1239 Charte d'Eustachie de Mauléon, vicomtesse de Châtellerault, fille de Raoul de Mauléon et sœur du célèbre Savary de Mauléon – Gisant de l’Absie Chapelle de la Trémoïlle
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Décédée en 1244, elle était la fille de Raoul III de Mauléon et d’Alix Chabot de Ré. Elle était aussi la sœur de Savary III de Mauléon.
Bienfaitrice de l’Abbaye, elle a été ensevelie dans la chapelle de la Trémouille.
Eustachie de Mauléon était la fille de Raoul de Mauléon et d'Aaliz Chabot.
Dans une charte du Cartulaire de l'Absie, elle s'exprime de la façon suivante : « Ego, Eustachia, ...quondam vicecomitissa Castri Ayraudi ... pro salute animæ meæ et patris mei Radulfi de Maloleone, Aaliz matris meæ, Savarici fratris mei et Clemenciæ filiæ meæ... » Octobre 1239. Archives Historiques du Poitou, tome XXV, ch. 31, p. 164.
Eustachie figure également dans trois autres chartes du même cartulaire, nos 32,33 et 35.
Les deux premières sont datées de mars 1239. La dernière est un testament d'Eustachie daté du 3 février 1243, que Beauchet-Filleau croit être de février 1244, d'après un renseignement contenu dans le tome 822, Fonds Dupuy, p. 140.
On trouve dans le Cartulaire de Fontevrault, Bibliothèque Nationale, fonds latin, 5480, p. 31, une charte par laquelle A. de Mauléon donne, en 1215, du consentement de son fils Savari et de sa fille Eustachie, autrefois vicomtesse de Châtellerault, aux religieuses de Landa : « decem modia vini peremiter habenda », mais l'indication de ce prénom est erronée.
Le père d'Eustachia s'appelait bien Raoul. Il fut sénéchal du Poitou, Rotuli Chartarum, p. 59, et c'est à lui qu'Aliénor d’Aquitaine, reine d’Angleterre restitua Talmont en 1199.
Gisant de l’Absie, chapelle de la Trémoïlle (1).
Cette chapelle, construite par les abbés d'Appelvoisin (2), formait le prolongement du transept nord de l'église et avait les mêmes dimensions qu'une travée de celle-ci, dont elle était séparée par un mur de 1 m. 20 d'épaisseur (3).
On y pénétrait par une porte intérieure située près du mur ouest du transept. Sur le pignon est dressée une pierre longue et étroite, de section carrée, sur laquelle est sculptée en relief une croix dont la tête est beaucoup plus longue que les bras (4).
Elle avait dû remplacer une autre chapelle entièrement détruite au cours de la guerre de Cent ans.
Lorsqu'on l'a réunie à l'église, pour atténuer la disproportion qui aurait existé entre les deux bras du transept, on a élevé au milieu du mur abattu une colonne gothique soutenant deux arcades allant rejoindre, du côté de l'église, le formeret de la voûte.
Avant son annexion à l'église, la chapelle de la Trémoïlle présentait un aspect lamentable (5).
C'était un vrai capharnaüm, refuge pendant le jour des hibous et des chauvesouris qui avaient toute facilité d'y pénétrer par les brèches de la verrière garnissant l'unique fenêtre, alors encore garnie d'une partie de ses meneaux.
Dans l'angle faisant face à l'entrée, un tas de pierrailles et de gravats recouvrait ce qui subsistait du pavage en carreaux émaillés, le reste ayant été employé à garnir le sol d'une serre construite vers 1865 dans le jardin du presbytère (6).
Ce carrelage avait dû recouvrir toute la partie ouest de la chapelle. La partie est, sur une largeur de 1 m. 80 à 2 mètres, devait être pavée de dalles de pierre formant d'après les traces laissées sur l'enduit des murs un relief de 15 à 20 centimètres constituant l'aire du chœur de la chapelle. Ces dalles et l'autel adossé au mur est, au-dessous de la fenêtre, avaient été enlevés depuis longtemps.
Une crédence creusée dans le mur séparant la chapelle de l'église, semblable à celle aujourd'hui masquée par le retable de l'autel de la sainte Vierge, marquait de ce côté la limite du chœur.
