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PHystorique- Les Portes du Temps
19 mai 2023

Le ministre Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas à ROCHEFORT en 1727.

Le ministre Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas à ROCHEFORT en 1727

Pendant le ministère du comte de Maurepas (de 1723 à 1749) la marine s'était bien relevée de l'infirmité dans laquelle l'avait tenue son prédécesseur. Nous pouvons en juger par l'intérêt que portait le ministre aux quelques ports de guerre que nous comptions alors, et parmi lesquels figurait au premier rang celui de Rochefort.

Arrivé au pouvoir, Maurepas reçut du roi Louis XV l'ordre d'aller à Brest pour faire partir l'escadre des vaisseaux qui y étaient armés.

[Dépêche du 27 avril 1725).

Le ministre, après avoir rendu compte de sa mission, passa quelques jours à Versailles, puis, se rendit Rochefort.

II fut reçu à son arrivée, par la municipalité, à la tête de laquelle était le maire Daniaud.

Ce fut une grande fête pour cette ville que celle du passage d'un ministre jeune, qui, plein d'excellentes intentions, voulait relever la marine si négligée depuis plusieurs années.

 Le corps de ville constamment préoccupé de la prospérité de l'arsenal lui présenta un mémoire dans lequel tous les avantages de la position étaient démontrés, et le ministre apprit bientôt que plus que tout autre, que seul peut-être, ce port avait laf acilité de s'approvisionner dans tous les temps avec la plus grande facilité, en bois de toutes sortes propres aux constructions navales, en fer, en denrées de toute nature, et qu'il devait être enfin d'une ressource immense pour l'État dans les diverses circonstances et plus particulièrement dans celles où la guerre enlèverait aux autres arsenaux maritimes la facilité de tirer leurs approvisionnements de l'extérieur.

 Il eut alors la pensée de centraliser à Rochefort tous les moyens de communication avec les colonies ; mais la réalisation complète de cette pensée n'eut pas lieu : car les autres ports justement alarmés firent valoir quelques considérations d'intérêt de localité, et on les admit, du moins ceux du littoral de l'Océan, au partage des mouvements et des opérations qui seraient nécessités par les rapports fréquents de la France avec les colonies que nous possédions encore à cette époque.

 

Le procès-verbal du séjour du ministre de la marine, dont l'Histoire de Rochefort par Viaud et Fleury ne parle pas, a été rencontré par nous parmi les documents consultés pour l'histoire de l'inspection, et nous le reproduisons textuellement :

« Entrée que monseigneur le comte de Maurepas, ministre secrétaire d'estat de la marine; a faitte dans le port de Rochefort en 1727.

« Le 25 may 1727, monseigneur le comte de Maurepas ministre et secrétaire d'estat, ayant le département de la marine, arriva à Rochefort entre les 6 et 7 heures du soir; M. de Villeluisant, chef d'escadre, commandant dans le port, et M. de Beauharnais, intendant, avec tous les officiers de la marine, s'estoient rendus à la porte de La Rochelle.

Monseigneur le comte de Maurepas y descendit de son carosse et y receut leurs complimens; et y receut aussi ceux de MM. les maire et échevins qui luy présentèrent en entrant les clefs de la ville il fut accompagné jusqu'à l'intendance par tous les officiers de la marine.

La milice étoit sous les armes, depuis les fauxbourgs jusqu'aux capucins (1).

Les troupes françoises et suisses continuoient de border la haye jusqu'à l'intendance, les armes présentées et battans aux champs.

« Dans la première cour de l'intendance, étoit la compagnie des bombardiers, et dans la seconde cour, celle des gardes de la marine, les armes présentées et battant aux champs. M. de Vil eluisant avoit posé une garde de 50 soldats avec un drapeau, que monseigneur remercia et renvoya.

« En entrant à l'intendance, il fut salué de 21 coups de canon par la batterie royale; et le lendemain, 26, il fit son entrée dans l'arcenal, et fut salué de même de 21 coups de canon.

 « Pendant les sept jours qu'il est demeuré à Rochefort, il a visité tous les vaisseaux du roy, magazins, attelliers, bureaux, hôpitaux, nouvelle et vieille forme, la fontaine de Saint-Nazaire, la fosse aux mâts, deux vaisseaux en rade, l'Eléphant et le Dromadaire (2), l'isle d'Aix et ses fortifications: et a veu faire l'exercice aux troupes, est entré dans tous les détails, et il a paru satisfait du bon ordre qu'il a trouvé partout il a fait tenir devant lui un conseil de construction, ou MM. les capitaines de vaisseaux, ofliciers du port, commissaire des radoubs et maistres constructeurs ont assisté.

« II partit pour se rendre à la cour le 31 du même mois, et on luy auroit rendu les mêmes honneurs à son départ qu'à son arrivée s'il ne l'avoit expressément défendu.

« Collationné à l'original le 7 juin 1727.

» LAFFILARD. »

 

Le séjour du comte de Maurepas à Rochefort ne fut stérile ni pour le port ni pour la ville. A son retour à Versailles, le ministre ordonna diverses améliorations indispensables, le pavage d'une partie de l'arsenal, la réparation du corps de garde des casernes; la modification des formes de radoub, la démolition du ponton l'Oriflamme, le creusement des chenaux du parc et de l'hôpital, de manière à ce qu'ils pussent recevoir des vaisseaux, en cas d'accident (Dépêches de la cour du 2e semestre 1727, passim).

Il promit à la municipalité de faire ce qui dépendrait de lui pour procurer les ressources nécessaires à la construction d'une église paroissiale. Cette église que messieurs de Saint-Louis, nom donné aux prêtres de la mission, voulaient faire construire avec un séminaire, devait avoir sa façade principale sur la rue Martrou. Le projet n'eut pas de suite.

La pérégrination, de ce ministre dans les ports militaires causa une sorte de révolution dans l'art des constructions navales, et c'est, sans contredit, à partir de ce moment que la marine française se trouva placée au-dessus de celle des autres nations , par la bonne exécution et par les formes gracieuses des navires qui sortaient de ses chantiers.

 L'action du ministre connaisseur ne se borna pas là : il avait remarqué que l'instruction donnée aux jeunes gens qui se destinaient à la marine était presque nulle, et il changea les programmes des écoles.

Il trouva de la résistance sans doute; mais une volonté ferme, puisée dans le désir du bien, le fit triompher de tout, et bientôt la France se glorifia de renfermer une pépinière d'officiers instruits.

 Si la bravoure seule des officiers du siècle de Louis XIV avait marqué à tous une place honorable dans les fastes de l'histoire, une bravoure unie à l'instruction chez les marins que le siècle de Louis XV et de Louis XYI a enfantés, a mis la France à même de lutter avec gloire contre la supériorité numérique de la Grande- Bretagne.

 

 

 

Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis.

Histoire de la ville et du port de Rochefort. Tome 1  par J.-T. Viaud,... et E.-J. Fleury

 

 

==> 11 janvier 1727 ARREST DU CONSEIL D’ESTAT DU ROY Qui permet l'usage des Bateaux nommer Acons, aux possesseurs des Bouchots establis sur les Côtes d’Esnandes et de Charron, Amirauté de la Rochelle

 ==> Rochefort ; La forme de radoub, Bateau Porte de l’Hermione

==> 1730 Ordonnance du Roy Louis XV pour l’établissement d’une compagnie de Cadets au Port de Rochefort

 

 


 

(1) Le collège et l'église Saint-Louis ont été bâtis en 1829 et 1835 sur l'emplacement occupé jadis par la communauté et le couvent des capucins.

 (2) L'Eléphant, commandé par M. de Tilly, était armé à destination de Québec, et le Dromadaire, commandé par M. de La Saussaye, devait porter des troupes et des munitions navales à Cayenne et à la Martinique.

 

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