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PHystorique- Les Portes du Temps
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11 novembre 2020

Traité de La Jaunaye, accord de paix signé par Charette le 17 février 1795 lors de la pacification de la Vendée

Traité de La Jaunaye, accord de paix signé par Charette le 17 février 1795 lors de la pacification de la Vendée

Le traité de La Jaunaye est un accord de paix signé le 17 février 1795 au manoir de La Jaunaye, à Saint-Sébastien, près de Nantes, par Charette, assisté de Sapinaud et de plusieurs autres chefs vendéens et chouans, et une délégation de représentants de la Convention menée par Ruelle, représentant en mission.

Ruelle avait été à Paris et avait reçu du Comité de Salut public les pouvoirs Les plus étendus pour traiter. En même temps Cormatin était autorisé à se rendre auprès de Charette et à agir sur lui pour l'amener à conclure un arrangement qui, ne fût-il qu'une trêve, serait essentiellement favorable à la cause royaliste. Charette finit par consentir à l'ouverture de conférences au château de la Jaunaye (12 février).

Les négociations durèrent cinq jours et ne furent pas sans difficultés ; quoique les républicains fussent disposés à de grandes concessions, ils ne pouvaient satisfaire à toutes les exigences du chef vendéen. On finit par tomber d'accord et sur le fond et sur la forme. Il fut convenu que les représentants en vertu de leurs pouvoirs prendraient un certain nombre d'arrêtés et que les royalistes y acquiesceraient par une contredéclaration.

 

Voici quelles furent les principales dispositions des cinq arrêtés applicables à la Vendée ;

1° Tout individu pourrait exercer librement et paisiblement son culte ; ce qui s'appliquerait implicitement aux prêtres non assermentés.

2° Les Vendéens qui le désireraient seraient admis dans les troupes de la République. Un corps de chasseurs à pied, soldé, n'excédant pas 2,000 hommes, serait formé par les soins des représentants. C'était un refuge offert aux hommes que la guerre civile avait déshabitués de tout autre métier que de celui des armes.

3° La République paierait jusqu'à concurrence de 150,000 fr. les bons signés par les chefs des deux armées du Centre et du Bas-Poitou.

4° Amnistie serait accordée à tous ceux qui se soumettraient ; des secours et des indemnités seraient payées à ceux qui avaient éprouvé des pertes, qu'ils fussent Vendéens ou républicains.

5° Les insurgés, même s'ils étaient inscrits sur la liste des émigrés, rentreraient, par le fait de leur soumission, en possession de leurs biens, et il leur serait donné main-levée des séquestres qui auraient été établis.

Les chefs vendéens, et notamment Charette et Sapinaud, signèrent une déclaration par laquelle « ils se soumettaient à la République française une et indivisible, reconnaissaient ses lois et prenaient l'engagement formel de n'y porter aucune atteinte ».

On a beaucoup dit que des articles secrets avaient été signés à la Jaunaye ; qu'ils donnaient aux Vendéens des satisfactions bien plus amples et se rapprochaient davantage des premières demandes de Charette. Rien n'est prouvé à cet égard. Ce qui paraît probable, c'est que les royalistes émirent des prétentions que les républicains ne rejetèrent pas de prime abord, mais qu'ils en ajournèrent l'adoption sous le prétexte qu'il fallait du temps pour préparer les esprits au retour de la royauté (1).

Quelques jours après (février), Charette allait à Nantes visiter Canclaux et y était reçu comme en triomphe par une population qu'enivrait la pensée de voir la guerre civile terminée.

La Convention, empressée de se décharger d'un de ses plus cruels embarras, approuva les arrêtés de ses commissaires sans y regarder de trop près.

Tout n'était pas fini cependant dans l'Ouest.

En Bretagne, l'adhésion de Cormatin et de quelques autres au traité de la Jaunaye n'avait pu amener la soumission du pays, et, le 20 avril seulement, le chef d'état-major de Puisaye, au prix de grands efforts, parvenait à faire signer à la Mabilais près de Rennes, par un certain nombre de chefs de bandes, un acte de pacification semblable à celui de la Jaunaye ; mais d'autres se refusèrent à y adhérer. Soit que leur inviolable attachement à la cause royale leur commandât de lutter jusqu'à la dernière extrémité, soit qu'ils ne pussent se déshabituer de la vie aventureuse qu'ils menaient à travers les landes et les bois de leur pays, ils continuèrent les hostilités.

