette brochure, de la Fontenelle dit que, depuis longtemps, il s'occupe à étudier la vie de Comyne et à préparer une nouvelle édition de ses œuvres, qui devait paraître à la fin de 1837, chez Crapelet, imprimeur, à Paris. Je ne pense pas que cette promesse ait été tenue.

Plus tard, il annonçait comme étant sous presse ;

1° Le deuxième volume de l' Histoire des Rois et des Ducs d'Aquitaine ;

2° L'Histoire du Monastère et des Eveques de Luron ; cet ouvrage, dont les dernières épreuves ont été corrigées peu de jours avant sa mort, formera un volume in-8°,

3° Les Lois et Usages maritimes de l'Aquitaine du Nord (Poitou, Aunis et Saintonge); vingt-quatre feuilles de cet important ouvrage sont tirées, et il serait à désirer que l'impression put être terminée.

Indépendamment de cette longue nomenclature, notre fécond compatriote a écrit dans des journaux et revues do province ; plusieurs personnages célèbres de nos contrées ont été réintégrés par ses soins dans la Biographie universelle de Michaud dont il était collaborateur. Ces articles se trouvent dans le supplément, à partir du 56e volume, et sont signés ; F, T. E.

Je dois encore indiquer une Notice sur le Poitou, insérée dans le tome IV de l' Histoire des Villes de France, par A. Guilbert, publiée depuis 1844; de la Fontenelle y a  fourni aussi l'article Cognac, tome III ; enfin une Notice sur les Privilèges des Verriers, in-8°; Blois, 1837.

La plupart de ces Mémoires sont mentionnés dans une notice intitulée : Indication des principales publications historiques de M. de la Fontenelle de Vaudoré, Crapelet, Paris, 1839, in-8°, de 15 pages.

De la Fontenelle lisait de préférence les notes d'un livre, parce qu'il y trouvait, disait-il, la substance et le meilleur de l'ouvrage.

Imbu de cette maxime, il les a multipliées partout avec une incroyable profusion.

 Les unes, concernant les événements, les lieux et les familles, sont intéressantes ; d'autres , critiques ou personnelles, sont puériles et prétentieuses; toutes ont le grave inconvénient de couper le récit et d'en rendre la lecture fatigante. On regrette parfois tant d'érudition semée dans un terrain ingrat, et l'on plaint l'homme qui a usé à cette tâche pénible des veilles dont l'emploi pouvait être plus fructueux. Il y aurait dans l'examen de ces notes la matière d'un piquant chapitre de psychologie.

De la Fontenelle de Vaudoré a un style diffus et incorrect; peu soucieux de rendre la science aimable, pressé d'arriver à terme, livré à des préoccupations multiples et simultanées, il ne cherche pas à allier à l'exactitude des dates et des faits l'élégance et la pureté de l'élocution. Malgré ces défauts de forme, il a rendu des services réels , et la valeur de ses travaux lui a acquis une juste réputation.

Membre de trente Sociétés savantes, françaises et étrangères, du Comité des Charles, Chroniques et Inscriptions au ministère de l'instruction publique, de la Commission des Archives de la Grande- Bretagne (4) , de la Commission. royale d'Histoire de Belgique, conservateur et inspecteur des monuments historiques, président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, secrétaire perpétuel de la Société académique de Poitiers, il a vu enfin s'ouvrir devant lui les portes de l'Institut.

Depuis l'année 1838 , il avait le titre de correspondant de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

De la Fontenelle avait été compris dans la promotion des chevaliers de la légion-d'honneur, qui suivit le sacre de Charles X.

Appelé au conseil général du département des Deux-Sèvres, en 1835 , par le suffrage des électeurs du canton de Cerizay, il a rempli ces fonctions avec zèle jusqu'à sa mort.

Cette vie pleine et laborieuse s'est terminée à Poitiers, le 12 février 1847.

On doit à de la Fontenelle la pensée de fonder un Musée d'Antiquités à Poitiers; le 31 décembre 1831, à la séance publique de la Société d'Agriculture, il s'exprimait ainsi : « Serait-il vrai qu'au moment même où nous parlons, il serait question de détruire le temple Saint-Jean?... Un tel excès de vandalisme n'est pas supportable dans un siècle de lumières... Que là soit formé un Musée d'Antiquités départementales, dont le local sera plus curieux encore que tout ce qu'il pourra contenir. » Grâce à cette généreuse protestation , le temple Saint-Jean fut conservé ; peu de temps après, cet édifice avait reçu sa destination actuelle, et on lisait ces mots au dessus de la portée d'entrée :

MVSÉE DES ANTIQVITÉS DE L'OVEST, 1834.

C'est également sur sa proposition qu'un recueil des livres écrits par les enfants des Deux-Sèvres a été commencé à Niort, dans les archives de la préfecture : cette bibliothèque s'enrichit chaque jour par les soins actifs et éclairés de M. Ravan, spécialement chargé de cet objet, pour lequel le conseil général vote une allocation annuelle. De la Fontenelle a laissé, dans le même but, à la ville de Niort, déjà légataire de ses manuscrits et de la collection poitevine qu'il avait réunie, une rente perpétuelle de 200 francs.

