Abbaye Notre-Dame de Noyers, 4 Rue de l'Église, 37800 Nouâtre

L’abbaye bénédictine Beata Maria de Nuchariis (Sainte-Marie-de-Noyers) fut fondée en 1030 par Hubert seigneur de Noyant-de-Touraine, avec l’accord de Malran, seigneur de Nouâtre, du comte d’Anjou Foulques Nerra, suzerain de Malran, et du roi de France Robert II le Pieux.

Noyers relevait du château et de bailliage de Chinon, tant en fief que ressort et justice.

Les religieux devaient à la couronne, en raison de cette dépendance féodale, une maille d'or à chaque mutation de roi. Quant à la justice, les causes réglées en première instance par le sénéchal et le prévôt allaient par appel devant le bailli de Chinon.

Au cours du 12ème siècle, l’abbaye fut fortifiée et devint très importante. Richard Cœur de Lion (1157-1199), comte d’Anjou et roi d’Angleterre, confirma la liberté de l’abbaye et demanda à son sénéchal de la prendre sous sa protection. L’abbaye, qui constituait un fief relevant de la seigneurie de Sainte-Maure avait droit de haute justice (c’est-à-dire pouvait prononcer des peines capitales).

L'abbaye de Noyers (Nouâtre) était en société de prières avec les congrégations suivantes : Saint-Florent de Saumur, Saint-Ouen de Rouen, Saint-Nicolas d'Angers, Marmoutier, la Trinité de Vendôme, le Mont-Saint-Michel, Bois-Aubry, les chanoines de Saint-Mexme de Chinon, et la congrégation de la Trinité de Caen.

Dans chacune de ces pieuses maisons on offrait des prières solennelles pour le repos de l'âme des défunts religieux de Noyers ; et Noyers, à son tour, payait le même tribut de piété à ses associés.

Nous savons que l'ancienne voie romaine allant d'Amboise et de Bléré à Loches franchissait l'Indre à Bray, à cause des marécages qui séparaient autrefois Loches de Beaulieu.

 Sur ce passage très fréquenté, un pont était construit en l'année 1160, date approximative de notre charte.

 C'est la plus ancienne mention que nous connaissions du pont de Reignac il avait sans doute été construit en même temps que le pont de Bléré, oeuvre du milieu du XIIe siècle, mentionné dans une charte de 1168. Il n'est point téméraire d'attribuer ces travaux à Henri Plantagenet.

1031 Robertus Rex monasterii Nuchariensis fundationem confirmat.

(Anno 1031. D. Bouquet;— 1030, Mabillon et Hauréau.)

In nomine sanctae et individuae Trinitatis, ego Robertus, gratia Dei Francorum Rex. Cum in exhibitione temporalium rerum, quas humana religio divino cultui famulaudo locis Sanctorum et congregationibus fidelium ex devotione animi largitur, tam praesentis quam perpétuae vitae, ut jam multis expertum est indiciis, solatium acquiratur ; omnibus in commune tam religiosae erogationi est studendum et vehementius incumbendum.

Nostram etiam Amplitudinem decet talibus condescendere, et eorum petitionibus gratuitum assensum praebere.

Noverit ergo praesentium sanctae matris Ecclesiae fidelium notifia, et futurorum posteritas, quod quidam religiosus homo, Hubertus nomine, in quadam ecclesia in honore S. Trinitatis, et in memoria sanctae Dei Genitricis Mariae sacrata, volens monachos sub régula S. Benedicti aggregare pro salute animae suae et parentum suorum, praedictam ecclesiam a Malranno quodam impetravit per assensum et voluntatem Fulconis, comitis (1) et Godfredi, filii ejus, de quorum benefîcio erat.

 Est autem praedicta abbalia super fluvium Vigennae sita in vico qui Nucharius (2) dicitur. Huic etiam abbatiae dédit praedia sua idem cum Thoma clerico, ejus videlicet filio ; id est, alodum Carriciacum (3), cum servis et ancillis, cum pratis et vineis, et omnia quae ad ipsum pertinent alodum ; alodum quoque Delciacum (4), cum pralis et vineis et terris cullis et incultis ; necnon alodum Cavaniae (5) super fluvium Donusium situm, cum pratis et culturis, praedictus Thomas ejus filius in usus pauperum, qui quotidie secundum Domini mandatum ritu monastico ad lavandos pedes recipiuntur, deputavit.

Et ut regali authoritate praediclus Hubertus tam donationem Malranni quam etiam assensum et voluntatem Fulconis et Gozfredi firmando stabiliret, el stabiliendo firmaret, adiit Celsitudinem nostrae Serenitatis, subnixe orans hanc conventionem et donationem manu mea firmari, et sigillo meo insigniri : quod, ut apparet, ita et feci ; hoc quoque statuens nostra authoritate regia atque praecipiens, quod si quis forte, quod absit, claustra monasterii vel cimiterium infregerit aut violaverit, imo etiam de alodo, in quo basiliea sila est, vi quidquam rapuerit vel abstulerit, auri centum libras in aerario monachorum persolvat: si autem tanti pretium non habuerit, semetipsum monachis tradat, et insuper cum juramento et quidquid habere poterit : qui quandiu hoc distulerit facere, perpétua feriatur anathemate.

Actum publiée Aurelianis, Verbi incarnati anno MXXX (6), régnante Rege Roberto XLIII (7).

Ego Balduinus cancellarius relegendo subscripsi.

En 1198, l'Église de Noyers organisa une élection libre pour promouvoir les abbés. — Le roi Richard d’Angleterre confirme cette liberté.

