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PHystorique- Les Portes du Temps
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24 septembre 2025

Montfaucon en Berry (hiver 1429-1430) Jeanne d’Arc et Catherine de La Rochelle

Montfaucon-en-Berry, aujourd’hui Montfaucon dans l’Allier (région Auvergne-Rhône-Alpes, anciennement partie du Berry), était une petite place forte stratégique sous le règne de Charles VII pendant la guerre de Cent Ans.

L’hiver 1429-1430 marque une période clé après les victoires de Jeanne d’Arc à Orléans (mai 1429) et le sacre de Charles VII à Reims (juillet 1429), mais avant sa capture à Compiègne (mai 1430). Voici une synthèse concise basée sur les sources historiques, notamment en lien avec Jeanne d’Arc et Catherine de La Rochelle

Contexte historique
Situation militaire : Après le sacre, Charles VII et son armée, renforcés par l’élan de Jeanne, consolident leurs positions dans le centre de la France. Montfaucon devient un point de rassemblement pour les troupes armagnacs face aux incursions anglo-bourguignonnes encore présentes dans le nord et l’ouest.


Hiver 1429-1430 : Cette période est marquée par une trêve relative après les succès de la campagne de la Loire (Jargeau, Patay). Cependant, les forces de Charles VII préparent une offensive vers Paris, alors sous contrôle anglo-bourguignon. Le froid et les ressources limitées rendent les déplacements difficiles, et Montfaucon sert de base logistique.


Position géographique : Montfaucon, avec ses fortifications médiévales (encore visibles aujourd’hui), contrôle les routes entre le Berry et le Bourbonnais, facilitant les communications avec Bourges. Cela en fait un lieu de halte pour Jeanne et ses alliés.

Climat et logistique : L’hiver rigoureux complique les opérations. Les registres locaux (comme ceux de Bourges) mentionnent des distributions de vivres à Montfaucon pour soutenir les soldats et les réfugiés. Jeanne y reste brièvement, probablement en décembre 1429 ou janvier 1430, avant de repartir vers l’est.

Forces présentes : Les armées de Charles VII comprenaient des chevaliers et capitaines loyaux, souvent issus de la noblesse du centre et du sud de la France, ainsi que des mercenaires. Les chroniques, comme celle de Perceval de Cagny, et les registres de Bourges mentionnent des noms associés à cette période.

 

Chevaliers et capitaines identifiables

Voici les figures notables susceptibles d’avoir été à Montfaucon cet hiver, en fonction de leur rôle auprès de Jeanne et de Charles VII :Jean d’Alençon (le Duc d’Alençon)  Rôle : Cousin de Charles VII, il commande des troupes aux côtés de Jeanne lors de la campagne de la Loire et du sacre. Il est un de ses principaux soutiens militaires.
Présence : Après Reims, il reste avec Jeanne dans le Berry pour planifier la marche sur Paris.

 

Jean II d’Alençon aurait coordonné les mouvements des troupes, assuré la défense contre d’éventuelles incursions ennemies, et soutenu Jeanne dans ses plans. Il est probable qu’il ait assisté à la rencontre tendue entre Jeanne et Catherine de La Rochelle (visionnaire testée par Jeanne), bien que son nom ne soit pas explicitement lié à cet épisode dans les témoignages du procès de réhabilitation (1456).

 

Perceval de Cagny note sa présence dans la région en fin 1429, rendant probable sa halte à Montfaucon.
Profil : Âgé d’environ 28 ans, expérimenté, il est un chef charismatique mais parfois en désaccord avec les conseillers royaux.

 

Jean Poton de Xaintrailles

Rôle : Capitaine et chevalier renommé, il participe à la levée du siège d’Orléans et aux batailles de Jargeau et Patay. Fidèle de Charles VII, il excelle dans les raids.
Présence : Les chroniques le placent dans le Berry post-1429, organisant des escarmouches. Sa proximité avec Jeanne suggère qu’il était à Montfaucon pour coordonner les troupes.
Profil : Gascon audacieux, il est un des "batailleurs" préférés de Jeanne.

