Histoire de la Bataille de Patay 1429 à l’appel du 18 Juin 1940
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La victoire de Patay, le 18 juin 1429, conclut la " campagne de la Loire ", commencée un mois après la délivrance d'Orléans et terminée un mois avant le sacre de Reims.
Moins présente dans la mémoire des Français et même dans de nombreux ouvrages - que la levée du siège d'Orléans, la bataille de Patay mérite d'être mieux connue.
Elle est, dans l'épopée johannique, la seule bataille livrée - et gagnée - en rase campagne.
Les autres combats, heureux ou malheureux, ne sont que des épisodes de guerre de siège ou de simples escarmouches.
Elle est la " grande victoire " ainsi que le proclame la plaque commémorative de l'église de Patay, la véritable et brillante réplique et revanche d'Azincourt.
Orléans libéré, Jeanne voulait remplir la seconde partie de sa mission : conduire le roi à Reims pour l'y faire sacrer.
Mais les conseillers du roi, La Trémoille en tête, voulaient d'abord purger la Loire des garnisons anglaises - sage précaution militaire, mais sans doute aussi arrière-pensées politiques ou intrigues de cour - et cet avis prévalut.
Bien qu'il eût été juste et rationnel de maintenir Jeanne à la tête de l'armée, celle-ci, environ 8 000 hommes, fut placée sous le commandement du jeune duc d'Alençon ; mais le roi lui avait confié la Pucelle avec la recommandation expresse de suivre en tous points ses conseils.
Partie de Selles le 6 juin, Jeanne rentre à nouveau à Orléans le 9, et repart le 11 vers Jargeau occupé par Suffolk avec plus de 600 soldats d'élite.
Certains Français voulaient rebrousser chemin car Falstalf venait de Paris au secours de Jargeau avec plus de 5 000 hommes. Mais il avançait avec lenteur, et Jeanne affirma que Dieu conduisait l'entreprise. Suffolk se rendit dès le lendemain 12.
Le 13, Jeanne retourne à Orléans, y reste deux jours, avant de s'emparer le 15 du pont de Meung, puis d'attaquer Beaugency le 16 et de s'en emparer le 17.
Pendant ce temps, Falstalf, arrivé trop tard à Jargeau, se déroutait vers Meung qu'il atteignait au moment où les Français prenaient Beaugency.
Après un face à face entre Meung et Beaugency où Jeanne remet au lendemain le défi anglais, chacun prend ses quartiers pour la nuit.
Au matin du 18 " aussitôt furent mis chevaucheurs en chemin pour savoir la vérité à plein et d'Alençon mit l'ost en bataille ".
Les chevaucheurs rendirent compte que les Anglais, reliquat des garnisons de la Loire et armée de Falstalf, le tout aux ordres de Talbot, se repliaient vers le Nord.
Sur les instances de Jeanne, on décida de donner immédiatement la chasse à l'armée anglaise, " pour la combattre quelque part qu'on put la trouver, les mieux montés à l'avant-garde pour arrêter les Anglais et les obliger à se mettre en bataille ".
Devant l'incertitude du duc d'Alençon, la Pucelle avait demandé : " Avez-vous de bons éperons ? " et devant l'étonnement inquiet des chefs présents : " Quoi, nous leur tournerions le dos ! ", elle avait précisé : " Nenni, en nom Dieu, les Anglais oui le tourneront, ils seront déconfits sans guère de perte pour vos gens et il vous faudra de bons éperons pour les poursuivre ".
Jeanne annonçait ainsi la victoire, mais pensait cependant que les Anglais attendraient les Français sur une position choisie à l'avance.
C'était effectivement leur intention d'attendre, comme à Crécy, sur une position favorable, en l'occurrence en lisière d'un bois couvrant les abords de Patay, près du hameau de Liguerolles.
L'avant-garde, avec les chariots et l'artillerie, s'y installa pour recueillir le gros de l'armée qui y aurait alors établi la position principale.
Talbot se posta plus en avant, en contrebas, pour tenir un passage resserré entre deux fortes haies, par où il pensait que les Français se présenteraient. Il estimait pouvoir tenir ce verrou jusqu'à l'arrivée des corps de bataille de Falstalf ; mais il ne put terminer son installation et ses archers n'eurent pas le temps de se fortifier en plantant leurs pieux en terre.
