Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
TRADUCTION
Derniers commentaires
7 décembre 2021

L'amiral Tromp à la tête d'une flotte de soixante-douze voiles s’approche des fortifications de Rochefort 1674-75.

Intendance du port de Rochefort Colbert de Terron, MEn 1665 M. Colbert de Terron dont la santé était chancelante fut remplacé dans l'intendance de Rochefort par M. de Muin, protestant converti. Cependant la cour ne pouvait pas se priver des services d'un homme d'un mérite aussi grand : elle lui donna l'année suivante la mission de se rendre à Messine pour maintenir l'esprit des habitants et les conserver fidèles à la France, à Louis XIV qui leur avait offert et promis son appui.

Pendant toute la durée de la guerre que la France soutint contre la république Batave, les ordres d'armement se succédèrent nombreux au port de Rochefort.

 Une activité extraordinaire y était maintenue, et cependant on voulait plus encore. Est-ce que déjà on avait compris qu'à cette grandeur maritime qui se réalisait, il manquait quelque chose, l'âme du peuple par exemple ? Mais les évènements marchaient : il fallait faire plus qu'on n'avait fait, et les préoccupations de la cour se traduisaient en reproches qui frappaient les administrateurs des ports.

Rochefort qui, plus que tout autre peut être, fournissait un fort contingent à la flotte, était depuis quelque temps l'objet des boutades du ministère ; on lui reprochait son peu de célérité. M. Seignelay y fut envoyé tout exprès avec la mission de raviver le zèle qui paraissait moins vif.

Il arriva à Rochefort dans les premiers jours d'avril 1673, et aussitôt il fit une inspection dans le port. Quelques agents de la marine lui parurent au-dessous de la hauteur de leur mission ; il excita les uns, fit remplacer les autres, et un nouvel effort eut lieu.

Dans le cours de cette année, l'arsenal arma vingt-six gros vaisseaux, six brûlots et plusieurs autres navires de rang inférieur.

Mais quoi qu'on fit, ce n'était pas assez encore. On craignait de succomber dans la lutte engagée de toutes parts, et d'un autre côté peut être il existait une impression fâcheuse contre ce port qui avait surgi soudain, et dont l'importance grandissant, menaçait d'annihiler celle des lieux environnants; on regrettait sans doute à cause de cela l'énormité des sommes qu'il avait absorbées, et déjà l'on avait l'arrière- pensée de mettre des limites à ce mouvement qui le faisait s'élever avec tant de rapidité.

Si la cour considérait ainsi un port qui, jusque-là, lui avait fourni tant et de si utiles ressources,
les puissances rivales de leur côté, ne voyaient pas sans crainte pour leur avenir maritime, et sans jalousie, se développer un arsenal qui devait leur interdire toute tentative hostile contre les côtes occidentales de la France.

Les Hollandais surtout qui étaient profondément blessés de leur défaite de l'année précédente résolurent de le détruire.
Une occasion leur parut favorable pour l'exécution de ce projet, et ils la saisirent avec avidité.

Ils savaient que la plupart des vaisseaux armés à Rochefort, en 1673 , avaient été envoyés en Amérique au secours de la Martinique que Ruyter voulait enlever à la France, et que d'autres avaient reçu la mission d'aller soutenir l'insurrection de Messine qui cherchait à secouer le joug de l'Espagne.

Louis XIV avait promis aux Messinois de les protéger, afin que les espagnols occupés de ce côté, fussent impuissants à se défendre ailleurs.

Rochefort ne possédait plus un navire à flot lorsque l'amiral Tromp à la tête d'une flotte de soixante-douze voiles fut chargé de l'expédition projetée contre ce port.

Mais ce projet avait été divulgué à la cour de France quelque temps avant l'époque à laquelle l'exécution en devait avoir lieu : on eut donc tout le temps de se mettre sur la défensive, et quand l'ennemi parut, on put le défier.

Toutes les côtes de l'Aunis avaient été fortifiées à la hâte; l'entrée de la Charente surtout avait été flanquée de forts retranchements, et à mi-distance de la redoute de Fouras et de celle du Vergerou qu'on avait disposées, M. Colbert de Terron avait établi en travers de la rivière une estacade solide, composée de mâts de vaisseaux et de chaînes, et dont les deux extrémités étaient soutenues par des batteries armées complètement.

 Des soldats de marine, les marins disponibles de la province, les milices bourgeoises d'une partie de l'Aunis et de la Saintonge occupèrent tous les postes sur l'une et l'autre rives.

La noblesse de la contrée se donna rendez-vous sur tous les points, afin d'exciter par sa présence le courage et le dévouement.

L'amiral Cornelius Tromp parut enfin, et le 4 juillet 1674 il poussa la reconnaissance jusqu'à l'ile de Ré.

 

Mais là aussi on était sur ses gardes, et l'ennemi n'osa tenter une descente : il prit le large dans l'intention de se diriger dans la Charente; des forces plus imposantes encore que celles qui l'accueillirent dans l'ile de Ré, le firent reculer; pas un point n'était sans défense : partout de l'artillerie, partout des hommes armés prêts à vendre chèrement leur vie.

