1387 Médiation de Jean, duc de Berri entre l'évêque de Poitiers, et Louis d'Harcourt, vicomte de Châtellerault
Arrêt du parlement de Paris, qui confirme un traité fait le 28 avril 1387, par la médiation de Jean, duc de Berri, comte de Poitou, entre Bertrand de Maumont, évêque de Poitiers, et Louis d'Harcourt, vicomte de Châtellerault et seigneur d'Harcourt à Chauvigny, relativement aux obligations et aux attributions du capitaine du donjon et des barrières de Chauvigny, institué par l'évêque, aux fourches patibulaires de la seigneurie d'Harcourt, etc. (f" 28 vo).
6 août 1387.
Karolus, Dei gratia Francorum rex, universis presentes litteras inspecturis, salutem. Notum facimus quod de licentia et auctoritate nostre parlamenti curie inter partes infra scriptas seu earum procuratores tractatum, concordatum et pacificatum extitit, prout in quadam cedula per procuratores dictarum parcium inferius nominatos dicte curie nostre unanimiter tradita coutinetnr, cujus tenor talis est :
Comme sur plusieurs procès, causes et debaz pieça meuz ou esperez à mouvoir entre noble et puissant seigneur monseigneur le vicomte de Chasteauleraut d'une part, et reverend pere en Dieu monseigneur l'evesque de Poictiers qui lors estoit, d'autre, par la volunté et ordonnance de très excellent et très doubté prince monseigneur le duc de Berri et d'Auvergne, amiable traictour entre lesdictes parties, oust esté pourparlé de traictié et accord entre icelles parties, selon ce que es lettres dudit mons. le duc est contenu, desquelles la teneur s'en suit :
Jehan, filz de roy de France, duc de Berri et d'Auvergne, conte de Poictou, amiable traictour d'entre noz amez sire Bertrant, evesque de Poictiers, à cause de son église, d'une part, et nostre cousin Loys de Harecourt, viconte de Chasteauleraut, d'autre, sur aucunes dissencions d'entre eulz, à touz faisons savoir que aujourdui XXVIIIe jour d'avril l'an mil CCC. LXXVII, presens pour devant nous en nostre chastel de Poictiers les diz evesque et viconte, veuz en nostre conseil les faiz et articles qu'ils nous ont bailliez d'une partie et d'autre, et eue bonne deliberation o les gens de nostre dit conseil, soubs les sauvacions et condicions contenues en la cedulle de laquelle la teneur est dessoubz encorporée, avons fait accors entre eulz sur les choses et par la maniere contenues en la dicte cedule, de laquelle la teneur s'ensuit Parlé est et accordé par très haut et très excellant seigneur monseigneur le duc de Berri et d'Auvergne conte de Poictou, amiable traicteur entre reverend pere en Dieu l'evesque de Poictiers, d'une part, et noble homme le viconte de Chasteauleraut, d'autre, en cas qu'il plaira au roy nostre seigneur et à sa court de parlement, et qu'ils en aient congié et licence, de pacefier et accorder sans amande, que ledit evesque eslira, instituera et destituera capitainne en danjon et barreres de Chauvigné, qui sera du royaume de France et de l'obeissance du roy; lequel capitainne fera serement audit evesque, et après le fera au dit viconte, de bien et loyaument gouverner les subgiz qu'il a a cause de son chastel de Harecort, estans à Chauvigné, et de ouvrir à lui et à ses gens pour issir et entrer touteffoiz que mestiers sera; et se feront les contrainctez, pour le comandement du dit capitainne, de deffaux de guaiz, de gardez et de toutes autres choses qui toucheront le fait de capitaine, par les sergens du dit evesque sur les habitans de sa terre et justice, et semblablement pour les sergens et officiers du dit viconte en sa terre et justice.
Item les fourches qui sont dreciées en la terre du dit viconte en lieu de la Coste, et lesquelles sont à deux piez et un travers, demourront en lieu où elles sont, et ne porra en toute sa terre et justice avoir autres fourches; et se elles cheoient ou porroissoient, il les porra refaire, touteffoiz que mestiers sera, en dit lieu de la Coste.
Et par mandement et auctorité du dit mons. le duc de Berri, la porte du darrere dudit chastel de Harecourt, laquelle a esté faicte nouvellement, sera murée et mise au premier estat, et démolir le pont et barrere du davant la dicte porte fait premerement au dit viconte par le dit capitaine le serement par la maniere que dessus est déclaré et anvoieront leurs faiz et raisons sur ceste matiere les dictes parties au conseil du roy en son parlement, pour en avoir leur deliberation et advis, se le dit viconte y doit avoir porte; et la dicte deliberation eue, sera raportée par devers mons. le duc, lequel en pourra ordenner à sa volunté.
Et les clers que l'on dit qu'il avoit prins ou fait pranre seront restituez au dit evesque, et adnullées les obligacions qu'il firent au dit viconte, et, ce fait, le ces (sic) qui avoit esté mis en son viconté de Chateauleraut sera du tout osté sans delay.