Aux abbés et aux moines de l'église de Noyers, par la succession de tous les futurs frères, du temps de l'abbé d'Oddo, qui servait Dieu dans le même monastère, le salut qui est en Jésus-Christ.

Nous voulons que vous sachiez et souteniez fermement que l'église de Noyers, dans laquelle l'obéissance vous est divinement confiée, a eu dès le début de sa fondation une élection libre pour promouvoir les abbés sans aucune contradiction totale des personnes ecclésiastiques ou laïques, et elle a On n'a jamais entendu dire qu'un prince terrestre ou une personne ecclésiastique était intervenu de quelque manière que ce soit dans l'élection des partis de Noyers, ou avait tenté de faire valoir un droit ou une exaction pour lui-même par le pouvoir.

L'Église elle-même a obtenu cette liberté sous nos anciens prédécesseurs, c'est-à-dire sous ses abbés André, Étienne, Gaudin, Bernerius, Gilles et Henri.

Oddo aussi, lorsqu'après Henri il eut été élu abbé avec la même liberté avec laquelle nous avions été élus, Robert de Torenaham, homme d'une honnêteté et d'une prudence réputées, alors sénéchal d'Anjou, ayant entendu parler du élection, s'enquit plus attentivement et continua à s'enquérir plus profondément de l'église de Noyers et de son observance ; et du bon souvenir de Barthélemy, archevêque de Tours, et d'autres hommes authentiques, sages et avancés en âge, il avait appris plus pleinement toute la liberté dudit lieu, en incitant le grand notaire Richard, roi d’Angleterre, duc de Normandie et d'Aquitaine, et comte d’Anjou, l'ordre des choses, tant sur l'élection des personnes que sur la liberté du lieu, tel qu'il l'avait reçu, il le signifia par lettres.

Ce que le roi reçut avec reconnaissance et grâce, approuva l'élection, confirma la liberté par sa lettre, ordonnant audit sénéchal d'aimer l'élu et de garder l'abbaye sous sa protection.

 Ce sont ces choses que nous vous avons fait connaître, afin que vous connaissiez sincèrement la liberté de vos Églises, que vous les affirmiez constamment et que vous les défendiez vaillamment, s'il le faut.

An 1198 Ecclesia Nuchariensis liberam haiet eleclionem in promovendis abbatibus. — Rex Anglorum Richardus hanc libertatem confirmat.

Abbatibus et monachis in ecclesia Nuchariensi per successionem futuris universitas fratrum, tempore Oddonis abbatis, in eodem monasterio Deo servientium, salutem quae est in Christo Jesu.

Scire vos volumus firmiterque tenere quod ecclesia Nuchariensis , in qua divino mancipati eslis obsequio, a primordio suae fundationis liberam habet electionem in promovendis abbatibus sine omni prorsus contradictione ecclesiasticae saecularisve personae, nec auditum est unquam quod princeps terrenus seu ecclesiastica persona in electione Nuchariensi suas ullatenus interponeret partes, aliquidve juris vel exactionis vindicare sibi per potentiam attentasset.

Hanc libertatem obtinuit ipsa ecclesia sub antiquis praedecessoribus nostris, abbatibus videlicet suis, Andréa, Stephano, Gaudino, Bernerio, Egidio atque Henrico.

Oddo quoque cum post Henricum eadem libertate qua caeteri a nobis in abbatem fuisset electus, Robertus de Torenaham, vir nominatae probitatis et prudentiae, tunc temporis senescallus Andegavensis, audita electione, inquisivit attentius, perserutatus est altius de ecclesia Nuchariensi et couditione illius; eamque a bonae memoriae Bartholomaeo Turonensi archiepiscopo aliisque authenticis viris prudentibus provectaeque aetatis praefati loci omnimodam libertatem plenius didicisset, accito notario magnifico, régi Anglorum Richardo, Normannorum et Aquitanorum duci, atque Andegavorum comiti, rei gestae ordinem, tam de electione personas quam de libertate loci, prout acceperat, per litteras significavit.

Quod rex gratanter ac benigne suscipiens, electionem approbavit, libertatem confirmavit litteris suis, praefato senescallo praecipiens ut et electum diligeret et abbatiam tuta sub protectione custodiret.

 Haee ideirco vobis duximus innotescenda, ut ecclesias vestrae libertatem veraciter sciatis, constanter allegetis, viriliter, si opus fuerit, defendatis.

D. HOUSSEAU, t. XII, n° 7153. Ex martyrologio necrologio Nuchariensi.

Cartulaire original de Noyers, folio 212.

Inter schedas MABILLONII ex archivo hujus monasterii.

D. BOUQUET. Rerum Gallie. scriptores. t. X. p. 624.

B. HAUHÉAU, Gallia christiana. t. XIV. Instrumenta, col. 67, e schedis residuis S. Germani Pratensis.

Cette pièce ne figure pas dans la collection des diplômes du roi Robert, publiée par M. l'abbé Migne. 1. CXLI de la Patrologie latine.

(1) Fulco III, dictus Nerra, Andegavensis comes. Ejus filius Godfredus II, eognomento Martellus, ei successif anno 1040.

(2) Alias, Nucarias, pagi Turonici oppidum ad Vigennam fluvium, sive, ut veteres chartae habent, juxta grouinum seu rostrum duarum aquarum ubi ipsa Vigenna Crosam fluvium recipit (D. BOUQUET). — MABILLON, Annal. Benedici., t. IV, p. 362.

(3) Charsay (D. BOUQUET). Var., Cavriciacum (HAUREAU).

(4) Doulcé (D. BOUQUET).

(5) Chavaigne (D. BOUQUET).