Charles de Blois (1319-1364), Duc de Bretagne Capturé à Montpon (Perigord)
C'est à Montpon dans la forêt la forêt de la Double, à Eygurande que se termine en 768 la guerre d'Aquitaine entre Waïfre, duc d'Aquitaine, et le roi des Francs Pépin le Bref.
En 830 et en 849, les Vikings qui remontent l'Isle ravagent Montpon, Mussidan, Puy-Saint-Front, abbaye de Calabre à Calviac.
Capella de Montpao, Domus eleemosinaria de Monte Pavonis, Castellania Montis Pavonis de Podio Caslucii, Castellum de Monpao, Montepavo, Monspavo, Montpouns, Montepao. — Montpont
Attesté en 1170, le château de Montpon était le siège d'une châtellenie comprenant dix-huit paroisses.
Castellum de Montpao en Sala comtal (Cartulaire de Chancelade)
Les documents tirés des archives historiques, fournissent des informations précieuses sur la gestion féodale et les droits dans la châtellenie de Montpaon (Montispavonis) et la région de Montignac sous le comte Archambaud III de Périgord aux XIIIe siècle.
Voici quelques extraits des actes qui nous font connaître l'ancien Montagnac.
— 1272 : Archambaut comte de Périgord donne à cens perpetuel à Arnaut-Giraudi de la paroisse del Piso, châtellenie de Montpaon
Archambaut, comte de Périgord, concède à cens perpétuel à Arnaut-Giraudi, de la paroisse del Piso, dans la châtellenie de Montpaon, un droit d’écluse ou de rivière pour un moulin situé sur le ruisseau appelé publiquement La Mycha, entre le domaine de Girardie, dans la paroisse del Piso, et un domaine plus ancien nommé Podium Estremont.
Cette concession est faite en échange d’une redevance annuelle d’une émine de froment.
Fait et donné à Montignac, le 4 avril, veille de Pâques, en l’an du Seigneur 1272.
« unum esclusagium seu riparium unius molendinarii siti in rivo vocato publice La Mycha, inter maynamentum Girardie, parrochie del Piso, et maynamen-tum antiquius vocatum podium Estremont... pro una emina frumenti... Actum et datum apud Montaniac IV aprilis in Vigilia Paschae anno Dni MCG septuagesimo secundo »
(Bibl. Nat. Coll Périg., t. LIII, p. 335 d'après l'orig. aux arch. de Pau, ch. 48, côté Montpaon, n° 30, inv. de Montignac, fol. 540).
Plus au sud, la forteresse du Puy-de-Chalus, dont la première mention écrite connue date de 1273, est l'un des fiefs des comtes de Périgord et marque la limite entre les châtellenies de Montpon et de Gurson.
Castellania de Podio Caslucii, Castrum de Poy- Chaluz. — Puy de Chalus (Montpont)
Aux 13e et 14e siècle, la forteresse située sur le Puy-de-Châlus marquait le siège de la châtellenie, et matérialisait la limite avec celle de Gurson au sud, qui la lui disputait.
Au cours de la guerre de Cent Ans, le lieu se trouva au cœur du conflit, situé sur la vallée de l'Isle entre Bordelais et Périgord.
De plus, la châtellenie et Périgon, appartenant au comté de Périgord, prit plus souvent parti pour la couronne de France, tandis que celle de Gurson, dépendant de la vicomté de Castillon, se battait pour le camp adverse.
Si les zones forestières furent relativement épargnées, l’abbaye de Vauclaire, située sur la rive droite de l’Isle, fut incendiée et les Chartreux furent contraints de se réfugier à Bordeaux, pour ne s'y établir de nouveau qu’en 1461.
En 1281, le comte de Périgord Archambaud III crée une bastide à Montignac mais « nul ne sait si elle fut effectivement bâtie ».
