ANNE d'Autriche mère de Louis XIV et SAINTE RADEGONDE (Time Travel Eglise de Poitiers)
L'infante Anne d'Autriche, fille du roi d'Espagne Philippe III de Habsbourg, infante d’Espagne, infante du Portugal, archiduchesse d’Autriche, princesse de Bourgogne et princesse des Pays-Bas, née le 22 septembre 1601 à Valladolid en Espagne. Epouse le 25 décembre 1615 le jeune roi de France Louis XIII, fils d'Henri IV et de Marie de Médicis.
On voit encore à Poitiers l’église Sainte Radegonde, ainsi nommée parce que la reine l’avait élevée, et que les reliques de la sainte y ont été déposées.
Les rois de France, au fil des siècles, ont souvent témoigné de leur dévotion pour sainte Radegonde. Ainsi Charles VII considérait que la protection de sainte Radegonde l’avait aidé à récupérer son royaume. Le 12 aout 1450, veille de la fête de cette sainte, il ordonna des processions générales en actions de grâce dans toutes les villes de son royaume et son épouse, la reine Marie d’Anjou, fit entretenir un cierge par le chapitre de Sainte-Radegonde de Poitiers, après sa mort, survenue en 1465 ; cette pratique se poursuivit jusqu’en 1562.
Vinrent faire leurs dévotions à la reine-religieuse poitevine Louis XI en 1475, Charles VIII en 1486, François 1er à plusieurs reprises, Henri IV en 1599 et 1600, et même Charles Quint en 1559.
Son tombeau, deux fois violé, en 1442 par Jean, duc de Berry et comte de Poitou, qui, disent les chroniques, avait obtenu, plus par crainte qu’autrement, la permission de prendre le chef et les deux anneaux de la reine ; mais il fut obligé de se contenter de l’un des deux anneaux de la sainte, qui retira sa main pour retenir celui de la religion. Cette première violation avait été au moins causée par la foi et l’admiration ; la seconde fut plus triste.
En 1562, les protestants envahirent l’église, brisèrent le couvercle du tombeau et firent brûler les ossements. Quelques débris seulement de ces reliques vénérées furent alors recueillis et scellés dans une boite de plomb. Trois ans après, en les replaçait dans la tombe devant laquelle s’agenouillent chaque jour de nombreux fidèles, pleins de confiance dans l’intercession de la sainte.
Cette tombe est placée dans la crypte qui s’ouvre au milieu de l’église. A droite, au bas de l’escalier, dans l’épaisseur du mur, un tombeau grossier contenant le corps de sainte Agnès, première abbesse de sainte croix et la fille spirituelle et l’amie de sainte Radegonde ; à gauche, vis-à-vis, reposait sainte Disciole, formée aussi par cette grande et pieuse reine. Les dépouilles mortelles de ces deux saintes ont été transportées dans la chapelle latérale de la crypte, habilement restaurée et rétablie dans son état primitif. Des cierges éclairent jour et nuit le sarcophage de marbre noir dans lequel sainte Radegonde a été ensevelie.
La balustrade en marbre blanc qui entoure l’autel et la statue de la sainte sont des dons d’Anne d’Autriche, reconnaissante de la guérison de son fils, qu’elle attribuait à l’intercession de sainte Radegonde. Cette statue, en marbre blanc, œuvre de Nicolas Le Gendre, reproduit les traits d’Anne d’Autriche. Sainte Radegonde est représentée avec la couronne, le sceptre et le manteau fleurdelisé.
Aperçus sur la vie spirituelle d'Anne d'Autriche
Quand on descend l'escalier qui mène à la crypte et au tombeau de sainte Radegonde, l'attention n'est guère attirée par une grande plaque de marbre noir gravée de lettres d'or, qui est classée parmi les monuments historiques depuis le 25 juillet 1963 : c'est l'ex voto par lequel la reine Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII, exprima sa reconnaissance pour la guérison de son fils Louis XIV en 1658 (1).
Le texte latin de cet ex voto n'a jamais été publié, encore moins commenté, et j'ai voulu le sortir aujourd'hui de l'oubli et le placer dans son cadre historique (2).
On sait quelle fut la timidité des relations de Louis XIII et d'Anne d'Autriche à la suite de leur mariage célébré à Bordeaux le 25 novembre 1615. Les nouveaux époux, qui, il faut bien le dire, n'étaient que des enfants (ils n'avaient que 14 ans, elle étant de cinq jours la plus âgée), eurent cependant l'un pour l'autre, au moins pendant les six premières années de leur mariage, un amour sincère. Leur voyage de noces, si l'on peut appeler ainsi leur retour de Bordeaux à Paris, comporta une première halte à Poitiers, du 7 au 22 janvier .1616. C'est là qu'ils purent se ressaisir des tumultueuses festivités nuptiales et apprendre à se connaître — le roi de France et l'infante d'Espagne ne s'étaient vus pour la première fois qu'à Bayonne quelques jours avant leur mariage.
Je crois que c'est là, à Poitiers, qu'Anne d'Autriche, arrivant toute teintée de son mysticisme espagnol, s'éprit du culte de sainte Radegonde, reine de France ; la fatalité a fait disparaître, dans la série pourtant assez complète des actes capitulaires du chapitre de Sainte-Radegonde, le registre de 1607 à 1618 qui nous aurait un peu renseigné sur l'emploi du temps de Leurs Majestés pendant les deux semaines qu'ils passèrent à Poitiers (3).