Quant à Stofflet, il parut à la Jaunaye, mais il s'éloigna presque aussitôt en déclarant violemment qu'il ne voulait pas se soumettre. Caudaux employa alors toutes ses forces à le traquer et le réduisit promptement aux abois. A bout de voie, le chef angevin se résigna enfin le 2 mai à adhérer à la pacification.

Ainsi les principaux d'entre les royalistes étaient soumis, mais cette paix apparente à laquelle de part et d'autre on n'accordait qu'une médiocre confiance ne devait pas être de longue durée.

 

DOCUMENTS SUR LA PACIFICATION DE LA JAUNAIS

Nantes, le 9 nivôse, 3e année républicaine (29 décembre 1794).

 

Gaudin, des Sables, représentant du peuple près l'armée de l'Ouest, au citoyen Goupilleau de Montaigu.

Me voilà enfin arrivé à Nantes, où se trouvent réunis dix de mes collègues (2). Nous avons trouvé, parmi les troupes cantonnées au milieu des ruines et des cendres de ce malheureux pays, le meilleur esprit et le désir bien prononcé de terminer promptement cette exécrable guerre. Je ne te donnerai point de détails sur notre voyage ; il ne s'est rien passé de bien intéressant. Tu ne seras pas fâché de connaître la sensation qu'a produite chez les rebelles la nouvelle de l'amnistie, et les effets qu'on peut en attendre. Les détails que je vais te donner suffiront pour te fixer à cet égard.

Deux officiers généraux de Charette, l'un le ci-devant comte de Bruc, de Nantes, et Béjarry de Luçon sont arrivés hier soir, avec un nommé Bureau, qu'on avait autorisé secrètement à aller sonder les dispositions du chef des rebelles.

Ces deux personnages nous ont été présentés vers les dix heures du soir.

Ils avaient mis bas les signes royalistes, à l'entrée de nos premiers postes. Ils avaient l'air humble et respectueux qui leur convenait dans les circonstances. Ils nous ont dit qu'ils étaient chargés .par Charette d'avoir avec nous une explication sur les trois points suivants :

1° Les chefs sont-ils réellement compris dans l’amnistie ?

Ils en doutaient, à cause des réclamations qui eurent lieu à la Convention nationale à ce sujet et sur lesquels elle passa à l'ordre du jour. Peu au fait des délibérations de la Convention, ils prenaient cet ordre du jour pour une négative. — Nous les avons rassurés sur cet article, et ils en ont paru satisfaits.

2° Les deux autres points étaient : les prêtres non assermentés, les émigrés qui sont actuellement dans la Vendée sont-ils compris dans l'amnistie ?

Nous leur avons répondu positivement que non ; et quoiqu'ils ne fussent ni l'un ni l'autre dans le cas dont il s'agit, leur figure a paru s'allonger. Ils ont cependant été contents de ce que nous leur avons fait entendre que la Convention ne demandait pas leur sang, et qu'on leur faciliterait les moyens de sortir de France. Il serait possible que nous eussions trop pris sur nous, et la Convention peut-être n'approuvera pas ces mesures. Mais il est question d'épargner le sang de plusieurs milliers de Français et de finir une guerre civile qui serait plus longue qu'on ne se l'imagine, car les révoltés sont encore très nombreux.

Les paysans insurgés paraissent dans les meilleures dispositions ; nos avant-postes et les leurs fraternisent et boivent le rogomme ensemble. Ils font des vœux pour la paix ; mais ils disent en même temps qu'ils ne se rendront qu'autant que Monsieur Charette l'aura résolu. Je ne crois pas cependant impossible d'en détacher un très grand nombre dès que nos Colonnes entreront sur leur territoire, si nous sommes forcés d'en venir à cette extrémité.

J'ai auprès de moi un nommé Bréchard, qui était avocat à Fontenay et qui avait passé avec les rebelles de la Vendée. Il se trouva avec les colonnes de ces révoltés qui furent exterminés au Mans et à Savenay. Il se jetta parmi les Chouans, ainsi que beaucoup d'autres Vendéens. Dès qu'il a appris l'amnistie, il est rentré dans le sein de la patrie ; car la seule peur d'être guillotiné, lui avait fait prendre le parti coupable qu'il a suivi.

