Pérégrinations en Poitou : François Rabelais et le prieuré – Eglise Saint Gilles de la Loge-Fougereuse
Il faut rapprocher le prieuré de Loge-Fougereuse à un passage de Rabelais dans le plaidoyer burlesque du seigneur de Hurne-vesne au chapitre XIII du second livre :
«Et en fut donné pareil arrest à la Martingalle, l'an dix et sept, pour le Maul-gouvert (1) de Louze Fougerouse, à quoy plaira à la Cour d'avoir esguard. »
Je ne sache pas qu'aucun commentateur ait fait de note sur ce Louze Fougerouse, le prenant pour un de ces mots de fantaisie dont Rabelais ne s'est pas privé à l'occasion.
Eh bien, c'est un nom de lieu, non-seulement du bas Poitou, mais voisin de Fontenay-le-Comte, qu'a habité Rabelais.
Le prieuré de Loge-Fougereuse, de Lougia Foucherosa, nous apprend une note très-précise de M. Rivet, dépendait du prieuré de Saint-Paul-en-Gatine, archiprêtré d'Ardin, doyenné de Fontenay, était de l'ordre de Cluny, et avait en 1648 un revenu de trois cents livres.
Sceau du prieuré de Loge-Fougereuse
Deux oiseaux becquetant les feuilles d’une longue tige fleurdelisée sur un sceau ogival, de 38 mill.
S PRIOR DE LOGO FAVGEROSSE
(Sigillum prioratus de Loco Faugerosse)
M. Dubois, correspondant à Amiens de la Société des antiquaires de l'Ouest, annonçait seulement l'envoi d'un sceau de ce prieuré, mais c'est bien le nom de cette localité, comprise maintenant dans le canton de la Châtaigneraie, arrondissement de Fontenay-le-Comte, qui est revenu à la mémoire et sous la plume de Rabelais.
Cette matrice, en bronze, munie au revers d’un anneau brisé, a été offerte, le 2 avril 1868, par M.dubois, chef de bureau à la mairie d’Amiens.
Il y a là la trace d'un lieu, peut-être même d'une personne, qu'il connaissait, et, si nous avions la liste des prieurs de Loge-Fougereuse dans la période correspondante au séjour de Rabelais à Fontenay, peut-être serions-nous tout étonnés de trouver un nom qui figure déjà dans sa biographie ou que lui-même a cité dans son livre. Rabelais, l'origine et la cause de ce mot, qu'on ne prenait que pour une plaisanterie, deviennent claires et précises en les rapprochant du nom de cette localité poitevine, qui avait, je crois, échappé aux commentateurs de Rabelais.
Notice sur les origines de la paroisse de Saint Maurice des Moustiers (canton de Moncoutant, Diocèse de Poitiers)
(Extrait d'un document intitulé : Estat ancien et moderne du prieuré de Saint Gilles de Loge- Fougereuse en Poitou.) Communiqué par M.Babin des Bretinieres, habitant le château de la Goujonnerie, à Loge-Fougereuse (Vendée).
Ce document comprend diverses pièces d'un volumineux dossier, ayant dû servir à un procès, vers 1737, entre le prieur de Loge-Fougereuse et le curé des Moustiers, au sujet de dixmes que le premier prétendait lever dans la paroisse des Moustiers, et que le second refusait.
Les dires et contredits des parties nous instruisent des origines de la paroisse des Moustiers
Le dossier débute ainsi :
« Le prieuré de Sainte-Gilles de Loge-Fougereuse (canton de la Chataigneraie et diocèse de Luçon) est situé au bourg et paroisse de Loge-Fougereuse en Poitou, diocèse de la Rochelle, duquel prieuré dépend un autre prieuré appellé les Moustiers, situé au bourg et paroisse des Moustiers-sous-Chantemerle, diocèse de Poitiers.
Ainsy, le cher-lieu de ce prieuré de Saint-Gilles est audit bourg de Loge-Fougereuse, dont celui des Moustiers est un membre et un annexe, quoiqu'éloigné de a deux lieues.
Ce bénéfice est de l'Ordre de Saint-Benoist, dépendant de l'abbaye de Cluny.
Ces deux églises de Loge-Fougereuse et des Moustiers, comme la plupart des prieurés, ont esté d'abord establis et longtemps gouvernés par des religieux de Clugny.
Le prieur de Saint-Gilles de Loge-Fougereuse estoit à mesme temps prieur conventuel ou supérieur d'une maison de ces religieux moines, laquelle maison estoit située au bourg de Loge-Fougereuse et dont il y a encore des mazures dans le jardin dépendant dudit prieuré, qui sont contigus à l'église dudit lieu.
Ce mème prieur avoit aussy un hospice avec quelques cellules dans ladite paroisse des Moustiers, où logeoient les religieux de sa communauté, qu'il envoyoit pour desservir cette paroisse naissante, dont il estoit le premier pasteur.
Cette paroisse s'estendit peu à peu dans la forest de Chantemerle, que l'on défrichoit sans cesse, de sorte que a n'estant d'abord qu'une fillette de la paroisse de Loge-Fougereuse, et estant devenue beaucoup plus considérable, il fallut rebastir une église plus grande que n'estoit la chapelle de cet hospice, qu'on nommoit alors l'hospice et la chapelle de la Coudre.