Cependant remarquons bien les portraits des deux époux sur le grand tableau du croisillon sud de la cathédrale de Poitiers, qui représente l'Institution du Rosaire ; leurs cols sont encore engoncés dans une fraise et leurs physionomies peuvent bien correspondre à l'âge qu'ils avaient en 1616 ; or ce tableau provient de l'ancien couvent des Jacobins de Poitiers ; ne pourrait-on y voir quelque générosité royale enevrs les fils de saint Dominique ? (4) Parvenue à sa pleine maturité, Anne d'Autriche affirma son caractère en se rangeant dans le groupe des dévots et en travaillant avec eux et avec la Compagnie du Saint Sacrement à la régénération morale du peuple et au soulagement de la misère. Elle s'inspira beaucoup des avis de M. Olier et de saint Vincent de Paul, qu'elle aida dans toutes ses fondations charitables.
Avec la collaboration de celui-ci, elle constitua en 1643 l'éphémère Conseil de conscience, qui devait assainir les nominations aux évêchés. Elle allait à la messe tous les jours et elle communiait tous les dimanches, ce qui était beaucoup pour l'époque. Elle passait habituellement chaque soir plus d'une heure en prière dans son oratoire. Elle faisait de fréquentes retraites, spécialement pendant la semaine sainte ou à Noël, soit au Carmel, soit surtout au Val de Grâce, cette abbaye de bénédictines qu'elle avait installée rue Saint-Jacques à l'hôtel de Valois, en 1621, et qu'elle fit reconstruire somptueusement de 1645 à 1665. Elle y avait sa cellule et tous les vendredis y prenait son repas au réfectoire avec les religieuses. Le vendredi saint de l'année 1647 elle alla visiter à l'infirmerie une religieuse qui se mourait d'un cancer au sein, elle tint à assister à son pansement et resta longtemps, par pénitence, dans l'atmosphère empestée de cette chambre de malade (5).
Ses aumônes atteignaient la prodigalité. Mme de Motteville, sa dame d'honneur, écrit dans ses Mémoires : « Etant fort jeune et dans le temps de sa plus grande beauté, comme elle n'avait pas assez d'argent pour ses aumônes, elle se dérobait à elle-même des pierreries, rompant ses colliers comme si elle les avait perdues par hasard, afin de les donner aux pauvres. » (6) Sa conscience était scrupuleuse.
Raffolant de la comédie, elle fut troublée en 1647 par les reproches du curé de sa paroisse Saint-Germain l'Auxerrois ; elle consulta alors beaucoup de théologiens ; des évêques lui dirent « que les comédies qui ne représentaient pour l'ordinaire que des histoires sérieuses ne pouvaient être un mal ; que les courtisans avaient besoin de ces sortes d'occupation pour en éviter de plus mauvaises, et que la dévotion des rois devait être différente de celle des particuliers. » La reine recommença alors de fréquenter la petite salle des comédies du Palais royal, où elle descendait dans une tribune par un petit escalier proche de sa chambre. Gourmandée de nouveau par l'austère curé, elle fit consulter la Sorbonne : une douzaine de docteurs lui prouvèrent « que, présupposé que dans la comédie il ne se dise rien qui pût apporter du scandale ou qui fût contraire aux honnêtes mœurs, qu'on pouvait l'entendre sans scrupule. » Cette consultation, pour un peu réticente qu'elle fût, mit définitivement en repos la conscience de la reine.
Elle ne voulait pas, toutefois, que la comédie bousculât ses habitudes de dévotion. Lors du carnaval de 1647, Mazarin monta Orphée, l'un des premiers opéras italiens représentés en France ; mais, en raison de ses nombreuses « machines », il ne fut pas prêt à temps ; le ministre ne put obtenir de la reine qu'on le jouât pendant le carême ; avancé à grand'peine à la veille du dimanche gras, l'opéra causa quand même grand dépit à Anne d'Autriche en raison du choix d'une heure tardive, parce que les jours où elle voulait communier elle se couchait tôt pour se lever tôt le lendemain.
Elle vint quand même au spectacle « pour obliger celui qui le donnait », dit Mme de Motteville, qui ajoute : « Mais elle quitta la comédie à moitié et se retira pour prier Dieu, se coucher et souper à l'heure qui convenait. » (7) Nous verrons tout à l'heure ses scrupules à poursuivre les guerres de la Fronde.
Mais sa piété trop méridionale n'allait pas sans exagérations, multipliant prières, vœux et autres manifestations extérieures, spécialement au cours des maladies.
C'est ainsi que pendant une grave maladie qu'elle contracta au mois de décembre 1619 elle fit un vœu à Notre-Dame de Liesse, que le roi s'engagea à tenir lui-même, ce qu'il fit en partant vers ce sanctuaire le 27 février 1620 (8). Et c'est l'année suivante qu'elle établit à l'hôtel de Valois la grande fondation de sa vie, l'abbaye Notre-Dame du Val de Grâce.