Il a donné sur les chouans des renseignements précieux, qui sans doute ont été transmis à la Convention. Il a été question d'une révolte dans la Bretagne et la Basse-Normandie, concertée avec les Anglais pour le printemps prochain, à la tête de laquelle est un certain comte de Puisaye. On a saisi des poudres et de faux assignats que les Anglais avaient déjà fait passer. Voilà encore un complot déjoué et qui sera de nul effet.

Bréchard vraiment repentant et dans le dessein de racheter ses fautes par tout le bien qu'il pourra faire à sa patrie, nous rend et nous rendra de grands services. Il a eu avec les officiers généraux de Charette dont j'ai parlé un entretien dont le résultat diffère de celui qu'ils ont eu avec nous ; Aussi est-il nécessaire de le rapprocher pour savoir à quoi s'en tenir.

Bréchard dit à Béjarry qu'il ne fallait pas qu'il comptât traiter de puissance à puissance. Nous ne sommes pas vaincus, dit Béjarry.

— On a de quoi vous exterminer, répondit Bréchard; Vous êtes cernés par plus de 80,000 hommes, presque autant sont en marche pour tomber sur vous, et l'on peut, s'il est nécessaire, tirer des côtes de la Bretagne des forces très considérables.

Tout cela est exagéré, mais le but de notre brebis égarée et ramenée au bercail, était de faire peur à ces hommes qui, ayant avec lui combattu pour la mauvaise cause, paraissent avoir en lui une entière confiance. Béjarry répliqua :

quand nous serions vaincus et dispersés, il nous resterait une grande ressource, celle de faire la guerre que font les Chouans ; et sur l'observation de Bréchard que les paysans les abandonnaient déjà ; que les troupes républicaines marcheraient en force, il nia la possibilité de cet événement, ajoutant que les prêtres étaient occupés à persuader à ces hommes crédules que l'amnistie n'était qu'un leurre pour les tromper ; que déjà ils en étaient convaincus et qu'ils étaient parfaitement dévoués à leurs chefs.

Voilà, mon ami, où nous en sommes : quelques-uns de nous gênent les opérations par la peur de leur responsabilité. Pour moi, que ma tête saute et que la guerre de la Vendée finisse, je me croirais trop heureux et je serais persuadé que j'aurais rendu le service le plus important à ma patrie.

Une preuve bien convaincante que le système contre-révolutionnaire a allumé les torches du vaste incendie qui a dévoré ce malheureux pays; c'est qu'au milieu des ruines de la Vendée, on trouve les châteaux conservés et les chaumières seules brûlées.

Près de la Garnache qui n'offre que des mazures, se trouve le château de la Roche-Saint-André, qui n'a pas le moindre mal. Auprès de Machecoul qui a subi le même sort que la Garnache, on voit une maison de plaisance appartenant à Charette, à laquelle il ne manque pas un abat-vent.

On ne brûlait les maisons des malheureux habitants de la Vendée que pour les forcer à les abandonner et à joindre l'armée des rebelles.

En voilà bien assez long pour aujourd'hui. Je te marquerai ce qui arrivera d'important par la suite.

Salut et amitié.

GAUDIN.

(Original de 4 p. in-fol. dans la Collection révolutionnaire de M. Dugast Matifeux)

 

 

Charette à Nantes

Le 25, Charette et ses officiers, invités par les représentants à se rendre avec eux à Nantes, y étaient reçus solennellement.

Les quais étaient encombrés par la foule, lorsqu'à quatre heures du soir, au bruit des salves d'artillerie tirées sur les rives de la Loire, le brillant cortège arrivait parle pont de Pirmil.

 En tête s'avançait Charette, richement équipé, sur un cheval superbe. Il avait ceint son écharpe de commandement et portait son chapeau à la Henri IV, surmonté d'un énorme panache blanc.

A sa droite et à sa gauche, marchaient Canclaux qui commandait l'armée républicaine, et Beaupuy, son chef d'état-major. Suivaient Sapinaud, Fleuriot, de Couëtus, La Ville de Baugé, de Bruc, les adjudants généraux républicains, les chefs de division royalistes.

La joie était dans tous les cœurs, dit la Feuille nantaise. On criait Vive la Convention nationale, Vive la République Quelques cris imprudents de Vive le Roi provoquaient une agitation, mais bientôt on y substituait ceux de Vive la Paix, Vive l'Union, Vive Charette

Charette, lui, semblait préoccupé. Quand le cortège atteignit la place du Bouffay, il fixa de son regard perçant l'emplacement qu'occupait naguère la guillotine, où Carrier et ses complices avaient immolé tant de Vendéens, tant de femmes y compris les sœurs La Métayrie, cousines du général.

Il souleva son chapeau à plumes blanches, et resta quelques instants tête nue devant les portes de la prison. Il revit le quai de l'Erdre, la maison Guesdon, où, suivant un récit, il était venu, en pleine Terreur nantaise, prendre le thé chez un M. Massion.

Il revit cet hôtel Villestreux, dans l'île Feydeau, où logeaient les représentants et qui avait abrité Carrier, et où, maintenant, Mme Gasnier-Chambon lui offrait l'hospitalité. Sous les fenêtres on criait Vive Charette !

Même enthousiasme, le soir, à la salle Graslin, où il y eut spectacle, chez un riche négociant, M. Plumard des Rieux, qui donnait un bal. Charette dansa avec sa fougue ordinaire dans une figure de contredanse où les dames formaient un cercle, il se trouva cerné par un essaim de jolies femmes « Vous êtes prisonnier, général, » dit l'une d'elles. Mais celui-ci franchit la chaîne en bondissant, s'écriant « On ne prend pas facilement Charette » Les représentants demandèrent que la fête fut prolongée à leur hôtel. Les danses s'y continuèrent. Mais trop de lugubres souvenirs s'attachaient à la maison Villestreux Charette s'y sentait mal à l'aise et il lui tardait de rentrer à son camp de Belleville.

On voulut le retenir à Nantes, où de nouvelles fêtes civiques allaient être données en l'honneur de Scépeaux et autres chefs chouans. Il résista aux instances du représentant Ruelle et de Mme Gasnier-Chambon.

Il quittait, le 28 au matin, cette ville où il était arrivé en triomphateur et où il ne devait rentrer que vaincu et prisonnier.

La pacification semblait sincère tous, autour de Charette, désiraient la paix les munitions manquaient, le pays était épuisé, la trêve accordée par les républicains avait été la bienvenue.

En rentrant à Belleville, Charette recevait l'accolade de félicitations de ses amazones : sa sœur, Mme de Bulkeley et du Fief, Mme de Monsorbier se réjouissaient de retrouver les demeures familiales, même en ruines, et de revivre leur vie d'autrefois.

Ce qu'il ignorait, c'est qu'ailleurs l'agitation s'organisait de nouveau, que beaucoup lui reprochaient amèrement d'avoir reconnu la République et d'avoir envoyé des drapeaux blancs à la Convention ce qu'il ne pouvait savoir, c'est que le Comité de Salut public détenait en sa possession deux lettres compromettantes adressées au général vendéen par Joseph de la Robrie, son aide-de-camp, et par le comte d'Hector, lieutenant général des armées navales. On lui promettait, en l'encourageant à la résistance, un débarquement d'émigrés français et l'appui de la flotte anglaise.

L'isolement allait bientôt se faire au camp de Belleville, et les bandes de Stofflet reprenaient l'offensive, tandis que Puisaye préparait un débarquement. Dans l'intervalle, le régent communiquait directement avec Charette.

 

ARRÊTÉ

du Représentant du Peuple Gaudin des Sables du 12 Pluviôse an III (31 janvier 1795).

Considérant les vols, brigandages et assassinats que les postes des révoltés de Boisgroland (3) et Saint-Vincent-sur-Graon ne cessent de commettre, chaque jour, dans le district des Sables ;

Considérant que, loin de montrer des dispositions à profiter des bienfaits de l'amnistie que la Convention nationale a décrétée, ils semblent, au contraire, vouloir recommencer la guerre ; qu'ils enlèvent forcément de jeunes cultivateurs qu'ils contraignent à servir sous l'étendard de la révolte, et qu'ils débauchent nos troupes dont ils reçoivent les déserteurs ;

Considérant que ces postes interceptent les routes et les communications de la ville des Sables et de l'armée qu'ils mettent en danger de manquer de pain et de fourrages ;

Considérant enfin que la Convention nationale et la République entière ne peuvent souffrir qu'une poignée de scélérats les brave ainsi, égorge les meilleurs citoyens, et qu'il est temps d'arrêter un tel fléau, arrête :

ARTICLE Ier. — Le général Descloseaux (4) prendra les dispositions convenables pour enlever, en même temps et à la même heure, les postes des révoltés de Boisgroland et Saint-Vincent-sur-Graon.

