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22 mai 2024

L’armée Vendéenne à Chinon Juin 1793 - Les arbres de la Liberté à Chinon

La ville de Chinon fut occupée par l’armée vendéenne du 10 au 20 juin 1793.

Pour répondre à certaines calomnies répandues contre elle relativement à cet évènement, la Municipalité chinonaise fit imprimer à Tours, au mois d’aout 1793, un Précis justificatif. Cet opuscule, in-8e de douze pages, est devenu une rareté bibliographique ; nous en reproduisons ci-après les passages les plus intéressants.

H. GRIMAUD

 

Nous résumons en quelques lignes les renseignements historiques relatifs aux arbres de la Liberté, qui, à trois reprises différentes (1792, 1793 et 1848) furent plantés à Chinon.

Le 27 mai 1792 eut lieu la plantation du premier arbre de la Liberté. Cette cérémonie se fit en présence des membres du district, de la municipalité, des fonctionnaires de la ville et de la garde nationale. Le laconique procès-verbal de4a fête nous apprend seulement que la plantation se fit aux cris de « Vive la Nation, la Loi et le Roi ! » mais ne donne aucun autre détail.

Cet arbre fut planté en face la maison commune, c'est-à-dire au bas de la place des halles ; l’ancien hôtel-de-ville de Chinon était alors situé au sud-ouest de la dite place à l’angle de la rue du Commerce.

Lors de l’entrée de l’armée royaliste à Chinon, le 12 juin 1793, cet arbre fut abattu par les Vendéens.

Quelques jours après leur départ le 23 juin 1793, des troupes républicaines revinrent à Chinon où un nouvel arbre de la Liberté fut planté.

Voici d’après le registre des délibérations municipales le compte-rendu de cette fête.

 

 

Extraits du «  Précis justificatif de la Municipalité de Chinon ».

«  La vérité doit se faire entendre et forcer la calomnie au silence. La municipalité de Chinon, forte de sa conscience et de  sa conduite, n’a jamais dévié de ses devoirs. Un énoncé succinct de faits constatés forme toute sa défense.

« Dans la nuit du 9 au 10 juin le district annonce à la municipalité que, la prise de Saumur donnant des craintes, il a fait enlever les papiers et qu’il l’engage à prendre de son côté des mesures. Le lendemain 10 avant midi, il fait passer un procès-verbal, portant que les membres du district suivront les papiers jusqu’à Sainte-Maure et y tiendront leurs séances ; il ne l’engage pas à partir ; en effet elle n’aurait pu tenir ses séances nulle part que dans son territoire. Le district au lieu d’aller à Sainte-Maure va à Châtellerault.

Le même jour, 10 juin, le district annonce qu’il restera jusqu’à ce que l’ennemi soit plus près, ce sont ces expressions. Le district resta jusqu’à la nuit du 11 au 12 qu’il sortit, rentra le matin et ne partit, du moins une partie de ses membres, que vers les deux à trois heures après midi. Le district avait seul l’administration des armes, canons, munitions de guerres, subsistance ; il s’occupe de les enlever ; il part sans en instruire la municipalité, même sans lui faire savoir si l’enlèvement était complet.

Sur trois à quatre heures, le douze juin, les brigands entrent, frappent l’arbre de la liberté, aux cris de vive le roi, le font abattre ; on fait demander avec clameur la municipalité, qui se tint ferme à son poste et resta à la maison commune, croisés fermées jusqu’à ce que les brigands y entrassent, les ouvrissent, et les forçassent à s’y présenter.

Les brigands demandent s’il y a des subsistances ; on leur répons peu ou point ; ils s’adressèrent aux gardes-magasins commis par le district ; ils aperçoivent quelques mauvais fusils et piques ; ils les emportent. Ils prennent les écharpes des officiers municipaux, ils les font brûler sur le tronc de l’arbre de la liberté.

Une autre partie de la troupe se porte au district, s’en fait faire l’ouverture (la municipalité croyait qu’il n’y avait plus rien) ; il se commet par eux ou par des citoyens des pillages ; la municipalité en est instruite, elle en prévient le juge de paix, qui en fait procès-verbal.

Le 14 juin des femmes venues à la maison commune manifestent leur intention de poser le drapeau blanc ; la municipalité s’y oppose ; elles promettent de n’en rien faire ; cependant il en est posé un, qui fut ôté sur le champ.

Le 16 juin nouvelle incursion de la part des brigands, ils montent à la maison commune, sabre nu, pistolet à la main ; ils présentent un drapeau blanc, veulent forcer un officier municipal à l’arborer, lui font des menaces retirées ; il s’y refuse formellement : ils le placent eux-mêmes. Le retour du royalisme est proposé, avec l’établissement d’un conseil provisoire ; refus exprès par la municipalité. Ce fait a été public et constaté par un procès- verbal.

Le 17 juin, la municipalité se faisait des doutes si elle pouvait continuer ses fonctions, considérant qu’elle ne s’était pas soumise, et qu’elle avait refusé tous serments à tous actes approbatifs du nouveau régime que les brigands voulaient établir, elle délibéra de continuer ses fonctions.

Le 21 juin, le drapeau blanc fut enlevé par deux hussards, qui louèrent la municipalité de sa fermeté à rester à son propre poste.

Le 23 juin, l’arbre de la liberté fut replanté. L’étape et le logement furent fournis à la troupe, même à un détachement venu de la veille. »

 

 « Aujourd’hui 23 juin 1793, l’an deuxième de la République française ; le conseil général de la Commune de Chinon assemblé en permanence

 

« Sur les deux heures après midi sont entrés en la maison commune deux officiers du 8e régiment de hussards ; lesquels nous ont dit qu’ils seraient venus en cette ville avec un détachement pour replanter l’arbre de la Liberté ; qu’ils avaient pris en conséquence les mesures nécessaires.

 

« Un moment après a été apporté sur la place un arbre avec ses branches vertes. Le commandant avait, avant ce moment, fait avertir à son de caisse tous les habitants de se trouver sur la place pour être présents à cette fête civique. Un officier de hussards est entré ayant à la main un drapeau tricolore surmonté d’un arbre de la Liberté, aurait invité le citoyen Maire et le Conseil général de vouloir bien porter lui-même ce drapeau pour être attaché au sommet de l’arbre ; ce qui a été fait à l’instant.

 

« L’arbre a ensuite été élevé aux cris de Vive la Nation ! Vive la République ! Ensuite l’hymne des Marseillais a été chanté.

 

Cette fête civique accompagnée de toute l’allégresse, s’est passée avec le plus grand ordre. On ne peut trop donner d’éloges à la conduite fraternelle et amicale du détachement et de l’harmonie qui a régné avec les citoyens. Sur le champ il a été donné ordre aux marchands de fournir du ruban aux couleurs nationales pour être distribué à chacun des hussards composant le détachement. »

 

A l’avènement du premier empire, les arbres de la Liberté furent abattus sur tout le territoire.

 

Un demi-siècle plus tard, cette manifestation populaire devait revenir à la mode.

 

En 1848, pour fêter la proclamation de la seconde République, un arbre de la Liberté fut planté à Chinon sur la place des Halles, le dimanche 2 avril. La cérémonie fut marquée par la manifestation populaire dont nous avons parlé dans notre dernier numéro : un énorme banquet de 800 couverts qui couvrait toute la superficie des quais.

 

Détail à signaler, l’arbre de la Liberté planté à cette époque fut béni par le clergé chinonais qui prit part à la fête.

 

La plantation ne réussit pas ; aussi l’année suivante fut-il question de planter un nouvel arbre de la Liberté. Le Conseil municipal, consulté sur l’opportunité de cette mesure, déclara dans sa séance du 11 mars 1849, qu’il était opposé à une nouvelle plantation.

 

Le dernier arbre de la Liberté avait vécu.

 

Journal de Chinon : littéraire, administratif, commercial, agricole, d'annonces judiciaires et d'avis divers

 

 

L’insurrection vendéenne 1793 (plan- dates)<==

Le 9 juin 1793, la ville de Saumur est prise d'assaut par les Vendéens. (Guerre de Vendée)<==

Les arbres de la liberté de la Révolution de 1789 (Foussais- Payré) <==

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