Et comme cette paroisse et bourg des Moustiers avoient commencé d'abord par cet hospice, et ces cellules des moines qui ne se nommoient pas alors autrement que des Moustiers; c'est de là aussy que cette paroisse et bourg ont pris le nom des Monstiers-sous-Chantemerle.
Cette estimologie, si naturelle d'ailleurs, s'accorde parfaitement avec la tradition du pays, avec les restes de ces anciens moustiers et avec ce que disent nos plus sçavants autheurs, entr'autres les dictionnaires de Furtière et de Tréavou, sur le mot moustiers, dit jadis monstier selon eux, et qu'ils asseurent estre dérivée de monasterium ou maison de moines, et que le nom si commun à tant de bourgs, villes et villages, est un témoignage certain qu'ils ont esté d'abord habités, gouvernés ou fondés par des moines, comme Saint- Pierre-de-Moustiers, Moustiers-sur-Indre, a Moustier, en Allemagne, et Marmoutier, qui vient, disent-ils, de majus monasterium, et une infinité d'autres où l'on connoist en effect que les moines en ont eu le gouvernement spirituel et souvent le temporel.
Mais outre que ces observations se concilient si bien avec les vestiges de ces moustiers et les ruines du couvent de Loge-Fougereuse, la preuve en paroistra incontestable par quelques anciens titres, qui seront sans doute heureusement conservés au thrésor de l'abbaye de Clugny, qui a longtemps hérité des cottes mortes de ces religieux, et titulaires dudit prieuré de Loge-Fougereuse.
Il est évident que ce bénéfice formé de ces deux prieurés réunis a ensemble, estoit autrefois d'un revenu très. considérable par ses domaines, ses dixmes, terrages et devoirs, estandus dans les paroisses de Loge-Fougereuse, des Moustiers, Saint-Estienne, du Breuil-Barret, la Chapelle-aux-lis et autres circonvoisines ;
Mais les troubles des anciens religionnaires, qui dans cette contrée ont eu à tâche de détruire les fondations, et encore les abus des modernes religionnaires qui, pour affranchir leurs biens de quelques servitudes envers le bénéfice, ont affecté d'en prendre à ferme le temporel, successivement, et en ont diverty et recelé des titres, a ont enfin presque réduit à rien le revenu de ce bénéfice: et surtout les nommés de Saivre, qui, de père en fils, et religionnaires, ont joui très-longtemps dudit bénéfice, et l'ont pris au bail, au rabais, à chascune expiration de bail et mutation de titulaire, qui, estant éloigné tous de plus de 40 lieues dudit bénéfice, et n'en sçavoient pas les droits, à défaut de titres, estoient obligés de l'affermer ausdits de Saivre, sur le pied qu'ils le souhaitoient; lesquels titres avoient toujours demeuré en leurs mains dès le premier bail sans inventaire et dont ils n'ont voulu remettre qu'une partie au sieur Auvé, précédent prieur, qui ne voulut plus leur continuer ce bail en l'année 1706, qu'après avoir souffert trois sentences de 4 condamnation à cet effect, et nonobstant leurs serments en justice de n'en avoir plus aucun ni diverty. »
Ce prieuré de Loge-Fougereuse consiste en quelques domaines, sis au bourg et paroisse de Loge-Fougereuses et en terrages, dixmes et devoirs tant en lad. paroisse, qu'ès paroisses circonvoisines.
Le prieuré des Moustiers, annexse de ce premier, consiste seulement en quelques dixmes dans certains cantons et terres scituées en ladite paie roisses des Moustiers et en quelques devoirs et terrages scitués en la paroisse de Saint-Estienne, y contigue. »
Me Paul Perreau, clerc tonsuré et à présent prieur commendataire de ce bénéfice, au moyen de la résignation qui lui en a esté faitte par le dit sieur Auvé en l'année 1735,et de la prise de possession qu'il en a fait, en conséquence de la signature du pape le 1736, se trouve dans la dure nécessité de poursuivre de gros procès qui sont pendants en la cour du parlement de Paris, et à la grande chambre, suivant l'arrest d'évocation du 3 aoust 1731, entre le dit sieur Auvé, précédent prieur et le sieur Charles-Gabriel Beau,curé des Moustiers, au fait de quelques dixmes enlevées par violence par le dit curé sur certaines terres, qui avoient coutume de dixmer au prieur de Loge-Fougereuse et d'une prétendue somme de 9 livres que le dit curé demande aud. prieur.
Un accommodement proposé de la part dud. curé des Moustiers par le sieur Beau le jeune, son frère, procureur au parlement, à Me Cailleau l'ainé, procureur dud. sieur Auvé, a peut-être esté la cause de la cessation de la poursuite de ces dits procès, et le seroit éternellement si le dit Perreau (2) n'avoit pas tant d'intérêts pour en faire la reprise qu'il entend faire incessament en sa qualité de prieur de Loge-Fougereuse et des Moustiers, sans l’authorité de son père vivant, qu'il pense n'estre pas nécessaire, quoiqu' il soit mineur, estant âgé de douze à13 ans.
Le dit prieur demande que le curé des Moustiers soit tenu de lui abondonner toutes les dixmes, qui lui ont esté ajugées sous le nom de curé primitif, par luy prise injustement, par un arrest, rendu à la 3e chambre des enquestes, au mois de may 1727, sur plusieurs terres et mestairies du seigneur de Chastillon (3), dénommées par le dit arrest, et cette dernière conclusion fondée sur ce que le dit curé jouissoit de plus de 1000 livres de revenu, avant le dit arrest, et que le titre de simple curé ne le rendoit pas capable de demander au seigneur de Chastillon les dixmes qui n'appartiennent qu'aux curés primitifs ou prieurs des paroisses, et non aux simples curés, autrefois vicaires perpétuels.
