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PHystorique- Les Portes du Temps
21 mai 2023

1628 Du château de Laleu, Lettres du Roi Louis XIII à la Reine Marie de Médicis sa mère.

1628 Du château de Laleu, Lettres du Roi Louis XIII à la Reine Marie de Médicis sa mère

C'est à ce moment que le Roi écrivit à sa mère la lettre suivante, qui m'est communiquée par un riche Curieux, M. le baron de Chassiron,. sénateur, qui est de la Rochelle et rassemble avec un soin jaloux tous les documents qui peuvent se rattacher à l'histoire de cette ville.

« Madame, Vous saurés par celle cy que les Anglois sont arrivéz ce matin a la rade de lille de Ré, et a cette heure viennent a chefs de bois. Je les ay voulu voir deuant que de voùs rien mander et les ay contés par deux fois : ils sont au nombre de soisante et dix vesseaux tant grands que petits.

Si il nen vient davantage je ne crois pas quil osent rien entreprendre.

 Jay visité les digues et toute nôre armée navale aujourduy, vous vous pouvés astirer que il ne soroit rien entrer et que quand toute lAngletterre y seroit, que il leur est du tout imposible de rien faire. Je vous suplie de ne vous en mettre point en peine. Je oubliois a vous dire que cest le comte de Bristoc qui commande larmée, a ce que Ion dit; toutefois nous nen savons ancore rien dasuré.

Toute larmée est bien résolue de bien faire, si ces marots bazardent le combat. Si cela est, il faut que ce soit entre cy et lundy 2me jour du mois doctobre.

 Jespere que le bon Dieu nous donera la victoire sur eux côme il a fait jusque a cette heure. Je finiray celle cy en vous supliant de me tenir toujours en vos bonnes grâces, et de croire que je seray jusque au dernier soupir de ma vie,

» Madame,

» Vôtre tres humble et tres obeissant fils,

» Louis

 A Laleu, ce 29me septembre 1628, a sinq heures du soir. »

Causeries_d'un_curieux_ _variétés_[

 

A peine le Roi avait-il su l'apparition de la formidable flotte, qu'il s'était porté au front de bataille, se plaçant vaillamment à l'endroit où le feu devait être le plus vif, au quartier du maréchal de Bassompierre.

Mais on vit les Anglais se borner à de vaines évolutions, commencer le 3 octobre une attaque avortée, continuer le lendemain sans plus de résultat, et contrariés les jours suivants par la mer, brûler de la poudre sans portée.

 

 

Lettre de Louis XIII, écrite du siège de La Rochelle, à Marie de Médicis. De Laleu, le 3 octobre 1628.

Voici les lettres que, le 3 et le 4, le Roi Louis XIII écrivit, sur ce sujet, à la Reine mère.

 

« Madame,

Vous saures par celle cy comme les Anglois ont attaqué ce matin nôtre armee navalle sur les 1 heures.

Le conbat a duré deux heures et demie ou il s'est tiré de part ou dautre plus de 4 à 5 mil coups de canon.

 Nos vesseaux ont tres bien fait leur deuoir. Nous ny avons perdu que six ou sept soldats, et avons coulé a fons un vesseau des enemis de cent cinquante tonneaux et pris deux grandes chaloupes et coupé le mas a vue Roberge, et avons veu un grand vesseau qui sen va a la cargue que nous croyions estre fort mal mené, sans ceux de quoy nous nauons connoysance. Sur terre nous ny auons perdu que sinq hommes qui ont esté tuéz dun coup de canon, dont le poure des Friches qui estoit a inoy en a esté un.

Je oubliois a vous dire que, du costé de La Rochelle, il est sorti trois chaloupes, dont lune a esté coulée a fons dun coup de canon, et les deux autres sont rantrées ausi tost.

Voila tout ce qui cest passé. Je ne vous mande rien par ouï dire, ayant esté si heureux de my trouvér dès le premier coup qui cest tiré.

 Mon Cousin le cardinal de Richelieu a fait une relation que je vous anvoye la ou vous verrés plus au long les particularités du conbat.

Dieu mercy, nous sommes asurés au coups de canon, an ayant oui silier quantité a nos oreilles.

Je vous puis asurér que les Anglois ne nous feront ny peur ny mal, nayant rien fait aujourduy quil auoient le vent tel quils le pouvoient dezirer.

 Je me porte tres bien, Dieu mercy, et vous suplie de croire que je suis,

» Madame,

» Vôtre très humble et très obeisant fils,

» Louis.

» A Laleu, ce 3me octobre 1628 a onze heures du matin.

