1350 Bertrand Duguesclin prise du château de Fougeray.
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Sans contredit, le monument le plus remarquable de Fougeray est l'ancien donjon seigneurial qui, par son ampleur et ses belles proportions, contraste vivement avec l'édifice mesquin construit à ses pieds au XVIIIe siècle par M. Loquet de Granville.
Couronnée, de créneaux et de mâchicoulis séparés par des arcs trilobés, cette belle tour se dresse encore isolée au milieu des ruines du château qu'elle éclairait.
Construite saris doute au XIIIe siècle, par les sires de Nozay, elle remplaça probablement un oppidum romain; le plebs condita de Fulkeriac, mentionné dans les donations du Cartulaire de Redon, aux IXe et Xe siècles.
Possédé pendant trois cents ans par la famille, Le Boeuf, issue des Châteaubriant, le château de Fougeray passa dans la maison de Rieux, en 1235, par le mariage de Nicolle Le Boeuf avec Geffroy de Rieux.
Il appartenait encore aux Rieux en 1350, lorsqu'il fut occupé par Bembro et doux cents Anglais, et assiégé par Bertrand Duguesclin, qui en fit le théâtre d'un de ses plus beaux faits d'armes.
En effet, le héros breton n'avait pour compagnons que soixante partisans.
Duguesclin, qui venait de se faire connaître par quelques actions d'éclat, courait la campagne avec environ soixante soldats appelés alors des brigands, parce qu'ils étaient les plus faibles, mais auxquels on donna, dans la suite, le nom d'aventuriers.
Jusque-là, les forêts seules lui avaient servi de retraite, et nulle place n'était encore en sa puissance.
Il parcourait, vers le milieu de l'année 1350, la forêt de Teillais, lorsque ses éclaireurs l'avertirent que le fort château du Fougeray, occupé par les Anglais, était pour le moment privé de son gouverneur.
A cette nouvelle, Bertrand marche rapidement vers le Fougeray.
La place est escarpée et bien défendue. Aussi ne songe-t-il pas à la prendre d'assaut.
Ne pouvant, avec cette poignée de soldats, s'emparer de vive force du manoir, il jura dit Froissart, de le prendre « par industrie. »
«À l’issue du bois de Fougeray, raconte le naïf chroniqueur, fist Bertrand partie de ses compaignons embûchier, et luy et le reste, se tindrent en manière de pauvres bûcherons, et, leurs cols chargés de bois, vindrent près du Chastel.
Adonques vindrent Ànglois, qui cuydèrent que ce furent bûcherons, et avalèrent le pont hâtivement.
Lors Bertrand et ses compagnons entrèrent dedans et laissièrent leur bois sur le pont, et, cryèrent :
Guesclin.
Adonques saillit l'embûche de Bertrand, et, pour le chastel deffendre, s'assemblèrent Anglois moult âprement contre Bertrand et ses compaignons.
Illec eut assaut fier et merveilleux, et moult y, fui Bertrand blécé, et Bémbro mort sur le Champ; mais furent Anglois déconfitz, et le chastel prins, qui moult estoit fort et bien garny de vivres et rychesses. »
Successivement transmis aux maisons de Rougé, Laval, Montmorency et Condé, le château de Fougeray appartenait, en 1595, à Louis de la Chapelle, du manoir de la Roche-Giffard qui des bords de l’Aron, près de Saint-Sulpice-des-Landes, domine encore la belle forêt de Teillay, contenant, dit un aveu de 1560, « environ trois lieues de long et deux tiers partie de une liéue de travers, » et renfermant « environ vingt-cinq panttières pour prendre bégaces et aultres volatoires.»-
Robert Bembro, capitaine du château de Fougeray, tué à la prise de cette place par du Guesclin, en 1350.
Le plus bel exploit de du Guesclin et de ses gars, pendant cette période, c'est la prise du château du Fougeray.
Cuvelier, à qui nous devons le curieux récit de ce fait d'armes, a omis comme toujours de nous en faire connaître la date; mais Robert Bramborc, qui fut tué au célèbre combat des Trente, était alors capitaine du Fougeray : la prise de cette forteresse par notre héros doit, par conséquent, être antérieure au 27 mars 1351, date de la lutte épique qui se livra sous le chêne de Mi-Voie.
D'un autre côté, l'audace même de ce coup de main, l'absence de Bramborc occupé à chevaucher contre « l'ost » de Charles de Blois nous reporte à une époque où le parti de ce prince, après avoir paru comme anéanti pendant les trois années qui suivirent le désastre de la Roche-Derrien, commençait à relever ouvertement la tête, c'est-à-dire à la première moitié de 1350.
Dans le cours de cette année, le parti anglais en Bretagne fut très-affaibli par la défection de Raoul de Caours, qui abandonna encore une fois Édouard pour se remettre en l'obéissance du roi de France.
La cause de cette défection ne fut pas, comme les Bénédictins l'ont dit par erreur, la donation faite par le roi d'Angleterre à Gautier de Bentley, second mari de Jeanne de Belleville, dame de Clisson, de plusieurs seigneuries en Poitou sur lesquelles Raoul avait des prétentions.
La donation dont il s'agit, loin de remonter à 1349, était encore récente (1) lorsque Édouard la confirma le 30 décembre 1359, après la mort de Gautier de Bentley, au profit du jeune Olivier, sire de Clisson.
Elle fut octroyée à l'occasion du second mariage de Jeanne de Belleville avec le lieutenant du roi d'Angleterre, et ce mariage est certainement postérieur au 8 septembre 1350, date de la nomination de Gautier de Bentley comme capitaine général en Bretagne (2).
A cette date, il y avait déjà quelque temps que Raoul de Caours s'était rallié au roi de France, puisque Bentley succéda dans le gouvernement du duché à Dagworth tué dans un combat que lui avait livré l'inconstant chef de Compagnies.
RICHARD BEIBRO (Bramboc, ou Bembro, ou Bemborough), capitaine de Ploërmel pour Edouard III, irrité de la mort de l'un de ses compagnons, Thomas d'Ageworth, tué près d'Auray, en 1350, et ne pouvant venger cette mort sur ses auteurs, attaquait et rançonnait, malgré la trêve, les gens inoffensifs qu'il pouvait surprendre, et par des excès de ce genre, détermina Beaumanoir à lui jeter son gage de bataille.
La présomption de Bembro ne lui servit pas plus que son courage ; il fut tué par Alain de Keranrais et Geoffroy du Bois, au plus fort de la mêlée ; mais son nom ne s'éteignit point avec lui en Bretagne.
Il paraît, au contraire; que sa postérité, comme celle des Harpedane, Bentelée, Melbourne, David, Thomelin, Ferrers, Delbiest, et autres partisans Anglais ou Flamands se fixa en Bretagne après la paix de Guérande.
On trouve Robert Bembro, capitaine du château de Fougeray, tué à la prise de cette place par du Guesclin, en 1350.
Robert Bembro (ou Bemborough), capitaine du château de Fougères (Fougeray)
Il fut tué lors de cette opération, qui marque l'un des premiers exploits militaires majeurs de Du Guesclin (alors âgé d'environ 33 ans).
Déroulement de la prise (récit traditionnel)
Selon les chroniques (Froissart, Cuvelier, d'Argentré) :
Ruse de Du Guesclin : Apprenant que Bembro est absent (en razzia), Du Guesclin se déguise en bûcheron avec quelques hommes (portant des fagots pour masquer des armes).
Ils s'introduisent dans le château en profitant d'une porte mal gardée.
Surprise : Ils maîtrisent la garnison intérieure et hissent le pavillon français.
Retour de Bembro : Averti en chemin, Bembro tente de reprendre la place.
Du Guesclin sort avec ~50 cavaliers et tend une embuscade nocturne.
Combat et mort : Bembro est défait et tué sur le champ de bataille (par Du Guesclin lui-même, selon la légende).
La plupart de ses hommes sont capturés ou tués ; les survivants conduits comme prisonniers.
Citation clé (d'Argentré, Histoire de Bretaigne, 1582) :
« Bembro, capitaine qui estoit absent, ayant faict une course [...] fut averty par le chemin qu’elle avoit été surprise [...] mais il fut suivy par du Guesclin [...] lequel ledit du Guesclin attrapa par le chemin et le contraignit de tourner visage et faire teste : venant aux mains fut deffaict Bembro et demeura mort sur le lieu. Ce fut le premier exploit de marque de messire Bertrand du Guesclin. »
Conséquences
Victoire française : Fougeray est reprise et garrisonnée par les partisans de Blois.
Réputation de Du Guesclin : Cet exploit (ruse + combat singulier) lance sa carrière. Il est vu comme un maître de la guérilla contre les Anglais.
Vengeance familiale : Les Bembro, famille de chevaliers anglais installés en Bretagne nourrissent une rancune.
Richard Bembro : Frère ou parent de Robert, chef anglais au Combat des Trente (1350), tué par Beaumanoir.
Guillaume Bembro : Autre parent, tué en combat singulier par Du Guesclin au siège de Rennes (1357).
Héritage : Les Bembro s'établissent en Bretagne (fiefs comme Le Rest en Insinzac) ; postérité jusqu'au XVIe siècle (Jean Bembro en 1481).
Sources et nuances
Contemporaines : Froissart (Chroniques, livre I) et Cuvelier (Chanson de Du Guesclin) mentionnent l'exploit, mais sans nom précis de Bembro.
Secondaires : Dom Lobineau (Histoire de Bretagne, 1707).
Bertrand d'Argentré (1582).
Siméon Luce (Histoire de Du Guesclin, 1876) : Date 1354, insiste sur la ruse.
Légende vs. Histoire : Le déguisement en bûcheron est romancé, mais l'embuscade est plausible (comptes de rançons anglais, 1353).
Philippe de Valois était mort le 22 août 1350, et dès le lendemain son successeur mandait auprès de lui les principaux seigneurs bretons du parti français pour s’entendre avec eux sur ce qu’il y avait à faire.
C’est à ce moment, il y a tout lieu de le croire, que le vainqueur du Fougeray s’enrôla pour la première fois au service du roi de France devenu ainsi, en l’absence de Charles de Blois prisonnier des Anglais, le chef des adversaires de Montfort.
Au lieu d’une poignée de gars ramassés un peu au hasard en vue d'un coup de main et licenciés aussitôt l’affaire faite, du Guesclin eut désormais sous ses ordres une troupe régulière de gens d’armes soldés.
Alors aussi il dut quitter les vallées de la Vilaine supérieure et de ses affluents pour aller guerroyer sur les bords de la Rance et continuer la lutte dans la région de Pontorson, centre des opérations militaires des Français en Bretagne.
Vers ce même temps, d’ailleurs, Bertrand avait été rappelé sans doute dans cette région par un grand malheur de famille qui l’avait frappé peu avant son succès du Fougeray; il avait perdu sa mère.
La femme de Robert du Guesclin fit son testament au mois de juin 1350, et quelques jours après avoir dicté ses dernières volontés, elle descendait dans la tombe.
Jeanne Malemains fixait sa sépulture dans l’église de Sens au diocèse de Rennes où elle possédait une terre qui formait la meilleure part de sa dot, et elle instituait ses exécuteurs testamentaires son mari Robert du Guesclin, Thibaud do Saint-Didier et Hervé de Mauny.
Jeanne avait connu les joies profondes d’une union bénie du ciel, mais la providence ne lui avait pas ménagé les épreuves.
Elle avait eu dix enfants. Son fils aîné arrivait à peine à l’adolescence que la Bretagne avait pris feu.
Elle avait vu succomber le parti auquel son mari et ses enfants s’étaient attachés.
Deux ans seulement avant sa mort, l’épouvantable peste de 1348 avait ajouté ses horreurs aux maux de la guerre.
Enfin, au moment où elle rendit le dernier soupir, alors que Bertrand était réduit à guerroyer avec des vilains au fond des bois et à voler ses parents pour nourrir ses gars, comment la femme de Robert du Guesclin aurait-elle espéré encore que les prédictions de la religieuse se réaliseraient un jour ?
Dieu lui refusa donc cette joie suprême, la plus douce qu’on puisse goûter en ce monde, où l’on oublie en un instant les douleurs de toute une vie : il ne prolongea pas assez les jours de Jeanne pour que sou cœur de mère pût battre à la gloire naissante de son fils.
Le héros de l’affaire du Fougeray avait sans doute quitté déjà les vallées de l’Oust et de la Vilaine en 1351.
Au combat des Trente livré le 27 mars de cette année, il ne figure pas parmi les trente champions du parti français dans les rangs desquels sa place était marquée, s’il avait encore habité cette région
On ne sait si du Guesclin prit part le 14 août de l’année suivante à la sanglante bataille de Mauron.
Les Ruines du Château de Grand-Fougeray
Les ruines du château de Grand-Fougeray, situées dans la commune éponyme en Ille-et-Vilaine (Bretagne, France), constituent un témoignage emblématique de l'architecture militaire médiévale.
Ce château fort, érigé à la fin du XIIe siècle, n'a survécu que sous la forme de vestiges partiels, principalement son imposant donjon.
Voici un aperçu détaillé de son histoire, de son état actuel et de son importance patrimoniale.
Construction et origines : La forteresse a été ordonnée vers 1189 par Olivier II de Tournemire (ou Jean II de Rieux selon certaines sources), seigneur local.
Elle comptait initialement neuf tours et une enceinte fortifiée, conçue pour protéger la châtellenie de Fougeray, un bastion stratégique des Marches de Bretagne contre les incursions extérieures.
Enceinte fortifiée : ovale, longue d’environ 120 m, large de 80 m.
8 tours latérales : réparties le long du rempart, de forme circulaire ou semi-circulaire, typiques des châteaux philippiens (fin XIIe-début XIIIe siècle).
Elles servaient à flanquer la défense.
1 donjon-maître : la grande tour cylindrique, plus massive et plus haute, située au centre ou légèrement excentrée, dominant l’ensemble.
Événements clés : Au XIVe siècle, pendant la Guerre de Succession de Bretagne, le château tombe aux mains des Anglais vers 1350.
En 1354 (ou 1350 selon les chroniques), il est repris par le célèbre chevalier breton Bertrand Du Guesclin grâce à une ruse ingénieuse : ses hommes, déguisés en bûcherons, se présentent avec des fagots de bois dissimulant leurs armes, escortés de "paysannes" (en réalité des compagnons déguisés).
Cette anecdote, relatée dans les chroniques médiévales, a immortalisé le site et donné son nom populaire au donjon : "Tour Du Guesclin".
Le château reste propriété de la famille de Rieux jusqu'en 1425, puis passe entre les mains de figures illustres comme Françoise d'Amboise (duchesse de Bretagne) ou le maréchal de Créquy.
Déclin :
Démantelé à la fin du XVIe siècle après les Guerres de religion, il est progressivement abandonné.
Au XVIIIe siècle, un négociant de Saint-Malo, Charles Jean Locquet de Grandville, achète le site en 1748 et utilise les pierres comme carrière pour construire un nouveau château Renaissance adjacent et des maisons locales. Cela accélère sa ruine.
État Actuel des Ruines
Aujourd'hui, les vestiges sont modestes mais évocateurs :
Le donjon (Tour Du Guesclin) : Seul élément majeur subsistante, c'est une tour cylindrique du XIIIe-XIVe siècle, d'environ 13 mètres de diamètre et 34 mètres de hauteur (bien que parfois citée à 30 mètres).
Son dernier étage abritait un pigeonnier. Des traces d'encorbellements, d'une fenêtre et d'un escalier subsistent.
Autres vestiges : Quelques fondations de l'enceinte et des éléments isolés, intégrés au paysage environnant.
Environnement : Les ruines sont adjacentes à un château XVIIIe siècle privé (non accessible) et à des écuries reconverties en restaurant.
Le site est classé Monument Historique depuis 1913.
Visite et Accès
Localisation : Rue du Pont Saint-Père, 35390 Grand-Fougeray (à environ 40 km au sud de Rennes, près de Bain-de-Bretagne).
Visibilité : Le donjon est visible depuis la voie publique et fait partie des circuits patrimoniaux locaux.
Des visites guidées sont possibles lors des Journées du Patrimoine (septembre) ou via l'office de tourisme. Le site est gratuit et accessible à pied.
Proximité : Intégrez-le à un itinéraire breton incluant d'autres châteaux comme Fougères (à 50 km) ou Châteaubriant (à 40 km).
Bas Moyen-Age 1329 / 1377<==....
(1). « Cum nos NUPER dederimus et concesserimus…. » Rymer, vol. III, p.465.
(2). Ibid., p.204.