Item n'aura riens ledit viconte en port de l'ayve de Chauvigné, ne en prouffiz d'icellui.
Item que le dit viconte fera et sera tenuz de faire au dit evesque les hommages, un ou plusieurs, que lui et ses devanters ont acoustumé à faire, et par la maniere acoustumée.
Et de touz despens et dommages fruiz, levées et toute autre chose touchant meuble ou injures, le dit monseigneur le duc en [a] esté chargié d'en ordonner à sa volunté, et se riens n'en ordonne, riens n'en sera paié par l'une partie ne par l'autre, ne n'en pourra estre parforciez d'en ordonner.
Lesquelz accors les dictes parties, o la licence et volunté que dessus, ont promis et juré par leurs seremens, le dit evesque la main mise au pis, le dit viconte le livre touché, et chascun d'eulz perpétuellement, feablement et loyaument tenir, garder, attendre, enteriner et acomplir, et en nostre presence en ont octroié l'un à l'autre lectres soubz nostre seel, et aussi soubz le seel pour nous auz contraiz establi à Poictiers, et soubs les seingns des notaires publiques dessoubs escrips auxquelz notaires publiques et chascun d'eulz nous et les dictes parties avons requis que eulz noz lectres triples sur ce veuillent publier, en forme publique rediger, et leurs seingns à celles mectre et apposer.
Et en tesmoing desquelles choses nous avons fait apposer à ces presentes nostre propre seel, et voulons et mandons que le dit seel au contraiz y soit apposé.
Et lequel seel aux contraiz nous Guillaume Gabereau, garde d'icelui, par la volunté et mandement du dit mons. le duc, à la requeste des dictes parties, à la relacion de Hugues Mousseo, notaire de la court d'icellui, à ces dictes lectres avons apposé avecques les seings et subscriptions des notaires publiques dessoubs nommez.
Donné et fait presens nobles hommes Jehan, conte de Sancerre, Guillaume l'Arcevesque, sire de Partennay, Pierre de Negron, chevalier, sire Pierres Domant, prevost, Guillaume Juzeo, chantre, Pierre Vassal, soubzdoien, maistre Nicholas Potarea, chanoine et official de Poictiers, maistre Pierre Genien, auditour du dit evesque, maistre Jehan Berlant, chanoine de l'eglise de Saint Hilaire le grant de Poictiers, Pierre de Mosters, Hebert Berlant et plusieurs autres tesmoings à ce requis et appellés.
Et ego Johannes Briencii, clericus Pictavensis diocesis, apostolica publicus auctoritate notarius, supradictis omnibus et singulis. dum die XXVIII mensis aprilis, anno et loco supradictis, circa horam meridiei, indictione XV, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri domini Gregorii, divina providentia pape undecimi, anno septimo, per supradictum dominum ducem et in ipsius presentia fierent et agerentur modo et forma. quibus superius referuntur, una cum testibus supra et notario publico infra scriptis, presens fui, eaque omnia et singula propria manu scripta audivi, publicavi et in banc publicam formam redegi, signumque meum una cum sigillis de quibus supra fit mencio ac signo et subscriptione dicti infra scripti notarii, requisitus et rogatus, ibidem consuetum apposui in fidem et testimonium omnium premissorum.
Et ego Petrus Souron, clericus Pictavensis diocesis, auctoritate apostolica publicus notarius, omnibus et singulis suprascriptis, dum die, mense, anno et loco supradictis circa horam meridiei, indictione XV, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri domini Gregorii, divina providentia pape undecimi, anno VII, modo et forma quibus supra referuntur, fierent et agerentur, una cum notario et testibus supra scriptis presens fui, caque audivi et in banc publicam formam redigendo hic me subscripsi, et huic instrumento publico inde confecto, manu dicti supra scripti notarii scripto, una cum signo et subscripcione dicti notarii et sigillis de quibus supra fit mencio, signum meum in testimonium omnium et singulorum premissorum apposui consuetum, requisitus et rogatus. H. Mousseo. –Seigné, quant à la juridicion et cohercion, du seel aux contraiz à Poictiers establi par nostre dit seigneur, du consentement des dictes parties.
Et pour la mutacion des evesques de Poictiers et autrez causes qui depuis sont sourvenuez, le dit traictié n'ait pas esté passé ne accordé entre les dictes parties en la dicte court de parlement du roy nostre sire : toutevoiez, pour bien de paix et amour norrie entre le dit mons. viconte et ses successeurs, d'une part, et mons. Symon, à present evesque de Poictiers, et ses successeurs du dit lieu, d'autre, accordé est, s'il plest au roy nostre sire et à sa dicte court, que ledit pourparlé et traictié d'acorder est et demourra en sa force et vertu, si comme contenu est es lettres dudit mons. le duc, excepté, sauf et réservé au dit mons. l'evesque et ses successeurs que, en tant que touche le dit serement que devoit faire le capitaine des diz donjon et barriere de Chauvigny au dit mons. le vicomte, il le fera au dit mons. l'evesque et ses successeurs evesquez ou à leurs vicaires et officiers pour et ou nom du dit mons. l'evesque, present a ce le dit mons. le vicomte ou ses gens et officiers pour lui, se estre y veulent, sans ce que le dit capitaine soit tenuz de faire aucun serement au dit mons. le viconte, et si pourra le dit mons. l'evesque mectre es diz donjon et barriere capitaine de tel païs et nascion comme bon lui semblera.
Et en tant comme touche les fruiz, dommages et despens que depuis le dit traictié et par avant icellui mons. l'evesque pourroit demander au dit mons. le viconte tant à cause de la main mise comme autrement, et le dit viconte au dit mons. l'evesque, les dictes partiez sont et demourent quictes l'une envers l'autre, sans ce qu'ilz en puissent jamais rien demander.
Ad quod quidem accordum ac omnia et singula superius contenta tenenda, complenda ac firmiter et inviolabiliter observanda, dicta curia nostra partes predictas et earum quemlibet, prout supra nominantur, ad requestam et de consensu magistrorum Johannis de Rechisyaco, dicti episcopi moderni Pictavensis, ex una parte, et Johannis de Bosco, dicti viccomitis, ex altera, procuratorum, per arrestum condempnavit et condempnat, et ea ut arrestum ejusdem curie teneri, compleri et obscrvari ac executioni demandari voluit et precepit. In cujus rei testimonium presentibus litteris nostrum jussimus apponi sigillum.
Datum Parisius, in parlamento nostro, die VI augusti, anno Domini millesimo CCCe octogesimo septimo et regni nostri VIIe.
Exécutoire de cet arrêt (f° 28 I°).
Karolus, Dei gratia Francorum rex, primo hostiario parlamenti nostri Parisiensis aut servienti nostro ad quem presentes littere pervenerint, salutem.
Ad supplicacionem dilecti et fidelis consiliarii nostri episcopi Pictavensis tibi commictendo mandamus quatenus, viso quodam accordo in nostra parlamenti curia inter dictum episcopum, ex una parte, et dilectum et fidelem consiliarium nostrum vicecomitem Castrileraudi, ex altera, facto et per arrestum dicte curie nostre sexta die augusti ultimo lapsi confirmato, illud juxta sui tenorem et formam, in hiis que executionem exigunt, execucioni debite demandes, in quibus et ea tangentibus ab omnibus justiciariis et subditis nostris tibi in hac parte pareri volumus efficaciter et intendi.
Datum Parisius in parlamento nostro, XI die januarii, anno Domini millesimo CCC° octogesimo septimo et regni nostri octavo.
Rapport du sergent (f° 28 ro).
A mes très chiers et très doubtez seigneurs mes seigneurs tenant le present parlement du roy nostre sire à Paris, Guillaume Narrot, huissier du dit parlement et le vostre, honneur, service et reverance avec toute obeissance.
Mes très chiers seigneurs, plaise vous savoir que je receu les lettres du roy nostre sire contenant ceste forme : Karolus, Dei gratia Francorum rex, primo hostiario etc.
Par vertu desquelles lettres dessus transcriptes et la requeste de reverent pere en Dieu mons. l'evesque de Poictiers, je, le dimenche XIIe jour de janvier l'an IIIIxx et sept, me transportay à Paris en l'ostel estant devant le palays du Carme, appartenant à très noble et puissant seigneur mons. Loys de Harecourt, viconte de Chasteauleraut, et là à son dit hostel et domicile, à la personne de mestre Guillaume Tondu, son procureur, fis commandement de par le roy, nostre dit seigneur, au dit mons. le viconte, que il feist les hommages, un ou plusieurs, que lui et ses devantiers ont acoustumé a faire et par la maniere acoustumée, si comme plus à plain est contenu et declairié en l'acort passé par arrest de parlement, èsquelles lettres dessus transcriptes est faicte mention entre le dit révèrent pere en Dieu, d'une part, et le dit mons. le viconte de Chasteauleraut, d'autre part; lequel mestre Guillaume Tondu me requist copie de ma relation auquel je l'octroyay et me respondit que monsr son maistre n'estoit pas en la ville de Paris, mais estoit au Parc de Harecourt, ou il estoit malade, et que le plus tost qu'il lui pourroit faire savoir, il le feroit voulentiers.
Et tout ce, mes très chiers seigneurs, vous certifie je avoir fait selon la forme et teneur des dictes lettres par ceste moye presente relacion seellée de mon seel, duquel je use en mon dit office. Ce fu fait l'an et jour dessus diz.
Cartulaire de l'évêché de Poitiers ou Grand-Gauthier / publ. par M. Rédet
==> Château de Puymilleroux - LOUIS D'HARCOURT, vicomte de Châtellerault 1358-1388
Le château féodal d'Harcourt de Chauvigny et les Vicomtes de Chatellerault <==