 

» Mon Cousin le Cardal de Richelieu a luy mesme peusé a la roue pour remettre Le canon dans les ambrazures (1). »

 

 

Autre lettre de Louis XIII à sa mère :

« Madame,

Les Anglois sont venus rataquer ce matin nôtre armée navalle et nous ont anvoyié onze bruleaux lesquels ont esté tous arestés par nos chaloupes qui ont tres-bien fait leur devoir.

Le combat a duré 2 heures, et a esté tiré, du costé des enemis, douze ou quinze sans coups de canon vn peu de loin. Ils nosent plus aprocher de nous a cause des bateries de terre.

De nôtre costé il a esté tiré des vesseaux quelque 450 coups de canon, et des bateries de chef de bois 60. Nous navons pas voulu tirer davantage, parceque ils estoient trop loin. Jay defandu a nos vesseaux que une autre fois de ne plus tirer que a trois cens pas, et de laisér tirer les enemis sans leur faire reponce, si ils tirent de loin comme ils ont fait aujourdhuy.

Je oubliois a vous dire que le feu a pris a un vesseau des leurs, et avons veu sottér tout ce qui estoit dedans.

 Nous croyions que ils nous attaquerons encore toutes les marées, quils auront des bruleaux, et que quand ils auront jetté tous leurs dits bruleaux, ils s'en iront sans osér attaquer la digue.

 Le vesseau de Soubise n'a pas aproché dune lieue et demie de nôtre armée et tiroit force coups de canon qui ne venoient pas a moitié chemin. Il n'a esté tué aujourdhuy ni blesé aucun des nostres. Tout le monde a veu donner dans leurs vesseaux sinq ou six coups de canon des nostres, sans ceux que nous ne pouvons pas avoir veux.

 Le conbat a commancé entre six et sept, et finy a neuf heure. Si ils font toujours comme ils ont fait aujourdhuy, ils ne couront pas grand hazart, car ils tirent de bien loin.

Je ne manqueray a vous donner avis de tout ce qui se passera. Je vous suplie de maimer toujours en vos bonnes graces et de croire que je suis,

Madame, vôtre tres-humble et tres obeissant fils.

» Louis  

» A Laleu, ce 4me octobre 1628, à dix heures du matin.

 

« Jettois à la baterie une heure devant que le conbat eut commancé. »

 

Enfin, les Rochellois, pour la troisième fois déçus, et ne comptant plus que sur eux-mêmes, traitèrent directement avec Louis XIII, et le 29 octobre, la ville était en l'obéissance du Roi !

 

 

Dimanche 29

– Dix députez de La Rochelle avec la ratification des articles, se jettent à genoux aux pieds du Roy à Laleu, dans la chambre de Sa Majesté, qui estoit dans sa chaire, acompagné de Mr le Comte de Soissons, Mrs les Cardinaux de Richelieu et de La Vallette, Mrs de Chevreuse, de Bassompierre, de Schonberg, d'Esfiat et d'autres, et le Sr de La Goutte, advocat du Roy au présidial, portant la parolle, dit :

 

 « Sire,

Comme ceux qui ont esté longtemps dans les ténèbres d'un profond cachot, venans à la lumière, sont esblouis de la clairté du soleil; ainsy nous qui avons vescu longtemps dans les ténèbres de la désobéissance, aprochans de la clairté de Votre Majesté, demeurons éperdus avec des faces confuses, et n'oserions espérer (nous en estans rendus indignes) le pardon de Votre Majesté, sy, ces années passées, nous n'avions expérimenté les effectz de votre clémence; et néantmoins, après tant de récidives, nnus a osons nous prosterner à vos pieds, pour supplier Votre Majesté de nous vouloir pardonner et vous dire que, plus nous avons failly, plus vous imitez humainement la Divinité, qui se plaist de pardonner aux plus grands pécheurs.

Nous sommes, soubz ceste asseu« rance, Sire, venuz vous offrir nos personnes, votre clémence, laquelle a nous espérons, puis que votre ville de La Rochelle a autresfois expérimenté la faveur du feu Roy Henry le Grand, vostre père, qui lui a faict cet honneur de venir habiter dans l'enclos de ses murailles, vous asseurons que, sy, au passé, nous avons désobéy, nous ferons à l'advenir, par notre obéissance, paroistre à Votre Majesté notre affection et fidellité à vous servir et prions Dieu que, comme vous surpassez la bonté de Trajan, vous surhaussiez en bonheur la prospérité d'Auguste.

Ce sont les vœuz, Sire, de vos très- humbles et très-obéissans serviteurs et subie jectz. »

J'ay une relation imprimée de l'ordre tenu pour les amener et présenter à Sa Majesté. Mr de Thoiras le prétendoit, comme gouverneur de la province, et Mr le Cardinal, comme généralissime.

Le Roy jugea pour Mr le Cardinal, se souvenant de l'exemple de St Jan d'Angely, où le connestable de Luynes présenta les députez, bien que Mr d'Espernon y fust.

J'ay la dite harangue, au vray, avec la responce du Roy, imprimées à La Rochelle (2).

En mesme temps les Rochelois se mirent sur les remparts et contrescarpes à crier :

Vive le Roy!

 

 

 

Le beau temps finit ce jour-là et commencea le lendemain à faire fort laid et à pleuvoir extrêmement.

 

 

Ordre donné pour l'entrée des troupes du Roy dans la Rochelle

 L'armée se mettra en bataille, dès les 7 heures du matin; ce qui est du quartier de Nétre dans le pré, qui est devant la maison de Corelles; ce qui est du quartier de Perigny au-devant du fort des Salines, et ce qui est du quartier de Laleu au devant du fort S' Esprit.

 2. Les Régimens des Gardes françaises et Suisses se rendront aussy, à 7 heures du matin, au-devant du Plessis et se mettront moictyé du costé du chemin et moictyé de l'autre, affin que les gens de guerre, qui sortent de La Rochelle, passent au milieu des bataillons.

 3. 50 mestres des gens d'armes du Roy et 50 de ses chevaux légers de la garde se rendront au mesme temps au susdit rendez-vous.

4. Mr le duc d'Angoulesme, avec Mr les Maréchaux de France et les maréchaux de camp se rendront, à 8 heures du matin, à la porte de Congne, avec les gentilzhommes de leur suitte et leurs gardes, pour faire seurement passer et conduire les gens de guerre françois, qui sortiront de la ville, ausquelz il sera donné deux compagnies de cavallerye, qui marcheront, l'une à la teste, et l'autre à la queue, pour les conduire, jusques au lieu convenu, et, les susdits gens de guerre estans sortiz, on fera entrer les troupes du Roy; lesquelles, sy Sa Majesté le trouve bon, se sépareront en autant de corps qu'elle voudra commettre de Maréchaux de camp pour entrer ce jour-là dans la ville.

5. A l'entrée de la porte, on publiera un ban, à la teste de chaque corps, pour deffendre aux gens de guerre de sortir de leur rang et toucher à homme ou à femme de la ville, sous peyne de vye.

6. Les dites troupes entreront dez huit heures du matin. Les premiers iront droit à l'hostèl de ville et aux magasins, où sont les poudres. Les seconds se saisiront des portes et murailles de la ville, et les troisiesmes s'iront mettre en bataille dans les places et carrefours, où les maréchaux de camp les conduiront.

7 Les gendarmes et chevaux-légers du Roy entreront aprez toute l'infanterye et se sépareront de 10 en 10, pour faire une patrouille continuelle dans les rues de La Rochelle.

8. Cependant les susdits maréchaux de camp et les maréchaux des logis de l'armée feront les cantons de la ville.

9. Il n'entrera, pour ce jour-là, aucunes autres troupes dans la ville, ny mesme des gentilzhommes volontaires, et, pour exécuter plus facilement ce dessein, il n'y aura qu'une porte de la ville ouverte le lundy 30 octobre.

10. Le Prévost de la connestablye entrera avec ses archers à la suitte du premier corps des gens de guerre et n'oubliera pas son vallet de chambre au logis.

11. Les Prévostz des Régimens des Gardes françoises et Suisses en feront autant.

12. Les Angloix, qui sont dans La Rochelle, se mettront tous demain matin dans l'hostel de ville, d'où ilz ne sortiront point, jusques à ce qu'on leur fournisse un vaisseau pour s'embarquer.

13. Des troupes, qui doibvent estre en bataille devant la maison de Coreille, l'on en prendra deux compagnies, pour entrer dans le fort du Tadon, dez les 8 heures du matin.

14. Les fortz et les redoubtes demeureront garnis de leurs gardes ordinaires.

Ledit jour. Mr de Feuquière estant délivré de prison par la reddition de La Rochelle vient trouver le Roy à qui le receoit parfaictement bien.

 Lundi 30. Les troupes du Roy entrent dans La Rochelle, environ au mesme ordre cy-dessus Il en sort 60 soldatz françois, entre lesquelz 7 ou 8 gentilzhommes, tous chancelans de faim, et on ne peult jamais les faire marcher, jusques à ce qu'on leur dit qu'à la porte ilz trouveroient du pain.

Mr Arnauld, dez le grand matin, fut dire à Guiton, maire, qu'il baillast les clefz à Mr d'Angoulesme et non au Roy, comme il prétendoit; ce qu'il fit. Il voulut haranguer; mais on luy imposa silence, comme estant à la fin de son authorité.

En entrant, la ville estoit déserte; mais, une heure aprez, le peuple, voyant le grand ordre,.commencea à se monstrer.

Il n'y eut jamais capitulation plus religieusement observée. Il n'y a pas eu une esguillette prise ny une seulle parolle dicte aux habitans. Un seul soldat, ayant quicté son rang, a été mis en prison. Nul n'est entre dans aucun logis.

Les généraux de l'armée (excepté Mr de Bassompierre, à cause que les troupes sont entrées par la porte  de Congne, qui n'est de son quartier, c'est-à-dire Mr d'Angoulesme et de Schonberg, se promenoient continuellement par les rues pour tenir toutes choses en debvoir. Le Prévost de la connestablye en faisoit autant.

Il est péry de faim plus de 15000 personnes (Mr de Noyers m'a asseuré 23000).

La livre de pain a valu 1 écus; le picotin de bled C livres, le boisseau 800, le muid 30000 écus. – Une vache 3 ou 4000 livres; un mouton 300 liv. La livre de cheval 12 écus; la livre de peau de vache i écu; la livre d'escorce de citron 20 écus; la pinte de vin 2 écus.

On a trouvé à dire les cuisses d'une femme qui venoit de mourir.

Ilz n'avoient plus la force de creuser les fosses pour enterrer les mortz, et, quand ilz estoient tumbez, ilz ne se pouvoient plus relever

Leur constance enragée estoit telle qu'ilz alloient faire prendre la mesure de leur fosse et bière, la payoient tout ce qu'on vouloit, et, quand ilz alloient au convoy d'un de leurs amis mort, ceux qui se sentoient fort foibles demeuroient dans le cimetière, sur le bord de leur fosse, prioient les autres de s'en retourner, et, à mesure qu'ilz se sentoient affoiblis, se rouloient dans leur fosse. Jamais les pauvres habitants mourans de faim n'ont tasché de prendre le bled, que l'on portoit moudre pour ceux qui en avoient encor.

Leur cimetière, tout labouré de fosses, estoit encor couvert de plus de 60 corps enseveliz et non enterrez.

L'éloquence du ministre Salbert a beaucoup servy pour les résoudre à souffrir ces extrémitez, et l'opiniastreté de Guiton, maire, auquel un de ses amiz luy monstrant un honneste homme de leur cognoissance, qui mouroit de faim, il respondit « Vous estonnez-vous de cela? Il fault bien que vous et moy en venions là; » et comme un autre luy disoit que tout le monde mouroit de faim, il respondit « Pourveu qu'il en demeure un pour fermer les portes, c'est assez. »

M' le Cardinal. entre, l'après disnée, dans La Rochelle, suivy de toutte la cour; il avoit un chapeau pelu avec un cordon d'or.

On dit que, sur quelque chose qu'il demandoit, le maire lui respondit qu'il valoit mieux se rendre à un Roy, qui scavoit prendre La Rochelle qu'à un qui ne la scavoit pas secourir

 Le Roy fit distribuer, ce jour-là, aux pauvres habitans 12000 pains, et Mr le Cardinal 6000.

Il ne s'est jamais rien veu sy brave qu'estoient ce jour-là les, capitaines et officiers du Régiment des gardes, et les soldatz, qui en entrant avoient du pain au bout de leurs picques, y gangnèrent beaucoup.

Les Rôchelôïs, qui estoient avec les Angloix, se rendent au Roy. Ilz avoient 12 ou 15 vaisseaux; une partye joinct son armée navale à la digue, et l'autre est envoyée en Brouage.

Mardi 31. Le très mauvais temps empesche le Roy de faire son entrée dans La Rochelle. Il se promena seullement à l'entant de la ville, par dehors.

Le Roy escrit de sa main à M' l'archevesque de Paris la réduction de La Rochelle.

 

 

28 septembre 1628, au château de la Sauzaie, le cardinal de Richelieu apprend quel’Armée navale Anglaise composée de 140 Vaisseaux passe Olonne et se dirige vers le siège de La Rochelle <== .... ....==> ==> Siège de La Rochelle, les fortifications du Maire Jean Guiton seront razez rez-pied, rez de terre sur ordre de Richelieu !

les sièges de Ré et La Rochelle, digue de Richelieu<==

La Porte de Cougnes – Entrée Solennelle des Souverains à la Rochelle  <==

Renaud de Pressigny, seigneur de Marans, seigneur de Laleu et du nouveau port de La Rochelle <==

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