Lors de la naissance de Louis XIV en 1638, Louis XIII fit le vœu célèbre qui porte son nom, mais Anne d'Autriche fit aussi le sien à Notre-Dame de Lorette et commanda pour ce sanctuaire au sculpteur Sarrazin une effigie en or de l'enfant accompagné d'un ange d'argent (9).
Quelques mois après la mort de Louis XIII, elle entra à la Noël 1643 dans le tiers-ordre de saint François.
En 1647, le jeune Louis XIV eut la petite vérole ; sa mère fit vœu à Notre-Dame de Chartres et s'y rendit avec son fils guéri pour y passer la fête de l'Annonciation (10).
La lutte contre la Fronde ayant entraîné le blocus de Paris pendant les mois de janvier et février 1649 avec tout un cortège de misères et de souffrances pour les assiégés, Anne d'Autriche fut effrayée de ses responsabilités de régente dans la circonstance. Aussi fit-elle consulter des docteurs pour savoir si en conscience elle pouvait continuer cette guerre ; et elle ne la continua de fait qu'après un avis favorable (11).
Il était nécessaire de fixer, comme je viens de le faire, un peu trop longuement peut-être, le climat de l'âme religieuse d'Anne d'Autriche avant de retrouver en 1649 la résurgence de sa dévotion à sainte Radegonde.
Une fois la paix intérieure revenue (bien provisoirement encore) avec le traité de Rueil le 11 mars 1649 et peut-être pour en conserver les effets et en témoigner solennellement sa reconnaissance, elle se fit inscrire au mois de novembre suivant à la confrérie de sainte Radegonde, ainsi que ses deux enfants, le petit roi, qui avait 11 ans, et le duc d'Anjou (futur duc d'Orléans), qui en avait 9 ; en même temps elle fonda une messe à dire tous les mercredis dans l'église Sainte-Radegonde pour perpétuer le souvenir de cet événement (12).
L'année suivante 1650, pendant le voyage que la Cour fit en Guyenne pour y surveiller un foyer de révolte, elle profita de l'arrêt à Poitiers le 22 juillet pour faire pèlerinage au tombeau de la sainte, accompagnée du duc d'Anjou et de Mademoiselle d'Orléans ; sur sa demande, le prieur lui donna une relique de la sainte prélevée sur un os du reliquaire, ainsi qu'un morceau d'os de sainte Cunégonde (13).
C'est très probablement pendant ce séjour à Poitiers que la reine commanda l'exécution à ses frais d'un autel entouré d'une balustrade, le tout de marbre, devant le tombeau de sainte Radegonde.
Un an plus tard, le 6 juin 1651, cet autel était déjà réalisé, puisque c'est sur lui que furent solennellement portés en procession et déposés trois cœurs de vermeil, ornés de leurs armoiries, offerts par la reine pour la représenter ainsi que ses deux fils (14).
Mazarin était alors en exil et Anne d'Autriche sentait peser plus lourd sur ses épaules ses responsabilités de régente, qu'elle ne devait plus garder longtemps encore, puisque le 7 septembre suivant Louis XIV, venant d'atteindre ses .13 ans, était proclamé majeur.
Anne d'Autriche semble n'avoir attendu que cet événement pour se retirer du guêpier qu'était devenu le gouvernement du royaume au temps de la Fronde.
On le vit bien, par exemple à la fameuse journée du 2 juillet 1652, quand le sort de la bataille du faubourg Saint-Antoine fut fixé par le canon de la Bastille soudain tiré par la grande Mademoiselle.
La Cour, pendant ce temps, s'était blottie à Saint-Denis, et Anne d'Autriche, loin de jouer sa partie dans l'affaire, se leva de grand matin et passa la journée au Carmel, à genoux devant le Saint Sacrement, sauf les moments où elle recevait les courriers. Le soir venu, elle s'occupa des soldats blessés qu'on avait amenés à Saint-Denis, en si grand nombre que la paille manquait pour les coucher et le bouillon pour les soutenir (15).
L'année suivante (1653) la Fronde est finie. Le 2 août, vient d'être fini aussi le retable qu'Anne d'Autriche a fait élever au-dessus de l'autel du tombeau de sainte Radegonde. Il occupait toute la largeur de la crypte, mais percé de chaque côté de deux arcades qui permettraient la circulation. Et Anne d'Autriche fait prendre ce jour-là les mesures de la niche ménagée dans ce retable pour la statue de la sainte : cette statue en marbre, qu'elle commanda au sculpteur Nicolas Legendre et qui représente très probablement ses propres traits, c'est tout ce qui reste aujourd'hui des aménagements faits dans la crypte par Anne d'Autriche. En effet, jugés, avec raison d'ailleurs, bien encombrants, ils furent supprimés en 1854 et le souvenir n'en est conservé que par une lithographie de 1822. Disparus aussi les grands panneaux de bois sculptés d'un riche et beau travail qui devaient être au-dessus des stalles et qui furent mis en vente lors des grands travaux effectués dans l'église en 1849.
Cependant nous y voyons encore la trace d'autres aménagements dus à cette reine et qui nous sont révélés par les initiales entrelacées A L surmontées d'une couronne qui sont sculptées deux fois sur le mur de soutènement du chœur. Quant aux stalles elles-mêmes, décorées de fleurs de lis, aux accoudoirs à têtes de monstres, que nous voyons dans le chœur de l'église, je les croirais volontiers dues à la munificence d'Anne d'Autriche (16).