 

La Hire (Étienne de Vignolles)

Rôle : Chevalier mercenaire célèbre pour sa bravoure, il combat avec Jeanne à Orléans et Patay. Surnommé "La Hire" (la colère), il est craint des Anglais.
Présence : Présent dans l’entourage de Jeanne après Reims, il est mentionné dans les registres de ravitaillement du Berry. Sa présence à Montfaucon est plausible pour sécuriser la région.
Profil : Rudimentaire mais loyal, il incarne l’esprit de la guerre de partisans.

 

Gilles de Rais

Rôle : Maréchal de France depuis juillet 1429, il finance et combat avec Jeanne à Orléans. Compagnon proche, il l’escorte au sacre.
Présence : Bien que son implication décline après 1429 (il se retire vers ses domaines bretons), certaines sources (comme les actes de son procès ultérieur) suggèrent qu’il était encore actif dans l’armée royale cet hiver.

Sa présence à Montfaucon n’est pas confirmée, mais possible s’il accompagnait Jeanne ou Jean d’Alençon.
Profil : Noble riche mais instable, son rôle militaire s’efface avant ses crimes (1432-1440).

 

Louis de Culant

Rôle : Capitaine et sénéchal du Berry, il supervise les défenses locales et soutient Charles VII.
Présence : En tant que responsable régional, il est presque certainement à Montfaucon pour gérer les logistique et les fortifications.
Profil : Administrateur expérimenté, moins flamboyant que les autres.

 

Autres figures possibles

Capitaines locaux : Des seigneurs du Berry, comme ceux de Mehun-sur-Yèvre ou de Sancerre (pouvaient) être présents avec de petites garnisons.
Mercenaires : Des chevaliers écossais ou castillans, alliés de Charles VII, accompagnaient souvent les campagnes, mais leurs noms spécifiques manquent pour cet hiver.

 

Preuves et limites

Sources : Chronique de Perceval de Cagny : Liste Jean d’Alençon, La Hire et Xaintrailles dans le Berry post-Reims.
Procès de réhabilitation de Jeanne (1456) : Mentionne l’entourage de Jeanne, incluant ces chevaliers.
Registres de Bourges : Citent des paiements à des capitaines, dont Xaintrailles et La Hire, dans la région.
Pas de registre spécifique de Montfaucon, mais les mouvements sont déduits des campagnes.

 

Catherine de La Rochelle est une figure méconnue mais significative dans le contexte de Jeanne d’Arc, car elle incarne une autre "visionnaire" contemporaine qui prétendait avoir des révélations divines pendant la guerre de Cent Ans.

Voici un aperçu de son rôle et de sa relation avec Jeanne d’Arc, en lien avec le Journal d’un bourgeois de Paris et d’autres sources historiques.

 

Qui était Catherine de La Rochelle ?

Catherine de La Rochelle était une femme qui, vers 1429-1430, affirmait recevoir des visions de la Vierge Marie et d’une mystérieuse "Dame Blanche" (une figure surnaturelle). Elle se présentait comme une prophétesse, prétendant guider la France dans sa lutte contre les Anglais, à l’instar de Jeanne d’Arc.

Originaire de La Rochelle, elle apparaît dans les chroniques à partir de 1429, période où Jeanne était déjà active et célèbre pour ses victoires, notamment à Orléans.

Ses visions étaient différentes de celles de Jeanne : Catherine affirmait que la "Dame Blanche" lui ordonnait de collecter des fonds auprès des bourgeois et des nobles pour financer la guerre et de chercher des trésors cachés pour soutenir l’effort militaire de Charles VII.

Contrairement à Jeanne, qui privilégiait l’action militaire directe, Catherine se concentrait sur des missions financières et diplomatiques.

Relation avec Jeanne d’Arc

La rencontre entre Jeanne d’Arc et Catherine de La Rochelle est documentée dans des sources historiques, notamment les témoignages du procès de réhabilitation de Jeanne (1456). Leur interaction révèle des tensions et des divergences sur la légitimité de leurs visions respectives :

  1. Rencontre à Jargeau et Montfaucon (hiver 1429-1430) :

Jeanne et Catherine se croisent dans l’entourage de Charles VII, probablement à Jargeau ou Montfaucon.