—- 1281 : Concession de libertés par Archambaut, comte de Périgord, aux habitants de Montignac
Archambaut, comte de Périgord, salue tous ceux qui verront la présente lettre. Que tous sachent, collectivement et individuellement, que nous accordons aux habitants de notre ville de Montignac, diocèse de Périgord, les libertés et coutumes suivantes :
Les habitants de ladite ville pourront traverser le pont sur la rivière Isle.
Les ventes et péages seront acquittés selon les bonnes coutumes de Montignac et celles de la châtellenie de Montpaon.
L’eau et les pâturages seront communs, conformément aux bonnes coutumes et usages de Montignac et de la châtellenie de Montpaon.
Fait et donné à Montignac, au mois de février, en l’an du Seigneur 1281.
« Arcambaldus comes Petragoricencis universis praesentes litteras inspecturis salutem in Dno. Noverint universi et singuli quod nos habitatoribus villae nostrae Montaniaci, Petragoricensis Diocesis, concedimus libertate s et consuetudines infrascriptas...
Item habitantes in dicta villa passent per pontem transversanum fluvii Ylie... Vende et pedagia persolvantur secundum bonos usus Montaniaci et secundum bonas consuetudines castellaniae Montispavonis...
Item aqua et pascua sint communia secundum bonos usus et consuetudines Montaniaci et castellanie Montispavonis...
Actum et datum apud Montaniacum mense februarii, anno domini MCCLXXX primo »
(Bibl. Nat. Coll. Doàt, t. CCXLII, p. 417, d'après l'orig. aux arch. de Pau, arm. d'Albret, chap. 18, côté Bergerac, Montignac, et copie Coll. Périg., t. LUI, p. 358);
— 1289 : Accord entre Archambaut, comte de Périgord, et Iterius Vigerii et son épouse Maria.
À tous ceux qui verront la présente lettre, Archambaut, comte de Périgord, salue et atteste la véracité de ce document.
Sachez qu’un différend ou une dispute existait entre nous, Archambaut, comte de Périgord, d’une part, et Iterius Vigerii, damoiseau, fils du défunt chevalier Andronicus Vigerii, et son épouse Maria, d’autre part, concernant leur prétention à un droit sur le péage perçu et levé dans le château et la châtellenie de Montpaon, ainsi que sur le domaine dudit château et de ladite châtellenie.
Finalement, une composition et un accord amiable ont été conclus entre nous, ledit comte, et lesdits époux, comme suit :
Nous, ledit comte, donnons et concédons dix livres de rente annuelle en monnaie courante, tirées du péage que nous percevons et devons percevoir dans ledit château et châtellenie de Montpaon.
Il a été convenu entre nous, ledit comte, et lesdits époux, que ces derniers, sur leurs terres et pour leurs hommes, actuels ou futurs, dans le fief dudit château, hors de l’enceinte et des limites dudit château, de Montignac et de Benavent, exerceront une juridiction pleine et entière, tant en matière haute que basse.
Fait et donné le 11 janvier, en l’an du Seigneur 1289.
« Universis praesentes lit. teras inspecturis Archambaldus comes Petragoricensis salutem et fidem presentibus adhibere.
Noveritis quod cum dissencio seu contrastus esset seu vertebatur inter nos, comitem Petragoricensem praedictum, ex una parte, et Iterium Vigerii donzellum, filium quondam Andronis Vigerii militis defuncti, et Mariam uxorem ejusdem Iterii, ex altéra, super eo quod dicebant prefati con juges se habere ius in pedagio quod percipitur et levatur in castro et castellania-Montispavonis et dominio ejusdem castri et castellaniae... tandem inter nos, praefatum comitem; et dictos conjuges super premissa talis compositio et ordinatio amicabilis intervenit...
Et nos dictus comes... damus et concedimus decem libras renduales curr monete in pedagio nostro quod nos percipimus et levamus et percipere et levare debemus in dicto castro et castellaniade Montepavonis...
Item exstitit ordinatum inter nos dictum comitem et prëdictos conjuges quod predicti conjuges in terra sua et hominibus suis, quos habent vel habituri sunt in futurum, in honorio dicti castri, extra clausuram et decos dicti castri et de Montan hac et de Benavent, habeant merum et mixtum imperium et jurisdictionem omnimodam...
Datum II idus Januarii anno Dni MCC octuagesimo nono »
(BibI. Nat. Coll. Périg., t. LIII, p. 394 d'après l'orig. en parch. scellé aux arch. de la maison Talleyrand). —Voy. autres actes du même comte, concernant la châtellenie de Montpaon, de 1281 et 1282, ibid. p. 355 et 362,
Synthèse : Ces trois documents témoignent de l’administration d’Archambaud dans la châtellenie de Montpaon et à Montignac.
Ils illustrent :
- La gestion des ressources (moulin, eau, pâturages).
- La régulation des taxes et des droits communaux.
- La résolution de conflits féodaux par des accords amiables, consolidant l’autorité comtale tout en déléguant certains pouvoirs locaux.
Charles de Blois (1319-1364), Duc de Bretagne et bienheureux
Charles de Blois (né en 1319 à Blois), arrière-petit-fils de saint Louis, duc de Bretagne contesté (1341-1364) est une figure centrale de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365) et un prétendant au duché de Bretagne, reconnu comme bienheureux par l'Église catholique en 1904.
Guerre de Cent Ans : Charles est un pion dans les rivalités franco-anglaises.
Son interaction avec Lancastre et Pembroke reflète les tensions post-traité de Brétigny (1360), où l'Angleterre consolide sa mainmise sur la Guyenne.
Surnommé "le Saint" pour sa piété austère, son rôle dans l'histoire bretonne et française est marqué par sa rivalité avec Jean de Montfort, dans le contexte de la guerre de Cent Ans.
Origines et mariage : Fils de Guy de Châtillon, comte de Blois, et de Marguerite de Valois (sœur de Philippe VI de France), Charles est un Capétien par sa mère, descendant de saint Louis.
En 1337, il épouse Jeanne de Penthièvre, nièce du duc Jean III de Bretagne, ce qui le positionne comme héritier présomptif du duché à la mort de Jean III (1341), déclenchant la guerre de Succession de Bretagne contre Jean de Montfort, soutenu par l'Angleterre.
Guerre de Succession de Bretagne (1341-1365) :
Charles, soutenu par la France, s'oppose à Montfort, allié d'Édouard III d'Angleterre.
Il remporte des succès initiaux (prise de Nantes, 1341) mais est capturé le 29 janvier 1347 lors de la bataille de La Roche-Derrien (Côtes-d'Armor), où il est fait prisonnier par les forces anglo-bretonnes de Jean de Montfort, allié de l'Angleterre.
Emprisonné à Londres, il y passe neuf ans en captivité (1347-1356).
Cette période d'emprisonnement est soulignée dans le procès comme une épreuve mystique, renforçant sa réputation de piété : il y pratique l'ascèse, la prière constante et la lecture des Évangiles, malgré les tentatives d'endoctrinement anglais.
Libéré en 1356 contre une rançon colossale de 700 000 florins d'or (dont une partie seulement payée à sa mort).
Charles reprend la lutte pour le duché, soutenu par le roi de France Philippe VI.
Montpaon et captivité :
Ce passage s'inscrit dans les années 1356-1364, période où Charles de Blois, après sa libération de captivité à Londres (1347-1356), cherche à reconquérir le duché de Bretagne face à Jean de Montfort et ses alliés anglais.
Charles, soutenu par la France et Bertrand du Guesclin, mène des campagnes pour réaffirmer son autorité en Bretagne et dans les régions limitrophes
La forteresse de Montpaon, située dans le Périgord (une région stratégique sous influence anglaise en Guyenne), devient un point de friction dans ce conflit.