Cinq ans plus tard, en 1658, celle-ci fut aux prises avec le grave événement rappelé par l'ex vofo de Sainte-Radegonde. Louis XIV avait 20 ans. Il prenait part à la campagne de reconquête de la Flandre sur les Espagnols et campait depuis le 23 juin à Mardick, à une vingtaine de kilomètres de Bergues assiégée. C'est là, pendant les fortes chaleurs de cet été, qu'il éprouva les premiers symptômes de la maladie où les médecins d'aujourd'hui diagnostiquent les uns une scarlatine, les autres les suites d'une insolation. (17)
C'est le 29 juin qu'il tomba malade, éprouvant, dit son médecin, « des faiblesses fréquentes et extraordinaires, inquiétudes, impuissances de dormir, petites moiteurs, douleurs de tête, dégoûts, nausées et lassitudes de tous les membres ». Le lendemain il avoua à Mazarin son besoin de repos. Sur les instances de son ministre, il quitta l'armée pour Calais, à une trentaine de kilomètres du camp, où il arriva entre dix et onze heures du soir.
La fatigue et l'influence d'un soleil brûlant dans un pays inondé où le jeune roi n'avait parfois qu'une nourriture malsaine, lui donnait une forte fièvre. Le médecin Guy Patin incrimina aussi les expositions prolongées de la tête au soleil, « qui est, dit-il, selon le témoignage de Galien, une des puissantes causes des maladies. »
Mazarin disait : « Sa Majesté mange beaucoup et pas toujours de bonnes choses ; le mal est dans le bas-ventre par un amas d'humeurs. »
Arrivé à Calais, le roi est livré aux mains de son premier médecin, le fidèle Vallot, qui commence par lui administrer un lavement, des frictions dans le dos, des saignées et des cordiaux.
Le 4 juillet, la fièvre redoublant, on fit venir en hâte, pour seconder les médecins de la Cour, un médecin de Paris, Guénant, et un d'Abbeville, Du Sausoy. Celui-ci, fort peu protocolaire, s'asseyait, dit-on, sur le lit du roi en disant : « Voilà un garçon bien malade, mais il n'en mourra pas. » Le jeune Louis XIV, néanmoins, apprécia ce jovial praticien et le redemanda après la première consultation (18).
Le 5 juillet Val lot ordonna des purgations et des vésicatoires aux bras et aux jambes. Le malade avait le délire. Dans la nuit du 6 au 7 il reçut' toutefois la communion très dévotement.
Il se sentait vraiment mourir, comme en témoigne ce trait relevé par Mazarin : « Hier, après avoir longtemps rêvé (c'est-à-dire déliré), me demandant mille choses hors de propos, S. M. me commanda de m'approcher d'elle. Je croyais qu'elle rêvait encore, mais elle me dit tout bas : « Vous êtes homme de résolution et le meilleur ami que j'aie ; c'est pourquoi je vous prie de m'avertir lorsque je serai à l'extrémité, car la reine n'osera pas le faire par la crainte que cela n'augmente mon mal. » S. M. voulut que je lui donnasse ma parole que je le ferais. Je vous avoue que cela me fit crever le cœur. »
Anne d'Autriche et Mazarin étaient bouleversés dans l'appréhension d'un événement qui, sentiment à part, aurait bousculé les échafaudages de la politique, car on devait songer déjà au mariage du roi avec l'infante d'Espagne, qui devait ramener la paix entre les deux pays.
Aussi la reine-mère fit-elle appel aux saints du Paradis pour obtenir une guérison. Le 7 juillet elle se tourna vers les fils de saint François, dont elle était tertiaire, en demandant des prières aux Capucins de la rue Saint-Honoré, à Paris, qui conservaient dans leur chapelle la statue de Notre-Dame de Paix. Cette petite statue de bois du XVIe siècle avait été apportée au couvent par Henri de Joyeuse quand il avait pris la bure de capucin sous le nom de frère Ange en 1587 ; elle était devenue l'objet d'une grande dévotion de la part des Parisiens. Elle est aujourd'hui dans la chapelle de la maisonmère des religieuses des Sacrés-Cœurs, rue de Picpus, à Paris, et une reproduction en est vénérée dans beaucoup de couvents de l'ordre, notamment dans celui de Poitiers appelé la Grand'Maison (19).
Mazarin, qui, suivant les termes du capucin frère Médard de Compiègne, « voyait tous ses desseins dissipés sur le visage du monarque où la mort paraissait déjà », ordonna des prières publiques.
Enfin Anne d'Autriche fit un vœu à sainte Radegonde.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet, le premier médecin Vallot songea, suivant ses propres termes, à un coup de maître pour sauver le roi.
Il avait en tête un nouveau remède, application de récentes découvertes de la chimie naissante : le vin émétique, dissolution de tartrate d'antimoine dans du vin de Malaga ; c'était un vomitif ou purgatif violent qu'on n'avait pas encore osé employer en France (20).