Selon les dépositions du procès de réhabilitation, Jeanne est sceptique face aux prétentions de Catherine. Elle demande à voir la "Dame Blanche" de Catherine, proposant de veiller avec elle pour vérifier ses visions. Jeanne rapporte n’avoir rien vu, déclarant que les révélations de Catherine étaient "rien que du vent" (nihil erat).

On était au plus fort de l’hiver (2) ; Catherine de la Rochelle lui conseillait de ne point aller faire le siège de la Charité-sur-Loire, « parce que », disait-elle, « il faisoit  trop froit » ; elle ajoutait que , pour elle , à la place de la jeune amazone , elle n’irait pas (3).

Elle conseille à Catherine de retourner auprès de son mari et de ses enfants, remettant en question sa mission.

(2) Alain Chartier, Chroniques du roy Charles septiesme. (3) Interrogatoire du 3 mars 1430

  1. Conflit de légitimité :

Jeanne, forte de ses succès militaires et de son approbation par les théologiens de Poitiers (1429), se méfiait des autres visionnaires qui pouvaient diluer son autorité ou semer la confusion. Catherine, en revanche, cherchait à se faire une place à la cour de Charles VII, mais son absence de résultats concrets (contrairement aux victoires de Jeanne) affaiblissait sa crédibilité. Les tensions entre elles reflètent une rivalité implicite entre deux femmes revendiquant une inspiration divine dans un contexte où de telles figures étaient à la fois admirées et suspectes.

  1. Sort de Catherine :

Après l’échec de sa collaboration avec Jeanne, Catherine continue de prêcher ses visions mais perd rapidement le soutien de la cour. Elle est arrêtée en 1430 à Paris, sous contrôle anglo-bourguignon, accusée d’hérésie et de sorcellerie, des chefs d’accusation similaires à ceux portés contre Jeanne. Cependant, contrairement à Jeanne, Catherine échappe à la mort : elle est emprisonnée, puis relâchée, probablement en raison d’un manque de preuves ou d’un moindre impact politique. Après 1430, elle disparaît des sources historiques.

 

Catherine dans le Journal d’un bourgeois de Paris

Le Journal d’un bourgeois de Paris mentionne brièvement Catherine de La Rochelle, confirmant son arrestation à Paris en 1430. L’auteur, fidèle à la perspective pro-bourguignonne et hostile aux figures associées aux Armagnacs, la décrit comme une autre "fausse prophétesse" dans le sillage de Jeanne d’Arc. Voici une paraphrase de l’extrait pertinent (basé sur l’édition Tuetey, p. 258-259) :

« En l’an mil CCCC XXX, une femme nommée Catherine de La Rochelle fut prise à Paris, disant qu’elle avoit visions de la Vierge et d’une Dame Blanche pour trouver trésors et aider le roi de France. Les clercs de l’Université l’examinèrent et la jugèrent suspecte d’hérésie, car ses paroles sembloient vaines et sans fondement. »

 

Cette mention reflète le climat de suspicion envers les visionnaires, amplifié par le procès de Jeanne à Rouen (1431). L’auteur du Journal associe Catherine à Jeanne pour discréditer les deux, les présentant comme des instruments de "diablerie" ou d’illusion, conformément à la propagande anglo-bourguignonne.

 

Comparaison avec Jeanne d’Arc

  • Origines et motivations :

 Jeanne, paysanne de Domrémy, se focalisait sur l’expulsion des Anglais et le couronnement de Charles VII, avec des actions militaires concrètes. Catherine, probablement issue d’un milieu plus urbain, mettait l’accent sur des quêtes financières, moins tangibles et plus sujettes à suspicion.

  • Réception :

 Jeanne bénéficie d’un soutien initial de Charles VII et de victoires militaires, ce qui lui confère une légitimité temporaire. Catherine, sans résultats probants, est rapidement marginalisée.

  • Impact historique :

 Jeanne devient une héroïne nationale, canonisée en 1920, tandis que Catherine reste une note de bas de page, illustrant les nombreuses figures prophétiques de l’époque.