Sa position stratégique sur la Vézère en fait un enjeu pour le contrôle de la région, disputée entre les comtes de Périgord (vassaux français) et les officiers anglais de Guyenne.
À cette époque, bien que formellement libre, Charles reste sous contrainte anglaise en Guyenne (Aquitaine, possession anglaise depuis le XIIe siècle), car la rançon n'est pas intégralement réglée et des accords conditionnent sa liberté à des négociations diplomatiques.
Ces "captivités" secondaires, souvent sous escorte armée, visent à sécuriser les paiements et à l'empêcher de nuire aux intérêts anglais en Bretagne.
La prise de Montpaon par des chevaliers bretons (probablement des fidèles de Charles) s'inscrit dans cette lutte contre les positions anglaises en Aquitaine.
Sa volonté de "tirer vengeance" reflète la violence des conflits féodaux, où la défense héroïque d'une place forte pouvait être perçue comme une provocation.
Cependant, sa retenue, sous l'influence des seigneurs anglais, montre une modération stratégique, conforme à sa réputation de piété et de justice mise en avant dans le procès de canonisation.
Les seigneurs anglais et la modération : Les conseillers anglais (peut-être des officiers de Lancastre ou des barons aquitains) rappellent à Charles les "règles" implicites de la guerre chevaleresque : massacrer des prisonniers déclencherait des représailles, intensifiant la brutalité du conflit.
Ce pragmatisme reflète les codes d'honneur médiévaux, où la capture et la rançon des chevaliers étaient préférées à leur exécution.
Lancastre et Pembroke : Henri de Grosmont, duc de Lancastre, est une figure majeure des campagnes anglaises en France dans les années 1350-1360.
En 1356-1357, il mène des chevauchées dévastatrices en Guyenne et Normandie.
Son "médiocre succès" à Montpaon suggère une victoire tactique sans impact stratégique durable.
Son rappel par Édouard III, remplacé par Jean de Hastings, comte de Pembroke, correspond à des réorganisations militaires anglaises en 1360-1362, après le traité de Brétigny (1360), qui cède la Guyenne à l'Angleterre mais n'apaise pas les tensions locales.
Pembroke reçoit des "forces considérables" pour maintenir le contrôle anglais en Aquitaine, où Montpaon est un point clé.
Comme mentionné dans les citations, Charles est lié à la forteresse de Montpaon (près de Montignac, Dordogne).
Un témoignage du procès de canonisation (1371) indique qu'il y fut capturé par les Anglais (vers 1357-1362) lors d'un trajet Bordeaux-Toulouse pour négocier des affaires liées à sa rançon.
Un autre passage suggère qu'il reprend Montpaon à des chevaliers bretons, mais épargne les défenseurs sur conseil des seigneurs anglais, évitant des représailles françaises.
Ces épisodes montrent son activité militaire dans le Périgord, zone stratégique sous contrôle anglais en Guyenne, et sa clémence, valorisée pour sa canonisation.
Interrogé sur la raison pour laquelle il s’était rendu dans ladite ville de Périgueux, il dit qu’à ce moment-là, et encore à présent, il était prisonnier des Anglais.
Il avait été capturé dans la forteresse de Montpaon et passait par la ville de Périgueux en venant de la cité de Bordeaux et en se rendant à la cité de Toulouse, où il devait régler des affaires liées à sa captivité.
« Interrogatus ob quam causam iverat ad dictam villam Petragoricensem, dicit quod tune erat, et adhuc est prisionarius Anglicorum, et captus fuit infortalicio Montispavonis, et transibat per dictam villam Petragoricensem veniendo de civitate Burdegalensi, et eundo ad civitatem Tholosanam ubi habebat agere racione sue prisionis. »
Time Travel 1346 - La chevauchée de Lancastre, comte de Derby dans la Saintonge, Aunis et Poitou<==
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