Histoire littéraire du Poitou. Tome 3 par Dreux-Duradier

 

 ==> Les coutumes de Charroux publiées et annotées par M. de La Fontenelle de Vaudoré Poitiers, 1843.

 


 

(1)   « Dans ce temps où tant de travailleurs sont à l'œuvre, annoncer un livre est souvent donner l'idée d'en faire un autre en concurrence, et celui qui écrit ces lignes en sait quelque chose. » Préface des Archives historiques dit Bas-Poitou.

(2). Dufour (J.-P. Marcou), né en Touraine, fut élevé par les Bénédictins. Il acquit auprès de ces religieux une érudition solide et sévère.

Lancé dans le monde, il continua à se livrer aux études dont il avait puisé le goût dans les cloîtres. En 1811 , il adressa à la Société des Antiquaires de France, qui l'avait admis comme membre correspondant, une Dissertation sur une Médaille des Turones, qui fut lue à la séance du 9 mai et insérée dans les Mémoires de cette compagnie. Plus tard , parut, sous son nom, un Dictionnaire historique des Communes du Département d'Indre-et-Loire. Cet ouvrage, où abondent des détails curieux et inédits, obtint un grand succès et est devenu très rare.

Dufour , inspecteur des contributions directes , perdit sa place en 1815 et se réfugia à Poitiers, où il se fit libraire.

Comme il n'avait pas de diplôme personnel, cette ressource lui fut ravie. Cet homme énergique consacra le peu qui lui restait à acheter quelques marchandises, et courut le pays pour subvenir à son existence. Le pauvre marchand forain , emportant son érudition avec son léger bagage , profitait de ses courses pour étudier l'histoire des contrées où il étendait son commerce et appliquait aux localités les chartes de la collection de dom Fonteneau qu'il avait explorées dans ses moments de loisir.

Il publia le fruit de ses recherches dans un volume intitulé : De l'ancien Poitou et de sa Capitale pour servir d'introduction à l'Histoire de cette Province, un vol. in-So, Catineau , Poitiers, 1826. Il donna, un peu plus tard, le commencement de l'Histoii,e générale du Poitou , jusqu'à sa réunion à la couronne, sous Philippe-Auguste, un vol. in- 8°, Catineau, Poitiers, 1828. La vente de ces ouvrages, estimés aujourd'hui, fut lente à l'époque de leur publication ; le goût des études historiques n'était pas encore répandu; cette tiédeur découragea Dufour, qui ne fit plus rien imprimer.

La révolution de 1830 le réintégra dans les fonctions qu'il occupait sous l'Empire.

Le changement de vie lui occasionna une maladie grave , et il fut destitué lorsqu'il n'avait plus que quelques mois à attendre pour avoir droit à sa retraite. Cette nouvelle rigueur, aussi injuste que barbare, accrut son mal et bâta ses derniers moments.

Il est mort au bourg de Biard, près Poitiers, où il s'était retiré pour soigner sa santé et vivre avec plus d'économie.

(3) M. L. Faye a publié, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, un travail très étendu sur les vigueries. Il ne partage pas toujours l'opinion de son devancier, et fait preuve d'une grande sagacité et d'une connaissance exacte des localités; mais je pense que pour la vicaria bachiacensis , ou bassiacensis , que l'un traduit par la viguerie de Boisse, près Mauzé, l'autre par la viguerie de Bassée , près Frontenay, ces deux auteurs n'ont peut-être pas rencontré la vérité. Je hasarderai mon sentiment sur une question où je suis peu compétent, je l'avoue ; mais je puise ma confiance dans une note même que produit de la Fontenelle.

Suivant un titre rapporté par dom Fonteneau , dit-il, il fut fait dos au monastère de Saint-Maixent, le 26 juin 978, d'une vigne, in pago Alnisio, in vicariâ Bachiacense, iti villa Niorlo. Selon le savant Bénédictin, la viguerie Bachiacensis aurait été à la fois en Aunis et en Poitou.

Un autre titre, de 946 ou 947, fait mention, comme étant dans cette viguerie , d'un village ad Fontem, distant du château de Niort seulement d'une demi-lieue, et note aussi l'église de Saint-Caprais comme étant dans cette localité.

Tontes. ces indications s'appliquent parfaitement à Bessines, dont le territoire supérieur, couvert autrefois de vignes , était en Aunis, tandis que la partie marécageuse était en Poitou; l'église de cette paroisse est encore sous le vocable de Saint-Caprais, et le village ad Fontem est Piedefond, à la distance indiquée du château de Niort.

Tout, dans ces chartes, concorde donc pour que la vicaria Bachiacensis exprime la viguerie de Dessines.

(4). C'est à lui qu'est dû l'envoi fait, en 1835, à la bibliothèque publique de Poitiers , d'un exemplaire des ouvrages publiés par la Records- Commission.

 

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