28 janvier 1960, le donjon du château de La Rochefoucauld s’est écroulé.
Le château de la Rochefoucauld, au nord-est d'Angoulême sur la route de Confolens, est un des plus beaux châteaux de France. Son donjon, dont la base remonte au IXe siècle et la partie supérieure au XIe, domine une chapelle romane, de la même époque, deux tours d'entrée du XIVe siècle et de beaux bâtiments du XVIe, entrepris sur l'ordre d'un La Rochefoucauld qui fut le parrain de François 1er.
Ce grand seigneur fit reconstruire la façade orientale du château dans le style de la Renaissance ainsi que la façade méridionale et un très bel escalier à vis. Enfin l'aile occidentale fut réédifiée au XVIIIe siècle.
C'est dans cette aile que se trouvait l'appartement de l'auteur des Maximes dont les descendants sont actuellement encore propriétaires du château.
Le magnifique donjon dont les créneaux se dressent à 33 mètres au-dessus du fossé, lui-même profond d'une dizaine de mètres, était lézardé depuis longtemps. Mais il avait été consolidé par un chaînage, c'est-à-dire par des barres de fer ancrées par des X.
Ces temps derniers, la lézarde s'était considérablement élargie sans donner toutefois d'inquiétude pour l'immédiat, lorsque subitement, le jeudi 28 janvier à 9 heures du soir, la moitié du donjon s'écroulait avec un fracas épouvantable et quelques jours après ses lourds créneaux et sa toiture de zinc tombaient à leur tour en abimant une des tourelles contre laquelle s'appuyait autrefois le pont-levis.
La majestueuse tour qui, depuis près de mille ans, avait résisté aux intempéries et aux vicissitudes des temps, n'offre plus qu'un lamentable spectacle.
Il y a déjà plusieurs mois de grosses réparations avaient été entreprises aux toitures et aux cheminées du château, classé il y a quelques années.
Mais les travaux qui devaient être effectués au donjon n'avaient pas encore commencé. Les frais nécessités par la consolidation d'une tour aussi importante étant considérables, l'administration des Monuments Historiques, dont les crédits sont absolument insuffisants, comme nous l'avons dit maintes fois, obligée de courir au plus pressé, pensait avoir encore quelques délais pour conjurer un péril qui ne semblait pas éminent.
Une fois de plus, la parcimonie des ressources mises à la disposition de la Direction générale de l'Architecture, au Ministère des Affaires Culturelles, est la cause d'un grave dommage pour notre patrimoine national. Si les errements actuels continuent, dans quelques années nos monuments, insuffisamment entretenus, s'effondreront les uns après les autres.
Dans le cas actuel, on veut espérer que les toitures dévastées par l'écroulement du donjon du château de La Rochefoucauld seront remises en état très rapidement et qu'ensuite tous les travaux de consolidation et de restauration nécessaires seront réalisés le plus tôt possible.
J. S.
Ce donjon avait une structure proche de ceux construits à la même époque par le comte d'Anjou, Foulques Nerra
La crue de 1962 va montrer l'importance de la circulation de l'eau souterraine. Des explorations spéléologiques ont permis de repérer d'importantes cavités karstiques qui risquaient de mettre en danger la solidité du château.
Profitant de la visite du général de Gaulle à La Rochefoucauld, le 12 juin 1963, la municipalité et les représentants du département, le sollicite afin d’engager des travaux, André Malraux, ministre des Affaires culturelles, d’engager des études, notamment sur l’état du sous-sol portant les fondations du château, élément qui conditionnerait l’éventuelle intervention financière de l’Etat.
Ils obtiennent un accord de principe. Plusieurs années de travaux ont été nécessaires pour permettre de stabiliser les karsts situés sous le château. Les travaux ont continué avec les parties en élévation du château.
La restauration du donjon n'a malheureusement pu être faite à ce jour.
Sites et monuments : bulletin de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique générale de la France