Ici, afin d'établir les droits perçus de temps immémorial par les prieurs de Loge-Fougereuse sur les terres dont le curé des Moustiers revendiquait les dixmes, il est fait mention d'un aveu de 1606.., rendu par le seigneur de Chastillon, seigneur de Chante merle (4), au seigneur de Pouzauges (5), dont il relève.
De plus, aux quatre têtes annuelles, le prieur de Loge-Fougereuse était tenu, comme curé primitif, de venir officier dans l'église des Moustiers, moyennant une redevance de 9 livres, que lui payait le curé de la paroisse.
Enfin l’acte, passé le 4 juin 1337, entre Joachim de Harlay, religieux profès de Clugny, prieur de Saint-Gilles de Loge-Fougereuse et de Monsieur Saint-Maurice des Moustiers, à Jean Lefebvre, son vicaire à titre perpétuel aux Moustiers, en présence et du consentement de leur commun patron le vénérable prieur de Saint, Paul-en Gastine (6), et scellé du sceau du dit prieuré, où est empreinte l'effigie de Saint-Paul tenant le glaive en main, avec cette légende :
« Prioratus sancti Pauli sigillo, lequel acte fut mis ès mains du sieur Ledoux, ancien prieur, par le sieur Clément, ancien receveur de Clugny, sous son récépissé, et qui porte entr'autres choses ces propres mots: Donc, pour ces causes loyales et pertinentes à nous conneues, avons ceddé et délaissé, ceddons et délaissons par ces présentes à notre vicaire à titre perpétuel et à ses successeurs à toujours mais, ledit petit Moustier tout ainsi qu'il se poursuit et comporte et aux mesmes charges qu'en ont jouy nos prédécesseurs prieurs, pour élargir et amplifier led. herbergement presbytéral et en outre pour la réédification d'iceluy, luy avons octroyé et baillé les matières, ruines et décombres de notre dit hospice, aux charges qu'en iceluy logis, nous et nos successeurs prieurs, toutes les fois qu'à nous et à iceux conviendra venir administrer illec en l'églize des dits Moustiers l'office curial, nous et iceux seront herbergés gratis, o compainy et cheval; à tout quoy, je Jean Lefebvre ay adhéré et appointé, pour moy et mes successeurs, etc. »
NOTA. — (On disait que le sieur Auvé, ayant démoli la chapelle. appelée le Grand-Moutier de la Coudre, avec les cellules où logeaient autrefois les moines pour faire faire leurs offices, en avait livré les matériaux à M. de Chastillon, pour bastir une mansarde à son château de la Rambaudière.)
Le fief Chanson, paroisse de Saint-Etienne, devait la dixme au curé des Moustiers. Le curé précédent avait été M. Brebion ; son successeur fut M. Tuffière ( du pays du Mans.)
En 1680, le sieur de Saivre paie 13 livres au prieur de Loge-Fougereuse pour avoir régalé le clergé à l'auberge d'Epron, le jour de la fête patronale de saint Maurice. Il est dit enfin que la cure des Moustiers est une des plus considérables du diocèse de Poitiers, quant au revenu qui y est affecté.
En 1688, M. Ledoux, prieur de Loge-Fougereuse, charge Philippe de Saivre, seigneur des Guerches, fermier du temporel du prieuré, d’acquitter la somme de 25 liv. au curé des Moustiers, pour avoir fait les services annuels.
En 1704, le prieur de Loge-Fougereuse tombé en démence, mourut la même année.
L’église actuelle
L'édifice d'origine datait de 1409, comme en fait foi un document lapidaire, trouvé dans les démolitions, et ainsi conçu :
« Cesluy ediffice neuf fut comancé par J.Beloyn, le VIIe jour du mois de may, l’an mil CCCC et IX »
Il se composait de trois parties bien distinctes : la nef, l’abside et le clocher.
En 1617, la nef n’était pas encore recouverte ; ce n’est que plus tard qu’on plaça sur les murs, qui n’avaient pas été trop détériorés par l’incendie, une charpente garnie de tuiles, qui existait au moment de la démolition générale.
Cette charpente présentait alors le plus grand danger pour les fidèles, malgré les réparations nombreuses qu’on lui avait fait subir. Un plafond en planches avait remplacé la voûte.
En 1894, il était dans l’état le plus lamentable, et souvent, depuis plusieurs années, il laissait tomber sur le dallage des débris vermoulus. En résumé, c’était une vaste halle, exposée à l’humidité et aux intempéries sans aucune architecture. Cependant la porte de façade et la porte latérale, ainsi que les deux principales baies, annonçaient un style ogival.
L’édifice avait deux autels, placés de chaque côté, à la naissance de l’abside, l’un dédié à la Sainte Vierge et l’autre à sainte Antoine, l’anachorète.
A l’extérieur, les murs latéraux étaient soutenus par d’énormes contreforts, trois pour chaque mur, ceux du côté sud étaient en parfait état, mais ceux du nord tombaient en ruine, de même que le mur avait complétement perdu la perpendiculaire.
