Niort l’ancien hôtel de ville, place du PILORI.
Utilisé depuis le Moyen Âge, il était un droit seigneurial, parfois un simple poteau que le seigneur faisait planter sur la place du village pour signifier qu'il avait le droit de justice sur ce fief.
On l'appelait place du Pilori parce qu'on y attachait à un poteau tous les condamnés à l'exposition. . C'était ce qu'on appelait la peine du Pilori. Il pouvait prendre diverses formes ; simple poteau de bois ou colonne de pierre. Il comporte parfois aussi une structure en lanterne pouvant contenir un homme plus ou moins debout.
« Pilori » désigne également le tourment lui-même dont la durée était variable, allant de quelques heures à plusieurs jours. Il pouvait s'assortir de diverses autres peines.
RUE DU PILORI. — C'est l'ancienne portion de la rue Saint-Gelais qui conduit de la rue des Halles à la place du Pilori. La rue Saint-Gelais ne devant plus commencer qu'à l'angle nord de la place du Pilori, cette portion de rue porte le même nom que la place à laquelle elle conduit. (Arrêté de M. Alfred Monnet, maire, 12 juillet 1867.)
Cette place, limitée à ses angles, par les rues du Soleil, du Faisan, Yver et Saint-Gelais, portait pendant la révolution le nom de place des Droits de l'homme. (Arrêté de M. le comte de Sainte-Hermine, maire, 24 décembre 1825.)
En 1203, Aliénor d'Aquitaine, épouse divorcée de Louis VII, alors veuve d'Henri Plantagenet, donnait aux Niortais, déjà en possession d'une charte de bourgeoisie, le droit de franche commune. Peu après un hôtel de ville s'élevait au pied du rempart, dans le bas de la rue Saint-François. On n'a que bien peu de renseignements sur cet édifice démoli en 1599, et sur l'emplacement duquel fut établie la petite boucherie.
Dès la fin du XIVe siècle, une autre maison commune était construite au nord des halles, et son beffroi, qui subsiste encore en partie, recevait une horloge donnée par le duc Jean de Berry.
La reconnaissance des Niortais a imposé le nom de palais d'Aliénor à ce second hôtel de ville bâti près de deux siècles après la mort de leur bienfaitrice.
En 1440, Charles VII, voulant punir les Niortais qui avaient pris part à la révolte du dauphin, abolissait le droit de commune, et ce n'était que deux ans plus tard qu'ils rentraient dans leurs anciens privilèges. En même temps, les gens du roi élevaient une grave contestation relativement au nouvel hôtel de ville construit, à ce qu'ils prétendaient, sans autorisation, sur le domaine royal.
Une sentence, rendue en 1448 par le sénéchal de Poitou, mit fin à l'affaire, et condamna l’échevinage à tenir du roi ledit hôtel au devoir d'une paire de gants prisée cinq sols. La place fut cédée à la ville ainsi que la propriété du bâtiment qu’elle y avait fait construire.
La ville rentre en faveur sous Louis XI, qui par reconnaissance envers ses anciens alliés, concède, en 1461, la noblesse héréditaire aux maire, échevins et conseillers.
En 1490, on ajoute un cadran extérieur à l'horloge donnée par Jean de Berry (Ce cadran fut refait en 1536.)
Le XVIe siècle vit la reconstruction partielle de l'hôtel de ville, par M Mathurin Berthomé également architecte de l’Eglise Notre-Dame. L’architecte conservera du bâtiment de 1380 que le beffroi. Le gros œuvre et même les divers aménagements intérieurs étaient achevés et soldés au cours de l'année 1535. Berthomé donne à l’édifice une architecture de type renaissance tout en conservant les caractéristiques des forteresses médiévales (tours semi-circulaire, créneaux, gargouilles….)
Sur la façade est du beffroi, la plus ancienne représentation du blason de la ville, encadré par deux sauvages recouverts d’une épaisse toison, date de 1392 (tour donjonnée, fleurs de lis - emblèmes de la royauté française). La porte axiale du bâtiment est surmontée des armoiries fantaisistes de Niort inventées au XIXème siècle (tour sommée, sans lys) tenues par deux lions affrontés (armes de Richard Cœur de Lion et symboles de l’affrontement entre le roi chevalier et son père ou ses frères).
La restauration tout récemment effectuée aux frais de la ville, du département et de l'Etat a rétabli la disposition des appartements telle qu'elle existait à cette époque. La grande salle du rez de chaussée, aménagée sous Louis XVI pour un logement de concierge, a retrouvé les trois larges baies qui permettaient d'assister du dehors aux assemblées populaires. Là était encore en temps ordinaire le parlouer aux bourgeois.
Au même niveau, une petite salle portait le nom de chambre de l'artillerie: elle parait aussi avoir servi quelquefois de prison municipale (1). On retrouve au-dessus la même distribution. Au parloir correspond la salle du conseil (2) ; à la chambre de l'artillerie, celle où le maire rendait la justice (3). C'est là que vint s'établir la juridiction consulaire créée par Charles IX en 1565 ; elle y resta un peu plus d'un siècle (1693) (4).
Dans la nuit du 28 décembre 1588, les protestants surprennent la ville, enfoncent les portes de la maison commune pillent les archives et brisent les sceaux.
Le règne de Louis XIV fut fatal aux privilèges de la commune de Niort. Les privilèges de noblesse furent abolis en 1667 ; le corps de ville fut réduit à six échevins et un maire en 1681. La création de la mairie perpétuelle, en 1692, porta le dernier coup à l'échevinage.
Le beffroi fut fort malencontreusement l'objet de deux restaurations, l'une en 1694, et l'autre vers 1838. II est regrettable que les travaux récemment exécutés aient laissé subsister ce triste spécimen d'architecture dont la masse énorme écrase le gracieux hôtel de la Renaissance.
Les Niortais reconnaissants avaient placé dans la grande salle du conseil les portraits des rois et des princes bienfaiteurs de la commune. On y voyait ceux de la reine Aliénor, des rois de France, de Louis XI à Louis XV, de deux princes de Conti et du régent. Ces tableaux étaient au nombre de Seize en 1754 ; les plus anciens ne dataient que de 1674.
En 1740, la cloche du 'beffroi qui servait de timbre à l'horloge fut brisée en carillonnant. C'était peut-être l'une des pièces de l'horloge sonnante qui avait coûté quatrevingts livres à Jean de Berry. Elle offrait la représentation d'un personnage à cheval accompagné d'une inscription.
En 1771, Jean-de-Dieu Bion, curé de Notre-Dame, fondait à l'hôtel de ville la première bibliothèque publique, ouverte deux fois par semaine et uniquement formée, à l'origine, des livres qu'il avait donnés.
En 1792, les livres du curé Bion allaient rejoindre à l'Oratoire les fonds divers provenant des établissements religieux supprimés. En même temps le tribunal criminel vint tenir ses premières assises dans le monument, sous la présidence de Charles Cochon de l'Apparent. Mais bientôt ce local parut insuffisant, et la juridiction criminelle fut transportée au palais royal.
Le 16 juillet de la même année l'administration municipale abandonnait l'hôtel de ville où elle avait siégé pendant quatre siècles, pour aller s'installer un peu plus commodément au château, dans l'ancien logement du gouverneur.
Dès l'époque de sa fondation (1836) la Société de statistique songea à s'établir dans l'ancien hôtel de ville. Peu après, en 1838, elle formula par deux-fois des demandes à la municipalité. On y logeait alors le tribunal de commerce, la chambre des notaires et les deux justices de paix.
Le tribunal de commerce avait un local réservé au palais de justice qui venait d'être bâti sur l'emplacement de la Charité incendiée en 1805, et la Société offrait pour les justices de paix les appartements qu'elle occupait elle-même dans les nouveaux bâtiments de l'Oratoire. Les frais qu'eût occasionné ce dernier transfert firent écarter sa proposition. On laissait espérer, il est vrai, qu'il serait bientôt possible de lui abandonner une portion de l'ancien donjon après la reconstruction des prisons projetées.
On sait que les justices de paix occupaient seules l'ancien hôtel de ville au moment de la dernière restauration.
Le prétoire était installé dans l'ancienne salle du conseil, le greffe dans le petit appartement contigu. Tout y avait été modernisé. La belle cheminée du XVIe siècle se dissimulait derrière une cloison en briques, on ne voyait plus de meneaux aux fenêtres, une seconde baie avait été ouverte à l'ouest. Nulle trace de la chaire jadis occupée par le maire, des sièges à hauts dossiers des conseillers et échevins, de la longue table du secrétaire, des bancs à pieds tournis, etc., etc. Les travaux neufs firent seulement découvrir quelques restes d'une fresque du XVIIe siècle portant les écus répétés de France et de Navarre. C'est à cette époque sans doute que le sévère ameublement du XVIe siècle avait été déplacé.
Musée départemental (ancien hôtel de ville), Niort. Émile Breuillac et G. Girard. Catalogue du musée lapidaire
FORTIFICATION ANCIENNES ENCEINTES DE LA VILLE DE NIORT <==....
Classement aux Monuments historiques par arrêté du 7 mai 1879. Aujourd’hui, le Monument historique accueille l’Espace des arts visuels (lieu d’expositions temporaires).
(1) Le musée lapidaire est installé dans ces deux appartements inférieurs.
(2) Cette salle est actuellement consacrée aux sections archéologiques et à la numismatique.
(3) Aujourd'hui le musée préhistorique.
(4) Un 1570 une horloge merveilleuse, dont la description a été conservée, fut, paraît-il faite pour l'hôtel de ville Toutefois les registres municipaux sont muets à son sujet et ne permettent pas de croire à son installation.