Tromp n'eut pas confiance dans les forces dont il disposait, et la rage au coeur, la honte au front, il se replia, et alla ravager et mettre à contribution l'ile de Noirmoutier, qui ne pouvait lui opposer une sérieuse résistance.

L'armement des forts fut maintenu pendant quelque temps, et ce ne fut que quand la Hollande dut concentrer ses forces ailleurs que les troupes retournèrent dans leurs cantonnements et que le désarmement des côtes eut lieu.

Peu de temps après cet événement, M. Charles Colbert de Terron dont la santé était chancelante fut remplacé dans l'intendance de Rochefort par M. de Muin, protestant converti.

Cependant la cour ne pouvait pas se priver des services d'un homme d'un mérite aussi grand : elle lui donna l'année suivante la mission de se rendre à Messine pour maintenir l'esprit des habitants et les conserver fidèles à la France, à Louis XIV qui leur avait offert et promis son appui.

Honoré Lucas de Demuyn avait une tâche difficile à remplir. Il fit tous ses efforts pour continuer l'œuvre commencée avec tant de succès par son prédécesseur.A son arrivée à Rochefort, il avait trouvé la population encore sous l'impression de la crainte qu'avait causée l'apparition de Tromp à l'embouchure de la Charente.

Il comprit que si le port était à l'abri de toute tentative par mer, il était sans défense dans le cas où l'ennemi viendrait l'attaquer par terre.

D'après le projet arrêté par M. de Clerville, Rochefort devait être entouré de fortifications ; mais ces fortifications n'avaient point été élevées, parce que le ministre Colbert qui avait concentré sur la marine toutes les ressources qu'il avait pu réaliser, voulait commander, sans partage, dans ce port dont il était en quelque sorte le créateur.

Si Rochefort avait été entouré de murailles, une part de cette autorité eut appartenu à Louvois, alors ministre de la guerre. C'est précisément ce que Colbert ne voulait pas.

M. de Muin n'avait pas deviné la pensée du maître. Les plans qu'il trouva assignaient à la ville et au port une enceinte de défense, et il se crut dès lors autorisé à la faire construire.

Le 25 avril 1675, il jeta les fondements des murailles et poussa l'exécution des travaux avec tant de zèle, que l'année suivante Rochefort était presqu'entièrement entouré de murs et de fossés. Les trois portes principales se construisirent alors, et il leur donna les noms qu'elles ont conservés jusqu'à nous et qui étaient ceux des points principaux auxquels communiquaient les routes qu'elles indiquaient : Martrou, la Rochelle, et Charente.

Ce travail fut dans la suite la cause avouée de la disgrâce de M. de Muin.

Pendant que les travaux de maçonnerie circonscrivaient la ville, les mouvements de l'arsenal marchaient avec une remarquable rapidité : quatorze vaisseaux y étaient armés pour l'expédition qui devait bientôt avoir lieu dans la Méditerranée. Mais quand il fallut composer les équipages, on manqua de marins.

La cour n'hésita pas pour s'en procurer ; qu'importait alors les besoins du commerce, la dignité de l'État n'était-elle pas la première loi.

Par une ordonnance datée de Versailles, le 19 avril, les ports de commerce du Poitou, de la Saintonge et de l'Aunis furent fermés momentanément, et les marins de ces ports furent levés et placés sur les vaisseaux du Roi.

L'amiral Tromp à la tête d'une flotte de soixante-douze voiles s’approche des fortifications de Rochefort 1674-75

Plan de Rochefort Bâtie en 1669 à deux petites lieues de la Mer à trois de Brouage et à Six de la Rochelle

  1. Porte de Charente ; B. Porte de la Rochelle ; C. Porte de Martrou ; D. Mâture ; E. Magazin général ; F. Forges ; G. Magazin à Poudre ; H. Cazernes ; I. Nouvelles Formes ; K. Intendance ; L. Corderie ; M. Fonderie ; N. Magazin des Vivres ; O. Hopital ; P. Vielle Formes ; Q. Paroisse ; R. Capucins ; S. Champ de l’épreuve.

 

II faut se hâter de fixer le pittoresque de ces pauvres vieilles murailles, avant que les utilitaires les aient abattues. Elles ne sont guère gênantes, cependant, et, grâce à elles, Rochefort, dénué des monuments et des curiosités dont raffole l'avidité trépidante des touristes, ne ressemblé pas tout à fait à un gros bourg quelconque étalé bien à son aise sur la rive plate de la Charente.

Certes, les formidables et invisibles fortifications modernes nous font trouver ingénus ces murs élevés et minces, ces douves étroites et ces buttes ombreuses vierges de batteries.

Les archéologues militaires même dédaigneraient la simplicité de ces remparts d'autrefois ; mais est-ce une raison pour les renverser? Ne font-ils pas partie du décor fondamental de la cité ? N'est elle pas vraiment belle leur couronne d'ormes centenaires dont les frondaisons vigoureuses dominent de toutes parts la ville, qu'elles enchâssent dans leur verdure comme une perle blanche dans un écria de velours ? Ce serait un crime d'y toucher et nous ne saurions trop déplorer l'abattage de quelques-uns de ces vétérans dont la robustesse, s'opposait, paraît-il, à l'érection d'on ne sait quel Hôtel des Postes prétentieux et banal.

On aurait pu faire de ce long boulevard une promenade superbe ; l'Administration de la guerre d'abord, l'insouciance et le manqué de fonds ensuite le livrèrent aux pires envahissements.

Aussi chacun de ses tronçons, limités par les portes, a pris peu à peu sa physionomie particulière tirée du coin de la ville auquel il confine, Au nord, près de la Charente, des chantiers de réparations attendent les navires que des avaries urgentes amènent; sur les tins de la « Vieille-Forme. »

Plus loin, après les annexes de la « Pompe à Feu » et son vivier réservé, les bassins du commerce ont crevé la vieille enceinte et aboli la «  Porte Charente ».

Là, les remparts deviennent exclusivement militaires ; des canons dorment dans les hautes herbes, des artilleurs lancent du bastion les vibrants appels de leurs trompettes, les détonations sèches du tir réduit claquent rythmiques et pressées ; et les hangars des marsouins s'allongent jusqu'à la « Porte Bégon » qui, commandant l'avenue de la gare, évoque le souvenir des arcs triomphaux érigés à la gloire de ministres oubliés ou disparus.

Puis c'est le silence de la maison du chef de génie, si délicieusement enfouie dans la verdure, non loin de la masse trapue et sombre du a Château d'Eau  

De l'autre côté de la poterne noire et déclive, percée jadis pour faire communiquer les deux hôpitaux, plus un pouce de libre ; des grilles, des bâtiments de briques prolongent l'hospice civil, et les vétustés baraques scolaires lâchent deux fois le jour sur ce quartier paisible la cohue bruyante des gosses dont le piétinement éveille l'écho des pavés sonores.

Où était encore dans nos jeunes années la grande entrée de Rochefort, la « Porte de la Rochelle », dont le haut fronton sévère sommait la double voûte de l'étroit passage charretier et du couloir humide établi pour les piétons, une large trouée réalise, aux dépens du pittoresque, les commodités de la circulation.

 C'est non loin de là que la Poste neuve étend son perron en sifflet et dresse sur sa tour carrée une affreuse cage métallique dont les dimensions effrayèrent sans doute son auteur puisqu'il n'osa y ajouter le dôme de fer qui devait la couronner — monumentalement.

Cette échauguette, connue sous le nom de « lanterne Vauban » des générations d'écoliers l'ont prise et reprise d'assaut, et voici le coin animé des remparts, où les-jours de marché s'alignent les innombrables chars-à-bancs des maraîchers, où les marchands de bois tiennent leurs assises, où le flot sans cesse renouvelé de la rue de l'Arsenal vient se briser et s'assagir.

Une porte remplace la poterne d'antan que sa voie en cuvette interdisait aux voitures, et de l'abreuvoir voisin, de la batterie du Polygone, rien non plus n'est demeuré.

Le rempart prend ensuite un air un peu louche, mystérieux, furtif, qu'atténue à peine la présence d'une poudrière désaffectée ; c'est qu'il longe les rues basses de la ville et la caserne de la Division ; et si, le jour, des moutons qui paissent l'herbe drue, des lessives qui sèchent y apportent une note champêtre à coup sûr imprévue, les ombres du soir y enveloppent d'étranges couples et font aux vieux arbres de peu florianesques confidences..

porte Martrou Rochefort

Seule enfin, la « Porte Martrou », qui termine au sud la vénérable enceinte, a conservé son ancienne figure et ses escaliers usés, ses gargouilles noircies, son corps de garde obscur, sa voûte basse, ses murailles massives surchargées d'inscriptions, n'ont pas encore tenté la pioche des maçons modernes.

On le voit, les remparts sont pour les vrais Rochefortais autre chose qu'un inutile corset de pierres.

Si, à part la défense énergique 3e l'amiral Jacob sous Napoléon Ier, et les écoles de francs-tireurs en 1871, aucun souvenir guerrier ne s'y rattache, la cité les a tellement imprégnés de ses habitudes, de ses goûts, de ses besoins divers, qu'on le la conçoit plus sans eux.

 Du reste, quelle terrasse merveilleuse on pourrait faire là, tout le long des cours ; comme il sérail facile, sans manger en somme leur physionomie propre, d'embellir et de compléter notre unique promenade !

Gardons-nous donc, pour l'honneur et la beauté de Rochefort, de les livrer aux bâtisseurs.

 

L.-G. DYONÈT.

 

 

 

Le Pays d'Ouest : Poitou, Saintonge, Aunis, Angoumois, journal illustré des provinces de l'Ouest et de leurs colonies ["puis" Angoumois, Saintonge, Aunis, Poitou]

Histoire de la ville et du port de Rochefort. Tome 1 / par J.-T. Viaud,... et E.-J. Fleury,...