Enfin la petite porte ouvrait sous un porche, di ballet, comme il en existait partout à une certaine époque, destiné à préserver du mauvais temps les fidèles, qui attendaient le commencement des offices, et à les recevoir quand la messe était terminée.
L’abbé Fleury, dont je parlerai dans un instant, aussitôt son arrivée dans la paroisse, reconnut que ce porche, assez peu remarquable comme édifice, souvent rempli de babillards, n’était bon qu’à troubler les pieuses personnes, qui prolongeaient leur présence aux pieds des autels. Il le fit donc disparaitre pour toujours.
L’abside, trop élevée, était d’une dimension considérable et nullement proportionnée à la grandeur de la nef. Elle avait moins souffert des ravages des protestants et avait été restaurée bien plus tôt. Elle montrait encore deux cintres gothiques, destinés à supporter autrefois la voûte et appuyés chacun sur deux colonnes identiques, surmontées de leurs chapiteaux sculptés.
Cette voûte, elle aussi, n’avait pas été refaite et était remplacée par un plafond en planches, moins détérioré que celui de la nef. Au fond de cette abside, on apercevait l’emplacement muré d’une large baie, dont les arcades à moulures, séparées par de larges parties planes, étaient couvertes de fresques, rongées par le temps, mais dont on voyait quelques traces encore.
En face, était placé un autel en pierres de bien modeste apparence, postérieur à l’incendie. Il disparut en 1840 et fut remplacé par un autel en bois peint, dû aux bons soins de M. l’abbé Auguin, curé de la paroisse.
Au-dessus du tabernacle, on apercevait un tableau représentant saint Gilles, notre patron. Le confessionnal dressé vis-à-vis de la porte du clocher datait de temps immémorial et croulait sous le poids des iniquités dont il avait reçu l’aveu. Tout à côté, le banc d’œuvre majestueux annonçait une grande solidité, mais, ô malheur ! le premier ébranlement le réduisit en poussière. Le tout était éclairé par trois ouvertures de moyenne dimension, mais sans caractère architectural, donnant, deux sur le nord et la troisième sur le sud.
Certaines personnes prétendent que cette abside était, en premier lieu, une chapelle abbatiale construite bien avant la nef, et que celle-ci n’aurait été édifiée qu’à une époque moins éloignée, pour les besoins du culte paroissial. Il est vrai qu’après l’incendie, l’abside fut restaurée plus tôt que la nef, mais cela ne prouve pas que la construction première ne se soit pas faite simultanément pour les deux. Je suis même persuadé qu’in en fut ainsi, car les contreforts qui soutenaient l’une et l’autre, avaient une telle similitude, qu’ils remontaient à coup sûr à la même époque.
Le clocher mérite également une courte description.
Je dirai même que c’était la partie la moins banale de notre église et celle qui présentait assez de solidité pour qu’on ait songé à la conserver, tout en reconstruisant le surplus.
Placée à droite de l’abside, sa masse ressortait toute entière sur la place. C’était une tour carrée de quinze à vingt mètres d’élévation, à toiture aplatie, couverte en tuiles du pays. Elle était surmontée d’un coq en cuivre rouge, d’une antique origine, mais cependant très bien conservé, grâce à sa rude construction. Du reste, il remplissait bien ses fonctions, et tournant sur sa tige au plus petit zéphir, malgré les rudes assauts que les autans lui avaient fait éprouver. Le malheureux contenait aussi dans ses flancs plusieurs projectiles, preuves incontestable de l’adresse des anciens seigneurs du lieu.
Sous la charpente, se trouvait la chambre des cloches, éclairée par quatre baies ogivales, placées, chacune sur un côté, permettant aux visiteurs de sonder les quatre points d’un horizon magnifique.
Cette chambre était séparée de la portion basse par une voûte en pierres, d’une grande solidité, dont la clef, formée d’un énorme parpaing en calcaire, présentait, dans son milieu, un orifice arrondi, destiné au passage des cloches.
Un escalier en pierre, usé par le passage réitéré des sonneurs et des curieux, y conduisait. En la démolissant, on trouva, sur cette voûte, mêlés à la poussière qui la recouvrait, de la cendre et des charbons, résultat et preuve certaine de l’incendie dont cet édifice avait souffert.
A l’extérieur, quatre contreforts, bien construits et parfaitement conservés, soutenaient les angles et flattaient la vue. Au milieu de la façade, donnant sur la place, on distinguait sans peine les contours d’une large baie à meneaux, obstruée par une légère construction, destinée à éclairer, jadis, une chapelle, dont les vestiges apparaissaient encore dans le bas de ce clocher.
Le mur nord de la nef offrait aux curieux l’emplacement muré d’une ancienne porte, ayant accès sur le jardin de M et M.BRISSON.
Avant 1793, il existait là, dans les maisons, qui en portent encore le nom aujourd’hui, un prieuré, et cette porte servait au prieur pour entrer dans l’église.
Le prieuré bénédiction de Loge Fougereuse dépendait de l’abbaye de Cluny et avait pour annexe l’église de Moutiers sous Chantemerle.
Ces bénéfices, d’abord assez importants, furent considérablement diminués pendant les guerres de Religion, par la négligence des fermiers généraux, qui laissèrent s’égarer les titres primitifs, et spécialement par rapport au prieuré de Loge Fougereuse, l’histoire ne saurait absoudre les membres de la famille de Sayvre, qui, tous protestants de père en fils, trouvèrent le moyen d’affermer pendant de longues années le temporel de ce bénéfice.
Comme les prieurs n’étaient pas du pays, ils ne connaissaient pas exactement leurs revenus et ils étaient obligés de continuer le bail des fermiers, qui, à un moment donné, exigèrent un rabais considérable ; de là des difficultés et des procès.
Prieurs
1 er Joachim de Harlay (1327)
Le plus ancien document que nous ayons sur le prieuré de Loge Fougereuse est daté du 4 juin 1327 ; c’est une transaction dont nous allons transcrire le texte intégral, vu son antiquité et son importance.
« Sçachent tous, présens et avenir que entre nous, Joachim de Harlay, prestre religieux de l’Ordre de Monsieur Saint Besnoit, prieur du prieuré de Monsieur Saint Gilles de Loge fougereuse et par le ung et même titre, prieur du prieuré de Monsieur Saint Maurice de Moutiers d’une part, et Jehan Lefèvre, prêtre et notre vicaire à titre perpétuel dans la ditte paroisse des Moutiers, a été fait ce que s’ensuit : sçavoir que comme il nous a été fait remontrance de la part susdit vicaire perpétuel, que son logis presbytéral, prats (pratum, pré, préau, espace découvert au milieu du cloitre) et issues sont en dégast et par trop angustiés et resserrés pour l’exploitation de son revenu temporel et qu’il aurait bon vouloir de réédifier, élargir et amplifier son dit logis et issues, s’il nous plaisait lui délaisser et cedder la possession d’ung demy quart de terre attenant à ses dits hébergements nommés vulgairement le Petit Moustier et iceluy dépendant de notre ancien hospice de la Coudre, ou soulaient (avaient coutume) jadis héberger nos frères de Loge Fougereuse, qui ores et déjà administraient et géraient l’œuvre curial dans la ditte paroisse des Moutiers, de laquelle remontrance pour certiorer (rendre plus certain) bien à plein, nous sommes transportés au dit lieu et avons veu le besoin et opportunité de conjoindre au dit hébergement presbytéral icelle portion de terre qui jà était en gast et de nulle valleur, depuis la ruine et subversion de notre dit hospice et de la Coudre, par les ravages des Guerroyeurs ; doncques pour ces causes loyalles et pertinentes à nous connues, avons cédé et délaissé, cédons et délaissons par ces présentes à notre dit vicaire perpétuel et à ses successeurs à toujours, le dit petit moutier tout ainsy qu’il se poursuit et comporte et aux même charges qu’en ont joui nos prédécesseurs prieurs, pour élargir et amplifier le dit hébergement presbytéral, et en outre pour la réédification d’iceluy, luy avons octroyé et baillé les mattières, ruines et décombres de notre dit hospice, aux charges et non à moins qu’en iceluy logis nous et nos successeurs prieurs, toutes fois qu’à nous et à iceux conviendra venir administrer illec en église des dits Moustiers l’office curial, nous et iceux seront hébergés gratis à compaing et à cheval.
A tout quoy, je Jehan Lefebvre, ay adhéré et appoincté pour moy et mes successeurs et fut fait au dict logis presbytéral des Moustiers pas escrits doubles et pour demeurer ung autant à chacung de nous qu’à vous.
Signé de nos seings manuels et présence et pas l’avis de notre très vénérable supprieur et commun patron, par son droit de nomination à nos titres susdits, le prieur du noble prieuré de Monsieur Saint Paul en Gastine, en témoing de quoy et pour plus ferme approbation et autorisation des présentes, a fait au bas d’icelles apposer son scel accoutumé, le 4e jour de juing de l’an de grâce 1327. »
Signé : de Harlay et Lefebvre.
Sur le sceau se trouve l’effigie de saint Paul tenant un glaive avec cette légende :
Prioratus sancti Pauli sigillum.
2e Etienne de redon (1537)
Nous trouvons le nom de ce prieur dans un acte d’arrentement, qui est daté du 21 aout 1537. Il s’agit d’un complant de vigne, affermé à Jehan Gautriau, marchand, devant un notaire de la Baronnie de Loge Fougereuse, laquelle baronnie appartenait à messire René d’Appelvoisin
3e Mathurin Morin (1628)
Le 20 octobre 1628, messire Mathurin Morin, curé recteur de Cerizay et prieur commendataire du prieuré de Saint Gilles de Loges Fougereuse, au diocèse de Maillezais, en cette dernière qualité, une déclaration de Jean Delahaye, maréchal demeurant à la Tendronnière, paroisse de la Tardière.
4e Urbain Doré (1649)
Le 6 mars 1649, ce prieur reçoit un aveu de Jacques Nau et de Pierre Baudet, pour une maison et des terres , sises à la Mesnardière, paroisse de Saint Hilaire de Voust.
5e François le Doux (1672)
Voici l’acte qui fut dressé pour sa prise de possession :
« Aujourd’huy, le 4e jour du mois de mars 1672, sur les neuf heures du matin, Nous, Louis Fourré, curé de Saint Paul en Gastine, diocèse de Maillezais, y demeurant, Nous sommes présentés, accompagnés des témoins cy-dessous nommés, au devant de la porte de l’église paroissiale de Saint Gilles de Loge fougereuses, au dit diocèse, pour et au nom de M. François le Doux, écuyer, sieur de Thubert, clerc tonsuré, au diocèse du Mans, demeurant à la Flèche, en vertu de sa procuration en date du 30 mars dernier, receu sous la Cour royale de la Flèche, par M. Julien le Royer, notaire, pour prendre possession réelle et actuelle du prieuré commendataire de Saint Gilles de Loge Fougereuse, par vertu des provisions de Notre Saint Père le Pape : Datum Romae apud S. Petrum…. Visées par Monseigneur l’Evêque de la Rochelle, le 26 avril dernier, et signées de mon dit seigneur, de MM. Charles de Pallu et François Habert, chanoines de sa cathédrale… avons pris possession corporelle, réelle et actuelle du dit prieuré, de ses fruicts, revenus, appartenant et dépendant, par l’entrée libre de la dite église, touchant la porte, et en entrant, prenant et aspergeant de l’eau bénite, faisant la prière à genoux devant l’image du crucifix, et de là, devant le grand autel, touchant les livres, ornements et pupitre, sonnant la cloche, prenant place et séance au lieu affecté au dit prieur, et autres cérémonies requises et nécessaires, laquelle prise de possession a été déclarée à haute et intelligible voix, à ce que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance ; à laquelle prise de possession ne s’est trouvé personne qui y soit contrevenu, n’y formé opposition ; de quoy ci-dessus avons donné acte pour valloir et servir ce que raison ; et de la dite église sommes entrés dans le jardin du dit prieuré, et avons rompu une branche d’arbre, par signe de possession ; avons trouvé dans le dit jardin des mazureaux qui marquent avoir eu autrefois une maison, et fait toutes autres cérémonies à ce requises et nécessaires , les dits jour et an que dessus, en présence de Me Jacques HurteaU, notaire de la Baronnie de Loge Fougereuse, M René Prunier, marchand droguetier, Sébastien Malescot, tondeur de draps, demeurant au bourg de Loge Fougereuse :
1e Sur le fief des Arlondères, ou de la Brairie, par Pierre Guichet, marchand, demeurant à la Cantière, paroisse de la Tardière, le 8 janvier 1680.
2e Par René Ancelin, marchand, demeurant au bourg de Saint Maurice des Noues, faisant tant pour lui que pour ses frères et ses sœurs, le 8 janvier 1680.
3e Par René Soulard, demeurant au bourg de Loge Fougereuse, le 8 janvier 1680.
4e Par René Boumas, de la Papinière, paroisse de Saint Paul, le 5 janvier 1680.
5e Par René Ancelin, demeurant au Moulin Crepeau, paroisse de Saint Hilaire de Voust, le 8 janvier 1680.
6e Par Pierre Aubusson, marchand, demeurant au Moulins Jandoux, paroisse d’Antigné, le 22 janvier 1680.
7e Par Mathurin Albert, demeurant à la Grallière, paroisse d’Antigné, le 7 janvier 1680.
8e par André et Marie Ancelin, demeurant l’un au Moulin de la Motte, paroisse de Loge fougereuse, et l’autre à la Doutière, paroisse de Saint Maurice des Noues, le 16 janvier 1680.
9e Par Pierre Bobineau, laboureur, et Pierre Prunier, son beau –frère, demeurant ensemble à l’Echardière, paroisse de Largeasse, le 5 février 1680.
10e Par Jacques Jobet, sieur de la Passière, marchand, et Izaac Garnier, chirurgien, demeurant au bourg de la Châtaigneraie, le 22 décembre 1679.
11 Par Elisabeth Grison, veuve de Me Jacques Nouel, notaire, demeurant à la Genesse, paroisse de Montcoutant, le 22 décembre 1679.
12 ……..
Dans un aveu de 1696, Messire François le Doulx, prieur commendataire de Loge Fougereuse, est qualifié d’ »écuyer, seigneur de Théber et de Bether, demeurant en sa maison noble de la Panetrie, paroisse de Champt, pays du Maine. »
….
Il faut noter que la maison du prieuré est en très mauvaise état, qu’on n’y a fait aucune réparation de mémoire d’homme et qu’elle ne tardera pas à s’écrouler. Il faut ajouter que ces pièces de terre qui dépendent du Prieuré sont éloignées les unes des autres et qu’on ne peut les faire valoir ensemble, ce qui les diminue de prix.
Enfin, l’on doit ajouter que les cens et devoirs, qui ne sont pas considérables, comme il est facile de le constater, ne rentrent qu’avec difficulté. …..
9e Paul Perreau (1736-1793)
Il n’était que clerc tonsuré, quand il fut nommé prieur commendataire de Loge Fougereuse. Il débuta dans le ministère paroissial comme vicaire d’Antigny, et devint dans la suite curé de Scillé (Deux-Sèvres).
Voici l’acte authentique par lequel M. Paul Perreau a pris possession de son Prieuré :
« L’an 1736 et le 29 janvier, avant midy, jour de dimanche, ce requérant, M. Paul Perreau, clerc tonsuré du diocèze de la Rochelle, demeurant à Loge Fougereuse, pourvu en cour de Rome du Prieuré de Saint Gilles de Loge Fougereuse, ordre de Cluny, suivant les provisions obtenues et dhuement certiffiées, sur la résignation de M Joseph Auvé, dernier et paisible possesseur du dit prieuré, sous la réserve de 150 livres de pension annuelle, viagère le visa de Mgr l’Evêque de la Rochelle… Nous, Antoine Masson, notaire royal et apostolique du dit diocèze de la rochelle, demeurant en la ville de Fontenay le Comte, sommes transporté au-devant de la grande porte et principalle entrée de l’église paroissialle du dit lieu de Loge Fougereuse, ou estant, le dit sieur Perreau, en notre présence et des témoins soussignés, a pris la possession réelle, actuelle et corporelle du dit Prieuré de Saint Gilles et de ses fruits, reveus, émoluments, annexes et droits en dépendants, par la libre entrée qu’il a faitte en la dite église, en habits décents, revêtu d’une soutanelle, colet , surply et bonnet quarré, prière à Dieu, à genoux, devant le crucifix, genuflexion devant le grand autel, baiser du milieu, lecture, dans le Livre Missel de l’Evangille de ce jour ; a pris séance à la place affectée au prieur, a touché au pupitre, a sonné la cloche ; sorty de la dite église, est entré, en notre présence et des témoins, en la maison du dit prieuré proche, ou il a continué sa prise de possession, ayant pris séance en une chambre basse, ouvert une fenêtre et fermée, fait allumer du feu et l’a esteint ; de là passé dans le jardin joignant la ditte maison et église, a rompu une branche d’arbre, ensuite retourné au-devant de la ditte grande porte de l’église, ou lecture des présentes a été faite, issue de la grande messe, sans aucun opposant…
« Fait et passé au dit lieu, en présence de M François Soullard, curé de cette paroisse ; M Gabriel Louis Charron, son vicaire ; M Pierre des Roches, écuyer, seigneur de Chassais ; Jean Grégoire, marchand ; Jacques Feuvre ; rené Soullard, aussi marchand, témoins requis, demeurant à Loge Fougeruese ; aussy en présence de M. ……
Tout d’abord, M Perreau eut quelques difficultés relativement aux redevances qu’il se croyait en droit de percevoir dans la paroisse des Moutiers sous Chantemerle.
Le curé de l’endroit, qui dans le principe, n’était que vicaire perpétuel du prieur de Loge Fougereuse, voulut conquérir son indépendance. De là un procès qui dura 5ans.
M Perreau invoquait les titres anciens, qui le désignaient sous le nom de curé primitif, dignité qui lui conférait le droit d’officier, dans l’église des Moutiers, aux quatre fêtes principales de l’année et de recevoir, pour ce motif, la somme de 9 livres.
En fait, les prieurs qui n’habitaient point le Bas-Poitou, n’avaient jamais usé de ces droits, de temps immémorial ; ils préféraient payer la somme annuelle de neuf livres, plutôt que de faire un voyage dispendieux. C’est pour cela que M Beau, curé des Moutiers, invoquait la prescription et réclamait la rente habituelle de neuf livres.
Le 12 mai 1741, une transaction mit les parties d’accord : M Perreau renonça au titre de prieur des Moutiers ; M Charles Gabriel Beau, de son côté, promit de ne plus réclamer la rente annuelle de neuf livres, et les dimes à percevoir dans la dite paroisse des Moutiers, furent partagées entre les deux ecclésiastiques.
Etant devenu curé de Scillé, M Perreau résolut de profiter de la faculté que lui accordait une déclaration du roi, en date du 26 mai 1774, et de se débarrasser des soucis que lui causait le temporel de son prieuré.
Par acte du 20 mars 1779, il céda tous les droits et revenus attachés à ce titre, à son parent, M André-Aimé Perreau, avocat au Parlement, demeurant à Loge Fougereuse, qui s’engagea en retour à lui payer la rente annuelle de 200 livres.
A cette époque le prieuré de Loge Fougereuse comprenaient :
1 La maison, avec chambre basse et grenier, four, grange et un jardin d’une boisselée, toucvhant aux héritiers de Tallon :
2 Le pré de Gastebourse, de cinq boisselées, sur le chemin de Petite Grange, à Grande Grange.
3e Le Champ-Prieur, de sept boisselées, près le village de Sennelay, dans la paroisse de Saint Hilaire de Viyst ;
4 Le Champ des Boulles, de cinq boisselées, sur le bord de l’ancien chemin, qui va de la Barre au Breuil- Barret ;
5 Le fief du Prierué, sujet à la 6 e partie pour dime et terrage dans une partie du village de la Brairie, et à la 12e partie pour droit de terrage, dans quelques terres dépendant des paroisses de Saint Hilaire de Voust et du Breuil Barret, le tout évalué à deux charges de blé-seigle et à quatre charges d’avoine.
Le fief du Prieuré était ainsi confronté : du levant aux fiefs de la Boisadière, de la Sizardière et de la Berdrie ; du midi aux fiefs de Mortagne et Charriou ; du couchant et du nord aux fiefs de la Motte, de la Baronnie de Loge fougereuse, de Jarousseau et des Boulles.
6e La rente de deux charges de blé-seigle sur la borderie de la Motte, appartenant aux héritiers du sieur de Mouillebert ;
7e Le petit fief de Saint Etienne, appelé les Luzières, et Château Gaillard, comprenant cinquante boisselées de terre environ.
Pour fuir la tourmente révolutionnaire de 1793, M Paul Perreau prit le chemin de l’exil et se retira en Espagne, ou il eut à souffrir toutes sortes d’ennuis et de privations.
Quand les troubles furent passés et qu’il reçut avis de cette bonne nouvelle, son émotion fut telle qu’il en mourut de joie. Il devait être âgé de plus de 80 ans.