Sur le mur nord était peinte une croix de consécration.
La chapelle de la Trémoïlle servait de débarras.
Entre autres objets, on y avait relégué les débris informes de la toile ayant garni le retable du grand autel, les restes du jubé, un vaste lutrin et de hauts candélabres en bois sculpté, du début du XVIIIe siècle en fort mauvais état.
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1239 Charte d'Eustachie de Mauléon, comtesse de Châtellerault, fille de Raoul de Mauléon et sœur du célèbre Savary de Mauléon
Moi, Eustachie, fille de Raoul de Mauléon, autrefois comtesse du château d'Héraude, ayant l'esprit sain, yeux que tous sachent que pour le salut de mon âme, de celle de Raoul, de Savary, mon frère, et de mes amis ; pour célébrer le jour de ma naissance, je fais l'abandon, à titre de perpétuelle aumône, à l'abbé et religieux de l'abbaye de Ré, de mon domaine de cent livres tournois de cens que je reçois des tenanciers d'Arnauld Minuet, de Chevalier Minuet et de Savary Minuet, de l'ile de Ré.
Les abbés et religieux recevront cette aumône la veille du jour de la naissance de Notre-Seigneur.
Je donne encore à l'abbaye tous mes droits de domaines, de coutumes, de services que je peux avoir sur lesdits hommes et sur leurs héritiers, à perpétuité, librement et pacifiquement.
Je donne le revenu en vin que je perçois au pressoir de messire Raoul, mon père, et de mon frère Savary, près du bourg de Saint-Martin, et en perpétuelle aumône quinze mesures de premier vin pur, annuellement audit pressoir.
Je donne aux religieux la moitié de mon cellier de l'île de Ré, et le plus grand tonneau qui s'y trouve, et je fais tous ces dons à Pierre, abbé du monastère des Cistériens, pour nourrir et vêtir ses religieux à perpétuité, à charge de dire une messe pour les nobles morts de ma famille, et une messe à la Sainte-Vierge pour le souvenir de moi pendant ma vie, afin que je fasse pénitence.
Si je revenais sur mes aumônes, je veux que ce soit en vain, et pour cela j'ai revêtu cette charte de mon sceau, et j'ai voulu que messire Guillaume, qui était présent, y appose aussi son sceau.
Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest
(1). On l’a désignée parfois sous le nom de « chapelle de l’abbé ». Mais l’autre dénomination atoujours prévalu : « Au bout d’une ailles (du transept) il y a une chapelle, …. Mais elle n’a jamais été à l’abbé. On l’appelait, comme on l’appelle encore, chapelle de la Trimouille, en l’honneur des bienfaits de cette famille…. On y voit encore un buste en pierre de la Trimouille » (Fonds Drochon : Observations de la commune de la Châpelle-Seguin sur le mémoire de la famille Dehargues, fin juillet 1817).
(2) D’après les maçons qui, après la réunion de la chapelle à l’église, ont percé la petite porte donnant actuellement accés au transept nord, le mur de la chapelle était construit à chaux et à sable, tandis que les murs de l’église dans leur partie basse, remontant à l’époque romane, sont liés au moyen d’un mortier de terre grasse.
(3). C’était un simple mur de refend. Il est surmonté d’un arc bordé de belles pierres de taille, identique de la croisée du transept.
(4). L’aspect archaïque de la croix, une entaille profonde pratiquée au haut et à l’arrière de la pierre, font supposer qu’elle provient de l’église romane.
(5) Pour ce qui concerne l'ensemble de cette chapelle et les fouilles qui y ont été exécutées, je me suis inspiré : 1° de notes prises par moi en octobre 1876 ; 2° des notes et rapports de MM. Clouzot, Léo Desaivre et Roy, lues aux séances des 14 février et 7 mars 1877 (de la Société de Statistique des Deux-Sèvres (Bull. t. III, pp. 159 et 166).
(6) Il ne faut pas trop crier au vandalisme la plupart de ces carreaux ne portaient plus trace d'émaillage. Les moins abîmés ont été recueillis par des collectionneurs. Il en existe dans la collection Turpin, à Parthenay, et, je crois, au musée de Niort.