Remparts : parties autrefois attenantes à la Porte Martrou : inscription par arrêté du 30 mai 1930

Histoire de la ville et du port de Rochefort, Volume 1 De J. T. Viaud

 

 

 

 

1666 débute la construction du futur Arsenal du Ponant (Rochefort) sur la côte Atlantique  <== .... ....==>1674 Conquête de l'île de Noirmoutier par l’amiral Cornelius Tromp

 


 

Lettres, Instructions et mémoires de Colbert

 

82. - A COLBERT DE TERRON, INTENDANT A ROCHEFORT.

Saint-Germain, 15 janvier 1674.

Les places fortes de vostre département estant d'une très-grande con­séquence dans la conjonction présente des affaires, le Roy a résolu de faire travailler avec grande diligence et grande force à tout ce qui peut

estre nécessaire pour rendre le fort de La Prée, en l'isle de Ré, meilleur qu'il n'est.

Pour cela, Sa Majesté y envoye le sieur de Vauban qui vous rendra celle-cy; et aussytost qu'il sera arrivé auprès de vous, si vostre santé vous le peut permettre, il seroit très-nécessaire et très-important que vous puissiez passer avec luy en l'isle de Ré, pour estre présent à la visite qu'il en fera, et prendre en mesme temps des mesures justes et certaines pour avancer en toute diligence les travaux qu'il estimera nécessaire d'y faire pour mettre cette place en estat de résister à l'attaque d'une puissante ar­mée, si dans la suite des temps quelqu'un pouvoir y mettre pied à terre.

Il faut surtout faire estat d'achever dans ces quatre mois de janvier, février, mars et avril, tous les travaux qui seront résolus, d'autant que s'il y a quelque chose à craindre, ce sera assurément dans les mois de may et juin (1)

Aussytost que le sieur de Vauban aura visité le fort, il est aussy néces­saire qu'il visite le tour entier de l'isle et fasse les plans et figures de tous les lieux où une armée navale peut faire des descentes, et en mesme temps que vous examiniez soigneusement avec luy tous les ouvrages que l'on y peut faire pour les empescher ; qu'aussytost qu'il aura résolu tous les ou­vrages qu'il faut y faire, vous fassiez les préparatifs et donniez les ordres nécessaires pour en commencer le travail sans aucune perte de temps.

Pour cet effet, il faut que vous meniez avec vous, ou que vous envoyiez, en cas que vous n'y alliez point, des entrepreneurs de magasins les plus capables que vous ayez dans vostre département, des charpentiers et maistres de bois pour des fraises et palissades, et aussytost il faut que vous fassiez des marchés pour tous ces ouvrages et mettiez les ouvriers qui les auront faits en estat de les avancer avec grande diligence.

Il est aussy nécessaire que pour tous les ouvrages de terre vous cherchiez avec soin des terrassiers et gazonneurs habiles, pour entreprendre tous ceux que le sieur de Vauban résoudra.

Surtout il est nécessaire que vous examiniez avec luy et M. de Gadagne tous les ouvrages qui pourront estre faits par les corvées.

Pour cet effet, il faudra obliger les habitans de l'isle de Ré d'y travailler sous la conduite des gens que vous y establirez et sur les mémoires du sieur de Vauban.

Je dois vous dire qu'il a accoustumé de les dresser si clairs et si nettement expliqués qu'il n'y a aucune peine à les suivre et à les faire exécuter.

Sa Majesté a résolu d'envoyer le sieur de Courcelles, qui a esté au Canada , pour commander en ladite isle.

Il partira dans peu de temps pour cela, et je fais chercher en mesme temps quelque jeune ingénieur que j'enverray en poste pour prendre les mémoires et instructions du sieur de Vauban ; car il sera difficile que vous passiez en ladite isle aussy souvent qu'il seroit nécessaire au bien du service.

Vous pouvez mener avec vous M. de Demuin, qui ensuite y pourra passer tous les huit ou quinze jours pour voir l'estat des travaux, les faire avancer et vous en rendre compte.

(Dépôt des fortifications, Mss. 205, 1674, fol. 3.)

 

 

(1)    Je vous avoue que je suis extraordinairement en peine des réponses que je dois faire à Sa Majesté, qui me demande tous les jours des nouvelles de ces travaux. Je vous prie donc de faire en sorte que je puisse avoir satisfaction, par cos premières lettres, de pouvoir dire quelque chose à Sa Majesté qui la puisse satisfaire….. (Dépôt des fortif. 1674. Fol.64)

 

(2)    Antoine de Ribeyre de Saint-Sandoux, enseigne aux gardes en 1654, lieutenant en 1656, major en 1670. Il se démit alors de son régiment et s’appliqua particulièrement à l’étude de la discipline militaire, ce qui le fit créer major-général en 1671. Mort le 21 janvier 1679, et non févier comme l’indique la note de la page 214 du IVe volume.

