Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
TRADUCTION
Derniers commentaires
16 septembre 2021

Taillebourg, la Rochelle, avril 1442, Procès des frères Plusquellec

Le procès contre les frères Plusquellec, dont nous publions la pièce principale, est depuis longtemps acquis à l‘histoire.

Un contemporain, Alain Chartier, le signale en ces mots : «  Le Roy envoya partie de son ost devant la ville de Taillebourg, et entrèrent dedans par force, et là fut prins le capitaine dudit lieu, lequel estoit du pays de Bretaigne, nommé Morice de Plusqualet, et fut mené prisonnier en la ville de la Rochelle, et furent en ladite ville, et furent exécutés pour les maux qu’ils faisoient es ditz pays. »

Les historiens postérieurs, M. Massiou lui-même, bien qu’il eut sous les yeux le jugement qui les condamne, n’ont guère fait que paraphraser cette mention. (Alain Chartier, éd. Duchesne, p141.- Massiou, III, 280.)

On peut juger les choses d’une manière absolue ; les hommes ne doivent être jugés que relativement et vus dans leur véritable milieu : de là, la nécessité de quelques détails sur ces accusés.

Il serait difficile et il n’est pas nécessaire de tracer une généalogie des Plusqualec : ils paraissent avoir adopté cet usage, commun à plusieurs familles, de donner aux fils ainés le même prénom, celui de Morice. Ainsi, les nôtres étaient fils de Morice, petit-fils de Morice, comme on le voit dans une revendication d’héritage du 7 mars 1439.

Il en résulte une grande difficulté pour se reconnaitre au milieu des Morice Plsqualec qu’on trouve en même temps dans des lieux et dans des partis différents. Leur nom, en effet, se presente à tout instant dans les faits de guerre et dans les actes de diplomatie du XIV et XVe siècle. (D’Argentré- Augustin Dupaz- Lobineau et Morice : Histoire de Bretagne.- Anselme, Généralogie)

La famille de Ploësquelec, devenue, pour les chroniqueurs, Plusqualec, Plusquelec, Plusquellec,Plusquelet, Plusqualet était d’origine de Bretagne, de l’évêché de Tréguier.

Le plus ancien personnage de ce nom que je trouve, sans chercher beaucoup, il est vrai, est Charles, sire de Ploësquelec, qui a de sa seconde femme, Aliette, dame de la Roche Dronion. Une fille, Tiphaigne, qu’il marie, vers 1320, à Tanguy Duchâtel. Cette Tiphaine eut pour petite-fille une Amicie Duchâtel qui resserra le nœud entre  les familles en épousant à son tour, vers 1370, son cousin Morice de Plësquelec, seigneur de Brouillac, qui parait être le grand père du nôtre.

Ce Morice eut pour fils Morice, Henri, qui introduisit sa famille en Saintonge, et Jean.

On trouve dans les preuves de l’Histoire de Bretagne, de Dom Morice (t.II, pl5. N°105). Le sceau de Morice de PLsuqualec, en 1416 «  de gueulles à trois chevrons d’argent ».

Henri de Ploësqualec se trouvait ainsi allié près de Tanguy du Châtel. Le meurtrier de Montereau, auquel il succéda comme gouverneur de la Rochelle ; et il est bien probable que c’est Tanguy qui le donna au roi comme un homme sur lequel il pouvait compter pour ce poste important.

Ce Henri de Plusqualec qui reçut dans le port de la Rochelle la flotte hispano-française, en 1420, lorsqu’elle s’y rallia après avoir vaincu la flotte anglaise sur les côtes de la Basse-Bretagne : lui qyu y reçut les Ecossais à leur débarquement, en janvier 1421, lui encore qui fut le négociateur principal lorsque, en avril 1422, le dauphin invoqua de nouveau l’alliance écossaise.

C’est par là qu’il devint propriétaire de la seigneurie de Taillebourg, qui était unie au domaine royal depuis 1407. On trouve mentionnées dans le recueil de Dom Fonteneau des lettres patentes de la vente de cette terre, sans en réserrer que la foi et hommage et le droit de souveraineté, rente et cession fuites pour demeurer quitte envers led. Pluscalet. Geoffroy Karois et Bardot Hugo, desquel led. Pluscalet avait les droits cédés, de vingt mille écus d’or qu’ils avaient fournis pour l’équipement et ravitaillement des vaisseaux employés en plusieurs voyages en Ecosse pour y aller quérir les troupes auxiliaires.

A ces lettres était joint un acte passé trois jours plus tard, le 15 février 1423, portant faculté de réméré pour le roi, en remboursant les vingt mille écus. Somme ne couvrait pas toutes les dépenses. M. Vallet de Viriville, d’après les pièces J 183, n0 136 à 141, des Archives nationales, établit qu’elles se montaient à trente-six mille écus d’or, et qu’en 1424 Charles VII ajoutait à la terre de Taillebourg comme garantie, un fleurons de sa bonne couronne engagé alors à la Rochelle en la main que Penant Baudin. Cette dernière circonstance porte à croire que Plusqualec avait eu recours, pour compléter son prêt sur gages, aux marchands d’une ville qui avait dès lors de la richesse et du crédit. (Arcère. II, 563.- Arm. Maichin, p 153.- Vallet de  Viriville, Histoire de Charles VII, t.1, p.246, 262.- Mss. De Dom Fonteneau, t XXXIX).

En  cette même année 1422, au mois de septembre, le duc de Bretagne voulut se servir de Henri de Plusqualec pour enlever la Rochelle au Dauphin, avec lequel il avait rompu et livrer cette ville aux Anglais : il en faisait approcher des troupes dans ce but. C’est là un complot ou il était impossible de faire entrer les Rochelais, trop ennemis de l’Angleterre, et qu’il était difficile d’exécuter sans eux étant comme ils l’étaient sur leurs gardes. Rien n’indique que Plusqualec ait songé, même un instant, à cette perfidie. Charles, du moins, n’en eut pas de soupçon, puisque ce n’est qu’en 1426 que Jean de Rochechouart succéda, comme gouverneur de la Rochelle à Plusqualec. Celui-ci se retira alors Taillebourg. (arcère, I, 269 ; II ? 563 – Vallet I, 347)

De l’interrogatoire de Morice, il ressort qu’il fut amené à la Rochelle par son oncle Henri, vers 1418 ou 1419, c’est-à-dire lors même que celui-ci vint en prendre le gouvernement.  Morice avait alors environ douze ans. Il passa trois ou quatre ans auprès de son oncle ; cinq ou six comme page, auprès du roi. Revenu à la Rochelle, il la quitta, contre le gré de son oncle, pour aller vivre des courses d’un baleinier, qu’il commandait, et qui s’abritait dans la basse ville du Mont Saint Michel. Après deux ou trois ans, c’est-à-dire en 1428 au plus tôt, il revint joindre son oncle, qui le fit capitane de Talmont sur Gironde.

Ces détails, il est vrai, sont difficiles à faire cadrer avec la pièce que nous donnons ici accessoirement, la Lettre d’accord fait de certain vaissel, etc., qui montre Morice de Plusqualec enlevant un navire sur la Charente, et l’emmenant à Talmont, vers le mois de mars 1425. Deux moyens s’offrent de lever cette difficulté : admettre qu’un autre Morice, le père peut-être de celui-ci (mais, s’il eut vécu, comment son fils aurait-il été avec son oncle ?) est venu momentanément  auprès de son frère surveiller les mouvements des Anglais ; supposer que ces faits ont eu lieu dans le court espace de temps que notre Morice passa auprès de son oncle, entre son retour de Paris et son départ pour le Mont Saint Michel. Ils lui servirent à se faire la main, et l’encouragèrent à travailler pour son propre compte. Ces faits, du reste, sont antérieurs à ceux du procès.

Ceux-ci ne remontèrent qu’à huit ans avant l’époque de l’interrogatoire, c’est-à-dire vers 1433. C’est à peu près le moment de la disgrâce de George la Trémouille.

Il est probable que, avec ou sans son aveu, tous ceux qui s’étaient habitués à vivre de la licence de la guerre, et que mécontentaient les réformes tentées par le roi, s’abritèrent de son nom. Les Plusqualec furent sans doute de ce nombre. A ce titre, ils appartinrent à la Praguerie ; puis ils continuèrent leurs exactions lors même que toutes les factions vraiment politiques eurent été étouffées, et que le sire de Pons eut fait sa soumission. Leurs courses s’étendaient de la Seine à la Garonne sur terre, et, sur mer, sur les côtes comprises entre les embouchures de ces fleuves. Elles interceptaient les rapports entre les iles d’Aix, d’Oléron, de Ré et le continent, et devinrent vite singulièrement gênantes pour les Rochelais, grands ennemis de la piraterie, quand elle s’exerçait à leurs dépens. Ils avaient alors pour gouverneur Prégent de Coétivy.

Prégent avait d’autres motifs pour agir contre Morice de Plusqualec. Dès le 6 juillet 1434, l’esprit de Henri avait été tourné contre ses neveux. Ayant alors dessein de faire un voyage à S. Jacques de Compostelle, il avait, selon l’usage, fait son testament. Il y fondait une aumônerie de douze lits à Taillebourg, des messes dans l’église de cette ville, et, moyennant l’exécution de ces conditions, il léguait son château, terre et seigneurie de Taillebourg à Tanguy du Châtel, son parent, et, si celui-ci n’acceptait pas, à Prégent de Coétivy, neveu de Du Châtel. Il revint cependant de son pèlerinage.

En juillet 1436, il faisait une enquête contre quelques-uns de ses vassaux.  En février 1438, trouvant apparemment qu’il ne se hâtait guère de mourir, on lui faisait signifier, par un sergent à cheval, des lettres du roi portant révocation de toute cession des terres du domaine royal, et, par suite, main- mise sur la seigneurie de Taillebourg, moyen expéditif de payer ses dettes. Cependant Henri mourut seigneur de cette terre, en 1439. Prégent, plus ou moins d’accord avec Du Châtel, avec qui il transigea plus tard pour cette terre, exhiba le testament de 1434, obtint mainlevée de la saisie féodale, et fit son hommage le 4 octobre 1441. Cela eut servi de peu, puisque Morice et ses frères détenaient terres et château ; Prégent n’en trouva que mieux motivées les demandes des Rochelais, et agit énergiquement, au nom du roi, contre le brigandage de ses compétiteurs.

C’est son frère Olivier qui vainquit et prit les Plusqualec. Ce qu’il y a d’assez piquant, c’est que Taillebourg et le Cluzeau sont entrés dans la maison de la Trémouille par suite de cette confiscation sur des gens regardés comme les complices d’un La Trémouille.

Parmis les assesseurs du magistrat qui les interroge, on compte beaucoup de Rochelais, dont ils avaient peu de bienveillance à attendre.

Lebourser, Gilier, Bragier, furent maires de la ville : le premier, en 1423, 1428 et 1450 ; le second, en 1427 ; le troisième, en 1445. Les autres sont, pour la plupart, suffisamment désignés par la teneur même de cette pièce de procédure.

Les lieux sont encore des communes du département de la Charente Inférieure, ou sont indiqués du moins par le voisinage de ces chefs-lieux de communes, excepté Gué-Charoux, commune de Muron, et Port-Carillon, au confluent de la Boutonne et de la Charente. Quant aux faits du procès, ils s’offrent d’eux –mêmes à l’appréciation du lecteur, et n’appellent pas de commentaires. Il nous suffit de les avoir mis au milieu des circonstances qui les expliques et permettent de les juger.

 

Nous l’avons dit en commençant, plusieurs des soldats des Plusqualec furent mis à mort : eux, on se contenta de les dépouiller. Ils n’acceptèrent pas cette spoliation sans lutter, puisque le 21 octobre 1448 interviennent encore des lettres du roi, données à Montargis, pour ratifier et approuver leur capture et décharger Coétivy de toute recherche et procès à ce sujet : et cependant, sous le règne suivant, en novembre 1473, Jean de Plusqualec transige encore comme héritier deMorice, son oncle, avec Alain et Olivier de Coetivy, à propos de ses terres de Taillebourg et du Cluzeau.

La famille n’avai donc pas perdu son crédit, et, en effet, des hommes de ce nom se retrouvent jouant des rôles honorables importants même jusqu’au XVIIe siècle.

L’interrogatoire des frères Plusqualec fait partie du chartrier de Thouars, ou il est classé parmi les documents concernant la baronnie de Taillebourg. Il remplit un cahier de douze feuillets de parchemin in-folio carré. Nous le publions d’après une copie qui a été faite, avec le plus grand soi par M. Marchegay et qu’il a bien voulu mettre à notre disposition.

L. Delayant.

 

 

 

 

INTERROGATOIRE

MAURICE. CHARLES ET GUILLAUME

DE PLUSQUALEC

(10 mars – 20 avril 1442)

 

L'an de grâce mil quatre cens quarante et ung, le samedi xe' jour de mars, par honnourable homme et saige maistre Pierre Bernart, bachetier en droit canon et civil, accesseur de noble hommc messire Jehan Leboursier, chr, conseillier et chambellan du Roy nostre dit, seigneur,            lieutenant. gêneral de noble et puissant seigneur monsgr le gouverneur de la ville de la Rochelle, chastellenie et ressort d'icelle pour le Roy nostredit seigneur; presens honnourabtes hommes et saiges maistres Pierre Lucas, garde de la prevoste de ladictc ville de la Rochelle pour le Roy nostredit seigneur, Estienne Gilier, licencié en loix, procureur du Roy nostredit. sire ou païs de Xainctonge, ville et gouvernement de la Rochelle, Pierre Ruxaudeau,.Jehan Mosnier, sergens de la prevoste de ladicte ville, et autres.

Morice de Plusqualec, escuier, natif de l'éveschié de Triguel (Trégnier) et seigneur de Boullac, ou païs de Bretaigne, détenu prisonnier es prisons du Roy nostre sire en son chastel de ladicte ville de la Rochelle, aagé de trente et cinq ans ou environ, dit qu'il a vingt et trois ans qu'il vint demeurer en lad. ville de la Rochelle, avec feu messire Henry de Plusqualec, cher, son oncle par le temps qu'il vivoit, du temps que ledit feu messire Henry estoit gouverneur de lad. ville de la Rochelle, et qu'il demoura avec lui par l'espace de trois ou quatre ans, et à la fin desdiz quatre ans sond. oncle le mist avec le Roy, où il fu paagie (1) cinq ou six ans, et, après s'en vint en lad. ville de la Rochelle et se mist en un baleiner appartenant à sond. oncle, appellé le Buzain, ouquet il s'en ala, oultre le gré de sond. oncle, au Mont Sainct Michiel, où il demoura deux ou trois ans, et la vesqui de ce que led. baleiner gaignoit, et dist qu'il se tenoit en la basse ville dud. Mont Sainct Michiel.

Et après s'en vint à Taillebourg par devers sond. oncle, qui estoit seigneur dud. lieu de Taillebourg et lui estant avec sond. oncle, il envoya ledit qui parle à Thalemond sur Gironde et le fit cappitaine dud. lieu, et ilec garda la place dud. lieu de Thalemond et fit bonne guerre aux Anglois le plus qu'il peut, et n'avoit gaires gens et que tantost après sond. oncle le fit cappitaine dud. lieu de Taillebourg, duquel lieu il a esté cappitaine jusques à la mort dud. feu messire Henry.

Interrogé combien il a de temps que lui qui parle fu à Rocheffort, dist qu'il n'en est recors, combien qu'il lui semble qu'il a sept ou huit ans environ que, par l'ordonnance de sond. oncle, il y ala parce que sond. oncle avoit sceu que Guillaume de Coytelles vouloit mener gens en la forteresse dud. lieu de Rocheffort qui ne fussent à la plaisance de monsgr le prevost de Paris, et qu'il lui deist qu'il trouvast manière d'entrer par dedans et se tenist saisi en manière qu'il ne laissast entrer nulles gens dedans lad. forteresse jusques à ce qu'il sceust la voulenté de mond. sgr le prevost ; et par ce il qui parle et quinze ou seize autres, entre les quelz estoit Jehan Foul et autres, entrèrent oud. chastel de Rocheffort.

1. Sic pour page ?

 

  Et dist que en ce faisant les uns amuserent les portiers à jouer aus quartes, et un nommé Bernon, qui estoit nepveu de feu maistre Heties du Chasles, lors lieutenant de Sainct Jehan d'Angeli, ala avec led. de Coytelles jouer aus tables, afin qu'il ne se donnast garde, et [dès] qu'il qui parle vit qu'il eut partie de ses compaignons dedans led. chastel, il entra dedans icellui chastel jusques à la tour, et lui voyant estre le plus fort dist aud. Guillaume de Coytelles que sond. oncle lui avoit commandé qu'il se donnait garde de la place et qu'il se doubtoit que led. de Coytelles fist aucune chose qui fust à la desplaisance dud. prevost de Paris.

Et ce fait ilz se appoincterent qu'ilz envoyeroient devers led. prevost de Paris pour savoir a qui demourroit lad. place, et y envoyèrent un homme qui leur apporta lettres par lesquelles led. prevost vouloit que lad. place demourast aud. qui parle; et atant led. de Coytelles s'en ala a Chastelaillon et emporta tous ses biens sans ce que aucune chose y demourast.

Et dit qu'il demoura en lad. place environ deux ans et que pendant led. temps il prenoit la revenue de la seigneurie et chastellenie de Rocheffort.