ART. II. — Il les fera entourer et sommer de mettre bas les armes, et, dans le cas où ils résisteraient, il agira contre eux hostilement. Dans le cas contraire, il se contentera de les faire désarmer et de faire arrêter ceux qui sont notoirement connus pour avoir commis des vols, brigandages et assassinats depuis la proclamation de l'amnistie ; il fera également arrêter les chefs desdits postes, s'ils en ont donné les ordres.

ART. III. — Toutes les personnes ainsi arrêtées seront conduites au tribunal criminel de la Vendée, pour être jugées, conformément aux lois sur les délits qu'ils auront commis, comme voleurs et assasins depuis la proclamation de l'amnistie.

ART. IV. — Le général Descloseaux est chargé de faire répandre la proclamation de la Convention nationale et son décret d'amnistie partout où les troupes de la République passeront, et de leur faire observer la plus exacte discipline, ainsi que le respect des personnes et des propriétés.

ART. V.— Le présent arrêté sera envoyé, par un courrier extraordinaire, aux représentans du peuple à Nantes et au général en chef, afin d'avoir l'assentiment desdits représentans du peuple et du général sur les mesures à prendre.

Signé GAUDIN.

 

L'exécution de cet arrêté ou plutôt projet d'arrêté, que nous a conservé Savary, fut suspendue, dit-il, en note. Sans doute que les collègues de Gaudin, tels que Morisson, Ruelle (mal assortie) et autres compères des royalistes dans la négociation de la paix de la Jaunaie, ne le trouvèrent pas encore assez modéré pour leurs amis nos ennemis. Voir Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République française, t. IV, p. 263-64.

Déclaration par laquelle Charles Bréchard défenseur officieux à Fontenay et chef rebelle, voulant profiter des dispositions de la Proclamation du représentant Boursault, du 26 vendémiaire an 3 (17 octobre 1794), se rallie au Parti républicain.

Extrait du registre des Délibérations du Comité révolutionnaire du chef-lieu de district de Ploërmel, département du Morbihan., en date du 5 frimaire, l'an 3 de la République française, une et indivisible. (25 novembre 1794)

D'après la Proclamation du représentant du peuple Boursault, en date du 26 vendémiaire, s'est présenté Charles Bréchard, qui nous a fait la déclaration suivante :

« J'étais défenseur officieux à Fontenay-le-Peuple, chef-lieu du département de la Vendée, et je déclare me présenter, avec confiance, pour jouir du bénéfice de la proclamation du citoyen Boursault, représentant du peuple.

 A l'époque du 25 mai 1793, (v. s.), je fus fait prisonnier par les insurgés de la Vendée, lors de la prise de Fontenay. Délivré comme les autres habitants, je fus réuni, comme eux, au centre d'un bataillon carré de trente-cinq mille hommes. Là, le vainqueur nous imposa l'obligation de former un Conseil provisoire, chargé de la police de la ville. J'en fus nommé membre, avec huit autres de mes concitoyens. La ville, qui était alors menacée des deux partis, était également en proie aux horreurs de la famine et de la peste.

Nous y maintînmes la paix pendant un mois. La ville fut alors rendue à la République, et le Conseil cité au tribunal révolutionnaire. Quatre de mes collègues et moi effrayés de ces mesures, cherchâmes notre salut auprès des insurgés. Quatre autres obéirent au décret et furent renvoyés absous. D'après l'examen de la conduite du corps, ne voulant point porter les armes dans le parti, attendu que j'eusse été armé contre ma propre famille, je fus forcé d'accepter une place de commissaire du Conseil supérieur pour surveiller la partie des vivres et la destination des convois. Lors de la dispersion de l'armée en Bretagne, j'échappai aux chefs victorieux, et trouvai des asiles dans les communes du district de Redon. Ensuite, m'en trouvant dépourvu, je me réunis, pendant huit jours, aux insurgés qui existaient dans la forêt de Vitré. Je désertai et partis, sans révéler le secret que j'avais trempé dans les insurrections. Je me cachai chez différents particuliers dont je ne me rappelle pas les noms, tant sur les confins du district de Ploërmel que sur ceux des districts de Redon et de la Roche- Bernard.

Aujourd'hui, j'abjure mes erreurs et j'appelle, avec assurance, les regards du peuple sur ma conduite future. Le plus cher de mes vœux est de mourir quitte avec ma patrie.

DESLANDES, pour le Président;

GUICHELAIN, secrétaire,

 

 

 

Archives de la Vendée. — Dossiers du comité de surveillance des Sables

Revue des études historiques / publiée par la Société des études historiques

 

 

 

Chroniques Fontenaisiennes 1794 <==.... ....==> Belleville sur Vie - QUARTIER GENERAL de CHARETTE.

 


 

(1)   Ces conclusions nous semblent ressortir de ce que dit Napoléon dans ses Mémoires.

Il donne d'abord un extrait des prétendus articles secrets dont voici la substance :

Rétablissement de la Monarchie ;

Rétablissement de la religion catholique dans son ancienne splendeur ;

En attendant le retour de la Monarchie, les royalistes, exempts d'impôts, de milices et, de réquisitions, maîtres du pays à l'aide de troupes soldées par l'Etat et à la disposition de leurs chefs, garderaient ce qu'ils avaient pris aux républicains ;

Des indemnités seraient payées aux chefs et aux soldats royalistes pour leurs pertes et leurs services ;

Nulle poursuite à l'avenir contre les royalistes et levée du séquestre mis sur leurs biens ;

Assimilation des émigrés qui se trouvaient en Poitou ou en Bretagne aux personnes qui n'étaient jamais sorties de France :

« Les plénipotentiaires républicains, ajoute Napoléon, discutèrent toutes ces prétentions, sans en rejeter aucune de prime abord ; mais ils les ajournèrent toutes sous le motif si évident qu'il fallait du temps pour amener les esprits au passage de la République à la Monarchie. »

Et un peu plus bas : « Ces articles secrets n'engageaient que ceux qui les avaient proposés. On voit jusqu'où pouvait aller alors la confiance ou plutôt la présomption des signataires. »

Il est permis de conclure de cette phrase que les agents de la Convention n'apposèrent pas leur signature au bas de la pièce que présentaient les royalistes et qu'elle n'avait que la valeur d'un projet accepté ad référendum. Le décret qui allait régler dans quelle forme le Comité de Salut public pourrait prendre des engagements secrets n'était pas vote, et il n'était pas permis aux représentants, dans l'état de la législation, d'engager la Convention sans que cette Assemblée eût connaissance des stipulations faites en son nom. Quel que soit d'ailleurs le poids du témoignage de Napoléon, il n'est pas décisif, car il ne faut pas oublier qu'il n'eut pas a s'occuper directe ment de la Vendée avant le Consulat. — Puisaye, dans ses Mémoires, nie absolument l'existence des articles secrets.

Il est douteux qu'on puisse jamais arriver à aucune certitude à l'égard d'une négociation dont tant de personnes ont en intérêt a faire disparaître les traces.

(2) Auger, Bezard, Chaillon, Delaunay, Dornier, Guyardin, Lofficial, Menuau, Morisson, Ruelle et Gaudin.

(3) Ou Boisgrolland, ancienne abbaye de l'ordre de Cîteaux, située près de Talmond, sur la commune de Poiroux, où se trouve aussi le château de la Proutière, appartenant aux Robert de Lézardière.

 L'ancien supérieur de Saint- Sulpice, André-Jacques Emery, fut le dernier abbé commendataire de Boisgrolland, dont il avait été pourvu en 1784, et qui rapportait bon an mal an, 1800 livres de revenu. On lui doit, entr'autres écrits, une Dissertation sur la mitigation des peines des damnés, imprégnée de l'esprit d'Origène et que Bonaparte jugeait assez philosophique.

(4) « Desclozeaux (Jacques), soldat au régiment du Vexin, en 1773, a passé par tous les grades ; général de brigade, le 3o juillet ; fait général de division par cette promotion. Bon tacticien; militaire éclairé, zélé, actif. » C'est ainsi que le caractérisait Dubois-Crancé dans ses Rapport et tableau militaires, présentés à la Convention, au nom du Comité de salut public, p. 118. Paris, Imp. Nat., germinal an III, broch. in-80 de 135 p., rare et curieuse.

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