On trouvera dans le manuscrit de Dépôt des fortifications, fol. 266, à la date du 25 novembre 1673, l’instruction donnée à Saint-Sandoux pour la visite des places de Picardie.

 

 

A Colbert de Terron Intendant à Rochefort

Saint-Germain, 19 janvier 1674.

Je crois que le sieur de Vauban sera à présent arrivé auprès de vous, et qu'après que vous aurez sçu les intentions de Sa Majesté sur le sujet de son envoy, vous aurez commencé à exécuter tout ce qu'elle vous ordonne par les lettres dont il est porteur.

Comme vous en connoistrez facilement la conséquence, je ne vous diray rien autre chose si ce n'est que c'est à pré­sent la plus importante affaire du royaume, n'y ayant aucun endroit qui doive donner plus de jalousie à Sa Majesté que celuy de l'isle de Ré.

Vous trouverez assurément le sieur Vauban plus habile et plus entendu qu'aucun ingénieur qui ayt jamais esté en France; et comme il est parti­culièrement considéré du Roy pour son mérite, il est nécessaire que vous agissiez avec luy sur ce fondement, et qu'au surplus vous l'entendiez et fassiez exécuter tous les expédiens qu'il vous donnera pour avancer les ouvrages, en quoy mesme je vous puis assurer qu'il est très-habile.

Je vous ay desjà écrit pour tous les ouvrages de terre de faire travailler à corvées et pour cela de vous servir des habitans des isles de Ré et d'Oleron , et mesme de ceux de la terre ferme, s'il est nécessaire.

C'est à quoy il faut que vous donniez toute vostre application, vous répétant en­core qu'il n'y a rien de si important que de faire faire, dans les trois ou quatre mois prochains, tous les ouvrages que le sieur de Vauban réglera et dont il laissera les mémoires.

Pour prendre soin de leur conduite en son absence, il m'a demandé le sieur Rauet (2), qui a travaillé aux ouvrages de Rocroi, leque1 je fais partir d’icy et l’envoye en poste. Et d’autant qu’il ne pourra pas demeurer plus d’un mois ou six semaines sur les lieux, à cause qu’il est nécessaire pour les ouvrages de Rocroi et les autres places de la frontière de Champagne et Picardie, je joins à luy le sieur Dieulamant, qui s’en va aussy avec luy en poste, pour l’ayder et prendre le sieur de Vauban, pendant le temps qu’il y sera, et sous le sieur Raulet, toutes les instructions et l’expérience nécessaires pour pouvoir faire achever tous les travaux en leur absence. C’est tout ce que j’ay à vous dire à ce sujet, me remettant au surplus à mes autres dépesches.

(Dépôt des fortifications, MSS. 205, 1674, fol.7.)

(2) Ingénieur chargé  successivement des travaux de La Capelle, de Guise, de Rocroi et de Charleville. Pendant les guerres religieuses, il fut envoyé dans les Cévennes pour fortifier plusieurs villes.

 

A COLBERT DE TERRON,  INTENDANT A ROCHEFORT.

Versailles, 26 février 1674.

Le sieur de Vauban est arrivé icy, et Sa Majesté a entendu ce matin le compte qu'il luy a rendu de son voyage; c'est ce qui m'oblige de vous écrire pour vous dire que, connoissant aussy bien que vous qu'il n'y a rien de plus important dans l'estat des affaires que de mettre l'isle de Ré en estat de ne pas craindre une descente, il ne faut point perdre un seul rnoment de temps pour mettre en train et avancer les travaux contenus au mémoire qu'il vous a laissé.

 Je ne pourrois assez m'estendre pour vous exagérer suffisamment la nécessité qu'il y a de mettre en pratique tous les expédiens que vous pourrez vous imaginer pour faire avancer les travaux et faire en sorte qu'ils soyent tous achevés au plus tard dans le mois de may prochain.

Pour cela, examinez s'il ne seroit pas bon de partager tout ce qui est à faire de maçonnerie entre trois ou quatre entrepreneurs, et faire venir de toutes parts, non-seulement des matériaux, mais mesme des maçons et tout ce qui peut servir à diligenter ce travail.

A légard des ouvrages de terre, des palissades et autres ouvrages, il faut de mesme que vous vous y appliquiez avec le mesme soin et la mesme diligence.

Examinez mesme si vous estimerez bon d'en donner le soin à M. de Demuin (2) , et le faire demeurer actuellement dans l'isle de Ré, ou au moins deux ou trois jours la semaine, en luy donnant le nombre de chasse-­avant qui seront nécessaires pour avancer ces ouvrages.

Je ne manqueray pas de vous faire tenir les fonds nécessaires pour les faire avancer autant qu'il sera possible, cl vous pouvez faire estat que je vous fera y remettre par le premier ordinaire 30,000 livres pour cela.

Vous pouvez dire au sieur Raulet qu'il peut faire estat de ne point re­venir icy, estant nécessaire qu'il s'applique à conduire les travaux et qu'il demeure continuellement dans l'isle de Ré jusqu'à ce qu'ils soyent achevés.

J'ay dicté la lettre que mon fils vous écrit; vous en connoistrez assez l'importance pour estre persuadé que vous l'exécuterez ponctuellement et que, par le premier ordinaire suivant, je recevra y le mémoire que je vous demande ..

(Dépôt des fortifications, MSS. 205, 1674, fol. 46.)

 

 

(1)     Un mois après, Colbert, ayant appris que les ouvrages de maçonnerie de la citadelle de Metz avaient été adjugés à 14 livres 10 sols la toise, écrivait à l'intendant :

"Comme je ne doute pas que vous n'ayez fait tout ce qui a pu dépendre de vous pour en faire diminuer le prix autant qu'il vous a esté possible et que vous n'ayez observé toutes les formalités nécessaires en pareille occasion, vous pouvez sans difficulté en passer le marché à ladite somme, en obligeant l'entrepreneur de fournir de bonnes et suffisantes cautions. Je vous prie de tenir la main à ce qu'il com­mence au plus tost à travailler, estant de grande conséquence que les ouvrages que le Roy a or­donné de faire cette année, et que vous me marquez estre à présent tracés par le sieur de Saint-Lô , soyent faits avec toute la diligence et solidité possibles ... ,, (Dépôt des fortif. 1674, fol. 61.) -

 Le 14 février, en engageant Poncet à faire travailler aux fortifications de Metz, Colbert lui disait : «Comme vous avez besoin pour cet effet d'un bon ingénieur, Sa Majesté veut que voue envoyiez quérir le sieur de Saint-Lô, qui a ordre de vous aller trouver toutes les fois que vous le demanderez ... " -- On trouve dans le même manuscrit, fol. 33, l'état des réparations à faire à la citadelle de Metz.

 

(2)    Il secondait déjà, sans titre officiel, Colbert de Terron à qui il succéda, au mois d’aout suivant, dans l’intendance de Rochefort.

 

 

A COLBERT DE TERRON, INTENDANT A ROCHEFORT.

Versailles, 5 mars 1674.

Depuis le retour du sieur de Vauban, le Roy a vu et examiné tous les plans, devis et mémoires qu'il a apportés concernant l'isle de Ré.

 Sa Ma­jesté a tout approuvé avec éloges : aussy est-il vray qu'il ne se peut rien de mieux pensé et mieux imaginé pour mettre un poste aussy important que celuy-là en estat de ne point craindre les ennemis (2)

Comme c'est assurément l'endroit le plus délicat et le plus à craindre de tout le royaume, c'est à vous à présent à donner une si grande et si effective application à bien establir les ouvrages et à les faire avancer avec une dili­gence incroyable, et c'est ce que je ne puis assez vous recommander.

Je ne vous diray rien du détail de ce qu'il faut faire pour cela, mais je vous avoue que j'aurais esté bien ayse que vous m'eussiez envoyé un mémoire exact de toutes les mesures que vous prenez, tant pour amasser la quantité de matériaux nécessaires que pour assembler le nombre d'ouvriers, maçons, charpentiers, terrassiers et autres pour pousser et avancer ce travail avec la diligence nécessaire.

Comme vous voyez que le Roy diminue ses forces maritimes en Ponant, vous pouvez compter seurement que vous aurez la flotte hollandoise sur vos costes dans le mois de may prochain, et Ruyter et Tromp se vantent partout qu'ils feront une descente en l'isle de Ré; c'est pourquoy vous ,·oyez qu'il ne faut pas perdre un moment pour en avancer les travaux.

Le sieur de Vauban a dit au Roy qu'il vous avoit laissé les copies de tous ses plans, devis et mémoires, il faut vous attacher avec un très-grand soin à les faire exécuter pied à pied, et l'un après l'autre, en sorte qu'il n'en manque et que vous n'en laissiez échapper aucun.

Ledit sieur de Vauban a dit aussy que tous les ouvrages qu'il avoit or­donnés pourroient monter à 1 50,000 livres. Je vous en ay desjà en­voyé 1 0, 000, je donne ordre au trésorier de vous en envoyer encore 30,000 et je vous puis assurer que l'argent ne vous manquera point; mais ne manquez point, toutes les semaines, de me rendre compte en détail de tout ce que vous ferez sur ce point. 

Faites-moy aussy sçavoir si le chevalier de Clerville est arrivé en l'isle d'Oleron, et s'il fait quelque chose pour mettre la place en estat.

Surtout, il faut y faire une contrescarpe et la mettre en estat de ne rien craindre. Dites-luy qu'il envoye promptement les plans, devis et dessins de ce qu'il estimera à propos d'y faire, et prenez le fonds nécessaire pour cela sur les 40,000 livres que le trésorier aura envoyées pour toutes les dépenses que vous ferez faire dans les isles,

 Pensez avec le mesme soin à tout ce qui est à faire pour mettre l'entrée de la Charente et Rochefort en seureté.

(Dépôt des fortifications, Mss. 205, 1674, fol. 52.)

 

(1) Il secondait déjà, sana litre officiel, Col­bert de Terron à qui il succéda, au mois d'aout suivant, dans l'intendance de Rochefort.

(2) Voir, au sujet de ces bruits d'attaque, III. Marine, pièces, n 355, 359, 361, 362. Voir aussi IV, Administration provinciale, pièces n 97, 101, 102 et 103.

 

 

89. - A M. DE DEMUIN, A ROCHEFORT.

Versailles, 23 mars 1674.

J'ay reçu vostre lettre du 15 de ce mois. Quoyque je ne doute pas que M. de Terron ne soit en estat de signer toutes les expéditions nécessaires pour toutes les fonctions dont vous le pouvez soulager pendant sa mala­die, en cas que cela ne fust pas, après luy en avoir communiqué et pris ses ordres, vous pouvez signer sans difficulté, estant très-important et ab­solument nécessaire que rien ne retarde l'exécution des ordres qui vous ont esté donnés, particulièrement ceux qui concernent les fortifications de l'isle de Ré et du fort de la Prée, dont je ne sçaurois assez vous exagérer l'importance et la nécessité, vous avouant mesme que je suis fort en peine de ce que je ne vois point par vostre lettre qu'ils s'avancent autant qu'il seroit à désirer.

Il ne faut pas que vous vous arrestiez ni à raisonner, ni à délibérer; il faut mettre la main à l'œuvre, et travailler sur-le-champ. Si vous vous laissez aller au raisonnement des syndics et des habitans sur les corvées, vous passerez le meilleur temps en difficultés; il faut ordonner et faire commencer le travail.

Le Roy approuve que vous donniez une ration de pain et pour quatre deniers de vin aux corvées, ainsy que vous le proposez; mais prenez bien garde que ces corvées soyenl bien utiles et qu'elles travaillent mieux qu'elles n'ont accoustumé; vous sçavez assez que c'est là le défaut de toutes les corvées. C'est à vous à chercher des expédiens pour les rendre utiles; il faudra pour cela donner un certain nombre de toises de terre à remuer à des communautés (2)

 Vostre lettre ne dit rien de tous les autres travaux comme maçonnerie, charpenterie et palissades, ni rien de tout ce qui se doit faire au fort de la Prée: il faut estre exact et ponctuel à travailler jour et nuit pour avancer.

( Dépôt des fortifications, Mss. 1674, fol. 63.)

 

 

(1)    Sept jours après, ayant reçu de nouveaux renseignements sur cette affaire , Colbert écri­vait au même intendant :

 Je vois les malversations commises par Aubertot dans les forests où il luy a esté per­mis de couper des bois pour faire des palis­sades et que vostre avis seroit de faire mettre des traverses auxdites palissades, de l'argent qu’il doit restituer, et payer une somme de 456 livres 13 sols qui est due au boulanger qui a fourny le pain aux corvées. Comme je ne doute pas que vous n'ayez soigneusement exa­miné ce qui se peut faire de mieux pour le bien du service et pour rendre une justice exacte de cette affaire, vous pouvez sans diffi­culté la terminer ainsy que vous le mar­quez ... " ( Dépôt des fortif. 1674 , fol. 64.)

(2)    Voir IV, Routes et Canaux, pièces n 130, et ci-après le troisième paragraphe de la note de la pièce n 91, et pièces n 135 et 143.

 

 

91. -A COLBERT DE TERRON, INTENDANT A ROCHEFORT.

Versailles, 7 avril 1674.

Je vous envoye à cachet volant la lettre que j'écris au sieur de De­muin (1) sur le sujet des travaux des isles de Ré et d'Oleron, comme aussy le mérnoire des résolutions que le Roy a prises sur celle d'Oleron (2)

 Outre les ordres généraux que vous devez donner partout, il est nécessaire que vous preniez un soin particulier de tout ce qui regarde la rivière de Cha­rente, la construction des vaisseaux du roy, de l'arsenal de Rochefort et de tout ce qui en dépend.

Examinez si, en cas de nécessité apparente, vous ne pourriez, dès à présent, prendre vos mesures pour pouvoir faire monter les vaisseaux du roy plus haut dans la rivière; enfin, c'est une pensée qui me vient, qui vous servira seulement à vous exciter à penser avec soin el application à tous les expédiens que vous pourrez trouver pour bien défendre la rivière et les cestes maritimes, et à sauver l'arsenal et les vaisseaux du roy en toute sorte d'accidens.

Outre ces pensées, j'estime absolument nécessaire qu'avant que les vaisseaux parlent, vous assermbliez trois ou quatre et jusqu'à six des meil­leurs officiers de marine, et qu'après avoir bien examiné ensemble .tous les cas qui peuvent arriver, ou d'une descente pour piller, ou d'une des­cente qui aura réussy, ou de l'attaque d'une place, soit dans les isles comme le fort de la Prée et la citadelle d'Oleron, vous examiniez en mesme temps tous les secours qui pourroient estre donnés soit pour défendre la place, soit pour attaquer les vaisseaux ennemis, soit par le moyen des bruslots, des barques et des bastimens légers postés en divers lieux des costes pour pouvoir faire quelque effort considérable, en toute sorte de rencontres, et disposer pour cela des officiers habiles, intelligens et braves. Comme c'est une matière de grande conséquence, je vous prie de vous y appliquer.

Il est nécessaire que vous envoyiez visiter le chasteau de la Chaume, pour y faire les réparations nécessaires pour empescher qu'il ne soit insulté

(Dépôt des fortifications, Mss. 205, 1674, fol. 97.)

 

1 Voici cette lettre :

" Je suis bien ayse d'apprendre que vous ayez fait commencer les travaux de l'isle de Ré. Toutes mes lettres vous ont si clairement et si fortement fait connoistre l'importance de ces travaux que je ne doute point que depuis que vous les avez reçues vous n'ayez redoublé vostre diligence, vostre zèle et voslre applica­tion pour les avancer autant qu'il est néces­saire pour le bien du service du roy et pour empescher que le royaume ne puisse estre attaqué par cet endroit.

" Sa Majesté a esté bien ayse d'apprendre que vous ayez trouvé 2,400 hommes d'infante­rie, 250 dragons et 60 cavaliers de milice de l'isle. Elle ne doute pas que le sieur de Cour­celles ne travaille avec soin à les discipliner et à les rendre, par le fréquent maniement des armes, capables de se bien défendre.

A l'égard des travaux, je vous prie tou­jours d'y donner une entière application el de travailler nuit et jour à les avancer, estant né­cessaire que vous agissiez comme si vous estiez assuré que les ennemis attaqueront cette isle et y tenteront une descente dans tout le courant du mois de may.

Pour cet effet, il faut fortifier et augmenter les corvées, distribuer le travail par paroisses , afin que celles qui auront le plus tost achevé soyent aussy le plus tost sou­lagées, augmenter le nombre des maçons et charpentiers, faire venir de tous costés les outils et les matériaux qui sont nécessaires, faire l'impossible en tout pour exécuter ponc­tuellement les devis, plans et mémoires du sieur de Vauban (sans vous en départir pour quelque cause el sous quelque prétexte que ce puisse estre) et pour achever les travaux du fort de la Prée et de tous les endroits de l'isle qu'il faut fortifier, dans le courant du mois prochain, ainsy que vous me le faites espérer par vos lettres.

" Il est aussy nécessaire que vous passiez en l'isle d'Oleron et que vous voyiez si tous les travaux qui s'y peuvent faire s'avancent; il sera bon que vous en laissiez le soin au chevalier de Clerville.

" Il faut pareillement que roue pensiez au travail du fort de la Pointe et aux autres tra­vaux qui sont à faire dans la rivière de Cha­rente pour la mettre en estat de défense ... " (Dépôt des fortif. 1674, fol 95)

(2) Ce mémoire se trouve dans le manuscrit à la suite de la lettres à Colbert de Terron.

 

 

93. - A COLBERT DE TERRON, INTENDANT A ROCHEFORT.

Paris, 25 avril 1674.

J'ay reçu, avec vostre lettre du 10 de ce mois, vos sentimens sur tout ce lui se peut faire dans la rivière de Charente, en cas que les ennemis prissent la résolution d'attaquer ce port, et de brusler l'arsenal et les vaisseaux, et faire une action d'un grand éclat; et quoyque j'aye envoyé vostre lettre à mon fils pour en rendre compte au Roy, et que dans peu de jours vous recevrez les lettres de Sa Majesté sur ce sujet, je ne laisse pas de vous dire, ne faisant pas de difficulté que Sa Majesté n'approuve tout ce que vous proposez, qu'il est de la dernière conséquence qu'après avoir fait approuver vos pensées M. de Gadagne et aux autres officiers qui sont sur les lieux, vous les fassiez exécuter avec toute la diligence dont vous serez capable et qui convient au bien du service de Sa Majesté, dans une occasion aussy importante que celle-cy.

Prenez donc si bien vos me­sures sur toutes choses, que les ennemis soyent autant rebutés de penser à entrer dans cette rivière, que vous croyez qu'ils doivent l'estre de faire descente dans les isles de Ré et d'Oleron par le bon estat auquel les met­tront les travaux que l'on y fait.

Il est pareillement nécessaire que vous donniez la mesme application à faire avancer et achever tous ces ouvrages.

Comme vous estes à présent informé que le Roy marche à la teste de ses armées pour aller attaquer la Franche-Comté, et que Sa Majesté ne quittera point cette entreprise qu'elle n'en ayt entièrement fait la conqueste, son éloignement et l'applica­tion que les ennemis auront à la troubler vous doivent porter à multi­plier vostre application, pour ainsy dire, à l'infiny, pour mettre toutes choses en estat , en telle sorte qu'il ne vous arrive aucun inconvénient qui puisse suspendre ou arrester les conquestes de Sa Majesté soit par mer ou par terre, dans tous les lieux de l'estendue de vostre employ.

(Dépôt des fortifications, Mss 205, 1674, fol. 119.)

 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité