Installation dans l’hôtel de Baillac (1), par l’intendant Bégon, du bureau des finances, établi en vertu de l’édit de Louis XIV, du mois d’avril 1694, qui créait à la Rochelle une nouvelle généralité, comprenant cinq élections : la Rochelle, Saintes, Marennes, Cognac et St-Jean-d’Angély (2), détachées des généralités de Poitiers, de Bordeaux et de Limoges, et formant un total de sept cent trente paroisses avec 360,000 âmes environ de population

  Ce bureau des finances se composait primitivement de six trésoriers-de France, dont le premier était président, d’un procureur du Roi, d’un avocat du Roi, de deux greffiers, d’un receveur, de deux contrôleurs généraux des domaines et bois, et de quelques fonctionnaires inférieurs.

 Il connaissait de toutes les affaires relatives aux finances et domaines du Roi et avait l’inspection de ce qui concernait les ponts-et-chaussées et la grande et petite voirie.

 Le nombre des présidents trésoriers généraux de France, grands voyers, Maires perpétuels de la Rochelle, comme ils s’intitulaient, fut successivement porté à dix. (Rapp. de M. Bégon. — Maudet. — Ms. intitulé : Abrégé de l’hist. milit. — Masse. — Armorial de la Rochelle, &.)

Par le même édit qui créait à la Rochelle un bureau des finances, Louis XIV avait rétabli une Mairie et un corps de ville, qui n’existaient plus depuis 1628 ; non pas, on le pense bien, la mairie élective et démocratique du temps des Jacques Henry et des Guiton, mais un office de Maire, coté à une somme énorme, et imposé aux trésoriers de France, qui devaient l’exercer tour à tour , et qui, pendant un an, se refusèrent à en payer le prix exorbitant : triste expédient financier inventé par le gouvernement royal , pour subvenir aux dépenses de guerres ruineuses.

  Encore moins était-il facile de reconnaître l’ancien corps de ville (F. 27 mars), qui avait porté si haut la prospérité et la grandeur de la Rochelle, dans les quatre échevins, le procureur du Roi, les douze assesseurs et les douze notables, qui devaient assister le Maire dans l’administration de la commune et de la police de la ville.

 M. Gabriel Froment, doyen des trésoriers, premier Maire de la nouvelle création, fut installé dans ses fonctions le 3 mai 1695, par l’intendant Begon, en présence des membres du conseil municipal.

 Toutes les cloches de la ville sonnèrent aussitôt, à grandes volées ; un Te Deum fut chanté en action des grâces, et le maréchal d’Estrée, commandant de la province et accompagné de la noblesse du pays et des officiers de la garnison, fit ensuite reconnaître le nouveau Maire comme colonel des milices bourgeoises, qui étaient rangées en bataille sur la place du Château.

  Le soir, M. Froment, entouré de tous les membres du corps de ville, et précédé de trompettes, de tambours et de nombreuses torches, se rendit sur la place pour allumer le feu de joie, ce complément obligé des fêtes rochelaises. (Maudet. — Jaillot.)

 
EDIT DU ROY PORTANT CRÉATION D'UN BUREAU DES FINANCES ET GENERALITÉ A LA ROCHELLE, ET D'UN CORPS DE VILLE ET COMMUNAUTÉ DANS LADITE VILLE. Donné à Versailles au mois d'avril 1694.

REGISTRÉ EN PARLEMENT (3)

LOUIS par la grace de Dieu Roy de France et de Navare, à tous presens et à venir, SALUT.

  Nous axons esté informez qu'il est tres-important au bien de nostre service et pour la
 commodité de nos sujets, d'établir une Generalité et Bureau de nos Finances dans nostre Ville de la Rochelle et de la composer des Elections de la Rochelle, de Saint Jean d'Angely, Cognac, et Xaintes, compris l'election particulière de Marenne dépendante à present des Generalitez de Poitiers, Limoges, et Bordeaux, dont il est à propos de les distraire et Desunir à cause de leur éloignement, qui cause de grands retardemens à l’execution de nos ordres, et des frais considérables pour le transport de nos deniers ; desunir à cause de leur éloignement, qui cause de grands retardemens à l'execution de nos ordres, et des frais considerables pour le transport de nos deniers; que mesine si nous y rétablissons un Corps de Communauté et Hostel de Ville, au lieu de celuy supprimé par l’Edit du mois de Novembre 1628, cela contribuëroit beaucoup à la rendre plus florissante, et engageroit nos Sujets de ladite Ville, de la fidelité (lesquels nous avons tout lieu d'estre satisfaits, à nous donner de plus en plus des preuves de leur attachement à nostre service.

A CES CAUSES, et autres à ce nous mouvans, de nostre certaine science, pleine puissance et autorité Royale, Nous avons par nostre present Edit perpetuel et irrevocable, créé, érigé et établi, créons, érigeons et établissons une generalité et Bureau des Finances, et Chambre de nos Domaines, qui aura sa seance en nostre Ville de la Rochelle, et pour étendue de son ressort et jurisdiction, sçavoir l'Election de la Rochelle, L’Election dépend à present de la Generalité de Poitiers, l'Election de Saint Jean d'Angely, qui dépend de la Generalité de Limoges, et les Elections de Cognac et Xaintes, compris l'Election particuliere de Marenne, dépendantes de la Generalité de Bordeaux, lesquelles Elections nous avons à cet effet distraites et desunies desdites Generalitez, et icelles jointes, unies et incorporées ensemble, pour composer ladite Generalité de la Rochelle, pour, par nostre Bureau et Chambre de nostre Domaine, et Finances, veiller dans l'étendue et ressort de ladite Generalité à la conservation de nos domaines et droits d'iceluv et de toutes nos autres Finances ordinaires et extraordinaires, en avoir l'administration et direction, ensemble de nos Ponts, Chaussées, grands chemins, et autres ouvrages publics, connoistre et decider de toutes matieres de nos Domaines et droits, grande et petite Voirie, et generalement de tout ce qui par les Ordonnances et Reglemens appartient à nos Bureaux, et Chambres de nos Domaines et Finances; et Nous avons composé ledit Bureau et Chambre, sçavoir d'un nostre Conseiller President, six nos Conseillers Tresorier de France Generaux de nos Finances, et Grands Voyers, dont l'un sera Garde-scel, un nostre Avocat, un nostre Procureur, deux Greffiers, un nostre Conseiller Receveur Payeur des gages desdits Officiers, un nostre Conseiller Receveur Payeur de leurs épices et droits, qui sera aussi Receveur des amendes, un premier Huissier Garde-meubles, quatre Huissiers, et six Procureurs Postulans; auxquels Nous avons joint, uni et incorporé l'Office de Tiers-Reférendaire.

Tous lesquels Offices nous avons créé et érigé, créons et érigeons en titres d'offices formez, sçavoir nosdits President, Tresorers Generaux, nostre Avocat, et Procureur, avec faculté de resigner en survivant quarante jours à leurs Resignataires, et nous pavant nos droits de resignations ordinaires sur le pied de leurs évaluations, et les autres hereditairement aux mesmes honneurs, autoritez, pouvoirs, prerogatives, rangs, seances, privileges, franchises, libertez, exemptions, fonctions, droits, profits et émolumens, tels et semblables qu'en jouissent ceux de nos autres Bureaux et Chambres de nos Domaines et Finances; et en outre Nous leur avons attribué et attribuons les gages Cy-aprés, Sçavoir à nostre President quatre mil livres, à chacun de nos six Tresoriers, Grands Voyers, et à nostre Procureur, chacun deux mil six cens livres et à nostre Avocat seize cens livres, aux deux Greffiers chacun huit cens livres, au Receveur Payeur huit cens livres, au Receveur Payeur des Epices et Amendes deux cens livres, au premier Huissier six cens livres, et aux quatre Huissiers deux cens livres chacun.

Desquels gages le fonds sera fait pour deux quartiers dans l'Etat de nos Finances de ladite Generalité, que nous ferons arrester en nostre Conseil.

Et nous avons pareillement créé et érigé, créons et érigeons en titre d'Offices formez, sçavoir deux nos Conseillers Receveurs Generaux de nos Finances dans ladite Generalité, ancien et alternatif; ausquets Nous avons uni et unissons un pareil Office triennal, pour avoir le maniement des deniers de nos Finances de ladite Generalité, chacun en l'année de leur exercice, et en faire le payement, suivant nos Etats de distribution, qui seront arrestez en nostre Conseil, aux gages de quatre mil cinq cens livres chacun pour deux quartiers de neuf mil livres par an, que nous avons aussi attribué et attribuons à chacun Office et demy, dont le fonds sera fait dans nos Etats des Finances, et payé ausdits Officiers dans les termes accoutumez; un nostre Conseiller Receveur General hereditaire de nos Domaines et Bois, pour avoir le maniement des deniers de nos Bois, et des charges assignées sur nos Domaines et Amendes, et en faire le payement suivant les Etats de distribution qui seront arrestez en nostre Conseil, mesme des deniers de nos droits Seigneuriaux et casuels, aux gages de mil livres, pour deux quartiers de deux mil livres par chacun an, six deniers pour livre de Taxations des deniers de nos Bois, douze deniers pour livre de nos droits Seigneuriaux et casuels, et cent cinquante livres pour son chauffage.

Desquels gages, six deniers de taxation, et chauffage, le fonds sera fait dans les Etats de nos Domaines et Bois; et deux nos Conseillers Controlleurs Generaux aussi hereditaires de nos Finances, Domaines et Bois, aux gages chacun de cinq cens livres pour deux quartiers de mil livres par an, et de douze deniers pour livre de nos droits Seigneuriaux et casuels, desquels gages le fonds sera fait dans nos Etats des Finances de ladite Generalité de la Rochelle.

 Ausquels nos Receveurs et Controlleurs Generaux des Finances, Domaines et Bois, Nous avons attribué et attribuons les mesmes fonctions, profits, remises, ports et voitures de nos deniers, droits, honneurs, prerogatives, pouvoirs, autoritez, preéminences, privileges, franchises, libertez, exemptions, entrée dans nostre Bureau et Chambre du Domaine, et autres generalernent quelconques, qui sont attribuez, et dont jouissent nos autres Receveurs et Controlleurs Generaux de nos Finances, Domaines et Bois des Generalitez de nostre Royaume, sans aucune difference; et sera par Nous pourvu à l'indemnité des Receveurs Generaux de nos Finances, Domaines et Bois desdites Generalitez de Poitiers, Limoges et. Bordeaux, ainsi qu'il appartiendra.

Et pour donner à nostredite Ville de la Rochelle une forme de gouvernement politique, et exciter les Habitans d'icelle par nos bienfaits à continuer leur commerce et leur attachement à nostre service, Nous avons du mesme pouvoir et autorité que dessus, en dérogeant aux articles 13. et 14. De la Declaratjon du mois de Novembre 1628 ordonné et ordonnons qu'à l'avenir il y aura un Corps de Communauté et Hostel dans nostredite Ville de la Rochelle, qui sera composé, comme nous le composons, sçavoir d'un nostre Conseiller Maire créé par nostre Edit du mois d'Aoust 1692. de quatre Echevins Electifs, qui jouiront de l'exemption de nos Tailles, Ustencils, ot autres Impositions, et du logement de gens de guerre pendant leur exercice seulement, de nostre Procureur, et du Greffier-Secrétaire, créez par autre nostre Edit du mois de Juillet 1690 et d'un Conseil de Ville.

Lesdits Maire, quatre Echevins en charge, nostre Procureur et le Greffier-Secrétaire auront la direction des affaires de la Communauté, exécuteront ou feront exécuter les déliberations qui auront esté arrestées dans les assemblées particulieres du Conseil de Ville, et dans les assemblées générales des habitans, et feront les logemens des Gens de guerre, avec le Commissaire aux Revûs créé par nostré Edjt du mois d'Aoust 1692.

 Le Conseil sera composé, outre lesdits Maire et Echevins en charge, nostre Procureur, et Greffier, des anciens Echevins, du Commissaire aux Revûes, de douze Conseillers Assesseurs créez par nostre Edit du mois d'Aoust 1692 et de douze des principaux Habitans.

Les Maire, quatre Echevins en charge, et douze Assesseurs, avec nostre Procureur, et le Greffier-Secretaire, connoistront de la police de ladite Ville, et en exerceront la Justice.
Unissons, joignons et incorporons ledit Office de Maire, fonctions et gages y attribuez, au corps de nos Presidens et Tresoriers Generaux de France, pour estre exercé annuellement par un d'entr'eux, à commencer par le plus ancien en reception, et continuer d'année en année à tour et par ordre de tableau, sans qu'à l'avenir, sous quelque prétexte que ce puisse estre, la fonction du Maire puisse estre desunie ny separée des Offices de nos Presidens et Tresoriers de France audit Bureau.

L'élection des quatre Echevins sera incessamment faite en l'Assemblée generale des Habitans, et ils les choisiront, sçavoir un dans le nombre des Officiers de nostre Présidial, un autre dans le nombre des Officiers de nos autres Justices, et ceux dans le nombre de nos Bourgeois et Marchands, et l'année suivante à pareil jour que sera faite cette premiere élection,
sera fait l'élection de deux autres Echevins, pour remplit les deux qui sortiront au choix des Habitans, lesquels deux Échevins entrans seront pris, l'un dans les douze Assesseurs, et l'autre dans le nombre des douze notables du Conseil de Ville; et Sera ainsi continué ladite élection d'année en année, en sorte toutesfois que quand les Assesseurs auront rempli leurs tours de l'Echevinat, les deux Echevins qui seront élûs seront pris, l'un dans les Officiers, et l'autre dans les Bourgeois, et douze notables du Conseil de nostredite Ville.

 Il sera pareillement procédé  à l'élection des douze notables qui composeront le Conseil, lesquels seront pris, sçavoir trois dans le nombre de nos Officiers du Présidial, trois dans le nombre des Officiers de ladite Ville, et six dans le nombre des Marchands et Bourgeois d'icelle, et ceux qui en seront tirez pour l'Echevinat, seront remplacez annuellement de personnes de pareille qualité.

Pourront à l'avenir lesdits Maire, Echevins, Conseil et Habitans, élire entr'eux les deux Administrateurs, et le Receveur de l'Hospital, dont l'élection nous estoit réservée par le sixième article de la Declaration du mois de Novembre 1628, laquelle nous leur avons remise par grace speciale, dérogeant expressement à cet effet audit Edit pour tout ce qui pourroit estre contraire à ce que dessus.

Voulons et nous plaist qu'il soit incessamment pourveu à tous lesdits Offices de personnes capables, ausquelles toutes Lettres de provisions seront expediées en nostre grande Chancellerie sur les Quittances du Tresorier de nos Revenus Casuels, de la finance à laquelle chacun d'iceux aura esté taxé en nostre Conseil.

 Voulons pareillement que les pourveus desdits Offices de Presidens, Tresoriers Generaux de France, Avocats, et Procureurs pour Nous, créez par le present Edit, jouissent de la dispense des quarante jours pendant les sept années prochaines, en payant le Droit Annuel sur le pied des évaluations qui seront arrestées en nostre Conseil, sans qu'ils puissent estre tenus, pour y estre admis, de nous payer pour ce aucune confiance, dont nous les avons pour toujours déchargez et déchargeons; comme aussi du payement de l'Annuel pour le reste de la presente année et la suivante, sans que leur deceds arrivant, leurs Offices puissent estre declarez viens ny impetrez.

 Voulons que pour cette premiere fois seulement, et sans tirer à consequence, ceux qui seront pourveus desdits Offices ne payent que le quart des droits qu'ils devroient payer pour le Marc d'or, Sceau, et autres frais des Lettres de provisions qui leur seront expédiées.

 Si DONNONS EN MANDEMENT à nos amez et féaux Conseillers les Gens tenans nostre Cour de Parlement, Chambre (les Comptes, et Cour des Aydes à Paris, que nostre present Edit ils ayent à faire lire, publier et registrer, et le contenu en iceluy garder et executer selon sa forme, nonobstant tous Edits, Declarations, et autres choses à ce contraires, ausquels Nous avons dérogé et dérogeons par ledit present Edit : CAR tel est nostre plaisir.

 Et afin que ce soit chose ferme et stable à toûjours, Nous y avons fait mettre nostre scel.

 Donné à Versailles au mois d'Avril l'an de grace mil six cens quatre-vingt-quatorze, et de nostre Régne le cirquante-unieme.

Signé, LOUIS: Visa, BOUCHERAT.

Et plus bas, Par le Roy :

PHELYPEAUX. Et scellé du grand

Sceau de cire verte.
Registrees, oy, et ce requeran le Procureur General du Roy, pour estre executées selon leur forme et teneur, suivant l'Arrest de ce jour.

A Paris en Parlement le 28 Avril 1694.

Signé, DONGOIS.

Port de  la Rochelle vu de la petite Rive

Gravé d’après le Tableau Original appartenant ay Roy, et faisant partie de la collection des Ports de France, ordonnée par Mr. Le Marquis de Marigny Conseiller du Roy en ses Conseils, Comandeur de ses Ordres, Directeur et Ordonateur Général de ses Bâtimens, Jardins, Arts, Academies, et Manufactures Royales.

Peint par J.Vernet de l’Academie Royale de Peinture et Sculpture.

MICHEL BÉGON INTENDANT DE LA ROCHELLE

« Michel Bégon, intendant de la généralité de la Rochelle et de la marine au port de Rochefort, né à Blois le 26 Décembre 1638 (4), d'une famille noble, et des mieux alliée du Royaume a esté un des plus grands amateurs des scavans et de la belle curiosité qui ait paru pendant le règne de Louis XIV.

Dès sa plus tendre jeunesse, il fit son plaisir de l'étude, tout ce qui avoit rapport aux sciences faisoit ses plus chères délices dans les emplois importants où il a servi le Roy ce qu'il a toujours fait au gré de Sa Majesté, de ses ministres, et des peuples jusques à sa mort.

En 1688, il fut fait intendant de Rochefort et des fortifications des places d'Aunis et de Saintonge.

Ce fut là que se trouvant plus tranquille qu'il n'avoit été dans les intendances de la Martinique et de Saint-Domingue et successivement de Marseille qu'il avoit occupée, il fit venir de Blois la Bibliothèque de feu son père; elle étoit déjà considérable et il l'augmenta des meilleurs autheurs de chaque science et particulièrement pour l'histoire et les belles-lettres.

Sa principale veue étoit de la rendre utile aux scavants.

C'est pourquoi il y joignit un Cabinet ou les doctes et les curieux trouvoient amplement de quoi s'exercer, étant rempli de monuments de la plus grande antiquité, des suites de médailles bien choisies, des Inscriptions, des divinités en bronze et en marbre et des Instruments de sacrifices; des productions de la nature rassemblées des 4 parties du monde, des plantes les plus rares desseichées, des recueils magnifiques d'animaux et de plantes particuliers peints d'après Hature; des mémoires anciens et modernes de différents pays, un amas immense de portraits peints et gravés des grands hommes et une grande quantité d'estampes des meilleurs maitres dont celles que le Roy a fait graver faisoient partie, Sa Majesté l'ayant gratifié de ce qui lui manquoit en ce genre et de plusieurs livres de l'Imprimerie Royale.

C'est dans ce séjour des Muses qu'il employoit aussi utilement qu'agréablement ses moments libres et qu'il entretenait les gens de lettres avec le mesme feu et la mesme facilité que s'il n'avoit pas eu d'autre occupation.

C'est là que peu satisfait d'honorer les scavants et les personnes de son temps, il conçut le noble dessein de célébrer par un monument la mémoire des françois qui s'étoient rendus illustres et avoient fini leur carrière pendant le XVIIe siècle.

 Il fit graver 100 des portraits de ces hommes mémorables et rassembla la plus grande et la meilleure partie des mémoires qui ont servi à faire leur éloge que Mr Perrault a donné au public en 1700.

« Ce fut aussi lorsqu'il étoit intendant de Marseille qu'il engagea le père Plumier, minime, et Mr Surian, scavants botanistes à aller exercer leurs talents dans nos isles de l'Amérique où ils ont fait de belles découvertes. Le P. Plumier a fait part au public d'une partie des siennes dans ses ouvrages sur les Plantes qui ont été imprimés au Louvre et ce Religieux a donné des marques de sa reconnaissance à Mr Bégon par son portrait gravé par Lubin que je joins icy, et par l'épître dédicatoire d'un livre in folio qu'il a fait imprimer à Lyon sur l'art de tourner.

« Mr Bégon étoit persuadé que les sciences et les beaux-arts font le principal lustre d'un état, et le plus durable. C'est pourquoi il montroit tout l'empressement possible pour leur perfection, et, s'il avoit été en place convenable, les scavants n'auroient jamais eu un meilleur patron; il les aydoit de tout son pouvoir, leur communiquoit ce qui convenoit ou manquoit à leurs projets, car il avoit des mémoires sur toutes sortes de matières.

«  En 1694 on unit l'intendance de la Rochelle composée de 5 élections à celle de Rochefort que Mr Bégon a régie jusqu'à sa mort.

« Son temps étoit si bien distribué qu'il trouvoit au milieu de ses occupations pour le service de l'état des moments de loisir pour s'entretenir tous les jours avec les scavants et tous les honnêtes gens dans sa celèbre Bibliothèque. Il avoit toutes les qualités qui servent à gagner les cœurs, un zèle infini pour la gloire du Roy, et pour le bien public, il s'étoit attiré l'estime et la confiance, un génie aisé, un esprit droit, une fermeté d'âme inébranlable, une mémoire fidèle qui ne luy laissoit échapper aucune circonstance essentielle, de la grâce à parler, et, à une éloquence naturelle, il joignoit une force de raisonnement qui le rendoit maitre des décisions.

« Il étoit en commerce de littérature avec les R. P. Hardouin, Chamillard et Gouye, jésuites, Mr Toynard, Mr Dron, chanoine de Saint-Thomas du Louvre, Mr l'abbé Nicaise et Schreuder, allemand, Mr Rigor, de Marseille, tous antiquaires.

« Il étoit aussi en relation avec Mr de Chevreau, de Loudun, Mr de Graverol, et Mr Gaultier, de Nismes, le Père Ange de la Brosse, carme, et le Père Bonjour, augustin de Toulouse, Mr Félibien, Perrault, Villermont, etc.

« Outre Lubin, élève du fameux Edelinck qui a gravé son portrait en 1690, il l'a esté une seconde fois par Duflos en 1708.

On trouvera ci-joint cette dernière estampe d'après Rigault.

« Attaqué de coliques nefrétiques et par la pierre, il est mort en héros chrétien dans les douleurs les plus aiguës le 14 mars 1710 et enterré dans l'église des Capucins de Rochefort (5).

 « Lors de son décès les Médailles, les livres, les Tableaux, et le reste du Cabinet ont été vendus avec ses meubles par Mr son fils ainé, intendant alors du Canada.

« Mr l'évêque de Toul, son second fils, a gardé, lors des partages, les manuscrits, les estampes et les Pierres gravées, et les a cédés le 3o juillet 1747 à Mr Bégon, son neveu, conseiller honoraire au Parlement de Metz, et intendant de la marine, actuellement en résidence à Paris, qui, sur la demande qui luy a esté faite de communiquer à la Bibliothèque du Roy les renseignements qu'il pouvoit avoir sur Mr Bégon, en qualité d'homme de lettres, les a rassemblés bien volontiers en ce mémoire qu'il a remis aujourd'hui, 29 novembre 1765. »

Cette Notice biographique, écrite par un parent de Michel Bégon, nous dispense d'en donner une nouvelle qui ne pourrait la remplacer utilement.

Plaque en hommage à Michel Bégon et à sa fille Catherine, Marquise de la Galissonnière  dans l’église Saint-Louis de Rochefort, rue Audry de Puyravault.

 ICI REPOSENT
                                                                 
MICHEL BEGON
INTENDANT DE LA MARINE À ROCHEFORT
NÉ EN 1638, DÉCÉDÉ EN 1710
NASCENTEM HANG URBEN LIGNEAM INVENIT
LAPIDEAM RELIQUIT
                                                     
CATHERINE BEGON
MARQUISE DE LA GALLISSONNIÈRE
FILLE DE MICHEL BEGON
ET MÈRE DE L'AMIRAL DE LA GALLISSONNIÈRE
VAINQUEUR DES ANGLAIS À MAHON
DIGNE PAR SES VERTUS
D'UN TEL PÈRE ET D'UN TEL FILS

LEUR TOMBEAU FUT INDIGNEMENT VIOLÉ EN 1793
LEURS RESTES ONT ÉTÉ RECUEILLIS ET INHUMÉS
AVEC HONNEUR DANS CETTE CHAPELLE
PAR LES SOINS DU CONSEIL MUNICIPAL
DE ROCHEFORT EN 1839

Michel Bégon, intendant de La Rochelle : correspondance et documents inédits recueillis, publiés et annotés par Georges Duplessis ; avec un portrait gravé à l'eau-forte par P. Sellier

1628, 18 février. Lettre de Jean Besly à André Du Chesne, « géographe du roy, » sur l'histoire de La Rochelle.<==

1628 Du château de Laleu, Lettres du Roi Louis XIII à la Reine Marie de Médicis sa mère.  <==

Siège de La Rochelle, les fortifications du Maire Jean Guiton seront razez rez-pied, rez de terre sur ordre de Richelieu !<==

==> Les flibustiers de l'île de la Tortue (Saint-Domingue) - Bégon à Rochefort 1694

==> Le ministre Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas à ROCHEFORT en 1727.

(1) En 1732, le bureau des finances fut transféré dans l’hôtel de Cheusses, loué par les trésoriers à dame Madeleine de Rambouillet de la Sablière. C’est l’hôtel qui appartient aujourd’hui à M. Potel, dans la rue Fleuriau. (Bail.)

(2) M. E. de Fréville, dans un travail publié par l’annuaire historique de 1840, dit que la généralité de la Rochelle se composait de six élections, et ajoute à celles ci-dessus l’élection de Barbezieux. Cette dernière aurait alors été annexée depuis, car le rapport de l’intendant Bégon, dans lequel j’ai puisé ces renseignements, parle de cinq élections seulement.

(3) A Paris, chez Estienne Michallet, premier Imprimeur du Roy, rue S Jacques, à l’Image S. Paul M. DC. XCIV. Pièce in-4°, 8 pages- la date de l’enregistrement est 28 avril 1694.

(4). Nous empruntons à l'intéressante notice que M. de la Morinerie a consacrée à Michel Bégon (Paris, juin 1855) l'acte de baptême de cet amateur, conservé à Blois dans les registres de la paroisse Saint-Honoré : « Le vingt septième jour dudit mois de décembre 1638 a été baptisé Michel, fils de Michel Bégon, receveur des Tailles en l'élection de Blois et de damoiselle Claude Viart, sa femme; le parain noble homme Michel Bégon cy devant receveur des dites tailles audit Blois; la maraine Damoiselle Marie Viart, femme de Jacques Martin, escuyer, sieur de Villiers, trésorier général et intendant des finances et baptimens au comté dudit Blois. - Bégon, M. Viart, Richer. »

(5). L'acte d'inhumation de Michel Bégon, conservé sur le registre des décès de la ville de Rochefort, est ainsi conçu : « Messire Michel Bégon, chevalier, seigneur de la Picardière et autres lieux, conseiller du Roy en ses conseils et d'honneur au parlement de Provence, intendant de justice et police et finances de la généralité de la Rochelle et de la marine à Rochefort, est décédé le quatorzième mars mil sept cent dix, âgé de soixante douze ans, conduit par nous, curé de cette paroisse, le lendemain, en l'église des révérends pères Capucins de cette ville, pour y être inhumé; en présence de messire Michel Bégon, conseiller du Roy en ses conseils et au parlement de Metz en Lorraine, de (Claude Michel; chevalier Bégon, enseigne des vaisseaux du Roy en ce port, tous deux fils; de messire Roland Barin, seigneur marquis de la Gallissonnière, chef d'escadre des armées navales de Sa Majesté et commandant en ce port, qui ont signé avec nous.- Bégon, Bégon, le m. de la Gallissonnière, S. Renau, Chour, curé. »