Le 8, six médecins étaient à son chevet. C'est beaucoup trop, dirions-nous aujourd'hui dans un sourire. Mazarin, qui avait de la finesse, et des lettres par -dessus le marché, pensait comme nous quand il écrivait huit jours plus tard : « J'avais grande appréhension que, comme autrefois turba medicorum perdidit imperatorem, il n'arrivât de même en cette rencontre, y en ayant six, dont il n'y avait pas grande apparence que les sentiments pussent être fort conformes à cause du peu d'amitié qu'il y a entre quelques-uns d'eux. Mais j'employai si heureusement l'autorité et l'adresse qu'allant au -devant pour empêcher leurs contestations, ils n'ont jamais pris aucune résolution qu'ils n'aient toujours été tous du même avis. Et. ont dit qu'ils devaient beaucoup au courage que je leur avais donné, ne leur ayant jamais protesté autre chose que de traiter le roi comme un simple gentilhomme, sans hésiter à se servir de l'antimoine et des remèdes plus forts s'il y avait raison de le faire, n'étant pas juste de laisser mourir le roi pour rendre des respects à la royauté. »
Il ne s'agissait en effet de rien moins que de faire une expérience sur la personne du roi. Effectivement les six médecins tinrent conseil dans cette nuit du 7 au 8 juillet et finirent par s'accorder.
Vallot fit absorber de grand matin par son malade une once de vin émétique dans une prise de tisane laxative. L'effet en fut rapide et prodigieux. La fièvre baissa aussitôt.
Le lendemain 9 juillet Mazarin pouvait écrire : « Nous respirons Amélioration notable. Le roi est en une tranquillité extraordinaire. » Dès lors la guérison se poursuivit sans arrêt. Le 10 à 8 heures du matin Mazarin écrivait : « S. M. se lève elle-même pour boire.
Elle s'est éveillée ce matin sans aucune rêverie, parlant de tout avec très bon sens. » A 3 heures de l'après-midi il ajoutait : « S. M. est tout à fait hors de danger par les effets prodigieux de la dernière purgation. » On poursuivit le traitement le même jour, dit Vallot, « avec une médecine fort loyale » composée d'une décoction de tamarin, sirop de chicorée et rhubarbe.
Le 11 juillet Mazarin écrit : « Le roi se porte de mieux en mieux.
S. M. est passée d'un lit à l'autre sans avoir été presque aidée.
On lui coupe les cheveux ; S. M. même l'a voulu et elle en recevra un grand soulagement. On peut dire sans exagération qu'il est ressuscité. »
Le 15 juillet Mazarin conclut : « On n'a jamais vu un malade si obéissant. et pour lequel on ait fait tant de prières et de vœux, les églises n'ayant désempli partout, et à Paris particulièrement, où l'on a vu des processions d'un grand nombre de gens qui allaient nupieds visitant le saint sacrement qui était' exposé partout. »
Il est certain que ce roi de 20 ans aurait pu à ce moment, avant de devenir Louis le Grand, se faire dénommer par la voix publique, comme on l'a dit de Louis XV après l'attentat de Damiens exactement un siècle plus tard, Louis le Bien-aimé. Il était jeune, il était beau ; son enfance passée au milieu des troubles de la Fronde n'avait pas eu la tranquillité qu'on est en droit d'escompter pour un petit roi et faisait une auréole de mélancolie autour de tant d'attraits. Guy Patin lui-même, dont le tempérament frondeur garantit son objectivité dans la circonstance, écrivait le 20 juillet : « C'est un prince digne d'être aimé de ceux même à qui il n'a jamais fait de bien. Je me sens pour lui une inclination violente au- delà de ce que les Français ont d'ordinaire pour leur roi. »
Et dans une autre lettre : « Je prie Dieu qu'il guérisse. » (21) Et Mazarin écrivait le 27 : « La santé du roi est tout à fait rétablie. »
Le 22 juillet le roi quitta Calais pour Compiègne, où il arriva, à petites journées, le dimanche 28 au soir, « avec tant de vigueur, relate son médecin, que le lendemain il monta à cheval pour aller prendre une perdrix à deux portées de mousquet des portes de la ville. Après sept jours je proposai l'usage du bain. » Il prit un bouillon purgatif le dimanche et le bain le lundi.
Mais sur le plan médical tous les praticiens ne furent pas du même avis quant à la cause de la guérison. Guy Patin prétendit que le vin émétique fit plus de mal que de bien. Il écrivait à son confrère Falconet le 24 septembre 1658 : « Ce n'est pas le vin émétique qui a sauvé le roi, mais son innocence, son âge fort et robuste, quelques bonnes saignées et les prières des gens de bien comme nous. »
En réalité, si le Ciel se mit de la partie, comme le dit ce pourtant sceptique de Guy Patin, ce peut être par le truchement de la chimie et des hommes de l'art.
La mère du roi avait misé, nous l'avons vu, si j'ose dire, sur deux intercessions célestes à la fois : Notre-Dame de Paix et sainte
Radegonde. On avait remarqué que le roi avait commencé à se mieux porter le 9 juillet, jour de la fête de Notre-Dame de Paix, qui était l'anniversaire de la translation de sa statue dans la chapelle des Capucins sept ans auparavant, en 1651.
Louis XIV rentra dans Paris le 14 août et le 16 il se rendit rue Saint-Honoré en la chapelle des Capucins pour y remercier Notre-Dame de paix. Quant à Anne d'Autriche, elle offrit au couvent un grand tableau qu'elle fit exécuter par le peintre Mignard et qui appartient aujourd'hui au musée de Versailles.