Interrogé quelles gens il tint avec lui pendant led. temps, dist qu'il y tint Jehan Foul, Denis Larchier, un nommé Verdillon Kargastre, qui fu noyé à la Rochelle, et un nommé Helies, qui estoit portier d'Angoulesme, et autres jusques au nombre de douze ou de quinze.

Interrogé si pendant led. temps il oyt point de plainte des exploiz que faisoient tesd. Jehan Foul, Larchier, Verdillon Kargastre et ceulx qui estoient avec lui, dist qu'il a oy bien plaindre des gens dud. Jehan Foul et d'autres dont il n'est recors des noms, et dit qu'il lui souvient bien que deux sergens furent destroussez d'une haquennée, et mesmement de Hervé Taunay, et ne lui souvient s'il vit [la] haquenée ne si elle fu rendue.

Interrogé quelle pugnicion il fit après de ceulz qui firent la destrousse de lad. haquenée, dist qu'il ne lui en souvient, ne des noms de ceulx qui le destrousserent ne comment il en ala, senon qu'il lui souvient bien que Jacques Guiderel s'en plaingny.

Et dit qu'il a eu le temps passé plus d'une XIIe de vaisseaux, mais pendant qu'il estoit à Rocheffort qu'il n'avoit que une barche.

Interrogé combien il a vendu et fait vendre de froment lui estant à Rocheffort, dist qu'il n'en vendi oncques ne n'en laissa oncques passer par argent ne autrement, et dit que pendant le temps qu'il fu à Rocheffort il achapta de Viaut un baleinier.

Interrogé s'il s'est point voulu défaire d'aucun navire et le vendre, dist que ouy.

Interrogé s'il congneut point un nommé Sanchou, espaigneul, dist que ouy, et dit que led. Sanchou vint aud. lieu de Rocheffort et marchanda avec lui une barche, tant pour lui que pour autres, et après vint en ceste ville de la Rochelle pour querir l'argent, et derrière chaef vint aud. qui parle aud. lieu de Rocheffort, et après retourna et lui dist qu'il ne povoit finer de l'argent qu'il lui avoit promis, et que à l'occasion de ce qu'il ne lui tint pas son marchié, qu'il le mist en prison aud. lieu de Rocheffort et le fit enferrer et mectre en basse fosse.

 Et dist que led. Sanchou estant en prison que un pal de la forteresse cheu à terre, tellement qu'il lui fit mal et en fu malade led. Sanchou et dit que a ceste occasion led. Sanchou fu emporté à Taillebourg, et dit que pendant ce qu'il fu à Taillebourg que led. Sanchou mouru.

Interrogé si pendant le temps qu'il estoit à Rocheffort il eut aucune chose des vaisseaux de la Rochelle qui passoient près led. lieu, dist qu'il est vray qu'il bailla à Tassin Petel une cheyne d'or pour mettre en gaige et achapter une honnete, et que après il voulu avoir lad. chayne, mais qu'il ne la peut avoir parce que led. Petel la vendit; et dit que afin qu'il laissast passer cinq on six gabarres de la Rochette, qu'il en eut de chascune ung royal..

Enquis s'il congnoist point Perrocliin Chau, dist que ouy et qu'il n'a riens eu de lui, mais que s'il a riens eu de lui, qu'il l'en veult bien croire.

Interrogé s'il congnoist Colas Girart et un nommé Fromaget, dist que non.

Interrogé quelz gens il a bnitté a maroyer ses vaisseaux, dit qu'il bailla a maroyer un sien balenner à un nonmé Jehan Masson, qui en estoit maistre, lequel print un crayer, les marchans et les mariniers estans par dedans, pour ce que l'on lui avoit dit qu'ils estoient de Londres en Angleterre.

Et dit que le crayer il fit emmener a Taillebourg, auquel lieu led. crayer mouru, et envoya les mariniers et retint les maistre et marchans dud. crayer, lesquelz demourerent à Rocheffort en prison jusqnes à ce que il qui parle s'en ala de Rocheffort et après furent mis dehors lesd. maistre et marchans et s'en vindrent en ceste ville.

Interrogé s'il balla oncques de seurté à ceulz de Ré, d'Abraam (1) et d'Olonne pour venir à terre, dist qu'il n'est pas recors qu'il baillast oncques seurté à ceulz d'Abraam ne à ceutz (2), mais que pour ce qu'il avoit perdu ung vaisseau, qui lui avoit esté prins pendant qu'il estoit a la Rochelle, que ceulx d'Olonne doubtoient de venir à Taillebourg, que a la requeste de ceulx d'Olonne qu'il leur bailla une cedule qu'ilz venissent seurement et qu'il ne leur feroit nul desplaisir.

Et dist aussi qu'il la leur bailla pour ce qu'il ne povoit finer de ce qu'il lui failloit pour faire sa nef.

Interrogé si Seguin, qui lui lit sa nef, fu point maistre d'aucun de ses vaisseaux, dist que ouy du baleiner qu'il eut de Viaut.

  1. Sic, peut-être Oléron ?
  2. Manque de Ré.

 

 

 

Interrogé si aucuns de ses frères estoient dedans, dist que non.

Interrogé si led. Seguin fit aucune prinse en la Charante, de haranc ne d'autre marchandise;.dist que non.

Interrogé qui fu le motif par quoy il qui parte fu mis hors.de Rocheffort, dist qu'il ne scet, senon que ce fu pour la desplaisance que Coytelles avoit dont il y estoit et qu'il en fu mis hors lui estant à Taillebourg.

Interrogé si à l'occasion de ce il fit courir la terre de Rocheffort, dist que non.

Enquis si après lad. course il vit point Yvon de Mele, dist que ouy, mais que pour ce il ne le tint point prisonnier.

Interrogé s'il congnoist point une nommée Jehanne Girarde, qui fu destroussée d'un cheval auprès d'Aytré, dist que non.

Interrogé s'il fu à prandre Estienne Rivere, dit que ouy, et qu'il le print auprès de Saint Xandre, et avoit ung cheval et deux moillerons et le menna ledit qui parle et ses compaignons au Guécharioux et prindrent sesd. compaignons lesd. deux draps et en furent desrobés.Et dit que avec lui estoient à lad. prinse Jehan Jeudi, Barbiche, Jehan Descuiers et Galardon.

Enquis s'ils trouverent point d'argent èsd. draps, dist que non.

Enquis s'il en lui donna congié de soy en venir, dist que non, et qu'il s'en vint à leur desceu; et dist qu'il congnoist bien que c'estoit mal fait et qu'il n'avoit nul droit de le faire, et dit que en ce voyage il print une haquennée qui appartenoit à sire Colin Langlois. Dist aussi qu'il est bien recors que au lieu de Sainct Savenien furent prins certains paquet de fustaines de draps, et scet bien que ce fu fait pour sa querelle.

Enquis quelle querelle il povoit avoir, dist qu'il avoit des prisonniers pour lesquelz Henry Lalemant avoit receu les deniers et ne les avoit voulu rendre, et pour ce avoit eu agréable que ce qu'il trouveroient de la Rochelle le preissent.

Enquis que devinrent lesd. pacquez et draps, dist que ses gens en firent ce que bon leur sembla.

Interrogé s'il en eut riens a sa part, dist que non, et qu'il avoit donné à ses compaignons ce que Henry Lalemant lui devoit, et qu'il n'en a riens eu si Barbiche ne l'a eu.

Interrogé combien led. Lalemant lui devoir dist qu'il lui devoit la rançon de ses prisonniers, cinquante et un noble, sur quoy il a baillé certaines vitailles, et du seurplu sn'en a rien seu.

Interrogé qui l'a esmeu de courir souvent devant la Rochellen dist qu'il ne fu oncques courir devant la Rochette que une foiz.

Interrogé combien il a de temps qu'il tu cappitaine de Plassac, dist qu'il a trois ans ou environ.

Interrogé si nulz de ses gens ont point esté à Soubize, pendant qu'il estoit aud. lieu de Plassac, faire aucunes courses et s'il fu point à prandre le fitz de Cothereau et autres de Soubize, dist que non, mais qu'il oyt bien parler de la destrousse que autres y firent.

Interrogé s'il veult croire Marsault du Chastenet et Loys Morain s'il estoit il la prinse, dist que ouy.

Interrogé s'il a riens prins de ceulz de Ré, dist que non, senon que le passage de Ré fu prins par ses gens et emmenné à Taillebourg et après en Bretaigne, et après le rendirent.

Interrogé, si Henry Lalemant devoit encores l'argent, s'il seroit d'accord qu'il fust baillé à Jamet Barbin, dist que ouy..

 

 

Le lundi (Sic) XIIIe jour dud. mois de mars l'an mit CCCC quarante et ung, par mond. sr l'accesseur, presens maistres Pierre Lucas, garde de la prevosté de la,Rochelle pour le Roy, Estienne Gilier, licencié en loix procureur du Roy nostre sire en Xainctonge et à la Rochelle, Jehan Davenel., Denisot de Gragi, Jehan Mosnier, et Jehan Laumosnier, sergens royaulx.

Led. MORICE DE PLUSQUALEC, enquis si à la prinse de Yvon de Mele lui qui parle estoit sent à lad. prinse, dist qu'il ne fu point à lad. prinse.

Enquis s'il vit point led. de Mele après lad. prinse, dist qu'il le vit à Sainct Jasmes.de Sainct Saournin, et dit que à lad. prinse estoit Yvon de Plusqualec, son frère, et qu'il y avoit bien des gens du sgr de Pons, dont l'un estoit cappitaine de la Mothe, qui s'est fait depuis anglois, et, que led. Yvon avoit deux ses varletz, dont l'un estoit nommé Henry Guinion, et un autre varlet dont il ne scet le nom et aussi y estoit un nomme Hanon Lescossoys, qui est maire à Xainctes, et un autre nommé Aygreffueille, un escuier de Bretaigne, Jehan Destuers, nepveu de messire Jehan Destuers; et dit qu'ilz estoient bien en tout environ vingt hommes et autrement n'est recors des noms. Et dit qu'il parla aud. qui parle et avec ce deuëndi aux compaignons qu'ilz ne le delivrassent point jusques à ce que led. de Mele eust fait desempescher sa barche, qui estoit empeschée en la Rochelle lequel de Mele lui promist faire délivrer sad. barche en tant qu'il lui touchoit, moyennant ce que Raymond Baugeys fu plege de lui faire ester l'empeschement que ses amis avoient mis en lad. barche.

Enquis s'il sceut point que led. de Mele paiast aucune chose pour eschapper desd. compaignons, dist qu'il a oy dire qu'il en paia cent cinquante escuz.

Interrogé combien il en eut à sa part, dist qu'il n'en eut riens.

Interrogé combien en eut led. Yvon, son frère, dist qu'il ne scet, mais croit qu'il en eut la plus grant part.

Interroge s'il croit que son frère se.fust avanturé de faire lad. course se ne fust sond. apuy, dist qu'il croit qu'il n'eust point fait lad. course se ne fust sond. apuy.

Interrogé s'il batit point led. de Mele, dist qu'il lui donna un seul cop d'une verge.

Interrogé s'il vit que autres le bâtissent, dist que non.

Interroge pourquoy il le batit, dist qu'il le batit pour ce que ses amis avoient fait empescher sad. barche, et qu'il le batit le jour qu'il fu délivré.

Enquis si led. de Mele fu délivré avant qu'il. paiast lesd. cent cinquante escuz, dit qu'il croit bien qu'il en paia le tout ou partie ou qu'il en donna plege ; et qu'il ne scet riens autrement, parce qu'il ne s'en donna point garde et qu'il n'en eut riens à sa part.

Enquis si à lad. prinse y avoit nulz de ses gens, dist que non.

Enquis si Charles et Guillaume de Plusqualec furent à lad. prinse, dit qu'il croit bien que led. Charles y estoit.

Enquis s'il vit point un nommé Chappiot et Guillaume Arnault, dist qu'il scet qu ilz furent prins à lad. course, mais qu'ilz furent baillez à Aygreffueille et à autres gens dud. sgr de Pons; et après led. sgr de Pons les delivra, ainsi qu'il oyt dire.

Enquis s'il scet point qu'ilz payassent rançon, dist qu'il n'en scet riens, mais qu'il scet bien que Aygreffeuille et autres des gens dud. sgr de Pons ne furent pas contens dont led. sgr de Pons les délivra.

Interrogé s'il est bien fait d'avoir tait lad. course par sesd. frères, dist que s'ilz s'en fussent conseilliez à lui qu'ilz ne l'eussent pas fait.

Interrogé s'il congnoist Guillaume Borel, dist qu'il ne le congnoist point.

Interrogé s'il scet riens de la prinse faicte d'un cheval a la femme dud. Borel, près de Tasdon, dist que riens ne s'en scet.

interrogé si lad. femme fu aud. lieu de Taillebourg pour avoir restitucion dud. cheval, dist que riens n'en scet.

Interrogé qui estoit avec lui quant Estienne Rivere fu destroussé, dist que Barbiche et Galardon, du païs de Bretaigne, Jehan Destuers, cappitaine de Champurus, et lui qui parle y estoient.

 

Led. jour, par moud. seigneur l'accesseur, presens lesdiz maistres Pierre Lucas et Estienne Gilier, procureur du Roy, Jehan Davenel et Raymond Gandille, sergens royaulx.

GUILLAUME DE PLUSQUALEC, escuier, aagé de vingt cinq à vingt et six ans ou environ, détenu prisonnier ès prisons du Roy nostre sire en son chastel de la Rochelle, dist qu'il a douze ou quatorze ans ou environ qu'il vint de pardeça.

Interroge combien il a demeuré à Taillebourg, dist qu'il y a demouré cinq ou six ans avec feu messire Henry de Plusqualec, cher sgr dud. lieu de Taillebourg et son oncle pour le temps qu'il vivoit.

Interrogé s'il a demeuré avec Morice de Plusqualec son frère, a Rocheffort, dist que non, mais qu'il est bien alé et venu aucunes foix à Rocheffort et n'y demouroit aucunes foiz que deux ou trois jours.

Et dist qu'il a trois ou quatre ans qu'il demoura avec monsg le connestable comme pagie, et qu'il s'en départi de lui bien sont quatre ans ou environ.

 interrogé quelz gens il menoit avec lui depuis qu'il a laissé mond. seigneur le connestable, dist que au commencement il estoit tout seul.

Enquis s'il fu oncques en la forest de Tout Foul, dist que non.

Enquis s'il scet ou est Chasteau Tibault, dist que ouy, et qu'it n'y fu oncques que une foiz.

Enquis s'il trouva oncques un poissonnier environ Chasteau Thibaut dist que non.

 

Enquis s'il s'en veut rapporter au marchant à qui estoit le poisson, dist qu'il l'en croiroit bien, mais que l'on le lui monstrast.

Interrogé quelle querelle il a eu a aucuns de Sainct Jehan d'Angeli dist qu'il n'en a Point eu.

Interroge quel balenner it a eu, dist qu'il n'en a point eu ne n'est alé ne venu sur mer en navire qui fust sien ne autrement.

Enquis s'il en veult croire ceulz qui furent prins a la course de Mele et autres, dist que ouy.

Enquis en quelle façon Estienne Nicolas vint à Taillebourg, dist que led. Estienne vint avant Noel avec deux cbevaulx et avoit une arbateste d'acier, et fu logié a l'ostel d'un nommé Vachier où il se tenoit; mais il qui parle ne parla oncques à lui et ne scet en quelle maniere il se appoincta de demeurer avec led. Morice, et dist qu'il a oy dire que led. Morice lui donna un arnoys.

Enquis en quelle ordonnance devoit vivre led. Estienne, dist qu'il vivoita à l'ostel dud. Vacher ; mais au regard de son cheval, il ne scet point quelle ordonnance avoit led. Estienne .pour sond. cheval, parce qu'il qui parle n'avoit pas esté aux mestives par avant que led. Estienne venist; mais que les, autres compaignons de la garnison dud. lieu de Taillebourg avoient d'ordonnance de prendre de l'avoyne, du froment et du faing en mestives, pour la provision d'eulz et de leurs chevautx.

Interrogé s'il scet ou est Buignays, qui est en la terre de Tailllebourg, dist que ouy et qu'il y fu quant il fu ars.

Interrogé pourquoy fu faicte la prinse qui fu faicte aud. lieu de Buignays, dist qu'il avoit la garde de l'église de Buignays. pour feu messire Henry de Plusqualec son oncle, sgr de Taillebourg par le temps qu'il vivoit, et qu'ilz vindrent aud. lieu lesd.Galardon, Barbiche, un nommé Le Pelat et son filz, un nommé Thomin Lernage (1) et plusieurs autres jusques au nombre de quinze ou seize, lesquels prindrent lad. eglise et se misdrent dedans; et en ce faisant prindrent le portier et lui mistrent la dague dedans la gorge et le contraignirent à appeller le guet pour ouvrir la porte de lad. église et y entrerent en celle manière. Et dit qu'ilz demourerent deux jours ou environ à prandre lad. eglise.

Interrogée il qui parle, si lui et autres alerent pour reprandre lad. eglise, dist que lui qui parle et autres, jusques au nombre de trois cens, tant des gentilz hommes que des hommes de la terre, par le commandement dud. feu messire Henry, alerent pour reprandre lad. eglise, et dit qu'elle fu prinse après mysdi; et prindrent la basse court et après prindrent la place.

Interrogé qui y mist le feuc, dist qu'il ne scet, et qu'il fut mis auprès de l'eglise; et dist qu'il n'y ardi que une grange et ne lit pas grant mal.

Interrogé que fu fait des gens qui estoient dedans, dist qu'ilz furent mennez à Taillebourg. Et dist que après Barbiche, par vertu de certaines lettres du Roy, fut amenné prisonnier ou chastel de la Rochelle; et au regard des autres, ilz s'eschapperent et s'en alerent ou bon leur sembla.

CHARLES DE PLUSQUALEC, détenu prisonnier ès prisons du Roy nostre sire en son chastel de la ville de la Rochelle, aagé de trente cinq ans ou environ, dist que le chastel de Rocheffort fu prins sur Yvon, son frere, et que pour ce que l'on avoit retrait les biens dud. Yvon oud. chastel, que led. Yvon pour pensa d'aler prandre merque sur eulx. Et que un jour dont il n'est recors, il s'en venoit de Taillebourg à Sainct Savenien et trouva led. Yvon, son frere, et plusieurs autres sur les champs; et avec lui estoit un nommé Hanon l'Escossois, le lieutenant de la Mothe, qui depuis s'est fait anglois, et plusieurs autres jusques au nombre de vingt à vingt et deux; et leur demanda ou ilz aloient, lequel leur dist qu'ilz aloient à Rocheffort pour prandre des gens pour merque, et dist qu'il ala avec eulz. Et fu prins Yvon de Mele et deux ou trois autres.

Interroge si à lad. course fu prins aucuns des biens des bonnes gens de Rocheffort, dist qu'il croit bien que ouy.

Enquis ou ilz furent butinez, dist qu'il ne scet et qu'il n'en eut rien; et dist que de prime face Yvon de Mele fu prins et qu'il fu amennné à Sainct Saornin.

Interrogé en quel lieu Morice de Plusqualec vit premièrement led. Yvon, dist qu'il ne le vit pointa qu'il sache. Interroge s'il estoit à la prinse de Sainct Savenien~ dist que non.

Interrogé combien de balenners il a eu depuis qu'il est à Taillebourg, dist qu'il n'en eut oncques que un balenner de Viaut.

Interrogé s'il estoit Rocheffort quant il fu prins sur led. Yvon son frère, dist que non et qu'il ne vit point l'espaigneul qui y mourut.

Interroge s'il fu à Buignays, dist que non.

Le samedi XVIIe jour dud. mois de mars oudit an quatre cens quarante et ung, par mond. sgr l'accesseur, par honnourables hommes et sages maistres Pierre Lucas, garde de la prevosté de la ville de la Rochelle, Pierre Bragier, advocat, Estienne Gilier, procureur, licencié en loix, Bernard Carn, receveur ordinaire du Roy nostre sire ès païs de Xainctonge, lad. ville et gouvernement de la Rochelle, Denisot de Gragy, Jehan Le Mect, Jehan Jennaye, Gonsales Mandes, Jehan Mosnier, Jehan Painparé, Hervé Taunay, Jehan Davenel, Raymond Gandille, sergens generaulx.

Ledit MORICE  DE PLUSQUALEC, détenu prisonnier ès dictes prisons.

Enquis dont il eut la barche qu'il exposa en vente a un nommé Sanchou Vaque, espaigneul, dist qui elle fu prinse sur les anglois par ceulz de Thalemond.

Enquis si l'an mil CCCC trente et trois il se assoya point d'armer lad. barche ou de la vendre, dist qu'il fist bien diligence de la mectre en armée.

Enquis, quant Maumissert, led. Sanchou Vaque et un nommé Petre Dalibari, espaigneul, alerent à Taillebourg, s'il leur avoit point donné d'asseurance, dist que non, mais qu'il leur avoit bien mandé qu'itz alassent aud. lieu de Taillebourg.

Enquis où fu fait le marchié de lad. barche, dist qu'il fu fait aud. lieu de Taillebourg, et qu'il la vendi deux cens cinquante royaulx aud. Sanchou.

Enquis s'il eut point de denier a Dieu, dist que ouy.

Enquis s'il eut point d'erres, dist que non, et dist que ou marchié faisant led. Sanchou devoit avoir un cheval, qui estoit au procureur du Roy, pour cinquante royaulx, et que lui qui parte devoit ravoir lad. barche pour le prix que led. Sanchou l'achaptoit dedans ung an après; et de ce rescrivi led. qui parle une cedute aud. procureur du Roy.

Enquis combien de temps il demoura à avoir response de lad. cedule, dist qu'il demoura environ dix jours, qu'il eut response par laquelle il ne pouvoit avoir led. cheval parce qu'il estoit vendu, ne aussi lad. nef pour le prix qu'il la bailleroit et dit que led. Sanchou lui porta lad. response, et quant lui qui parle vit lad. response, il dist aud. Sanchou telles paroles « Et bien mais vrayment vous tendrez mon marchié. »

Et dist que pour celle cause il arresta led. Sanchou et lui dit, qu'il auroit led. cheval pour cinquante royaulx et rauroit lad. nef pour le prix qu'il la lui avoit vendue; et qu'il fit enferrer led. Sanchou et mettre en la basse fousse eu chastel de Rocheffort.

Enquis si led. Sanchou demoura gaires en lad. basse fousse, dist qu'il y demoura environ quinze jours.

Enquis si led. Sanchou demanda point de confesseur, dist que non, ne oncques ne lui en fu parlé par autres pour nom dud. Sanchou.

Enquis s'il ne scet point en quelle maniere il fu trouvé mort, dist que non.

Enquis s'il lui semble que ce fust bien fait delie faire mourir en la fosse et de l'enferjer, dist qu'il scet bien que non.

Enquis s'il bati Yvon de Mete a Grezac, dist que non.

Enquis s'il fu à prendre un balenner appartenant à Sanet (1) de Sainct Jehan dist que ouy, parce que led..Jehan 2 de Sainct Jehan avoit este à prandre un sien balenner au Mont Sainct Michiel; et dist que avec- lui à lad. prinse estoient Raymond Grezillon, Guerdon de Marempnes, Jehan Aunet, un nommé Doulas de Bretaigne, demourant à Taillebourg, et autres gens demourans aud. lieu de Taillebourg.

Enquis quel navire il avoit a prandre led. baleiner, dist qu'il avoit la barche de Ardillon de Marempnes, laquelle il lui avoit preste, mais que led. Ardillon ne savoit pas pourquoi il estoit faire.

Le mardi XXe jour dud. mois de mars oud. an mil CCCC quarante et ung, par led. maistre Pierre Bernart, bachelier en droit canon et civil, accesseur que dessus; presens led. maistre Pierre Lucas, gardé de la prevosté de lad. ville de la Rochelle Jehan Painparé, Denisot de Gragy, sergens royautx, et autres.

Ledit CHARLES DE PLUSQUALEC, escuier, détenu prisonnier ès prisons du Roy nostre sire en son chastel de la Rochelle, interrogé s'il congnoist Yvon de Mele, dist que non.

1. Sanet ou Savet

2. Sic.

Interrogée quant led. de Mele fu prins, s'il fu à sa maison, mais (1) que non, mais qu'il fu à lad. prinse dud. de Mele.

Interrogée quant il fu au Port Carrillon, s'il sceut point que un bonhomme, nommé Jehan Labbé, s'en ala et s'eschappa, dist qu'il ne le vit point.

Interrogée quand led. Abbé se fu eschappé, si led. qui parle frappa Yvon de Mele du plat d'une espée, dist que à l'occasion de ce que led. de Mele estoit monté sur un cheval qui avoit uns cros et qu'il ne se vouloit reculer de son chemin et cuida faire cheoir led. qui parle en la riviere, qu'il frappa led. de Mele un cop ou deux du plat de l'espée et non autrement.

Interrogé s'il vit point Morice de Plusqualec à Sainct Jasmes, dist que non.

Interrogé s'il vit point led. Yvon de Meleaud. lieu de Sainct Jasmes ne qu'il lui dist qu'il se confessast, dist qu'il vit bien led. de Mele, mais ne lui dist point qu'il se confessast.

 Interrogé qui mist aud. Yvon la corde en coul, dist qu'il ne scet.

 

Le XXe jour dud. mois de mars mil CCCC quarante et ung, par noble homme messire Jehan Le Boursier, ch conseillier et chambellan du Roy nostre sire, lieutenant général de noble et puissant seigneur monsgr le gouverneur de la ville de la Rochelle, chastellenie et ressort d'icelle, pour le Roy nostredit seigneur, presens honnourables hommes et sages maistres Pierre Bernart, bachelier en droit canon et civil, accesseur de mond. sr le lieutenant Pierre Lucas, garde de la prevosté de lad. ville de la Rochelle, Jehan Maynart, licencié en loix, juge de la court du seel royal establi aux contraux en lad. ville de la Rochelle, Jehan Painparé, Hervé Taunay, Jaques Fort Jehan Marchesseau Jehan Davenel sergens royaulx, et autres.