A l'avant-garde, La Hire et Xaintrailles avaient reçu de Jeanne l'ordre suivant :
" Chevauchez hardiment et vous aurez bon conduit ".
La Beauce à l'époque était couverte de nombreux bois qui retardaient la marche et limitaient la vue. La Hire marchait donc à l'aventure, quoique rapidement et dans la bonne direction.
A une lieue environ de Patay, il n'avait toujours pas vu les Anglais de Falstalf qui marchaient en bon ordre, mais étaient cachés par un repli de terrain.
C'est alors qu'un cerf, levé par les Français dans leur marche, alla se jeter dans le corps de bataille anglais où il fut reçu à grands cris, ce qui donna l'éveil aux chevaliers français. Ceux-ci demandèrent alors de " chevaucher plus avant car il était l'heure de besogner ".
Jeanne, arrivée à la Croix Faron, comprend qu'il faut faire vite et sait que son " conseil " répond de la victoire. " Dieu nous les envoie pour que nous les châtions ".
La Hire reçoit l'ordre d'attaquer les Anglais " assez vivement pour leur faire tourner le visage, point assez pour qu'ils tournent le dos ", c'est-à-dire pour donner au gros de l'armée française le temps d'arriver, sans laisser aux Anglais le temps de se regrouper sur leur position.
L'impétuosité de La Hire, à qui Jeanne avait dit aussi : " A merveille, frappez hardiment, ils prendront la fuite ", accéléra cette manoeuvre et aurait pu la compromettre, tant son irrésistible charge bouscula l'arrière-garde ennemie.
La situation favorable créée sur le terrain, conjuguée à la terreur que Jeanne inspirait depuis Orléans, déclencha la panique dans le camp anglais et donna rapidement l'avantage aux Français.
Il y eut préalablement un moment de flottement chez Falstalf ; celui-ci, également alerté par le cerf, se prépara d'abord à combattre.
Mais, fait nouveau, les capitaines anglais se montrèrent indécis et divisés, alors qu'avec Jeanne l'esprit de décision et l'unité d'action étaient passés dans le camp français. Les uns voulaient mettre pied-à-terre sur place, d'autres plus loin ; certains préféraient continuer à battre en retraite.
La charge de La Hire transforma ce flottement en confusion si bien que le plan de Talbot ne put se réaliser comme prévu.
Cette confusion devint déroute lorsque l'avant-garde anglaise vit arriver les troupes de Falstalf ; croyant qu'elles s'enfuyaient, elle prit la fuite pour ne pas perdre son avance dans ce repli.
Falsfalf voulut alors se retourner mais il était trop tard car les Français étaient " si en avant dans la bataille qu'ils pouvaient à volonté prendre ou tuer qui leur semblait ".Talbot était déjà tourné et rendit son épée à Xaintrailles. Falstalf, prévenu " qu'il prit garde à sa personne car la bataille était perdue ", s'enfuit alors jusqu'à Corbeil, les Français le poursuivant jusqu'à Janville.
Les Anglais laissaient sur le terrain plus de 2 000 morts, 4 000 selon Dunois, et quelque 200 prisonniers. Les Français, maîtres du champ de bataille, n'avaient perdu que peu de monde comme Jeanne l'avait prédit.
Les Anglais avaient été battus en rase campagne, là où depuis cent ans ils étaient les meilleurs grâce à l'habile emploi des armes de trait, à l'excellence de leur infanterie et à une tactique mettant en échec les brillants usages de la cavalerie ; et cela dans un lieu pourtant propre à leur faire retrouver la gloire de Crécy, Poitiers et Azincourt.
Leur corps de bataille avait été mis en fuite par une seule avant-garde, mais une avant-garde animée par l'esprit de la Pucelle ; seul son ascendant avait pu convaincre, après tant d'échecs, les Français d'attaquer en rase campagne.
Désormais, on ne pouvait plus douter d'elle comme à Chinon et même après Orléans où l'on avait fait retomber l'élan immense qu'elle avait imprimé au lieu de le soutenir et de le suivre.
Différant la marche sur Reims on lui avait imposé cette campagne sur la Loire ; elle la terminera avec une rapidité surprenante, livrant victorieusement en une semaine deux sièges et une bataille.
Le succès de Patay n'est pas seulement le résultat d'un combat de rencontre chanceux, mais celui de l'enchaînement méthodique et volontaire et à un rythme soutenu de combats successifs.
Il est donc mal venu de minimiser la bataille de Patay comme certains l'ont fait.
Ainsi le Général Canonge qui écrit dans Jeanne guerrière en 1907 : " Malgré la grandeur des résultats matériels et surtout moraux obtenus, on ne saurait cependant donner le nom de bataille à la victoire de Patay.
Il ne s'agit pas de diminuer la gloire de Jeanne qui a voulu fermement la lutte après avoir fait le nécessaire pour obtenir le succès, mais de ne point exagérer.
La journée de Patay se résume dans le choc violent d'une avant-garde énergiquement conduite contre une arrière-garde à laquelle on n'a pas laissé le temps de se reconnaître et dans la poursuite impitoyable d'une armée en proie à une panique subite.
Les Français, vraisemblablement à l'instigation de Richemont, ont pris des dispositions en vue de la bataille ; elles demeurèrent inutiles, l'ennemi ayant lâché pied avant d'être réellement abordé. Voilà la vérité ".
Certes, mais la vérité est aussi celle d'une campagne exemplaire tant pour la conduite des opérations - habileté manoeuvrière et ardeur au combat - que pour l'état d'esprit et le comportement des chefs autour de Jeanne.
Celle-ci, aidée bien sûr par des événements providentiels, a pris au cours de cette campagne un ascendant irrésistible, avec beaucoup de naturel et de simplicité mais aussi de résolution et d'habileté.
En témoigne d'abord sa parfaite entente avec le duc d'Alençon, qui y était disposé d'avance et avait le sentiment de son inexpérience, mais s'étonna parfois un peu ; Jeanne traita le " gentil Duc " avec une déférence tempérée par une familiarité affectueuse.
En témoigne aussi la manière dont elle a évité tout heurt entre le duc d'Alençon et le connétable de Richemont qui, de sa propre initiative, rejoignit Jeanne sur la Loire avec 1 200 hommes ; son arrivée, devançant celle des renforts anglais, précipita le repli ennemi et il eût été anormal de rte pas l'accepter. Mais ce soldat expérimenté et bien au courant des pratiques militaires anglaises depuis sa capture à Azincourt, avait été banni de la cour et écarté de la précédente campagne par les intrigues de La Trémoille.
Alençon avait l'ordre formel du roi de ne pas le recevoir et parlait rien moins que de se retirer. Jeanne l'en dissuada " car il était besoin de s'aider ", s'engagea à obtenir la réconciliation avec le roi et fit prêter serment au connétable de servir le roi avec loyauté.
Victorieuse à Patay, Jeanne a triomphé non seulement sur le terrain, mais encore dans les esprits, surmontant les atermoiements du roi et la méfiance de ses conseillers.
La route de Reims était ouverte, mais les intrigues et avis contraires retarderaient encore le départ, c'est à dire l'exploitation d'un immense succès.
Général Charpy (C. R.) Association Connaissance de Jeanne d'Arc (Chinon)
16-17 juin 1429, la bataille de Beaugency – Tour du Diable - Carillon de Vendôme<==
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BULLETIN OFFICIEL DES FORCES FRANÇAISES LIBRES
DIRECTION : 4 CARLTON GARDENS, LONDRES, S.W.l Téléphone : Whitehall 5444. Extension 103
La reconnaissance du Général de Gaulle par le Gouvernement Britannique
Dès le 27 juin la Grande-Bretagne a décidé de reconnaître le Général de Gaulle, dans les termes suivants :
" Le Gouvernement Britannique reconnaît le Général de Gaulle comme chef dans ce pays de tous les Français libres, où qu'ils soient, qui se joignent à lui pour soutenir la cause alliée."
A TOUS LES FRANÇAIS La France a perdu une bataille!
Mais la France n'a pas perdu la guerre !
Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l'honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n'est perdu !
Rien n'est perdu, parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l'univers libre, des forces immenses n'ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l'ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur. Tel est mon but, mon seul but !
Voilà pourquoi je convie tous les Français, où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans l'action, dans le sacrifice et dais l'espérance.
Notre patrie est en péril de mort.
Luttons tous pour la sauver !
VIVE LA FRANCE !
