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PHystorique- Les Portes du Temps
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26 mars 2023

LE CHATEAU DE PUY-DE-SERRE EN 1525

LE CHATEAU DE PUY-DE-SERRE EN 1525

J’avoue n’être jamais allé à Puy-de- Serre. Cette indifférence, autorisée par le silence absolu de Joanne, du Bottin et de tous les organes attitrés de la géographie monumentale, est née de ce que j’ai dû croire qu’il ne reste plus rien, pas même le nom, du château dont Guillaume Rousselot, intendant de Mme la duchesse de Longueville en ses seigneuries de Vouvant et de Puy-de-Serre, nous a laissé la description dans ses comptes de 1525.

 Ce château eut pourtant son heure de grandeur, encore qu’on ne sache ni par qui, ni à quelle date, il a été construit.

Puy-de-Serre, dont il est question pour la première fois dans une charte du 14 octobre 1076, à l’occasion du don qu’en fit Guy-Geoffroy, duc d’Aquitaine, à l’abbaye de Montiérneuf, de Poitiers, qu’il venait de fonder, n’a laissé que cette trace dans l’histoire du moyen-âge.

Annexe de la baronnie de Vouvant, éclipsée par l’importance politique et stratégique de sa puissante voisine, cette seigneurie ne jeta qu’un éclat passager, mais certain, à voir ce qui subsistait encore du manoir au XVIe siècle.

Son château quasi féodal fut vraisemblablement l’oeuvre d’un cadet de la maison des Parthenay-l’Archevêque, qui possédèrent Vouvant après les Lusignans ; une interruption dans la lignée en fit faire retour aux seigneurs de Vouvant, on ignore à quelle date, et ce retour explique l’état d’abandon dans lequel Guillaume Rousselot le trouva en 1525.

« Et d’abord une grande entrée où il y avait jadis une grande porte à bourdermeaux (le bourdermeau est un piton de fer dans lequel tourne le goujon de la porte), et, à main droite une maison entière, de laquelle on fait à présent la grange des terrages de Puy-de-Serre.

A main gauche il y avait maison et établis à chevaux pour loger les valets desdits chevaux, lesquelles sont à terres et au pied il y avait une grande grange à blé, laquelle est à terre, et il n’y a que la place, en laquelle est un jardin avec une clôture de petit mur. . »

Au bout de ladite clôture il y a un portail à deux petits piliers ronds de pierre de taille, mais il n’a porte ni couverture.

Et depuis ladite entrée à main droite il y a plusieurs vieilles murailles esquelles soûlait avoir des chambres, et y sont les apparences des cheminées sans autres choses, et un puits joignant ladite muraille. »

Et après, il y a une porte voûtée de pierre pour entrer en une basse-cour et en plusieurs vieilles murailles mal en point, où il soûlait avoir des maisons, et il y a des cheminées et croisées de pierres de taille. »

 Aussi il y a une chapelle qui est assez en point de murailles, en laquelle il y a une cheminée, un autel et un vitrail, le tout de pierre de taille. Ledit vitrail n’est point vitré, et est ladite chapelle mal couverte de tuiles et lattes, et, si elle n’est réparée, s’en ira par terre, ce qui serait dommage, car elle est fondée d’une messe la semaine, la collation de laquelle est et appartient à madite dame, et se pourra conserver et remettre pour la somme de 15 ou 20 livres une fois payées. »

 Et, près de ladite chapelle, il y a une salle en ruine, au bout de laquelle une porte par laquelle on entre en certaines vieilles murailles où soûlaient être les cuisines, dépenses, celliers, et plusieurs autres maisons, lesquelles sont toutes par terre. »

Après est le château de Puy-de-Serre en bon état de couverture et autres choses, et à l’entrée dudit château est un petit boulevard de pierre de taille sans fermure et couverture, auquel il y a quatre arbalestriers pour défendre du côté de la cour; et dudit boulevard on entre en la salle basse du château, laquelle contient sept toises de longueur, quatre toises de largeur et de hauteur, jusques au premier plancher, douze pieds, et il y a une cheminée de pierre de taille, et au bout de ladite salle il y a une échelle de bois pour monter en la salle haute.

Laquelle salle haute est pareille en tout à la base, et davantage est pavée de carreaux, et sous lesdites salles garnies de retraits, une partie d’iceux complets. »

Et, au bout de ladite salle basse, il y a une cuisine garnie de cheminée et four, et par le dessus une chambre pareille à la cuisine, et par le dessus une autre pareille chambre, et, au bout de la dite cuisine, il y a un cellier, et par dessus une chambre à cheminée bien en point et carrelée, et par le dessus une autre chambre toute semblable. »

 Et au-dessus desdites salles et chambres, sont les galetas pour faire les greniers qui voudront, et garnis de galeries et mâchicoulis de bois pour défendre ladite place, laquelle est bien couverte à la coutume du pays. »

Aussi il y a une autre porte pour entrer audit château, joignant laquelle il y a une petite étable et un fenil dessus.

 Et à l’issue au-dedans desdites clôtures anciennes et hors ledit château il y a une petite chambre ou étable, et, dessus, un grenier. »

On voit que la surface couverte par les constructions était assez considérable ; la chapelle, bien que Rousselot ne la dise pas voûtée, les mâchicoulis, le boulevard de pierre de taille sont des indications de séjour et de défense qui reporteraient la construction aux XIVe et XVe siècles, l’intendant n’ajoutant pas le moindre détail d’architecture ou de décoration qui suggère plus de précision ; tout au plus l’état de délabrement en 1525, et les aménagements agricoles constatés sur plusieurs points permettraient-ils de fixer les conjectures à la première moitié du XIVe siècle.

 Quoiqu’il en soit. Madame de Longueville ne donna pas suite aux conseils d’entretien de son intendant.

Elle, ou l’un de ses successeurs, aima mieux réaliser Puy-de-Serre que d’y faire des dépenses sans profit, et nous avons un titre du 7 mars 1609 qui nous apprend que la seigneurie de Puy-de-Serre avait été précédemment cédée à une famille d’écuyers, les Girards, pour la tenir de Vouvant « à foi et hommage lige, et à rachat abonné à un éperon d’or estimé un écu-soleil, à mutation d’homme. »

C’est l’hommage rendu à Vouvant par dame Jeanne de Poix, femme de messire Guillaume Fouquet, chevalier des ordres, et veuve de messire Guy Girard, écuyer, ledit hommage fait en qualité de mère et tutrice de demoiselle Louise-Jeanne Girard, leur fille mineure.

Jeanne Girard, ayant épousé par la suite René de la Varenne, celui-ci est qualifié chevalier, marquis de Puy-de- Serre, dans un aveu du 9 août 1635; un autre aveu, du 23 mars 1673, fut rendu par Jeanne de Girard, veuve de René de la Varenne, sans mention de postérité. Puis, plus rien.

 

Le duc de Longueville, pressé par des besoins d'argent, avait déjà vendu la terre de Puy-de-Serre au duc de la Rocheguyon, celles de Vouvent et Mervent, au président de Lamoignon, ainsi que la baronnie de Châtelaillon.

Lorsqu’en 1787, le comte d’Artois, plus tard Charles X, qui avait reçu en apanage les baronnies de Vouvant et de Mervent, fit faire le relevé des fiefs et seigneuries qui en relevaient, le feudiste chargé de ce travail déclara ne pas savoir qui était seigneur de Puy-de-Serre.

Nous ne suppléerons pas à son ignorance; mais ceux qui seraient plus curieux que ne le fut on 1787 l’homme d’affaires du comte d’Artois, pourront consulter avec fruit sur ce point les anciens registres paroissiaux de Puy-de-Serre, s’ils ont été conservés.

 

1519 Vouvant, Aveu rendu par l’abbé Toussaint de l’abbaye de Nieul sur l’Autize représentant de Jeanne, duchesse de Longueville<==

 

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