Il mesure 2 mètres 50 de haut sur 4 mètres 81 de large ; il représente la France, à genoux devant la Vierge, montrant du doigt un portrait de Louis XIV en buste, figuré dans un cadre ; à l'extrême droite le roi alité est entouré de plusieurs personnages parmi lesquels la reine mère et Mazarin ; à gauche, au premier plan, on voit quatre capucins en prière. (22)
Le choix d'une madone honorée sous le titre de la paix n'avait peut-être pas été étranger aux préoccupations politiques de la reine et de Mazarin. La France entière, d'ailleurs, et jusque dans ses plus petites bourgades, aspirait à la paix. L'ambassadeur de Venise Nani a écrit : « On interpréta la maladie comme une voix du ciel exigeant la paix, et la reine-mère en fut si émue et le cardinal si effrayé que l'on croit fermement que la susdite reine s'est obligée par un vœu secret à faire tout ce qu'elle pouvait pour amener la paix. » (23)
Restait à Anne d'Autriche d'accomplir son vœu à sainte Radegonde. Elle l'exprima d'abord par un acte notarié du 13 septembre 1658. Elle remettait au chapitre de Sainte-Radegonde un capital de 1800 livres et une lampe d'argent à suspendre au-dessus du tombeau, aux charges perpétuelles suivantes :
1° entretenir d'huile la lumière de cette lampe ; 2° dire au grand autel deux grand'messes à diacre et sous-diacre avec la musique du chœur à 9 heures du matin à l'intention du roi et de la reine les 29 juin et 13 juillet, « jours que le roi tomba malade et auquel il fut délivré de la fièvre » ; les litanies de sainte Radegonde seront chantées à l'issue de cette messe ; de plus à chaque fête de la sainte, le 13 août, le chapitre fera chanter en musique dans le chœur le psaume Exaudiat à l'intention du roi et de la reine et à toutes les messes de ce jour seront dites les trois oraisons du missel pour le roi. (24)
Le 16 août 1659, la lampe d'argent fut remise aux chanoines, et le 10 mars 1660, les 1800 livres, soit 100 livres de rente ; la dépense de l'huile fut fixée par délibération du chapitre à 28 livres l'an (25).
A partir de 1661, l'année de la mort de Mazarin (9 mars), Anne d'Autriche s'effaça de plus en plus. Ses forces, d'ailleurs, commençaient à la trahir. Le jeudi saint suivant, déjà très fatiguée, comme elle lavait les pieds des pauvres, elle se sentit défaillir, mais elle se raidit pour terminer cette œuvre pie.
Elle aurait désiré se retirer complètement au Val de Grâce. Mais elle était de ces mères qui, à tort ou à raison, se jugent indispensables à leur belle-fille : elle renonça à son désir intime en considération de la jeune reine Marie-Thérèse d'Autriche. De fait celle-ci, à l'exemple de sa belle-mère, s'attacha au culte de sainte Radegonde ; par lettre du 15 août 1661, elle demanda son admission dans la confrérie de la sainte et fit mettre dans l'église « une figure de son cœur » à côté de celles, qui s'y trouvaient déjà, du roi son époux el de la reine-mère (26).
En 1662 celle-ci donna encore des ornements pour l'église Sainte-Radegonde (27).
Elle observa le jeûne du carême 1663 avec plus d'austérité encore que de coutume, bien qu'elle en fût dispensée par l'âge, si bien qu'à Pâques elle avoua qu'elle n'en pouvait plus. Au mois d'avril elle ressentit les premières atteintes du cancer au sein qui devait l'emporter, auquel cependant elle résista encore pendant 'trois années (28).
Elle avait toujours conservé un certain ascendant sur le roi son fils, qui lui demandait volontiers conseil et, somme toute, l'aimait tendrement. Il la veilla plusieurs nuits dans sa dernière maladie : il faisait mettre un matelas sur le tapis et s'y étendait tout habillé.
Il aidait à la changer de lit et à lui prodiguer les soins. Il recourut, lui aussi, à l'intercession de sainte Radegonde el envoya à Poitiers deux religieux augustins pour faire de sa part une neuvaine au tombeau au mois de mai 1665. Le chapitre de Sainte-Radegonde, de son côté, ordonna le 3 juin 1665 des prières pour la santé de sa bienfaitrice (29).
Anne-d'Autriche mourut le 20 janvier 1666.
Le chapitre de Sainte-Radegonde célébra pour elle une service le 19 février, et Louis XIV fonda par acte du 30 octobre six messes basses à l'autel du tombeau pour la défunte, moyennant 360 livres, fondation dont le chapitre, le 2 mai 1668, fit graver le souvenir sur une plaque de cuivre (30).
Aujourd'hui ces fondations ne sont plus qu'un souvenir ; les échos de leurs musiques se sont tus ; la plaque de cuivre apposée par Louis XIV a disparu. Il nous reste l'ex-voto en marbre d'Anne d'Autriche, qui nous évoque seul à Poitiers une année assez mouvementée de notre histoire nationale et une guérison qui fut attribuée au miracle, sans laquelle la face du monde eût été changée.