Ledit MORICE  de  PLUSQUALEC dist qu'il congneut bien Bernart de Karkabin.

Interrogé en quelle maniere led. de Karkabin fu mis hors de Rocheffort, dist qu'il ne estoit pas aud. lieu de Rocheffort quant la forteresse dud. lieu fu prinse sur led. Karkabin.

Interrogé s'il eut point oncques de l'un un escu, de l'autre deux escuz, de l'un plus, de l'autre moins, mise sa nef.sus, dist que non.

Interrogé combien de temps il avoit que Coytelles avoit esté mis hors de tad. forteresse de Rocheffort, quant led. de Coytelles fut mis en lad. forteresse, dist qu'il avoit deux ans.

Interrogé combien de reparacions led. qui parle mist a Rocheffort, dist qu'il y mist plus de mil escux sans ce que les bonnes gens en payassent riens, et que du paiement il s'en attendoit à monsr le prevost.

Interrogé s'il a point dit aucunes foiz que ceulz de la chastellenie de Rocheffort paieroient lesd. reparacions ne s'il leur a point mandé, dist que non qu'il sache.

Et dist.que quant ledit qui parle se sorti hors de lad. forteresse, il se senti injurié d'avoir esté mis hors dud. lieu de Rocheffort.

Enquis s'il a point mis paine de trouver. d'iceulz de Rocheffort, dist que non, et qu'il en eust bien trouvé s'il eust voulu.

Interrogé s'il fu cause de la course qui fu faicte en la chastellenie dud. lieu de Rocheffort, dist.que non.

 Interrogé lequel il sceut plus tost, la course ou la venue, dit que quant lad. course se fit qu'il l'oït bien dire.

Interrogé s'il estoit à Grezac quant ceulx qui furent à la course y arriverent, dist que non, mais que en soy en alant de Taillebourg à Thalemond il passa aud. lieu de Grexac où il les trouva.

Interrogé s'il scet point que le sgr de Pons fust couroucé de lad. prinse, dist que non; mais bien dist que lui et ses frères Chartes et Yvon de Plusqualec emmenerent Yvon de Mele à Sainct Jasmes de Taillebourg.

Interrogé s'il scet point que l'on demandast aud. de Mele s'il vouloit point estre confessé et qu'il envoyast querir le confesseur de la Magdalenne, dist que non.

Interrogé s'il bâti led. de Mele oud. voyage, dist que non que d'une verge.

Interrogé, quant led. de Mele se fist confesser par un chappellain, si ledit qui parle et ses freres renoyerent Dieu que s'il nes eavançoit qu'ilz le tueroient, dist que non.

Interrogé s'il bati led. de Mele d'un gros baston tant qu'il se lassa, dist que non et qu'il en veult croire led. de Mele.

Interrogé s'il vit Babin en la presence dud. de Mele, dist que ouy, et qu'il vint veoir led. de Mele pour ce qu'itz sont parens.

Interrogé s'il dist oncques aud; de Mele qu'il lui souvenist de l'espaigneute dist qu'il n'en est recors et qu'il croit qu'il ne lui en dist oncques riens et qu'il s'en rapporte aud. de Mele; et aussi se rapporte si lui qui parle dist point aud. de Mele qu'il le feroit mourir plus villainement que led. espaigneul.

Interrogé combien de temps led. espaigneul demoura en la basse fosse et en prison, dist qu'il y demoura bien quinze jours ou trois sepmaines, autrement du temps n'est recors; et quant il y mouru il qui parle estoit Taillebourg.

Interrogé s'it dist aud. espaigneul, en l'arrestant, qu'il lui feroit la plus mâle prison qu'il eut oncques, dist que non.

Interrogée quant Ied. espaigneul fu en prison, si lui qui parle lui demanda deux cens royaulx et une XIIe de pavezines, dist qu'il ne scet et n'en est recors. Et dist que quant il arresta led. espaigneul il l'arresta sur espérance qu'il lui baillast deux cens cinquante royaulx et une aumusse d'escarlate, à cause du marchié qu'il avoit fait avec lui; et que led. Sanchou disoit tousjours que pour ce que ses compaignons ne vouloient tenir led. marchié qu'il ne le povoit acomplir.

Interrogé combien de temps il sceut la mort dud. espaigneul après qu'il fu mort, dist qu'il n'en est recors. Et dist qu'il eut grant dent dont led. espaigneul mouru et qu'il oy dire la mort dud. espaigneul à Taillebourg, et lui fu dit qu'it estoit en la fosse.

Enquis s'il a point congneu un nommé Peschereau et Jehan Maynart de Taunay Voultonne, dist que non.

 Interrogé s'il sceut oncques que ses gens tuassent deux hommes au Port Carrillon, dist que non et qu'il en veult croire le prieur de Soubize.

Interrogé s'il fu point à les tuer environ la feste sainct Jehan Baptiste derr[enier] passée, dist que non.

Interrogé led. Morice de Plusqualec quelle response il fist à Colas Marre, sergent d'armes, quant il ala par devers lui à Taillebourg lui faire commandement. De par le Roy, qu'il rendist la place dud. lieu au Roy nostre sire, dist que de la response qu'il fit aud. Marre il en veult ester et croire à ce que led. Marre en dira. Et pour ce, en la presence dud. Morice, led. Colas Marre, sergent d'armes du Roy nostre sire, a esté Interrogé de la manière de la response à lui sur ce faicte par led. Morice.

Dist qu'il est vray que, par vertu de certaines lettres du Roy nostred. sire, il se transporta aud. lieu de Taillebourg, en la place dud. lieu en laquelle estoit led. Morice, auquel il parla et.lui monstra lesd. lettres, lesquelles led. Morice leut. Et après qu'il les eut leues, il fit commandement a icellui Morice de rendre lad. place au Roy; et avec celui distque lesd. lettres faisoient mencion de menner led. Morice par tout le royaulme de France et dehors devers le Roy sceurement, et que pour ce, s'il vouloiL venir devers le Roy, qu'il lui menneroit sceurement et lui tiendroit ce qu'il lui promettoit. Et avec dist aud. Morice qu'il avoit voulenté de repaistre, et lui requist qu'il le fist repaistre, parceque lui et ses chevautx estoient las et travaillez ; lequel Morice lui dist qu'il alast boire, et après qu'il auroit beu qu'il lui feroit telle response que le Roy et led. Marre seroient contens, et que atant led. Marre s'en ala boyre à l'ostel de ….. (1)

mareschal dud. lieu de Taillebourg, ou quel hostel led. Morice promit de venir faire lad. response aud. Marre, lequel Morice n'y vint ne y envoya, et l'attendi led. Marre oud. hostel certain longtemps. Et en ce disant arriva aud. lieu de Taillebourg- noble homme Olivier de Coitivi et autres cappitaines de gens d'armes estans avec le Roy, auquel de Coitivi led. Marre dist ce que led. Morice lui avoit dit. Et après led. Colas Marre se transporta en lad. place, en laquelle il fit commandement aud. Morice, lequel estoit armé de tout harnoys fors que de (2). …..

qu'il venist parler à lui. Lequem Morice vint à lui. Auquel Morice led. Colas Marre dist qu'il ne lui avoit pas tenu ce qu'il lui avoit promis et qu'il ne lui avoit rendu response au commandement qu'il lui avoit fait; a quoy led. Morice dist aud. Marre qu'il ne rendroit lad. place sinon qu'il eust bonne seurté et mandement du Roy d'aler par devers lui et de s'en retourner en icelle place, et atant led. Morice se retray arrière sans faire austre response aud. Marre. Amprès laquelle response faicte, led. Marre dist et signiflia à haulte voiz a toux ceulz qui y estoient en lad. place, tellement qu'ilz le pouoient oir, que sur peine de perdre la vie ilz s'en alassent hors de lad. place et en leurs maisons, et que eulz estans en leursd. maisons hors de lad. place, que le Roy nostred. seigneur les tenoit en sa protection et sauvegarde especial, ou que s'ilz ne s'en aloient, que le Roy nostred. seigneur n'en auroit aucune remission d'eulx, et que atant il se départi de lad. place sans avoir autre response dud. Morice.

  1. Passage en blanc dans le manucrit
  2. Id.

 

 

Interrogé [led. Morice] s'il fu homme blecé quant le siège fut devant Taillebourg, dist qu'il scet bien que une nuyt des gens de sa maison, mais ne scet lequel, blecierent le bastart de Villéblanche.

Le mardi XXVIIe jour dud.. mois de mars l'an mil IIIIe quarante et deux, par mond. sgr le lieutenant, presens lesd. maistres Pierre Bernart, accesseur que dessus, Pierre Lucas, garde de la prevosté de la Rochelle pour le Roy nostre sire, Bernart Carn, receveur ordinaire du Roy nostred. seigneur ou païs de Xainctonge, lad. ville et gouvernement de la Rochelle, Regnaut Maynart, sergent gêneral du Roy nostred. sire en lad. ville et gouvernement de la Rochelle, Denisot de Gragi, sergent aHoué de Jehan Davenel, et autres.

Led. MORICE DE PLUSQUALEC, interrogé s'il congnoist point Pierre Arragon, dist que ouy.

Interrogé s'il a point prins led. Arragon et eu de lui vingt et quatre royaulx, dist que non; et dist que de tout ce que led. Arragon le charge touchant lesd. XXIIII royaulx, qu'il enveult croire icellui Arragon.

Interrogé s'il veult croire Belineau de Ré s'il fit atacher led. Belineau à la queuhe de son cheval, dist que ouy.

Interrogé du fait de Jehan Grenier et Pierre de Lavau, dist qu'H en veult croire lesd. Grenier et Lavau et estre a leur disposition.,

Interrogé s'il congnoist messire Berthomé Gilbert, curé de Sainct Hilaire de Ville Franche, dist que oui, et qu'il eut de lui trente royaulx afin qu'il ne fist desmolir une grange qu'il avoit édiffiée devant l'eglise etdist qu'il eut tesd. trente royaulx pour ce que ted. curé avoit prins le bois dudit qui parle.

Interrogé s'il congnoist Jehan Painpra et Merien son frère, dist que ouy.

Ledit GUILLAUME DE PLUSQUALEC, interrogé s'il congnoist Gamage Fortin, Aygreffueille et autres, dist que ouy.

 

Interrogé s'il fu à la prinse de certain bestail prins auprès de Sainct Jehan d'Angeli, dist que non et qu'il estoit à Taillebourg au temps que la course fu faite, et qu'il oyt dire que les gens de Pons avoient couru auprès de Sainct Jehan d'Angeli

Le VIe jour d'avril oud. an' mil CCCC quarante et deux, par led. maistre Pierre Bernart, accesseur que dessus, presens maistré Pierre Lucas, garde de la prevosté de lad. ville de la Rochelle pour le Roy nostre sire, Denisot de Gragi, Jacques For t, Gonsales Mandes, Jehan Mosnier, sergens, et autres.

Led. MDE PLUSQUALT détenu prisonnier èsd. prisons, interrogé s'il congnoist Hannequin Oultrequin, dist que ouy, et qu'il est prevoust de Sainct Saornin de Taillebourg. Interrogé s'il scet que led. Outtrequin tenoit un pré qu'il disoit estre sien, dist que led. Oultrequin tenoit un pré assis entre la chastellenie de Taillebourg et de St Saornin, lequel il disoit estre sien, et que led. Outtrequin le fit fauscher il a dix ans ou environ, et dist qu'il fit ardoir le fain par le commandement de feu messire Henry de Plusqualec, et fit rendre aud. Oultrequin, pour led. fain qui fu ars, deux ou trois charretées. Et après trouva led. Hannequin à Taillebourg et le fit arrester a l'occasion de ce qu'il avoit fait fituscher led. pré, et qu'il paya, avant qu'il eschappast, lesd. deux charretées de fain, et que led. messire Henry, son oncle, assigna aud. Oultrequin à prandre et fauscher d'autre fain, en lieu de cellui qui avoit esté ars oud. pré que led. Hannequin disoit estre sien, en autres prez ou il en eut plus qu'il n'en avoit esté ars.

Interrogé s'il sceut riens que un baleiner appartenant aud. Morice et les gens estans par dedans trouvassent la gabarre de Besson et qu'ilz preissent, il a quatre ans, trois cens de merluz, des espices, comme sucre, ensent commun et autres espices, dist qu'il n'en sceut oncques riens.

Dist qu'il scet bien que, depuis vendenges en ça, Guillaume de Plusqualec et. ses gens estans sur le port de Taillebourg, prindrent certains vins qui estoient en une gabarre appartenant à Regnaut de Lommeau, à maistre Pierre Saulnier, a un nommé Beraut et à Pierre Anbry, et des espices qu'ilz faisoient mener à Xainctes; et que maistre Pierre Saulnier en vint parler audit qui parle aud. lieu de Taillebourg pour en avoir restitucion, auquel il qui parle parla, et lui dist led. Saulnier que le vin estoit à monsgr de Xainctes. Et depuis mond. seigneur de Xainctes envoya une cedule audit qui parte, par laquelle il lui manda qu'il lui feist rendre trois ou (1) quatre pipes et demie de vin et il qui parle manda aud. seigneur de Xainctes qu'il lui rendroit led. vin ou aussi bon comme il estoit. Et ne scet combien il y avoit de vin enlad. gabarre, et ne sceut riens des espices.

Interrogé s'il doit aud. Aubri cent et dix solz, à cause de drap, dist qu'il n'a riens prins ne tolu aud. Aubri et que led, Aubri est marchant et que s'il lui doit riens qu'il est content de le paier.

Enquis sur le fait du vin de l'abbaesse de Xainctes, qui fu prins à Taillebourg par Guillaume de Plusqualec, dist que au temps de la prinse il estoit en Bretaigne, et dist que ce fu depuis vendenges; et quant il fu venu, l'abbé de Sainct Jehan d'Angeli s'en dolu à lui et s'en appoincta ledit qui parie avec led. abbé, et donna ledit qui parle une cedule aud. abbé de l'en faire content, pour ce qu'il ne savoit point quelle quantité il y avoit de vin, et que quant il le sauroit il lui en feroit faire restitucion.

Interrogé s'il blasma led. Guillaume de Plusqualec de lad. prinse, dist que non, mais qu'il mist paine, avec led. abbé, de rapaiser led. abbé, tellement qu'il en fu contenté sur l'heure sans en avoir eu depuis restitucion.

 

1. Sic pour trois pipes et demie ou quatre pipes de vin.

 

Le XXe jour d'avril oud. an mil CCCC quarante et deux, par mond. Sgr l'accesseur, presens maistrés Pierre Lucas, garde de la prevosté de la Rochelle, le procureur du Roy, Loys Gaudineau, licencié en loix, commis de maistre Pierre Bragier, aussi licencié en loix, advocat du Roy nostre sire en Xainctonge et à la Rochelle, Jehan Huguet et autres.

Led. MORICE DE PLUSQUALEC, interrogé et enquis s'il lui souvient point de la prinse d'un marchant de Flandres, nommé Dirquelin, par lui faicte, dont il eut IIIIe escuz, dist qu'il scet bien que les gens d'un baleiner de Thalemond, dont estoit maistre Jehan Moreau, qui estoit à Henry Cossoys, trouverent led. Dirquelin en venant de l'Isle d'Ays en ceste ville et le prindrent et l'emmenerent devant Soubize, et là le prindrent et rançonnerent IIIIe escuz. Et dist que après, à sa requeste, led. Dirquelin fu lasché à deux cens royaulx et fu pleige Guillaume de Coytelles, ou queque. soit lui fu baillé en garde et dit que lui qui parle eut les deux cens royaulx, et les lui bailla feu Guillaume de Coytelles pour bailler aux compaignons. Et dit que ce fu ou temps que le duc de Bourgongne avoit debat avec le Roy et que s'ilz en eussent trouvé des autres qu'ilz les eussent prins. Interrogé en quel temps ce fu, dist qu'il n'en est autrement recors du temps; et dist que de tout le cas comment it fu il s'en veult rapporter à Colin Leclerc.

Et sur ce a esté enquis led. Colin Leclerc, à ce présent, de la maniere de lad. prinse. Lequel a dit qu'il a douze ans ou environ, et fu ou temps d'esté, led. Dirquelin vint de pardeça pour achapter du sel en Brouage, ou il ala, et dit que ainsi que led. Dirquelin vint à la Rochelle, pour querir l'argent qu'il devoit dud. sel, qu'il oit dire à un frère dud. Dirquelin que led. Dirquelin avoit esté prins par un baleiner de Thalemond qui estoit aud. Morice de Plusqualec, et adonc ledit qui parle s'en ala à Taillebourg où il trouva feu messire Henry de Plusqualec, auquel il bailla unes lettres que sire Hugues Gaultier, lors maire de la Rochelle, envoya aud. feu messire Henry à cause de lad. prinse; lequel lui bailla unes lettres pour porter aud. Morice a Soubize, et en sa compaignie ala, pour la seureté dud. Colin, Morice, bastart dud. feu de Plusqualec. Et quant il fu à Soubize, il trouva led. Morice qui estoit oud. balenier, et léd. prisonnier avec lui, près dud. lieu de Soubize; et s'efforça de parler aud. Morice led. Morice bastart, mais pour ce qu'il y eut un peu de debat, cuiderent tirer les uns contre les autres des ars, et aussi ne voulu oncques laisser parler led. Leclerc aud. marchant.. Et à la partin fu appoineté qu'ilz se rendroient a Rocheffort, par devers feu Guillaume de Coytelles, et s'en vindrent led. Morice, led. Dirquelin avec lui et avec les autres qui l'avoient prins~ et se rendirent à Rocheffort, et aussi se y rendirent lesd. Leclerc et Morice bastart. Au quel lieu de Rocheffort il fu composé que led. Dirquelin payeroit deux .cens escuz vieilz, pour lesquelz paier demeura pleige pour led. Leclerc led. feu de Coytelles, auquel led. Leclerc promist payer lesd.deux cens escuz dedens VIIIe ensuivant et emmena led. Dirquelin avec lui à la Rochelle; et à lad. VIIIe porta lesd. deux cens escuz d'or, lesquelz il bailla aud. feu de Coytelles, lequel les bailla aud. Morice détenu prisonnier.

Enquis [led. Morice] s'il a point esté à prandre d'autres vaisseaux devant Ré, dist que non.

Enquis s'il eut la pinace de Jehan Belineau dist qu'il trouva led. Belineau à Taillebourg, et l'arresta et le print pour merque pour trente royaulx que lui devoit GuiHaume Gay, et composa que led. Belineau lui amenneroit lad. pinace. pour trente royaulx, et de fait la lui amenna; et dit que depuis, par la vertu de certaines lettres du Roy, led. Belineau l'a eue.

Enquis combien de temps il la detint, dist qu'il ne scet.

Enquis pourquoy led. Guillaume Gay lui devoit lesd. trente royaulx, dist qu'il les lui devoit à cause de prisonniers anglois que lui et led. Gay avoient prins ensemble et lesquelz prisonniers estoient demourez aud. Gay,et lui avoit promis rendre lesd. trente royaulx pour eulx.

Enquis en quelle manière fut prins le vaissel de l'abbé de Ré, dist qu'il fu prins par les gens dud. qui parle, qui estoient en son anguile, et menné a Taillebourg.

Enquis quelz gens estoient dedans lad. anguille, dist que un nommé Guillaume Le Biscle de Bretaigne et autres dont il ne scet les noms : pour ce, qu'il s'en rapportoit au maistre dud. vayssel. Et quant led. vaissel fu à Taillebourg il le presta a Henry, son frere, pour le conduict du convoy, et dist que avant qu'il baillast led. vaissel à sond. frere, qu'il demeura un mois à Taillebourg.

Enquis combien il cousta à l'abbé pour le recouvrer, dist qu'il n'en scet riens.

Enquis s'il sceut point qu'il fust à l'abbé de Ré, et s'il eut oncques priere qu'if rendist led. vaissel, dist qu'il savoit bien que ledit vaissel estoit aud. abbé de Ré, et qu'il en eut aussi lettres pour le rendre, mais n'est recors de qui, et ne le vouli rendre.

Enquis pourquoy il ne le rendoit, dist qu'il le retenoit pour parail argent que lui devoit Guillaume Gay, et que led. Gay lui devoit plus de cinquante escuz.

Interrogé pour quoy il prenoit lesd. deux vaisseaux, qui valoient plus de centroyautx, pour lès cinquante escuz que lui devoit led. Gay, dist qu'il le fit parce qu'il ne povoit pas trouver aucunne chose à prandre au juste.

Enquis quelz gens il avoit quant il vint courir à Tasdon, dit qu'il n'y vint courre que une foiz.

Collationné. Registré

. CHAUVAIGN.

 

 

 

 

Le document.qui suit, en date du 3 avril 1425, ne se rapporte pas au procès dont il vieut d'être question mais, comme il met en scène Maurice de Plusqualec, il a paru mériter d'être placé ici en appendice. Nous le publions d'après la copie faite par M. Marchegay sur l'original, qui se trouve aussi aux archives du château de Thouars.

 

Lettre d'accord fait de certain vaissel par Morice de. Plusqualec.

A touz ceulx qui ces presentes lettres verront et orront Jehan Amat, garde du scel royal establi au contraitz ou bai[liage de Saujon pour le Roy de France nostre sgr salut.

Savoir faisons que par devant Jehan Roux, clerc, notaire juré et auditeur de la court dud. scel, furent presen et personnellement establiz Jehan de Receguy de Sainct Sebastien en Espaingne, maistre du vaissel appeté la barche Saincte Marie de la tenterre d'Oyarson, Domingon Jehan, contremaistre dudit vaisset Marti de Gornau, Jehan Marti de Granada, Pierro Gabriiolle, Diagou de Sainct Sebastien et Jehan d'Aurete, mariniers dudit vaissel, Marti de Arthevalo, Machin de Laicho et Miquelote, drometz dud. vaissel, du païs d'Espaingne, d'une part; et Maurice de Ploesquallet, escuyer du païs de Bretaingne, d'autre part; lequel Maurice dist et exposa que comme il, acompaingné d'autres subzgiez et obeissans du Roy nostred. sgr, eust nagueres trouvé en la rivière de Charante en Xanctonge led. vaisset chargé de blés, de fer et aucun poy de fustennes et autres choses estans par dedans icelui vaissel, et il soit ainxi que il feust deftence faicte par les ordonnances royalles et mandemens sur ce à touz seneschals et autres officiers qu'ilz ne laissent ne souffrent extraire hors du royaume nuls blés ne autres choses illicites; et led. Maurice eust entendu et feust venu à sa notice que led. vaissel ainxi chargé de blés et autres choses sus dictes vouloit et entendoit aler à descharge ès parties engloises, a prins led. vaissel chargé de blés, de fer et autres choses susd. et l'en a menné au lieu de Thallemon sur Gironde. Et ledit vaisselainssi estant aud. lieu de Thallemon, les marchans, maistres et mariniers d'icelui sont venuz à accort et appoinctement, en la ville de la Rochelle, avecques Bernard de Kergabyn, escuyer, bailli du Grant Fié d'Aulnis ; pour et en nom dud. Maurice de Ploesquellet parmy le quel accord et appoinctement disoit en son dire led. Maurice de Ploesquellet que led. Bernard de.Kergabin leur avoit promis faire rendre et restituer led. vaissel avecques ses appareils et avecques autres choses nommées et declairées ès lettres dud. accord et appoinctement et en certaine forme et manière contenues ès dittes lettres d'accort. Et pour ce led. Morice, voulens obeir aud. accord et appoinctement fait avecques lesdiz marchans, maistres, mariniers et drometz par led. Bernard de Kergabin pour et en nom dud. Maurice, a baillé et delivré, baille et delivre si et dès jà ausd. maistres, marinierset drometz led. vaissel avecques ses appareils et marchandises estans par dedens led. vaissel, sauve et excepté le froment estantond. vaissel, lequel blé disoit led Maurice que avoit esté avalué à la somme de deux cens cinquante escuz d'or, que led. Bernard de Kergabin leur doit paier pour nom dud. Maurice, comme il disoit apparoistre par les lettres obligatoires sur  ce faictes entreulx. Et sur ce les dessus nommés maistres, mariniers et drometz, non circumvenuz, non parforciez, més bien conseillez et avisez de leur fait et de leur droit, si comme ils distrent, ont recogneu et confessé aujourduy, date de ces presentes, en la présence dud. notaire et des tesmoings cy dessoubz nommez, eulx avoir heu et receu dud. Maurice led. vaissel avecques ses appareils et les marchandises, comme fer, fustennes et autres choses estans par dedens led. vaissel prinses par led. Maurice de Ploesquellet et qui estoient ondit vaissel au temps et par le temps de lad. prinse, sauve et excepté le froment et blé estant ond. vaissel, comme dit est, et dud. vaissel et appareils, fer, fustennes et autres choses susd. sauf et excepté dud. blé, les dessus nommés maistres, mariniers et drometz se sont tenuz et tiennent pour bien contens, bien satisfaitz du tout et appaiez, et en ont quipté du tout et encore quiptent led. Maurice, ses compaignons et touz autres auxquels quiptance en porroit et devroit, puet et doit competer et appartenir etc. etc. (suivent 21 lignes de formule)

Ceu [fut] fait et donné aud. lieu de Thallemon, tesmoings presens ad ce appeliez et requis noble homme Tibaut de la Guiblaye, escuyer, cappitaine dud. lieu, messe Aymeri Mesmer, chappellain de l'eglise parrochial de Teuzac, Perrot Gombaut, Jehan Arraut, Jehan Debien, Motin Petavi et Jehan Perier, le tiers jour du moys d'avril l'an mil quatre cens vingt et cinq.  

J. Roux.

Archives historiques du Poitou.

 

 

 

 Prise de Taillebourg par CHARLES VII contre des compagnies de brigands et d'écorcheurs retranchés dans le château (1441) <==

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité