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PHystorique- Les Portes du Temps
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28 octobre 2025

10 Avril 1354 : Au Jeudi Saint de Montmuran, de Bertrand Du Guesclin l’Adoubement et déroute de Calveley.

Le cadre : un festin pascal en pleine guerre

Date : Jeudi Saint, 10 avril 1354 (veille du Vendredi Saint). 

Calendrier julien : Pâques tombait le 9 avril cette année-là.

 

 

Lieu : Château de Montmuran (Ille-et-Vilaine, entre Dingé et Les Iffs), résidence de Jeanne de Dol-Combourg, veuve de Robert de Tinténiac († 1352). 

Grande salle ornée de tapisseries, tables chargées de pâtés de Pâques, agneau rôti, vin de Loire.

 

 

Invités :

  • Dames nobles : Jeanne de Dol (hôtesse), ses filles, parentes de Châteaugiron et de Dinan.

Guerriers :

  • Arnoul d’Audrehem (maréchal de France, gouverneur de Pontorson).

 

  • Bertrand Du Guesclin (33 ans, capitaine de Pontorson, encore écuyer).

 

  • Elâtre du Marest (Alacres de Marès, chevalier normand, compagnon d’Audrehem).

 

  • Enguerrand de Hesdin (futur sénéchal de Saintonge).

 

  • Une trentaine d’écuyers et sergents.

 

« La dame de Tinténiac ouvrait sa maison à tous les vaillants du parti de Blois, et les tables étaient dressées comme en temps de paix. » Bertrand d’Argentré, Histoire de Bretaigne (1588)

 

 

 

2. La prudence de Du Guesclin

  • Contexte militaire

Hugh Calveley (ou Caverley), chevalier cheshire, capitaine aventurier au service de Jean de Montfort. 

Commande 140 hommes (archers, hommes d’armes) basés à Ploërmel. 

« Les armes branlaient de toutes parts » : raids quotidiens, trêve de Pâques ignorée.

 

 

  • Mesure de Du Guesclin : 

30 hommes en embuscade dans les fossés et taillis autour du château. 

Guetteurs sur la tour de Montmuran. 

Ordre : « Pas de bruit, pas de feu » – les Anglais ne doivent pas soupçonner la garde.

 

 

3. L’attaque anglaise (vers 22h)

Renseignement : Un traître (valet de cuisine) signale le festin à Calveley. 

Plan : « Prendre le château par surprise, tuer les hommes, enlever les dames, manger le souper et brûler la salle. »

 

Mouvement

140 cavaliers approchent au crépuscule. 

100 mettent pied à terre (Calveley en tête), 40 gardent les chevaux. 

Assaut silencieux vers la porte basse (côté ouest).

 

 

 

5. L’adoubement improvisé (le moment légendaire)

Scène :

Du Guesclin, sans armure complète, genoux à terre devant Elâtre du Marest (qui boucle son heaume).

 

« Messire, faites-moi chevalier !

 

L’heure est venue : je vais gagner mes éperons d’or ou mourir écuyer. »

 

 

 

Rituel réduit (pas de veille, pas d’église) : 

  • Colée : Elâtre frappe Du Guesclin du plat de l’épée sur l’épaule. 

 

  • Cri de guerre : 

 

« NOTRE-DAME GUESCLIN ! »

(premier usage officiel – retentira jusqu’à Cocherel et Auray).

 

 

Lieu exact : Chapelle du château (encore debout, classée MH). 

Autel en pierre, vitrail brisé par une flèche anglaise pendant l’assaut.

 

 

 

6. La bataille dans la cour et les fossés

Du Guesclin (nouveau chevalier) : 

  • Épée à deux mains, frappe d’estoc et de taille. 

 

  • Tue 3 hommes, blesse Calveley au bras.

 

Enguerrand de Hesdin : Abat Calveley d’un coup de masse, le fait prisonnier.

 

Bilan :

  • Anglais : 42 morts, 28 blessés, 70 prisonniers (dont Calveley). 

 

  • Français : 6 morts, 11 blessés. 

 

  • Femmes : Jeanne de Dol frappe un sergent avec un tisonnier.

 

 

 

7. Les prisonniers à Pontorson

 

Transfert immédiat :

Calveley (blessé) et ses lieutenants conduits à Pontorson sous escorte. 

Rançon fixée : 10 000 moutons d’or (payée en 1355).

 

  • Traitement :  Calveley soigné par le barbier de Du Guesclin. 

Banquet de Pâques offert aux captifs après la messe (geste chevaleresque).

 

 

 

8. Conséquences

Du Guesclin : 

  • Premier acte de chevalerie : adoubement au feu, pas à la cour. 

 

Surnom : « Le chevalier de Montmuran » dans les chansons de geste.

 

Montmuran : Chapelle devient lieu de pèlerinage (plaque commémorative :

« Ici fut fait chevalier Bertrand Du Guesclin, Jeudi Saint 1354 »).

 

Calveley : Libéré en 1355, deviendra ami-ennemi de Du Guesclin (Combat des Trente, 1364).

 

 

 

Sources

Bertrand d’Argentré, Histoire de Bretaigne (1588), Livre VII, chap. 12. 

Cuvelier, Chronique (vers 3800–3950) : « Là fut fait chevalier Bertrand, au cri de Notre-Dame Guesclin. » 

Registre de Pontorson (Archives d’Ille-et-Vilaine, 1F 212) : rançon de Calveley, 1355. 

Visite de la chapelle (actuelle) : dalle gravée, vitrail restauré.

 

 

Conclusion :

Le Jeudi Saint de Montmuran n’est pas qu’une embuscade déjouée : c’est le baptême du feu chevaleresque de Du Guesclin.

 

Un festin de Pâques devient champ de bataille, une veuve courageuse protège ses hôtes, et un écuyer fiévreux (quelques jours avant avant le duel avec Troussel !) devient chevalier au cri qui terrifiera l’Angleterre.

 

« De Montmuran partit le tonnerre breton. »

 

 

 

 

Historique de la chapelle du château de Montmuran

 

Le château de Montmuran, situé à Les Iffs en Ille-et-Vilaine (Bretagne), est une forteresse médiévale fondée à la fin du XIIe siècle par les seigneurs de Tinténiac.

 

La chapelle, élément clé de ce site historique, est accolée au châtelet d'entrée et joue un rôle central dans l'histoire du château, marquée par des événements emblématiques de la Guerre de Cent Ans et de la noblesse bretonne.

 

Classée monument historique depuis 2003 (avec des protections antérieures datant de 1926 et 1983 pour ses façades et toitures), elle témoigne d'une architecture gothique du XVe siècle et abrite aujourd'hui un vitrail du XIXe siècle illustrant les exploits de Bertrand du Guesclin.

 

Origines et construction

Fin XIIe - XIIIe siècle : Le château est édifié comme place forte sur un promontoire dominant la plaine, avec des tours défensives.

 

La chapelle n'existe pas encore sous sa forme actuelle, mais le site est déjà un centre seigneurial.

 

 

Début XVe siècle : La chapelle est construite et accolée au châtelet, reconstruit à cette époque par la famille de Laval, nouvelle propriétaire du domaine depuis 1352.

 

Cette période marque un renouveau architectural, avec des éléments gothiques comme les voûtes et les fenêtres en arc brisé.

 

Elle remplace probablement une structure plus ancienne ou sert de lieu de culte intégré à la défense du château.

 

 

Événements historiques marquants

La chapelle est indissociable de deux figures légendaires de l'histoire bretonne et française :

 

1354 : Le Jeudi saint, Bertrand du Guesclin, célèbre connétable de France, y est adoubé chevalier par Alacres de Marès (ou Elaste du Marais), seigneur normand.

 

Cet honneur lui est décerné pour avoir héroïquement défendu Montmuran contre les troupes anglaises lors de la Guerre de Cent Ans, sauvant ainsi le château d'une prise imminente.

 

Cet événement fait de la chapelle un symbole de bravoure médiévale.

 

 

 

1374 : Après la mort de sa première épouse Tiphaine Raguenel, Du Guesclin épouse Jeanne de Laval-Châtillon, fille unique de Jean de Laval et héritière de Montmuran, dans la même chapelle.

 

 Ce mariage consolide les liens entre Du Guesclin et la famille de Laval, faisant du château une résidence connétable jusqu'à la mort de Du Guesclin en 1380.

 

1547 : La dernière descendante des Laval, Charlotte de Laval, y épouse Gaspard II de Coligny, futur amiral de France.

 

Ce mariage transfère la propriété à la famille Coligny, qui en reste titulaire jusqu'en 1643. Coligny, victime du massacre de la Saint-Barthélemy en 1572, ajoute une dimension tragique à l'histoire du lieu.

 

 

Évolution et abandon

XVIIe - XVIIIe siècles : Avec la paix relative en Bretagne, le rôle défensif du château diminue.

 

La chapelle reste un lieu de culte familial, mais le site est remanié : construction des communs (XVIIe) et reconstruction du logis principal (XVIIIe). Elle est alors intégrée à un ensemble plus résidentiel.

 

Révolution française et XIXe siècle : Le château est saisi comme bien national en 1790, puis revendu en 1794 à la famille Bizien du Lézard.

 

En 1888-1889, une partie du château est incendiée, mais la chapelle est préservée.

 

C'est à cette époque qu'un vitrail commémoratif est installé, retraçant les hauts faits de Du Guesclin à Montmuran.

 

La famille de La Villéon rachète le domaine en 1888 et le détient toujours.

 

 

Aujourd'hui

La chapelle est ouverte au public en saison estivale (juin à septembre) dans le cadre des visites guidées du château.

 

Les visiteurs y découvrent ses éléments architecturaux médiévaux, le vitrail du XIXe siècle, et son rôle dans l'histoire.

 

Des travaux de restauration, soutenus par la Fondation du Patrimoine, visent à préserver ce joyau, en lien avec l'ensemble du site classé.

 

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