Les Fours de la Révolution, comment la terreur faisait cuire son pain (Humain)
Ce n’est ici de l’histoire racontée par des royalistes, ce sont des républicains qui parlent, et ces atrocités prenaient pour victimes les seconds aussi bien que les premiers.
Il s’agit de ces abominables Colonnes INFERNALES qui furent chargées de tout exterminer, incendier, anéantir dans la Vendée, même quand elles ne trouvaient aucune résistance. Turreau, qui fit agréer par la Convention ce plan monstrueux, avait des auxiliaires dignes de lui dans ses lieutenants, les Cordeliers, les Grignon, les Huchet, les Amey, les Commaire, etc.
On va juger. Voici comment s’exprime, dans leurs doléances, les municipaux patriotes de la Roche-sur-Yon, d’Aizenay et de Palluau :
« Après le général Grignon, nous espérions, citoyens, que nos cantons ne seraient plus couverts de sang et incendiés. Nous avons tué de nos propres mains tous les brigands qui étaient dans nos parage ; mais Grignion avait donné l’incivique exemple du massacre des patriotes ; on l’avait vu, pas passe-temps, et pour essayer le tranchant de son sabre, couper en deux des enfants à la mamelle ; il appelait cela une distraction patriotique. Commaire a été plus loin.
Nous le voyons chaque jour prendre les premiers enfants venus, fils de républicain ou de brigand, peu lui importe; il les saisit par une jambe, et les fend par moitié comme un boucher fend un mouton, ses soldats en font autant. Si les autorités veulent réclamer, on les menace d’être fusillés, et nous vous écrivons ceci afin que tous ces malheurs finissent. »
Les citoyens Carpenly et Morel, commissaires municipaux, près des Colonnes-infernales, mandaient à la Convention, le 4 germinal an II ( 24 mars 1794 ) :
« C’est avec désespoir que nous écrivons; mais il est urgent que tout ceci cesse. Turreau prétend avoir des ordres pour anéantir patriotes ou brigands; il confond tout dans la même proscription.
A Montournais, aux Epesses et dans plusieurs autres lieux. Amey fait allumer des fours, et lorsqu'ils, sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations convenables; il nous a répondu que c'était ainsi que la République voulait faire CUIRE SON PAIN.
D’abord, on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n’avons trop rien dit; mais aujourd’hui, les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats de Turreau, qu'ils ont voulu continuer ces plaisirs.
Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt- trois ont subi cet horrible supplice, et elles n’étaient comme nous coupables que d’adorer la nation.
La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Châtillon par les brigands, lors de la dernière bataille, s'est vue, avec ses quatre petits- enfants, jetée dans un four. Nous avons voulu interposer notre autorité, les soldats nous ont menacés du même sort. »
Honnêtes gens de toutes les opinions, lisez ces épouvantables récits, puis songez que le pouvoir qui faisait ainsi cuire son pain trouve aujourd'hui des admirateurs, et figurez-vous quel sort ils réserveraient à la France, s’ils étaient ses maîtres, ne fût-ce qu’un seul jour !
TH MURET Gazette du Bas-Languedoc avril 1851
Le Général Turreau chef des colonnes infernales et les autres généraux font des rapports réguliers de leurs exactions à la Convention, celle-ci sait donc ce qui se passe et combien de gens périssent.
Le 24 janvier il écrit :
« Mes colonnes ont déjà fait des merveilles ; pas un rebelle n’a échappé à leurs recherches. Si mes intentions sont bien secondées, il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants. Il faut que tout ce qui existe de bois, de haute futaie dans la Vendée soit abattu. »
Une autre lettre de l’officier de police Gannet :
« Amey fait allumer les fours et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations ; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D’abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n’avons trop rien dit ; mais aujourd’hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient coupables que d’adorer la nation. »
Témoignages et cas documentés :
Les récits des "fours humains" sont corroborés par des témoignages vendéens et des rapports républicains critiques (ex. dépositions à la Convention).
Pierre-François-Joseph Amey (1768-1839), général de brigade, commande une colonne infernale dans la région des Herbiers et de Montournais en février-mars 1794. Son nom est associé à des exactions documentées (pillages, incendies, massacres).
Des rapports militaires et mémoires d'officiers, comme ceux de l'adjudant-général Aubertin (1823), évoquent des exécutions par le feu. Par exemple, à Vezins (25 mars 1794), la colonne de Crouzat massacre 1 500 personnes dans la forêt, et des rumeurs persistent sur l'usage de fours pour brûler des survivants.
Des sources vendéennes, comme les mémoires de Marie Trichet (1905), décrivent des femmes et enfants jetés dans des fours à chaux à Saint-Lumine-de-Clisson en 1794 où ils étaient brûlés pour terroriser la population.
Ce récit est corroboré par des sources secondaires, comme les travaux d'Émile Gabory (Les Guerres de Vendée, 1989) et d'Anne Rolland-Boulestreau (Micro-histoire et terreur en province, 2015), qui citent des dépositions de témoins oculaires et des rapports militaires.
Ces actes s'inscrivent dans une vague plus large d'exécutions par le feu : des femmes enceintes écrasées sous des pressoirs, des nouveau-nés empalés, ou des civils jetés dans des fours à pain allumés.
Contexte Local : En février 1794, la colonne de Duquesnoy traverse Saint-Lumine, incendiant métairies et massacrant des suspects.
Le 20-21 mars, celle de Cordellier (qui opère aussi à Clisson et Maisdon-sur-Sèvre, où 300-400 personnes sont tuées les 3-4 avril) poursuit les "brigands" menés par Pineau de Saint-Lumine.
Les fours à chaux, situés près des carrières locales, auraient été utilisés pour éliminer des prisonniers (femmes et enfants de familles soupçonnées de sympathies royalistes) de manière expéditive, afin d'éviter les fusillades bruyantes et d'éliminer les traces. Des estimations parlent de dizaines de victimes dans la commune, mais les chiffres précis varient en raison de la destruction des archives et des épidémies (typhus) qui suivirent.
Autres Exactions à Proximité : À Clisson voisine (8 février 1794), la colonne de Cordellier jette 18 Vendéens (hommes, femmes, enfants) dans un puits du château (découvert en 1961 avec 18 squelettes, dont 5 enfants). Le 5-6 avril, des récits rapportent que 150 femmes sont brûlées pour extraire leur graisse, utilisée pour du savon ou des lampes – une pratique macabre amplifiée par la propagande, mais attestée dans les mémoires de la comtesse de La Bouëre.
Ces actes, bien que non systématiques (Turreau ordonnait de massacrer les "brigands armés", mais pas explicitement les civils), résultent souvent d'initiatives locales de soldats enragés par les embuscades vendéennes.
Le général Hugo (père de Victor Hugo) mentionne dans ses mémoires (1823) des cas où des colonnes épargnent des jeunes filles mais exécutent d'autres par le feu, bien que son rôle soit plus modéré.
Guerre de Vendée : Bataille de Châtillon-sur-Sèvre le 5 juillet 1793 <==
Note sur les Essarts et Boupère pendant la Révolution, les colonnes infernales <==
