La citadelle du Château d’Oléron - L’arbre de Richelieu
En 1624, le cardinal de Richelieu entrait au conseil du roi ; il avait alors trente-neuf ans. Environ douze ans plus tard, dans le premier chapitre de son Testament politique, il rappelait à Louis XIII, en quelques lignes énergiques, la situation dans laquelle il avait trouvé les affaires et les idées qui avaient inspiré sa conduite (1).
« Lorsque Votre Majesté se résolut de me donner en même temps et l'entrée de ses conseils et grande part en sa confiance pour la direction de ses affaires, la dignité de la majesté royale était tellement ravalée et si différente de ce qu'elle devait être qu'il était presque impossible de la reconnaître. Je promis à Votre Majesté d'employer toute mon industrie et toute l'autorité qu'il lui plaisait me donner pour relever son nom dans les nations étrangères au point où il devait être. »
Richelieu, qui tenait ce fier langage, eut au suprême degré le sentiment de la grandeur du pays.
Au moment où s’édifie Brouage, Richelieu décide de la construction sur cette pointe de l’ile d’Oléron, la plus proche du continent, d’une citadelle qui assurera la possession de l’ile à la France. Le choix du site est judicieux. La citadelle est le seul point abordable de l’ile sur sa façade orientale et verrouille ainsi le point de communication le plus favorable avec le continent. Un premier ouvrage est réalisé par Pierre de Conty, complété en 1674 par le Chevalier de Clerville.
10 ans plus tard, Vauban souligne l’importance de la citadelle et réclame la construction d’une place capable de donner retraite à ses habitants et à leurs effets. Après 10 ans de tergiversations, la construction de l’enceinte devait définitivement s’interrompre en 1704.
Le Château-d’Oléron, tel qu’il nous est parvenu, constitue donc un ensemble fortifié complexe, résultats de 5 campagnes de construction, échelonnées sur 120 ans. Parmi les autres ouvrages de défense qui existent sur l’ile, il faut également citer le fort des Saumonards et le Fort à la pointe de Boyardville.
(d’après « Bastions des Mers » de Nicolas FAUCHERRE aux éditions patrimoines médias)
Situé à l’entrée du port, ce bastion abritait un très vieil orme qui servait d’amer aux navires et à qui on donna le nom d’arbre de Richelieu.
La tradition voulait que les nouveaux époux, au lendemain de leur mariage et sans doute en gage de fécondité, viennent y ficher en son tronc une épingle.
A la belle saison toute la noce les accompagnait et dansait autour.
Scié par les allemands pendant la seconde guerre mondiale pour y placer une pièce d’artillerie, il reste néanmoins toujours présent dans le cœur des Oléronnais.
Un nouvel arbre fut planté en 1959 pour commémorer le bicentenaire de la Révolution Française.
1. Le Testament politique a été publié pour la première fois en 1688; mais il avait été composé vers 1635-1638. On sait qu'il n'y a plus à douter aujourd'hui, depuis les articles de M. Hanotaux (Journal des Savants, 1879), de l'authenticité de cet écrit de Richelieu.