1177 Centulle III de Bigorre s’associe aux vicomtes de Dax (Pierre II de Dax) et de Bayonne pour défier Richard Cœur de Lion.
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Le château remonte au XIe siècle, érigé par les vicomtes de Dax (famille d'Aqs) pour contrôler le pont sur l'Adour et l'entrée de la ville.
Certains auteurs évoquent des bases carolingiennes (IXe siècle, sous Louis le Pieux), mais sans preuves archéologiques solides.
Il s'appuyait sur l'enceinte gallo-romaine du IVe siècle (remparts de 1 465 m de long, classés MH en 1889), qui protégeait la cité antique d'Aquae Augustae.
Rôle stratégique : Place forte des vicomtes de Dax, il fut un bastion lors des conflits anglo-français.
Évolution : Au XIVe siècle, il intégra des éléments gothiques (tour Mirande, donjon de 30 m).
Il survécut à la Guerre de Cent Ans, servant de prison et de résidence vicomtale jusqu'au XIXe siècle.
En 1177, Richard, âgé d’environ 20 ans, est duc d’Aquitaine sous l’autorité de son père, Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre.
Il impose son pouvoir sur les seigneurs gascons et aquitains, souvent récalcitrants à la domination anglaise.
Alliance rebelle : Centulle III s’associe aux vicomtes de Dax (Pierre II de Dax) et de Bayonne pour défier Richard.
Cette coalition vise à préserver l’autonomie des territoires gascons face à l’expansion plantagenêt.
Pierre II, gendre de Centulle (marié à une de ses filles ou à une proche parente), renforce ce lien familial et stratégique.
Motivations : La révolte découle des taxes élevées imposées par Henri II, des rivalités locales et du désir de maintenir des alliances avec l’Aragon (via Alphonse II) contre les Anglais.
1177 Siège de Dax par Richard Cœur de Lion
Dax : Située sur l’Adour, Dax était une ville stratégique avec des remparts en pierre et une garnison solide, dirigée par Pierre II de Dax, vicomte et gendre de Centulle.
La ville contrôlait les routes commerciales et militaires vers la Gascogne intérieure.
Objectif : Richard vise à briser cette rébellion pour affirmer son pouvoir et punir les traîtres, notamment après leur alliance avec des rivaux comme l’Aragon.
Déroulement du Siège
Préparation : Richard rassemble une armée d’environ 1 000 à 1 500 hommes (chevaliers normands, archers anglais, mercenaires brabançons) à partir de ses bases en Poitou.
L’hypothèse la plus plausible est Saintes.
Les chroniques implicites (ex. Geoffroi de Vigeois) situent souvent les opérations de Richard en Saintonge comme point de départ pour la Gascogne.
Saintes, à une journée de marche (ou deux avec un convoi), permettait de réunir des troupes locales, des mercenaires brabançons et des renforts anglais débarqués via La Rochelle (port loyaliste à 50 km).
Chronologie : Richard aurait quitté Poitiers au printemps 1177, rassemblé ses forces à Saintes sur plusieurs jours (préparation des engins de siège, ravitaillement), puis marché vers Dax avec une avant-garde légère, lançant le siège peu après.
Distance et temps : Environ 100 km de Saintes à Dax, soit 2-3 jours avec une armée (à 5-7 km/h pour la cavalerie, plus lent avec les bagages).
Il arrive devant Dax au printemps ou début d’été 1177, équipé de machines de siège (trébuchets, béliers) et de provisions pour un assaut prolongé.
Assaut : Le siège débute par un bombardement des remparts avec des engins de siège, visant à affaiblir les défenses. Pierre II organise une résistance acharnée, utilisant les tours et les archers pour repousser les assaillants. Des escarmouches éclatent, mais les forces de Richard, mieux organisées, gagnent du terrain.
Mort de Pierre II : Lors d’une sortie ou d’un combat sur les remparts, Pierre II est tué, probablement par une flèche ou une arme d’hast.
Sa mort démoralise la garnison et les habitants, précipitant la chute de la ville. Les chroniques ne précisent pas la date exacte, mais l’événement est rapide (quelques jours à une semaine).
Prise de la ville : Après la mort de Pierre II, les habitants, sous la pression ou par trahison, ouvrent les portes ou se rendent.
Richard capture Dax, fait prisonnier Centulle III de Bigorre (livré par la population) et impose des conditions sévères.
Stratégie de Richard : Cette répression illustre sa méthode : écraser les foyers de révolte par la force et la diplomatie (captures, rançons).
Libération et Conséquences
Stratégie de Richard : Cette répression illustre sa méthode : écraser les foyers de révolte par la force et la diplomatie (captures, rançons).
Intervention d’Alphonse II d’Aragon : Alphonse II, roi d’Aragon et comte de Barcelone, parent et allié de Centulle (via le mariage avec Matelle des Baux, cousine d’Alphonse), négocie sa libération.
Cette intervention reflète les liens pyrénéens entre l’Aragon et la Bigorre, ainsi que l’équilibre des puissances régionales.
Soumission : Pour sa liberté, Centulle doit prêter serment de fidélité à Richard, placer la Bigorre et le Marsan sous domination anglaise (au moins nominale), payer une indemnité (probablement en argent ou en bétail) et céder un château (peut-être à Dax ou en Bigorre).
Cette soumission renforce temporairement l’influence plantagenêt en Gascogne.
Impact : Bien que libéré, Centulle reste un vassal surveillé, ce qui l’amène à rejoindre Vulgrin III, comte d’Angoulême en 1181, montrant une résistance persistante malgré la défaite.
Gascogne sous pression : Cet épisode marque le début de l’intégration progressive de la Bigorre et du Marsan dans l’orbite anglaise, bien que la région reste instable jusqu’à la reconquête capétienne (1204).
Sources
Contexte tiré de la Chronique de Geoffroi de Vigeois (mention des campagnes de Richard).
Généalogie et alliances dans Historia Comitum Engolismensium et études sur la Gascogne (ex. Christian Daux).
Dax aujourd’hui : La ville conserve des traces médiévales (remparts près de la cathédrale Notre-Dame), mais le siège de 1177 reste peu visible archéologiquement.
Les couillards, trébuchet, et autres engins de guerre : Le Mangonneau, Le fauconneau.....<==
Les ligues féodales contre Richard Cœur de Lion et les poésies de Bertran de Born (1176-1194)<==
Centulle III de Bigorre (vers 1130 - 1178), également connu sous le nom de Centulle de Marsan.
Naissance et famille : Né vers 1130, Centulle III était le fils de Pierre de Marsan, vicomte de Marsan (fondateur de Mont-de-Marsan) et de Béatrix II de Bigorre, comtesse de Bigorre († 1156). Son prénom rend hommage à son grand-père maternel, Centulle II de Bigorre († 1129), et s'inscrit dans une lignée gasconne où les Centulle sont récurrents (vicomtes de Béarn et comtes de Bigorre).
Héritage : À la mort de sa mère en 1156, Centulle hérite du comté de Bigorre, qu'il gouverne de 1163 à 1178. Il cumule également la vicomtée de Marsan, renforçant son influence dans les Pyrénées gasconnes (actuelles Hautes-Pyrénées et Landes).
Mariage et Alliances
Épouse : Vers 1155, il épouse Matelle des Baux (vers 1125 - après 1175), veuve de Pierre de Gabarret et cousine germaine de Raymond Bérenger IV, comte de Barcelone (et prince consort d'Aragon).
Ce mariage lui apporte en dot le val d'Aran (vallée pyrénéenne stratégique), élargissant ses possessions transfrontalières.
Enfants : Stéphanie (ou Béatrix III) de Bigorre (vers 1160 - 1216), unique héritière, qui épouse Bernard IV de Comminges en 1180 pour sceller la paix avec ce voisin rival.
Centulle III n'eut pas de fils survivant, ce qui mena à des contestations successorales après sa mort.
Règne et Actions Notables
Réformes internes : En 1171, Centulle accorde une charte de franchises aux bourgs de Bagnères-de-Bigorre, adaptant les droits coutumiers aux évolutions économiques. Cela visait à consolider l'unité du comté face aux menaces extérieures, favorisant le commerce et l'urbanisation dans les vallées pyrénéennes.
Conflits régionaux : Son règne est marqué par des guerres incessantes avec le comté de Comminges (rival pyrénéen). Pour y mettre fin, il fiance sa fille à Bernard IV de Comminges vers 1177, normalisant les relations.
Mort et Succession
Fin de vie : Centulle III meurt en 1178 (ou fin 1181 selon certaines chroniques, post-capture), probablement des suites de ses campagnes militaires. Sa mort laisse la Bigorre vulnérable, avec des revendications de Gaston VII de Béarn et d'autres seigneurs.
Héritage : Sa fille Stéphanie hérite du comté, mais cela entraîne des litiges (avec le roi Henri Ier de Navarre et les vicomtes de Béarn).
Quelques temps après, le val d’Aran dut retourner aux comtes de Barcelone car dès 1175 Alphonse II donne ce territoire à Centulle de Bigorre, suivant acte du mois d'octobre 1175.
Voici la traduction du texte :
Moi, Alphonse, par la grâce de Dieu, roi d'Aragon, comte de Barcelone et des Marches de Province, fais ce contrat de donation en faveur de vous Centulle, Comte de Bigorre et de votre femme Mantelle, ma cousine, et il me plaît, en considération desservices que vous m’avez faits et me rendez chaque jour, de vous donner en héritage la vallée d’Aran avec ses limites et toutes les peuplades et terres, montagnes portes, plaines, pacages et forêts avec leurs dépendances.
Je vous donne aussi la seigneurie qui m'appartient à Bordères
Et fais ce don à vous et à vos enfants et à joute votre race et postérité, à la charge par vous et vos successeurs, en la dite terre, serez mes fidèles vassaux pour raison d'icelle ».
Cet acte se trouve dans le cartulaire de Bigorre (V. Marca. Ilist. du Béarn 1.9. p. 821) Centulle et Matelle eurent une fille.
Stéphanie dite Béatrix IV Comtesse de Bigorre mariée avec Bernard IV Comte de Comminges qui la répudia, après avoir eu délié Peronnelle de Comminges, comtesse de Bigorre et vicomtesse de Marsan.
Alphonse II, roi d'Aragon, la fiança en 1192 et alors qu’elle n’était pas nubile à son cousin germain, Gaston VI, vicomte de Béarn.
A l'occasion de ces fiançailles le roi d'Aragon révoqua la donation faite en 1175. Il donna à ces nouveaux mariés la Comté du dit Bigorre et reprit l’Aran.
Comme Péronnelle était sous la tutelle de ce roi, son plus proche parent et seigneur, et que le vicomte de Béarn tenait à fort grand honneur de s’allier à lui par ce mariage, personne ne s’opposa à l'injustice qu’Alphonse faisait à cette orpheline en supprimant cette vallée au préjudice du don consenti en la personne de Centulle et de Matelle ascendants de Péronnelle.
Voici les termes de cet acte : J'excepte de la susdite donation et je me réserve nommément à moi et à mes successeurs toute la vallée et terre appelée Aran, pour les posséder en propre avec toutes ses vallées, montagnes, vallons, pentes, bornes, avec tous ses habitants et avec tout ce qui peut être de quelque usage, aux honneurs de quelque manière qu'ils puissent l'être, entendu qu'il est manifeste, que cette vallée n’appartient en aucune manière à la dite comté (de Bigorre). Fait septembre de l’année 1192, (Voir H. de Béarn. Marca, p. 495).
La Bigorre passe finalement sous influence anglaise via le traité de Brétigny (1360), avant d'être rattachée au domaine royal français en 1607.
Les Vestiges Actuels du château
Les vestiges du château médiéval sont très limités, car il fut démoli en 1891 pour faire place à des édifices thermaux et touristiques (casino et hôtel).
Cependant, des traces subsistent :
Fondations et base du donjon (Tour Mirande) :
La base du grand donjon (angle nord-ouest de l'ancienne enceinte) est enfouie sous l'Hôtel du Splendid (construit en 1928 sur les ruines, style Art Déco, rénové en 2018).
Des sondages archéologiques (Inrap, 2005) ont identifié des maçonneries médiévales, y compris des fondations de pont en pierre sur l'Adour, reliant au château.
Intégration aux remparts :
Le château s'appuyait sur la muraille gallo-romaine. Des portions visibles incluent :
Tours et courtines : 55 m de remparts apparents (nord et est), avec 36 tours (dont 33 certaines). Visibles rue des Remparts et place des Salines (classées MH en 1886).
Porte Notre-Dame : Entrée médiévale fortifiée, entre deux tours gallo-romaines, près de l'actuel pont sur l'Adour.
Autres traces : Des mosaïques et murs du Bas-Empire (IVe siècle) ont été exhumés près de la cathédrale Notre-Dame, rappelant les fondations antiques du site.