Il est certain aussi qu’il y avait, dans notre bourg, une chapellenie et que la maison Chaigneau, ou le sieur Texier exerce la profession de cabaretier, était la demeure du chapelain.
D’après le Pouillé de Luçon, qui mentionne les visites de Mgr de Menou, en 1738 et 1740, cette chapellenie, dont le bénéfice était de cent vingt livres, obligeait le titulaire à la résidence et devait la célébration de trois messes par semaine.
Elle avait été fondée par le marquis de la Roche-du Maine, et se trouvait, au milieu du XVIIIe siècle, à la présentation du sieur Thibaut, de la paroisse.
De 1715 à 1765, le titre de chapelai est attribué à M Louis Gabriel Charron, qui prenait aussi parfois le titre de vicaire.
Le Pouillé d’Alliot mentionne l’existence d’une Maladrerie, c’est-à-dire d’un hôpital, sur le territoire de Loge Fougereuse, vers le milieu du XVIIe siècle.
L'église actuelle, incendié au milieu du XVIe siècle, il fut démoli en 1894 et a été reconstruite en 1895, sous la direction de l'architecte Joseph Libaudière (1855-1925).
La statue de saint Gilles, en façade, a été sculptée par M. Renaud en 1900.
La légende de Saint Gilles Aegidius et la Biche (Cénobite mort vers 550)
Sous les premiers Mérovingiens, le nom d'un Childebert se rattache dans quelques versions d'une légende fameuse, à la mémoire d'un des saints abbés les plus populaires du Moyen Age, non-seulement en France, mais partout, et surtout en Angleterre et en Allemagne.
Aux bords de la Méditerranée, un Grec de naissance illustre, nommé AEgidius (7), était venu tout jeune encore, sur les pas de Lazare et de Madeleine, aborder au port de Cette près de l'embouchure du Rhône.
Il vécut quelques temps auprès de Saint Césaire, évêque d’Arles, puis il se retira ensuite en une forêt près du Rhône où il se nourrissait du lait d’une biche qui venait coucher dans sa grotte.
Mais un jour le roi du pays, qui se nommait, selon les uns, Childebert, roi des Francs, selon les autres, Flavien, roi des Goths (8), étant à la chasse dans cette forêt, la biche fut lancée et poursuivie jusque dans la caverne par les veneurs.
L'un d'eux tira sur elle une flèche qui alla traverser la main que le solitaire étendait pour protéger sa compagne.
Le roi touché, comme l'étaient presque toujours ces natures farouches, mais simples, par la vue de ce grand vieillard presque nu, le fit panser, revint souvent le voir et l'obligea enfin à souffrir qu'on lui bâtît, sur l'emplacement de sa grotte, un monastère dont on le fit abbé, et où il mourut saintement. Son corps est à Saint Sernin de Toulouse.
Telle fut, selon la tradition populaire (9), l'origine de cette célèbre et puissante abbaye de Saint-Gilles, qui devint un des grands pèlerinages du Moyen Age, donna naissance à une ville, chef-lieu d'un comté dont le nom fut porté avec orgueil par une des plus puissantes races féodales, et qui conserve encore une église vénérable, classée parmi nos plus remarquables monuments d'architecture et de sculpture.
Revue des sociétés savantes de la France et de l'étranger
Les curés https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1646768/f223.item
Les moines d'Occident, depuis saint Benoît jusqu'à saint Bernard par le comte de Montalembert,.
==> Au combat de La Fougereuse, le 1 er juin 1793, le gendarme Derudder est frappé
(1) Maul-gouvert, c'est l'abbaye burlesque qu'un de nos correspondants, dans une communication sur laquelle le Comité a récemment entendu un rapport de M. Faut Lacroix, signalait comme réellement établie à Verviers au XIVe siècle.
(2) Cette famille est encore représentée à la Châtaigneraie (Vendée).
(3) La famille des ducs de Chastillon, seigneurs de Chantemerle, La Rambaudière, les Mothes-Coupoux, etc., qui donna son nom, en 1736, à la petite ville de Châtillon-sur-Sèvre, autrefois Mauléon, élevée à cette époque et pour eux à la dignité de duché-pairie.
(4) Gilles de Chastillon baron d'Argenton, marié avec Marie de Vivonne, fille de Charles, seigneur de la Châtaigneraie.
(5) Charles Maynard, seigneur de Toucheprès, baron de Pouzauges.
(6) V. Pouillé du diocèse de Poitiers, p. 328 et 394
(7). Nous en avons fait saint Gilles : en anglais, saint Giles, dont le nom est porté par une foule de paroisses, et par un des quartiers les plus populeux de Londres.
En Allemagne, saint AEgidius comptait parmi les quatorze saints spécialement invoqués contre toute sorte de détresse sous le nom de saints Auxiliateurs : Die Vierzehn Nothhelfer.
(8). On ne connaît aucun roi des Goths de ce nom : les Bollandistes croient qu'il s'agit du roi Wamba, qui régna de 672 à 680.
(9). Mabillon (Annal., 1.I, p. 99), et surtout les Bollandistes (tom. I Sept.), ont longuement disserté sur l'époque où vécut saint AEgidius.
On l'a généralement regardé comme contemporain de saint Césaire d'Arles, au VIe siècle. Les Bollandistes le croient du VIIe et prolongent sa vie jusqu'au temps de Charles Martel.