GÉNÉRAL DE GAULLE
QUARTIER-GÉNÉRAL,
4, CARLTON GARDENS,
LONDON, S.W.1
Texte de l'Affiche qui a été placardée sur les murs, en Angleterre.
[Le PREMIER APPEL DU GÉNÉRAL DE GAULLE.]
Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle parlant à la B.B.C. lança son premier appel dont voici le texte :
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ?
L'espérance doit-elle disparaître ?
La défaite est-elle définitive ? Non!
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et qui vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule.
Elle n'est pas seule. Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continua la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique, ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes, ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres.
L'Accord
[LETTRE DU PREMIER MINISTRE AU GÉNÉRAL DE GAULLE.]
10, Downing Street, Whitehall,
7 août 1940.
Mon cher Général,
Vous avez bien voulu me faire connaître vos idées relativement à l'organisation, à l'utilisation et aux conditions de service de la force de volontaires français actuellement en cours de constitution sous votre commandement, cela en votre qualité, qui vous est reconnue par le Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni, de chef de tous les Français libres, où qu'ils soient, qui se rallient à vous pour défendre la cause alliée.
Je vous envoie maintenant un memorandum qui, si vous l'acceptez, constituera un accord entre nous relativement à l'organisation, à l'utilisation et aux conditions de se. "vice de vos forces.
Je saisis cette occasion pour déclarer que le Gouvernement de Sa Majesté est résolu, lorsque les armes alliées auront remporté la victoire, à assurer la restauration intégrale de l'indépendance et de la grandeur de la France.
Sincèrement à vous,
WINSTON CHURCHILL.
[LA RÉPONSE DU GÉNÉRAL DE GAULLE.]
Carlton Gardens No. 4 S.W.1.
7 août 1940.
Monsieur le Premier Ministre,
Vous avez bien voulu m'en- voyer un memorandum relatif à l'organisation, à l'utilisation et aux conditions de service de la force de volontaires français, actuellement en cours de constitution sous mon commandement.
En ma qualité reconnue le par le Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni, de chef de tous les Français libres où qu'ils soient, qui se rallient à moi pour défendre la cause alliée, je viens vous faire connaître que j'accepte ce mémorandum. Il sera considéré comme constituant un accord conclu entre nous, relativement à ces questions.
Je suis heureux qu'à cette occasion le Gouvernement Britannique ait tenu à affirmer qu'il est résolu, lorsque les armes alliées auront remporté la victoire, à assurer li restauration intégrale de l'indépendance et de la grandeur de la France.
De mon côté, je vous confirme que la force française en voie de constitution, est destinée à participer aux opérations contre les ennemis communs (Allemagne, Italie ou toute autre puissance étrangère hostile), y compris la défense des territoires français et des territoires sous mandat français, et la défense des territoires britanniques, de leurs communications et des territoires sous mandat britannique.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'assurance de ma haute considération.
GÉNÉRAL DE GAULLE.
LES TERMES DE L'ACCORD.
I.
1. Le Général de Gaulle procède à la constitution d'une force française constituée de volontaires. Cette force, qui comprend des unités navales, terrestres, aériennes et des éléments techniques et scientifiques, sera organisée et utilisée contre les ennemis communs.
2. Cette force ne pourra jamais porter les armes contre la France.
II.
1. Cette force conservera, dans toute la mesure du possible, le caractère d'une force française en ce qui concerne le personnel, particulièrement pour ce qui a trait à la discipline, la langue, l'avancement et les affectations.
2. Dans la mesure où son équipement l'exigera, cette force aura la priorité d'attribution, en ce qui concerne la propriété et l'usage du matériel (particulièrement des armes, avions, véhicules, munitions, machines et approvisionnements) déjà apporté par des forces françaises de toute origine ou qui pourra être apporté par de telles forces dans les territoires placés sous l'autorité du gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni ou dans ceux sur lesquels le Haut- Commandement britannique exerce son autorité. Dans le cas où le commandement d'une force française aura été délégué par le Général de Gaulle à la suite d'un accord avec le Haut-Commandement britannique, aucun transfert, échange ou réattribution des équipements, biens et matériels en possession de cette force, ne sera ordonné par le Général de Gaulle sans consultation préalable et accord avec le Haut - Commandement britannique.
3. Le Gouvernement de Sa Majesté fournira à la force française —dès que cela sera réalisable—le complément de matériel indispensable pour doter ses unités d'un équipement équivalent à celui des unités britanniques du même type.
4. Les navires de la flotte française seront affectés de la manière suivante :
a) La force française armera et mettra en service tous les navires pour lesquels elle pourra fournir des équipages.
b) L'affectation des navires armés et mis en service par la force française, en vertu de l'alinéa (a) sera l'objet d'un accord entre le Général de Gaulle at l'Amirauté britannique, accord qui sera revu de temps à autre.
c) Les navires qui ne seraient pas affectés à la force française en vertu de l'alinéa (b), deviendront disponibles pour être armés et mis en service sous la direction de l'Amirauté britannique.
d) Parmi les navires mentionnés sous (c), les uns pourront être mis en service sous le contrôle direct de l'Amirauté britannique, tandis que certains autres pourront être mis en service par d'autres forces navales alliées.
e) Les équipages des navires mis en service sous le contrôle britannique comprendront, quand ce sera possible, une proportion d'officiers et de marins français.
f) Tous les navires de la flotte française restent propriété française.
5. L'utilisation possible des navires de commerce français et de leurs équipages, en tant qu'elle aura pour objet des opérations militaires de la force du Général de Gaulle, donnera lieu à des arrangements entre le Général et les Ministères britanniques intéressés. Une liaison régulière sera établie entre le Ministère du Shipping et le Général de Gaulle pour ce qui concerne l'utilisation du reste des navires et des marins de commerce.
6. Le Général de Gaulle, qui a le commandement suprême de la force française, déclare, par les présentes, qu'il accepte les directives générales du Commandement britannique. En cas de besoin, il déléguera d'accord avec le Haut- Commandement britannique, le commandement immédiat de telle ou telle partie de sa force, à un ou à plusieurs officiers britanniques de rang approprié, sans que ceci affecte ce qui est dit à la fin de l'Article I.
III.
Le statut des volontaires français sera établi de la manière suivante :
1. Les volontaires s'engageront pour la durée de la guerre, afin de combattre les ennemis communs.
2. Ils recevront une solde dont la base sera déterminée séparément par accord entre le Général de Gaulle et les Ministères intéressés. La période de temps pendant laquelle le taux de ces soldes sera applicable, sera fixée par voie d'accord entre le Général de Gaulle et le Gouvernement de Sa Majesté.
3. Les volontaires et les personnes à leur charge bénéficieront de pensions et autres prestations, en cas d'invalidité ou de décès des volontaires, sur une base qui sera déterminée par des accords séparés entre le Général de Gaulle et les Ministères intéressés.
4. Le Général de Gaulle aura le droit de créer un organisme civil comportant les services administratifs nécessaires à l'organisation de sa force. Les effectifs et les émoluments des membres de cet organisme seront fixés en consultation avec la Trésorerie britannique.
5. Le Général a également le droit de recruter un personnel technique et scientifique travaillant à la guerre. Les effectifs, le mode de rétribution et l'utilisation de ce personnel seront fixés en consultation avec les Ministères intéressés du Gouvernement de Sa Majesté.
6. Le Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni fera tous ses efforts, lors de la conclusion de la paix, pour aider les volontaires français à rentrer dans tous les droits, y compris la nationalité, dont ils pourront avoir été privés en conséquence de leur participation à la lutte contre l'ennemi commun. Le Gouvernement de Sa Majesté est disposé à fournir à ces volontaires des facilités spéciales pour acquérir la nationalité britannique et se fera donner tous les pouvoirs nécessaires à cet effet.
IV.
1. Toutes les dépenses engagées pour la constitution et l'entretien de la force française suivant les prévisions du présent accord, seront provisoirement à la charge des Ministères intéressés du Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni ceux-ci auront le droit de procéder à tous examens et vérifications nécessaires.
2. Les montants payés à ce titre seront considérés comme des avances et comptabilisés à part. Toutes les questions relatives au règlement final de ces avances, ainsi que des montants qui auront pu être crédités en contrepartie d'un commun accord, seront l'objet d'un arrangement ultérieur.
V.
Le présent accord sera considéré comme produisant effet à compter du 1er Juillet 1940.
LE GÉNÉRAL DE GAULLE,
Commandant la Force Française.
LE PREMIER MINISTRE
du Gouvernement de Sa Majesté, dans le Royaume-Uni.