Les faits vers lesquels cet ex-voto nous a conduits ont contribué aussi à compléter pour nous le climat de la vie intérieure d'Anne d'Autriche. Mais peut-être, à l'encontre de ce que je viens de dire sur sa ferveur chrétienne, objectera-t-on la question de l'intimité de ses rapports avec Mazarin, sur lesquels quelques interprétations de lettres chiffrées ont pu jeter des soupçons jugés aujourd'hui généralement sans fondements sérieux ; l'étude de la personnalité totale de la reine leur donnerait à elle seule le coup de grâce. Anne d'Autriche a donné elle-même le juste caractère de ces relations lorsqu'elle a dit un jour : « Je l'aime tendrement, mais mes sens n'y ont pas de part ; mon esprit seulement est charmé de la beauté de son esprit. S'il y a dans cet amour l'ombre d'un péché, j'y renonce dès à présent devant Dieu » (31).
Cela dit et pour conclure, si Anne d'Autriche donna les deux premières places dans sa vie religieuse à son cher Val de Grâce et à l'idéal franciscain, on peut dire que la troisième place y fut pour le culte de sainte Radegonde. Et le seul fait de cette dévotion bien française infirmerait les insinuations d'espagnolisme qu'on a souvent avancées à son égard ; à part une correspondance inopportune en 1637 qu'il faut bien mettre à son passif, elle déclara elle-même, en réponse à ses détracteurs : « Je suis française et ne veux être autre ».
Discours prononcé à la séance publique du 12 janvier 1964 par Joseph SALVINI président de la Société des Antiquaires de l'Ouest
ANNEXE
Texte de l'ex-voto d'Anne d'Autriche dans l'église Sainte Radegonde de Poitiers
ANNA AUSTRIACA, GALLIŒ ET NAVARRŒ REGINA, MEMOR REDDITŒ SALUTIS FILIO KARISSIMO LUDOVICO XIIII REGI CHRISTIANISSIMO (QUEM APUD GEROSIACUM NAVALE ANNO 1658 FEBRIENTEM DIVŒ RADEGUNDIS PATROCINIO MŒRENS ADDIXERAT), LAMPADEM ARGENTEAM DIU NOCTUQUE INEXTINGUIBILEM TUMULO TANTŒ LIBERATRICIS APPENDIT DUASQUE IN HAC REGIA ECCLESIA MISSAS DE PROPRIO D. RADEGUNDIS IN ŒTERNUM SOLEMNI RITU SINGULIS DIEBUS XXIX JUNII ET xtI JULII CELEBRANDAS, DOTE PRESTITA, CONSTITUIT, SUOQUE NOMINE REGIUM [sic] (QUI TUNC ERIT): IN SENATU PICTAVIENSI PROTOPATRONUM HISCE VOTIVIS MISTERIIS ADESSE JUSSIT, COETERAQUE PERAGI VOLUIT, QUOE AUTOGRAPHO DIEI XIII SEPTEMBRIS ANN. 1658 CONTINENTUR.
En voici la traduction : « Anne d'Autriche, reine de France et de Navarre, en mémoire du retour à la santé de son très cher fils Louis XIV, roi très chrétien (tombé malade à Calais en l'année 1658, elle l'avait, dans sa douleur, confié au patronage de sainte Radegonde) a suspendu au tombeau d'une si grande libératrice une lampe d'argent à brûler jour et nuit, et a fondé deux messes solennelles du propre de sainte Radegonde à célébrer à perpétuité dans cette église royale, moyennant la dotation convenable, les 29 juin et 14 juillet, et elle a ordonné que le premier avocat du Roi au Présidial de Poitiers assiste en son nom royal à ces mystères votifs. Ces dispositions sont contenues dans un acte du 14 septembre 1658 ».
Un mot nous étonne dans l'ex-voto d'Anne d'Autriche : c'est le mot GEROSIACUM employé pour désigner le lieu où le roi fut malade.
Geroisiacum ou Gesoriacum en latin veut dire Boulogne, et il est certain que la maladie du roi eut Calais (Caletum en latin) pour théâtre. Il est probable qu'il y eut erreur du rédacteur de l'inscription. Que les historiens en gardent cette leçon de prudence, que même les textes les plus officiels gravés dans la pierre ont une marge plus ou moins grande d'incertitude.
Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers
Société archéologique et historique de l'Orléanais
La châsse des reliques de sainte Radégonde <==
Le cancer du sein d'Anne d'Autriche (1601-1666) est médicalement intéressant à plus d'un titre. Tout d'abord, il est plutôt bien documenté pour l'époque. Épouse de Louis XIII, reine de France et mère de Louis XIV, tous ses faits et gestes sont publics.
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==> L’Anthropologie ce que peuvent dire nos os et reliques, la science sur la vérité de l’histoire
(1) Sur Anne d'Autriche, voir surtout : G. Ledos, Anne d'Autriche dans Dictionnaire de biographie française, t. 2, 1936, col. 1309-1320. Et aussi C. Constantin, Anne d'Autriche, dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. 3, 1924, col.
319-323. La principale des sources est : Mémoires de Mme de Motteville, 1723, 5 vol.
in-12. Sur les évènements politiques : A. Chéruel, Histoire de France pendant la minorité de Louis XIV, 1879-1880, 4 v., et du même, Histoire de France sous le ministère de Mazarin, 1882, 3 v.
(2) L'abbé Briand, dans sa grande Histoire de sainte Radegonde, (1989, p. 257), se contente d'une mention, d'ailleurs erronée.
(3) Jean Héroard, Journal sur l'enfance et la jeunesse de Louis XIII, publié par E. Soulié et E. de Barthélémy, 1868, 2 vol. ; Jean Vaunois, Vie de Louis XIII, 1936.
Ces deux ouvrages sont essentiels pour toute la période du présent exposé qui va suivre.
(4) C'est à ma connaissance, le premier en date de toute une série d' Institutions du Rosaire du même type, avec Louis XIII et Anne d'Autriche au premier plan.
(5) Motteville, op. cit., t. 1, p. 219, 452.
(6) Ibid., t. 2, p. 211.
(7) Ibid., t. 1, p. 409, 423.
(8) Vaunois, op. cit., p. 227.
(9) Mémoire de Guillet de Saint-Georges, dans Mémoires sur les membres de l'Académie de peinture et de sculpture, p. par Dussieux, Soulié, de Chennevières, Mantz et de Montaiglon, 1854, t. 1, p. 119.
(10) Motteville, op. cit., t. 1, p. 535 ; t. 2, p. 34.
(11) Ibid., t. 2, p. 518.
(12) Archives Vienne, G. 1602.
(13) Ibid.
(14) Arch. Vienne, G. 1349, 1602.
(15) Motteville, t. 4, p. 372, 379.
(16) Sur tous ces aménagements dans l'églises : Arch. Vienne, G. 1603 ; Briand, op. cit., p. 302 et ss. ; Jacques Bidaut, Eglise Sainte-Radegonde de Poitiers, dans Congrès archéologique de Poitiers, 1951, p. 96.
(17) Sur la maladie du roi : Remarques sur la santé du roi écrites de 1638 à 1711 par les premiers médecins, f.52-67 (Bibl. nat., ms. fr. 6998) ; Lettres du cardinal de Mazarin, pp. G. d'Avenel, t. 8, 1894 (Doc. in.) ; Mazarin, Bibliothèque nationale, exposition organisée pour le troisième centenaire de sa mort, 1961, p. 114.
(18) Lettres de Guy Patin, p.p. J.-H. Réveillé, 1846, T. L, p. XLIX.
(19) Le R. P. Médard de Compiègne, Histoire de Nostre-Dame de Paix, 1660 ; le R. P. Lemoine, La T. R. M. Henriette Aymer de la Chevalerie, 1912, p. 159-173.
(20) Les composés d'antimoine ont été employés d'une façon systématique à partir de Paracelse et probablement jusqu'à la fin du du XVIIIe siècle (précision obligeamment fournie par M. Daumas, conservateur en chef du Conservatoire national des arts et métiers).
(21) Guy Patin, op. cit., t. 3, p. 85-87.
(22) Ce tableau fut affecté sous la Restauration à l'église Saint-Jacques de Compiègne et plus tard au musée de cette ville. En 1957 il passa en très mauvais état au musée de Versailles, où il fut restauré (renseignements obligeamment fournis par les conservateurs de ces musées). Pour l'attribution de ce tableau, on pourrait hésiter entre Pierre et Nicolas Mignard. Pierre Mignard arrivait tout juste d'Italie au moment de la guérison du roi. On n'est pas étonné de le voir appelé à faire le tableau en question ; il devint dès lors le peintre quasi officiel de la Cour et Anne d'Autriche lui confia la belle décoration picturale du dôme du Val de Grâce (Bénézit, Dictionnaire. des peintres., 1re éd., t. 3, p. 275).
(23) Cité par Lavisse, Histoire de France, t. 7, 1re partie, 1911, p. 70.. C'est la seule allusion, et encore voilée, que je connaisse, en dehors des documents locaux, au vœu à sainte Radegonde. Le curé de Leugny-sur-Creuse a noté sur son registre paroissial : « En cette année 1660 la guerre. prit fin. ; la paix faite, on a chanté le Te Deum par tous les bourgs. de la France, et aussi a-t-on fait ici. » (Inventaire des Archives de la Vienne, E supplément, t. 4, 1946, p. 176).
(24) Arch. Vienne, G 1349.
(25) Arch. Vienne, G 1604.
(26) Motteville, t. 5, p. 258 ; Arch. Vienne, G. 1604.
(27) Arch. Vienne, G. 1605.
(28) Motteville, t. 5, p. 292.
(29) Ibid., p. 296 ; Arch. Vienne, G. 1605.
(30) Arch. Vienne, G. 1605.
(31) Conversation avec Mme de Brienne (Mémoires de Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne (son fils), p. p. Paul Bonnefon (Soc. de l'histoire de France), t. 2, 1917, p. 5. Voir aussi : Madeleine Laurain et Raymond Darricau, La mort de Mazarin (Annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France, 1960, p. 57). On a émis, pour concilier le christianisme d'Anne d'Autriche et des relations intimes avec le cardinal, l'hypothèse d'un mariage secret. Effectivement, même après le concile de Trente, un mariage secret devant l'évêque peut, à certaines conditions, être valide et licite. Or Mazarin n'était pas prêtre et l'on ne sait au juste auquel des ordres sacrés il en est resté.