A la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril 1358, Du Guesclin alla trouver le régent qui se trouvait alors à Provins où les États de Champagne avaient été convoqués.
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Pendant la prison du roi Jean, son fils Charles, régent de France, ordonna, en janvier 1358, que Provins serait mis en état de défense.
On sait qu'à cette époque, Édouard III, roi d'Angleterre, dans la vue de profiter d'une guerre intestine pour s'emparer de la couronne de France, encouragea les prétentions de Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui agissait de concert avec Marcel, évêque de Laon, prévôt des marchands, contre les droits de Charles V, alors dauphin et régent du royaume.
Ce jeune prince à qui l'histoire a donné le nom de Sage, qu'il mérita par sa prudence dans les conseils et dans l'administration de son royaume, et par la combinaison des plans guerriers qu'exécuta Duguesclin, convoqua à Provins, en 1358, les États de Champagne, dont il reçut des témoignages de dévouement et de fidélité qui irritèrent d'autant plus le roi de Navarre.
Levant alors le masque, et trop bien secondé par les troupes d'Édouard, Charles le Mauvais entra en campagne, dévasta les provinces fidèles, et menaça Provins, qu'on espéra garantir d'attaques trop directes, en démolissant, par ordre du régent, plusieurs faubourgs considérables qui contenaient des monuments remarquables, tels que la belle église et le cloître de Notre-Dame-du-Val, au faubourg de Fontenai-Saint-Brice et serait rebâtie dans l’intérieur de la ville sur l’hôtel des Osches, et que la porte de ville qui s’ouvrait sur ce faubourg serait murée.
Mesures ordonnées par le dauphin Charles (futur Charles V)
Mise en défense de Provins :
- Renforcement des remparts : fossés recreusés, garnison de 200 sergents
- Démolition de Notre-Dame-du-Val : Église hors les murs, dans le faubourg de Fontenai-Saint-Brice → détruite en février 1358 pour éviter qu’elle serve de refuge aux assaillants (1)
- Reconstruction intra-muros : Nouvelle église bâtie sur l’hôtel des Osches (actuelle collégiale Saint-Quiriace) – travaux achevés vers 1365 ‘Cartulaire de Saint-Quiriace, f° 45)
- Murage de la porte de Fontenai : Porte condamnée à jamais – vestiges encore visibles dans le rempart sud (Plan de Provins, 1580 BNF)
Conséquences immédiates
- Réduction de l’enceinte, de 18 ha → 12 ha (plus défendable)
- Faubourgs rasés, 42 maisons + église détruites
- Population ~2 000 réfugiés intra-muros
Résultat : Provins devient une place forte compacte, réduite mais défendable.
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A la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril 1358, Du Guesclin alla trouver le régent qui se trouvait alors à Provins où les États de Champagne avaient été convoqués.
Fin mars/début avril 1358, Bertrand du Guesclin, capitaine de Pontorson (place forte normande stratégique sur la frontière bretonne, prise en 1356), se rend à Provins où le dauphin-régent Charles (futur Charles V) a convoqué les États de Champagne pour lever des subsides face à la crise post-Poitiers (Jean II captif à Londres depuis 1356, rançon de 4 millions d’écus, royaume en déshérence).
Du Guesclin se plaignit du retard que l’on mettait à solder la garnison placée sous ses ordres (environ 200 hommes d’armes et archers), menaçant de licencier ses soudoyers – risque majeur en pleine guerre de routiers et à la veille de la Grande Jacquerie mai 1358.
Ces réclamations étaient tellement fondées et le capitaine de Pontorson les présenta avec tant d’énergie que le régent s’empressa d’y faire droit.
Par acte daté Provins, 12 avril 1358, le dauphin ordonne aux généraux des aides du diocèse d’Avranches de verser immédiatement les sommes dues sur les subsides votés localement, avec formule impérative :
« de telle sorte que, par défaut de payement, ils ne quittent le pays et que pour ce le dit chevalier ne revienne se plaindre à nous, et ce ne laissez en aucune manière. »
Ce ton exceptionnel trahit la crainte du régent de perdre un capitaine breton loyal, expérimenté (déjà vainqueur à Montmuran en 1354) et indispensable pour contenir les Bretons pro-anglais (Montfort) et les compagnies errantes.
Épisode révélateur Poids croissant des chefs militaires face à un pouvoir central affaibli.
Précarité financière de la monarchie (impôts de guerre impopulaires).
Première marque d’influence de du Guesclin auprès du futur Charles V, prélude à sa nomination comme connétable (1370).
Vestiges actuels (visibles en 2025)
Lieu :
- Mur de la porte de Fontenai, Intact (rempart sud) accès Rue du Val.
- Fondations de Notre-Dame-du-Val sous parking (fouilles 1978).
- Fossés recreusés au Jardin public (square Chanzy).
- Collégiale Saint-Quiriace, Nef inachevée (travaux stoppés 1365).
Visite UNESCO
Bas Moyen-Age 1329 / 1377<==....
(1). NOTRE-DAME-DU-VAL, église collégiale.
L’ancienne église de ce nom, bâtie en 1196, était hors de la ville basse, sur le chemin de Saint-Brice, et où la chapelle dite de Notre- Dame-des-Champs, détruite pendant la révolution
Cette chapelle encore spacieuse, n’était, dit-on, que la sacristie de la grande église qui fut démolie, ainsi que les maisons des chanoines, lors de l’approche des Anglais, comme le furent, par le même motif, la chapelle de Saint-Sillas, hors de la porte de Culoison et celle de Saint-Jean-de-Villecran, par l’ordre de Charles, dauphin, régent de France pendant la captivité du roi Jean, son père.
Janvier 1358 - Voici comme ce dauphin régent s'exprime, en assez mauvais latin, dans le titre de translation de Notre-Dame en l'hôtel des Osches et autres bâtiments :
« Occasione guerramm regni, ex ordinatione et prœcepto nostro, ne inimici dictam ecclesiam occuparent, ipsa cum suis œdificiis et domibus diruitur, ab habitatoribus villœ Pruvinensis..., muroque obstructa est porta dictœ villœ exeundi ad ecclesiam memoratam. » Jannua 1358. (Extr. des manuscr. de M. Rivot. Tome 6, page 165)
(Archives municipales de Provins CC 12)