 

Sources historiques

  • Extrait du procès de Jeanne d'arc en mars 1431

Jeanne d'Arc confond la supercherie de son émule :

L'ÉVÊQUE. - Connûtes-vous point Catherine de La Rochelle ? L'avez-vous vue ?

JEANNE. - Oui, à Jargeau et à Monfaucon en Berry.

L'ÉVÊQUE. - Ne vous a-t-elle point montré une dame vêtue de blanc, qu'elle disait qui lui apparaissait aucunes fois ?

JEANNE. - Non.

L'ÉVÊQUE. - Que vous a dit cette Catherine ?

JEANNE. - Cette Catherine me dit que venait à elle cette dame blanche vêtue de draps d'or, qui lui disait qu'elle allât par les bonnes villes, et que le Roi lui baillât des hérauts et trompettes pour faire crier que quiconque aurait or, argent ou trésor mussé, l'apportât aussitôt ; et que ceux qui ne le feraient, et qui en auraient de mussés, elle les connaîtrait bien et saurait trouver lesdits trésors ; et ce serait pour payer mes gens d'armes. À quoi je répondis qu'elle retournât à son mari, faire son ménage et nourrir ses enfants. Et pour en savoir la certitude, j'en parlai à sainte Marguerite ou sainte Catherine, qui me dirent que du fait de cette Catherine n'était que folie, et que c'était tout néant. J'écrivis à mon Roi que je lui dirais ce qu'il en devait faire ; et quand je vins à lui, je lui dis que c'était folie et tout néant du fait de Catherine. Toutefois frère Richard voulait qu'on la mît en œuvre. Et ont été très mal contents de moi frère Richard et ladite Catherine.

L'ÉVÊQUE. - Avez-vous point parlé à Catherine de La Rochelle du fait d'aller à La Charité ?

JEANNE. - Ladite Catherine ne me conseillait point d'y aller, disant qu'il faisait trop froid et qu'elle n'irait pas. Elle voulait aller vers le duc de Bourgogne pour faire paix, et je lui dis qu'il me semblait qu'on n'y trouverait point de paix, si ce n'était par le bout de la lance. Je demandai à Catherine si cette dame blanche qui lui apparaissait venait toutes les nuits, et pour ce, je coucherais avec elle. Et j'y couchai, et veillai jusques à minuit, et ne vis rien, et puis je m'endormis. Quand vint le matin, je demandai si elle était venue : et elle me répondit qu'elle était venue, et que je dormais et qu'elle n'avait pu m'éveiller. Alors je lui demandai si elle ne viendrait point le lendemain, et elle me répondit que oui. Pour laquelle chose, je dormis de jour, afin de pouvoir veiller la nuit. Et je couchai la nuit suivante avec Catherine, et veillai toute la nuit. Mais je ne vis rien, bien que souvent je lui demandasse si elle ne viendrait point. Et Catherine me répondait : oui, tantôt.

  • Procès de réhabilitation de Jeanne (1456) : Les témoignages, comme ceux de Jean Pasquerel (confesseur de Jeanne), relatent la rencontre entre Jeanne et Catherine, soulignant le scepticisme de Jeanne.

 

  • Journal d’un bourgeois de Paris : Mentionne Catherine comme une figure secondaire, confirmant son arrestation et son discrédit.

 

  • Chronique de la Pucelle (attribuée à Guillaume Cousinot) : Évoque brièvement Catherine, mais se concentre sur Jeanne.

Études modernes : Régine Pernoud et Marie-Véronique Clin (Jeanne d’Arc : son histoire, 1998) analysent le contexte des visionnaires féminines au XVe siècle.

 

Conclusion

Catherine de La Rochelle est un contrepoint fascinant à Jeanne d’Arc, illustrant la prolifération de figures prophétiques dans une France en crise. Le Journal d’un bourgeois de Paris la mentionne pour renforcer sa critique des "fausses prophétesses", dans un contexte où Jeanne était déjà diabolisée. Leur interaction montre la singularité de Jeanne, dont la foi, l’action militaire et la perspicacité la distinguent des autres visionnaires comme Catherine.

 

 Le Livre Noire de La Rochelle au temps de Charles VII et Jeanne D’Arc <==

 

 

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